• Annales des Sciences psychiques (1910)

    Auteur : Directeur : Professeur CHARGES RICHET, Rédacteur en chef : G. de VESME ; Comité de Rédaction : Sir William Crookes, Camille Flammarion, Dr Paul Joire, Marcel Mangin, Dr Joseph Maxwell, Professeur Henri Morselli, Dr Julien Ochorowicz, Colonel Albert de Rochas, Dr Albert von Schrenck-Notzing ; Fondateur : Dr Xavier DARIEX
    Titre : Les Annales des Sciences psychiques, 1er et 16 juin 1910, Echos et nouvelles, p.190 (reproduction d'un article de la Meuse, de Liège, du 16 mai 1910)
    Éditeurs : Société universelle d'études psychiques, 1891 à 1919 (les dernières années sont disponibles sur gallica)
    cf. http://www.autoresespiritasclassicos.com/Pesquisadores%20espiritas/Charles%20Richet/Annales%20des%20Sciences%20Psychique/Annales%20des%20Sciences%20Psychique.htm

       
    L’Antoinisme (1)

        Nos lecteurs ont souvent entendu parler d’Antoine-le-Guérisseur, de Jemeppe-sur-Meuse. On sait qu’il reçoit chaque jour de 500 à 1.200 malades ; c’est plus qu’à Lourdes. Et mieux qu’à Lourdes, des milliers et des milliers de personnes déclarent avoir été guéries par lui, et des maladies les plus graves et les plus diverses, depuis le cancer, le lupus, l’eczéma, jusqu’à la tuberculose, la paralysie et l’épilepsie. On lui écrit de l’étranger ; il reçoit 200 lettres par jour, et des télégrammes de toutes les parties du monde.
        Le dimanche, à 10 heures, ses adeptes se réunissent dans le Temple, à Jemeppe. Pendant des années, le Maître lui-même montait en chaire et développait son enseignement moral. Il était écouté avec une ferveur inconnue dans nos églises et nos temples. Mais depuis quelques mois Antoine ne se montre plus dans le temple, et un de ses adeptes les plus zélés donne lecture d’une de ces brochures qu’Antoine a publiées dans ces deux dernières années et qui ont été distribuées à profusion.
        Mais voici qui va attirer l’attention du pays tout entier sur le guérisseur de Jemeppe. Les adeptes d’Antoine viennent d’adresser au roi et aux chambres une pétition leur demandant de reconnaître par une loi la religion nouvelle qu’il a fondée, l’antoinisme. En quatre mois, ils ont recueilli plus de 150.000 signatures, 120.000 dans la province de Liège, 30.000 dans l’arrondissement de Charleroi, 4.000 à Bruxelles et 4.000 à l’étranger ; ils en auraient recueilli le double s’ils avaient parcouru le restant du pays wallon.
        Quel est donc cet homme extraordinaire, qui, à notre époque, et dans notre pays de scepticisme, crée une foi nouvelle ?
        C’est un simple ouvrier. Louis Antoine est né en 1816, à Mons-Crotteux ; ses adeptes vont visiter la petite maison où il est né. Son père était mineur. Il est descendu lui-même dans la mine pendant deux ans, mais il étouffait sous terre et préféra travailler dans une usine. Il entra à Cockerill, fit son service militaire dans les chasseurs à pied, rentra à Cockerill comme marteleur, passa cinq ans aux aciéries Pastor, à Ruhrort, revint pendant deux ans dans le pays, fut machiniste aux Kessales, fut de nouveau engagé comme chef marteleur par M. Pastor pour les aciéries de Praga, près de Varsovie, où il passa cinq ans ; enfin, revint définitivement à Jemeppe comme encaisseur aux Forges et Tôleries Liégeoises. Il s’était marié en 1873 et eut un fils qui mourut en 1893.
        Antoine, par son travail et son économie, avait gagné une petite fortune ; il rêvait de grandes destinées pour son fils ; après la mort de celui-ci, il résolut de consacrer sa vie et sa fortune à la guérison des malades et au soulagement de toutes les misères physiques et morales. Il quitta le travail et resta chez lui, à la disposition des malades et de tous ceux qui sont dans la peine. Il recevait d’abord une centaine de personnes par jour, puis le bruit de ses guérisons miraculeuses se répandit et, maintenant, on vient de partout, en foules toujours grossissantes. Antoine est d’un désintéressement complet. Il ne reçoit jamais rien de ses malades. Il y avait jadis, dans le temple, un tronc dans lequel les malades pouvaient déposer leur obole et dont le produit était intégralement distribué aux pauvres de Jemeppe. Depuis plusieurs années, Antoine l’a supprimé et dit à ceux qui lui offrent de l’argent de faire eux-mêmes leurs charités. Non seulement il ne reçoit jamais rien, mais il donne aux malades pauvres : il a donné presque tout ce qu’il possédait ; à peine lui reste-t-il de quoi vivre.
        Il vit, d’ailleurs, comme un ascète. Il est végétarien, ne prend ni viande, ni œufs, ni beurre, ni lait. Il reçoit ses malades le matin ; l’après-midi, il se promène dans son petit jardin et prépare son enseignement. Il ne sort jamais de la maisonnette qu’il habite à côté du Temple qu’un adepte reconnaissant a fait construire et où il vit avec son admirable femme et deux orphelines qu’ils ont recueillies et élevées. Depuis cinq ans, il n’est sorti de sa maison que deux fois, pour comparaître devant le tribunal correctionnel et devant la Cour d’appel, du chef d’infractions à la loi sur l’art de guérir ; on sait qu’il fut acquitté et on se souvient des manifestations populaires auxquelles donnèrent lieu ces deux comparutions.
        C’est un saint, et ainsi s’explique la prodigieuse influence morale qu’il exerce sur tous ceux qui l’approchent et qui suivent ses enseignements. Quels sont ces enseignements, quelles sont les doctrines philosophiques d’Antoine, à quoi croit-il ? Antoine a été longtemps catholique, et catholique fervent. Il a toujours été mystique ; on raconte que, quand il était enfant, il quittait ses camarades de jeux pour entrer à l’église et prier. Puis Antoine a été spirite ; aujourd’hui, il est plutôt théosophe. Il croit à la réincarnation, il croit que chacun de nous porte la peine et la récompense de ses vies antérieures, et doit travailler à son amélioration, à son avancement moral, doit se détacher de plus en plus de la matière pour mériter de devenir un pur esprit et se rapprocher de plus en plus de Dieu. Mais Antoine s’explique peu sur ses idées philosophiques ; son enseignement est surtout, on peut même dire uniquement moral ; il prêche le désintéressement, la résignation devant l’épreuve nécessaire, la charité, l’amour même de ses ennemis. Comme guérisseur, il croit que les maux du corps proviennent d’une imperfection de l’âme, et il soigne et guérit l’âme de ses malades; il ne demande pas même aux malades le mal dont ils souffrent...
        Ceux de nos lecteurs qui s’intéressent à Antoine pourront le voir dans son temple lundi prochain. Nous avons dit qu’Antoine ne se montrait plus dans le temple le dimanche ; mais les jours fériés qui ne tombent pas le dimanche, le guérisseur ne reçoit pas les malades individuellement, les uns après les autres. Il les reçoit dans le temple et opère sur tous les malades réunis. Le jour de l’Ascension, quinze mille personnes se pressaient dans le temple et autour du temple. Quatre fois, on a dû faire sortir les malades pour permettre à tout le monde d’entrer. Quatre fois, Antoine est monté en chaire et a opéré. Des guérisons merveilleuses se sont produites : des paralytiques marchaient ; des aveugles voyaient ; ceux qui ont assisté à ce spectacle ne l’oublieront jamais. Et lundi prochain, ce sera la même affluence, et des guérisons nouvelles.

