• Gustave Gony, spirite et socialiste d'abord

        Gustave Gony est spirite et socialiste. Il habite selon Robert Vivier (p.157) à Seraing. En tant qu'ami de Louis Antoine, il l'initia, avec son ami Célestin Macot, aux idées d'Allan Kardec, en l'invitant notamment chez Mr. Ghaye, à Tilleur.
        Il fut à l'origine de la première tentative en 1884-86 de la société spirite avec Debroux et Antoine (p.168) et de la nouvelle tentative (p.173) qui se trouvera fructueuse en 1893-95.
       Le Flambeau, ayant comme rédacteur en chef un militant socialiste, G. Gony, qui avait fondé avec Antoine le groupe des "Vignerons", répandait les enseignements spirites dans la région de Seraing.
    Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.65

        L'écrivain Louis Piérard participera en écrivant des articles pour ce journal.

        L'enterrement de Mme veuve Gony est le deuxième selon le rite spirite dans la région, le 13 janvier 1892 (Pierre Debouxhtay, p.28). C'est Gustave Gony qui fit un discours à l'enterrement spirite de Ferdinand Delcroix, père de Fernand Delcroix.
        On sait quelle société fut en charge de cette enterrement (l'Union spiritualiste de Liège).

        Un Alfred Gony, menuisier âgé de 34 ans en 1893 et domicilié à Jemeppe, est témoin sur l'acte de décès du fils des Antoine.

    les Gony, spirite(s), socialiste(s)

    signature d'Alfred Gony
    (Acte de décès du fils Antoine(search.arch.be))
     

        Jacques Cécius, dans son opuscule (non publié, disponible chez l'auteur) dit : "Gustave Gony, militant socialiste, fondateur d'un journal prônant le suffrage universel. Un ancien directeur d'école nous dit un jour que les vieux de Seraing racontaient que Gony et son frère étaient à ce point pauvres que, lorsqu'il y avait l'une ou l'autre réunion politique, l'un des deux devait rester à la maison, car ils ne possédaient qu'un seul pantalon en bon état !
        "Gony, pratiquant convaincu du spiritisme, réussit à entraîner un dimanche son ami Louis à une séance à Tilleur, commune voisine. Ces séances d'évocation se déroulent dans l'arrière-salle du café Ghaye. Les filles du tavernier sont les médiums attitrés."

    les Gony, spirite(s), socialiste(s)

    signature de Gustave Gony
    sur son acte de mariage (12 septembre 1900)(search.arch.be))

        Un petite rue de Seraing porte le nom de Gustave Gony (ainsi qu'une Résidence et une École maternelle), vers le Bois de la Marchandise d'Arras.

        On trouve une fiche généalogique au nom de Gustave Jean Joseph Gony, naissance le 5 Juin 1870 à Jemeppe-sur-Meuse, décès le 19 août 1913 à Seraing. Chef de bureau, Secrétaire communal. Marriage avec Marie Catherine Guillemine PLUMIER à Seraing, le 12 septembre 1900. Le Fraterniste écrit une petite nécrologie pour Gustave Gony.

        Reste à découvrir le lien, s'il y en a un, entre cet Alfred et ce Gustave. Jacques Cécius semble indiquait qu'ils sont frères. Mais la fiche généalogique n'indique d'un frère (sans date de décès), un certain Alphonse qui réside à Huy en 1900 et qui sera témoin du mariage de Gustave (acte de mariage avec Marie Plumier).

    Gustave Gony, spirite d'abord

    Signature de Alphonse Gony sur l'acte de mariage de Gustave Gony (12 septembre 1900)

  • Tombe des époux Gony au cimetière des Biens communaux de Seraing

    Vue d'ensemble

    La plaque devant porte l'inscription : À notre mère regrettée Madame Gustave Gony-Plumier 1868-1967 (il s'agit de l'épouse du politique).
    Le médaillon dans la couronne doit représenté la mère de Gustave Gony (enterrement avec funérailles spirites).
    La plaque à droite est en souvenir de leur fille Andrée (1901-1985) avec son mari Nestor Dohogne (1898-1968)

    Tombe des époux Gony au cimetière des Biens communaux de SeraingTombe des époux Gony au cimetière des Biens communaux de SeraingMédaillon représentant une photo de Gustave Gony

    La plaque porte l'inscription : À notre époux et père regretté, Gustave Gony 1870 - 1913


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  • Nécrologie Mme veuve Gony #1 (Le Messager, 1er février 1892)

    Nécrologie Mme veuve Gony #2 (Le Messager, 1er février 1892)

    Nécrologie

        Mercredi, 13 janvier, a eu lieu, à 3 heures, à Jemeppe, l'enterrement civil de Mme veuve Gony, avec le concours de la Fédération spirite régionale de Liége.
        Une foule d'amis et connaissances de la famille lui ont témoigné leurs sympathies en assistant aux funérailles.
        Au cimetière, deux discours spirites ont été prononcés, l'un par M. Houart, l'autre par M. Paulsen.
        Voici le discours de M. Houart :

