•     En France, depuis la loi de séparation des Eglises d’avec l’Etat, nous ne devons plus laïquement connaître que des Français, qu’ils soient ce qu’il leur plaira d’être, catholiques, protestants, juifs ou musulmans, voire sans aucune étiquette religieuse. 
        Cependant il ne faut pas oublier que la France d’aujourd’hui est une grande puissance musulmane, et s’il plaisait à quelques richissimes mahométans de venir à Paris affirmer leur foi, en élevant une mosquée sur la rive gauche de la Seine, en face du Sacré-Cœur de Montmartre, on ne saurait y trouver à redire, puisque tous les cultes qui n’offensent pas la moralité publique, peuvent être pratiqués librement chez nous, en se conformant aux lois. 
        Les Antonins, de Belgique (adeptes d’Antoine le Généreux), ont bien un temple à Jemmapes-sur-Meuse et, après les Vieux catholiques de 1870, les Nouveaux chrétiens élèvent la voix à leur tour. 
    Ces modificateurs religieux sont des spirites-chrétiens qui rêvent la tâche extraordinairement difficile de relier plus étroitement (?) le spiritisme avec le christianisme. Les consciences sont libres, il ne faut pas rebuter les audacieux. Les spirites sont déjà divisés en un nombre respectable de sectes ne s’accordant guère entre elles que sur quelques points principaux. 
        Si l’on faisait, en France, un recensement consciencieux des groupements religieux portant un nom distinct, peut-être arriverait-on à un résultat approchant de bien près celui obtenu en 1906, aux Etats-Unis d’Amérique, où l’on a constaté le nombre, de 186 groupements. 
        O ! sainte Inquisition, où est-tu ? Toi, qui par une intuition de génie que nous, nous abstenons de qualifier, fut si effroyablement fortifiée par la confession auriculaire rendue obligatoire par acte du quatrième concile de Latran tenu en 1215. Par ce fait, ô sainte Inquisition ! tu devenais omnisciente, tu acquérais l’ubiquité, tu pénétrais ainsi dans toutes les affaires domestiques, aucun être ne se trouvait plus en sûreté, même à son propre foyer !...
        Nous n’osons espérer que l’apaisement, tel qu’il y en a qui le conçoivent à l’heure présente, nous ramène ces temps bénis. L’Inquisition a aujourd’hui disparu presque complètement de nos mœurs, bien que le cadre principal existe toujours ; mais la confession auriculaire subsiste et la perpétue, sous une forme évidemment moins sauvage mais non cependant sans danger pour la dignité morale humaine, sinon pour la sécurité de l’être. 

    Une Flamine, Conflits religieux et laïques, p.196 (La Nouvelle revue, mai 1911) pp.195-202


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  • Antoine le Guérisseur (L'Univers 1 avril 1912)

    Antoine le Guérisseur

        Puisque la presse parisienne commence à parler d'un soi-disant nouveau Messie, Louis Antoine, dit le Guérisseur, il faut bien se résoudre à parler de l'individu qui se donne pour tel. Ce ne sera point d'ailleurs le faire bénéficier d'une réclame, tant est déjà considérable la propagande de sa doctrine, surtout dans nos campagnes ; mais on pourra peut-être, ainsi prémunir des gens trop crédules contre le travestissement religieux dont s'affuble le personnage.
       Nous avons sous les yeux la minuscule brochure qui contient, outre sa bibliographie, la préface de sa prétendue religion, dite « l'Auréole de la conscience ». M. F. Deregnaucourt, éditeur de son enseignement, et Mme Desart, qui l'a sténographié, certifient en avoir reçu de lui-même la révélation dans son temple de Jemeppe-sur-Meuse, de 1906 à 1909.
        Selon ces deux adeptes autorisés, des milliers de cures, tant physiques que morales, ont été obtenues et s'obtiennent encore journellement au contact du guérisseur qu'ils appellent le « Régénérateur de l'humanité ». Ce contact aurait quelque chose de magnétique. En effet, si Antoine « nous révèle le but de la vie, la loi morale, les moyens d'arriver au bonheur suprême », il démontre, en particulier, « l'intelligence et les fluides qui nous donnent la pensée ». Dès la première page se trahit une sorte de spiritisme qui s'affirmera plus loin, au milieu de vagues notions du christianisme ; car il prétend aussi nous instruire « sur l'histoire d'Adam et sa défaillance, sur la façon dont on peut apprécier le rôle de Dieu, sa bonté, son amour ».

    *
    *    *

        Louis Antoine naquit en 1846, dans la province de Liége. Ouvrier mineur, puis métallurgiste, il quitta la Belgique à vingt-quatre ans, travailla en Allemagne et en Pologne russe et, après avoir acquis une petite fortune, revint, au bout de dix ans, s'installer près de Liége, à Jemeppe-sur-Meuse. Dans l'intervalle de son séjour en Allemagne, il était retourné au pays pour se marier. Les deux époux ayant perdu leur fils âgé de vingt ans, purent supporter ce malheur « grâce à leur grande foi », et se dévouèrent désormais au soulagement des malheureux.
        Le mari est végétarien, au point de ne rien prendre qui provienne de l'animal. Son travail du jour et de la nuit pour ceux qui font appel à son concours, exige un recueillement constant ; c'est pourquoi il vit absolument seul. » La femme habite avec deux enfants qu'ils ont élevés ; « elle partage en tout sa mission ; elle remplace son époux et opère en son nom quand il doit s'abstenir ».
        Antoine « professa la religion catholique jusqu'à l'âge de 42 ans, puis il s'appliqua à la pratique du spiritisme, sans s'attarder toutefois dans le domaine expérimental ; ...il lui préféra la morale et s'y adonna de tout cœur » ; enfin, en 1906, il créa « le nouveau spiritualisme ; c'est là que commence sa mission de révélateur ».
        D'abord, catholique quelconque, il fit une chute dans le spiritisme ; mais, comme il ne peut s'y distinguer, il essaie de se relever en accommodant à sa façon ce qui lui reste de la morale chrétienne, et il s'imagine créer ainsi un nouveau spiritualisme ; en somme, il est devenu une sorte d'illuminé.

    *
    *    *

        Depuis vingt et un ans qu'il est « en contact incessant » avec une « quantité innombrable de malades, son être moral n'a fait que grandir et développer en lui une puissance ignorée jusqu'à ce jour »; en se sacrifiant à l'humanité souffrante, « il s'est acquis des vertus, la foi, l'amour, le désintéressement », qui lui ont permis de fonder le nouveau spiritualisme sur la base inébranlable de la foi pure ». C'est de cette foi que naît l'amour pur qui se puise au sein de Dieu ; car il existe « un Dieu bon et miséricordieux ». La vraie religion n'est autre que cela. Mais voici que, pour M. Deregnaucourt et Mme Desart, il n'y a pas grande différence entre Dieu et leur guérisseur, comme si celui-ci était une incarnation de celui-là. Ils l'appellent « notre bon Père » et ils disent de lui : « Il possède le baume par excellence, l'amour vrai, qui guérit toute plaie et il le prodigue à toute l'humanité, car il est le médecin de l'âme plutôt que du corps... Nous faisons de lui notre sauveur ; disons qu'il est notre Dieu, parce qu'il est notre serviteur. »
        Mais c'est un dieu fort accommodant, assez semblable au dieu des bonnes gens de Béranger : « Ne croyez pas qu'Antoine le Guérisseur demande l'établissement d'une religion qui restreigne ses adeptes dans un cercle, les obligeant à pratiquer sa doctrine, à observer certain rite, à suivre une opinion quelconque, à quitter leur religion pour venir à lui. Non, il n'en est pas ainsi. » Quand nous serons pénétrés de son enseignement, « nous aurons les mêmes égards pour toutes les religions et même pour l'incroyance. »
        Cette dernière citation permet de juger de ce que vaut la doctrine.
        Néanmoins, nombre de nos campagnards se laissent séduire par les grands mots d'amour pur, de foi pure, de spiritualisme, mais plus encore, c'est probable, par le caractère mystérieux du spiritisme, et ils vont consulter les représentants du soi-disant guérisseur. Ne croyant plus guère en Dieu, ils croient toujours aux sorciers.

