•  « 1946 » Antonin Artaud

    Les Malades et les médecins

       

    La maladie est un état.
    La santé n’en est qu’un autre,
    plus moche.
    Je veux dire plus lâche et plus mesquin.
    Pas de malade qui n’ait grandi.
    Pas de bien portant qui n’ait un jour trahi, pour n’avoir pas voulu être malade, comme tels médecins que j’ai subis.
     
    J’ai été malade toute ma vie et je ne demande qu’à continuer. Car les états de privation de la vie m’ont toujours renseigné beaucoup mieux sur la pléthore de ma puissance que les crédences petites-bourgeoises de :
    LA BONNE SANTÉ SUFFIT.
     
    Car mon être est beau mais affreux. Et il n’est beau que parce qu’il est affreux.
    Affreux, affre, construit d’affreux.
    Guérir une maladie est un crime.
    C’est écraser la tête d’un môme beaucoup moins chiche que la vie.
    Le laid con-sonne. Le beau pourrit.
     
    Mais, malade, on n’est pas dopé d’opium, de cocaïne ou de morphine.
    Et il faut aimer l’affre
                                     des fièvres,
    la jaunisse et sa perfidie
    beaucoup plus que toute euphorie.
     
    Alors la fièvre,
    la fièvre chaude de ma tête,
    — car je suis en état de fièvre chaude depuis cinquante ans que je suis en vie, —
    me donnera
    mon opium,
    — cet être, —
    celui,
    tête chaude que je serai,
    opium de la tête aux pieds.
    Car,
    la cocaïne est un os,
    l’héroïne, un sur-homme en os,
     
                                ca i tra la sara
                                ca fena
                                ca i tra la sara
                                ca fa
     
    et l’opium est cette cave,
    cette momification de sang cave,
    cette raclure
    de sperme en cave,
    cette excrémation d’un vieux môme,
    cette désintégration d’un vieux trou,
    cette excrémentation d’un môme,
    petit môme d’anus enfoui,
    dont le nom est :
                             merde,
                             pipi,
    con-science des maladies.
     
    Et, opium de père en fi,
     
    fi donc qui va de père en fils, —
     
    il faut qu’il t’en revienne la poudre,
    quand tu auras bien souffert sans lit.
     
    C’est ainsi que je considère
    que c’est à moi,
    sempiternel malade,
    à guérir tous les médecins,
    — nés médecins par insuffisance de maladie, —
    et non à des médecins ignorants de mes états affreux de malade,
    à m’imposer leur insulinothérapie,
    santé
    d’un monde
    d’avachis.
     
                                                        Antonin Artaud

     

     

     

    http://www.florilege.free.fr/florilege/artaud/lesmalad.htm


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  •     ...Manuels d'Allan Kardec, lesquels proviennent eux-mêmes de Pierre Leroux et des illuminés quarante-huitards, – sens puissant de la fraternité et goût de la bienfaisance envers les pauvres hommes.

    article d'André Thérive, in Le Temps du 20 février 1936

        Pour en savoir plus sur Pierre Leroux, se reporter à l'article wikipedia.


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  •     Une musique dans les rues du pays minier n'est pas seulement un bruit momentané, mais l'expression d'une attente éternelle. Ce pays, où le métier a rendu les hommes si intimement solidaires, a la passion de la cadence, de ce qui s'accomplit en groupe. Si l'on trouve dans les corons tant de sociétés musicales c'est qu'elles expriment le besoin profond des hommes de faire constamment une seule âme de toutes leurs âmes.
        Une foule aux coudes joints marche derrière l'Harmonie. Au-dessus des têtes apparaît le bois des arcs.

    Pierre Hamp, Gueules noires,
    La musique de la mine
    Gallimard, Paris, 1938, p.71


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