• Titre :     Protestantisme et littérature, nord' (revue de critique et de création littéraires du nord / pas-de-calais) n° 56 - décembre 2010
    Auteur :    Études réunies par Jean Vilbas
    Collection : Septentrion - Nord', 164 pages, format 16x24, 2010

        Ce numéro de la revue rassemble une vingtaine d'articles présentant des figures méconnues ou non du protestantisme du nord de la France (Nord-Pas-de-Calais et Picardie) et de la Belgique, à commencer par le noyonnais Jean Calvin. Il est divisé en deux grandes sections : la première situe la naissance, le développement et la répression des idées de la Réforme entre l'humanisme et les Lumières ; la seconde couvre la période de l'expansion missionnaire, rencontrant concurrences et dissidences, traversant les crises du XXe siècle et favorisant un travail de mémoire. Un angle littéraire a été privilégié mais l'histoire n'est pas oubliée. L'accent a été mis sur la diversité : le volume couvre cinq siècles d'histoire – des premières décennies du XVIe siècle à la première de notre siècle ; plusieurs sensibilités protestantes – réformées mais aussi baptistes, pentecôtistes ou millénaristes - ainsi que les polémiques avec le catholicisme ou d'autres courants spirituels sont représentés ; on rencontre outre des auteurs de langue française, des écrivains néo-latins ou anglo-saxons et une savoureuse étude sur Calvin et le picard ; des natifs de nos contrées qui y sont restés attachés ou ont choisi de s'expatrier mais aussi des auteurs qui sont venus y vivre et le cas échéant y mourir ; une grande diversité de genres aussi avec des maisons d'éditions, des poètes, des dramaturges, des romanciers, des pasteurs et des théologiens ainsi que des poètes : trois d'entre eux, immédiatement contemporains sont publiés dans le cahier créations.
    source : http://www.septentrion.com/livre_aff.asp?id=1211

    Section : Dix-neuvième et vingtième siècles : Missions, dissidences et concurrences
        Une pensée religieuse en concurrence : la révélation du père des Antoinistes & la Bible des Protestants (pp.87-92)
    source : http://www.revue-nord.com/#/ensavoirplus/56/18 & http://www.revue-nord.com/#/parutions
        Les premières lignes sont à lire sur le lien : http://www.revue-nord.com/medias/pdf/56/87.pdf
        

        Comme j'en suis l'auteur, je me dispenserai de faire une critique de l'article.


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  •     Comme telle, la notion de libre examen est composée des termes libre et examen  et signifie considérer attentivement avec réflexion un objet sans qu'il en soit donné préalablement la vérité, voire en s'efforçant de l'oublier si elle a déjà été enseignée.
        Le libre examen est donc contraire au jugement préalable, c'est-à-dire au préjugé, à l'argument d'autorité et au dogme, voire à la croyance.
        Le libre examen entretient aussi des relations étroites avec les notions de libre arbitre et de liberté de conscience, et surtout de lucidité.
        L'apocope librex est régulièrement employée en Belgique à la place du terme libre examen.

        L'examen libre, expression donnée par Condorcet, est l'appellation plus proprement philosophique, caractérisée par l'athéisme;
        Le libre examen se comprenant plutôt à l'origine dans le conflit religieux entre les partisans de Jacobus Arminius et les calvinistes qui mena à une guerre civile en 1617 durant la Trêve de douze ans.

    source : http://atheisme.free.fr/Contributions/Libre_examen.htm


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  • Auteur :    Pierre Geyraud (également auteur de Les petites Eglises de Paris et de l'article Les Sociétés Secrètes de Paris)
    TItre :    Parmi les Sectes et les Rites : Les Religions Nouvelles de Paris
    Editeur :     Emile-Paul Frères, Paris, 1939, 188 Pages

    Pierre Geyraud - Les Religions Nouvelles de Paris (1939) Ce soir 24 juin 1939


    Sommaire :
    Des religions nouvelles à Paris ?
    L'Eglise apostolique : Les dons de prophétie, de langues et d'interprétation – Une orientation nouvelle : vers les « dons négligés ».
    Les Pentecôtistes : Baptême en piscine.
    Les Oxfordistes : Partage et témoignage.
    L'Eglise catholique orthodoxe occidentale : De l'Eglise Romaine à l'Eglise Anglicane, à l'Eglise Vieille-Catholique, à l'Eglise Catholique Libérale, à l'Eglise Libre Catholique et l'Eglise Catholique Evangélique – La conversion de toute une Eglise.
    Catholicisme d'Action Française : Action Française et Vatican – Gallicanisme ou schisme nouveau ?
    Les Coptes dissidents : Un couvent en révolte armée – Schismatiques en sous-schisme.
    La Théophanie : Le Docteur anagogiste – Sainte Alliance Christique.
    L'Eglise christique primitive : La Sainte Agape du Presbytéros – Christiques et Philadelphes.
    Les Paraclétistes : Le Mégangile de la Salette.
    Les Néo-Vintrasiens : Un Sacrifice de Gloire de Melchissédech.
    Le Résurrectoir : La Souveraine Pontife des Douze Vice-Dieux – Le Saint Sacrifice de la Divinisation.
    L'Eglise Laîque de Paris : Une religion de la Beauté.
    Les Universalistes : Au Forum Universel.
    L'Alliance bicosmique : Une religion de la Vie Universelle.
    Aspha : Hyménée asphaliste.
    Mazdaznan : De Zarathoustra au Dr Hanish – Le culte du Respir.
    Les Néo-Esséniens : Jeanne d'Arc, deuxième Messie – Jésus Essénien.
    La Nouvelle Eglise Gnostique Universelle : Le Credo des Pneumatiques.
    La Nouvelle Eglise Gnostique Universelle : Le Consolamentum d'une Parfaite.
    Les Isiaques : Une apparition d'Isis.
    Les Néo-Palladistes : Satan ou Lucifer ? - Initiation luciférienne.
    Qu'est-ce que la foi ?


