• Congrès Spirite International à Liège, du 26 au 29 août 1923

    Le Fraterniste, 1er août 1923

    &

    Le Fraterniste, 1er octobre 1923


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  • Désincarnation (poème de Paul Pillault)(Le Franterniste, 29 novembre 1912)

    Désincarnation (poème de Paul Pillault)
    (Le Fraterniste, 29 novembre 1912)


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  • Association spirite belge en 1895 (Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)(iapsop.com)

    source : Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896 (iapsop.com)

        La Fédération Spirite de la Région de Charleroi a été décrite par Léon Souguenet.
        L'Espérance de Poulseur a eu ensuite comme président M. Léon Foccroule, et le groupe a été décrit par Jules Bois. De l'Union Spirite de Seraing, on connaît Gustave Gony pour avoir été un ami de Louis Antoine.


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  • Férération spirite de la région de Liège (Le Fraterniste, 12 décembre 1913)

        Liste des groupements spirites vers 1910 dans la province de Liège affiliés à la Fédération spirite belge et ayant participé au Congrès National Spirite Belge de Namur.

    On remarque qu'une société s'appelle toujours "Les Vignerons du Seigneur".


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  • Congrès National Spirite Belge de Namur (Le Fraterniste, 13 décembre 1913)Congrès National Spirite Belge de Namur (Le Fraterniste, 13 décembre 1913)


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  • Amour & Charité A.S.B.L à Liège (local spirite)

    Les spirites ont toujours plusieurs groupes à Liège, par exemple Amour & Charité.
    C'est le spirite Marcel Burtin qui en a été l'instigateur.
    Le groupe dispose également d'une salle à Herstal.


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  • Journeaux spirites belges en 1895 (Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)(iapsop.com)

    source : Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)(iapsop.com)


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  •  LE CONGRÈS DE LIÈGE

        Une décision bien grave a dû être prise par le Comité de Propagande dans sa réunion du 11 avril 1894. Comme elle doit intéresser au plus haut point tous nos amis, nous nous faisons un devoir de la porter à leur connaissance.
        On se souvient qu’à la demande de M. Félix Paulsen, il fut décidé, au Congrès de 1889, que les prochaines assises du Spiritisme auraient lieu à Bruxelles. Depuis, la date de la réunion fut reculée et la ville de Liège substituée à la capitale de la Belgique, pour la réunion de ce nouveau Congrès. En vue de préparer cette nouvelle manifestation du Spiritisme, un Comité d’organisation se créa à Liège et au début, de concert avec le Comité de Propagande, chercha à en élaborer le programme.
        Cette entente fut malheureusement bien éphémère, car, dès que le comité de Liège se crut maître de la situation il n’essaya plus de déguiser sa prétention de se passer du Comité de Propagande, d’imposer à tous sa manière de voir et aux congressistes la ligne de conduite qu’ils auraient à suivre. Cette attitude exorbitante se produit d’abord au sujet de l’idée de Dieu, que le Comité liégeois avait la prétention de rayer du programme. Devant la volonté formellement manifestée de la majorité des spirites, ce comité parut céder sur ce point et dans une lettre rendue publique par le journal le Spiritisme, déclara accepter à ce sujet la décision du Comité de Propagande. Son intention cependant était bien arrêtée de passer outre, ainsi qu’en fait foi la réponse suivante adressée à M. Léon Denis, dans le Flambeau du 11 mars, par M. Gustave Gony, un des principaux meneurs du Comité liégeois.

     

        M. Léon Denis demandait :
         « La rédaction du « Flambeau » accepte-t-elle les décisions du Comité de Propagande ? »
        M. Gustave Gony lui répondit :
         « La rédaction du « Flambeau » n’a pas accepté les décisions du Comité de Propagande. Toutefois, pour nous rendre au désir de « notre ami, nous disons : NON, elle laisse au Congrès le soin de décider lui-même. »

     

