• La « mort de l'auteur »

        Roland Barthes aimait raconter cette petite blague à ses étudiants : un infirme se plonge dans l’eau de Lourdes pour que sa situation s’améliore et en ressort avec une chaise roulante toute neuve. Passé maître dans les discours aux multiples sens, qu’il s’amusera à démystifier, Barthes accouche en 1968 de cet article bizarre qu’est « La mort de l’auteur ».
        Les deux textes gagnèrent cette popularité surtout par leur opposition à Lanson et à Sainte-Beuve, critiques dominants dans les études littéraires françaises, qui attachent une grande importance à la connaissance de l’auteur dans le jugement d’une œuvre. Or, pour Barthes, « l’auteur est mort » : il affirme que « la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’auteur ». En effet, son idée est que l'auteur doit céder sa place au lecteur, qui réécrit le texte pour lui-même (on dit volontiers depuis qu'il en possède sa propre lecture (expression que dénonce d'ailleurs Thierry Maulnier)) : l'auteur n'est donc plus le seul garant du sens de son œuvre. D'autre part Barthes souligne que l'approche traditionnelle de la critique littéraire soulève un problème complexe : comment peut-on connaître précisément l'intention de l'auteur ? Sa réponse est qu'on ne le peut pas. Il donne comme exemple Sarrasine d'Honoré de Balzac texte dans lequel un homme prend un castrat pour une femme et tombe amoureux d'elle. Quand le personnage (Sarrasine) délire sur celle qu'il croit être l'image même de la féminité, Barthes défie les lecteurs de trouver qui parle et de quoi : Balzac ou son personnage ?.
       Autrefois, lorsqu’un auteur était « consacré », tous ses écrits devenaient automatiquement œuvre, y compris la correspondance, les brouillons, etc. Maintenant que l’auteur est mort, un écrit devient œuvre (ou « texte » dans notre cas) si son contenu est conforme à l’idée que l’on se fait de l’auteur. De nombreux exécuteurs testamentaires ont brûlé la correspondance d'écrivains célèbres, pensant qu'elles pouvaient ternir l'image du disparu. Ils le faisaient soit de leur propre chef, soit à la demande de l'auteur.
         Si demain on découvrait un manuscrit écrit de la main de Roland Barthes (l’homme) mais ne correspondant pas au style de Barthes (l’écrivain) pourrait-il être délibérément omis de ses œuvres complètes (qui pour le coup ne le seraient plus) ? Ce n'est pas impossible. Le nom de l’auteur sert somme toute de désignateur à son travail. Dire avoir « lu tout Roland Barthes » signifie avoir lu ses œuvres, non l’homme. De même, découvrir que La mort de l'auteur serait de la main d’un autre changerait la conception de Barthes-écrivain, mais pas de Barthes-l’homme. L’auteur est donc construit à partir de ses écrits, et non l’inverse. L’auteur n’est plus à l’origine du texte ; celui-ci provient du langage lui-même. Le « je » qui s’exprime, c'est le langage, pas l'auteur. L’énonciation est ici une fonction du langage.
        Pensée cousine de celle de Paul Valéry dans Tel Quel, lorsque celui-ci y indique :
        "Quand l'ouvrage a paru, son interprétation par l'auteur n'a pas plus de valeur que toute autre par qui que ce soit."
        "Si j'ai fait le portrait de Pierre, et si quelqu'un trouve que mon ouvrage ressemble à Jacques plus qu'à Pierre, je ne puis rien lui opposer — et son affirmation vaut la mienne."
        "Mon intention n'est que mon intention, et l'œuvre est l'œuvre."

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_Barthes


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  • MORT D'ANTOINE "LE GUÉRISSEUR", EN BELGIQUE
                             Bruxelles, 25 juin.

        Cet après-midi est mort, à Jemeppe-sur-Meuse, Antoine « le Guérisseur », universellement connu. Il avait été pris, lundi soir, d'un léger dérangement ; il avait 66 ans.
        Parti en Russie, il y a vingt ans, comme mécanicien, il était revenu avec quelque argent. A son retour, il fonda a Jemeppe des maisons ouvrières, puis, en 1895, il édifia un temple. La guérison devait s'obtenir par la foi et par l'imposition des mains.
        Antoine parvint à obtenir des guérisons dans les domaines nerveux. Il avait de nombreux adeptes en France et en Allemagne.
        Il fut condamné une fois pour exercice illégal de la médecine, une autre fois acquitté. Il ne se faisait pas payer.