                 Mesdames, Messieurs,
       
    Au nom des amis de la famille de Mme Gony, je viens rendre ici un légitime hommage à la mémoire d'une bonne et courageuse mère de famille, d'une femme de cœur et d'esprit que chacun de nous regrette.
        Mme Gony est morte en libre-penseuse, bien qu'ayant été élevée dans les mystères de la foi romaine ; elle s'est éteinte sans vouloir user des prétendus secours de la religion, parce qu'elle avait cessé de subordonner sa raison à des enseignements qui en sont la négation, parce que son intelligence et sa conscience, affranchies de ces enseignements dogmatiques, s'élevaient au-dessus de cette foi aveugle qui paralyse le jugement à ce point que les victimes de cette foi, c'est à dire les pauvres fanatiques, en arrivent à perdre l'exacte notion du bien et du mal; Mme Gony a su s'élever au-dessus de cette foi misérable qui atrophie l'intelligence et stérilise les sentiments ; cette femme de bon sens a compris sans doute qu'il n'appartient à personne, qu'il n'est au pouvoir d'aucun, fut-il pape ou roi, de s'interposer entre Dieu et les hommes, que le plus digne entre tous est le plus vertueux et que l'élévation morale seule est la marque de dignité qui rapproche de la Divinité.
        Mme Gony était également une femme de cœur ; elle a été une épouse vertueuse et dévouée, une mère affectionnant les siens avec toute la tendresse désirable.
        Et de cette intelligence émancipée, de ce grand cœur, de cette affection tendre, il ne resterait rien, selon le théories matérialistes, rien que le souvenir ? Après une vie d'épreuves, de tribulations, de misères de tous genres, il n'y aurait que le néant, où chacun viendrait échouer, les bons comme les mauvais, et où viendraient se confondre le bien et le mal ? Franchement, s'il en était ainsi, ce ne serait guère la peine de naître pour la plupart et, pour beaucoup d'autres, il serait assurément préférable de ne pas venir. Mais heureusement il est une philosophie nouvelle, le spiritualisme expérimental, qui nous apprend la raison d'être de toute chose et qui, en révélant notre origine, nous explique le but de l'existence, nous indique l'avenir, la destinée heureuse pour laquelle nous sommes créés. C'est la consolation des malheureux, l'appui des faibles, le soutien des affligés ; c'est l'espérance apportant les forces et le courage nécessaires pour surmonter les difficultés de la vie et supporter patiemment les épreuves qu'elle rencontre ; c'est enfin la science occulte démontrant les progrès et les destinées de l'âme, par la pluralité des existences et sa vie heureuse en des mondes où le mal a complètement disparu des mœurs de leurs habitants.
        Ce sont là d'ailleurs les seules données conformes à la raison, les seules qui apportent quelques lumières à l'humanité égarée, perdue dans l'obscurité des erreurs, et qui donnent une solution rationnelle au problème de l'existence.
        Pour nous, spirites, Mme Gony n'est pas entièrement anéantie : son corps matériel nous est ravi, il rentre dans l'élément universel, mais son âme est là, immortelle, aussi sensible aux marques d'affection qu'auparavant, entourant ceux qui lui sont chers de ses effluves bienfaisantes.
        Nous dirons donc un éternel adieu à son corps, mais à son âme nous disons : au revoir dans un monde meilleur.

    Le Messager, 1er février 1892


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  • Mort de Gustave Gony (Le Peuple, 20 août 1913)(Belgicapress)

    Mort de Gustave Gony

        Une bien triste nouvelle nous est téléphonée de Seraing : notre ami Gustave Gony, secrétaire communal de la cité rouge, n'est plus !
        Notre pauvre camarade succombe en pleine jeunesse, en pleine ardeur de travail.
        Il tombe à 43 ans, au moment où il se consacrait tout entier à la chose publique et aux progrès du mouvement coopératif.
        Le parti ouvrier sérésien perd en Gony un des plus vaillants et des plus sincères de ses soldats.
        Né à la Neuville, en Condroz, il vint à Jemeppe, à l'âge de 14 ans.
        Des que sa jeune intelligence se fut éveillée, il s'intéressa au mouvement philosophique et social de son époque.
        Jeune ouvrier menuisier, assoiffé de connaissances, il suivit, durant trois années, les cours de l'école industrielle de Seraing et y puisa le goût des lectures sérieuses.
        Il entra alors dans le mouvement spirite et fonda le journal le « Flambeau » dans lequel il fit, tout au moins, autant de propagande socialiste que de prosélytisme spiritualiste.
        Mais bientôt, la lutte politique et économique le réclame. Devenu l'alter ego de notre regretté Alfred Smets, il bataille, avec lui, chaque jour, contre toutes les forces sociales acharnées, en ces temps héroïques, à réduire par la faim les champions du socialisme.
        Gony possédait un petit pécule, toute sa richesse.
        Sans hésiter, avec l'impétuosité et l'enthousiasme de la jeunesse, il le place dans une imprimerie destinée à servir la cause du Parti ouvrier. Il perdit tout.
        Ce fut, alors, pour le jeune propagandiste, la période d'extrême dénuement.

    Mort de Gustave Gony (Le Peuple, 20 août 1913)(Belgicapress)