        La rédaction du Flambeau et le Comité liégeois n’étant en réalité qu’une unique collectivité, on se rend compte de la sincérité avec laquelle les décisions du Comité de Propagande étaient acceptée, et seraient poursuivies.
        Le Comité de Propagande voyait avec peine les intentions non déguisées du Comité liégeois d’entraîner le Spiritisme dans la politique socialiste; avec tous les spirites clairvoyants et sincères, jugeait que notre Philosophie a tout à perdre et rien à gagner dans la lutte des partis, que son but humanitaire est de les dominer tous pour les éclairer au flambeau de la vérité, leur enseigner la solidarité et non de se lier à aucun d eux pour en devenir l’esclave, la chose. Aussi quelle ne fut pas la douloureuse surprise de nos amis lorsqu’ils apprirent par le Flambeau qu’à la réunion du Comité liégeois du 18 mars, « M. Gony doit quitter la séance, et prie les membres de « l’excuser, étant appelé par les ouvriers de Beyne-Heusay à aller fêter l’anniversaire de la Commune au milieu d’eux. »
        Où allions-nous en suivant cette voie ? Contre quels écueils n’allions-nous pas nous briser.
        Sur ces entrefaites une lettre de M. Gony au Comité de Propagande vint proposer de donner la présidence du Congrès à une haute personnalité politique n’ayant aucun lien avec le Spiritisme. « Cette proposition était faite, disait son auteur, afin qu’on ne puisse « pas accuser le Comité liégeois de vouloir s’imposer au Congrès. »
        Mise aux voix, elle fut repoussée par le Comité de Propagande qui ne comprenait pas pourquoi un Congrès spirite devait être présidé par un Monsieur quelconque très avancé en politique, mais ne connaissant rien de notre philosophie.
        Voici dans quels termes les auteurs de la proposition, MM. Gony et Paulsen, cherchaient à imposer leur manière de voir, contrairement au sentiment de tous :
         « En premier lieu, c’est au Comité organisateur belge, qui se trouve sur les lieux et qui est à même d’apprécier l’importance que le choix d’un président connu et respecté par le public belge peut avoir pour la réussite du Congrès, à décider en dernier ressort.
         « C’est donc par déférence et par esprit de confraternité, afin d’éclairer la question, que le Comité organisateur belge s’est adressé au Comité de Propagande.
         « JE JUGE cependant qu’il vaut mieux que le président du Congrès soit choisi en dehors du Spiritisme parce que le Congrès aura pour caractéristique principale : la question sociale envisagée au point de vue spirite.
         « J’ENGAGE donc le Comité à laisser toute liberté au Comité organisateur belge, qui, selon les circonstances, choisira une personnalité éminente en dehors du spiritisme, ou laissera, dans le cas très improbable où il ne réussirait pas, le soin au Congrès de « désigner lui-même son président. »
        Pour sauvegarder sa dignité et défendre contre de telles prétentions les intérêts supérieurs du Spiritisme, le Comité de Propagande n’avait qu’une conduite à tenir : cesser tout rapport avec le Comité liégeois afin de ne pas compromettre dans une ridicule équipée politique la marche en avant du Spiritisme.
        Voici en quels termes le Comité de Propagande s’est séparé du Comité liégeois dont la conduite et les vues étaient devenues inacceptables.
        Après plusieurs considérants dont nous avons exposé les motifs ci-dessus, le Comité de Propagande,

     

                       DÉCLARE :
        « 1° Qu’il n’a le droit de donner son adhésion au nom de l’universalité des spirites qu’à un Congrès uniquement basé sur les principes du spiritisme : Dieu, l’immortalité de l’âme, la pluralité des existences, le progrès indéfini de l’être, la communication normale entre les incarnés et les désincarnés, sans aucune préoccupation d’un autre ordre ;
        « 2° Que la préparation du Congrès de 1894, telle qu'elle a lieu à Liège, ne répond pas à ses vues purement et simplement spirites ;

     

                        « ARRÊTE :
        « Qu'il cesse de coopérer à la préparation du Congrès qui doit « avoir lieu à Liège en août prochain et qui ne peut être que nuisible « à la sage propagation du spiritisme pacificateur et moralisateur ;
        « Qu'il retire son adhésion au dit Congrès, pour rester en communication parfaite d'idées et de sentiments avec l’immense majorité des Spirites, des mandataires ne pouvant substituer à la volonté expresse de leurs mandants une volonté particulière diamétralement opposée. »
        En présence d'une telle résolution, et étant données les circonstances qui l’ont motivée, nous ne pouvons qu'approuver la douloureuse détermination du Comité de Propagande et déclarons que la Fédération Spirite Lyonnaise ne prendra point part au Congrès de Liège et considérera comme nulles et non avenues toutes les décisions qui pourront y être prises, quel qu'en soit d'ailleurs l'objet.

     

    Pour la Fédération Spirite Lyonnaise:

     

    Henri Sausse.       Chevalier.       A. Bouvier.