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  • On fait écouter à Nathalie Natiembe, «Transpapaye»: La plus belle chanson de son prochain album, «Karma», en compagnie de Bumcello... Se reconnaît-elle?

    Nathalie : (tranquillement et immédiatement) C’est qui ça? C’est une dame qui s’appelle Natiembé et qui joue avec Bumcello. C’est une transe souterraine. «Si le ciel est en l’air...» (chante-t-elle) C’est l’esprit Noir de Natiembé. Noir, dans tous les sens. J’ai créé cette chanson en une après-midi. Nadia, la soeur de mon mari, m’a donné un jour une guitare de son ex, Marco Payet, musicien fort connu ici. Je l’ai prise dans les mains, j’ai chanté. C’était au Maïdo. Et j’ai fait une chanson sur une goutte de rosée...

    source : www.lequotidien.re
    Le Quotidien de la Réunion et de l'Océan Indien


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  • Mother Antoine (Record of Christian Work, 1914)

       Paris has now its healing "Mother Antoine," as the Ville-Lumière of New England its "Mother Eddy." She is the wife of the healer Antoine (who appeared a year or more ago at Jemeppe in Belgium, but has since died), and is the inheritor of his healing gifts. The dedication of the First Mother Church has taken place with appropriate solemnity. Many hundreds of Antoinists in their ceremonial dress — cassocks and broad-brimmed hats — surrounded "the Mother"' during the opening ceremony. The women were clad in black and wore veils.

    Record of Christian Work,
    Religious Thought and Activity,
    VOL. XXXIII. MARCH, 1914. NO. 3. p.136
    (archive.org)


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  • Cette photo pourrait avoir été faite pour illustrer Sans âme d'André Thérive : Julien et Lydia


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  •     « Le seul moyen de vaincre définitivement, c'est de faire alliance avec tout ce qu'il y a de meilleur chez votre ennemi. »

    Pierre Ceresole, Carnets de route, p. 94, 1915-1916
    in http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Ceresole


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  • Auteur :     Frans Stefaan Z.E.H. Pastoor Verlinden
    Titre :     Het Antoinisme : zijn ontstaan, zijn ziekenbehandeling, zijn godsdienst en zijn eeredienst
    Editions :     Geloofsverdediging (Antwerpen), Veritas (Gand), Godsdienstige en sociale trakten, nummer 8, 1929, 44 p.
    Sommaire :
    Voorwoord
    I. De stichter van het Antoinisme
    II. De Antoinistische ziekenbehandeling
    III. Het Antoinisme als godsdienst
        Wat leert Antoine over God?
        Wat leert Antoine over de schepping of het ontstaan der dingen?
        Van waar het leven komt?
        Hoe is het gelegen met onze toekomstige lotsbestemming?
        Zoo komen we aan Antoine's zedenleer
    IV. Het Antoinisme als eeredienst
    Besluit

        Dans Pierre Debouxhtay (p.284), on lit : "C'est évidemment dans le diocèse de Liège que la lutte contre l'Antoinisme est la plus vive. Mais, ailleurs on a aussi pris des mesures pour combattre les progrès du nouveau culte. C'est ainsi que la librairie catholique Geloofsverdediging [Défense de la foi] d'Anvers publia une brochure de 48 pages rédigée par un prêtre, M.Verlinden."
        C'est donc l'occasion d'en savoir plus sur le temple de Schoten : "Op Zondag, 20 Oktober 1929, werd door « Mère Antoine », voor die gelegenheid herwaarts gekomen, te Deuzeld onder Schooten, vlak bij Antwerpen, een Antoinistische tempel ingehuldigd. Meer dan tweeduizend Antoinisten – allen walen en franschen – waren toegestroomd om de heugelijke gebeurtenis bij te wonen. Het gold immers den inzet hunner propaganda in het Vlaamsche land en dezes hoofstad, Antwerpen, en er moest indruk gemaakt worden. Bij het zien van dien zonderlingen stoet, aangevoerd door mannen in lange zwarte kleedij, die wel iet weg heeft van een priestersoetaan, van vrouwen gekleed als weduwen in rouw, – priesters en priesteressen met ascetische gezichten en hoogernstig gedoe en die zoo schoon praatten over geloof en naastenliefde, – zullen wel enkele menschen zich afgevraagd hebben, of er nu toch eene nieuwe kerk onstaan was."
        Le ton est ensuite de la même engeance que les autres auteurs catholiques : "Spot niet met Antoinisten, het zijn ook menschen, onze broerders ; diep medelijden verdienen ze, want – zoo zal het blijken uit onderstaande regels – : Wie zich aan de Antoinistische strooming overgeeft, gaat geestelijk en verstandelijk verloren". L'auteur avoue ce qu'il doit aux brochure de E. Leroux dans les Etudes Religieuses.


