• L.A. : Nouveau Spiritualisme (1906-1910)

    L.A. : Nouveau Spiritualisme (1906-1910)

    Antoine prêche devant ses disciples réunis dans le Temple

    Antoine "le Guérisseur" compte aujourd'hui un grand nombre de disciples. Il exhorte ces derniers à lui conter leur misères et sa femme, plus connue sous le nom de "Mère", recommande aux visiteurs affligés d'avoir la plus grande foi dans Antoine, son mari. Celui-ci, par ses prières, doit soulager les maux des fidèles qui viennent à lui.

     

        De 1906 à 1909, le Père révèle son Enseignement dans le cadre de son Nouveau Spiritualisme, des brochures sont éditées, comme la Revue du Nouveau Spiritualisme, l'Auréole de la Conscience, le Couronnement de la Révélation, fragment de la Révélation, puis l'Enseignement.

  • L'Auréole de la Conscience (Le Messager, 15 avril 1907)

        M. Louis Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, surnommé le guérisseur, nous envoie le premier numéro d'une revue mensuelle qu'il vient de fonder pour propager l'enseignement du Nouveau Spiritualisme. Elle porte pour titre : L'Auréole de la Conscience et coûte 2 fr. par an pour la Belgique, 3 fr. pour l'étranger. Administration : 17, rue Hors Château, Liége.
        Nous lui souhaitons la bienvenue en indiquant la base de l'enseignement d'Antoine le guérisseur telle qu'il la définit sur la couverture :
         Un seul remède, dit-il, peut guérir l'humanité : La Foi ; c'est de la foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu ; car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. „

    Le Messager, 15 avril 1907


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  • Antoine le Guérisseur (petit fascicule La Foi comparée avec la croyance)

    Dernière page d'un petit fascicule d'Antoine le Guérisseur sur La Foi comparée avec la croyance, certainement de l'époque du Nouveau spiritualisme, quand le Père opérait en général dans le Temple.

    Nous portons à la connaissance des personnes souffrantes que LE GUÉRISSEUR ne reçoit plus en particulier.
    Il fait en tout quatre opérations générales par semaine : les lundi, mardi, mercredi et jeudi, à 10 heures.
        Pour les opérations particulières, une dame qui opère en son nom Le remplace. Les personnes qui ont foi en Lui, soit pour conseils, contrariétés ou maladies, recevront satisfaction aussi bien
    par l'intermédiaire de cette dame que par Lui-même.


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  • L'Auréole de la Conscience (La Meuse, 15 avril 1907)(Belgicapress)

        L'Auréole de la Conscience. – Conçue sans esprit de lucre ni de parti, cette revue qui vient de paraître se propose de faire connaître au public un spiritualisme nouveau, né du contact des hommes, mis en pratique par les adeptes qui fréquentent l'école philosophique et morale, fondée par Antoine le guérisseur.
        Très éloigné du spiritualisme éclectique et trop livresque de Vlousin, l'école nouvelle professe que les paroles ne sont rien, que les actes sont tout et que ceux-ci ne tirent leur valeur que de l'intention qui les dicte.
        Entre mille preuves de dévoûment, les adeptes se sont offerts spontanément, ont quitté leur profession, leur milieu familier pour colporter la « Revue » dans toutes les provinces wallonnes et aider à répandre les enseignements dont ils avaient goûté la forte saveur.
        Quelle que soit l'opinion qu'on ait adoptée, cette œuvre, qui s'inspire du désintéressement et de la sympathie humaine, est digne de l'attention et de la bienveillance du public.

    La Meuse, 15 avril 1907 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (Journal de Charleroi, 23 juin 1907)(Belgicapress)Antoine le guérisseur

        Liége, 22 juin. – Le tribunal correctionnel a prononcé enfin son jugement hier matin dans cette très intéressante affaire d'Antoine le Guérisseur, l'empirique de Jemeppe.
        L'autre jour, il était arrivé au Palais entouré d'un nombre considérable de ses obligés et de ses admirateurs. Il y eut finalement plusieurs centaines de personnes attendant dans la grande cour le jugement. C'eut été une émeute certainement s'il avait été défavorable. Aussi les juges remirent-ils le prononcé à plus tard.
        Interrogé par le président, Antoine déclara qu'il ne pratiquait pas l'art de guérir, qu'il ne touchait même pas les malades, qu'il ne leur prescrivait jamais que de l'eau, du lait et du sucre, qu'il savait envoyer les patients chez le médecin et leur donnait même de l'argent à l'occasion, qu'il renvoie les nombreuses sommes qu'on lui fait parvenir en remerciement lorsqu'il connaît le nom de l'expéditeur ; avec le reste des dons, il a élevé un temple à Jemeppe. Quant à lui, il est rentier, n'a besoin de rien et guérit uniquement par la foi. Pendant que parlait le guérisseur, une centaine de femmes suivaient passionnément son discours.
        Antoine avait du reste refusé un avocat et se défendait lui-même.
        « On a cité, dit-il, les parents d'enfants qui sont morts après qu'on me les a apportés ; mais pourquoi n'a-t-on pas appelé les milliers de personnes que j'ai guéries ? Je reçois de quatre à cinq cents personnes par jour. J'exerce en vertu de ma conscience. Ce serait de l'égoïsme de ne pas soulager l'humanité souffrante, quand on le peut, comme moi. »
        Il ressort des débats qu'en somme Antoine le Guérisseur ne pratique pas autrement que beaucoup de Notre-Dame, à commencer par celle de Lourdes, et que beaucoup de saints, tels saint Hubert, saint Maur, saint Gérard de Magella et saint Gilles, pour ne citer que nos thaumaturges locaux. Malgré l'avis du ministère public, les juges, hier matin, ont renvoyé des poursuites le prévenu et un co-accusé, Jeanfils, qui comparaissait avec lui, et s'est également découvert le don de guérir les malheureux.
        On a fait à cette occasion une manifestation triomphale, à Jemeppe, à Antoine le Guérisseur.

    Journal de Charleroi, 23 juin 1907 (source : Belgicapress)


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  • Vaccination (Auréole de la Conscience n°10, février 1909)(posté par Soeur Arlette Weerts)

     EXTRAIT de l'AUREOLE DE LA CONSCIENCE N°10,

    Février 1909. Page 344.

        – Mme B. – Devons-nous encore faire vacciner nos enfants comme la loi scolaire le prescrit ? Selon moi, on doit suivre sa conscience, plus tard nous le comprendrons mieux. Je voudrais savoir, Maître, si tel est aussi votre avis ? –

        – Le PERE. – Nous devons parfois nous soumettre à des lois que nous éviterions si nous pouvions agir à notre guise. Pour la vaccine la loi est obligatoire pour écoliers et soldats ; nous saurons plus tard si elle est utile.

        – Une question semblable est celle qui astreint des ouvriers malades à consulter le médecin qu'on leur impose, s'ils veulent obtenir la partie de salaire à laquelle ils ont droit. Peut-être n'ont-ils pas foi dans ce médecin et ils n'osent se conformer à ses prescriptions, de crainte de ne plus être reliés au guérisseur par qui ils désirent se faire soigner. Mais ce n'est ni cataplasme, ni onguent, etc. ..... qui pourrait entraver leur guérison, c'est seulement l'importance qu'ils attachent à leur efficacité. Tout remède matériel est comme un vêtement, l'imagination seule lui donne son pouvoir. Nous pouvons laisser vacciner nos enfants sans y voir aucun mal, sinon celui-ci pourrait surgir et les accabler. C'est l'importance que nous attachons à une chose qui fait notre souffrance. Les divergences d'opinions seules donnent lieu à des contradictions. –

    posté par Sœur Arlette Weerts (Temple de Retinne)


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  • Louis Antoine ressuscite les morts

    La résurrection de la fille de Jaïre, Vasili Dmitrievich

        Pierre Debouxhtay, avant d’évoquer Louis Antoine le prophète, dit (p.175-76) à propos de la résurrection des morts :

        Les guérisons « miraculeuses » ne sont pas les seuls faits extraordinaires attribués à Antoine.
        Laissons de côté la résurrection des morts, dont parlait le prospectus des Vignerons (1). Jamais, que je sache, Antoine n'a réussi ce prodige, bien que, d'après KERVYN (p. 14) il ait tenté de l'accomplir.
        « Un malade du Condroz s'en retournait, comme tous les autres malades, avec la promesse d'une prompte guérison. Malheureusement, il mourut soudain à quelques pas du temple d'Antoine. En hâte, on porte le cadavre au prophète. Celui-ci s'efforce inutilement de le ranimer. Le mort reste mort. »

    (1) La dernière page de la couverture verte du Petit catéchisme spirite nous renseigne sur l'activité des Vignerons, qui « guérissent les malades, chassent les démons (mauvais esprits), ressuscitent les morts, s'entretiennent avec les disparus de ce monde, donnent gratuitement ce qui leur a été donné gratuitement ». Au moment où parut ce catéchisme il y avait « séance publique le premier dimanche de chaque mois, chez M. Louis Antoine, rue du Bois-de-Mont, à Jemeppe-sur-Meuse, à 10 heures précises du matin, et le deuxième et quatrième dimanche, chez M. Pierre Debroux, menuisier-entrepreneur, à Crotteux-Mons, à 5 heures de l'après-midi ».

