• source : wikisource - Europe22


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  •     Y a-t-il des êtres destructibles ? Tous les humanismes, toutes les religons en choeur, nous répondent non. Pourtant les humanismes tuent, les religions aussi.

    Marcel Moreau, Egobriographie tordue (L'ivre Livre), p.99
    in Incandescences, Ed. Labor - Espace Nord, Bruxelles, 1984


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  • La « mort de l'auteur »

        Roland Barthes aimait raconter cette petite blague à ses étudiants : un infirme se plonge dans l’eau de Lourdes pour que sa situation s’améliore et en ressort avec une chaise roulante toute neuve. Passé maître dans les discours aux multiples sens, qu’il s’amusera à démystifier, Barthes accouche en 1968 de cet article bizarre qu’est « La mort de l’auteur ».
        Les deux textes gagnèrent cette popularité surtout par leur opposition à Lanson et à Sainte-Beuve, critiques dominants dans les études littéraires françaises, qui attachent une grande importance à la connaissance de l’auteur dans le jugement d’une œuvre. Or, pour Barthes, « l’auteur est mort » : il affirme que « la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’auteur ». En effet, son idée est que l'auteur doit céder sa place au lecteur, qui réécrit le texte pour lui-même (on dit volontiers depuis qu'il en possède sa propre lecture (expression que dénonce d'ailleurs Thierry Maulnier)) : l'auteur n'est donc plus le seul garant du sens de son œuvre. D'autre part Barthes souligne que l'approche traditionnelle de la critique littéraire soulève un problème complexe : comment peut-on connaître précisément l'intention de l'auteur ? Sa réponse est qu'on ne le peut pas. Il donne comme exemple Sarrasine d'Honoré de Balzac texte dans lequel un homme prend un castrat pour une femme et tombe amoureux d'elle. Quand le personnage (Sarrasine) délire sur celle qu'il croit être l'image même de la féminité, Barthes défie les lecteurs de trouver qui parle et de quoi : Balzac ou son personnage ?.
       Autrefois, lorsqu’un auteur était « consacré », tous ses écrits devenaient automatiquement œuvre, y compris la correspondance, les brouillons, etc. Maintenant que l’auteur est mort, un écrit devient œuvre (ou « texte » dans notre cas) si son contenu est conforme à l’idée que l’on se fait de l’auteur. De nombreux exécuteurs testamentaires ont brûlé la correspondance d'écrivains célèbres, pensant qu'elles pouvaient ternir l'image du disparu. Ils le faisaient soit de leur propre chef, soit à la demande de l'auteur.
         Si demain on découvrait un manuscrit écrit de la main de Roland Barthes (l’homme) mais ne correspondant pas au style de Barthes (l’écrivain) pourrait-il être délibérément omis de ses œuvres complètes (qui pour le coup ne le seraient plus) ? Ce n'est pas impossible. Le nom de l’auteur sert somme toute de désignateur à son travail. Dire avoir « lu tout Roland Barthes » signifie avoir lu ses œuvres, non l’homme. De même, découvrir que La mort de l'auteur serait de la main d’un autre changerait la conception de Barthes-écrivain, mais pas de Barthes-l’homme. L’auteur est donc construit à partir de ses écrits, et non l’inverse. L’auteur n’est plus à l’origine du texte ; celui-ci provient du langage lui-même. Le « je » qui s’exprime, c'est le langage, pas l'auteur. L’énonciation est ici une fonction du langage.
        Pensée cousine de celle de Paul Valéry dans Tel Quel, lorsque celui-ci y indique :
        "Quand l'ouvrage a paru, son interprétation par l'auteur n'a pas plus de valeur que toute autre par qui que ce soit."
        "Si j'ai fait le portrait de Pierre, et si quelqu'un trouve que mon ouvrage ressemble à Jacques plus qu'à Pierre, je ne puis rien lui opposer — et son affirmation vaut la mienne."
        "Mon intention n'est que mon intention, et l'œuvre est l'œuvre."

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_Barthes


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  •     La théosophie moderne, issue directement de la théosophie traditionnelle, s'apparente à ces diverses sectes ou sociétés occultistes. Cependant sa vocation philosophique, surtout morale, lui fait prendre place dans un vaste mouvement d'idées qui s'amplifia à partir du XVIIIe siècle. Ce mouvement se manifesta de deux manières apparemment contradictoires : d'une part, un affaiblissement de la valeur intellectuelle de la religion au regard de la science et, d'autre part, un développement considérable du romantisme. Beaucoup d'hommes cultivés du XVIIIe siècle étaient portés vers ce que l'on appelait alors la "sensibilité", c'est-à-dire les sentiments indépendants de la pensée et de la volonté. Ce courant, né en Allemagne, illustré en France par Rousseau, allait avoir au XXe siècle des adeptes fervents aussi bien en Europe qu'en Amérique. Contre l'industrialisme, le matérialisme, le socialisme, devait se dresser un néo-romantisme dont le représentant le plus pathétique fut l'illustre philosophe Schopenhauer. [...]
        L'idéal à atteindre est le "nirvâna", que Schopenhauer considère comme l'anéantissement dans la vérité et qui s'exprime par l'absence d'angoisse et de souffrance. A la fois non-existence en tant que matière déchirée par le Mal et réalisation suprême de l'Etre, ce nirvâna est l'aboutissement du "mysticisme ascétique" dont il se fait l'apôtre. La volonté cosmique est mauvaise et cruelle par essence. Or la volonté individuelle s'identifie à la volonté cosmique ; par conséquent l'individu agissant ne peut être que mauvais et cruel. "La vie est un combat avec la certitude d'être vaincu." Le bonheur n'existe pas, car si un désir n'est pas satisfait, il n'est suivi que d'une satiété éphémère et illusoire. Il faut donc annihiler sa volonté et dissiper la "maya", c'est-à-dire l'illusion.

    Jacques Lantier, La Théosophie, pp.16-17 & pp.18-19
    Culture, Art, Loisirs, Paris, 1970


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  • La foi peut également rendre malade
    par Laurent Aubert

    http://www.24heures.ch/ - 4 mars 2009
    [Texte intégral]

    RELIGION | Une étude menée par l’Université de Zurich et celle de Bochum (D) montre que la foi n’est pas toujours un réconfort. Dans certains cas, elle peut contribuer à l’aggravation de troubles psychologiques ou de dépressions.