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  •     C'est la confession, non le prêtre, qui nous absout.

    Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, p.130
    Stock, Le Livre de Poche, Paris, 1983


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  • Auteur :    Noël Bäyon
    TItre :    Miracles chez les guérisseurs
    Editeur :     SEGEP, Paris, 1953, In-16, 314 pages

    Sommaire :
    Avant-Propos
    I. - Persistance de l'Empirisme
    II. - Les Sectes Guérisseuses
        Prosper Merland, Congrégation Evangéliste de l'Union Christique Biblique Purificatrice (Georges de Montfavet, Eglise chrétienne universelle ou Monsieur [Jean] Bouy, Eglise évangéliste indépendance de l'Union chrétienne)
        Tremolo Stromboli, Santé par l'Amour, Association philanthropique Internationale (M. Montovani, Amour et Vie)
        Pedro Jonglalez, Cercle Amour et Fraternité (Nicolas Strati, Eglise christique primitive)
    III. - Les Spiritualistes Individualistes
    IV. - Les Magnétiseurs
    V. - Les Radiesthésistes-Magnétiseurs
    VI. - De la Voyance à la Phytothérapie
    VII. - Je m'installe Guérisseur
    VIII. - Les Guérisseurs devant le Micro
    IX. - Le Miracle et le Papier imprimé
    X. - Pour en sortir

    Critique des Etudes de mai 1953 :

    Noël Bäyon - Miracles chez les guérisseurs (1953)

        « Les guérisseurs guérissent-ils ? » Pour répondre à cette question, M. BÄYON s'est livré à une patiente enquête auprès des guérisseurs et de leurs clients, allant jusqu'à ouvrir lui-même un cabinet. Sa conclusion, solidement étayée, est nette : rien ne justifie scientifiquement la prétention des guérisseurs et la confiance que des gens crédules placent en eux.
        On lira avec profit un tel ouvrage qui constitue, en même temps qu'un témoignage de poids, une oeuvre bienfaisante, en démasquant notamment le charlatanisme et le climat d'enfantine crédulité qui enveloppe les guérisseurs.
        Une telle étude laisse pourtant ouverte une question importante : dans quelle mesure des altérations fonctionnelles, d'étiologie principalement psychique, sont-elles susceptibles d'être soulagées, au moins momentanément, par l'influence et la suggestion de certains êtres, aussi irrationnelle et puérile que soit souvent leur thérapeutique ? L'expérience même de M. Bäyon, se faisant lui-même guérisseur, est assez curieuse en ce sens. Le recours au guérisseur ne témoignerait-il pas, au prix d'une régression vers la mentalité archaïque et magique, d'une des tâches actuelles de la médecine : intégrer nettement dans l'art médical la prise en considération des facteurs psychiques de la maladie et l'action sur eux ? Le médecin n'a nullement à se faire guérisseur, mais ne doit-il pas répondre scientifiquement et rationnellement, cette fois, à certains besoins que manifeste le recours aux guérisseurs ? Sinon, ne risque-t-on pas de voir se perpétuer l'état de choses périlleux contre lequel témoigne justement l'ouvrage de M. Bäyon ?
              Louis BEIRNAERT.