        Sans travail, lui et son ami Alfred Smeets, les deux militants unirent leur misère. Non seulement, ces hommes, résolus jusqu'à l'héroïsme, vécurent ensemble, mais ils en furent réduits à mettre en commun leur maigre garde-robe, afin de pouvoir, tour à tour, paraître décemment dans les assemblées.
        En 1890, Gony est à Seraing et aux côtés de Smeets il mène avec la bonne humeur et la confiance qui ne le quittaient jamais, la grande grève des mineurs si féconde en incidents.
        Mais le vote de la revision, la transformation du régime électoral ouvre des voies nouvelles aux propagandistes.
        L'inoubliable campagne électorale de 1894 se déroule au pays de Liége.
        Le jeune parti ouvrier poursuit la guerre : contre les vieux partis avec une ardeur et un enthousiasme sans précédent dans l'histoire du pays. C'est, partout, l'assaut le plus emballé, le plus audacieux.
        Gustave Gony est au premier rang des orateurs de meeting. Dans les réunions publiques, convoquées par les libéraux qui se croyaient les maîtres encore des communes ou leur prestige avait été souverain jusque là, le jeune socialiste paraissait à la tribune, tenant tête, avec une vigueur, une science, une éloquence surprenantes à des politiciens de l'envergure d'un Dupont et d'un Greiner.
        Elu conseiller communal en 1893, il est porté à l'échevinat de l'instruction publique et se consacre, tout entier, à ses nouvelles fonctions.
        Un jour, le bourgmestre doctrinaire, furieux contre son échevin dont la vigilance ne se démentait pas un seul instant, le fit expulser d'une école « manu militari ».
        Gustave Gony ne répondit qu'en riant à ce geste de violence, et fit voter un nouveau barème au profit du personnel enseignant, barème dans lequel se trouvait consacrée, pour la première fois en Belgique peut-être, l'égalité des sexes devant le traitement.
        Un incident de cette partie de la trop courte vie de notre regretté camarade, caractérise bien les généreuses tendances de son caractère. Ayant été condamné, après une polémique de presse, à 3,000 francs d'amende ou deux mois de prison subsidiaire, Gustave Gony préféra aller en prison, bien qu'une souscription importante eut été ouverte. Gony versa le produit de la souscription dans une caisse de propagande.
        Mais ses ennemis ne lâchaient point prise et le pauvre échevin socialiste, n'ayant pas d'autres ressources pour subsister, vit saisir le cinquième de son traitement annuel de 800 francs !
        Les camarades de Saint-Georges, commune socialiste, mû par un sentiment de vive sympathie, offrirent à Gony l'emploi de secrétaire communal. Ils exigèrent seulement du nouveau fonctionnaire qu'il établisse sa résidence à Saint-Georges.
        Gustave Gony, sachant que la majorité socialiste sérésienne n'était que d'une voix, n'hésita pas ; il refusa l'emploi et maintint la majorité au parti.
        Enfin, le terme de l'ère des privations et des souffrances physiques approchait.
        Nos camarades du collège de Seraing, ayant à lutter contre le mauvais vouloir, systématique des bureaux, composés de créatures doctrinaires, désignèrent Gony au poste de directeur des services administratifs.
        Elu conseiller provincial, on lui confie, en 1900, la vice-présidence de cette assemblée, et il s'acquitta de cette fonction avec un zèle et un tact, auquel tous ses collègues rendirent hommage.
        Entre-temps, au sein de la coopérative socialiste locale, il accepte de guider le navire dans les eaux dangereuses dans lesquelles il naviguait. Malgré cela, Gustave Gony préconise l'abonnement obligatoire au « Peuple » et grâce à la diffusion de la presse socialiste, rend la force et la stabilité à la coopérative ouvrière.
        Gustave Gony fut un cœur généreux, une âme hantée d'idéalité, le type de l'homme franc, loyal et honnête, d'un commerce agréable dans le public et dans le privé.
        S'il eut des démêlés avec Alfred Smets, ces discussions n'eurent que des motifs d'ordre administratif. Et si des camarades eurent des préventions envers l'un ou l'autre de ces deux hommes, si bien faits pour s'entendre et pour s'estimer, il ne reste, aujourd'hui, que le souvenir pâli de ces déchirements passagers. Tous, en apprenant le terrible malheur qui frappe le parti sérésien, baisseront le front avec respect devant la mort impitoyable et uniront, dans un même et douloureux regret, les noms respectés d'Alfred Smets et Gustave Gony.
        Le « Peuple », douloureusement ému, salue avec respect la mémoire du vaillant lutteur qui vient de disparaitre.

    *
    *      *

        Les funérailles civiles auront lieu jeudi, dans la plus stricte intimité.

    Le Peuple, 20 août 1913 (source : Belgicapress)


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  • La Mort de Gustave Gony, l'Enterrement (Le Peuple, 22 août 1913)La Mort de Gustave Gony

    L'ENTERREMENT

        L'enterrement du regretté Gustave Gony, secrétaire communal de Seraing, ancien échevin de l'instruction publique et des beaux-arts et ancien vice-président du conseil provincial de Liége a eu lieu jeudi, à 11 heures du matin, au cimetière des Biens-Communaux.
        Simplement, sans presque aucun apparat, comme l'homme qui n'est plus, il s'est déroulé entre deux haies de personnes silencieuses et émues.
        Malgré le caractère tout à fait intime de la funèbre cérémonie et bien que l'heure de la levée du corps n'eût pas été publiée, ses camarades, ses amis, ses collègues sont venus en foule et c'est tout un cortège ému et éploré qui l'a conduit de sa maison au champ des morts.
        La bière avait été exposée dans une place du rez-de-chaussée et disparaissait sous les fleurs exhalant le parfum pénétrant du souvenir. Aucune autre décoration que des plantes vertes.
        Gony avait rêvé cette simplicité poignante pour son départ.
        Mais ses camarades n'ont pu s'incliner totalement sous sa volonté et c'est ce qui explique qu'il s'en est allé parmi les fleurs.
        Nous avons admiré de splendides gerbes de fleurs naturelles de l'administration communale de Seraing à son secrétaire, de la Fédération communale socialiste de Seraing à Gustave Gony et de la Fédération liégeoise du Parti ouvrier à son militant, une couronne rouge et blanche des fonctionnaires et employés communaux à leur dévoué secrétaire et des bouquets petits et grands émanant de l'amitié et des intimes.
        Le deuil était conduit par les deux frères du défunt.
        M. Putzeys, bourgmestre, et les citoyens Pirotte, Henry, Delvigne et Merlot, échevins, suivaient ceux-ci.
        Dans la foule, nous avons noté la présence des conseillers communaux au grand complet, du camarade François Van Belle, secrétaire fédéral, représentant le P. O., de MM. Gauthier, directeur des écoles, Biefnot, directeur des travaux, Génard, commissaire de police et de nombreux compagnons de lutte de Gust. Gony.
        Tout le personnel, employés et ouvriers de l'administration communale, des travaux publics, de la police et un grand nombre de membres du personnel enseignant étaient aussi présents.
        A la nécropole, le cercueil a été porté jusqu'au caveau familial par des employés communaux et des militants socialistes.
        Pendant qu'on descendait les restes de notre ami sous la froide pierre du tombeau la foule se rangea en éventail.
        L'oraison funèbre avait été prononcée la veille à la séance publique du conseil communal.
        Pas un mot ne fut dit là. Toutes les têtes découvertes étaient inclinées et l'on entendait les oiseaux chanter leur chanson mélancolique.
        Ce fut une minute d'émotion poignante où chacun se sentit pris d'un étouffement subit et nous ne savons rien de plus tragique que cet adieu muet et collectif s'étranglant dans les gorges et refoulé vers les cours meurtris.