        Les croyants qui ont reçu une éducation religieuse culpabilisante peuvent considérer la perte d’un proche comme la punition de leurs péchés. Pour le théologien Thomas Römer, les prêtres doivent prendre conscience de la représentation effrayante de Dieu qu’ont certains de leurs fidèles.
        «Nous pensions établir une relation entre la ferveur religieuse et la capacité à surmonter les épreuves, mais nous avons été très surpris de constater que tel n’était pas le cas.» Médecin-chef à la Policlinique universitaire de Zurich, Bernd Krämer cosigne une étude réalisée en collaboration avec l’Université de Bochum sur le sentiment religieux et le bien-être psychologique.
        Les chercheurs ont interrogé 328 chrétiens pratiquants en Suisse, de confession réformée, catholique et évangé- lique. Ces personnes avaient en commun d’avoir toutes traversé une épreuve au cours de ces dernières années: conflit social, maladie grave, traumatisme, deuil.
        Au fur et à mesure des entretiens, un fait dérangeant s’est imposé aux scientifiques: Dieu n’est pas forcément douceur et consolation pour ces âmes en peine. D’une part, ils constatent une relation indiscutable entre une image négative de Dieu et des signes de dépression, d’angoisse et de mal-être. D’autre part, aucun effet positif de la religion sur ces affections psychologiques ne ressort. «Nous avons même des indices clairs qu’une représen- tation négative de Dieu peut entraîner des problèmes psychologiques.»

    Doutes et interrogations
        Vice-doyen à la Faculté de théologie de Lausanne, Thomas Römer n’est pas franchement surpris par ces conclu- sions: «L’étude des grands écrits religieux montre que les gens très engagés traversent aussi des périodes intenses de doute et d’interrogation.»
        A côté des mystiques, les croyants ordinaires ne sont pas épargnés non plus. «Lors de conférences publiques, je recueille souvent les témoignages de gens qui ont conservé l’image d’un Dieu justicier, traumatisés qu’ils ont été par une pédagogie religieuse culpabilisante, telle qu’elle était encore dispensée jusque dans les années 1970», poursuit le professeur Römer.
        Mais, comme le souligne Bernd Krämer, le phénomène de la religion facteur de dépression n’est pas circonscrit au catholicisme ou à des générations. «Nos recherches ne permettent pas de le relier à une confession ou à un type d’éducation. Il y a là un point à explorer.» Thomas Römer l’admet d’ailleurs aisément: «La doctrine de la prédes- tination affirmée par Calvin distingue entre les élus et les condamnés. Elle peut amener certains réformés à imaginer qu’ils appartiennent à la seconde catégorie lorsqu’ils sont accablés par les malheurs. S’ils ont, en sus, le sentiment d’être de bons chrétiens, ils peuvent développer l’image d’un Dieu arbitraire.»

    Châtiment divin
        De fait, l’étude montre que les personnes qui ont une représentation d’un Dieu vengeur ou justicier ont tendance à considérer la maladie ou la perte d’un proche comme la punition de leurs péchés. Ou alors elles se lamentent sur leur sort: «Pourquoi Dieu me traite-t-il de la sorte, moi qui ai toujours obéi aux préceptes chrétiens ?»
        S’ils laissent de telles questions sans réponse, les chercheurs concluent tout de même que le personnel soignant devrait être plus attentif à la représentation que leurs patients se font de Dieu. «Effectivement, il ne suffit pas de leur dire «Vous croyez en Dieu, c’est bien», reconnaît Thomas Römer. En outre, le théologien estime que les prêtres doivent réaliser à quel point certains de leurs fidèles ont une représentation effrayante de Dieu.

    source : http://www.info-sectes.ch/universite-zurich.htm#foi

    A lire sur le même sujet : Docteur Pierre Solignac, La Névrose chrétienne, Trévise - Polémique, Paris, 1976


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  •     La doxa propagée par le mythe, pour Barthes, est l'image que la bourgeoisie se fait du monde et qu'elle impose au monde. La stratégie bourgeoise est de remplir le monde entier de sa culture et de sa morale, en faisant oublier son propre statut de classe historique : « Le statut de la bourgeoisie est particulier, historique : l'homme qu'elle représente sera universel, éternel ; (...) Enfin, l'idée première du monde perfectible, mobile, produira l'image renversée d'une humanité immuable, définie par une identité infiniment recommencée. » (Barthes 1957 : 250-251)
    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_Barthes#Le_mythe

        L'Enseignement du Père est selon moi pour présenter en contre-partie de la doxa de la bourgeoise, la doxa du peuple.


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  • Auteur :     André Kervyn (ou Kervijn), journaliste
    Titre :        Révélations sur Antoine le Guérisseur
    Editions :    Bruxelles : Action catholique, 1911


        Les notes que M. Van Roye, abbé de Jemeppe, recueillit serviront plus tard à M. Crowley (Kervyn), aumônier du travail, pour écrire sa brochure sur ou plutôt contre Antoine. Pierre Debouxhtay dit que Kervyn, suivi par Bourguet, Leroux et Brabant, distingue cinq phases dans la thérapeutique d'Antoine. Mais il ajoute qu'il ne croit pas qu'il faille admettre cette division. Pour Debouxhtay, il faut distinguer trois phases.

        Il semblerait que son texte a été reproduit dans la Tribune Apologétique (juin & juillet 1911), en effet un article de l'Echo de la Presse signale qu'il s'agit d'André Kervyn, et Pierre Debouxhtay en cite un extrait, l'histoire de la noyée. Il est cité en grande partie par Albert Monniot.


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  • J. A. (Unitif 1911-1912, p.181-183)

    B. (p.152, p.156, p.XXIX)

    H. B. (Unitif n°2, p.7-16, Unitif 1911-1912, p.34-50) = Henri Bodin

    M. B. (Unitif n°11, p.10-12, Unitif 1911-1912, p.153-155)

    C. (p.165)

    D. (p.1-3, p.57, p.68) = Ferdinand Delcroix (Unitif n°1, p.13-16, Unitif 1911-1912, p.13-18) ou Florian Deregnaucourt (Unitif n°1, p.6-8, Unitif 1911-1912, p.149) ou Pierre Dor ou Paul Delaunay ?