    J. MESSIRE.


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  • Culte antonin (Le Progrès. Journal de l'arrondissement d'Orléansville 16 fév 1911)

    Une nouvelle religion, le culte antonin.

        Nous voici avec une nouvelle religion. Elle nous vient de Belgique, agréable pays des Gascons du Nord.
        En ces lieux vit Antoine le Généreux, vagabond de sa nature, guérisseur de son état, saint de par la reconnaissance de ses clients. Ceux-ci ont demandé au Gouvernement belge de reconnaître le « culte antonin », qui recrute des adeptes dans toutes les classes.
        Depuis Jérémie, en passant par Mlle Couesdon, le métier de prophète et de sauveur, fait donner gloire, pain et beurre par dessus le marché ?

    Le Progrès. Journal de l'arrondissement d'Orléansville, 16 février 1911


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  • Chronique - Au Balcon - Le besoin religieux (La Revue du mois 1911)

    CHRONIQUE

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    AU BALCON

                                                                                                                   Le besoin religieux

        Le Matin du 6 décembre dernier annonce que la Belgique possède une nouvelle religion, dont un certain Antoine le Généreux, ou le Guérisseur, est le chef, le souverain pontife, – qui sait ? – peut-être le dieu incarné. L’antoninisme existait déjà depuis de longues années en 1907, s’il faut en croire le n° 1 de l’Auréole de la conscience (revue mensuelle de l’enseignement du Nouveau Spiritualisme fondé par Antoine le Guérisseur – chez Antoine le Guérisseur à Jemeppe-sur-Meuse, Belgique), petite brochure que le hasard m’a fait retrouver parmi de vieux papiers. Ce qui donne de l’actualité à cette église récente, c’est qu’elle vient de déposer sur le bureau de la Chambre des Représentants à Bruxelles une pétition revêtue, paraît-il, de 160.000 signatures : elle réclame la reconnaissance officielle de son culte afin que ses immeubles soient exemptés des droits de mutation.
        Il n’y a rien de nouveau sous le soleil : on annonçait, en ce même mois de décembre 1910, la mort de Mme Eddy qui avait fondé aux États-Unis l’Église de la science chrétienne et avait réuni près d’un million d’adeptes. Mme Eddy niait la maladie, Antoine le Généreux nie le mal. Y a-t-il entre leurs deux doctrines un lien de filiation ou une simple coïncidence ? peu nous importe ici. L’intéressant est de constater le besoin religieux sous une de ses formes particulières.
        Mais pourquoi, dira-t-on, ne pas se contenter d’observer la persistance des vieilles religions constituées ? Elles aussi témoignent de la réalité du besoin religieux elles sont là pour le satisfaire. Sans doute. Le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme, le mahométisme, le bouddhisme, servent à des âmes nombreuses leur ration d’au-delà. Mais s’ils rassasient quelques grands affamés, ils ont aussi affaire à de très médiocres appétits qui se manifestent surtout sous l’impulsion d’habitudes acquises par tradition. Tandis que le fait d’embrasser une foi nouvelle suppose toujours une forte tension de l’esprit vers le divin.
         Les libres penseurs ont quelquefois le tort de s’exagérer leurs succès et de croire que la religion ne relève plus que de l’archéologie elle est au contraire un phénomène sociologique encore très moderne et beaucoup plus général que son contraire, même dans notre monde civilisé actuel. Ils ne devraient pas perdre de vue que les fondations de sectes ou de doctrines mystiques ne cessent de se produire de temps en temps ; et je ne parle pas de celles qui, telle l’Église gnostique restaurée, séduisent quelques dizaines de personnes, mais de celles dont les adhérents se comptent par milliers.
        Nous en rappellerons quelques-unes, qui toutes datent de moins de cent ans.
        Et d’abord le Mormonisme fondé vers 1830 par Joseph Smith. On sait que ce prophète retrouva une Bible, la Bible des tribus disparues du peuple israélite. Il acheta chez un brocanteur un vieux papyrus égyptien, papyrus d’ailleurs connu de nos égyptologues qui l’ont déchiffré ; mais lui, qui ignorait tout des caractères hiéroglyphiques, y compris leur origine, trouva un moyen bien simple pour les lire couramment. Un ange lui apparut et lui donna deux pierres merveilleuses, l’urim et le thurim, avec la manière de s’en servir. Il n’eut qu’à regarder à travers elles son grimoire, comme les myopes lisent à travers les deux verres de leur lorgnon, pour le voir transcrit en caractères latins et en bon anglais d’Amérique. Il n’eut plus qu’à copier ; cela fit le Livre saint des Mormons. Joseph Smith eut de nombreux disciples, et il mourut lui-même pour sa foi, qu’arrosa encore le sang d’autres martyrs. Pour avoir la liberté de leur culte, les Mormons s’imposèrent de rudes épreuves ils traversèrent un long désert, et fondèrent une nouvelle Jérusalem, sur les bords du grand lac Salé. Leur Société religieuse, évoluée en une sorte de grande coopérative, prospère encore aujourd’hui. Intéressante démonstration que leur histoire : elle prouve qu’une crédulité invraisemblable peut s’allier à un esprit très positif de commerçant, et que le miracle le plus antipathique à la raison trouve des croyants tout prêts à l’authentiquer par le sacrifice de leur repos et même de leur
    vie.
        Après les exemples récents du babisme en Perse et du mormonisme aux États-Unis, il semble que les historiens des religions se donnent parfois un mal superflu pour « expliquer » le surnaturel, le surnaturel étant, dans les origines d’une foi, aussi naturel que possible. C’est en Amérique aussi qu’a pris naissance le spiritisme, peu de temps après la prédication de Joseph Smith.
        Nous n’insisterons pas sur lui on le connaît assez. Il répond, lui aussi, à un besoin religieux qui est de croire à la survie on y croit d’abord et l’on s’inquiète ensuite du pourquoi. En l’espèce, on cherche une base à sa foi dans la science expérimentale. C’est du vieux neuf ; ce n’est autre chose qu’une résurrection et une continuation de l’occultisme. Celui-ci, à son tour, n’est, dans sa théorie, qu’une systématisation de la mentalité primitive. M. Lévy Bruni, dont nous avons déjà eu l’occasion de mentionner l’ouvrage1, nous montre qu’un des traits de cette mentalité consiste à créer, entre les choses, des relations mystiques qui font que, pour le sauvage, telle plante sera telle pierre, tel animal et les membres de tel clan : c’est ce que M. Lévy Brühl appelle des « participations » ; en vertu de ces participations, on agira sur tel animal et sur les membres de tel clan en agissant sur tel caillou. Si elle veut adopter ces participations, la mentalité logique – assez étrangère aux primitifs dans leurs
    croyances, mais qui s’est développée chez les civilisés – la mentalité logique dispose d’un procédé bien simple : elle admet l’existence d’une substance invisible, capable de se transformer en matière pondérable ou d’agir sur elle et de servir de support à un esprit ou à tous les actes de cet esprit. II est facile de voir que c’est une substance à tout faire. C’est la lumière astrale, le constituant des larves,
    coques, élémentals, de l’occultisme ; du périsprit ou corps astral des spirites. Les périsprits, qui supportent les âmes des décédés, sont capables de pomper, en quelque sorte, la substance charnelle des médiums et de s’en servir pour agiter les guéridons, soulever des tables, jouer du violon, apporter des fleurs, et même se matérialiser : ainsi l’au-delà pénètre-t-il dans le domaine expérimental. On n’a pas oublié que l’illustre savant anglais Crookes s’est fait photographier en compagnie de Katie King, une morte qui s’était fait un corps vivant emprunté au protoplasma du médium, Miss Cook. Ceci se passait à la fin du XIXe siècle.
        Autre manifestation, celle-ci plus récente encore, du besoin religieux : l’Armée du Salut. Les salutistes paraissent une exception à la règle suivant laquelle toute nouveauté religieuse prétend se rattacher à une origine antique. Eux, ils accomplissent leurs rites avec une modernité qui n’a rien à envier aux music-halls : grosse caisse, trombones, airs populaires à la mode, langage familier. Mais ils ont un costume, une discipline, une hiérarchie ; ils sont constitués, comme leur nom l’indique, en milice. On reconnaît là la persistance de l’attrait qu’exerce sur plusieurs âmes l’organisation collective en vue de fins religieuses, attrait qui a recruté les ordres monastiques.
        Revenons à Antoine le Généreux et aux successeurs de Mme Eddy. Qu’est-ce qui a fait ou fait encore leur succès ? Ils guérissent. S’ils nient la maladie, gardez-vous de conclure, comme la logique semblerait y inviter, qu’ils nous engagent à ne pas nous en occuper du tout. Pensons-y, au contraire, conseillent-ils, appliquons-lui des remèdes, mais les leurs : prenez mon ours. Ils ont une cure infaillible, seulement elle est psychique. C’est le’ traitement par la foi, pour les Eddystes comme pour les Antonistes. Quelles en sont cependant les modalités ? Je n’en sais trop rien. Ce qu’il y a de certain, c’est que la personnalité du fondateur de la clinique y entre pour quelque chose. Antoine le Guérisseur tient un cabinet de consultations et ceux des malades qui en sortent avec une santé améliorée lui attribuent leur soulagement, lui vouent leur reconnaissance : à lui, expressément. Il ne se distingue donc en rien d’un médecin qui appliquerait exclusivement les procédés psychiques. La gratuité ? Mais, outre qu’on paye Antoine indirectement par des dons à son Église, les médecins seraient encore appelés médecins, même s’ils ne recevaient jamais d’honoraires. L’intervention de Dieu ? Mais le croyant doit la faire participer à toutes les thérapeutiques. Et cependant, Antoine n’est pas un médecin, c’est un thaumaturge. Toute la différence vient de la cause à laquelle le médecin ou le thaumaturge attribuent les guérisons qu’ils opèrent. Pour le premier, même s’il ne fait appel qu’à la suggestion, son succès dépend d’agents, trop nombreux sans doute et trop complexes pour être parfaitement connus, mais aveugles et entièrement déterminés dans leur activité. Pour le second, ces agents sont plus ou moins semblables à des hommes. Antoine, en particulier, met en œuvre l’amour divin. L’amour suppose de la préférence, de la partialité, un certain arbitraire. Et c’est ce qui en fait le charme. L’âme a peur de la solitude. Or en quoi consiste la solitude morale ? A être traité, par tout et par tous, de la même manière que n’importe qui. C’est de ce désert que l’amour nous tire. De là la vogue que peut acquérir un thaumaturge.
        Antoine le Guérisseur satisfait le besoin religieux en un de ses éléments les plus tenaces, élément peut-être impérissable.
                                                                                                        JULES SAGERET.