                                 AU CONSEIL COMMUNAL
        La cérémonie d'adieu a eu lieu, avons-nous dit, mercredi soir. Tous les conseillers communaux étaient présents, sauf le citoyen Hans retenu à l'étranger.
        M. PUTZEYS, bourgmestre, présidait et a prononcé le discours suivant :
                Messieurs,
        Conformément à l'article 110 de la loi communale, le collège, en sa séance convoquée d'urgence, par suite du décès inopiné de notre regretté secrétaire communal, M. Gustave Gony, a nommé, à titre de secrétaire provisoire, M. Constant Nassogne, chef du bureau des finances.
        En conséquence et en exécution de la susdite loi, M. Nassogne est tenu de prêter le serment prescrit par l'article 2 du décret du 20 juillet 1831 ainsi conçu :
        « Je jure fidélité au roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge ».
        J'invite M. Nassogne à prêter le dit serment.
        M. NASSOGNE. – Je le jure.
        M. LE PRESIDENT. – Je donne acte à M. Nassogne de sa prestation de serment et le déclare installé dans ses fonctions de secrétaire communal provisoire.
        Messieurs, une pénible mission m'est dévolue aujourd'hui. J'ai le devoir de vous annoncer qu'une mort presque foudroyante vient d'emporter notre secrétaire communal, M. Gustave Gony.
        Je ne vous parlerai pas de l'homme politique. Je veux seulement dire en quel estime je tenais ce fonctionnaire.
        Pendant le peu de temps qu'il m'a été donné d'être en rapport constants avec lui, je n'ai eu qu'à me louer, je le dis sincèrement, des nombreux services qu'il m'a rendus, comme des avis éclairés qu'il n'a cessé de me prodiguer, n'ayant jamais en vue que le bien de la chose publique.
        Je tiens, en cette circonstance, à le remercier publiquement : c'est le meilleur hommage que je puisse rendre à sa mémoire.
        Je crois me faire l'interprète du conseil communal en vous proposant l'envoi à la famille, si douloureusement éprouvée, d'une adresse lui exprimant nos vifs regrets et l'assurance de nos sympathiques condoléances.