    Le Petit Journal 26 juin 1912 (Numéro 18079)
    source : gallica.fr


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  • FOUNDED A NEW RELIGION.

    Cure Attributed to the Late Louis
    Antoine, Once a Miner.

        BRUSSELS. July 2. – Louis Antoine, a workman who became a famous healer and died at Jemeppe near Liege last week, founded a new religion, built a temple, attended the sick and the needs, but never tool a cent from any one.
        He was a miner who inherited a little money and devoted himself to spiritualism. His followers say that he often received visits from spirits who dictated long messages, one of which bade him exercise the gift of healing.
        Thereupon Antoine betook himself to the poor of his parish and is believed to have effected several cures. His fame spread. He built a church partly with his own money.
        Every weekday except Friday and Saturday Antoine used to hold a service. The congregation assembled at 9 o’clock and kept silence for half an hour. At 9.30 o’clock an adept would announce that operation would take place at certain hours and that all who wished to be cured must have perfect faith.
        On the stroke of 10 o’clock Antoine a picturesque figure with iron gray hair falling to the shoulders and iron gray beard would enter, wearing black cassock, face the people motionless for a minute, lift his right hand and hold it extended for minute and walk out again.
        The service would be complete when the adept had proclaimed, "Every one whose faith is strong enough shall be healed."
        Antoine lived a hermit’s life, slept but little, ate only vegetables, never read, hardly ever spoke. But he leaves behind him some 100.000 souls in Belgium, France, Germany and the United States of America who devoutly believe in him as a heaven sent miraculous healer.

    The Sun, Sunday, July 14, 1912 (fultonhistory.com)

     

    Traduction :

    IL A FONDÉ UNE NOUVELLE RELIGION.

    Guérison Attribuée au défunt Louis
    Antoine, anciennement Mineur.

        BRUXELLES. 2 juillet - Louis Antoine, un ouvrier qui est devenu un célèbre guérisseur et qui est mort à Jemeppe près de Liège la semaine dernière, a fondé une nouvelle religion, construit un temple, soigné les malades et les nécessiteux, mais n'en a jamais touché un sou.
        C'était un mineur qui a hérité d'un peu d'argent et s'est consacré au spiritisme. Ses disciples disent qu'il recevait souvent des visites d'esprits qui lui dictaient de longs messages, dont l'un lui demandait d'exercer le don de guérison.
        Antoine s'est alors tourné vers les pauvres de sa paroisse et on pense qu'il a fait plusieurs guérisons. Sa notoriété s'est répandue. Il a construit une église en partie avec son propre argent.
        Tous les jours de la semaine, sauf le vendredi et le samedi, Antoine avait l'habitude d'organiser un service. L'assemblée se réunissait à 9 heures et gardait le silence pendant une demi-heure. A 9h30, un adepte annonçait que l'opération aurait lieu à certaines heures et que tous ceux qui souhaitaient être guéris devaient avoir une foi parfaite.
        Sur le coup de 10 heures, Antoine, un personnage pittoresque aux cheveux gris tombant sur les épaules et à la barbe grise entrait, portant une soutane noire, faisait face à la foule immobile pendant une minute, levait sa main droite et la tenait tendue pendant une minute et repartait.
        Le service serait complet quand l'adepte aurait proclamé : "Tous ceux dont la foi est assez forte seront guéris."
        Antoine vivait une vie d'ermite, dormait peu, ne mangeait que des légumes, ne lisait jamais, ne parlait presque jamais. Mais il laisse derrière lui quelque 100.000 âmes en Belgique, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis d'Amérique qui croient fermement en lui comme guérisseur miraculeux envoyé par le ciel.