    Desart (Unitif n°1, p.6-8 & p.11-13)

    E. (p.73, p.135)

    U. E. (Unitif n°11, p.2-4, Unitif 1911-1912, p.140-143)

    F. (p.26, Développement, p.133-134, Unitif n°8, p.5-6) = Léon Foccroule ?

    J. F. (Unitif 1911-1912, p.171-173) = Juliette Fréson d'après Debouxhtay (p.293)

    J. G. (Démonstrations n°3, p.7) = Joséphine Guillaume, l'américaine ?

    H. (p.4, Démonstrations n°3, p.44) = Henri Hollange ou un des Hoven

    J. H. (Unitif n°3, p.14-16, Unitif 1911-1912, p.73-75, Unitif 1911-1912, p.174-177) = Groupe de Momalle = Joseph Hoven ?

    M. H. (Unitif 1911-1912, p.178-180) = Mathieu Hoven ?

    E. J. (Unitif n°9, p.11-15, Unitif 1911-1912, p.122-127)

    L. (p.49, p.72, Développement p.64-66, Développement, p.177-181, Unitif n°6, p.2, (Unitif n°9, p.7-9) = Joseph Lejaxhe ?

    R. L. (Unitif n°3, p.6-7, Unitif 1911-1912, p.58-60)

    Léona (Unitif n°4, p.12-16, Unitif n°7, p.10-11, Unitif n°10, p.8-11, Unitif 1911-1912, p.80-85, Unitif 1911-1912, p.112-113, Unitif 1911-1912, p.128-132)

    Louis (Unitif n°10, p.14-16, Unitif 1911-1912, p.137-139)

    M. (p.28, p.77, p.119, Développement, p.95-97, Unitif n°6, p.15) = Léopold Monet ?, Julien Musin ?

    A. M. (Démonstrations n°1, p.26-27)

    M. M. (Unitif 1911-1912, p.113)

    S. M. (Unitif n°11, p.6-8, Unitif 1911-1912, p.147-149)

    Eliet Marchand (Unitif 1911-1912, p.55-57) = à Dinant

    N. (Unitif n°8, p.14-16, Unitif 1911-1912, p.118-121) = Joseph ou Narcisse Nihoul

    J. N. (Unitif n°11, p.8-10, Unitif 1911-1912, p.150-152, Unitif 1911-1912, p.168-170) = Joseph Nihoul

    Noël (Unitif 1911-1912, p.51-54)

    P. (p.90, p.133, p.149, Développement, p.147-148, Unitif n°8, p.10)

    Ch. P. (Démonstrations n°1, p.9, Démonstrations n°2, p.38-39)

    Baptiste Pastorelli (Unitif 1911-1912, p.18, Unitif 1911-1912, p.149)

    R. (p.127)

    L. R. (Unitif 1911-1912, p.7-9)

    S. (p.36 & p.89) / J. S. (Unitif n°3, p.16) / J. Soyeur (Unitif 1911-1912, p.12) = J. Soyeur de Seraing

    T. (p.21) = François Tinlot, l'architecte ?

    J. T. (Unitif n°11, p.12-14, Unitif 1911-1912, p.156-159)

    J. V. (Unitif n°11, p.4-6, Unitif 1911-1912, p.144-146)

    Juliette Vittart (Unitif n°5, p.6-16, Unitif 1911-1912, p.86-100)

    Vital (Unitif n°7, p.11-14, Unitif 1911-1912, p.114-117) = Vital Coutin

    A. W. (Démonstrations n°2, p.5-9, p.14-17, p.24-26, p.29-35)


    Et encore :
    un adepte, l'adepte, un adepte du Père Antoine, un adepte encore novice,
    un(e) antoiniste,
    une soeur, un frère
    un chrétien (Développement, p.190-192)
    un visiteur,
    un matérialiste (Unitif n°7, p.6-10, Unitif 1911-1912, p.106-111)...


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  • Jean-Pierre Montulet - Installation du culte antoiniste à Spa (1909)

    Histoire et Archéologie spadoises
    Article documentaire

    486. MONTULET Jean-Pierre, Installation du culte antoiniste à Spa [1909], 81, mars 95, p.13-17

     

        Disponible sur internet sur le site spavillaroyale.be et à lire dans le billet suivant.


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  •                                                    18 juillet.

        Wilhelm, qu'est-ce que le monde à nos coeurs, sans l'amour ? C'est une lanterne magique sans lumière. Mais dès que la flamme commence à briller, le mur se peint de figures de toutes formes, de toutes couleurs. Ah ! quand tout cequi frappe alors nox yeux ne serait pas autre chose ; quand ce ne seraient que des fantômes passagers, n'est-ce pas cependant être heureux, que de pouvoir goûter à ce spectacle, d'illusions la joie la plus pure, les transports de la naïve jeunesse ?


    Goethe, Werther, p.82
    Librairie Gründ, Paris
    Préface de Sainte-Beuve


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  •     « Nous reviendrons, nous aurons à dos le passé, et à force d'avoir pris en haine toutes les servitudes, nous serons devenus des bêtes féroces de l'espoir. »

    Gaston Miron [http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Miron]


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  •     Emile CHAPELIER [ŝapeljé], belgo. Mortis la 17-an de marto 1933. Kunlaboranto al Internacia Socia Revuo. Verkis propagandan broŝuron kaj kunverkis raporton pri la temo La anarĥiistoj kaj Esperanto; aperinta en la franca kaj angla lingvoj.

        En 1907, dum la unua Internacia Anarkiista Kongreso kiu okazis en Amsterdamo, Chapelier estis unu el la gvidaj partoprenantoj. Por la kongreso Chapelier preparis detalan raporton pri la esenco, utilo kaj perspektivoj de Esperanto. Sed pro manovroj en la tagordo li ne rajtis prezenti tiun raporton. Krome, Chapelier, kune kun la itala anarkiista veterano Errico Malatesta, proponis al la Kongreso rezolucion ne sole por instigi la anarkiistojn, almenaŭ la plej aktivajn, lerni Esperanton sed ankaŭ por postuli ke la Anarkiista Internacio uzu Esperanton kiel laborlingvon. Tiu rezolucio estis malakceptita. La Kongreso montris sin pli pragmatisma ol idealisma kaj akceptis alian rezolucion kiu "alvokas ĉiun kamaradon lerni almenaŭ unu vivantan lingvon".
    source : http://eo.wikipedia.org/wiki/Emile_Chapelier