                                 DISCOURS DU CITOYEN DELVIGNE
       
    Le cit. DELVIGNE, échevin de l'instruction publique et des beaux-arts, a ensuite pris la parole en ces termes, au nom du groupe socialiste :
                  Compagnons,
        Le groupe socialiste regrette, et les deux membres du conseil qui, sans être de notre parti, ont pu, depuis deux ans, approcher le secrétaire communal, regretteront comme nous, j'en suis sûr, que sa famille, se conformant du reste en cela aux désirs et au caractère simple et modeste du défunt, ait décidé de conserver un caractère strictement intime à son inhumation. Sans cela, nous eussions voulu que sa dépouille fut exposée à l'hôtel de ville qu'il a rempli de son activité et de sa pensée et l'administration communale lui eut fait des funérailles publiques comme au meilleur de ses enfants, car personne ne s'est plus dévoué pour elle.
        Nul, en effet, ne s'est plus intimement que lui incorporé les affaires de la cité. Il s'identifiait à elles et vivait pour elles.
        Dès avant, bien avant même son élection comme conseiller communal, le 17 novembre 1895, il s'en occupait. Il eut, avec Smeets et d'autres, l'honneur de s'attaquer à la ploutocratie qui régnait ici en maîtresse et il souffrit avec un stoïcisme digne des stoïciens antiques toutes les avanies imaginables sans se rebuter jamais. C'est qu'il était mû par une grande idée et une noble cause.
        Mais c'est surtout à partir de sa nomination d'échevin, le 30 décembre 1895, qu'il passa contrat, peut-on dire, avec l'administration communale.
        Jamais échevin de l'instruction public que et des beaux-arts et nous pouvons ajouter jamais aucun échevin de quelque département que ce soit ne se donna plus entièrement à sa tâche avec une érudition plus vaste, avec une habileté plus grande.
        Il s'assimila les choses administratives virtuosité incomparable en ce qui concerne les autres départements comme le sien propre et il prit sur toutes choses un si grand empire et les pénétra si intimement à la fois qu'il s'incarna en elles.
        C'est lui qui recréa le Cercle pédagogique auquel il donna une impulsion agissante et qui fut un jour expulsé « manu militari » d'un local d'école par une autorité hargneuse et courroucée.
        C'est lui aussi qui, le premier peut-être en Belgique, fit voter un barème nouveau pour le personnel enseignant consacrant l'égalité des sexes vis-à-vis des traitements.
        Quand, pour se dégager des entraves routinières et hostiles, il fallut donner au personnel une nouvelle direction, Gony entra ici, en qualité de chef des bureaux de l'administration communale, comme chez lui. Il s'imposa tout de suite et sans effort. Et quand il fut nommé, un an et demi après, le 6 février 1902, secrétaire communal, il l'était déjà en fait depuis bien longtemps.
        Il vivait déjà, il dirigeait déjà pratiquement tout le vaste organisme administratif, de telle sorte que, pendant vingt ans, malgré les régimes successifs si disparates et si opposés qui y ont vu le jour il a été l'âme vibrante et agissante de cette vieille maison.
        Tous les administrés qui l'ont approché ont proclamé à l'envi sa serviabilité et rien ne l'atteste mieux que l'étonnement que trahissaient les personnes qui l'avaient abordé, aux exagérations passionnées de la polémique dirigée contre lui lors des luttes intestines qui désolèrent le Parti ouvrier pendant plusieurs années. Il était accueillant et bon.
        Cet homme à la carrure d'athlète était tendre comme un agneau. Derrière le masque énergique où flambait un regard pénétrant et qu'illuminait un perpétuel sourire sardonique, s'abritait une âme encline à toutes les tendresses, à toutes les passions généreuses et fortes.
        Il eut la hantise de l'indépendance. Il avait appris, à l'étude de la grande révolution, l'amour des grandes causes et de la liberté. Il fut ce qu'il avait rêvé : un homme libre, sacrifiant tout ce qu'il possédait pour la cause qu'il avait embrassée et bravant tous les courroux et toutes les oppressions d'où qu'elles vinssent y compris les pires de toutes : celles de la faim et de la misère.
        Cet affamé de liberté resta jusqu'à la fin ce qu'il fut dans la jeunesse enthousiaste et fière : un indompté !
        Lorsque, devenu fonctionnaire, il se présenta devant les électeurs au conseil provincial comme aux polis socialistes, ce fut pour se rebeller contre l'infâme circulaire ministérielle interdisant aux fonctionnaires de se jeter dans la mêlée des partis.
        Là où la plupart s'étaient courbés devant l'ukase qui leur retranchait une partie de leurs droits et de leur liberté, lui, que des plumitifs sans vergogne, qui ne savent même pas s'incliner devant la noblesse des caractères, accusaient d'être devenu un satisfait, se redresse et s'arcbouta en posture de bataille contre le pouvoir. C'est ainsi qu'il fut doublement un exemple : comme fonctionnaire et comme homme.
        Il ne renia jamais, en aucune circonstance, ses idées socialistes. Il les arborait avec orgueil. Quand vint l'heure de la grève générale, le bouton du S. U. ornait sa boutonnière et le commandant du peloton d'installation du 11° régiment de ligne qui investissait notre cité, le 18 avril ne fut pas peu surpris de se trouver, lui et ses hommes, dans la séance du collège convoquée pour les recevoir, en présence de tous partisans de l'égalité politique y compris le secrétaire communal. Les deux états-majors, celui de l'armée et celui de la grève étaient face à face. Gony était l'homme de ces tête-à-tête avec l'ennemi.
        Aussi si l'administration communale de Seraing perd le meilleur de ses serviteurs, notre parti est-il douloureusement éprouvé.
        Gony ne fut pas seulement pour nous le secrétaire communal habile, plein de ressources et de dévouement, il restera surtout à nos yeux l'éclaireur, celui qui fit briller le flambeau de l'aurore socialiste dans le sépulcre des damnés de la terre dans notre bassin.
        Nous voudrions ici, où tout le monde se sent atteint par la perte irréparable d'un homme d'une incontestable valeur, n'affleurer la susceptibilité de personne, ne froisser aucun parti en égrenant nos souvenirs ; mais pouvons-nous mettre en lumière le lutteur sans évoquer l'arène et ses adversaires ?
        Le grand Gony, pour nous, celui dont la silhouette massive et impétueuse passe devant nos yeux, c'est celui qui se dressait jadis sur les tribunes improvisées aux carrefours, drapé dans la beauté de sa misère, et qui, nouveau Christ souffrant pour tous les hommes, appelait tous les damnés de l'enfer social aux espérances sublimes et aux pures lumières de l'idéal socialiste.
        C'est celui qui, pour défendre la cause que nous essayons de servir après lui, avec le même cœur sinon le même talent, était traqué comme une bête fauve et réduit au plus noir dénuement, c'est le Gony qui chaussait, tour à tour, avec Smeets, la paire de souliers légendaires et, bravant les représailles capitalistes et la prison gouvernementale, allait évangéliser les prolétaires ; c'est celui, enfin, qui, dans les meetings contradictoires, affrontait les maîtres du barreau accourus pour défendre la ploutocratie industrielle et clamait tout haut les révoltes et les colères que criaient tout bas dans les poitrines comprimées de nos pères ou de nos frères.
        Ce Gony-là est inséparable de cet autre, grand éveilleur des foules sacrifiées et assoupies : Alfred Smeets. Ils furent les frères siamois de l'idéal, de la souffrance et de la misère. Ils ont vécu la même période héroïque, les mêmes dénuements, les mêmes prisons, les mêmes joies et les mêmes espoirs.
        Si, par la suite, de malencontreuses dissidences ont pu les séparer et amener entre eux un nuage sombre, l'avenir les dissipera dans les mémoires ouvrières. De même que la postérité a réuni dans une même gloire Jean-Jacques Rousseau et Voltaire, la classe ouvrière réunira, dans un même souvenir, ceux qui sur un plan moins vaste, mais avec un courage et une abnégation insurpassables, ont lutté côte à côte et souffert pour elle. Les larmes qu'elle a versées pour l'un se mêleront aux larmes qu'elle verse aujourd'hui pour l'autre et il restera de ce mélange comme une rosée pure dont la parure jettera son éclat lumineux sur la pourpre endeuillée de notre drapeau.
        Nous voudrions terminer, là, cette évocation du souvenir fraternel et reconnaissant. Mais quelle que soit l'élévation du sentiment qui a dicté à la famille du cher disparu de broyer sa douleur dans l'intimité, il nous sera permis de soulever légèrement le voile du « home » et de dire que Gony, s'il fut un administrateur intègre, un militant socialiste ardent et convaincu, fut aussi le meilleur des pères et le modèle des époux.
        Une certaine presse s'est réservée le triste monopole de fouiller la vie privée des hommes publics et d'exposer à la curiosité malsaine et à la malignité les tares qu'elle inventait ou grossissait démesurément. Elle n'a rien trouvé chez Gony et pour cause. Celui que nous pleurons ne vivait que pour les siens. Il avait pour sa femme, qui l'aima alors qu'il était pauvre et calomnie, un véritable culte et pour ses enfants, une passion frisant l'idolâtrie. Ceux qui, parmi nous, furent ses intimes, peuvent seuls savoir les inépuisables trésors d'affection que renfermait le cœur de cet homme.
        Si notre parti perd l'un de ses meilleurs et plus héroïques lieutenants, les siens perdent un monde et nulle pire catastrophe ne pouvait les atteindre.
        Aussi nos condoléances, les condoléances de toute la population sérésienne et les regrets navrés du Parti socialiste ne peuvent-ils suffire même à attiédir leur douleur.
        La pensée de notre pauvre ami était inséparable de celle de ses enfants et de sa femme. Quand il s'occupait des affaires de la commune, il songeait aux siens, à son jeune Raoul, à sa petite Andrée et il aimait ainsi par-dessus tout sa tâche dans laquelle se profilaient sans cesse les êtres qu'il affectionnait.
        Les cloches du destin ont sonné beaucoup trop tôt pour eux comme pour nous. Son cœur a cessé de battre comme une machine qui se brise en plein effort, comme un roc brusquement abattu. Sa vaste pensée s'est éteinte et c'est maintenant que la place qu'il occupait nous apparaît dans son vide immense.
        Sa mort creuse un abîme qu'on ne pourra combler. Il était comme ces grands chênes de la forêt : quand l'un deux est abattu, il faut attendre des années avant qu'un autre ait poussé et rempli sa place. Et notre deuil ne peut, hélas, se consoler que de nos propres larmes et de l'exemple impressionnant et beau de sa trop courte vie.
        Il aima le Peuple, le Peuple le pleurera !