     

        On peut lire l’histoire de ce pauvre malade du Condroz, Adolphe Regnier, dans les coupures de journaux (qui sont également les principales sources de Kervyn), et notamment dans La Meuse. On y lit cependant que "M. le docteur Delville, mandé immédiatement, n'a pu que constater la mort." Ce qu'omet de dire Kervyn pour discréditer le Père.
        Quant à l’activité des Vignerons du Seigneur qui « ressuscitent les morts », il s’agit d’une citation de la Bible :
        "Rendez la santé aux malades, ressuscitez les morts, guérissez les lépreux, chassez les démons. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. (Evangile St-Mathieu, ch. 10, v. 8.)".
        On la retrouve dans cette autre brochure, et on comprend que « s'entretiennent avec les disparus de ce monde » explique en quelque sorte par quel moyen ils « ressuscitent les morts ». Une autre brochure, que cite Léon Souguenet, n'indique pas ce texte et la traduction espagnole du Petit catéchisme spirite ne reprend pas cette citation.


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  •  Scène sur Antoine le Guérisseur de la Revue Tutute au Pavillon de Flore en 1908

       On apprend par deux articles de la Meuse que des scènes comiques furent représentées au Pavillon de Flore (théâtre du quartier populaire d'Outre-Meuse à Liège) au bénéfice des Mlles Lapoutge, durant la revue Tutute de M. Dervilly.
        « Tutute » s'enrichissait de plus de scènes nouvelles : une au premier acte relatant l'amusante consultation donnée par Antoine le Guérisseur à des jeunes gens fort amoureux – scène qui finit par un mariage.

     

     

    Scène sur Antoine le Guérisseur de la Revue Tutute au Pavillon de Flore en 1908   

     

    La Meuse, 10 mars 1908 (source : Belgicapress)

     

     

     

     

     

    La Meuse, 12 mars 1908 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (La Meuse, 15 juin 1907)(Belgicapress)ANTOINE LE GUERISSEUR

        Il y avait au Palais une foule immense. Jamais on n'avait vu écrasement semblable au correctionnel, même pour les affaires les plus sensationnelles. La foule de bordait dans les couloirs, sur les escaliers, dans le jardin, maintenue par les gendarmes.
        Pourquoi tout cet émoi ? Parce que comparaissait devant le Tribunal correctionnel, sous la prévention d'avoir exercé illégalement l'art de guérir, Antoine le guérisseur, qui s'est acquis à Jemeppe et d'ailleurs dans tout la région une notoriété extraordinaire.
        Cet homme d'aspect si modeste, d'allures si effacées, a la physionomie d'un ouvrier endimanché, qui s'exprime doucement, difficilement, exerce un ascendant extraordinaire.
        C'est par milliers que défilent les malades chez lui. Un groupe de plusieurs centaines de personnes l'a escorté au Palais. Quand il est sorti, les femmes pleuraient, l'entouraient, l'embrassaient même. Des cris de : « Vive Antoine ! » se sont élevés. Il a adressé quelques paroles, puis est parti, suivi par ses fidèles.
        « Je suis venu le dernier, je retournerai le premier », avait-il déclaré aux magistrats.
        Antoine a été poursuivi à la suite surtout d'une épidémie qui sévit avec intensité sur les enfants à Jemeppe et emporta de nombreuses victimes. Plusieurs mères portèrent leurs enfants chez le guérisseur, au lieu de se rendre chez un médecin.
        De nombreux témoins ont défilé devant le Tribunal. Tous affirment dans Antoine la confiance la plus inébranlable.
        L'un a déclaré : « Mon enfant est mort. Cependant, je n'ai qu'en Antoine une foi absolue. Je le considère comme le bon Dieu. Si un autre de mes enfants tombait malade, c'est chez Antoine que je le porterais. »
        Toutes disent que le prévenu ne prescrit aucun médicament, qu'il conseille simplement de donner aux malades de l'eau sucrée ou du lait.
        Il impose les mains, comme un prêtre.
        M. le substitut Dupret a requis la condamnation. Cette façon d'agir d'Antoine entraîne des conséquences déplorables.
        Il empêche les parents de consulter un médecin en cas de maladie de leurs enfants.
        Il déclare, en effet, qu'il est inutile d'aller trouver un docteur. Le ministère public a rappelé qu'Antoine avait été déjà condamné pour faits du même genre en 1901.
        Le prévenu a présenté lui-même sa défense. Et là résidait surtout l'intérêt de l'affaire. Antoine parle avec une conviction d'apôtre. « Jamais, a-t-il déclaré, je n'ai exercé l'art de guérir. Les malades viennent se faire guérir chez moi. Je n'ordonne pas de médicaments. Jamais je ne demande aucun paiement et je ne reçois rien. Il y a un tronc. On m'envoit souvent des mandats-poste. Ceux dont je connais l'expéditeur, je les renvois. Les autres, je suis bien forcé de les garder.
        Les malades ne peuvent être guéris s'ils n'ont pas la foi. Il faut la foi pour comprendre la foi.
        Jamais je ne m'engage à guérir les malades, si une voix intérieure ne me dit pas que je peux les guérir.
        J'use d'un pouvoir que j'ai moi-même. Je ne suis pas spirite, je ne fais pas de magnétisme. Je me borne à écouter les voix qui sont en moi.
        En agissant ainsi, j'ai la conscience de faire le plus grand bien autour de moi. On a amené ici des personnes dont les enfants sont morts. On aurait dû aussi amener tous ceux dont les enfants ont été guéris, quoique renoncés par les médecins.
        Ceux-là se comptent par milliers et peut-être par millions.
        Je serais un égoïste si je ne faisais pas tout mon possible pour soulager mes semblables. J'accomplis ainsi un devoir de charité. »
        Le Tribunal, après avoir remis le prononcé de son jugement à la fin de l'audience, l'a ensuite postposé à vendredi prochain.

    La Meuse, 15 juin 1907 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur (La Meuse, 21 juin 1907)(Belgicapress)ANTOINE LE GUERISSEUR

        La quatrième chambre a rendu son jugement dans la poursuite intentée à Antoine le Guérisseur de Jemeppe du chef d'exercice illégal de l'art de guérir.
        Une foule considérable avait encore envahi l'auditoire pour entendre la décision des magistrats. Dans le public, nombre de dames qui comptent parmi les plus ferventes adeptes d'Antoine.
        M. le président Hamoir a commencé par adresser quelques paroles à la foule, pour rappeler que tout acte d'approbation ou d'improbation était interdit. La moindre manifestation ne sera pas tolérée. L'auteur en sera traduit immédiatement devant le tribunal.
        Le président donne ensuite lecture du jugement, qui déclare que la prévention n'est pas établie à suffisance de droit et qui, en conséquence, acquitte Antoine et Jeanfils. Il y avait en effet deux prévenus.
        Jeanfils, qui comparaissait aux côtés d'Antoine, avait passé naturellement au second plan. C'est un ouvrier houilleur, également de Jemeppe. Il avait été en relations avec Antoine et est devenu son disciple. Un jour que sa femme souffrait, il l'avait soignée. Il avait réussi et s'était senti, dit-il, la vocation ou le pouvoir de guérir. Après sa journée de mineur, il a soigné quelques personnes qui s'étaient adressées à lui.
        Le prononcé de ces acquittements n'a donné lieu à aucune manifestation bruyante. La foule, satisfaite de ces décisions, s'est écoulée sans incident.
        Antoine ni Jeanfils n'étaient présents à l'audience. Antoine avait d'ailleurs annoncé dès le matin qu'il était acquitté.