    La Revue du mois, 6e année, Tome XI, janvier-juin 1911 (T11,N61)-(T11,N66).


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  •  source : antoinisme.com


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  • Pour les moeurs (Tatène 9 mai 1912)

    POUR LES MŒURS.

        L’an dernier, la Ville, apparemment sur la proposition de quelque édile prude et austère, eut la malencontreuse idée de faire placer un régiment de réverbères, à la lumière profuse et indiscrète, au Jardin du Tir et au Quai de Coronmeuse.
        Ces endroits étaient, comme chacun sait, durant les belles soirées sans lune le lieu de prédilection des amoureux.
        Ceux-ci y trouvaient des coins charmants et des bancs propices à leurs muets ébats...
        Mais voici que l’invasion des becs Auer municipaux vint impitoyablement faire la lumière aux bons endroits !
        Ce fut d’abord très ennuyeux pour les couples qui refluèrent prudemment vers la solitaire et obscure Ile Monsin.
        Cela ne dura qu’un temps et, bientôt les endroits trop rapidement désertés virent, peu à peu, revenir leurs clients enamourés.
        En dépit de leurs clartés artificielles, le Quai et le Jardin redevinrent rapidement la terre promise des amoureux qui n’ont plus cesse de les fréquenter assidument.
        Voici qu’une effarante nouvelle nous arrive.
        On nous assure qu’il vient de se créer, sous le titre « Ligue de défense de la vertu », une association dont les membres s’engagent à aller par un roulement judicieusement combiné, occuper chaque soir, de 9 heures à minuit, tous les bancs du Quai et du Jardin.
        Ils espèrent ainsi, par leur vigilante présence purger à bref délai ces endroits si fréquentés par les couples en mal de solitude.
        Notre Gouverneur D. V. B. P. D. F. a été nommé président d’honneur de cette ligue dont on appréciera la haute portée morale.
        Parmi les membres qui se proposent d’être les plus actifs, on cite les noms d’Antoinistes notables, de cléricaux en vue, d’austères protestants, de bedeaux honoraires et de vieilles bigotes à la vertu éprouvée.
        Si cette silencieuse et pacifique croisade donne de bons résultats, la Ligue créera des sections pour veiller de même à la bonne tenue de nos autres parcs liégeois...
                                                        
    Feu Tchantchet.

    Tatène (Journal satirique de Liège) n°13 du 9 au 16 mai 1912


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  • La farce du miracle (Tatène 26 avril 1912)LA FARCE DU MIRACLE

        Dans ce journal suave qu’est le Bulletin Diocésain, un Monsieur Monniot s’en prend avec amertume à l’Antoiniste qu’il appelle « une farce qui a trop duré » et à laquelle, ajoute-t-il, quelques catholiques se sont laissé aller. C’est montrer le bout de l’oreille... et se plaindre naïvement de la concurrence.
        «La recette antoiniste est des plus simples, écrit cette plume autorisée : on écrit au père Antoine et immédiatement on se sent déjà soulagé.
    »
        Or, c’est absolument le procédé employé à l’égard de cette création très catholique de St-Gérard.
        Il est dit aussi : « Si la guérison n’est pas obtenue, c’est que vous n’avez pas la foi ».
        Tout-à-fait comme à Lourdes, à Trou-Louette, à Chèvremont et ailleurs, où les marchands de miracles ont installé leur boutique.
        Mais gageons que, dans les cliniques sacrées, la farce n’a pas cessé de durer.