                                 DISCOURS DE MERLOT
        Le citoyen MERLOT, échevin des finances, prit à son tour la parole.
        Je m'excuse bien sincèrement, dit-il, de ne pouvoir laisser les membres du conseil sous l'impression que nous a causée à tous la magnifique oraison funèbre que vient de prononcer le citoyen Delvigne. Mais la loi a des exigences auxquelles nous devons nous soumettre. Le collège a pris d'urgence des résolutions que nous devons soumettre au conseil pour que celui-ci les ratifie. Le collège a décidé d'envoyer à la mortuaire une gerbe de fleurs pour être déposée sur le corps de notre regretté secrétaire ; il a décidé d'arborer le drapeau à la façade de l'hôtel de ville. En signe de deuil, il a donné congé à tous les services communaux qui chômeront demain jeudi. Nous vous demandons de ratifier ces décisions.
        Approuvé.
        Le citoyen DUBART s'exprima comme suit :
        Il serait difficile d'exprimer mieux que l'a fait le compagnon Delvigne, les sentiments que nous éprouvons tous en ce moment. Je désire cependant faire une proposition. Puisque la famille a décidé que les obsèques auront lieu dans l'intimité, je demande à tous mes collègues de nous rendre, ce soir, en corps à la mortuaire, pour rendre une dernière visite à celui que nous pleurons. (Adhésion unanime.)
        M. LE PRESIDENT. – En signe de deuil, je lève la séance.
        La séance fut levée à 19 h. 45.

    Le Peuple, 22 août 1913


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  • Le Flambeau avec Gust. Gony en 1895 (Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)(iapsop.com)

    "Le Flambeau". Organe de la "Fédération spirite de la Région de Liége" et du "Comité de Propagande de Paris". Rédacteurs : Monsieur Félix Paulsen à Angleur-lez-Liège et Monsieur Gust.[ave] Gony à Jemeppe s. M., N° 1, Quai de la Saulx. Collaborateurs : J. C. Chaigneau, A. Laurent de Faget, Léon Denis, Victor Marchand, A. Dufilholl, Stanislas Dismièr, J. Fievet, Louis Piérard. Abonnement à l'année pour la Belgique 3 Frcs. Par union postale 6 Frcs. Numéro individuel 5 ct. Tirage 3 500 exemplaires.

    Source : Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896 (iapsop.com)


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  • Groupe spirite de Seraing avec G.Gony en 1895

    Union Spirite de Seraing, secrétaire Monsieur G.[ustave] Gony, 1, Quai de la Saulx, à Jemeppe s. M.
    Réunion le premier Dimanche de chaque mois à Seraing, N° 1, rue Vecquée. (300 membres).

    Source : Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896 (iapsop.com)


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  • Acte de mariage Gustave Gony et Marie Plumier (12 septembre 1900)

       L'an mil neuf cent, le Mercredi Douze Septembre devant Nous sieur Garnier, le Conseiller Communal faisant fonction d'Échevin, Officier de l'état Civil de Seraing ont comparu publiquement en notre maison commune Gustave Jean Joseph Gony, chef de bureau, âgé de trente ans, domicilié à Seraing, né à Jemeppe, le cinq Juin Mil huit cent septante, fils majeur et légitime de François Édouard Joseph Gony et de Marie Élisabeth Looz, décédés sort extraits ci-annexés & Marie Catherine Guillemine Plumier, institutrice, âgée de trente un ans, domiciliée à Seraing, y née le Vingt quatre Octobre Mil huit cent Soixante huit, fille majeure et légitime de Pierre joseph Plumier, décédé sort extrait ci-annexé et de Florence Louise Joseph Leloup, sans profession, aussi domiciliée à Seraing, ici présente et consentante.

    Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et donc l a publication a été faite à Seraing, le Dimanche deux Septembre dernier, sans opposition.
    Attendu que le futur étant âgé de plus de trente huit ans, n'a plus à fournir la preuve qu'il a satisfait en Belgique aux obligations de la milice.
    Faisant droit à la réquisition des parties après leur avoir donné lecture des pièces ci-annexées relatives à leur état civil et aux formalités du mariage, comme aussi du chapitre VI du titre V du code civil, intitulé du Mariage, avons demandé au futur et à la future s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement prononçons au Nom de la loi, qu'ils sont unis par le Mariage et aussitôt les époux nous ont déclaré n'avoir arrêté aucune convention matrimoniale, cises avoir été leur Convention matrimoniale, faisant acte devant maître Hamal, notaire à Seraing, le Vingt Cinq Août dernier.
                                      Donc acte dressé en présente de Alphonse Gony, âgé de trente huit ans, adjudant de matériel d'Artillerie, de Édouard Heptin, âgé de trente huit ans, de Charles Mothy, âgé de cinquante un ans, de Félix Prudhomme, âgé de vingt six ans, instituteur, le premier frère de l'époux, domicilié à Huy, les autres non parents domiciliés à Seraing.
                                      Lecture faite, toutes les parties ont signées devant nous le présent acte.