        L'auteur précise qu'il a caché les véritables noms, car "le nom, en cette bataille, n'a aucune espèce de valeur, ce qui compte : la vérité, la réalité stricte des faits, des observations, ont été respectées" (p.14). Nous voici donc à lire les exploits de Gougourovski-Popodneff, de Loubiane ben Louloufe, de Gédéon Bouliche, l'un résident à Pontamin-les-Bancal, l'autre à Benezouilles-les-Fraises, ou encore les performances égyptienne de Rodiane Kiftootoo à Bellevilliers-la-Gadoue... Il ne nous reste donc qu'à croire l'auteur sur parole, puisque aucune vérification d'après ses témoignages n'est possible.
        Il prévient qu'il comprennait et comprends encore "l'anxiété qui précipite le malade dans les bras du magnétiseur, du thaumaturge ou du médium scientifique" (p.12). Mais comme compréhension, on lit les témoignages suivants dont quelques extraits suffiront à sentir l'anxiété de ces malades :
        - De temps en temps, à défaut de cancer, Tremolo, pour s'entretenir la main, accepte de se distraire avec des maux sans importance et qui disparaissent avec un peu d'argile et quelques passes car Tremolo, dans son groupe, a aussi des auxiliaires magnétiseurs. Et quels magnétiseurs ! Tuberculose, sclérose en plaques : quatre séances et passez muscade, vous voilà sain entre les sains (p.48) ;
        - (un homme vient pour sa femme) Devant l'assemblée des malades, il gémit, il pleure de douleur, jouant les insomnies et les maux de tête de sa femme tandis qu'elle demeure silencieuse. [...] Admirative, la femme approuve, de temps à autre, le jeu de son époux, d'un léger signe de tête. Pour moi, je cherche dans l'emphase des tirades quelque élément qui puisse m'éclairer sur le mal de la patiente. Dans tout ce chef-d'oeuvre d'art dramatique dont on régale mes yeux et mes oreilles, je ne vois rien qui puisse me permettre la moindre appréciation sérieuse (p.130) ;
        - Entre une accorte Polonaise, mafflue, qui roule de gros yeux égarés sous un front bas et pousse devant elle une fillette de huit ans, manifestement intimidé, gênée d'apporter devant trois étrangers le spectacle pénible de son infirmité. Devant sa tête constamment inclinée à droite, ses mouvements désordonés du bras droit, sa petite main contractée, incapable d'exercer une préhension quelqconque, la détresse qui jaillit de ses yeux doux me remue jusqu'aux entrailles. J'ai envie de crier pitié pour elle. Cette pauvre chair secouée de spasmes, cette âme déchirée, meurtrie d'être captive d'un corps anormal, nul n'a le droit de la jeter dans une pantomime dont elle ne peut retirer que des complexes supplémentaires. Tout cet exhibitionnisme imposé et inutile me répugne, m'horrifie, et, de crainte d'effrayer la fillette, je dois me taire. De peur aussi de voir mon enquête tourner court, je m'impose de sourire à Mme de Saint-Céleste, comme si je lui accordais le droit de s'amuser aussi de cette souffrance-là. D'ailleurs, à quoi bon parler, prévenir la mère que tout ceci est duperie, pitrerie et que la seule certitude qui s'offre à elle de gaspiller son argent ? Elle ne me comprendrait pas, elle m'opposerait les témoignages de milliers de pauvres bougres convaincus de la toute-puissance divine de Mme de Saint-Céleste ! (p.165) ;
        - Pour ma part, je dois de la connaître à la femme d'un médecin bordelais, laquelle trois fois l'an, toute gonflée de je ne sais quels maux imaginaires et de quelles affaires de coeur embrouillées, puise là "le courage de vivre". Comme elle est loin d'être la seule, le jour où Mathilde Barbacasse sera convoquée chez le juge d'instruction, cela fera un certain bruit dans quelques ménages de médecins ! (p.257) ;
        Ce qui gêne est qu'on ne peut rien prendre au sérieux dans ces témoignages : tout est railler, tourné en dérision, sarcastique. Mais l'auteur fait amende honorable : "il ne laissera pas d'y avoir des gens bien intentionnés pour me reprocher cette permanence du burlesque qui domine en ces pages" (p.310).
        Et quand on apprend quel prix font payer les guérisseurs (un déclare qu'on donne ce qu'on veut mais pas moins de 1000 francs ! (p.107), on ne peut que donner très peu de crédit à ces charlatants (cf. également p. 216). Mais cela est la technique du journaliste, car d'emblée, l'auteur dit : "j'ai choisi mes sujets avec un soin extrême, éliminant les modestes sorciers de village, ceux qui traitent les pires maux avec les épluchures de pommes de terre ou l'urine de nouveau-né" (p.13). Pourquoi justement ne pas avoir tout de suite supprimer de son enquête les guérisseurs qui font payer ? Le désintéressement du guérisseur peut déjà êtr une preuve de son honnêteté. Ensuite il prétend qu'un "vrai guérisseur" se doit d'accepter tout les cas (p.269), là encore, il est fréquent qu'un guérisseur prétende ne pas tout guérir. Il aurait aussi fallut enquêter sur eux.