        Une rencontre semble pourtant significative, y compris dans la manière détournée dont Baillon en fait l'aveu : celle de l'anarchiste Chapelier. Dans Moi quelque part, le narrateur ironise sur les ennuis que valent au «Monsieur» campinois les visites de ses amis de la ville :
        Une autre fois, ce même Monsieur, ayant hébergé un peintre, lequel s'accompagnait d'un modèle, il s'est fait que le modèle s'appelait Chapelier ; que Chapelier était le nom d'un anarchiste à surveiller par les gendarmes ; que le Monsieur interrogé avait répondu : «Débrouillez-vous» ; mais qu'après de longues recherches [...] il avait été établi que le nommé Chapelier n'avait du Chapelier anarchiste que le nom de Chapelier.
        Or, ce faux Chapelier cache probablement le vrai : une photographie, prise sans doute par le peintre Pol Stiévenan, représente une dame inconnue, Emile Chapelier, Marie Baillon et l'écrivain devant la ferme campinoise. A cette époque, Emile Chapelier, ancien mineur, vit d'ailleurs à Stockel dans une «colonie libertaire» :
        Il s'agissait d'une sorte de Kiboutz avant la lettre qui allait permettre à la communauté de s'épanouir en parfaite harmonie, tout en vivant du lravail de la terre et de l'élevage de volailles .
        Après cette expérience, Chapelier devait fonder à Bruxelles le cercle de la Libre pensée prolétarienne, dont il assura longtemps la présidence, ainsi qu'une communauté anarchiste à Boitsfort.
        Parmi les fidèles de ce dernier groupe, on note la présence du jeune Jean De Boé, qui allait devenir responsable du syndicat du livre, et de Victor Kibalchich, dit Victor Serge, dont on connaît le destin extraordinaire. Chapelier participera aussi, vingt ans après ce premier épisode, au Rouge et le Noir de Pierre Fontaine, dont le directeur aidera Baillon dans ses dernières années... Ainsi, au travers de l'épisode des poules campinoises, qu'il faut rapprocher du mouvement de «retour à la terre» et de cette expérience communautaire qui fut le fait de plusieurs jeunes gens en rupture de ban, nous voyons se nouer un des fils rouges dont la vie de Baillon est tramée.

    Paul Aron, Portrait de l'artiste en chapeau mou et lavallière
    source : www.textyles.be/textyles/pdf/6/6-Aron.pdf


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  •     Il y avait derrière le docteur Katz un bateau à voiles sur une cheminée avec des ailes toutes blanches et comme j'étais malheureux, je voulais m'en aller ailleurs, très loin, loin de moi, et je me suis mis à le faire voler, je montai à bord et traversai les océans d'une main sûre. C'est là je crois à bord du voilier du docteur Katz que je suis parti loin pour la première fois. Jusque-là je ne peux pas vraiment dire que j'étais un enfant. Encore maintenant, quand je veux, je peux monter à bord du voilier du docteur Katz et partir loin seul à bord. Je n'en ai jamais parlé à personne et je faisais toujours semblant que j'étais là.

    Emile Ajar (alias Romain Gary), La vie devant soi, p.30
    Mercure de France, Paris, 1975


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  •     I remembered President Roosevelt's words when I was a child during the Second World War : 'There is nothing to fear but fear itself'. Mama, please ask God to protect me.

    Eartha Kitt, I'll still here, Confessions of a Sex Kitten, p.124
    Barricade Books Inc., New York, NY, 1991


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  • Ch.[arles] Rumpf - L'Antoinisme à la lumière [de l'Evangile] de Jésus-Christ (1917)

    Auteur :     Ch.[arles] Rumpf
    Titre :     L'Antoinisme à la lumière de l'Evangile de Jésus-Christ
    Editions :     Bruxelles : Libraire Evangélique, s.d, 11 p ; 16°

        L'inventaire des Archives de l’Église Protestante Unie de Belgique donne un autre titre à la brochure de Charles Rumpf : L’antoinisme à la lumière de Jésus-Christ publiée en février 1917 par l’E.C.M.B. dans sa « Bibliothèque Missionnaire ». Il s'agit du même texte, l'inventaire a tronqué le titre.


        Pierre Debouxhtay (Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.285) évoque les réactions protestantes face à l'antoinisme :
        De leur côté les protestants se montrèrent inquiets de l'expansion antoiniste. En 1910, dans une brochure de douze pages consacrée au spiritisme, le pasteur de Seraing, M. Giron-Galzin, pris à partie les antoinistes. Il y a une dizaine d'années, M. le pasteur Paul Wyss publia un ouvrage "De l'Antoinisme, ou, le renouveau gnostique en Belgique". Le pasteur Ch. Rumpf, de Verviers, avait publié pendant la guerre (L'Antoinisme à la lumière de l'Evangile de Jésus-Christ. Imprimerie de Nessonvaux, 1917) une brochure de douze pages où l'antoinisme est analysé sans malveillance, M. Rumpf estime que "la vogue même momentanée d'une doctrine aussi fantaisiste est un triste symptôme de l'affaissement spirituel de nos populations". Une autre brochure (Exposé des doctrines de l'Antoinisme, s.l.n.d.) de huit pages, signée H.K.B. déclare qu'Antoine a été inspiré par le diable.

        En effet, le pasteur Rumpf se permet ici même une pique contre le Catholique romain et autres : « Il s'accomplit aussi des guérisons dans les lieux de pèlerinage catholiques, à Lourdes ou à la Salette, et l'on en fait grande réclame ; mais cela n'empêche pas ces lieux d'être des foyers d'exploitation de la crédulité publique. Il s'en produit aussi dans les sanctuaires païens, bouddhistes ou mahométans les plus achalandés, mais cela n'excuse point à nos yeux les excentricités religieuses qui les accompagnent. »

        Voici le texte complet de cette brochure (mise en ligne sur FaceBook par Sœur Mya Delcourt) :

     

    L’ANTOINISME
    A LA LUMIÈRE DE L'ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST

        Que pensez-vous de l'Antoinisme ? Cette question nous a été posée à mainte reprise depuis que la doctrine d'Antoine le Guérisseur a fait son apparition dans nos contrées. Il nous paraît loyal et nécessaire aujourd'hui de faire connaître notre opinion a un public plus étendu.
        Ce n'est point par amour de la controverse. Nous n'éprouvons aucune acrimonie à l'égard des Antoinistes. Ceux que nous connaissons sont fort estimables en général, et si nous répudions résolument leurs idées, cela ne nous empêche pas de saluer avec respect l'exemple vraiment évangélique de bienveillance, d'austérité ou de dévouement que donnent certains d'entre eux. A Dieu seul appartient le jugement des cœurs : nous ne venons pas discuter dans le détail la vie du fondateur de l'Antoinisme, ni de la « Mère » qui a hérité de ses pouvoirs depuis sa mort (ou sa désincarnation). Dans la mesure où ils ont fait quelque bien à des corps souffrants ou à des esprits abattus, nous sommes prêts à nous en réjouir, en nous plaçant dans l'esprit de celui qui a dit : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (1).
        Mais autre chose est de respecter ; autre chose d'approuver. Aucune charité ne nous oblige à fermer les yeux à l'évidence, et à déclarer inoffensives des doctrines qui nous paraissent dangereuses. L'Evangile lui-même (2) nous invite à discerner les esprits pour savoir s'ils viennent de Dieu ; et c'est notre devoir de chrétiens de revendiquer l'honneur de Dieu, quand il est usurpé par une de ses créatures.
        C'est précisément ce devoir que nous remplissons aujourd'hui. Sans doute une attitude critique peut paraître assez inopportune en présence d'une doctrine qui affiche elle-même une large tolérance, et se défend « d'établir une religion nouvelle restreignant ses adeptes dans un cercle ou les obligeant à pratiquer un rite ou une opinion quelconque ». Mais ce sont là des réserves toutes théoriques, il suffit pour s'en convaincre de suivre le développement de l'Antoinisme dans ces dernières années, d'entrer dans ses temples, de parcourir ses brochures de propagande répandues à foison.
        De fait il s'agit bien d'une religion nouvelle, qui a des prétentions toujours plus vastes et proclame toujours plus haut sa supériorité. Elle a réclamé en 1911 de la Chambre Belge la reconnaissance légale ; elle possède ses lieux de culte, ses livres saints, ses emblèmes, ses rites et costumes ; elle a ses mandataires officiels, qui seuls sont autorisés à parler en son nom, à donner la consécration aux salles érigées en divers lieux. Ceux-ci sont entourés d'une vénération qui est devenue un véritable culte depuis qu'Antoine le Guérisseur, abandonnant le spiritisme, a intitulé ses révélations le Nouveau Spiritualisme, devenu plus tard, par une nouvelle transformation, l'Antoinisme. Il faut lire quelques exemplaires de l'Unitif, le bulletin mensuel de l'Antoinisme, pour savoir en quels termes emphatiques on parle du Père ou de la Mère ; de quelle apothéose ils ont été l'objet lors de l'inauguration de tel temple nouveau. Qu'on lise seulement le récit de la Consécration du Temple de Monaco par Mère, (2) de son voyage triomphal « où tout s'est passé depuis le commencement jusqu'à la fin dans le fluide le plus éthéré » et où elle rencontre tantôt un enthousiasme délirant, tantôt une « muette adoration ». Suivent ces lignes significatives :

        « Le Culte antoiniste est appelé à régénérer le monde à nous ramener de l'adoration de tous les faux dieux où nous égare notre foi au serpent à la pure religion qui fera de l'humanité entière l'unité, et celle-ci en se réalisant nous permettra d'atteindre à l'Unité absolue de l'Ensemble que nous révèle le Couronnement. Déjà nous avons un avant goût de l'immense bonheur qui nous est réservé lorsque dans l'Opération générale des jours solennels nous communions, oublieux de la matière, dans le fluide éthéré du Père. Voilà pourquoi la Consécration d'un nouveau Temple antoiniste a une signification si sublime, elle nous réunit dans notre commune aspiration à la Divinité, elle témoigne que nous nous en remettons à notre Père du soin de nous diriger et de nous protéger afin qu'un jour nous soyons comme lui assis sur la gloire de nos œuvres. »