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  • EL FUNDADOR DEL « ANTONISMO »
        Bruselas 27, 10° mañana. Ayer falleció en Jemeppe un famoso propagendista religioso, llamado Antonio, el Curador.
        Había nacido en 1846, y hace veinte años instituyó su culto.
        Su religión, titulada "antonismo", prometía la curación de las enfermedades por las oraciones y por la fe. Por este medio había logrado obtener la curación de varios enfermos del sistema nervioso.
        En Bélgica, Francia, Alemania y los Estados Unidos tenía muchos adeptos.
        Hace algunos años 130.000 "antonistas" dirigieron á las Cámaras belgas una petición solicitando que su culto fuese reconocido oficialmente.

    ABC (Madrid,  viernes 28 de Junio de 1912) Pág. 15 y 16
    source : http://hemeroteca.abc.es

    Traduction :

    LE FONDATEUR DE "L'ANTONISME".

        Bruxelles 27, 10 heures. Hier, à Jemeppe, est mort un célèbre prosélyte religieux, appelé Antoine, le Guérisseur.
        Il est né en 1846, et il y a vingt ans, il a institué son culte.
        Sa religion, intitulée "antoinisme", promettait la guérison des maladies par la prière et la foi. Par ce moyen, il avait réussi à obtenir la guérison de plusieurs patients du système nerveux.
        En Belgique, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, il avait de nombreux adeptes.
        Il y a quelques années, 130.000 "antoinistes" ont adressé aux Chambres belges une pétition demandant que leur culte soit officiellement reconnu.


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  • Antoine le Guérisseur (Le Nouvel éducateur rationnel-année 1-n°7- 1912)

    Passe, Passe... Passera
    Mais le vrai seul, restera

    ANTOINE, LE GUÉRISSEUR
    par la science de la Pensée

        Antoine, dit le Guérisseur, vient de mourir le 25 juin dernier, à ]emmèpes-sur-Meuse (Belgique), où il avait fondé le culte qui porte son nom et qui est une facette du nouveau spiritualisme en train de se constituer de par le monde.
        La voici : Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi ; c'est de la foi que naît l'amour, l'amour qui vous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer nos ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car l'amour que nous avons pour nos ennemis nous rend dignes de le servir : c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, car il est pur et de vérité.
        Bien qu'on lui ait attribué la puissance de guérir par la foi, on peut se convaincre en lisant ses enseignements dans "L'aurore de la conscience" que non seulement il y joignait l'amour le plus élevé, mais qu'il s'appuyait sur la connaissance de la Pensée.
        Il se réclamait de l'observance de ses lois et du maniement des pensées pour obtenir, conserver et faire progresser la puissance qu'il avait acquise.
        Tout fluide est une pensée, toute pensée est un fluide est une affirmation qui revenait sans cesse dans le développement oral et écrit qu'il faisait de sa doctrine.
        Né en 1846, dans le culte catholique, après avoir étudié le côté moral du spiritisme, ce n'est qu'en 1906 qu'il créa son église.
        Issu de parents pauvres, il fut mineur et métallurgiste. Depuis 1906, il se consacra au maniement des fluides et à la guérison des malades qu'il recevait chez lui.
        Sa maison étant devenue trop petite, un riche admirateur lui fit bâtir une église qui coûta, dit-on, 100.000 fr.
        11 n'est pas indifférent de lire la lettre de faire-part de sa mort :
        Culte Antoiniste,
        Frère.
        « Le Conseil d'administration du culte Antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui, mardi matin, 25 juin.
        « Avant de quitter son corps, il a tenu à recevoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère Le remplacera dans sa mission. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous.
        « Mère montera à la tribune pour les opérations générales, les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures.
        « L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin, à 3 heures. »
        Cette lecture nous apprend qu'Antoine et sa femme formaient un couple humain psychique complémentaire.
        L'égalité sociale de l'homme et de la femme est ainsi consacrée chez les Antoinistes et pratiquée par eux.
        Il est à remarquer que les enfants d'un pays comme, toute la partie de la Belgique sur laquelle le culte Antoiniste a pris de grandes proportions, qui a pour base et pour structure géologique les roches primaires, le carbonifère surtout, sont aptes à une très rapide et très haute évolution morale et sont naturellement religieux, mystiques. Ainsi s'expliquent les nombreux adeptes que fit Antoine dans certaines parties de l'Angleterre et de l'Amérique qui possèdent des milieux géologiques similaires.
        Antoine le Guérisseur ne quitta pas son pays.
        Du succès qu'il remportait socialement et de la puissance qu'il exerçait sur les forces psychiques il concluait, et le titre seul de la revue qu'il publia «L'Unitif» le prouve suffisamment, à la réalisation de l'Unité et de l'harmonie humaines par la vulgarisation et l'observance de son enseignement.
        C'est là une de ces pieuses erreurs coutumières à ceux qui ont trouvé une parcelle de la Vérité.
        La Terre n'est pareille nulle part: les individus et les races quoi qu'humains diffèrent essentiellement et psychiquement et portent en eux des raisons impérieuses qui les font manifester, cultiver et rendre fécondes d'autres facultés.
        Antoine faisait redouter l'intelligence et le savoir. Il les considérait comme nuisibles au progrès, au perfectionnement moral qui, seul, devrait compter pour l'individu parce qu'il est seul le but de la Vie.
        Il y a beaucoup de vrai dans tout cela... mais ce n'est pas toute la vérité, loin de là... L'intelligence et la science ne doivent-elles pas devenir les auxiliaires du progrès moral et psychique ?
        Car la vérité, ce n'est pas de sacrifier des facultés primordiales à la suprématie d'autres facultés non moins essentielles, c'est de les faire concourir toutes au même but; c'est la réalisation de la vie rationnelle, pour le plus grand nombre d'humains capables d'exercer, pour le bien individuel et général, les pouvoirs, les moyens psychiques spirituels et toutes les nobles facultés de la nature humaine, selon l'ordre, le temps et l'espace.
        Quand on comprend bien, on aime mieux, l'on sait ce que l'on doit aimer et comment il faut l'aimer.
        Saluons Antoine le Guérisseur qui apporta de la lumière et projeta des clartés vivaces sur la route ténébreuse de l'évolution. Retenons ses leçons sur l'évolution morale ; essayons d'acquérir sa puissance dans le maniement des pensées, mais poursuivons notre labeur et sachons comprendre pourquoi et comment toutes les puissances et valeurs évolutionnelles peuvent être arrachées au mystère par patience, la volonté, la foi, le désintéressement et l'amour, mais aussi par l'intelligence et la méthode.