    (1) Tous ceux qui se sont occupés des sciences psychiques ont tout au moins entendu nommer « Antoine le guérisseur ». M. Jules Bois s’est rendu tout exprès, il y a quelques années, dans le bassin houiller de Mons pour étudier le vaste mouvement spirite qui s’est manifesté parmi ces mineurs, dans lequel Antoine apparaissait comme un prophète. Une nouvelle phase de ce mouvement se dessine aujourd’hui : il est intéressant de le suivre, non pas, bien entendu, avec l’œil du mystique, mais avec celui du psychologue. C’est pourquoi nous reproduisons cet article que la Meuse, de Liège, a publié dans son numéro du 16 mai dernier. — Note de la Rédaction.


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  • Enterrement du Père Antoine

    La façade du temple n'est même pas encore enduite. La Rue Rousseau s'appelait alors Rue du Bois-de-Mont.

     15 août 1910 : Jour de la sanctification du Culte et de la consécration du Temple de Jemeppe par Le PERE.

    (Merci à frère Robert Pierrefeu de la correction)


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  • Nouveau SpiritualismeNouveau Spiritualisme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cliquez sur l'image pour agrandir

    Voici deux photos (mises amicalement à notre disposition par la desservante du Temple des Disciples du Père et Mère, à Retinne, soeur Arlette, cf. le lien vers le groupe FaceBook en haut à gauche) illustrant l'évolution de la formation du Culte par le Père Antoine (à l'époque encore Antoine le Guérisseur).


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  • Joseph Massillon, imprimeur à Jemeppe

        On en sait peu sur Joseph Massillon qui tenait une imprimerie à vapeur à Jemeppe dans la rue du Grand Vinâve. On retrouve cependant quelques documents en ligne sur ce magasin qui imprima plusieurs des ouvrages de Louis Antoine et d’autres antoinistes (le fascicule d’Henri Hollange).

    Joseph Massillon, imprimeur à Jemeppe

        Voici sa signature retrouvée sur une lettre de 1901 :

     

    Et voici la devanture de son magasin dans la rue Grand Vinâve :

    Joseph Massillon, imprimeur à Jemeppe

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Joseph Massillon, imprimeur à Jemeppe

    Jemeppe-sur-Meuse - Rue Grand Vinâve
    (au numéro 8, la devanture de l'imprimerie J. Massillon, ici volet fermé)


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  • Antoine le Guérisseur et ses disciples (Excelsior, 16 déc 1910)

                                                        Antoine "le Guérisseur" et ses disciples
        Antoine "le Guérisseur" compte aujourd'hui en Angleterre un grand nombre de disciples. Il exhorte ces derniers à lui conter leurs misères, et sa femme, plus connue sous le nom de "Chère mère", recommande aux visiteurs affligés d'avoir la plus grande foi dans Antoine, son mari. Celui-ci, par ses prières, doit soulager les maux des fidèles qui viennent à lui.

        Les photos sont titrés : Un groupe d'« Antoinistes » devant le temple ; Antoine prêche devant ses disciples réunis dans le temple ; La femme d'Antoine se promène dans le jardin du guérisseur (un peu différence d'une autre). On voit qu'elles proviennent d'articles anglais, d'où peut-être l'indication ici que le Père avait des adeptes en Angleterre.