    La Meuse, 21 juin 1907 (source : Belgicapress)


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  • L'Auréole de la Conscience (La Meuse, 12 avril 1907)(Belgicapress

        L'AUREOLE DE LA CONSCIENCE, tel est le titre d'une nouvelle revue que vient de paraître. Cette revue, fondée par Antoine le guérisseur, traitera du Nouveau spiritualisme.
        Elle se propose de divulguer les travaux d'une Ecole Philosophique et Morale qui évolue depuis de longues années et dont la base est le désintéressement ; elle s'efforcera d'introduire dans les rapports individuels et sociaux plus de fraternité et de respect.

    La Meuse, 12 avril 1907 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (La Meuse, 21 juin 1907)(Belgicapress)

    ANTOINE LE GUERISSEUR

        La quatrième chambre a rendu son jugement dans la poursuite intentée à Antoine le Guérisseur de Jemeppe du chef d'exercice illégal de l'art de guérir.
        Une foule considérable avait encore envahi l'auditoire pour entendre la décision des magistrats. Dans le public, nombre de dames qui comptent parmi les plus ferventes adeptes d'Antoine.
        M. le président Hamoir a commencé par adresser quelques paroles à la foule, pour rappeler que tout acte d'approbation ou d'improbation était interdit. La moindre manifestation ne sera pas tolérée. L'auteur en sera traduit immédiatement devant le tribunal.
        Le président donne ensuite lecture du jugement, qui déclare que la prévention n'est pas établie à suffisance de droit et qui, en conséquence, acquitte Antoine et Jeanfils. Il y avait en effet deux prévenus.
        Jeanfils, qui comparaissait aux côtés d'Antoine, avait passé naturellement au second plan. C'est un ouvrier houilleur, également de Jemeppe. Il avait été en relations avec Antoine et est devenu son disciple. Un jour que sa femme souffrait, il l'avait soignée. Il avait réussi et s'était senti, dit-il, la vocation ou le pouvoir de guérir. Après sa journée de mineur, il a soigné quelques personnes qui s'étaient adressées à lui.
        Le prononcé de ces acquittements n'a donné lieu à aucune manifestation bruyante. La foule, satisfaite de ces décisions, s'est écoulée sans incident.
        Antoine ni Jeanfils n'étaient présents à l'audience. Antoine avait d'ailleurs annoncé dès le matin qu'il était acquitté.

    La Meuse, 21 juin 1907 (source : Belgicapress)


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  • Au Pays du Spiritisme - Antoine-le-Guérisseur (Gazette de Charleroi, 20 décembre 1908)(Belgicapress)Au Pays du Spiritisme
    ANTOINE-LE-GUERISSEUR

        C'est à Jemeppe-sur-Meuse que le spirite fameux, et surnommé Antoine-le-Guérisseur habite.
        Mérite-t-il le nom qui lui a été donné ? C'est ce dont nous avons tenu à nous rendre compte de visu, et c'est le résultat de notre visite chez lui que nous voulons exposer à nos lecteurs.
        Grâce au bienheureux Antoine, le petit village de Jemeppe-sur-Meuse est connu aux quatre coins du pays, et il est devenu de centre d'une nouvelle religion qui déjà a son temple...
        Pour me rendre chez le nouveau Messie, je n'avais guère eu besoin de me renseigner beaucoup. Une bonne femme à qui je demandai l'adresse d'Antoine parut surprise de mon ignorance.
        – Suivez ces gens, me dit-elle, ils vont sûrement chez lui...
        Et je suivis une multitude, dont le passage m'avait frappé et que j'attribuais à la célébration des funérailles d'un notable de la localité. Mais c'était le cortège habituel et journalier des visiteurs d'Antoine-le-Guérisseur.
        Sa maison est modeste, mais elle est flanquée d'un vaste bâtiment ayant tout-à-fait l'aspect d'une chapelle. A l'intérieur, tout le rez-de-chaussée est garni de bancs. Une galerie fait le tour du hall, et de chaire de vérité est adossés au fond, face à l'entrée. Les murs sont garnis d'inscriptions en grandes lettres. L'une nous fait savoir immédiatement dans quel lieu nous nous trouvons. Elle porta : Ecole professionnelle de philosophie et de morale, et elle est accompagnés d'autres inscriptions.
        J'en citerai quelques-unes : Un seul remède peut guérir l'humanité : La Foi. – C'est de la Foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis, Dieu lui-même. Ne pas Aimer ses ennemis, c'est ne pas Aimer Dieu. Car c'est l'Amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. – C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité.
        Ces maximes en valent d'autres, et développer chez son prochain l'amour du semblable n'a rien de méchant. C'est la religion d'Antoine. Donne-t-elle de bons résultats ?
        Nous sommes bien une centaine de personnes qui attendons. Quoi ? Mon voisin m'explique. A tour de rôle nous serons reçus par le Guérisseur, et il suffit pour l'approcher de se présenter à un guichet que l'on m'indique, et où un disciple d'Antoine me remet une plaque de plomb, avec un numéro. La mienne porte le numéro 410, et cela veut dire que, ce matin je suis le 410e qui s'est présenté pour voir le Guérisseur... Et je ne suis pas le dernier, à ce que je vois par les nouveaux arrivés qui viennent s'asseoir derrière moi.
        La guichetier appelle les visiteurs par le numéro qu'ils portent. On en est au 250e. Il y a du bon, j'ai le temps de bavarder.
        Mon aimable voisin m'explique que toutes ces personnes viennent pour elles-mêmes ou pour des parents malades. Lui vient pour sa fillette, qui souffre sans se plaindre. Mélancolie ou neurasthénie, il ne sait, mais on lui a dit qu'Antoine la guérirait, et il est venu.
        Une autre personne, une dame d'un certain âge, me dit qu'elle vient de Maubeuge. C'est la troisième visite qu'elle fait à Antoine : sa fille était malade, on la soignait sans arriver à un mieux. Et maintenant ? Elle est en bonne voie de guérison...
        Et que prend-elle ? Rien. Antoine prie pour elle, et il suffit qu'elle pense à lui, qu'elle espère...
        Sapristi, cela devient sérieux. Qu'est-ce que je vais bien raconter à ce saint homme ? Vais-je me déclarer malade ou journaliste ? Je prends le premier de ces deux partis, car en cherchant bien je n'ai pas difficile à me découvrir un malaise, un bobo, là...
        Le guichetier arrive à mon numéro. Je tends mon plomb, une porte s'ouvre et je me trouve en présence d'Antoine-le-Guérisseur. L'impression est bonne. Antoine a une figure de brave homme aux cheveux et à la barbe grisonnants.
        – Que désirez-vous, mon ami ? C'est pour vous que vous venez ? Qu'avez-vous ? me demande-t-il.
        Et moi de lui répondre, de bonne foi, je souffre de ceci, de cela. A bien chercher, je me suis découvert toute une collection de malaises...
        Antoine-le-Guérisseur lève les yeux au Ciel, puis il les abaisse sur moi et il me dit :
        – Espérez, je prierai pour vous. Cela ira mieux,
        – Mais, objectai-je, et mes drogues ?
        – Abandonnez-les, contentez-vous de penser à moi, cela suffira, me répond-il.
        – Et combien vous dois-je ? demandai-je pour terminer l'entretien.
        – Rien, Monsieur, dit Antoine de sa voix douce.
        Comme je n'ai pas suivi le « traitement » d'Antoine, et pour cause, je ne sais quelle peut être son efficacité.
        Mais il paraît que certains s'en trouvent bien. On cite des cas de guérison surprenante. Est-ce vrai ? Pourquoi pas, en somme, pour les malheureux qui ont la « foi », la grande, celle qui soulève les montagnes. Le zouave Jacob, dont il fut tant parlé il y a une vingtaine d'années, n'arrivait-il pas à guérir lui aussi...
        Et Lourdes, de nos jours ?...
        En tout cas, à Jemeppe-sur-Meuse, c'est un pèlerinage incessant. Antoine reçoit tous les jours de 7 heures du matin à midi, sauf le samedi et le dimanche. Ce jour, Antoine-le-Guérisseur monte en chaire pour enseigner le « Nouveau Spiritualisme »...
        Mais il se tient à la disposition du public, tous les jours et à toute heure pour les cas urgents !
        Ses « offices » sont suivis par une foule considérable, et parmi les visiteurs qui viennent à ses « consultations », on en voit de tous les coins du pays et même de l'étranger. Dame, on ne paye rien, et à ce prix on en redemande...
        Le seul bénéfice, et je ne sais si cela peut en constituer un, – il est minime en tous cas – consiste dans la publication d'une revue mensuelle, « L'Auréole de la Conscience », dont l'abonnement annuel coute deux francs. Et encore, les visiteurs ne sont pas sollicités...
        Dans cette revue, et sous forme d'entretiens, Antoine-le-Guérisseur préconise la charité, l'amour du prochain, la tolérance pour toutes les opinions, parce que, dit le Messie de Jemeppe : « La liberté et l'égalité sont inséparables de la foi ».
        Ce n'est pas si mal et surtout, cela pourrait être médité avec avantage par beaucoup.                           NEMO.