        "Je reviens chez Mathilde Barbacasse pour rencontrer une miraculée "sauvée en pleine hémorragie". [...] Dans les propos emmêlés de la belle-mère, du gendre et de la fille également présente, je finis par retrouver la vérité. Histoire banale, du modèle de celles que l'on rencontre dans n'importe quel salon de guérisseur. A cinquante-deux ans, après une implantation de pellets d'hormone cristallisée destinés à combattre les troubles du retour d'âge, la patiente fait une série de ménorragies, c'est-à-dire des augmentations brutales en quantité et en durée du flux menstruel. Au bout de dix-huit mois, au cours desquels le médecin est intervenu dans la phase aiguë de chaque manifestation sanglante, à coups d'hémostatique, d'hormones synthétiques, d'opothérapiques, les ménorragies s'espacent de plus en plus. Il a le droit de se montrer satisfait. Pas du tout, depuis un an, il opère concurremment et à son insu avec Mathilde Barbacasse dont les chifons fluidifiés ont un bien autre pouvoir que sa seringue et ses ampoules !" (p.260-261).
        L'auteur a-t-il de la compréhension pour la panique qu'a pu ressentir cette femme qui se voyait se vider de son sang ? Non, lui sait et comprend le médecin dans son jargon et ne s'inquiète pas... Mais l'auteur avoue lui-même que "au médecin qui n'a pas le temps de lui faire faire un cours qu'il n'assimilerait pas, parce que la médecine est devenue de nos jours aussi compliquée que les calculs astronomiques, il préfère le brouet pseudo-scientifique du premier charlatan venu (p.271).
        Il est clair donc que l'auteur n'a pas étudié, comme son collègue Maurice Colinon, les tenants et aboutissants de la guérison en dehors de la médecine non conventionnelle. Ainsi il veut vin se prêter aux expériences et faire le cobaye, alors qu'il n'est pas malade, et il est sceptique sur les résultats. Comment veut-il qu'une guérison se produise ? Or, comme l'a montré Maurice Colinon, le guérisseur, c'est la malade lui-même. "Notre création et notre perfectionnement sont donc notre oeuvre" dit le Père (La Révélation, L'origine de la vie). Mais de cela, Noël Bäyon, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, n'en a cure !
        Par les traitements de Placide Soliveau, on comprend les accusations portées à tous les guérisseurs (puisque "hors Jésus, il n'est point de Salut") dans un commentaire du le site http://christianisme.skynetblogs.be : " Le culte antoiniste est une secte manipulatrice et décadente, composée de gens obsédés par le sexe et l 'argent ils ont même une succursale à Monaco! tout comme l'ordre du temple solaire (voir www.prevensectes.com) " - Écrit par : nicolas | 2010-02-17 à 18.26:25

        Après avoir réglé ses comptes avec ses collègues journalistes pro-guérisseurs (dont il cite pour cette fois les vrais noms), comme conclusion, l'auteur déclare : "tout guérisseur est un mythe née de l'anxiété du malade" (p.267). Nous voilà bien avancé... l'introduction l'avait prédit, la conclusion le détermine... mais quand au explication du phénomène on n'en apprendra pas beaucoup... sauf peut-être à demi-mot dans le chapitre VII. Je m'installe guérisseur. De loin le plus intéressant de tout le livre. Il y explique ainsi le fonctionnement de l'auto-suggestion : "Quels que soient l'herbe, les passes, les prières, le produit, le Professeur M... a en effet remarqué que les recettes de bonne femme les plus anciennes indiquent toujours le même laps de temps pour [la] disparition [des verrues] : quarante-cinq jours pous les verrues ordinaires, trois mois pour les verrues plantaires. L'agent de traitement ne lui parut donc avoir aucune valeur thérapeutique et être plutôt le support passif à la faveur duquel le patient s'auto-suggesionne, déterminant ainsi une réaction de défense de l'organisme contre l'ultra-virus de la verrue" (p.168).
        "L'art de la pirouette, une once de psychologie, voilà tout la science du guérisseur" (p.271). Un art et une once qui manque sensiblement à beaucoup de médecins (cf. le livre tout récent de Martin Winckler, C’est grave docteur ? [http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=401]). On peut donc en conclure comme Maurice Colinon dans Les Guérisseurs, dont nous conseillons la lecture qu'il serait bon que le médecin devienne un peu guérisseur.

        Enfin, disons qu'à aucun moment Noël Bäyon ne cite les Antoinistes dans son livre.

    _________________
    Auteur :    Noël Bäyon
    TItre :    La Légende dorée des guérisseurs
    Editeur :     André Martel, Paris, 1953, In-16, 236 pages

    Sommaire :
    Pélerinage aux sources de la "médecine libre"
    Le guerissage savant ou mesmerisme
    Illuminés et charlatans romantiques
    Philippe, le garçon tripier devenu sorcier du Tsar
    La "Christian science" ou le guerissage "Made in USA"
    Les mires de la belle époque à la notre
    Germaine de Rouen, la voyante insoumise
    La radiesthésie "science nouvelle"
    Bilan actuel de la radiesthésie
    Le statut de la "médecine libre" et les "abandonnés par la médecine"
    L'Eglise catholique devant le problème des guérisseurs
    La réponse des malades

    Critique des Etudes de mai 1954 :

    Noël Bäyon - Miracles chez les guérisseurs & La Légende dorée des guérisseurs (1953)

        Cet ouvrage complète Miracles chez les guérisseurs. II nous présente une histoire des guérisseurs surtout à partir du XVIIe siècle, sommaire sans doute, mais centrée sur quelques figures particulièrement intéressantes : Mesmer, l'inventeur du magnétisme animal, Vriès, Philippe, le garçon tripier devenu sorcier du Tsar, Mrs Mary Eddy Baker, fondatrice de la Christian Science, Germaine de Rouen. Le récit est alerte, incisif, et bien documenté. Le dernier tiers du livre est consacré à la radiesthésie ; excellente mise au point d'où il ressort que, jusqu'ici, la radiesthésie n'offre absolument aucune garantie scientifique.
        OEuvre courageuse, utile, fruit d'un long travail qui constitue une excellente contribution à cette tâche de « démystification » que le renouveau des fausses-sciences rend particulièrement urgente et qui mériterait davantage l'attention des milieux catholiques.
               F. Russo.
    source : Gallica

