• A Charleroi (L'écho belge, 8 novembre 1917)

                   A Charleroi 

        Les Carolorégiens n'ont pas oublié le procès du père Dor, plus connu sous le surnom de Christ. Or, après des tribulations sans nombre, pour répondre à toutes les accusations dont il prétend être la patiente victime, le père Dor vient de restituer sa maison à la personne qui l'avait accusé avec le plus de violence. En outre, il a vendu pour 16.800 francs la petite propriété qu'il possédait à Roux, en versant l'excédent – soit 800 francs – à l'Ecole des Estropiés de Charleroi.
        Le Christ est généreux. Ce n'est pas pour moi, dit-il, que j'ai fait cette donation pour qu'on ne me traite plus de fripouille et d'escroc, mais pour mes adeptes qui souffraient de me voir ainsi malmené.

    L'Écho Belge, 8 novembre 1917


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  • Dictionnaire pratique des connaissances religieuses (1927)DICTIONNAIRE PRATIQUE DES CONNAISSANCES RELIGIEUSES

    sous la direction de J. Bricout, 1927

    Tome cinquième : Nazareth - Révolution

    Article Occultisme, III. Appendice : L'Antoinisme

    pp.72-73

     

    I. APPENDICE : L'ANTOINISME. - On peut voir dans l'Antoinisme une application aux masses populaires de la Christian Science et de l'occultisme. 

        Son fondateur, Louis Antoine, naquit à Flemalle-Grande, à quelques kilomètres de Liège, en 1946. A douze ans, il commence à descendre dans la mille. Mais il se lasse vite de ce métier et se fait ouvrier métallurgiste. A vingt-quatre ans, il quitte la Belgique, travaille en Allemagne, puis près de Varsovie, revient, entre temps, épouser au pays Jeanne-Catherine Collon, et s'établit définitivement, avec son petit pécule, à Jemeppe-sur-Meuse. Il se convertit au spiritisme et donne des séances où l'on accourt. Bientôt il joint à ses évocations des consultations médicales, mêlées de recommandations morales. Son autorité personnelle l'amène à penser qu'il peut se passer des esprits : il s'établit guérisseur. Il a recours d'abord à l'eau magnétisée, puis au papier magnétisé qu'on trempait dans l'eau, puis aux passes. Finalement, il abandonne tous ces procédés et demande à la seule foi du malade le secret de toute guérison. Il devient Antoine le Guérisseur. 

        La guérison par la foi a fait le succès de l'Antoinisme. Mais cette foi est d'une nature spéciale. Antoine ne dit pas : « Vous êtes malade par imagination ; écartez cette imagination, vous guérirez. » Il dit : « La matière est mauvaise, la maladie est un fruit de la matière. Mais la matière n'existe pas réellement; elle est un fantôme créé par l'intelligence. Croyez que la matière n'existe pas, et vous tuerez la racine même de la maladie. » Cela est répété à satiété, au milieu de développements incohérents, de logomachies effarantes, de mots qui se suivent sans signification possible, de puérilités et d'incorrections de langage. Le Père Antoine se vantait d'ailleurs de son ignorance. 

        Le Père Antoine prêche la solidarité et l'amour du prochain. Mais Dieu c'est chacun de nous : « Dieu s'efface » en notre faveur. Le mal n'existe pas, donc non plus le bien, puisque le bien est corrélatif du mal. Il faut suivre la nature : « nous déformons les enfants en prétendant les discipliner. » 

        Puis dans ses écrits apparaît çà et là un courant trouble qui charrie les rêveries malsaines du Talmud et de l'hermétisme : l'amour d'Adam pour le serpent, Ève être essentiellement mauvais et simple apparence, toute vérité nous venant de « l'Arbre de la science de la vue du mal », Lucifer proposé aux hommages des hommes. Enseignements réservés sans doute aux initiés. 

        Le prophète est mort a Jemeppe en 1912. La Mère a succédé au Père avec toutes ses prérogatives, le droit a la foi absolue, le droit au culte des croyants. 

        On assure qu'en Belgique la religion antoiniste compterait jusqu'à 18000 adeptes fervents. A l'étranger, il y a des salles de culte à Paris, à Vichy, à Nice, à Nantes, à Tours, à Monaco. 

        Le succès, l'existence seule de cette religion grossière n'atteste que trop l'ignorance religieuse des foules. 

       Lucien Roure, Au Pays de l'occultisme, C. I, IV, Paris, 1925 ; La légende des grands initiés, Paris, 1926. 

     

                                                   Lucien ROURE.


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