     

     

     

    UN DERNIER MOT

     

        Ou je n’ai pas su traduire ma pensée, ou notre ami M. Camille Chaigneau en a mal lu l’exposé.
        Je lui répondrai néanmoins en faisant comme lui trêve d’une ironie qui ne serait pas de mise en ce débat :
        Si je n’ai pas relevé plus tôt l’incident, dont j’ai rappelé le souvenir, c’est que je n’en avais pas vu l’utilité et je n’en aurais probablement jamais parlé si je n’y avais été invité par les circonstances présentes. Du souvenir indécis de M. Camille Chaigneau, je pourrais en appeler à la mémoire de tous les assistants, pour maintenir l’intégrité de mon récit ; mais la chose me paraît bien inutile, et cela d’autant plus que je n’ai jamais eu la pensée de faire un crime à notre ami de son aveu pas plus que de sa courtoisie. J’ai voulu seulement établir par un fait combien était minuscule le nombre de Spirites qu’offusque l’idée de Dieu.
        M. Camille Chaigneau m’objecte que notre ami M. Marius Georges et lui représentaient des collectivités et non de simples unités ; je le lui accorde d’autant plus volontiers que tous les autres assistants se trouvaient dans les mêmes conditions que ces messieurs, ce qui revient à dire qu’au Congrès de 1889, l’Idée de Dieu fut combattue par les délégués de deux groupes et acclamée par tous les autres. Ce Congrès, ne l’oublions pas, avait réuni plus de 40,000 adhésions.
        Inutile d’insister : cet incident ne comportant pas un plus long débat, je le considère comme entièrement clos et terminé, en adressant mes fraternelles salutations à nos amis MM. Marius Georges et Camille Chaigneau.

     

    Henri Sausse.

     

    La Paix Universelle, 15 avril 1894

     


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  • Le Docteur Demeure (Revue spirite, 8e année, n°3, mars 1865)

    Le docteur Demeure,

    Mort à Albi (Tarn), le 26 janvier 1865.

        Encore une âme d'élite qui vient de quitter la terre ! M. Demeure était un médecin homœopathe très-distingué d'Albi. Son caractère, autant que son savoir, lui avait concilié l'estime et la vénération de ses concitoyens. Nous ne l'avons connu que par sa correspondance et celle de ses amis, mais elle a suffi pour nous révéler toute la grandeur et toute la noblesse de ses sentiments. Sa bonté et sa charité étaient inépuisables, et, malgré son grand âge, aucune fatigue ne lui coûtait quand il s'agissait d'aller donner des soins à de pauvres malades. Le prix de ses visites était le moindre de ses soucis ; il regardait moins à se déranger pour le malheureux que pour celui qu'il savait pouvoir payer, parce que, disait-il, ce dernier, à défaut de lui, pouvait toujours se procurer un médecin. Au premier, non-seulement il donnait les remèdes gratuitement, mais souvent il laissait de quoi subvenir aux besoins matériels, ce qui, parfois, est le plus utile des médicaments. On peut dire de lui qu'il était le Curé d'Ars de la médecine.
        M. Demeure avait embrassé avec ardeur la doctrine spirite, dans laquelle il avait trouvé la clef des plus graves problèmes dont il avait vainement demandé la solution à la science et à toutes les philosophies. Son esprit profond et investigateur lui en fit immédiatement comprendre toute la portée, aussi fut-il un de ses plus zélés propagateurs. Quoique nous ne nous fussions jamais vus, il nous disait, dans une de ses lettres, qu'il avait la conviction que nous n'étions point étrangers l'un à l'autre, et que des rapports antérieurs existaient entre nous. Son empressement à se rendre auprès de nous dès qu'il fut mort, sa sollicitude pour nous et les soins qu'il nous a rendus dans la circonstance où nous nous trouvions à ce moment, le rôle qu'il paraît appelé à remplir, semblent confirmer cette prévision que nous n'avons pas encore pu vérifier.
        Nous apprîmes sa mort le 30 janvier, et notre première pensée fut de nous entretenir avec lui. Voici la communication qu'il nous donna le soir même par l'intermédiaire de madame Cazemajour, médium.