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  • Antoine le Guérisseur (La Liberté, 12 déc 1910)

    Antoine-le-Guérisseur

    (DE NOTRE CORRESPONDANT)

                             Bruxelles, 10 décembre.
        Je vous ai annoncé, il y a quelques jours, qu'une pétition couverte de 160.000 signatures demandait au Parlement de reconnaître officiellement le culte antoiniste.
        Le fondateur de ce culte nouveau, Louis Antoine, dit « le Guérisseur », est un ouvrier, né à Mons-Crotteux (province de Liège) en 1846, de parents pauvres. Il est le cadet de sa famille qui comptait onze enfants. Il débuta à 12 ans dans la mine, accompagnant son père et un frère qui étaient également mineurs. Ne voulant plus descendre dans la fosse, il devint ouvrier métallurgiste. A l'âge de 24 ans, il quitta la Belgique pour aller travailler en Allemagne où il séjourna pendant cinq ans. Deux ans plus tard, il alla en Pologne et y travailla pendant un nouveau terme de cinq années. Puis il s'installa définitivement à Jemmepe-sur-Meuse, près de Liège.
        Durant son séjour en Allemagne, il revint au pays épouser une femme qu'il avait connue avant son départ et de cette union naquit un fils qui mourut à l'âge de 20 ans. Cette perte douloureuse contribua sans doute à pousser les deux époux vers les bonnes œuvres. Ils avaient amassé une petite fortune, qu'ils sacrifièrent pour venir en aide aux malheureux.
        Antoine le Guérisseur vit très simplement et très sobrement. Il est végétarien dans toute l'acception du terme ; non seulement il s'abstient de viande, mais aussi d'œufs, de beurre et de lait. Depuis quelques années, il vit seul ; sa femme habite avec deux enfants qu'ils ont adoptés. Toutefois, les deux époux n'ont jamais cessé d'être en parfait accord. La femme partage la mission de son mari et le remplace en cas d'empêchement.
        Dès son jeune âge, Antoine se montra d'une piété peu commune. Non seulement il priait souvent, mais il aimait à se recueillir. Il professa le catholicisme jusqu'à l'âge de 42 ans ; puis, il pratiqua le spiritisme jusqu'en 1906, date à laquelle il fonda le « nouveau spiritualisme ».
        Antoine ne possède qu'une instruction rudimentaire. Il base sa doctrine sur la foi, l'amour et le désintéressement, et prétend qu'elle lui a été révélée.
        « Un seul remède, dit-il, peut guérir l'humanité : la foi ; c'est de la foi que naît l'amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu ; car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
        Depuis une dizaine d'années, Antoine s'est mis à guérir les malades par l'imposition des mains. Jamais il n'ordonne de remèdes et il opère gratuitement. Des milliers de gens ont eu recours à lui, de nombreux cas de guérison sont avérés ; bref, sa demeure est devenue un lieu de pèlerinage, et un temple a été construit sur un terrain contigu.
        Voici comment Antoine opère : Quand tout le monde est réuni dans le temple, à dix heures, le Guérisseur paraît. Il gravit les marches de la tribune. Puis, sans prononcer une parole, il étend la main. Et c'est tout.
        Actuellement, il n'opère plus que le 1er et le 15 de chaque mois, ainsi que les jours fériés, sauf les dimanches. Lorsqu'un malade ne peut venir lui-même, il peut se faire remplacer par une personne qui a foi dans le Guérisseur. Souvent, le nombre des fidèles et des malades dépasse le millier. Il en vient de partout : de France, d'Italie, de Portugal, de Russie, voire du Mexique et de la Nouvelle-Zélande ! On raconte qu'un riche propriétaire du midi de la France, guéri par Antoine, vient de consacrer 20.000 francs à l'érection d'un temple, car il y a des groupes « antoinistes » disséminés partout.
        Le temple de Jemeppe est érigé aux confins de la commune. Il a été construit à l'aide des deniers des fidèles.
        Le Guérisseur a eu plusieurs fois maille à partir avec la justice, pour exercice illégal de la médecine, mais il a toujours été acquitté.
        A côté de ses cures, Antoine donne le dimanche un « enseignement » religieux ou plutôt moral, qu'il intitule « l'auréole de la conscience ». Il est parfois éloquent, mais certains jours sa parole est malaisée ; cela dépend des fluides de l'atmosphère...
        Il a une interprète, Mme Desart, qui sténographie l'enseignement d'Antoine, puis les paroles du maître sont publiées en une revue éditée par un des principaux adeptes, M. F. Deregnaucourt. C'est là tout le culte antoiniste.
        Au physique, Antoine est un homme de taille assez haute, mais au dos voûté. Il a les cheveux gris coupés ras. Il porte une redingote fermée jusqu'au cou par une seule rangée de boutons. Il mâche continuellement de la gomme. Son attitude est simple et franche. Pas de pose, pas de bluff. Il est modeste et convaincu.

                                                        Emile Mahieu.

    La Liberté, 12 décembre 1910


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  • Une nouvelle Religion (La Fraternité, 11 déc 1910)

    Une nouvelle Religion

        La Belgique possède une nouvelle religion, la religion Antonine. Cette nouvelle religion compte des centaines de milliers d'adhérents. Elle est donc la deuxième dans le pays d'Albert, puisque les israélites ne sont que 20.000 et les protestants 15.000.
        Les curés du monde entier verront certainement d'un très mauvais œil ce culte rival. Jusqu'ici ces messieurs faisaient étalage des prétendus miracles évangéliques et des guérisons obtenues, à Lourdes et dans les divers sanctuaires du monde catholique. Malgré les démentis que leur infligeait l'histoire, ils déclaraient pour prouver que leur religion était la seule vraie, que le catholicisme avait l'unique privilège de posséder des thaumaturges.
        Or, la religion Antonine possède elle aussi des thaumaturges, et elle peut faire à son tour étalage de guérisons. Comme la religion catholique, elle peut dire : « Je suis la vraie. Voilà mes preuves ! »
        Dans une pétition adressée, en effet, aux députés belges, pétition revêtue de 160.000 signatures, pétition qui a pour but d'obtenir la reconnaissance légale du nouveau culte, nous lisons : « Il est inutile que nous insistions sur le caractère si moral et si élevé de l'enseignement d'Antoine le généreux et sur les merveilleuses guérisons tant morales que physiques qu'il a obtenues et obtient chaque jour.
        « Un simple examen d'un des certificats joints à cette pétition fera comprendre pourquoi nous considérons Antoine le généreux comme un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité qui puissent se rencontrer ».
       