    *
    *   *

        Plaçons-nous donc en face de cette religion et demandons-nous ce qu'elle vaut.
        Lorsqu'il s'agit d'apprécier les doctrines de l'Antoinisme, on éprouve tout d'abord un certain embarras. Non qu'il soit difficile d'en apercevoir les défauts, qui sautent aux yeux. Mais les publications contenant les révélations du guérisseur de Jemeppe laissent au lecteur avide de clarté une première impression de véritable chaos, tant à cause de la gaucherie du style que du caractère fuyant de la pensée. Plus on avance et plus on souffre de l'imprécision voulue ou inconsciente de l'exposé, plus on constate l'insuffisance flagrante des réponses données aux questions des adeptes. Ceux-ci se contentent à très bon marché, il faut l'avouer, suggestionnés sans doute par l'étrangeté d'un langage qui n'a de philosophique que l'apparence, et qui n'est même pas toujours du français. Le lecteur moins bénévole est stupéfait de rencontrer un tel tissu de paradoxes et de contradictions. Par ci par là sans doute, des pensées originales retiennent l'attention ; mais au total, c'est un mélange inconsistant qui se dérobe sans cesse à l'analyse, une combinaison de spiritisme, de panthéisme, de théosophie, de scientisme, de végétarisme, avec une dose plus ou moins grande d'éléments empruntés à l'Evangile. On conçoit qu'il est malaisé d'en donner un tableau d’ensemble.
        En réalité la vogue même momentanée d'une doctrine aussi fantaisiste est un triste symptôme de l'affaissement spirituel de nos populations. Que des âmes superstitieuses, avides de nouveauté, trop longtemps entretenues dans l'ignorance religieuse par l'Eglise romaine puisse rencontrer dans les chapelles de l'Antoinisme une réponse à certains besoins intérieurs inassouvis en même temps que le soulagement de quelque douleur physique, cela se comprend à la rigueur. Mais que des esprits cultivés, que des intellectuels arrivent à trouver quelque intérêt aux publications, aux lectures publiques, aux « opérations générales » de la religion nouvelle, cela nous dépasse, disons-le au risque de passer pour peu éthéré. Et ce que nous pouvons moins admettre encore, c'est que des chrétiens éclairés par l'Evangile, possédant les promesses de Jésus-Christ, puissent encore, au lieu de s'adresser au Dieu tout-puissant qui connaît nos besoins et nous a dit : « Demandez et vous recevrez », aller consulter les fondateurs ou les adeptes d'une religion aussi opposée aux plus clairs enseignements du Christ.
        Car il ne faut pas s'y tromper. L'Antoinisme a beau affirmer à l'occasion sa parenté avec le christianisme, et proclamer en lettres capitales que « l'Enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ révélé à notre époque par la foi », nous ne pouvons voir dans cette affirmation qu'une colossale aberration, pour ne pas dire une imposture.
        Sans doute il y a, dans les brochures de l'Antoinisme, comme dans les inscriptions qui garnissent ses temples, bien des expressions qui rappellent l'Evangile, qui en sont des emprunts plus ou moins directs, et les lecteurs mal informés s'y laissent prendre. On y parle beaucoup de la puissance de la foi (seul remède qui peut guérir l'humanité), de la vertu purifiante de l'épreuve, de la prière, de l'amour surtout et tout cela n'est pas nouveau pour quiconque a lu l'Evangile. Mais allons au fond des choses, et nous nous apercevrons que ces mots ont pris une signification tout autre qu'en langage chrétien. Quelques citations suffiront à le montrer (4).
        On exalte la foi ; mais la foi en qui et à quoi ? On imprime noir sur blanc des déclarations comme celles-ci : « La croyance en Dieu est opposée à la foi. Ne croyons pas en Dieu, n'espérons jamais rien de lui, mais croyons en nous et agissons naturellement. Sachons que nous sommes Dieu nous-mêmes. Nous sommes tous des dieux. » A cela s'ajoutent des phrases qui sont de vrai rébus, de nature à jeter une singulière confusion dans les esprits : « Dire qu'on a la foi, c'est démontrer qu'on ne l'a pas, car il faut avoir la foi pour comprendre la foi » etc...
        On recommande la prière : mais nous ne savons plus bien, ni ce qu'elle signifie, ni à qui elle s'adresse. D'une part nous lisons : « La prière est dans l'action dictée par la conscience, d'on peut résulter le bien. Travailler c'est prier ». D'autre part : « Tout croyant doit réciter les prières que sa conscience lui dicte ; tout acte qui s'appuye sur celle-ci est vraiment la prière ». Plus loin vous êtes averti que « le Dieu auquel vous vous adressez pour être exempt de tous vos maux, c'est le Démon ». Enfin mainte page de l'Enseignement vise à faire comprendre que pour être guéri et sauvé, il suffit d'élever son cœur vers le Père ; mais ce Père, auquel s'adressent des invocations qui rappellent par leurs expressions les prières chrétiennes, ce n'est plus le Père céleste, mais le guérisseur de Jemeppe ; C'est de lui, et de lui seul qu'on écrit : « Comme un bon Père, il veille sur nous, lorsque affaiblis nous allons à lui pleins de confiance, il nous soulage et nous guérit, il nous relève et ramène l'espoir dans nos cœurs endoloris ».
        On parle beaucoup d'amour, et en termes souvent très beaux. Seulement on omet systématiquement de mentionner le nom de Celui qui a apporté aux hommes les sublimes préceptes de la pure charité et les a scellés par sa vie héroïque et par son sacrifice au Calvaire. On dédaigne son Evangile pour ne lire et ne répandre que les nébuleuses révélations d'Antoine. On passe sous silence l'œuvre de Jésus pour mettre sur un piédestal d'autant plus élevé l'homme dont le corps, avant d'être porté en terre le 25 juin 1912, était offert comme un fétiche à la vénération des foules, et qui de son vivant avait permis ses adeptes d'imprimer à son sujet : « Nous faisons de lui notre Sauveur ; disons qu'il est notre Dieu, parce qu'il ne veut être que notre serviteur ».
        Comme on se sent loin de l'esprit chrétien ; loin de l'humilité de Jean-Baptiste, déclarant à ceux qui venaient à lui : « Je ne suis pas le Christ, je ne suis pas digne de délier ses souliers » ; loin des premiers apôtres qui repoussaient avec indignation des hommages dûs à leur Seigneur et répétaient : « Nous ne sommes que des hommes ; pourquoi regardez-vous à nous, comme si nous eussions opéré ces choses par notre puissance » ;  loin enfin des réformateurs, de Luther p. ex, écrivant : « En premier lieu je vous prie de laisser de côté mon nom car qu'est-ce que Luther ? Ma doctrine ne vient pas de moi, je n'ai été crucifié pour personne, comment me conviendrait-il, à moi misérable, de donner mon nom aux enfants du Christ ? Je ne suis ni ne veux être le maître de personne ».
        Comparez, lecteur, et dites de quel côté se trouve le christianisme authentique.

    *
    *   *

        A la base de l'Enseignement, il y a la Loi morale, et celle-ci est résumée par Antoine dans 10 Principes en prose, imprimés en grosses lettres dans les livres de propagande. Ils sont précédés de ces mots audacieux : « Dieu parle » et destinés évidemment à remplacer le Décalogue (avec combien moins de clarté !) Contentons-nous de citer les trois premiers.
        Premier principe : Si vous m'aimez, vous ne l'enseignerez a personne, puisque vous savez que je ne réside qu'au sein de l'homme. Vous ne pouvez témoigner qu'il existe une suprême bonté alors que du prochain vous m'isoler.
        Deuxième principe : Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi, et dont l'intention serait de vous convertir, si vous respecter toute croyance et celui qui n'en a pas, vous savez malgré votre ignorance, plus qu'il ne pourrait vous dire.
        Troisième principe : Vous ne pouvez faire la morale à personne, ce serait prouver que vous ne faites pas bien, parce qu'elle ne s'enseigne pas par la parole mais par l'exemple et ne voir le mal en rien (sic).

        Tout ceci n'est pas très lumineux, et se trouve contredit par la pratique journalière des Antoinistes qui mettent une grande ardeur à répandre l'enseignement et la morale du Guérisseur, encouragés d'ailleurs par des préceptes d'un autre genre : « Ne perdons jamais de vue le devoir d'instruire semblables de tout ce dont nous avons été instruits non-mêmes. Eclairer ce qui viennent à nous, voilà notre mission ».
        En fait de morale, le révélateur va remplacer la Loi divine par des notions singulièrement relâchées qui ouvrent la porte aux plus funestes écarts.
        « C'est une grande erreur que d'attribuer des lois à Dieu, c'est ce qui fait croire qu'il est juste : ce serait faire supposer qu'il est imparfait... Il est impossible qu'il ait imposé des conditions pour aller à Lui, sachant que notre faiblesse est incapable de les respecter. – Bien et mal ne sont que des termes de comparaison, ni l'un ni l'autre n'existe réellement. – La base de notre enseignement est la non-existence du mal, par conséquent notre culpabilité est annulée. – Nous ne devons jamais nous efforcer de faire le bien, celui-ci ne doit être accompli que naturellement. Croire qu'on le fait le dénature, il n'est plus que de l'acharnement. – Faites le mal, ne cherchez plus à faire le bien, ou si vous ne pouvez vous abstenir, cachez-vous pour le faire, faites-le plutôt la nuit pour que nul ne puisse le voir. Mais pendant le jour faites le mal, agissez d'après votre naturel, ne vous arrêtez pour personne, c'est ainsi que vous serez le plus rapprochés de la vérité. – Nos imperfections sont aussi des vertus, mais matérielles, pour autant que l'amour nous manque. – Laissons nos enfants libres de leur plus jeune âge. Sans nos recommandations ils agiraient plus loyalement. Il n'y a que notre imperfection qui nous rend libres. »
        En fait, l'absence d'un sérieux sentiment du péché, de la gravité du mal individuel et social, est peut-être ce qui sépare le plus notoirement l'Antoinisme du christianisme. On y cherchera vainement l'expression d'une vraie repentance, le besoin d'un pardon, d'une conciliation avec Dieu. Faut-il s'étonner que l'œuvre de Jésus-Christ comme Sauveur reste incomprise, et qu'on le considère tout au plus comme un révélateur important sans doute, mais depuis longtemps dépassé ?