    Gazette de Charleroi, 20 décembre 1908 (source : Belgicapress)


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  •     On peut lire dans Pierre Debouxhtay, chapitre IV, Guérisons et autres faits paranormaux, après l'évocation de la résurrection des morts, les lignes suivantes :

        Guérisseur, Antoine était aussi prophète (1) : non seulement il a prédit des événements futurs mais dans la Révélation (p. 22) il recommande même à ses disciples de s'efforcer « d'acquérir cette sensibilité qui permet de pénétrer dans l'avenir ».
        Y a-t-il beaucoup de prédictions d'Antoine qui se soient réalisées ? L'UNITIF (2) ne rapporte qu'un cas : c'est une adepte, E. Lagrave, 16, rue du Progrès, à Asnières, qui raconte qu'avant de venir consulter Antoine, elle avait pris les noms de douze personnes qui l'avaient priée de les recommander au Maître. « Il me dit ce qu'il adviendrait à chacune sauf pour une qui se désincarna quelques jours après. J'oubliais ces révélations, ce n'était qu'au fur et à mesure que les événements se déroulaient que je comprenais la grandeur et le savoir du Maître. »
        D'après Kervyn (3), la clairvoyance d'Antoine était loin d'être infaillible. Cet auteur raconte l'histoire de la noyée.
        « Le tribunal de Liége conserve les traces d'un des mécomptes d'Antoine. En 1907, un nommé Dangis jeta sa femme à la Meuse. Poussé par je ne sais quelle suggestion, il se présenta le lendemain chez Antoine. Il raconta la disparition de sa femme et désira savoir ce qu'elle était devenue. Le voyant ne fut pas déconcerté un instant. Avec son assurance habituelle, il répondit au mari : « Dans deux jours, votre femme vous écrira ». Voilà ce que Dangis rapporta aux juges. Les antoinistes furent très ennuyés de l'aventure qui était répétée par les journaux. »
        En ce qui concerne les déclarations de Dengis, le récit de Kervyn est substantiellement exact (4), mais il omet de rapporter la déposition d'Antoine, interrogé par le juge d'instruction le 21 décembre 1906.
        « Je suis consulté par un grand nombre de personnes sur ce qui pourra leur survenir. Je me rappelle qu'un homme dont j'ignore le nom est venu il y a quelques jours me dire que sa femme avait disparu. Je ne puis lire que dans les cœurs sincères, et j'ai cru rencontrer un obstacle qui m'empêchait de voir clair dans cette affaire. J'ai dit à cet homme de revenir me voir. Il est bien possible que je lui aie dit aussi qu'il aurait bientôt des nouvelles de sa femme ou qu'elle lui écrirait. Il arrive en effet que quand je ne puis lire dans l'avenir, je dise à ceux qui viennent me consulter l'une ou l'autre parole qui les encourage. J'ajoute que je ne me rappelle pas si j'ai dit cela à cet homme. Je l'ignore. Je fais cela généralement quand je vois que la personne qui me consulte est embarrassée ou peinée. Quand je parle à ceux qui me consultent c'est par inspiration. Je sais très bien que j'ai dit à cet homme qu'il allait avoir des nouvelles de sa femme et que c'est ce jour-là qu'on l'a retirée des eaux de la Meuse. Je remarque souvent ainsi après coup qu'il y a un fond de vérité, dans ces paroles que j'ai prononcées inconsciemment ou dans ces conseils que j'ai donnés. Vous parlant ici au nom de Dieu et de ma conscience, je dois vous dire que je sens que cet homme n'a pas toute sa raison. »
        On le voit, Antoine se tire assez habilement d'affaire et même tâche de donner un bon tour à la réponse qu'il avait faite à Dengis.

        Après la clairvoyance, les apparitions. Mme P... avait consulté Antoine. « La nuit qui suivit ma visite, raconte-t-elle, M. Antoine m'a apparu et, suivant son regard, je l'ai vu éloigner une légion d'esprits mauvais. » (5)
        Mme Lagrave, dont nous venons déjà de citer le témoignage au sujet des prédictions du Maître, raconte qu'avant de venir à Jemeppe elle avait vu Antoine : « Maître, je vous ai vu chez moi avant de venir, il y a trois jours. C'est possible, mon enfant, je suis à plusieurs endroits à la fois. » (6)
        L'UNITIF rapporte encore deux autres cas semblables. « Avant de recevoir la lettre [du Père], je Le vis alors que je n'avais jamais été en sa présence, à côté de moi et me montrant du doigt avec son grand amour le livre d'Enseignement que je lisais et lorsque je fus à Jemeppe, le 15 août 1911, je reconnu que c'était bien Lui qui m'était apparu. » (7)
        Une adepte, A. Doucet, raconte : « Huit jours avant sa désincarnation j'étais dans une cuisante épreuve et vers trois heures au milieu de mes larmes, je vis le Père devant moi, m'entourant du fluide éthéré et comme auparavant en sa présence je ressentis soudainement une joie profonde que nulle langue humaine ne saurait exprimer et que pourraient seuls comprendre ceux qui l'ont éprouvée. « Ma fille, me dit-II, puise en moi, donne en mon nom, mon amour est inépuisable. » – Mais Père, m'écriai-je, Vous êtes le Christ alors. – Il me répondit : « Lui-même » et Il disparut. » (8)
        Signalons encore la vision dont fut favorisé un disciple pendant son sommeil (9), et l'apparition d'Antoine, le lendemain de sa mort : « Dans son travail sur le premier Interprète du Père, notre sœur a signalé que lors de la désincarnation de notre Sauveur des personnes l'avaient vu se confondre avec Mère. Nous joignons notre témoignage au leur. Le lendemain des obsèques solennelles nous assistions à l'opération, le lundi, nous étions aux galeries bien en face de Mère et au moment du profond recueillement nous avons vu (je dis nous parce que nous étions trois adeptes ensemble dans le même cas) nous avons vu le Père se fondre avec Mère et ne faire plus qu'un, nous avons gardé le silence sur cette vision attendant que des personnes autres que des adeptes en parlent pour qu'on ne croit pas que c'était le résultat de notre désir, une illusion, qui nous donnait le bonheur de contempler notre Sauveur, présent parmi nous partout et toujours. – Poncey, 23, boulevard de Picpus, Paris. » (10)
        Citons pour terminer un fait qui présente certaine analogie avec les visions rapportées dans ce chapitre.
        En novembre 1930, Rosine Pirsoul, âgée de 14 ans, habitant rue d'Angleur, 31, à Montegnée, était disparue. On la cherchait en vain.
        « L'affaire se corse. La famille Pirsoul pratique le culte antoiniste, et après avoir invoqué la mémoire du Père Antoine, M. Pirsoul, du moins l'affirme-t-il à M. Hans, commissaire [de police], entrevit en une vision sa fillette noyée au fonds du puits » (11). L'enfant fut retrouvée dans le puits.
        Nous énumérons ces apparitions, sans rechercher si elles sont réelles ou illusoires (12). Antoine lui-même s'est abstenu de se prononcer sur la réalité de ces phénomènes. A un adepte qui lui faisait une question précise, il répondit longuement mais à côté (13).