    Un député belge à qui l'on demandait quel accueil peut faire la Chambres à une semblable pétition, a répondu : « Les 160.000 signatures sont parfaitement en règle et jamais pétition aussi importante n'est parvenue à notre Chambre, pas même quand il s'est agi de l'instruction obligatoire.
        Presque tous les adhérents du culte antonin sont des gens estimés, et il y a parmi eux beaucoup d'hommes cultivés : professeurs, médecins, etc... Des milliers d'attestations de guérisons sont jointes à la pétition. Des médecins réputés en ont signé plusieurs.
        « Nous ne pouvons donc pas traiter légèrement un mouvement de cette importance, qui persiste et progresse depuis plus de vingt ans, d'autant plus que la personnalité de son chef est digne de tous respects.
        « Et puis n'oublions pas, en ce qui concerne les pétitionnaires, que ces braves gens n'ont qu'un mot à dire pour que nous ayons à la Chambre un ou deux députés antonistes ».
        En lisant cette déclaration, on ne peut s'empêcher de constater que devant une pareille exhibition de certificats les récits miraculeux des Evangiles pâlissent beaucoup et qu'ils passent au second rang. Les miracles de Lourdes sont enfoncés. Les médecins en renom ont signé les certificats attestant les guérisons obtenues par le pontife de la nouvelle religion. Voilà donc une religion adversaire de la religion catholique qui a son thaumaturge et ses miraculés. Les curés, pour prouver la vérité de leur religion, devront donc chercher autre chose. Trouveront-ils ? Nous attendons.
        Peut-être parleront-ils de charlatanisme ? Peut-être feront-ils appel à des causes naturelles ? Mais alors, nous pourrons leur retourner l'argument !

                                                  A. B.

     

    La Fraternité : Journal de défense républicaine de la région du Nord, puis Organe hebdomadaire radical et radical-socialiste de Roubaix et de ses cantons, 11 décembre 1910


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  • Temple d'Antoine de Guérisseur

    On voit sur cette photo encore l'écriteau qui invite à s'adresser à M. Antoine par cette nouvelle porte amenant dans le temple. Celle-ci est encore surmontée de l'inscription "Les Vignerons du Seigneur". On pense que la façade du temple dans la rue du Bois-de-Mont n'est pas encore faite, puisqu'il n'a pas été jugé bon par le photographe de la représenter.


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  • Temple d'Antoine de Guérisseur (détail)


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  • Père Antoine, intérieur du temple en 1910

    issu de l'article du Illustrated London News


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  • Père Antoine dans son temple (avec Mère)

     


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  • De Hollandsche revue jrg 14, 1909, no 3, 23-03-1909

                 THEOSOPHIA.

        In „Theosophia” van Maart worden vervolgd de „Oude Dagboekbladen” van H. S. Olcott en de vertaling van C. S. A. E.
        Thierens geeft het slot van zijn studie over „Karaktervorming en opvoeding”. De volgende bijdrage is van Marie C. Denier van der Gon, die een en ander meedeelt over „Bâbisme en Behaïsme”. Het Bâbisme is de leer van den Bâb, die door ongeveer een half millioen Perzen wordt beleden. De verkondiger dezer leer viel als slachtoffer van zijn streven in 1850 toen de regeering hem deed fusilleeren.
        Het Bâbisme treedt als een geheele nieuwe godsdienst op.; deze godsdienst staat tot den Islam in geen andere verhouding dan de Islam tot het Christendom en het Christendom tot het Jodendom, d.w.z. de Bab acht de evolutie van het tegenwoordige menschdom reeds zoover gevorderd, dat het de vroegere inkleeding der waarheid niet meer behoeft en deze dus gegeven kan worden, ontdaan van den ouden vorm, van veel dat thans overbodig is en in een ander omhulsel, dat beter zich aanpast aan de nooden van den tegenwoordigen tijd.
        Geheel zonder ritueel konden de menschen nog niet zijn, meende de Bab, maar toch liet hij vele oude gebruiken vervallen.
        De opvolgers van den Bâb waren Sobh-i-Ezel, die op Cyprus leeft en slechts weinig aanhangers heeft, en Behâ-Ullah. Zijn leer is in grondbeginsel dezelfde als die van den Bâb. Over de vraag van het leven na den dood glijdt hij heen, evenals zijn voorganger, door te zeggen dat God alleen weet wat na den dood gebeuren zal. De taak van den mensch is om hier op narde goed te zijn en een rijk van vrede en liefde te stichten. Daarom acht Behâ-Ullah het nuttig met belijders van andere godsdiensten in aanraking te komen en andere talen aan te leeren, want dit alles zal zeker ten goede komen aan de verbreiding deiwaarheid en langzamerhand zullen zoodoende alle menschen één worden in geloof en in liefde. Dan zullen alle uitgediende leerstellingen, vormen en gebruiken vervallen, de twistappel zal verdwijnen en de broederschap der menschen een werkelijkheid worden.
        Verder deelt Marie C. Denier van der Gon de volgende merkwaardige denkbeelden mee over het erfrecht onder Babbisten:

    Behâ-Ullah noemt zeven klassen van erfgenamen,
    nl.: kinderen, vrouwen, vaders, moeders, broe-
    ders, zusters en onderwijzers, die te zamen erven
    met erfdeelen in afdalende reeks. Bij ontstentenis
    van één dezer erfgenamen komt het overblijven-
    de erfdeel aan het „Huis der rechtvaardigheid”,
    het lichaam dat in elke stad aanwezig behoort
    te zijn en dat voor de belangen der gemeente en
    voor de armen waakt. Ook aan dit huis zouden
    de verschillende boeten moeten vervallen. De
    straffen zullen zijn: geldboeten, gevangenisstraf
    en in geval van herhaalden diefstal: brandmerk;
    alleen op moord en brandstichting zal de dood-
    straf staan, die echter door levenslange gevange-
    nis vervangen kan worden.

        Deze studie zal in de volgende aflevering vervolgd worden.
        Een vervolg is ook geplaatst van Annie Besant's „Occulte Scheikunde” en van dezelfde schrijfster ook nog een fragment van „Een inleiding tot Yoga”. Behalve de maandelijksche rubrieken vinden we als laatste bijdrage „Een Hedendaagsch Heilige” door E. Windust.
        Hierin worden besproken de wonderbaarlijke genezingen van Antoine le Guérisseur (Antonius den Heeler), die vroeger een eenvoudig werkman was in de Belgische steenkolenmijnen, doch thans honderden landgenooten door zijn geestelijke genezingen tot zich trekt.
        „Ik hechtte, verklaart de heer E. Windust, eerst weinig waarde aan de verhalen, die over dezen wondergenezer in omloop waren, maar in België zijnde, werden ze mij bevestigd door zoovele geloofwaardige menschen, dat ik hoe langer hoe meer in de zaak belang begon te stellen, zoodat toen een dame, die vroeger doof was en waarmede ik nu gewoon spreken kon, mij vertelde, dat die onverhoopte verbetering door Antoine le Guérisseur tot stand was gebracht, mijn belangstelling aanmerkelijk steeg en toen zij mij voorstelde met haar hem een bezoek te brengen, ik „het gaarne aannam.” De heer Windust deelt daarop mee, dat de vrienden van den „genezer” voor hem een kerkje lieten bouwen, dat's weeks dienst doet als wachtkamer en waar hij 's Zondags preekt.
        Het groote verschil met ons Staphorster Boertje en onze De Haas is, dat deze huismiddeltjes als kruiden enz., voorschrijven, terwijl de Belgische heeler alle geneesmiddelen versmaadt en alleen op het geloof vertrouwt. Van zeven uur 's morgens tot twaalf uur ontvangt „le Guérisseur” zijn patiënten. Den middag wijdt hij aan zijn korrespondentie. Hij wordt overstelpt met brieven, maar beantwoordt ze niet, althans niet schriftelijk; maar volgens het zeggen van zijn bewonderaars leest hij toch alle brieven en beantwoordt ze door gedachten op zoodanige wijze, dat velen op een afstand door hem geholpen worden.

    De Hollandsche revue jrg 14, 1909, no 3, 23-03-1909

     

    Traduction :

                 THEOSOPHIE.

        Dans "Theosophia" de mars, on suit le "Vieux Journal Intime" de H. S. Olcott et la traduction de C. S. A. E.
        Thierens termine son étude sur "La formation du caractère et l'éducation". La prochaine contribution est de Marie C. Denier van der Gon, qui donne quelques informations sur le "Bâbisme et le Bahaïsme". Le bâbisme est l'enseignement du Bâb, qui est professé par environ un demi-million de Perses. Le proclamateur de cette doctrine a été victime de ses efforts en 1850 lorsque le gouvernement l'a fait fusiller.
        Le babisme agit comme une religion entièrement nouvelle ; cette religion n'a pas d'autre rapport à l'islam que l'islam au christianisme et le christianisme au judaïsme, c'est-à-dire que Bab considère que l'évolution de l'humanité actuelle est si avancée qu'elle ne nécessite plus l'ancien habit de la vérité et peut donc être donnée, au lieu de cet ancienne forme, sans chose maintenant superflue et sous une autre forme, mieux adaptée aux besoins du temps actuel.
        Les hommes ne pouvaient pas encore vivre sans rituel du tout, croyait Bab, mais il abandonna beaucoup de vieilles coutumes.
        Les successeurs des Bâb étaient Sobh-i-Ezel, qui vit à Chypre et a peu de disciples, et Behâ-Ullah. Son enseignement est en principe le même que celui du Bâb. Sur la question de la vie après la mort, il glisse, comme son prédécesseur, en disant que Dieu seul sait ce qui arrivera après la mort. La tâche de l'humanité est d'être bonne sur terre et d'établir un royaume de paix et d'amour. Behâ-Ullah juge donc utile d'entrer en contact avec des confesseurs d'autres religions et d'apprendre d'autres langues, car tout cela favorisera certainement la diffusion de la vérité et peu à peu tous les hommes ne feront qu'un dans la foi et dans l'amour. Alors toutes les doctrines, formes et coutumes qui ont été suivies s'écrouleront, la pomme de discorde disparaîtra, et la fraternité des hommes deviendra une réalité.
        Marie C. Denier van der Gon partage également les idées remarquables suivantes sur le droit successoral des babbistes :

    Behâ-Ullah mentionne sept classes d'héritiers,
    à savoir : enfants, femmes, pères, mères, mères, frè-
    res, sœurs et enseignants, qui héritent ensemble
    avec des parties patrimoniales en séries décroissantes. En l'absence
    d'un de ces héritiers, le reste se laissé
    en héritage dans la "Maison de la Justice",
    l'organisme présent dans chaque ville
    et que, dans l'intérêt de la communauté et des pauvres.
    De même par cette Maison,
    les différentes amendes seront annulées. Les
    sanctions seront : des amendes, des peines de prison
    et en cas de vols répétés : marquage au feu ;
    seuls le meurtre et l'incendie criminel seront punis de mort,
    qui peut toutefois être remplacée par la réclusion à perpétuité.