    Le Fureteur

    Le Nouvel éducateur rationnel,
    recherches des éléments constitutifs de l'éducation correspondante à l'usage de la liberté. Science de la vie. Science de la liberté. Science de l'amour. Rédactrice en chef : Lydie Martial.
    Année 1 - n°7 - 1912 (p.108)
    source : gallica

        Lydie Martial exposera dans la revue La Rose + Croix (revue synthétique des sciences d'Hermès, 1911 l'idée de la corrélation entre les roches primaires carbonifères et l'apparition des médiums.


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  •     Ce fut le 25 juin 1912 qu'eut lieu l'enterrement du Père (Antoine), le fondateur de cette religion nouvelle qui comte déjà plus de 150 000 adeptes, qui a ses temples et ses rites. Quinze mille personnes recueillies assistaient à ses obsèques. Jemeppe est devenue la ville sainte de l'antoinisme.

    source : Sciences et Voyages n°9 (30 octobre 1919)

        Comme le fait remarquer en commentaire frère Robert, "En réalité le PERE ANTOINE s'est désincarné le mardi 25 juin 1912 et son enterrement eut lieu le dimanche 30 juin à 15h., contrairement à ce qui est paru dans ce journal." Merci à lui pour cette correction.

    Les funérailles du fondateur de l'antoinisme à Jemeppe (Belgique)(Archive Roland AE Collignon)


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  •  Superstitions - La Calotte, comique illustrée de Paris, le 02 août 1912       SUPERSTITIONS