                                                      Feu Tchantchet.

    Tatène (journal satirique de Liège), n°11 du 26 avril au 2 mai 1912


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  • Incidents dinatoires (Tatène 29 juillet 1911)

    INCIDENTS DINATOIRES

        La réunion du Comité ne se prolongea pas t plus longtemps ce matin là. Chacun avait aussi faim que soif. Aussi, un diner fut servi en l’honneur de Charlemagne et des autres personnalités historiques. Je ne donnerai pas ici le détail du menu, il suffira de dire qu’il fut préparé par « l’homme mature » revenu pour la circonstance, et sous la haute surveillance du docteur Schuind, chef de la chronique médicale de La Meuse, ce qui veut dire que tout fut exquis.
        Je dois à la vérité, de relater un incident qui s’est produit au cours de ces agapes ; incident qui aurait eu des suites très fâcheuses, sans l’heureuse intervention de Tatène.
        A l’heure des toasts, l’archevêque Turpin, levant sa coupe de sinalco, but à la santé de Pie X, et proposa de lui envoyer un télégramme pour lui demander la bénédiction apostolique ; Charlemagne et le chevalier Valentin opinèrent du bonnet, tandis que le géant Ferragus, qui ne jure que par Mahomet, et les quatre fils Aymon, qui appartiennent à l’armée du salut, protestèrent avec la dernière énergie, chacun voulant donner le pas à sa religion. Et déjà nos fougueux guerriers avaient la main sur la garde de l’épée, tandis que l’archevêque brandissait sa croix, celle qui jadis brisa tant de cimeterres.
        Tatène qui prévoyait « ine trâlêye » eut une inspiration aussi subito qu’heureuse : elle put rétablir le calme en criant, à la manière des marchands de moules, qu’elle appartenait à une religion nouvelle qui mettrait tout le monde d’accord.
        Ce fut le professeur Delcroix, le compagnon du St-Antoine de Jemeppe qui révéla cette religion à Tatène Notre patronne ne résista pas longtemps à l’éloquence persuasive du professeur, et devint Antoiniste.
        Pour convertir avec succès tous ces nobles chevaliers et l’archevêque elle leur offrit la prose de quelques opuscules intitulés : L’Auréole de la Conscience.
        Les convives, qui n’avaient absolument rien compris de ces chefs-d’œuvre d’éblouissante clarté, furent néanmoins subjugués par la puissance du nouvel apôtre et décidèrent, à l’unanimité, d’envoyer un télégramme au Père Antoine pour le prier de faire une bonne opération pour eux.
        Et ce fut la conscience auréolée, que nos illustres personnages furent emportés, dans plusieurs Pipes, au Plateau d’Ans, où ils furent reçus très aimablement par le gouverneur de l’Aérodrome.

    Tatène (journal satirique de Liège) n°24 du 29 juillet au 4 août 1911


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  • Kwakzalverij (De Volksgazet 1 januari 1911)

     

    Kwakzalverij

        Wistet gij, beste lezer, dat er in Belgie eenen nieuwen godsdienst bestaat ? Neen ? Wij zullen het u dan uiteendoen.
        De stichter van dien godsdienst noemt : Antoon de genezer, een woonderbaar man, volgens het schijnt, die het eene mirakel na het andere verricht, en die woont te Jemeppe aan Maas.
        De volgelingen van den wonderen man hebben een verzoekschrift naar de Kamers gestuurd, dat geteekend is door 160,000 burgers, wij zeggen honderd zestig duizend Belgen, en 't moetzijn, want deszelfs voorzitter is de heer Heer de Ragnancourt, grondeigenaar te Jemeppe ; F. Delcroix, professor aan het Atheneum van Luik, is secretaris, en C. Delannoy, luitenant bij het voetvolk, schatbewaarder.
        Het verzoekschrift verzekert dat de nieuwe godsdienst gesteund is op de volstrekte zelfverloochening, dat Antoon de genezer dagelijks wonderen verricht, op stoffelijk en zedelijk gebied, en dat hij aanzien moet worden als eens der grootste weldoeners van het menschdom.
        En zeggen dat zulke kwalzalverij onderteekend is door 160,000 namen, 't is te zegen dat hooit, behalve over 25 jaar, toen de priesters gansch Belgie optrommelden tegen de schoolwet, een verzoekschrift naar de Kamer is gezonden geweest, door zoovele burgers ondergeteekend.
        Onze klerikalen zullen waarschijnlijk met den nieuwen godsdienst den spot drijven, zij zullen gelijk hebben, want dat zulke dingen in onze verlichte XXe eeuw kunnen gebeuren, is eene ware schande voor ons land, maar zij zullen vergeten van er bij te voegen, dat de allerhande bijgeloovigheden en dwaze bedevaarten, die van t'allen kanten in ons land hoekeren, even belachelijk en schandalig zijn. Maar met die schanden zullen zij niet lachen ; zij leven er immers meê.

    De Volksgazet, 1 januari 1911

     

    Traduction :

    Charlatanisme

        Saviez-vous, cher lecteur, qu'il existe une nouvelle religion en Belgique ? Non ? Nous voulons réparer cette erreur pour vous.
        Le fondateur de cette religion appelé : Antoine le guérisseur, un homme aimable, semble-t-il, qui accomplit un miracle après l'autre, et qui vit à Jemeppe sur Meuse.
        Les partisans de l'homme miracle ont envoyé une pétition aux Chambres, signée par 160.000 citoyens, nous disons cent soixante mille Belges, ce qui doit être le cas, car le président de cette pétition est M. Monseigneur de Ragnancourt, propriétaire terrien à Jemeppe ; F. Delcroix, professeur à l'Athénée de Liège, qui est secrétaire, et C. Delannoy, lieutenant d’infanterie, trésorier.
        La pétition nous assure que la nouvelle religion est basée sur le renoncement total de soi-même, qu'Antoine le guérisseur accomplit des miracles quotidiens, tant sur le plan matériel que moral, et qu'il doit être considéré comme l'un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité.
        Et dire que cette charlatanerie a été signé par 160.000 noms, c'est pour le moins une bénédiction, car, il y a 25 ans, quand les prêtres de toute la Belgique se sont battus contre la loi scolaire, une pétition a été envoyée à la Chambre, soussignée par autant de citoyens.
        Nos clercs se moqueront probablement de la nouvelle religion, ils auront raison, car que de telles choses puissent arriver dans notre XXe siècle éclairé est une véritable honte pour notre pays, mais ils oublieront d'ajouter que toutes sortes de superstitions et de pèlerinages stupides, qui se pressent dans notre pays de tous côtés, sont tout aussi ridicules et scandaleux. Mais de cette honte, ils ne riront pas, car après tout, ils le vivent tous les jours.


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  • A Wonderful Faith-Healer arises in Belgium (Adelaide, Sa 28 Jan 1911)

    A WONDERFUL FAITH-HEALER
    ARISES IN BELGIUM.