        Cette étude sera poursuivie dans le prochain numéro.
        Une suite de "Chimie occulte" d'Annie Besant est également placée, ainsi qu'un fragment de "Une introduction au Yoga" du même auteur. Sauf pour les sections mensuelles nous trouvons comme dernière contribution "Un Saint Contemporain" de E. Windust.
        On y parle des guérisons miraculeuses d'Antoine le Guérisseur, qui était un simple ouvrier dans les mines de charbon belges, mais qui attire maintenant des centaines de compatriotes par ses guérisons spirituelles.
        "J'ai porté, explique M. E. Windust, d'abord peu de valeur aux histoires qui circulaient sur ce guérisseur miracle, mais étant en Belgique, elles m'ont été confirmées par tant de personnes crédibles, que j'ai commencé à m'intéresser de plus en plus à la question, si bien que quand une femme qui était sourde et avec qui je pouvais parler maintenant, m'a dit que cette amélioration inattendue avait été apportée par Antoine le Guérisseur, mon intérêt a considérablement augmenté et quand elle me proposa de lui rendre visite, "j’ai accepté avec plaisir". M. Windust m'a alors informé que les amis du "guérisseur" avaient fait construire pour lui une église qui lui sert de salle d'attente pendant les semaines et où il prêche le dimanche.
        La grande différence avec notre Staphorster Boertje et notre De Haas est qu’ils prescrivent des remèdes maison comme les herbes, etc., alors que le guérisseur belge méprise tous les médicaments et ne compte que sur la foi. De sept heures du matin à midi, "le Guérisseur" reçoit ses patients. L'après-midi, il se consacre à sa correspondance. Il était submergé de lettres, mais il n'y répondait pas, du moins pas par écrit ; mais selon ses admirateurs, il lisait toutes les lettres et y répondait par des pensées de telle manière que beaucoup de gens étaient aidés par lui de loin.


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  • Père à la tribune

    Père à la tribune


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  • Temple de Jemeppe en 1910 (The Illustrated London News)

    The centre of a new religion, the temple of the disciples of "Antoine the Healer", at Jemeppe-sur-Meuse.

    Le centre d'une nouvelle religion, le temple des disciples d'"Antoine le guérisseur", à Jemeppe-sur-Meuse.

    Photo de l'article du Illustrated London News.


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  • Le Prophète de Jemeppe (Le Matin 16 février 1909) LE PROPHÈTE
                     DE JEMEPPE

        MAUBEUGE, 15 février. - Dépêche de notre envoyé spécial. - C’était hier un des jours de consultation, si j’ose dire, d’Antoine, le guérisseur, le prophète de Jemeppe-sur-Meuse, et non sur Sambre, ainsi qu’une erreur de transmission téléphonique me le faisait dire. J’ai voulu me mêler à la foule des pèlerins et frissonner un peu de la fièvre d’espoir qui précipite tous ces gens vers l’illuminé.
        Je n’ai pas de chance, pour une fois que j’étais là. Nul cas de guérison miraculeuse ne s’est produit, mais je dois reconnaitre que le prestige du prophète n’en fut en rien diminué.
        Lorsqu’à dix heures j’arrivai à Jemeppe, le temple d’Antoine était déjà bondé, et c’était dans la rue la file lamentable des souffreteux qui, les pieds dans la boue et la pluie sur la tête, attendaient la faveur de pénétrer dans le sanctuaire. Il y avait là des gens de toutes les catégories ; les fourrures somptueuses frôlaient les cottes rudes, et des femmes superbement empanachées voisinaient avec des pauvresses coiffées de leurs seuls cheveux. Mais sur toutes ces faces crispées par des maux ignorés se lisait une même espérance passionnée, chimérique, enivrante ; et j’entendis une femme du peuple, penchée vers un bambin, qu’une toux convulsive secouait en brusques heurts, dire à l’enfant :
        - Ce n’est rien, va, mon petiot. Tout à l’heure, quand tu auras vu Antoine, tu pourras courir avec tes camarades, comme l’année dernière, tu sais bien ?
        Cependant, la foule, toujours renouvelée, s’écoule assez rapidement. C’est qu’Antoine ne retient pas longtemps ses malades. Contre la porte de la petite pièce où il reçoit s’ouvre un guichet. Chaque client y reçoit un numéro d’ordre et pénètre à son tour auprès du maître. La cérémonie est simple, la même à peu près pour chacun. De sa voix molle, un peu hésitante, le guérisseur prononce quelques mots :
        Pensez à l’amour divin. Pensez à moi, souvent ! Vous n’êtes plus malade ! Croyez-le bien ! Allez ! Allez !...
        Et, de la main, il congédie doucement le visiteur rasséréné. Cela dure toute la journée, et jamais une parole de doute ou de récrimination ne s’élève.
        Je m’approchai d’un vieil ouvrier, au moment où il quittait le guérisseur. La faiblesse le faisait tituber et ses yeux brillaient d’un éclat de fièvre.
        – Eh bien ! lui dis-je, cela va-t-il mieux ?
        – Je ne le sens pas encore, monsieur, répondit l’homme, mais certainement je vais me guérir. Antoine me l’a dit !
        Et il s’en fut, tachant d’affermir son pas, fortifié par une certitude plus profonde d’être mystérieux.
        Louis Antoine est peut-être bien un grand médecin.

