• Antoine le Guérisseur (La Croix, 30 janvier 1921)

    Antoine le Guérisseur (La Croix, 30 janvier 1921)

    FEUILLETON DU 30 JANVIER 1921

    Revue des revues

    Antoine « le Guérisseur »

        Sous le titre : « Un prophète contemporain », les Etudes du 20 janvier publient un article de M. Lucien Roure sur Antoine le guérisseur et sa secte. Antoine et les antoinistes ne méritent pas qu'on s'occupe d'eux ; mais il est utile de les signaler aux lecteurs catholiques pour les mettre en garde contre l'erreur.
        L'étude de M. Lucien Roure démontre abondamment qu'Antoine le guérisseur ne diffère pas des spirites, occultistes, théosophes, scientistes qui s'efforcent de mille manières à doter l'humanité d'une religion commode.
        L'antoinisme en particulier se signale par l'incohérence doctrinale la plus fantastique, ce qui n'empêche pas la secte de compter 18000 adeptes en Belgique et une vingtaine de temples en divers lieux.
        Nous citons le passage de l'article relatif à la vie d'Antoine le guérisseur.

        Le fondateur de la religion nouvelle, Louis Antoine, naquit à Flémalle-Grande, à quelques kilomètres de Liége. Depuis, le territoire de la maison paternelle a été rattaché à la commune de Mons-Crotteux. Les parents, gens pauvres et simples, eurent onze enfants. Le père était mineur. A douze ans, Louis Antoine commença à descendre dans la mine. Il se lassa vite de ce métier et se fit ouvrier métallurgiste. A vingt-quatre ans, il quitte la Belgique, travaille en Allemagne, puis près de Varsovie. Dans l'intervalle, il revient au pays épouser Jeanne-Catherine Collon. Un fils leur naquit en Prusse. En 1879, on le voit s'établir définitivement à Jemeppe-sur-Meuse. Louis Antoine rapportait un petit pécule. Il s'occupa d'assurances, puis devint concierge aux « Tôleries liégeoises ».
        En ce temps, une famille de Jemeppe s'adonnait au spiritisme. Dès la première séance, Louis Antoine est conquis. Vite, il constate qu'il a en lui l'étoffe d'un spirite. Il organise des réunions. Le public accourt. Sa femme et son fils le secondent avec ferveur. Tantôt assure-t-on, l'esprit du curé d'Ars, tantôt l'esprit du docteur Demeure se font les guides d'Antoine. En 1893, mourait son fils unique qui s'était toujours montré maladif et bizarre, et dont les parents s'étaient peu occupés. Il leur fit savoir après sa désincarnation qu'il était devenu pharmacien à Paris.
        Cependant Antoine commençait à donner des consultations médicales, mêlées de recommandations morales. L'esprit du docteur Carita se chargea d'abord de dicter les ordonnances. La vogue plus grande et la Société des « Vignerons du Seigneur (pourquoi les Vignerons dans un pays qui ne se distingue guère par la culture de la vigne ?) fut fondée.
        L'autorité personnelle d'Antoine s'accrut si. bien qu'il estima pouvoir se passer des esprits et s'établir lui-même guérisseur. Le remède préconisé contre toutes les maladies était une certaine liqueur Coune. Antoine fut poursuivi pour exercice illégal de la médecine, condamné, mais n'en devint que plus populaire. Il eut recours alors à l'eau magnétisée, puis au papier magnétisé qu'on trempait dans l'eau et qui lui communiquait les plus merveilleuses vertus thérapeutiques, puis aux passes, soit en particulier, soit en public. Finalement, il abandonna tous ces procédés, et demanda à la seule foi des malades le secret de toute guérison. Il se laissa proclamer Antoine le Guérisseur.
        Atteint lui-même d'une maladie d'estomac chronique, dont toute sa foi ne pouvait le guérir, il suivait un régime strictement végétarien. Il ne prenait ni viande, ni œufs, ni beurre, ni lait, rien qui provint d'un animal. Il a seulement confessé, avec humilité, en publie, que sa femme l'avait obligé quelquefois à manger de la viande quand elle le trouvait trop affaibli. Sa femme, d'ailleurs, est la Mère comme lui le Père. Elle partage l'autorité et le prestige de son auguste époux.
        Cependant la santé d'Antoine déclinait. Il avait déjà plusieurs fois annoncé sa désincarnation prochaine : on sentait qu'elle ne saurait beaucoup tarder. Est-ce à cette période de sa vie qu'il faut placer son changement de titre ? Au nom d'Antoine le Guérisseur, se substitue le nom d'Antoine le Généreux. Peut-être voulait-on éviter de laisser croire que l'antoinisme était tout entier dans le don de guérir et que ce don allait disparaitre avec Louis Antoine ? Au surplus, à partir de 1906, l'enseignement moral remporte de plus en plus. Antoine prend toujours davantage conscience de sa mission de révélateur. Le prophète mourait à Jemeppe, le 25 juin 1912 : il était âgé de 66 ans.
        La Mère a succédé au Père avec toutes ses prérogatives. En 1913, elle inaugurait le temple de Monaco au milieu d'une foule qui l'acclamait comme une puissance surhumaine. Elle est aidée par un certain nombre de propagandistes, hommes et femmes, qui président les assemblées et sont porter au dehors la bonne nouvelle.

    La Croix, 30 janvier 1921


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