    (suivent les signatures).


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  • Gustave Gony, spirite et socialiste     Un G. Gony est échevin de l'instruction publique de Seraing en 1898.
        Dans le Volksbelang du samedi 15 avril 1911, on apprend qu'il proposa, lors du travail du groupe socialiste de la Fédération liégeoise, que le flamand soit la langue d'enseignement en Frandre, alors que le français le resterait uniquement pour la Wallonie. Des cours de français et de flamand seront assurés cependant dans les deux côtés du pays. De ce fait, l'Université française de Gand devrait être transférée à Mons.

    Voici l'article en entier :
        Een Waalsch socialist, gezel Gustave Gony, van Luik, zal over de Vlaamsche hoogeschool aan de Luiksche federatie van de socialistische werkliedenpartij eene oplossing voorstellen, die wij hier samenvatten.
        Na overwogen te hebben de « diepe beweging die in het Vlaamsche land bestaat voor de verdediging en bewaring van de moedertaal, alsmede het recht van elk volk zich in zijn eigen taat te ontwikkelen », wenscht de heer Gony dat alle scholen in het Walenland Fransch en in het Vlaamsche land Vlaamsch zouden zijn.
    Een verplichtende leergang van Fransch en een leergang van Vlaamsch zouden in alle lagere en middelbare scholen der twee graden hetzij in het Vlaamsche land, hetzij in het Walenland, ingericht worden.
        De Fransche Universiteit van Gent zou naar Bergen overgebracht worden.
        Te Gent zou eene Vlaamsche hoogeschool ingericht worden.

    source : ftp://digitaal.liberaalarchief.be/Periodieken/Volksbelang/1910-1914/1911/19110415/Volksbelang%20-%2019110415.pdf


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  • Gustave Gony, Nécrologie (Le Fraterniste, 3 octobre 1913)NECROLOGIE

        Deux grands amis de l'Humanité et de notre doctrine d'Amour viennent de disparaitre à nos yeux de chair, mais nous en conserverons le souvenir vivace en nos cœurs.

    Ce sont CARLO BOURLET, décédé le 13 août à Annecy (Haute Savoie), et
    GUSTAVE GONY, décédé en Belgique.

        Gustave Gony était un vieil ami pour moi.
        Avec son ami Félix Paulsen, actuellement rédacteur au « Peuple » de Bruxelles, il avait fondé, voici une vingtaine d'années, à Jemmepes sur Meuse, près Liège, un journal spirite hebdomadaire, à tendance socialiste, qui fut d'une belle tenue et qui représenta un vaillant effort vers l'élargissement de la portée du spiritisme.
        « Le Flambeau » (tel était son titre), fut, je crois, le premier journal spirite hebdomadaire. J'eus le plaisir et l'honneur d'y collaborer. Et voilà que ce brave Gony, si ardent et si dévoué, est enlevé lui aussi en pleine force. Le « Fraterniste » qui représente un idéal si semblable au sien, lui enverra, j'en suis sûr, à tous égards, une chaleureuse pensée de sympathie

                                           J.-C. CHAIGNEAU.

    Le Fraterniste, 3 octobre 1913


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  • Acte de décès de Veuve Gony (Looze) le 11 janv 1892, 1ere enterrenent spirite de Jemeppe

    DÉCÈS de Looze Marie-Elisabeth-Virginie

    L’AN MIL HUIT CENT Quatre Vingt Douze, le onzième jour du mois de janvier, à deux heures de relevée, par devant nous Eustache Bougnet, Bourgmestre, Officier public de l’état civil de la commune de Jemeppe, arrondissement judiciaire et province de Liége sont comparus Alfred Gony, menuisier, âgé de trente-trois ans, fils de la défunte, et Gilles-François Schouleur, employé, âgé de vingt-quatre ans, connaissance, tous deux domiciliés à Jemeppe, lesquels nous ont déclaré que cejourd’hui, onze Janvier, à deux heures du matin, Marie-Elisabeth-Virginie Looze, couturière, âgée de soixante-et-un ans, domiciliée à Jemeppe, veuve de François-Joseph-Edouard Gony, née à Nandrin le trente Novembre Mil huit cent trente, fille de feu Mathieu-Joseph Looze et de feue Marie-Joseph Petit, est décédée rue de la Station, à Jemeppe, et après avoir donné lecture du présent acte aux comparants, ils ont signé avec nous. (suivent les signatures).

     

    Pierre Debouxhtay indique que cela fut un des premiers enterrements spirites de Jemeppe après celui de Mme Veuve Piron. On voit ainsi la signature d’Alfred Gony qui fut membre des Vignerons du Seigneur.

    Une Marie Schouleur, épouse Dessart, est inscrite dans les statuts du culte antoiniste de 1922. S’agit-il d’une soeur du témoin Gilles-François Schouleur ?