        En gage de longue "contribution à cette tâche de « démystification »", le lecteur aura droit a une longue liste de fait-divers. Et si l'auteur reproche aux "faux-scientifiques" de cacher leur insuccès, on peut bien croire que cela soit réparer par ce livre, l'auteur ne signalant pas, même pour la forme, une seule expérience qui soit fructueuse du côté des radiesthésistes ou autres expérimentateurs. Encore une l'avant-propos nous signale, comme pour nous en convaincre, que "ces pages ne sont que le fruit d'investigation objectives". Investigation : "Recherche minutieuse, systématiquement poursuivie, sur quelque chose." Objectif : "Qui est fondé sur l'expérience, sur l'observation des réalités extérieures."

        Prenons l'exemple qui nous intéresse et que nous connaissons : Louis Antoine, puisque l'auteur nous fait l'honneur d'en discuter. Citons donc in texto une partie du chapitre Illuminés et charlatans.

        "Quantitativement, Philippe [de Lyon] a moins de fidèles que le brave Antoine, ouvrier mineur, passé de la fosse à la métallurgie et de l'usine au temple, et qui groupe, en une cérémonie, 15.000 personnes autour de lui. Le « Père » qui découvre sa « vocation » en 1893, à la mort de son fils, fait courir toute la Belgique et le nord de la France à Jemmapes-sur-Meuse. Trente chapelles antoinistes naissent dans les deux pays et, en Belgique, une pétition présentée au Roi pour la reconnaissance de la nouvelle religion, recueille 150.000 signatures en quatre mois.

        "Tard venu au spiritisme, Antoine le guérisseur témoigne, tout au début de sa vocation, d'une certaine incertitude quand [sic] au traitement à appliquer aux quelques 1.200 malades qui viennent le consulter quotidiennement ou qui lui télégraphient des quatre points cardinaux. La distribution des potions, jointe aux passes magnétiques, conduit Antoine sur les bancs de la Correctionnelle, où il se voit condamné à deux reprises. Renonçant à guérir par des thérapeutiques terrestres, Antoine proclame aussitôt que la foi des malades est le secret de leur guérison et il s'applique à soigner les âmes, les âmes seules dont les imperfections entraînent tous les maux physiques. Le « Père » est tellement persuadé de cette vérité qu'il n'examine même pas les malades et ne leur demande pas de quoi ils souffrent. La foi guérit tout et ceux qu'elle ne sauve pas méritent sans doute cette épreuve par quelque vice caché. Antoine a réponse à tout, et la mort même ne le laisse point désemparé puisque sa femme « la Mère » continue le culte, après sa « désincarnation », dans le Temple austère, sur l'autel qu'orne une draperie noire sur laquelle brillent les fils d'argent de « L'Arbre de la Science du Mal ». Illettrée, forte de toute sa ruse paysanne, « la Mère » soutient gaillardement, en dépit de ses soixante-dix ans, le rythme des cérémonies antoinistes et rassemble, pour le 20 juin de chaque année, jour anniversaire de la désincarnation du « Père » quelque 20.000 pélerins. Aujourd'hui, le touriste qui traverse Liège s'étonne d'y découvrir un temple d'une architecture compliquée, d'un exotisme pseudo-byzantin, et que coiffe une étrange coupole. Sur la porte, cette inscription : « Le Père Antoine, le grand guérisseur pour celui qui a la foi ».

        "Et ce temple abandonné est tout ce qui demeure de vingt années de miracles et de rédemptions sous la houlette d'Antoine, mais le grand principe de la foi guérisseuse, lui, continue son chemin et la Christian Science avec ses sectes satellites (Faith Cure, Divine Healing, New Thought) perfectionne le système jusqu'à l'absurde."