                _____
        De la Lanterne :
        - Ah ! la bonne Sainte Vierge, il est donc mort, notre pauvre Antoine !
        - Mort ! Mort ! Que dites-vous là, mâme Pluchot ! Mort ! Apprenez à parler : Antoine n'est point mort, il s'est désincarné.
        - Tout ce que vous voudrez, mâme Béchu, n'empêche qu'il ne sera plus là pour nous guérir.
        - Pourquoi donc, mâme Pluchot ?
        - Alors Antoine pourrait à la fois être mort et continuer ses miracles ! Ah ! j'avais toujours bien pensé que c'était un grand saint !
        - Pour sûr que c'était un grand saint, mâme Béchu, mais tenez, lisez donc l'avis qui vient dêtre affiché au temple antoiniste.
        Les deux bonnes femmes s'approchèrent de la porte du temple antoiniste - les antoinistes sont une des innombrables sectes qui pullulent sur le corps de la religion agonisante - et lurent :
            « Frères,
        « Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner... Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que la Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous ; Mère mintera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. »
        Admirable, n'est-il pas vrai, cette religion si accomodante ! Antoine est mort d'une attaque d'apoplexie, sa veuve continue le commerce. Antoine guérissait, en vertu d'une grâce particulière, les malades. A peine mort, c'est sa femme qui hérite de cette grâce particulière. Et quand Mme Antoine sera morte ?
        Sera-ce le petit animal favori du maître qui héritera de la grâve particulière ?
        Peu importe à Mme Béchu et à Mme Pluchot. L'essentiel, c'est d'être roulé au nom de la religion, du miracle, du mystère, etc.
        La couleur des billets que l'on prend à la loterie truquée n'ôte rien au plaisir des joueurs : on ne garde pas les mêmes, mais on recommence toujours.

    La Calotte, comique illustrée de Paris, 02 août 1912
    source : Gallica


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  • Figaro en Belgique

            ----

    UN FONDATEUR DE RELIGION
                           Bruxelles, 25 juin.

        Louis Antoine, un ancien ouvrier d'usine, devenu guérisseur, est mort à Jemeppe, près de Liège, où il avait édifié un temple, fondé une véritable religion. Le Parlement belge reçut, l'an dernier, une immense pétition demandant la reconnaissance officielle du culte nouveau, qui compte de nombreux adeptes en France.
        Originaire du pays de Liège, Antoine avait soixante-six ans. On dit que sa femme continuera son oeuvre. - HARRY.

    Le Figaro - 26-06-1912 (Numéro 178)
    source : gallica


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  • Antoine le Guérisseur est mort (Le Progrès spirite)

    Antoine « le guérisseur » est mort

    Avec lui disparaît une curieuse figure

    De l'Eclaireur de l'Est (Reims)

        Bruxelles, 26 juin. — Un homme de Wallonie, un petit bourgeois, presque du peuple, est mort hier, qui avait acquis non seulement en Belgique même, mais un peu partout où il y avait des malades et des désespérés une célébrité et un crédit exceptionnels ; c'est celui qu'on appelait Antoine le Guérisseur. Il n'avait fait rien de moins que de fonder une religion, une espèce de variété de christianisme mélangé de théosophie. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains, à la manière des Christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
        Peu à peu les malades de l'âme comme du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmapes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années, il y avait les foules de Jemmapes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants formaient une communauté éparse en divers lieux, mais
    fort nombreuse.
        Depuis hier, le prophète et guérisseur belge n'est plus.
        Il y a quelques jours, la santé d'Antoine était devenue précaire et lundi matin un incident inattendu a encore accru les craintes de son entourage.
        Vers dix heures trente, comme il se trouvait, dans son temple, il s'affaissa subitement, frappé d'apoplexie.
        On dut le transporter chez lui où il reprit peu à peu ses sens.
        Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanelles d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux, étaient accourus auprès du lit de leur maître.
        Antoine, alors proféra : « Demain quelque chose de sérieux se produira. » Puis, il ajouta d'une voix sourde : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux. »
        Antoine avait tardé beaucoup avant de faire sa révélation et de se déclarer l'homme de Dieu.
        Pendant nombre d'années, il était un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la Société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances.
        Enfin vinrent la grâce, l'action publique, les prédications publiques. Antoine était alors déjà dans l'âge mûr.
        On le dit propriétaire des maisons ouvrières qui entourent son temple. D'aucuns estiment sa fortune à 80.000 francs. Quoiqu'il en soit, Antoine le Guérisseur a toujours vécu modestement.
        Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 exemplaires et répandait les doctrines de l'apôtre.
        Il y a quelques mois, « les antoinistes » de Belgique avait adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat.
        La pétition des fidèles du culte antoiniste portait cent mille signatures.
        L'oeuvre d'Antoine ne sera pas arrêtée par sa mort. Au temple, où son corps est exposé, l'affiche suivante a été apposée:

    CULTE ANTOINISTE
                   Frère,
         Le Conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance, que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 Juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin à trois heures.
                Le Conseil d'administration.