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  • Introduction :
    Une idéologie socialiste
    «Nul doute que tout spirite devrait avoir une mentalité socialiste, en considérant les graves problèmes économiques et sociaux qui affligent le monde contemporain. Le spiritualisme spirite est la conception idéologique la plus sûre pour développer une interprétation idéaliste exacte de l’homme et de l’histoire. Car tout ce qui est dit pour rendre compte des processus économiques de l’histoire, demeurera insuffisant si cela ne repose sur des faits spirituels évidents.»
    Tiré de «Parapsychologie et matérialisme historique», Humberto Mariotti, Buenos Aires
    source : http://www.allankardecparis.com/cercle_spirite_allan_kardec_les_pionniers_suite.htm


        Robert Vivier semble distancier son héros du socialisme. Cf. p.172 (Ah ! fit Antoine avec malice, on voit bien que vous êtes socialiste, Gony. Le suffrage universel, voyez-vous, c'est bon pour la politique mais ça n'a rien à faire avec le spiritisme) et cité par Claudine Gothot-Mersch, p.366 : "Aucun souci politique chez le guérisseur : la rencontre d'un socialiste se déroule dans l'ignorance (qu'est-ce que c'est socialiste ?) et dans la réticence (Est-ce que les hommes ont à décider de la justice ? Dieu seul est juste) ; d'ailleurs, les socialistes sont violents, cela suffit à les rendre suspects.
        Il y avait d'ailleurs une défiance des deux côtés, car Jules Bois, dans le Miracle Moderne, finit son chapitre par "la spirituelle parole du socialiste belge, M. Demblon, "Le mysticisme naît la plupart du temps dans les villes où il y a trop de fumée." (Pierre Debouxthay, p.69),
        Cependant certaines idées, certes dans l'air du temps, son proche entre cette doctrine politique et cette autre spirituelle.

        L'approche du concept de justice de Platon chercha a montrer que celle-ci était au profit des plus faibles, se rapprochant ainsi d'utopies sociales, de certains mouvements religieux ou laïcs antérieurs à 1789. D'autres le dateront à l'apparition de manifestations concrètes d'un mouvement identifié comme socialiste.
         Du point de vue idéologique, l’analyse matérialiste situe le socialisme dans une perspective historique de volonté de la suppression du rapport « dominé / exploiteur », et se place dans la lignée de la plupart des luttes d'émancipation depuis l'Antiquité.
        Du point de vue historique, ce mouvement nouveau a ainsi fait son apparition à l'époque des Révolutions industrielles du XIXe siècle et a trouvé un terrain de lutte intimement lié à la société moderne de classes (par opposition à la société des ordres), et notamment à la classe ouvrière. Le penseur principal de cette seconde phase est Karl Marx.
        Le socialisme est né aussi dans les années 1820-1830 avec des penseurs – les précurseurs – comme Saint-Simon qui s'inscrivit dans la lignée de l'école des idéologues. L'héritage de Saint-Simon sera multiple. Ses écrits ont été repris après sa mort en 1825 par Barthélemy Prosper Enfantin (polytechnicien), pour engendrer le courant du saint-simonisme (qu'on a évoqué ici dans la partie Les Utopies).
        Maintenant, de la pensée la plus proche à la plus éloigné de l'antoinisme :
    - Le socialisme utopique, à l'image du Saint-Simonisme, a décliné après 1870 lorsque le marxisme s'est imposé comme la pensée majeure du socialisme. Il s'est cependant poursuivi à travers le mouvement coopératif et de nombreuses expériences communautaires auxquelles on doit rattacher les "milieux libres" libertaires, plus ou moins durables, plus ou moins organisées autour du travail, de l'épanouissement personnel (Les Rencontres du Contadour de Jean Giono), de valeurs morales (Les Communautés de l'Arche, etc. Et j'ajouterai ici l'Antoinisme.
    - Le socialisme utopique prône la transformation sociale et l'édification d'une société idéale, fondée sur l'abondance et l'égalité. Le socialisme utopique repose sur une vision très optimiste de l'homme : l'homme est bon par nature, ce qui implique qu'on peut faire confiance en sa raison pour faire évoluer la société et aboutir à une civilisation de la Raison et du bien-être. Le socialisme utopique diffère d'autres socialisme par sa méthode. Il ne prône généralement pas de révolution, et ne fait pas confiance en l'action de l'État.
    - Le socialisme chrétien tire sa source du message de Jésus Christ dans les évangiles, en particulier le sermon sur la montagne. Il se base sur l’idée d’égalité entre hommes (égalité des âmes), la fraternité entre hommes (tous frères car « fils de Dieu ») et la dignité humaine (les hommes sont faits « à l’image de Dieu »). Il prône en particulier un certain détachement personnel des richesses et plaisirs matériels (accusés de détourner l’homme du Bien) et l’aide aux plus pauvres et persécutés.
    - Le socialisme marxiste est une théorie politique basée sur la conception matérialiste de l’Histoire, et caractérisée par l’objectif de la mise en commun des moyens de production et d'échanges ainsi que par la répartition des biens équitablement à tous. Ce courant a été principalement marqué par la pensée de Karl Marx, d'où le terme « marxisme ». Il lutte pour un monde sans classes sociales et sans oppression.

    Quelques citations de Jean Jaurès :
    Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
          Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, 1903, à Albi, dans Anthologie de Jean Jaurès, Louis Lévy, Calmann-Lévy, paru en 1983, ISBN 2826605771, p. 273.

    Mais dans l’ordre prochain, dans l’ordre socialiste, c’est bien la liberté qui sera souveraine. Le socialisme est l’affirmation suprême du droit individuel. Rien n’est au-dessus de l’individu.
          « Socialisme et liberté » (1898), dans Œuvres, Jean Jaurès, éd. Rieder, 1931, vol. 6, p. 87

    «Quel que soit l'être de chair et de sang qui vient à la vie, s'il a figure d'homme, il porte en lui le droit humain.»

    «La cruauté est un geste de servitude : car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous.»

    «La République c'est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté.»

    «Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience.»

    «Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir.»

    «L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.»

    «Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire.»


        Dans l'ouvrage de Louis-Auguste Blanqui, L'Éternité par les astres (1872), élaboré il est vrai sur la fin de sa vie alors qu’il subit une fois de plus la prison, il expose que la combinaison d'atomes dont nous résultons se reproduit un nombre infini de fois (dans l'infinité de l'espace et du temps) de sorte que chacun de nous a une infinité de sosies.


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