        A new religion has taken in Belgium by storm, the followers being known as Antoinists. This new sect has at its head one Antoine the Healer, who is seen above. Antoine is an ex-miner and has stirred the inhabitants of Jemeppe, near Liege, to their foundations by his remarkable peachings. A petition for the legal recognition of the sect has just been presented to the Belgian Government. This petition is said to have been signed by over 160,000 adherents. Antoinism is apparently a blend of faith-healing and spiritualism, and the “Healer’s” followers obey him unhesitatingly in everything. Wonderful cures by Antoine and his adept are reported from Jemeppe.

    Chronicle (Adelaide), Saturday January the 28th, 1911

    source : https://trove.nla.gov.au/newspaper/


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  • Algemeen Handelsblad (01-07-1911)   ,,Antoine de genezer'' te Jemeppe aan de Maas, van wiens wonderdaden vroeger an eens sprake was, en wiens aanhang van vele tienduizenden uit alle standen een werkelijke secte vormt, die maandelijks wordt gesticht door het blad van den Meester ,,l'Auréole de la Conscience, revue mensuelle de la révélation'', heeft een nieuwe wijze van genezen ingevoerd, waardoor de justitie geen vat meer op hem heeft. Hij geeft nu geen persoonlijke adviezen, meer maar ontvangt de menigte bezoekers gezamenlijk in een groot kerkgebouw, hem geschonken door een Amerikaan. Op eet preekstoel bidt hij en zegent daarop de zieken of hun vertegenwoordigers, want men kan ook een ander sturen.

    Algemeen Handelsblad (01/07/1911)

     

    Traduction :

       "Antoine le guérisseur" à Jemeppe sur Meuse, dont les miracles ont déjà existé, et dont les partisans de plusieurs dizaines de milliers de personnes de tous horizons sont une véritable secte, fondée par la revue mensuelle de la révélation du Maître "l’Auréole de la Conscience", a introduit une nouvelle méthode de guérison, hors du contrôle judiciaire. Il ne donne plus de conseils personnels, mais reçoit la foule des visiteurs ensemble dans une grande église qui lui a été offerte par un Américain. Sur la chaire, il prie et bénit les malades ou leurs représentants, car on peut aussi envoyer quelqu’un à sa place.


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  • Chicago Examiner Vol. 11 no28 (1911)-Buffalo Ny Courier (1911) 

    "Antoinism," Belgium's New Sect of Healers

        A NEW religion has been officially ''discovered" in Belgium by the presentation of a petition to Parliament to obtain legal status for it.
        It la called Antoinism, and was founded a few years ago by a coal miner named Louis Antoine, who is now celebrated far and wide as "Antoine the Healer." His followers claim that they number 160,000. of whom 300, including his wife, are "adepts".
       Mrs. Guillaume, a middle-aged American woman who came specially from New York to be treated by Antoine, says she has been practically cured of the chalky rheumatism which formerly compelled her to walk on crutches. She is herself an adept now, with power to heal by faith, she says.
        Antoinists literally worship their leader. They believe that he knows all the world's happenings, though he never reads a newspaper his home is at Jemeppe-lez-Liege. 
       Antoine is now sixty-five, and confines his healing to ceremonies in the church he has built. They are the simplest services ever invented. They take place at 10 a m. on Monday, Tuesday, Wednesday and Thursday — there are none on Sunday.
        At 9 a. m. the congregation assembles, and an adept, M. Deregnancourt, who is the publisher of the sect's literature, takes his place at a desk under the raised platform. There is silence till 9:30. Then he announces that "operations" will take place at certain hours on certain days.
        He continues sitting perfectly still, not a muscle moving and his watery blue eyes fixed straight before him in an unblinking stare, until the stroke of 10, when every one rises and the Parent One enters through a side door and slowly walks up the steps to the rostrum, wearing a black cassock.
        Antoine faces the people for a full minute without moving, and then lifts his right hand toward the people and holds it extended for another minute, and that is all. He walks slowly out again. Those two minutes are the service. The adept remarks, "Every one whose faith is strong enough must be cured." The church empties silently.
        The programme is always the same. If cures do not take place, of course, the patients have not had enough faith. Antoine's iron-grey hair falls to his shoulders, and he wears a long beard.
        Antoine cannot sleep much at night. He rests for two hours, and then walks in his garden, which has electric lamps fitted up all round the walls.
        For six months Antoine has not spoken to any one at all. People come at all hours with all sorts of ailments and appeals.
        The Good Mother, as Antoine's wife is called, or the housekeeper, or some other adept, stands in front of the applicant and, turning her eyes upward, slowly waves her hand in the air, which means that she is invoking Antoine the Healer. The patient then goes off smiling, cured by deputy. There is nothing to pay.
        Antoine lives on vegetables only, and prepares them himself. He is a veritable hermit. When it is necessary to speak to him a telephone is used. Subscriptions are made for the maintenance of the church, but it was built partly with $4,000 he had himself saved.
        The badge of the sect is "the tree of the knowledge of the sight of evil" represented by a white tree on a black ground.

    Chicago Examiner Vol. 11 no28 (1911)
    Buffalo Ny Courier (1911)

     

    Traduction :

    L'"antoinisme", la nouvelle secte des guérisseurs de Belgique

        Une NOUVELLE religion a été officiellement "découverte" en Belgique par la présentation d'une pétition au Parlement pour obtenir son statut légal.
        Il a été fondé il y a quelques années par un mineur de charbon nommé Louis Antoine, qui est aujourd'hui célèbre sous le nom d'"Antoine le Guérisseur". Ses disciples affirment qu'ils sont au nombre de 160 000, dont 300, y compris sa femme, sont des "adeptes".
       Mme Guillaume, une Américaine d'âge moyen venue spécialement de New York pour être soignée par Antoine, dit qu'elle est pratiquement guérie du rhumatisme calcaire qui l'obligeait autrefois à marcher avec des béquilles. Elle est elle-même une adepte maintenant, avec le pouvoir de guérir par la foi, dit-elle.
        Les Antoinistes vénèrent littéralement leur chef. Ils pensent qu'il connaît tous les événements du monde, bien qu'il ne lise jamais un journal, sa maison est à Jemeppe-lez-Liège.
       Antoine a maintenant soixante-cinq ans et limite sa guérison aux cérémonies dans l'église qu'il a construite. Ce sont les services les plus simples jamais inventés. Ils ont lieu à 10 h le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi - il n'y en a pas le dimanche.
        A 9 heures du matin, la congrégation se réunit et un adepte, M. Deregnancourt, qui est l'éditeur de la littérature de la secte, prend place à un bureau sous la plate-forme élevée. Il y a du silence jusqu'à 9 h 30. Puis il annonce que des "opérations" auront lieu à certaines heures et à certains jours.
        Il continue d'être assis parfaitement immobile, sans bouger un seul muscle et ses yeux bleus larmoyants fixés droit devant lui d'un regard fixe, jusqu'au coup de 10 heures, quand chacun se lève et que le Père entre par une porte latérale et monte lentement les marches de la tribune, portant une soutane noire.
        Antoine fait face à la foule pendant une minute entière sans bouger, puis lève la main droite vers la foule et la tient tendue pendant une autre minute, et c'est tout. Il repart lentement. Ces deux minutes sont le service. L'adepte fait l’annonce : "Tous ceux dont la foi est assez forte doivent être guéris." L'église se vide en silence.
        Le programme est toujours le même. Si les remèdes n'ont pas lieu, bien sûr, les patients n'ont pas eu assez de foi. Les cheveux gris d'Antoine tombent sur ses épaules et il porte une longue barbe.
        Antoine ne dort pas beaucoup la nuit. Il se repose pendant deux heures, puis se promène dans son jardin, où des lampes électriques sont installées tout autour des murs.
        Depuis six mois, Antoine n'a parlé à personne. Les gens viennent à toute heure avec toutes sortes de maux et de demandes.
        La Bonne Mère, comme on appelle la femme d'Antoine, ou la gouvernante, ou un autre adepte, se tient devant le demandeur et, levant les yeux vers le haut, agite lentement la main en l'air, ce qui signifie qu'elle invoque Antoine le guérisseur. Le patient s'en va alors en souriant, guéri par l'adjoint. Il n'y a rien à payer.
        Antoine ne vit que des légumes et les prépare lui-même. C'est un véritable ermite. Lorsqu'il est nécessaire de lui parler, un téléphone est utilisé. Des souscriptions sont faites pour l'entretien de l'église, mais elle a été construite en partie avec 4 000 $ qu'il avait lui-même économisés.
        L'insigne de la secte est "l'arbre de la connaissance de la vue du mal" représenté par un arbre blanc sur fond noir.