        Signalons d'abord la faute d'orthographe, qui malgré la très longue liste d'errata de 4 pages, n'a pas était perçu par l’œil avisé et professionnel du "journaliste". J'ignore également les guillemets doublés de l'italique, un journaliste n'est pas censé être typographe. Admettons d'admettre ce livre une investigation, mais j'hésiterai vraiment à préciser celle-ci d'objective. Voici les erreurs : Louis Antoine ne découvrit pas sa vocation à la mort de son fils. Jemmapes-sur-Meuse n'existe pas. L'auteur nous fait le plaisir de citer sa source en bibliographie. Le livre de Maurice Colinon. De là vient la première erreur ("En 1893, il a la douleur de perdre son fils unique ; dès lors, toute son activité se tourne vers le problème de la maladie"), par contre M. Colinon cite bien Jemeppe-sur-Meuse. Déjà à l'époque de Colinon, on en était en tout cas à cinquante temples. Il n'a pas était condamné deux fois. Le fait de "mériter l'épreuve par quelque vice caché" fait plutôt penser à la pensée du Père Dor. "Temple austère, sur l'autel qu'orne une draperie noire sur laquelle brillent les fils d'argent de « L'Arbre de la Science du Mal »" : on ne sait pas de quel draperie parle Bäyon (l'auteur fait écrire son nom de cette façon, par coquetterie orthographie, certainement). Peut-on parler d'un autel ? Et que dire de l'Arbre de la Science du Mal ? (Colinon parle de tribune et dit bien Arbre de la Science de la Vue du mal). Le 20 juin de chaque année, il ne se passe rien de particulier dans les Temples antoinistes, mais en tout cas le 25 juin le Père se désincarne. À ma connaissance aucun temple ne porta l'inscription à sur la porte "Le Père, le grand guérisseur pour celui qui a la foi", mais on sait que le fronton pouvait porter l'inscription "Le Père, le grand guérisseur de l'Humanité pour celui qui a la foi". On apprend donc qu'en 1953 le temple de Liège était abandonné. Cependant en dehors des heures de services, un temple antoiniste paraît toujours déserté, même celui de Jemeppe. Mais remarquons le vocabulaire employé par Bäyon pour évoquer la Mère : Illettrée, forte de toute sa ruse paysanne, soutient gaillardement, en dépit de ses soixante-dix ans, rythme des cérémonies, rassemble... on croirait évoquer quelque gourou. Signalons encore que pour l'auteur c'est la paysannerie de la Mère qui la maintient jusqu'à cet âge avancé et non l'Antoinisme. Et pour le temple : architecture compliquée, exotisme pseudo-byzantin, étrange coupole, abandonné... Ce n'est pas loin d'être du racisme.

        Bref comme auteur averti, j'ai vu mieux.


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  • Crédo ou Christ

    Il n'aime pas Dieu, celui qui hait son prochain,
    Qui foule aux pieds le cœur et l'âme de son frère,
    Qui cherche à entraver, à obscurcir son mental
    Par la peur de l'enfer, n'a pas compris le but final.
    Venues de Dieu, toutes les religions sont source de félicité;
    Et Christ, Qui est le Chemin, la Vérité et la Vie,
    Donne le repos à ceux qui sont chargés d'un lourd fardeau,
    Et la paix à ceux que la douleur, le péché ou la lutte accable.
    A Sa requête, l'Esprit Universel vint
    Dans toutes les églises, et non pas dans une seule;
    Le matin de la Pentecôte, une langue de flamme
    Couronna chaque apôtre d'une auréole rayonnante.
    Depuis lors, tels des vautours affamés et féroces,
    Nous avons souvent combattu pour un mot vide de sens,
    Et cherché, au moyen de dogmes, d'édits et de lois,
    A nous envoyer les uns les autres sur le bûcher.

    Le Christ a-t-il donc deux faces?
    Pierre et Paul n'ont-ils pas été crucifiés?
    Alors pourquoi de telles divisions entre nous?
    L'amour du Christ nous entoure tous, vous est moi.

    Son amour, tout de pureté et de douceur, n'est pas limité
    Par des dogmes qui séparent et élèvent des murailles.
    Son amour entoure et embrasse toute l'humanité.
    Peu importe le nom que nous Lui donnons ou que nous nous donnons.
    Alors pourquoi ne pas Le prendre au mot?
    Pourquoi ces dogmes qui nous désunissent?
    Car une seule chose compte, sachons-le bien, et c'est
    Que l'amour du prochain emplisse chaque cœur.

    Il n'y a qu'une seule chose que le monde ait besoin de connaître,
    Il n'y a qu'un seul baume à la douleur humaine,
    Il n'y a qu'un seul chemin qui nous conduise au Ciel -
    Ce chemin, c'est la sympathie mutuelle, c'est l'amour.

    MAX HEINDEL
    COSMOGONIE DES ROSE-CROIX
    OU
    CHRISTIANISME MYSTIQUE
    Traité élémentaire sur
    l'évolution passée de l'homme
    sa constitution présente
    et son développement futur

    source : http://www.rosicrucian.com/foreign/rcc/rccfre00.htm


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  • Fabulous French Fob

    The front of the fob depicts a man and woman, LE PERE 1846-1912 and LA MERE 1850-1940.

    The back of the fob has The Tree of Life with the words 'CULTE ANTOINISTE' in the branches.

    Below the tree are the words: l' arbre de la science de la view ou mal, which translated mean: the tree of knowledge of the view or poorly

    I was first drawn to the wonderful detail on the front of this fob. Little did I know that I would discover a religious sect, or cult as it is sometimes called, started in 1910!

    Antoinism is a new religious movement founded in 1910 by the Walloon Louis-Joseph Antoine (1846-1912) in Jemeppe-sur-Meuse (Seraing). Mainly focused on healing, the group has many temples in Belgium and France.