    Le Matin, 16 février 1909


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  • Un prophète au pays noir (Le Matin 15 février 1909)UN PROPHETE AU PAYS NOIR

    Il a un temple et des fidèles : S’il n’est certain
    qu’il guérisse, il fait, du moins, fleurir
    le commerce

        MAUBEUGE, 14 février. - Par dépêche de notre envoyé spécial. — Louis Antoine est un prophète. Que dis-je ? Un prophète, un demi-dieu tout au moins, car d’un geste, d’un mot, d’un regard, il vivifie les égrotants, rafraichit les fiévreux et fait gambader cagneux, bancals et boiteux !
        J’ai connu l’émouvant honneur de causer avec lui hier à Jemeppe-sur-Sambre, où j’étais venu tout exprès pour me courber sous le dictame de sa parole.
        Avant d’être admis en la présence d’un homme doué de qualités aussi remarquables, j’avais entendu raconter des choses fantastiques. Ici, c’est une femme de soixante-dix ans, atteinte d’un cancer à l’estomac, abandonnée par les médecins, et qui, après sa visite à Antoine, se reprend à boire de la bière et à manger des biftecks saignants sans le moindre embarras. Là, c’est un homme perclus de rhumatismes, dont les souffrances sont brusquement abolies. Que sais-je encore ? Pour tout dire, ces cures ne sont point si fréquentes que certains voudraient le faire entendre. C’est du moins ce que l’on chuchote à Jemeppe, où le nom d’Antoine fait éclore quelques sourires sceptiques : nul n’est prophète en son pays.
        Néanmoins le guérisseur y est entouré de la considération due à un homme qui contribue puissamment à la prospérité du commerce local. Lorsque je m’informai de la demeure d’Antoine, chacun me désigna un petit clocheton qui s’élève au-dessus des maisons.
        — Vous le trouverez dans son temple.
        On a beau n’être pas d’une excessive timidité, avoir « reporté » et interviewé un peu partout, l’idée d’aborder un monsieur qui demeure dans son propre temple procure une petite émotion. Je me bardai d’aplomb pour me présenter au seuil d’un édifice en briques, construit selon les plus déplorables formules de la moderne architecture catholique. Mais je me heurtai à une sorte de servante-sacristain, qui me déclara tout net que « le Maître » ne recevait pas ce jour-ci, car cela « contrariait les lois éternelles et coupait le fluide ».
        Si épouvanté que je fusse par l’idée de « couper le fluide », j’insistai pourtant avec une telle vigueur, que la porte du temple s’ouvrit devant moi. Je me trouvai dans une chapelle où l’autel était remplacé par une tribune, devant laquelle s’alignaient des rangées de bancs.
        Soudain, au fond, une porte (j’allais dire la porte de la sacristie) s’entrebâilla, et je vis apparaitre le prophète.
        Hélas ! nous vivons à une époque désolante, où les prophètes eux-mêmes, ressemblent à des huissiers de province. L’homme que j’avais devant moi paraissait avoir une soixantaine d’années. Il était vêtu d’une redingote noire assez fatiguée ; son regard incertain et vague se révélait sous d’épais sourcils, et en dépit de la lourde moustache tombante et de la barbe blanche taillée en pointe, une impression de timidité un peu falote se dégageait de sa physionomie.
        - Lisez ! ordonna-t-il.
        Et son doigt désignait une inscription qui étalait sur les murs du temple, au-dessus de la brique, ces mots admirables : « Un seul remède peut guérir l’humanité : la foi. C’est de la foi que nait l’amour, l’amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c’est ne pas aimer Dieu, car c’est l’amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. C’est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu’il est pur et de vérité. »
        Ayant lu, je regardai M. Antoine d’un cil plein d’inquiétude.
        – Voilà ! dit-il. Maintenant allez, vous êtes guéri. Pensez à Antoine.
        Et il me tourna le dos.
        Désespérant, j’attrapai une basque de sa redingote et je lui expliquai que ce n’était point le souci de ma santé qui m’amenait vers lui, mais l’écho de sa gloire.
        Je ne suis qu’un pauvre ouvrier, dit-il d’une voix, dolente. J’ai travaillé longtemps dans une usine de métallurgie. Déjà je m’occupais de spiritisme. J’étais malade, très malade ; les médecins me disaient qu’il n’y avait rien à faire. Alors j’ai prié. Les esprits m’ont transmis l’espoir divin, et je me suis guéri tout seul. Des gens sont venus à moi ; je les ai guéris aussi. C’est la foi ! J’étais inspiré, j’avais la certitude de la non-existence du mal et de l’auréole de la conscience. C’est tout naturel.
        Ce discours me jeta dans un grand désarroi cérébral.
        - Mais comment guérissez-vous ? m’écriai-je, tout angoissé.
        - Je ne mange jamais de viande, répondit le prophète, et jamais je ne franchis le seuil de ce temple.
        Peu à peu le guérisseur se mit en confiance. Il me raconta qu’il n’acceptait jamais la moindre obole pour prix de ses inestimables services ; mais que ce fut une grande joie dans sa vie lorsqu’une dame très riche, et qu’il avait guérie, lui avait fait construire le temple où nous nous trouvions. Il m’avoua encore qu’il rencontrait bien des obstacles dans l’exercice de son sacerdoce ; que certains malades n’arrivaient pas auprès de lui dans un état d’extase suffisant, et que d’autres s’obstinaient à avaler des médicaments, ce qui nuisait beaucoup à l’efficacité de son action. Je sus enfin que les médecins avaient tenté de lui créer des ennuis, et que les prêtres eux-mêmes n’appréciaient point son apostolat avec toute l’onction désirable.
        Quand je fis mine de me retirer, M. Antoine posa une main tutélaire sur mon épaule :
        - C’est bien à vous, mon fils, me dit-il, d’être venu voir un pauvre homme sans instruction comme moi. Un pauvre homme inspiré, oui, mais pas intelligent, pas très intelligent.