     

        (1) « Il semblait que le voile des siècles se fut dissipe pour Lui, que le passé, le présent, l'avenir ne fissent qu'un devant la pénétration de son regard intérieur. » (Le Père Antoine et son œuvre, p. II.)
        (2) L'UNITIF, II, 7, p. 6.
        (3) Page 14.
        (4) Dengis était allé chez Antoine sur le conseil de sa belle-sœur. Dengis dit au guérisseur qu'il pensait que sa femme était allée rejoindre un amant. Antoine répondit : « Vous pouvez aller, elle vous écrira tantôt, vous saurez bien où elle est. » (D'après le dossier du procès.)
        (5) Enseignement, p. 13.
        (6) L'UNITIF, II, 7, p. 6.
        (7) II, 9, p. 6.
        (8) III, 5, p. 13.
        (9) L'UNITIF, III, 1, p. 8.
        (10) L'UNITIF, II, 9, p. 3.
        (11) L'EXPRESS, 25-11-1930. N'omettons pas de rappeler que tout récemment des enfants d'antoinistes auraient vu la Sainte Vierge, à Chaineux-lez-Verviers. (GAZETTE DE LIÉGE, 12 octobre 1933 ; PARIS-SOIR, 18 Octobre 1933.)
        (12) Les métapsychistes diraient que les apparitions « sont de simples hallucinations en état subconscient léger » ; les cas de clairvoyance s'expliqueraient « par transmission psychique entre subconscients »). (REVUE MÉTAPSYCHIQUE, 1933, p. 106.) Pour l'explication spirite des apparitions, voir A. KARDEC, Le livre des médiums, ch. VI et VII.
        (13) L'UNITIF, I. 4, p. 7-8.

    Pierre Debouxhtay, Louis Antoine et l’Antoinisme, p. 176-180.


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  • Léandre - Antoine (Le Matin, 18 décembre 1910)(Belgicapress)ANTOINE

        A travers le village houiller, ses étroites rues tortueuses, ses raidillons montant vers les terris, le long du quai pierreux qui étreint mal la Meuse souvent rebelle, l'homme va, de son pas égal. Il est vieux déjà, ses cheveux gris seront demain tout blancs ; s'il les portait longs, en auréole, ils lui feraient une auréole de neige ; mais ils sont ras, formant sur le sommet du front ridé une petite brosse... L'homme va, de son pas égal. Il a été grand, mais l'âge l'incurve de plus en plus vers la terre, le dos se voûte, la tête s'incline. Cependant, il en impose encore ; ce n'est pas là un vieillard. L'œil, dans la face banale, type caractéristique des gens du pays, brille, a des ardeurs vivantes, et son regard est extraordinaire. Toute la force de ce grand corps s'est retirée dans ce regard, semble-t-il. Et c'est un regard à la fois d'énergie et de bonté, où le rêve passe par moments, où plus fréquemment la volonté luit. Toujours étreint dans une redingote noire fermée jusqu'au col par une seule rangée de boutons, cet homme, que ce détail seul distingue de ses concitoyens, va de son pas égal, salué à droite, à gauche, salué sans cesse, et répondant de la même inclinaison de tête sans trêve répétée, tandis que la bouche mâche de la gomme, mâche de la gomme, toujours. Très simple, ignorant de toute pose et de toute attitude, l'air d'un vieil employé bon enfant mis à la retraite et jouissant en paix de sa liberté dans le pays où il est né et où chacun l'estime, tel est cet homme, hier connu seulement de la banlieue liégeoise, aujourd'hui célèbre de par le monde.
        Il n'y a pas si longtemps que Jemeppe-sur-Meuse considérait encore Antoine comme un rebouteux sans importance. Il s'agit évidemment de la partie intelligente de la population. Car le peuple la rapidement élu comme son guérisseur, au grand dam des médecins de la localité. Aujourd'hui des instituteurs, des professeurs, des prêtres marchent derrière la bannière antoniste et exaltent le vieux bonhomme. Toute la rive mosane, Liége et le pays de l'Ourthe s'inclinent à son nom. Et nous avons vu récemment parvenir à la Chambre une péti.ion recouverte do 160,000 signatures, réclamant la reconnaissance du nouveau culte, Antoine est dieu.
        Une fois de plus, l'Aventure recommence ; elle recommencera de la sorte tant que la terre tournera... Et c'est comme un conte de fées, à l'usage des grands enfants.
        Il y avait une fois, dans un pays bien noir, plein de fumée âcre, de grondements de machines et d'explosions sourdes, un petit ouvrier mineur que rien ne distinguait des autres mineurs, ses frères. Et cependant, un jour, le sort voulut que ce petit mineur héritât. Une Voix lui dit : "Te voilà riche ; quitte la bure et fais tourner les tables."... Peut-être eût-il préféré faire tourner les têtes, le pauvre Antoine... Mais ce lui eût été plus difficile. Il écouta la Voix et imposa les mains à un guéridon, qui volta de la meilleure sorte. Antoine comprit son destin. Le spiritisme le hanta. Il s'installa médium, organisa des réunions, écrivit sur le papier, devant ses amis hébétés, les communications de l'au-delà. Ces choses-là, après vingt siècles de science et de civilisation, prennent encore. Antoine fit parler et écrire les morts. Ils le récompensèrent en s'incarnant en lui. Le médium épistolier devint médium à incarnations. Autour de lui, le groupe de sympathies, intéressées d'abord, bien vite respectueuses, finalement craintives, se resserra. La réputation du bonhomme se répandit. Il put alors pressentir sa gloire.
        Il la pressentit sûrement, car il se découvrit un nouveau don : l'art de guérir, que lui conféraient les Esprits. De même que les voix célestes avaient dit à Jeanne : "Arme-toi et fais sacrer ton gentil roy", les voix tabulaires lui dirent : "Va et guéris !" Et Antoine alla. Il s'approcha des malades, posa dessus ses mains comme il faisait aux tables, et la tête des malades tourna, et ils guérirent. On voit aussi cela à Lourdes ; ils crurent en Antoine comme en l'eau de la piscine sacrée, et ils se rétablirent. Deux, trois miracles de cette nature assurèrent au personnage des disciples bientôt sans nombre. Il ne dut plus quitter sa petite maison, on l'assaillit, on fit queue à sa porte. Un culte nouveau naissait. Il naissait d'autant plus vite que, contrairement à l'habitude, sa pratique ne coûtait pas un centime. Car jamais Antoine n'a reçu d'argent, jamais Antoine n'a voulu être payé. Antoine soigne et guérit par vocation et non pour gagner sa vie, sa vie modeste, indifférente au confort, au luxe, sa vie de petit Jemeppien du peuple…