    The group believes in a moral progression through reincarnation. They believe in a dualistic Universe in which matter is an illusion. They consider Louis-Joseph Antoine to be the "Father." This makes him, in France, the arbiter between humanity and God or even the reincarnation of Jesus. They tolerate other religions as they see them as detaching people from the material world.

    This fabulous fob now hangs from 3 antique brass links with mottled green colored cabachon stones set in the center. The links were found in an antique store, just remnants of what I presume was a bracelet. Various vintage brass chain allows this to grace your neck at just over 16 in ( 40.64 cm ), a perfect length to showcase this attention getting necklace!

    Absolutely One of a Kind

    En vente à 145 $ USD

    source :http://www.etsy.com/listing/60256855/fabulous-french-fob

        A.G. Vicente signale qu' "officiellement les images et médailles sont interdites; pourtant elles sont vendues, même à Jemeppe, pendant les grandes fêtes, où beaucoup d'antoinistes portent des images du "Père" à la boutonnière." Mais il est difficile de dire si l'auteur parle du passé (citant P. Debouxhtay) ou de son époque (1967).


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  •     Il s'appelait Nazaire. Pensant à la mort, ce n'est pas son visage de vieux torturé que je revois, ni son ultime secousse que je ressens, mais tous les signes de la vie manquée réunis quelque part, là, sur le lit. Plus que l'après-mort, c'est la pré-mort qui m'obsède, c'est l'immobilité du vivant accordée à celle du gisant. Ce qui me parle du néant, ce n'est pas le cadavre, mais la petite existence close, le pourrissement d'un regard, la lente dérive du corps, le ver dans la pensée, l'incapacité de recréer sans cesse autour de soi autre chose que l'habitude congénitale de servir, de nettoyer la maison, de manger les mêmes mets, d'aller, de venir, de reprendre invariablement sa place sur cette chaise, qui n'a pas bougé et d'où l'on dit les mêmes choses, d'où l'on fait les mêmes gestes, dans une sorte d'horrible fidélité au froid. Plus que dans une grande ville, où le grouillement urbain fait illusion, la mort des vivants est perceptible au village. Lorsque j'y retourne, j'ai parfois l'impression de marcher dans un décor rongé, une espèce de 'saprocosme', où des jeunes se traînent, s'ennuient, où l'on voit les peaux molir, les fanons baller, les yeux s'éteindre, où les alcooliques sont un peu plus violacés encore que la dernière fois et où je ne sais quelles micro-agonies s'ébruitent discrètement jusqu'à moi. Je me dis alors que ceux qui ne se battent pas meurent plus vite et plus mal que ceux qui se battent. Pour moi, vivre, c'est prendre de vitesse la décomposition, la juguler d'éclairs. Ceux de la révolte, ceux de la haine s'il le faut, ceux de l'art, si c'est possible.

    Marcel Moreau, Egobiographie tordue (L'ivre Livre), p.23
    in Incandescences, Editions Labor - Espace Nord, Bruxelles, 1984


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  •     12 mai. – J’ai un peu de fièvre depuis quelques jours ; je me sens souffrant, ou plutôt je me sens triste.
        D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m’éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. – Pourquoi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. – Pourquoi ? – Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre coeur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables.
        Comme il est profond, ce mystère de l’Invisible ! Nous ne le pouvons sonder avec nos sens misérables, avec nos yeux qui ne savent apercevoir ni le trop petit, ni le trop grand, ni le trop près, ni le trop loin, ni les habitants d’une étoile, ni les habitants d’une goutte d’eau... avec nos oreilles qui nous trompent, car elles nous transmettent les vibrations de l’air en notes sonores. Elles sont des fées qui font ce miracle de changer en bruit ce mouvement et par cette métamorphose donnent naissance à la musique, qui rend chantante l’agitation muette de la nature... avec notre odorat, plus faible que celui du chien... avec notre goût, qui peut à peine discerner l’âge d’un vin !
        Ah ! si nous avions d’autres organes qui accompliraient en notre faveur d’autres miracles, que de choses nous pourrions découvrir encore autour de nous !

    Guy de Maupassant, Le Horla
    source : http://www.clpav.fr/maupassant/lecture-maupassant.htm


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  •     Il y avait aussi la question des chaises, des chaises de velours, à plaque de cuivre, qui sont tout en avant, face à l'autel, aux belles places, et dont j'ai déjà parlé. Ça gêne l'ouvrier. Il a peur d'avancer. Il ne sait pas où elles finissent, ces places réservées. Il ne vient pas assez souvent. Alors, pour une fois qu'il met les pieds à l'église, à l'occasion d'un mariage ou d'un enterrement, il reste tout au fond, près de la porte, à la place des pauvres... Et si par malheur il occupe une belle chaise, et qu'on vienne lui dire de changer de place, ça le blesse, il estime que c'est un affront, il s'en va, et ne revient plus. Il se dit : « C'est là comme partout, il y a les riches et les pauvres... ».

    Maxence van der Meersch, Pêcheurs d'Hommes, Chap. V
    Editions Rencontre, Albin Michel, Paris, 1940, p.46-47.


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