    *
    *   *

        Au point de vue doctrinal, l'Antoinisme a conservé de son origine spirite certaines théories sur la vie et les destinées de l'homme sur la Réincarnation, mais en leur enlevant le peu de clarté qu'elles ont dans le spiritisme. Plus que partout ailleurs, les déclarations d'Antoine sont ici ambiguës et vaporeuses, cela surtout grâce à une terminologie bizarre. Citons sans essayer de commenter.
        « Il existe deux mondes, celui des incarnés et celui des non-incarnés. J'ai révélé que tout être se compose de deux individualités, dont l'une est le moi conscient et l'autre le moi intelligent. C'est en celui-ci que nous sommes incarnés. Le moi conscient ne l'est pas encore, parce qu'il est réel, tandis que l'autre n'est qu'apparent. Nous faisons donc partie du monde corporel par ce dernier, notre moi imparfait, et du monde spirituel par notre moi réel. L'âme imparfaite reste incarnée jusqu'à ce qu'elle ait surmonté son imperfection. Chaque existence, conséquence de la précédente, détermine la suivante. Après la mort, l'imagination du corps privé de vie se reporte sur un autre qu'il a préparé à son insu, avant d'abandonner l'ancien, et sur lequel il agit en croyant toujours avoir l'autre qui s'efface au fur et à mesure qu'il développe le nouveau ; nous ne perdons pas un instant le corps de vue, avant d'avoir accompli notre progrès pour tout ce qui concerne la matière. Vous pouvez en conclure que la mort ne saurait nous surprendre, car la providence ne peut se tromper, et cette providence, la voilà, elle est la loi de la réincarnation, qui n'est autre qu'un instinct pour l'esprit qui évolue. »
        De longues pages du Développement et du Couronnement ont pour but d'expliquer comment notre incarnation a été causée par l'arbre de la connaissance de la vue du mal, Adam ayant été par sa défaillance animé d'un « amour de bestialité qui a donné naissance à l'intelligence, faculté par laquelle nous imaginons toute chose matériellement. »
        Et ce sont des filandreuses explications allégoriques : « Adam est le moi conscient, Eve le moi intelligent. Adam est le nom de l'unité de l'ensemble des êtres non incarnés, tandis que le nom Eve n'a été appliqué qu'à l'individualité intelligente, qui n'est qu'apparent et ne s'explique que par le sexe, c'est-à-dire l'individualité personnelle. Il est celui que ces deux êtres avaient donné au serpent ; il a été appliqué l'être féminin : le nom qui sert à désigner toute personnalité n'existe que dans l'incarnation, car dans la spiritualité les êtres n'en ont pas... Les règnes minéral, végétal, et animal ne sont que l'excrément (sic) de l'individualité d'Adam, l'ombre marquant son degré d'évolution et arrivé à un certain développement il vient y faillir, il prend l'ombre pour la réalité. »
        Abrégeons ces citations qu'on pourra non sans raison trouver fastidieuses ; ce n'est pas notre faute si elles manquent de clarté ! Reconnaissons d'ailleurs que les « révélations » ne portent pas toujours sur des matières aussi abstruses. De plus en plus on consulte, soit l'esprit du père, soit la Mère, pour des détails de la vie pratique, pour des questions d'hygiène ou de modes. Gravement, l'Unitif (5) rapporte par exemple « comment la robe et le bonnet ont été révélés » ; à la question respectueuse d'une de ses « enfants », « Mère répond que les manches de la robe révélée ont 70 centimètres de largeur. Les bonnets ne se font pas en pointe, ils sont ronds ; la première ruche qui repose sur les cheveux a un contour de 22 centimètres, » etc.
       
    On pourrait se contenter de sourire et de hausser les épaules. Mais quand on pense que des milliers de nos semblables en sont venus à voir dans ces élucubrations la religion de l'avenir, quand on lit en grands caractères ces mots « Notre Père est notre Sauveur ; le Père et le Christ ne font qu'un » on éprouve le besoin de protester avec énergie !

    *
    *   *

        D'emblée nous avons fait la part de ce qu'il peut y avoir d'honorable dans l'exemple d'Antoinistes sincère. Et nous ne nierons pas qu'il se soit opéré certaines guérisons physiques ou mentales. Mais quand cela serait il n'y a certes pas là de quoi justifier des prétentions aussi exorbitantes. Il s'accomplit aussi des guérisons dans les lieux de pèlerinage catholiques, à Lourdes ou à la Salette, et l'on en fait grande réclame ; mais cela n'empêche pas ces lieux d'être des foyers d'exploitation de la crédulité publique. Il s'en produit aussi dans les sanctuaires païens, bouddhistes ou mahométans les plus achalandés, mais cela n'excuse point à nos yeux les excentricités religieuses qui les accompagnent.
        Or pas davantage les cures les plus authentiques ne nous paraîtraient justifier la véritable idolâtrie dont on est en train d'entourer un être mortel et pécheur comme ses semblables, pour avoir fait quelque bien autour de lui. Les forces de la suggestion, du magnétisme, de l'hypnotisme, qu'il a semble-t-il largement utilisées, sont aujourd'hui scientifiquement connues et n'ont rien de miraculeux en elles-mêmes. Elles font parties des méthodes thérapeutiques de bien des médecins renommés dans des instituts spéciaux, surtout à l'égard des neurasthéniques, mais ces savants les utilisent à bon escient et surtout ils ne songent pas pour cela à se poser en révélateurs et à se faire vénérer comme des dieux. Quant à la puissance de la prière pour obtenir des guérisons, les chrétiens n'ont pas attendu l'apparition d'Antoine pour en faire usage avec conviction et succès.
        En vérité, c'est avec raison qu'on a dit de l'Antoinisme : « Ce qu'il contient de bon n'est pas nouveau, ce qu'il contient de nouveau n'est pas bon ». Et après avoir péniblement déchiffré les mystérieuses déclarations du Guérisseur, c'est avec un soupir de soulagement que nous rouvrons les pages de l'Evangile, si simples dans leur profondeur, les lumineuses paraboles de Jésus-Christ, les maximes du Sermon sur la montagne, les glorieuses promesses de la Chambre haute. C'est comme si nous sortions d'un labyrinthe souterrain à la clarté du soleil de midi.
        Plus que jamais nous sommes heureux de n'être pas abandonnés à la merci d'un révélateur quelconque, d'avoir appris du Christ dès longtemps quel est le culte en esprit et en vérité que le Père céleste réclame de ses vrais adorateurs, d'avoir reçu de lui le fil conducteur qui nous empêche de nous égarer dans le dédale des opinions humaines. Plus que jamais nous nous sentons pressés de crier à nos contemporains : « Cherchez dans sa Parole la lumière de vos âmes, la consolation véritable, la certitude dont vous avez besoin. Tournez-vous vers lui comme vers le seul nom qui ait été donné aux hommes pour les sauver ! »
        Et revenant au grand méconnu, à ce Jésus qui pour nous a marché à la mort, courbé sous le poids de la croix et ensanglanté par la couronne d'épines, nous ne pouvons que lui redire avec un transport de reconnaissance et d'amour :
        « Seigneur, à qui irions-nous qu'à Toi ? Tu as les paroles de la vie éternelle, et ce que nous avons vu et reconnu en Toi, c'est aussi ce que nous voulons attester et proclamer, c'est que Tu es le Christ, le Saint de Dieu, le Sauveur des hommes et notre Maître à jamais. »