        Comment Antoine guérit-il ? Allez le voir, mais prévenez-le, si vous ne voulez pas attendre une, deux heures devant son huis. Ah ! ce n'est pas une sinécure que le métier de guérisseur !... Songez qu'on vient à Antoine de partout, même de France, qu'on l'interroge par lettres, qu'il doit répondre sans répit aux questions anxieuses d'une foule... Allez le voir ; il vous recevra avec bonhomie, affabilité ; sa gloire, sa puissance ne l'ont pas grisé... Il vous regardera longuement, plongeant en vous son regard extraordinaire, et il vous dira de quoi vous souffrez, exactement le plus souvent ; car Antoine n'est pas bête, c'est un physionomiste averti, très habile ; il sait aussi faire adroitement parler et tirer des paroles apparemment les plus simples la révélation de votre mal. Il lui arrive également de vous découvrir un mal d'ailleurs inexistant ; mais c'est le propre de tous les guérisseurs. Souvent aussi, il déjoue votre ruse et vous reconduit jusqu'à son seuil en vous reprochant doucement d'être venu pour vous moquer de lui, de lui avoir fait perdre un temps précieux, qu'il eût pu consacrer à des souffrances réelles. Et cela le plus sincèrement du monde ; car Antoine est convaincu – et il faut noter cela. Les procès qui lui furent faits du chef "d'exercice illégal de l'art de guérir", et desquels il est d'ailleurs sorti victorieux, l'ont profondément affligé et indigné. Antoine remplit une mission sacrée et il ne permet pas qu'on l'assimile aux charlatans.
        D'ailleurs, les esprits l'ont récompensé de cette foi en eux. Ils lui ont conféré, outre le pouvoir guérisseur, le moyen d'enseigner. Cet ouvrier mineur, sans instruction, enseigne et écrit. Chef de religion, propageant la doctrine physique et morale des Esprits, Antoine prononce des discours, fait des sermons, rédige des opuscules. Cette merveille a renversé les suprêmes remparts de l'incrédulité. La foule grossie s'est ruée à l'entour du vieillard. Elle a réuni les fonds nécessaires ; elle a bâti un temple, là-bas, au fond du grand village noir et roux, à côté de la petite maison d'Antoine ; – elle a bâti un temple modern style, où, chaque jour, elle se presse pour écouter et voir le Maître, et l'on ne se pressait pas avec plus d'impétuosité et de foi pour écouter le Discours sur la Montagne. Dans ce temple, Antoine parle et guérit. Il impose les mains, dit : "Pensez à moi", car tout le secret de son pouvoir est là ; il faut rester en communion de pensée avec lui pour être guéri et sauvé. Antoine, qu'on a comparé justement à une pile électrique chargée de fluide guérisseur par les Esprits, communique ce fluide à ceux qui pensent à lui. Ainsi peuvent-ils se guérir à distance, par un simple acte de foi, une pensée fervente à Antoine. Evidement, dans la guérison, celui-ci fait également intervenir les Astres ; mais il leur accorde cependant moins d'importance que ses devanciers. C'est surtout le fluide qui opère.
        Quant à sa doctrine morale, elle s'inspire, comme celle du maréchal Booth, de l'évangile chrétien et des théories spirites. Aimez votre prochain, le bien c'est l'amour, la possession de Dieu récompense les bons, etc. On voit le thème. Cela, Antoine le développe congrûment dans le silence de son temple ; parfois l'orateur est un peu obscur, mais on ne saurait reprocher cela à un thaumaturge.
        Tel est Antoine, telle est sa doctrine, telle est sa puissance. On en a ri longtemps. On n'en rit plus. Vous avez lu la pétition adressée à la Chambre et signée par 160.000 antonistes, et réclamant la reconnaissance de leur culte. Ils ne demandent pas de subsides, mais l'autorisation d'élever de nouveaux temples, où ce culte sera organisé.
        "Nous avons l'honneur de vous demander de reconnaître par une loi le culte antonin, fondé à Jemeppe-sur-Meuse par Antoine le Généreux, et qui compte actuellement plusieurs centaines de milliers d'adeptes.
        "Si Antoine le Généreux et ses adeptes demandent la reconnaissance de leur culte, ce n'est pas pour obtenir des subsides ou des rémunérations pour les membres de ce culte. La religion antonine est fondée sur le désintéressement le plus complet ; Antoine le Généreux et les membres de son culte ne peuvent recevoir ni subsides ni rémunérations ; mais ils veulent assurer l'existence de leur temple de Jemeppe, lequel a coûté 100,000 francs.
        " D'autres temples vont être érigés aux frais des adeptes. La reconnaissance du culte aura pour effet de transférer la propriété des temples aux fabriques ou consistoires qui en auront la gestion matérielle. Leur existence légale sera ainsi assurée. Il n'y aura donc ni droit de mutation, ni droit de gestion à acquitter.
        "Le temple de Jemeppe est administré par un comité de neuf membres composé de signataires de cette protestation. Mais le comité n'en a pas la propriété légale. Il importe que cette propriété lui soit conférée.
        "Il est inutile que nous insistions sur le caractère si moral et si élevé de l'enseignement d'Antoine le Généreux et sur les merveilleuses guérisons, tant morales que physiques, qu'il a obtenues et obtient chaque jour.
        "Un simple examen d'un des certificats joints à cette pétition fera comprendre pourquoi nous considérons Antoine le Généreux comme un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité qui puissent se rencontrer."
        Comme je l'ai dit, parmi les signataires de cette curieuse pétition – la plus importants qu'ait jamais reçue la Chambre, quant au nombre des signatures – on trouve des instituteurs, des professeurs d'athénée, des médecins, et jusqu'à des prêtres catholiques.
        Tous ces fidèles veulent des temples où Antoine, hebdomadairement, leur apportera sa parole et son fluide.
        Et l'on ne prévoit pas que la Chambre puisse ne pas faire bon accueil à leur demande. De sorte que le culte d'Antoine le Généreux, approuvé et reconnu, dotera notre pays d'une religion nouvelle, avant que l'instruction obligatoire lui ait été donnée.....