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  • L'Antoinisme (Le Rappel, 16 janvier 1911 (N14920))

    TRIBUNE LIBRE

    L'ANTOINISME

     

        L'antoinisme existe. C'est une religion. Qu'on ne s'y trompe pas, sur la foi d'une homonymie. Je ne viens pas de dire que les Parisiens aient voué un culte à l'éminent directeur de l'Odéon. S'ils lui ont de la reconnaissance, en raison de toutes les tentatives généreuses et heureuses aussi, très souvent, qu'il fait pour les doter d'un second Théâtre-Français qui ne soit pas l'inutile succédané de l'autre, leur enthousiasme ne va pas jusqu'à lui élever des autels.
        C'est d'un autre Antoine qu'il s'agit. Celui-ci vit à Jemeppe-sur-Meuse, petit bourg belge de quelque six mille âmes. Et c'est un messie. On s'attend que j'en vais railler. Prophète belge ! Une contrefaçon, cela va de soi, dira-t-on, et qui droit prêter à rire. Je ne le pense pas. Le lecteur ne le pensera pas non plus, quand il saura que cet homme a suscité 160.000 pétitionnaires qui adressent à la Chambre belge une requête très sérieuse, très digne, pour lui demander la consécration officielle de la nouvelle religion.
        Les adeptes d'Antoine ont, en effet, édifié, à leurs frais, une église. Ils ne réclament de l'Etat nulle subvention. ils veulent seulement l'affectation légale au culte antoiniste de ce temple bâti de leurs deniers.
        Voilà, n'est-il pas vrai ? un phénomène social du plus haut intérêt. Il appelle réflexion, on en conviendra. Mais d'abord, quel est cet Antoine ? un vieillard de soixante-sept ans, ancien mineur, qui se dit inspiré de Dieu pour apporter à nouveau à ceux qui souffrent, à ceux qui peinent, à tous les malheureux de l'âme et du corps, le réconfort d'un évangile d'amour.
        Non plus que le Galiléen, le Messie belge n'est un docteur de la Loi. Il parle selon le cœur et ne s'adresse qu'au cœur. Mais sa voix en trouve le chemin avec une merveilleuse facilité, et sa parole a le don de toucher, d'exalter. Il semble permis de supposer que c'est un génie moral.
        Si Tolstoï l'eût connu, sans doute eût-il incliné devant lui sa magnifique intelligence. Car Tolstoï accordait plus de prix au pouvoir d'enfanter le bien qu'à celui de créer le beau, ou de constituer le savoir.
        Cette vertu, efficace à moraliser le monde, le grand Russe l'avait cru trouver, ou plutôt retrouver, dans le christianisme ramené à la simplicité de l'origine et débarrassé des superféations catholiques. On sait cependant qu'il ne s'était pas tenu à la morale, dans sa restitution du christianisme. Je veux dire que le précepte fondamental : « Aimez-vous les uns les autres, comme des frères », s'il lui avait paru suffisant à régler toutes les relations humaines, ne l'avait pas enpêché de se poser, comme toute l'humanité pensante, la question proprement religieuse du rapport de l'homme avec l'univers. Et force lui avait donc été, faute d'expresse révélation, de faire de la métaphysique. Elle est, cette métaphysique de Tolstoï, singulièrement profonde et témoigne de la plus grande force spéculative. Mais d'abord elle passe la compréhension de la foule, et, près des intellectuels eux-mêmes, elle peut trouver crédit, elle ne saurait emporter la certitude.
        Antoine, pour cause, ne s'embarrasse pas de métaphysique. La question religieuse, il la résout ainsi que fit le Christ, et chez les humbles, avec le même succès : il affirme Dieu et l'âme. Voilà tout. Il affirme, mais prouve-t-il ? demandera-t-on. Oui, il prouve. Comment ? Par le miracle.
        Antoine, comme Jésus-Christ, est thaumaturge. Ses adeptes l'appellent Antoine le Guérisseur. Guérisseur aussi était Jésus. Rien de plus, probablement. Par là s'exlique l'étrange fortune de l'antoinisme : comment douter du caractère surnaturel d'un homme qui, par la simple imposition des mains et l'union en esprit du patient avec lui, délivre les malades de leurs maux ? Et si ce pouvoir miraculaire, il dit le tenir de Dieu, comment nier ce Dieu qui fait se lever pour ses créatures misérables un sauveur, et ainsi se prouve non par les raisons des doctes qu'on peut ne pas comprendre, ou que d'autres raisons contraires peuvent réfuter, mais par les actes de celui qu'il envoie ?
        Enfin, ce n'est point aux corps seulement qu'Antoine le Guérisseur fait du bien, c'est aux âmes aussi. Comprenez-vous, alors, que les âmes obscures des ignorants et des simples sont toutes réconfortées et réjouies de cette ardente lumière de l'amour qui entre en elles, comme le soleil dans un galetas, et les éclaire et les réchauffe ? La douceur de s'oublier soi-même, de se donner tout à tous, elles l'éprouvent, ô joie ! Et cette pureté qu'ils revêtent, le humbles, comme la fraîcheur éclatante d'un linge neuf, ah ! qu'elle les fait enfin heureux, ces malheureux ! Le bonheur, c'est le vœu incoercible, c'est l'espérance éternelle des hommes, et qui le donne est dieu, car c'est le grand miracle.
        Mais je ne crois guère à la durée de l'antoinisme. Les sycophantes s'en mêleront et gâteront tout. ou bien même les pauvres gens perdront foi : Leur naïveté ne sera pas assez forte contre le siècle. Puissent-ils au moins se souvenir du bienfait de leur beau rêve fraternitaire !
                              Eugène HOLLANDE. 

    Le Rappel (et Le XIXe siècle), 16 janvier 1911


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  • Un de plus

        Un nouveau culte vient de s'installer en France. Ce n'est pas, à dire vrai que le besoin s'en fit vivement sentir. Ceux qui ont pris cette initiative ont fait preuve néanmoins d'une psychologie profonde.
        Nous possédons de nombreux cultes. Mais la culture des naïfs offre aux novateurs des éléments inépuisables.
        Voilà pourquoi le culte Antoiniste, placé sous le patronage d'Antoine-le-Généreux, était sur de venir à son heure à quel que heure qu'il vint.
        Au reste, les Antoinistes sont pleins de bonnes intentions. « Ils veulent faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort. »
        Il parait même qu'il suffit d'adhérer à la religion nouvelle pour se sentir, incontinent, « bercé dans l'harmonie divine »
        Nous n'y voyons d'ailleurs aucun inconvénient et n'avons qu'une inquiétude : c'est que « les adeptes d'Antoine-le-Généreux » ne se bercent eux-mêmes de bien douces illusions.