                                                                                               Ch. RUMPF.
        Verviers, février 1917.

     

    _____________

     

    Cette brochure est en vente
    à la Librairie Evangélique, 11, rue de Dublin,
    Bruxelles

     

    Imprimerie de Nessonvaux

     

    (1) Nous ne parlons pas ici de leur neveu, le Père Dor, les avis des Antoinistes eux-mêmes partagés au sujet de cet ancien adepte qui a fini par instituer une secte rivale, le Dorisme, et n'a pas craint à son tour de se faire passer pour une réincarnation du Christ 20e siècle. Est-il besoin de dire que ses prétentions nous paraissent aussi peu fondées que celles de Père Antoine ?
    (2) Lire en particulier Matth. chap. 11 : 28-30 ; 23 : 8-12 ; 24 : 23-26 ; 1re ép. de Jean, chap. 4 : 1-2.
    (3) Unitif du 1er janvier 1914.
    (4) Nous les empruntons textuellement comme les précédentes, aux paroles d'Antoine contenues soit dans la Revue mensuelle intitulée d'abord l'Auréole de la Conscience, plus tard l'Unitif, soit dans les livres contenant la Révélation du Père, le Développement et le Couronnement le son Enseignement.
    (5) 1er Octobre 1913.


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  • Papus - ABC illustré d'occultisme (posthume, 1922)

    Auteur : Papus (Gérard Anaclet Vincent Encausse)
    Titre : ABC illustré d'occultisme : premiers éléments d'études des grandes traditions initiatiques
    Éditions : Paris, Dorbon, 1922 (posthume),  438 pages

    La voie spirituelle
    par PAPUS 

        Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe inconnu, ou, plus justement, le porte-parole sur terre de l'entité qui s'appelait, dans l'autre plan, le « Philosophe inconnu », a déterminé, ainsi qu'il suit, les jalons de la voie spirituelle :

        Il y a d'abord les morts-vivants, les êtres qui, sur terre, vivent d'une vie tout à fait matérielle, qui ne pensent qu'aux réalités immédiatement tangibles et qui constituent les Hommes du Torrent. C'est là l'immense troupeau dans lequel l'initié doit pêcher les êtres à évoluer.
        Si, par un appât intellectuel ou par l'effet d'un chagrin ou bien d'un amour intense, on parvient à éveiller dans le cœur de ces êtres frustres la petite flamme qui sommeille au fond de toute créature, alors le Dieu intérieur manifeste sa présence, s'affirme en créant l'enthousiasme et l'Homme de Désir apparaît. Le désir est plus fort, quand il est aidé par la prière, que toutes les forces connues, et aucune magie ne peut atteindre à sa puissance.
        L'Homme de Désir une fois créé, le lent travail de circulation des jeunes facultés, planètes autour du soleil christique, se poursuit et l'être humain se transforme à tel point qu'il devient « le Nouvel Homme ».
        Ce Nouvel Homme remplace peu à peu par des cellules de lumière tout ce qui était obscur en lui. Il en arrive à émaner de la bonté comme les Hommes du Torrent émanent de la chaleur. Il pardonne les offenses, il ne fait jamais de procès et subit en silence les injustices de la société profane. Il aime ses ennemis, source inconnue souvent de toute évolution et il est véritablement un envoyé des puissances supérieures sur la terre. Que ce soit un Chrétien mystique, un Evangélisant, un Babyste, disciple du révélateur persan et de ses successeurs, un Buddhiste ayant parcouru la voie des « Vérités du Salut » ou même un simple « Antoiniste » opérant des guérisons grâce à l'amour de son prochain, ou qu'il se rattache à n'importe laquelle des innombrables fraternités spirituelles qui honorent l'humanité, ce Nouvel Homme est véritablement un joyau rare dans l'enfer terrestre.
        Traversant, sans être ému, les épreuves les plus dures que lui envoie « le Prince de ce monde » qui n'aime pas voir son domaine envahi par des étrangers venus du plan céleste, ce « Nouvel Homme », s'il domine toutes les terreurs et toutes les épreuves, connaît enfin la joie de l'union intime avec le plan divin. Il a brûlé tout ce qui était ténèbres, et le Christ est ressuscité vivant et agissant dans tout son être. Il devient alors « l'Homme-Esprit ». C'est un soleil dans l'humanité terrestre et c'est un guide sûr qui saura conduire les âmes vers Celui qui ne trompe pas.
        Tel est, en raccourci, le résumé de cette voie spirituelle, toujours la même pour toutes les religions et pour tous les humains, quelle que soit leur langue profane ou leur costume extérieur. Celui qui a eu le bonheur, une fois dans sa vie, de rencontrer « un Maître » nous comprendra.

    La voie spirituelle, par Papus, in L'Initiation, N°2 (Avril-Mai-Juin 1970), p.79-80
    et reproduit dans PAPUS (Dr ENCAUSSE, Gérard), ABC illustré d’occultisme – Premiers éléments d’étude des grandes Traditions initiatiques, 13ème édition, Editions Dangles, 1990, pages 430 à 432


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  • Temple Antoiniste de Monaco - Consacré le 14 Décembre 1913

    source : Picasa - Jean-Paul Bascout


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  • Temple antoiniste d'Evelette


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