    Le Matin, 15 février 1909


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  • Armand Meyers, avocat général lors du procès du 16 octobre 1907 Armand Meyers
    (Marie Guillaume Armand Meyers)
    Titres: baron Meyers

        Né le 17 mars 1862 - Tongres
        Décédé le 26 novembre 1951 - Liège , à l’âge de 89 ans
        Proc. gén. émér. près la Cour d'Appel de Liège

    La famille Meyers fut anoblie en 1929 en la personne d'Armand Meyers.

        En 1907, une adepte de Nice exprimait sa gratitude envers l'avocat-général Meyers qui prononça un réquisitoire en faveur de Louis Antoine lors de son deuxième procès.
        M. l'avocat général Meyers, dans son réquisitoire réclame l'acquittement pour Antoine, car celui-ci guérit, mais ne pratique pas l'art de guérir, ne faisant aucune passe ou autre, il ne fait que dire "guérissez", alors que Jeanfils fait des passes, lui sera condamné, pour l'exemple certainement.

        Au deuxième acquittement d'Antoine, Henri Hollange sera certainement l'auteur d'un autre éloge à Antoine dans une lettre adressée à l'avocat général, Meyers (cf. p.156 de Debouxhtay) :
        Ah ! Monsieur l'avocat général, j'ose vous dire qu'un jour vous pleurerez des larmes de joie et de bonheur, d'avoir soutenu la cause d'une âme d'élite, d'un esprit aussi éminent, de l'envoyé de Dieu pour régénérer l'humanité, de ce grand médecin des âmes, comme vous l'avez si bien démontré, car pour lui le corps n'est rien. [...]
        Alors, en ce temps-là, Monsieur l'avocat général Meyers sera inscrit au panthéon d'amour et de charité, à la colonne lumineuse qui doit éclairer l'humanité pour avoir soutenu et défendu l'esprit qui a pour mission de faire progresser les hommes et qui leur dira à son tour : "Mon royaume n'est point de ce monde".
        Merci encore, Monsieur l'avocat général, et que Dieu vous bénisse et vous protège.
              Un ami de la Vérité


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  • Illustration extraite de la Revue Belge Illustrée pour TOUS « LE MOIS CHEZ NOUS ».

    La Meuse en reproduit le texte dans un article du 28 octobre 1911.


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  • Antoine the Healer - The Illustrated London News (Saturday, December 17, 1910) Antoine the Healer - The Illustrated London News (Saturday, December 17, 1910)

         

    Antoinisme - a new religion.

    In Belgium a new cult has come into being under the name, of "Antoinistes," or followers of Antoine the Healer, of Jemeppe-sur-Meuse, near Liege. The number of his disciples has increased rapidly, and a petition, signed by 160,000 of them, has just been presented to the Belgian Government asking that the new cult may be legalised, as are the Catholic, Protestant, and Jewish religions, in order that it may share in certain civil advantages connected mainly with the property rights of its various temples. Antoine the Healer holds a silent service in his temple at Jemeppe-sur-Meuse on four days of each week (not on Sundays). He merely faces his congregation with lifted hand for a full minute, and walks out: then an adept save, "Everyone whose faith is strong enough must be cured." Louis Antoine, who is sixty-five, was formerly a coal miner. He is a vegetarian and a hermit, speaking to no one, except by telephone. His wife, Madame Antoine, "The Good Mother," performs cures as his deputy by waving her hand, and invoking "Antoine the Healer."

    The Illustrated London News,
    Saturday, December 17, 1910

    cf. également https://archive.org

     

    Traduction :

       Antoinisme - une nouvelle religion.
    En Belgique, un nouveau culte a vu le jour sous le nom d'"Antoinistes", ou adeptes d'Antoine le Guérisseur, de Jemeppe-sur-Meuse, près de Liège. Le nombre de ses disciples a augmenté rapidement, et une pétition, signée par 160 000 d'entre eux, vient d'être présentée au gouvernement belge demandant que le nouveau culte soit légalisé, comme le sont les religions catholique, protestante et juive, afin qu'elle puisse bénéficier de certains avantages civils liés principalement aux droits de propriété de ses différents temples. Antoine le Guérisseur tient un culte silencieux dans son temple à Jemeppe-sur-Meuse quatre jours par semaine (pas le dimanche). Il se contente de faire face à sa congrégation la main levée pendant une minute entière, et s'en va : puis un sauf adepte, "Quiconque a la foi assez forte doit être guéri". Louis Antoine, soixante-cinq ans, est un ancien mineur de charbon. Il est végétarien et ermite, ne parlant à personne, sauf par téléphone. Sa femme, Madame Antoine, "La Bonne Mère", fait office d'adjointe en faisant un mouvement de la main et en invoquant "Antoine le Guérisseur".

        cf. l'article du New York Times.


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