                                                                  LÉANDRE

    Le Matin, 18 décembre 1910 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (La Meuse, 16 octobre 1907)(Belgicapress)CHRONIQUE JUDICIAIRE
    A LA COUR D'APPEL

        L'intérêt de la journée était ce matin à la Cour (chambre des appels correctionnels), que présidait M. le conseiller Descamps. Le rôle comportait trois affaires.
        Toutes trois offraient en des genres très divers matières à chroniques judiciaires. Du tragique, du mystique, du comique. Le drame et le vaudeville se coudoyaient.
        Toute la vie !

    ANTOINE LE GUERISSEUR

        Le thaumaturge qui a conquis dans notre pays une véritable célébrité, qui reçoit chez lui à Jemeppe chaque jour des centaines de visiteurs, qui enthousiasme ses adeptes, nous allions dire ses fanatiques, disciples et admirateurs appartenant à tous les mondes et à toutes les classes, Antoine le guérisseur, comparaissait devant la Cour sous la prévention d'exercice illégal de l'art de guérir. Le Ministère Public avait interjeté appel du jugement qui l'avait acquitté au mois de juin dernier.
        Antoine était arrivé suivi d'un cortège de plusieurs centaines de personnes. La vaste salle a été envahie en quelques instants par la foule. On eut dit un jour de grands débats d'assises. On s'écrasait littéralement.
        Et dans les couloirs, des groupes très nombreux qui n'avaient pu trouver place, attendaient l'issue des débats.
        M. le conseiller Silvercuys a fait rapport sur cette affaire qui présente des côtés mystérieux et presqu'angoissants.
        Il a rappelé qu'au début du mois de novembre 1906, une véritable épidémie se produisit parmi les enfants à Jemeppe. De nombreux décès eurent lieu. Et une instruction fut ouverte, sur ces faits et spécialement sur la question de savoir si ces enfants n'étaient pas assurés. A cet égard, il est résulté de l'enquête que ces pauvres petits n'étaient pas assurés. Et comme un lamentable refrain, reviennent les tristes paroles des parents : « Nous avons soigné l'enfant le mieux possible. Nous l'aimions infiniment. Nous avons éprouvé de sa mort une grande peine ». Une seule mère ajoute : « Il était si faible, qu'il ne savait pas même prendre le biberon. On nous avait dit qu'il ne vivrait pas. Il est mort subitement dans mes bras. Cela m'a fait de la peine. Et cependant je me suis dit qu'il valait mieux ainsi puisqu'il était destiné à ne pas vivre. »
        L'enquête révéla aussi que plusieurs parents avaient porté leurs enfants chez Antoine. Celui-ci avait ordonné de leur donner de l'eau, du lait et du sucre.
        Un ou deux de ces enfants succombèrent.
        Le Parquet décida de poursuivre à nouveau Antoine qui a déjà été condamné pour exercice illégal de l'art de guérir. Antoine affirme que, depuis cette condamnation, il ne fait plus de passes sur les malades.
        Tous les témoins entendus affirment leur confiance absolue dans Antoine. « Je le considère comme le bon Dieu, dit une femme. Je puis avoir le médecin gratuitement, mais j'irai toujours chez Antoine, si j'avais un autre enfant malade. »
        Tous sont d'accord pour déclarer qu'on ne paie pas Antoine ; qu'au contraire, c'est lui qui fréquemment fait des charités. « Un monsieur a envoyé une longue lettre au tribunal pour dire sa reconnaissance sans bornes envers Antoine, et pour lui apporter son témoignage ému dans les circonstances difficiles. Sa fille a été guérie d'une maladie qui durait depuis plusieurs années et au sujet de laquelle de nombreux médecins avaient été consultés. Antoine a de même guéri la femme et le signataire de cette lettre même.
        Antoine déclare qu'il appose les mains sur le front du malade et qu'un fluide qu'il n'explique pas de conduit à découvrir l'organe qui souffre. Il se recueille un instant et un avertissement secret lui dit s'il peut guérir le patient.
        Il faut, pour aboutir à ce résultat, que le malade ait la foi. Sinon, il l'envoie chez le médecin. Il faut la foi pour comprendre la foi. Il ne reçoit aucun argent. Il n'y a même pas de tronc chez lui. Il a été travailler à l'étranger et ses économies lui permettent de vivre en rentier.
        On a cru qu'il se faisait riche. C'est pour cela surtout qu'il a été poursuivi. Or, il n'en est rien.
        Je n'aurais pas le temps de faire des passes, même si je le voulais, continue-t-il. Car je reçois trop de monde : le matin, le soir et parfois même la nuit.
        Je ne suis pas le guérisseur du corps, mais plutôt le guérisseur de l'âme.
        LE PRESIDENT. Nous n'avons pas à juger vos doctrines philosophiques, mais la question de savoir si ce que vous faites est permis par la loi.
        Un adepte d'Antoine était également mis en prévention. C'est un houilleur appelé Jeanfils. Après avoir fréquenté le guérisseur, dont les conseils ont amené son relèvement moral, il s'est cru aussi appelé à guérir. Et le soir, après sa journée, il reçoit quelques personnes. Jeanfils aurait reconnu, lui, avoir fait des passes.
        M. l'avocat général Meyers a prononcé un très beau réquisitoire. Il a longuement examiné la législation sur l'exercice illégal de l'art de guérir, l'arrêt de la Cour de cassation de 1852 et la loi interprétative de 1853, d'où résulte que le fait que les soins sont gratuits n'empêchent pas l'infraction. Il n'est pas défendu de guérir, mais il est défendu de faire le médecin, de soigner selon une méthode, d'appliquer une méthode pour amener la fin d'une maladie. Celui qui se contente de faire un geste et qui dit : « Vous êtes guéri », ou : « Vous ne serez pas guéri », celui-là n'agit pas comme un médecin.
        Je n'ai pas, dit l'avocat général, la mission de donner mon avis sur ce cas très curieux d'auto-suggestion, par lequel Antoine, persuadé qu'il a le pouvoir de guérir, parvient parfois à agir sur le moral du malade. Si même il guérit, ce n'est pas comme médecin qu'il le fait. Sa foi et celle du malade se rencontrent et guérissent.
        M. Meyers, qui a cité beaucoup de jurisprudence et d'autorités juridiques, conclut qu'à son sens les faits posés par Antoine ne tombent pas sous l'application de la loi.
        Il en est autrement de Jeanfils qui, lui, a reconnu avoir exécuté des passes sur les malades.
        Antoine, interpellé sur le point de savoir s'il n'a rien à ajouter, dit : « On a parlé des enfants qui sont morts. On n'a pas parlé des malades que j'ai guéris. Je pourrais faire entendre comme témoins des paralytiques qui ont été guéris, et des sourds qui entendent. »
        La Cour remet à mardi prochain le prononcé de son arrêt.
        La foule s'écoule, mais il y a tellement de monde que la salle ne se vide pas. On fait alors sortir Antoine et quelques personnes par la porte des témoins, puis par le couloir conduisant au Parquet et de là dans la cour. Mais les adeptes d'Antoine ont été prévenus, et quand il apparaît, c'est une acclamation. On l'entoure, on le presse. Les femmes l'embrassent. On brandit des fleurs, on l'entraîne. Et la foule quitte le Palais en un long cortège, suivant le thaumaturge.

    La Meuse, 16 octobre 1907 (source : Belgicapress)


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  • Antoine le Guérisseur, jugement (La Meuse, 22 octobre 1907)(Belgicapress)

    ANTOINE LE GUERISSEUR

        La Cour a rendu son arrêt sur l'appel interjeté contre le jugement correctionnel qui avait acquitté Antoine le guérisseur, de la prévention d'avoir exercé illégalement l'art de guérir.
        La Cour, adoptant les motifs des premiers juges, confirme l'acquittement...
        Il en est de même pour Jeanfils, le disciple d'Antoine.
        Aucun incident ne s'est produit. Pas de cortège, pas de foule, pas de manifestation.

    La Meuse, 22 octobre 1907 (source : Belgicapress)


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  • Le prophète de Jemeppe (La Meuse, 29 février 1908)(Belgicapress)LE PROPHETE DE JEMEPPE
    Antoine-le-Guérisseur

        On lit dans LE MATIN, de Bruxelles cette intéressante interview :

        « Le pays wallon a en ce moment un prophète. Les foules se pressent à son enseignement ; de nombreux disciples, fidèles, dévoués et sincères l'entourent et le servent, Enfin, il guérit les malades, il a rendu l'ouïe, dit-on, à plusieurs sourds, il rend ingambes les éclopés, il soulage, réconforte autant moralement que physiquement les minables humains qui viennent lui exposer leurs misères. Son œil pensif et droit scrute les cœurs. D'un mot souvent, il leur montre qu'il les connaît aussi bien sinon mieux qu'ils se connaissent eux-mêmes.
        C'est Antoine-le-Guérisseur.
        Son œuvre est double.
        D'une part, depuis près de vingt ans, il soigne gratuitement les malades. En outre, depuis six ans environ, il a ajouté à ses consultations où la cohue se presse, la prédication dominicale dans un temple qu'il a fait construire à Jemeppe-sur-Meuse et lancé des publications où il expose sa doctrine spirituelle au peuple qu'il appelle à l'amour et à la foi.
        Tous les jours, mais surtout les lundis des centaines de personnes attendent dans le temple de Jemeppe le moment d'être introduites auprès de celui que ses disciples appellent « le maître ».
        Chaque visiteur, dans l'ordre d'arrivée, reçoit un numéro et passe à son tour, sans favoritisme, sans passe-droit, Riches et pauvres se coudoient dans l'attente.
        Enfin, ils sont appelés devant le « Maître ». Celui-ci les regarde venir, leur dit quelques mots brefs, une recommandation hygiénique ou morale, ne leur demande même pas quel est leur mal – et souvent, disent les visiteurs, il le leur dit lui-même – il les touche du pouce et de l'index au front.
        Parfois, il ajoute : « Vous êtes guéri ». Puis, avec beaucoup de bonté, il congédie le malade.
        Pas de tronc, pas de collecte. Plus d'une fois, le guérisseur fut l'objet de poursuites. Toujours il a dû être acquitté.
        « Je ne pratique pas l'art de guérir, aime-t-il à dire. Je laisse cela au médecin. Je pratique le « don » de guérir.
        « Ce qu'il faut, ajoute-t-il, c'est la foi. Il faut venir à moi avec foi et confiance. Alors, le contact est établi et je puis donner ce que me demandent ces cœurs ouverts : la guérison et la consolation.
        « Je ne fais pas de miracles. Je guéris par le fluide que les esprits qui m'assistent amassent sur moi et que je répartis aux malades de cœur humble et de bonne volonté. L'amour est ma doctrine. »
        Et les malades se pressent. Il y a quelques semaines, on constata en un jour la présence de « sept cent trente » visiteurs !
        La renommée du prophète court le long de la Meuse et de l'Ourthe ; dans toutes ces populations travailleuses mineurs, carriers, métallurgistes, petits bourgeois et femmes du peuple qui vénèrent le guérisseur à l'égal d'un saint, ou d'un prophète,