    Le XIXe siècle, 9 juillet 1911


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  •  (Auburn semi-Weekly Journal. Tuesday, March 8, 1911 (page 7))

    source :fultonhistory.com


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  • Cult of Antoine the Healer (Grey River Argus, 6 February 1911, Page 2)

    CULT OF ANTOINE THE HETLER [sic]

    GUM-CHEWING MYSTIC
        A message received in England from Brusells, dated December, states that a petition has been forwarded to the Chamber of Deputies, bearing '60.000 signatures, asking Parliament to recognise "Antoine worship" as legal. Whatever answer is given to this singular request, the personality of Antoine, called the "Healer" is very interesting, and his hold over thousands of Belgians is a singular instance of the faith of mankind in one of their number.
        Antoine was formerly a miner. Having inherited a little money, he abandoned his work and devoted himself to spiritualism. He proved to be an excellent medium, and he often received - according to his followers - visits from spirits.
        These spirits dictated long messages purporting to com from Heaven. One day they told him he was ordered to exercice the gift of healing. Antoine thereupon visited the poor of his parish, spoke to them of spiritualism, and is said to have effected several cures.
        Antoine was soon besieged by sufferers who begged hom to relieve their ills. He is now greatly popular in the valley of the Meuse, and especially in the valley of Jeuneppe, his native village.
        Two years ago Antoine said that he was ordered to preach, and he has thus become the centre of a new religion. A church was built at Jeuneppe, for which £4000 was raised in a week. Antoine lives near the church, which is overcrowded every day with folowers.
        The "Healer" refuses to accept money for his services, and he is as poor-to-day as when he began the strange missionary work.
        The doctrine of Antoine's religion is rather obscure. He teaches that goodness must govern the world. He believes that the human body is controlled by fluid magnetism, and that the magnetism of one person can overcome the evil magnetism of another.
        The services in Antoine's church are very simple in character. The 'Healer' and his congregation concentrate their thoughts, and Antoine gets into fluidic communication with the minds of the worshippers. When he feels that good influences predominate, he speaks under the power of the spirits.
        Antoine's followers obey him unhesitatingly in everything. In apparance he is a tall, rather round-shouldered man, with grey hair; he wears a black frock coat, but is always without a hat. He chews gum continually.

    source : Grey River Argus, 6 February 1911, Page 2
    www.paperpast.natlib.govt.nz

     

    CULTE D’ANTOINE LE GUÉRISSEUR

    GOMME À MÂCHER MYSTIQUE

        Un message reçu en Angleterre de Bruxelles, daté de décembre, indique qu'une pétition a été transmise à la Chambre des députés, portant 60.000 signatures, demandant au Parlement de reconnaître le "culte d'Antoine" comme légal. Quelle que soit la réponse donnée à cette demande singulière, la personnalité d'Antoine, dit le "Guérisseur" est très intéressante, et son emprise sur des milliers de Belges est un exemple singulier de la foi de l'humanité dans l'un des leurs.
        Antoine était un ancien mineur. Ayant hérité d'un peu d'argent, il abandonne son travail et se consacre au spiritisme. Il s'est avéré être un excellent médium, et il a souvent reçu - selon ses disciples - des visites d'esprits.
        Ces esprits dictaient de longs messages censés venir du Ciel. Un jour, ils lui ont dit qu'il avait reçu l'ordre d'exercer le don de guérison. Antoine a alors rendu visite aux pauvres de sa paroisse, leur a parlé du spiritisme, et on dit qu'il a fait plusieurs guérisons.
        Antoine fut bientôt assiégé par des malades qui le supplièrent de soulager leurs maux. Il est aujourd'hui très populaire dans la vallée de la Meuse, et surtout dans la vallée de Jemeppe, son village natal.
        Il y a deux ans, Antoine a dit qu'il avait reçu l'ordre de prêcher, et il est ainsi devenu le centre d'une nouvelle religion. Une église a été construite à Jemeppe, pour laquelle 4000 £ ont été récoltés en une semaine. Antoine habite près de l'église, qui est envahie tous les jours par des suiveurs.
        Le "guérisseur" refuse d'accepter de l'argent pour ses services, et il est aussi pauvre que lorsqu'il a commencé l'étrange travail missionnaire.
        La doctrine de la religion d'Antoine est plutôt obscure. Il enseigne que la bonté doit gouverner le monde. Il croit que le corps humain est contrôlé par le fluide magnétique, et que le magnétisme d'une personne peut vaincre le magnétisme maléfique d'une autre.
        Les services dans l'église d'Antoine sont de caractère très simple. Le 'Guérisseur' et sa congrégation concentrent leurs pensées, et Antoine entre en communication fluidique avec l'esprit des fidèles. Quand il sent que les bonnes influences prédominent, il parle sous la puissance des esprits.
        Les disciples d'Antoine lui obéissent en tout sans hésitation. D’apparence, c'est un homme grand, aux épaules plutôt rondes, aux cheveux gris ; il porte une redingote noire, mais il est toujours sans chapeau. Il mâche continuellement de la gomme à mâcher.


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  • Ferdinand Delcroix, Contribution du frère au premier numéro de la revue Unitif

     

    Illustration issue de l'article de l'Excelsior sur les Funérailles d'Antoine

     

    CONTRIBUTION DU FRERE DELCROIX (1) AU PREMIER NUMERO DE LA REVUE « L’UNITIF »
     
    «  COMMENT JE SUIS ARRIVE A CONNAÎTRE LE PERE »

     
        «  Elevé par des parents trop indulgents, j’ai grandi librement et abusé de leur amour. J’ai fait des études de professeur sans avoir le sérieux qui convient à cette mission. Quand j’ai obtenu mon diplôme j’avais bien quelques connaissances mais je manquais de sagesse pour guider les jeunes gens. J’ai fondé une famille avant d’avoir compris mon devoir envers celle que je quittais et comme il fallait s’y attendre, je ne la rendis pas heureuse ; par mon insouciance je semais le chagrin chez les êtres qui m’étaient le plus chers. Je ne songeais qu’au plaisir et à l’étude ; je sacrifiais tout à mes caprices et préoccupé de mon seul bonheur, je n’étais que peu sensible à leurs souffrances. On aurait pu croire qu’en possédant une situation honorable et de l’aisance, je devais être heureux. C’était le contraire. Déréglé dans mes désirs, j’avais contracté une maladie d’estomac qui me fit languir pendant des années et comme je n’avais pas beaucoup de cœur, je supportais mal l’épreuve et torturais inconsciemment ma compagne dévouée qui me soignait avec la plus grande sollicitude. Je n’écoutais pas les bons conseils qu’elle me donnait et je retombais toujours dans les mêmes fautes, dans les mêmes maux.