    Le Progrès spirite. Organe de la Fédération spirite universelle
    Juillet 1912, p.109
    source : gallica


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  • ANTOINE LE GUÉRISSEUR
        VIENT DE MOURIR EN BELGIQUE

        BRUXELLES, 25 juin. - Du correspondant particulier du « Matin » (par téléphone). - Antoine le guérisseur, qui avait fondé en Belgique un religion nouvelle, est décédé ce matin à Jemeppe.
        Né dans ce pays en 1846, il y avait instauré son culte il y a une vingtaine d'années. Sa religion que l'on appelait l'« antoinisme », promettait la guérison des maladies par la prière et par la foi. Il réussit ainsi à obtenur quelques cures sur certains malades du système nerveux.
        Il avait en France, en Allemagne, aux Etats-Unis de nombreux adeptes, et il en comptait évidemment beaucoup en Belgique. Plusieurs temples et salles de réunion existent en effet en Wallonie, et il y a quelque temps, 130.000 « antoinistes » avaient adressé aux Chambres belges une pétition tendant à ce que leur culte fût reconnu officiellment.

    Le Matin 26 juin 1912

    source : gallica


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  • La Liberté, Journal politique, religieux, social - Fribourg, Suisse. - Jeudi 27 juin 1912

    La Liberté, Journal politique, religieux, social - Fribourg, Suisse. - 42e année. - N°148 - Jeudi 27 juin 1912

    Antoine le Guérisseur
        Un homme de Wallonie, une petit bourgeois belge, presque du peuple, est mort mardi, après avoir acquis, non seulement en Belgique même, mais un peu partout où il y avait des malades et des désespérés une célébrité et un crédit exceptionnels ; c'est celui qu'on appelait Antoine le Guérisseur. Il n'avait fait rien de moins que de fonder une secte, une espèce de christianisme mélangé de théosophie. Il prétendait guérir par la prière et l'imposition des mains, à la manière des christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
       Peu à peu des malades de l'âme comme du corps, des incurables, des déséquilibrés, des névropathes, avaient appris le chemin du pays de Jemmappes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années, les "antoinistes" formaient une communauté éparse en divers lieux, mais fort nombreuse.
        Il y a quelques jours, la santé d'Antoine était devenue précaire et, lundi matin comme il se trouvait dans son temple, il s'affaisse subitement frappé d'apoplexie.
        On le transporta chez lui, où il reprit peu à peu ses sens.
        Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanelles d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux, étaient accourus auprès du lit de leur maître.
       Antoine alors proféra : "Demain quelque chose de sérieux se produira." Puis il ajouta d'une voix sourde : "Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux."
        Antoine avait tardé beaucoup avant de faire sa rélévation et de se déclarer "l'homme de Dieu".
        Pendant nombre d'années, il fut un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances.
        Ensuite vinrent les prédications publiques. Antoine était alors déjà dans l'âge mûr.
        On le dit propriétaire des maison ouvrières qui entourent son temple. D'autres estiment sa fortune à 80,000 fr.
        Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20,000 exemplaires et répandait ses doctrines.
        Il y a quelques mois, "les antoinistes" de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat (!!!) La pétition des fidèles du culte antoiniste portait cent mille signatures.
        Au temple, où le corps d'Antoine est exposé, l'affiche suivante a été apposée :
    CULTE ANTOINISTE
            Frère,
        Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter sin corps, il a tenu a revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin, à trois heures.
                          Le conseil d'administration.
        Beaucoup d'incrédules ferment les yeux devant les merveilles de Lourdes, mais une superstitieuse crédulité les remplit de respect pour l'oeuvre de l'illuminé ou du charlatan Antoine.


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