    * * *

        Les dimanches, la cérémonie – hebdomadaire – comprend une allocution du prophète, des réponses aux questions posées des assistants et un recueillement avant et après la réunion.
        J'ai assisté dimanche à cette prédication.
        La masse des fidèles encombrait le temple d'Antoine-le-Guérisseur. Nous étions arrivés de Liége, dans un tramway bondé de disciples du maître. Et le contrôleur nous déclara que cinq ou six voitures étaient tous les dimanches, nécessaires pour convoyer les gens qu'attire ce prêche fait à Jemeppe, à dix kilomètres.
        Des communes voisines, des contingents d'auditeurs ouvriers arrivent et s'engouffrent dans la salle.
        Le temple est assez grand et possède une galerie que borde une barrière ouvragée, style nouveau. C'est très clair et très simple, très propre et fort bien chauffé.
        La chaire du prophète est au fond, à la place du chœur. On y accède par deux escaliers.
        Et tout ce peuple se recueille.
        Il est dix heures. Voici le maître. Sans pose, avec une paysannerie bonhomme, il monte à sa chaire.
        Et tandis que le silence le plus absolu règne sous les clairs vitraux, et que le vent souffle au dehors, il se recueille à son tour, longuement.
        Puis, il relève la tête, l'abaisse de nouveau, la relève, paraît agité par une douleur interne, va parler, s'arrête encore, crispe ses mains sur la balustrade :
        « Mes frères ».
        Ces mots sont dit très doucement. Un silence leur succède. Enfin, Antoine-le-Guérisseur commence sa prédication.
        C'est un cours qu'il donne, un exposé de sa doctrine, qu'il poursuit depuis plusieurs mois. Une jeune femme, assise à un pupitre, sous la chaire, sténographie ses paroles. Et ses discours sont ensuite consignés dans une revue que publient les disciples : sous le titre de l'« Auréole de la conscience ».
        Il y a quatre siècles, c'était presque le même titre que Bœhme, le cordonnier voyant de Gœrlitz, donnait à son premier ouvrage : « L'Aurore naissante ».
        J'entends le maître qui se plaint de l'état de l'atmosphère. « Elle est troublée par des esprits légers, dit-il, et nous ne pourrons pas pénétrer profondément dans les bons fluides. Il faudra de la patience. »
        Son enseignement ? Je feuillette les cahiers.
        La vie est partout, ou plutôt l'amour est partout, ainsi que l'intelligence, ainsi que la conscience, Amour, intelligence et conscience, c'est Dieu, le grand mystère.
        Dieu gouverne par des lois, c'est à dire par des fluides. Ces fluides mettent ses créatures en relation avec lui. Ces fluides sont régis par les esprits de Dieu et l'homme peut acquérir aussi le pouvoir de manier ces fluides.
        Par ces fluides, l'homme guérit physiquement et moralement ses semblables.
        Mais la douleur est un bien. Le mal n'existe pas. C'est la sensation de privation du bien. C'est une épreuve qui nous amène vers le bien, qui nous grandit, qui nous est nécessaire pour nous rapprocher du grand mystère.
        Ce qu'il faut, c'est la foi, la confiance en Dieu. C'est elle qui donne l'amour, avec celui-ci le bonheur. Qui a la foi véritable est visité par Dieu même.

    * * *

        Mon attention est subitement rappelée au prêche par la voix glapissante d'un assistant.
        – Maître, clame celui-ci, à l'autre bout du temple.
        – Parle, répond Antoine-le-Guérisseur.
        – Cher maître, répond le disciple, j'ai foi en vous et je vous remercie de m'avoir montré la voie de l'amour. Ne voulez-vous pas nous expliquer encore ce que c'est que le mal ?
        – Vois le bourreau au lieu de la victime, dit le prophète. Plus l'imagination est grande chez lui, plus il est content de ses méfaits. Quel n'en sera pas le nombre avant qu'il songe à remédier à sa nature imparfaite ! Ce bourreau, en effet, ne gardera pas indéfiniment sa faiblesse. Ce serait contraire à la loi du progrès. Le repentir le touchera tôt ou tard, ici ou dans le monde spirituel, quand il sera frappé lui-même, quand il rencontrera son bourreau et deviendra victime.
        Si nous trouvons équitable la maxime : « Sans épreuve, point d'avancement », sachons admettre cette autre tout aussi nécessaire : « Sans le mal, point d'épreuve ». Ce que les hommes appellent le mal est donc nécessaire pour provoquer la souffrance, sans laquelle il n'est point d'amélioration possible. « Tout ce qui arrive est un bien ».
        Ainsi, ne considérer que le martyr, ce serait se contenter des apparences. La véritable justice divine nous révèle que le martyr d'aujourd'hui suppose le bourreau d'hier, que sans torture on ne peut devenir un saint, que le mal prétendu n'est qu'un aspect de l'évolution des êtres dont la loi pourrait ainsi se formuler : « Grand bourreau, grand martyr, grand martyr, grand esprit... »
        L'assemblée semble boire ses paroles. Le maître répond encore à d'autres questions que lui posent aussi de très humbles intelligences. Il recommande la tolérance, le pardon, la prière. Puis il demande aux assistants de s'unir à lui pour « remercier ».
        Je comprends qu'il s'agit de remercier la divinité des bons fluides qui ont été envoyés à l'assemblée et les esprits invisibles qui ont été présents à l'allocution.
        Mon voisin m'explique que le maître Antoine a une petite fortune qu'il a reçue autrefois par héritage et qu'il est complétement désintéressé. Partout dans le pays se trouvent les témoignages de ses guérisons. Sa librairie a été établie à la suite d'un don fait par une famille riche dont un enfant fut par lui guéri de la surdité.
        Je rapporte, sans commentaires.
        Antoine-le-Guérisseur me serra la main et me dit avec une simplicité non feinte qu'il n'a pas d'instruction, et qu'il ne veut que le bien et le spiritualisme, fruit non des livres, mais de l'« expérience ».
        C'était aussi ce que voulait Jacob Bœhme. Non des opinions, disait-il, mais ce que le Ciel voulut nous révéler.
        La foule s'écoule et j'entends deux houilleurs aux faces piquées par la poudre, qui discutent, répétant comme émerveilles :
        – « Grand bourreau, savez, grand martyr... grand esprit. »

                                                                                       Maurice de MIOMANDRE.

    La Meuse, 29 février 1908 (source : Belgicapress)


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  • Culte antoiniste (La Meuse, 27 août 1910)(Belgicapress)

    CULTE ANTOINISTE
        Lecture de l'Enseignement révélé par Antoine le Guérisseur, tous les samedis, 7 heures 1/2 du soir, grande Salle de la Légia, Passage Lemonnier.

    La Meuse, 27 août 1910 (source : Belgicapress)


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  • A New Religious Sect in Belgium (Leeds Mercury, Wednesday 14 December 1910)-cripple

    A group of Antoinists, members of the new religious sect in Belgium.    In the chair is a cripple, who has come to seek healing.    The man in the centre is said to have been cured by Antoine of a disease of the bones.    The woman is explaining the cripple's case.    (C.N.)
    Leeds Mercury, Wednesday 14 December 1910


    Traduction :
       Un groupe d'Antoinistes, membres de la nouvelle secte religieuse en Belgique.    Sur la chaise se trouve un infirme, venu chercher la guérison.    L'homme au centre raconte avoir été guéri par Antoine d'une maladie des os.    La femme explique le cas de l'infirme.

     

        Ce document fait partie d'un reportage d'un journal anglais sortie de presse en décembre 1910. On peut penser que les photos ont cependant étaient prises plus tôt.

        En 2009, on voyant encore le crucifix accroché au N°16 de la rue Hulos aujourd'hui détruite.

    A New Religious Sect in Belgium (Leeds Mercury, Wednesday 14 December 1910)-cripple

    Rue Rousseau - juin 2009 (Google StreetView)


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