    L’amour vrai ne me touchait pas encore. D’erreurs en erreurs je suis arrivé à une crise terrible qui m’ouvrit complètement les yeux. Je vis clair en moi-même, je compris toute ma faiblesse, combien j’étais vaniteux et cruel et le remords me pénétra profondément. C’est alors que je résolus de changer de vie, de devenir autant sérieux que j’étais léger et aussi bon que j’étais méchant, ma première pensée fut de chercher une croyance à même de m’alimenter l’âme. Mes parents pratiquant le spiritisme, je me mis à chercher dans cet enseignement, je dévorai Alla KARDEC, je suivis les conférences, j’assistai aux séances expérimentales de tous les médiums qu’on me signalait pour tâcher de me convaincre de l’au-delà ; j’allai aussi chez le Père, nous L’appelions encore Monsieur ANTOINE. Je fus frappé du recueillement et de la ferveur qui régnait dans son milieu (1). Je ne m’intéressais pas beaucoup aux communications, mais bien à la morale substantielle que le chef de groupe faisait aux assistants et non aux esprits, comme j’ai pu le comprendre dans la suite. Je fus accueilli comme un frère dans ce milieu, mais n’étant pas digne d’y rester, je me décidai à fonder un groupe visant ce que je croyais être moral. Je m’associai avec un ami mais comme ses préférences allaient aux communications, le groupe manquant d’unité de direction ne tarda pas à décliner et tomba au bout d’un an. Entre temps j’étais revenu auprès du Père et j’assistais de plus en plus fréquemment aux instructions qu’il donnait pendant la semaine. L’amour des adeptes m’y attirait et plus encore ma vanité : je me sentais écouté avec respect par un nombreux auditoire. Petit à petit j’empiétais sur la mission du Guide, c’est ainsi  que je me permettais de moraliser les assistants, et pourtant j’en étais bien indigne ! Certains, comme je l’appris plus tard, préférant à tous mes beaux discours ses phrases parfois incorrectes mais dictées par un fluide réconfortant, le priaient de me faire cesser mais il leur conseillait de prendre patience et il se contentait de me rappeler à la réalité en disant que les mots ni les phrases ne sont rien que le fluide seul est tout, mais j’étais trop peu sensible pour être touché de son doux langage et je comprends aujourd’hui pourquoi ma vanité si ombrageuse ne se froissait pas de ses conseils : c’était la bonté qui les dictait. Un jour cependant il apparut clairement que j’étais venu auprès de lui plutôt pour le combattre et l’assemblée fut appelée à se prononcer entre le Guide et moi. Tous restèrent avec lui : jamais je n’oublierai cette séance qui montra combien j’étais méchant et ingrat. Mes frères me priaient d’assister encore aux réunions et moi de répondre dans mon dépit de ne plus pouvoir enseigner : «  Qu’y viendrais-je faire ? » Cependant comme j’allais à la fin de la réunion serrer la main de « Monsieur ANTOINE » suivant l’habitude de tous, il me dit avec tant de douceur « Vous reviendrez, n’est-ce pas ? » que je répondis spontanément oui. Ce fut mon bonheur. Forcé de me taire, ,j’écoutais et observais mieux ce qui se disait ou se passait autour de moi ; je réfléchis et compris alors beaucoup plus que pendant les séances où je discourais. « Monsieur ANTOINE » me retint un soir pour me dire entre autres ces paroles qui ne s’effaceront jamais de ma mémoire : « Plus tard vous verserez des larmes de joie d’être resté parmi nous. » Quelques jours après, le consultant au sujet de ma petite qui souffrait, il me fit une  révélation qui me convainquit de son savoir et je m’attachai à lui avec plus de sincérité. Je remarquai non sans surprise que venu pour instruire et protéger, j’étais plutôt instruit et protégé moi-même. Je le reconnus mieux encore dans le travail de la revue (2).
     
         Prétendument formé à l’école des classiques, je ne les compris vraiment qu’au contact du Père, car c’est par lui que j’ai appris à goûter leur simplicité et leur profondeur. Chaque fois que je voulais embellir le style, le Père me rappelait à la vérité et je puis dire que c’est sous sa direction que j’ai achevé mon éducation littéraire en passant de la théorie à la pratique. Mais ici encore je ne compris pas tout de suite, parce que l’intelligence est trop sensible aux apparences. Comme le Père n’est pas instruit, je croyais avoir un grand mérité et contribuer pour une bonne part dans l’œuvre dont je n’étais que le traducteur, le plus souvent infidèle(3). Combien de lois morales j’ai transcrites ou écrites sous le contrôle du Père que je me figurais posséder et que l’épreuve me rappelait à la modestie, à la réalité. Je raisonnais l’Enseignement plutôt par la mémoire que par le cœur et quand on m’interrogeait, je recourais à la lettre au lieu de puiser dans l’esprit. Quelle charité il a fallu au Père pour supporter le malheureux que j’étais ! Pour me faire comprendre que je n’étais pas indispensable, il dut me priver de tout travail. L’épreuve fut poignante mais salutaire. Je m’étais attaché à la revue qui contenait son Enseignement avec un acharnement incroyable, c’était ma vie et on me l’enlevait ! Alors me demandant ce que j’allais devenir, tout le reste de la journée et la nuit suivante, je passais en revue les milieux où j’avais vécu et d’autres que je connaissais plus ou moins, aucun ne m’attirait, je sentais que je ne pourrais trouver nulle part plus d’amour, car l’angoisse me serrait le cœur. Aussi quand le matin l’inspiration me vint d’aller à la visite, j’y courus et le Père me reçut avec )plus de bonté qu’auparavant. Montrant son front et son cœur, il me dit : « Mon fils, vous êtes là. » La revue parut sans que j’y misse le main : il n’y avait rien de changé, je retrouvais partout le style de la Révélation.
     
         Est-ce à dire que j’ai été corrigé de ma vanité ? Oh ! non puisque à cette heure encore je dois lutter constamment contre elle. Je le fais volontiers parce que je reconnais combien elle m’a souvent égaré, me faisant prendre le mal pour le bien et m’éloignant du vrai bonheur qui réside dans la sincérité. J’ai été lire dans les groupes l’Enseignement du Père et là j’ai ressenti ce que je n’avais encore perçu que bien faiblement : le bon fluide qui ranime et réjouit. Les mots profonds, les phrases maximes que le Père a trouvés de lui-même et qu’il a dû maintenir contre moi me sont apparus en pleine lumière et tout confus de mon ignorance, j’ai senti mon respect grandir pour celui qui m’avait formé, une reconnaissance infinie me pénétrer pour sa patience et son amour. Ainsi mon cœur s’ouvre à des sentiments qui me rendent aussi  heureux que j’étais malheureux, je recommence à comprendre ce qui m’était resté caché dans la Révélation et loin de maudire encore mes épreuves, je les bénis, puisqu’elles m’ont rapproché du Père et de tous mes frères. »
    ( Ferdinand DELCROIX )

    (1) Le Frère DELCROIX était professeur de français à l’Athénée  Royal de LIEGE ( actuellement LIEGE 1 ). Dans le roman de Robert VIVIER, de nombreuses pages sont consacrées au frère DELCROIX.
    (2) Le groupe concerné s’intitulait « LES VIGNERONS DU SEIGNEUR » et avait son siège à l’emplacement actuel du Temple de JEMEPPE. On a ici un aperçu de la richesse du mouvement spirite à l’époque.
    (3) A rapprocher de ce que dit la sténographe de l’ENSEIGNEMENT, la sœur DESART.

    source : http://antoinisme-documentation.skynetblogs.be/archive-week/2007-07


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