        « Me voilà. Je m'étais promis, vivant, que, dès que je serais mort, je viendrais, si cela m'était possible, serrer la main à mon cher maître et ami, M. Allan Kardec.
        « La mort avait donné à mon âme ce lourd sommeil qu'on nomme léthargie ; mais ma pensée veillait. J'ai secoué cette torpeur funeste qui prolonge le trouble qui suit la mort, je me suis réveillé, et d'un bond j'ai fait le voyage.
        « Que je suis heureux ! Je ne suis plus vieux ni infirme ; mon corps n'était qu'un déguisement imposé ; je suis jeune et beau, beau de cette éternelle jeunesse des Esprits dont les rides ne plissent jamais le visage, dont les cheveux ne blanchissent pas sous la durée du temps. Je suis léger comme l'oiseau qui traverse d'un vol rapide l'horizon de votre ciel nébuleux, et j'admire, je contemple, je bénis, j'aime et je n'incline, atome, devant la grandeur, la sagesse, la science de notre Créateur, devant les merveilles qui m'entourent.
        « J'étais près de vous, cher et vénéré ami, quand M. Sabó a parlé de faire mon évocation, et je l'ai suivi.
        « Je suis heureux ; je suis dans la gloire ! Oh ! qui pourra jamais redire les splendides beautés de la terre des élus : les cieux, les mondes, les soleils, leur rôle dans le grand concours de l'harmonie universelle ? Eh bien ! j'essayerai, ô mon maître ; je vais en faire l'étude, je viendrai déposer près de vous l'hommage de mes travaux d'Esprit que je vous dédie à l'avance. A bientôt.

                                                                               « Demeure. »

        Remarque. – Les deux communications suivantes, données le 1er et le 2 février, sont relatives à la maladie dont nous fûmes atteint subitement le 31 janvier. Quoiqu'elles soient personnelles, nous les reproduisons, parce qu'elles prouvent que M. Demeure est aussi bon comme Esprit qu'il l'était comme homme, et qu'elles offrent en outre un enseignement. C'est un témoignage de gratitude que nous devons à la sollicitude dont nous avons été l'objet de sa part en cette circonstance :

        « Mon bon ami, ayez confiance en nous, et bon courage ; cette crise, quoique fatigante et douloureuse, ne sera pas longue, et, avec les ménagements prescrits, vous pourrez, selon vos désirs, compléter l'œuvre dont votre existence a été le but principal. C'est pourtant moi qui suis toujours là, près de vous, avec l'Esprit de vérité, qui me permets de prendre en son nom la parole comme le dernier de vos amis venus parmi les Esprits ! Ils me font les honneurs de la bienvenue. Cher maître, que je suis heureux d'être mort à temps pour être avec eux en ce moment ! Si j'étais mort plus tôt, j'aurais peut-être pu vous éviter cette crise que je ne prévoyais pas ; il y avait trop peu de temps que j'étais désincarné pour m'occuper d'autre chose que du spirituel ; mais maintenant je veillerai sur vous, cher maître, c'est votre frère et ami qui est heureux d'être Esprit pour être auprès de vous et vous donner des soins dans votre maladie ; mais vous connaissez le proverbe : « Aide-toi, le ciel t'aidera. » Aidez donc les bons Esprits dans les soins qu'ils vous donnent, en vous conformant strictement à leurs prescriptions.
        « Il fait trop chaud ici ; ce charbon est fatigant. Tant que vous êtes malade, n'en brûlez pas ; il continue à augmenter votre oppression ; les gaz qui s'en dégagent sont délétères.

                                                          « Votre ami, Demeure. »

        « C'est moi, Demeure, l'ami de M. Kardec. Je viens lui dire que j'étais près de lui lors de l'accident qui lui est arrivé, et qui aurait pu être funeste sans une intervention efficace à laquelle j'ai été heureux de concourir. D'après mes observations et les renseignements que j'ai puisés à bonne source, il est évident pour moi que, plus tôt sa désincarnation s'opérera, plus tôt pourra se faire la réincarnation par laquelle il viendra achever son œuvre. Cependant il lui faut donner, avant de partir, la dernière main aux ouvrages qui doivent compléter la théorie doctrinale dont il est l'initiateur, et il se rend coupable d'homicide volontaire en contribuant, par excès de travail, à la défectuosité de son organisation qui le menace d'un subit départ pour nos mondes. Il ne faut pas craindre de lui dire toute la vérité, pour qu'il se tienne sur ses gardes et suive à la lettre nos prescriptions.

                                                                                « Demeure »

        La communication suivante a été obtenue à Montauban, le 1er février, dans le cercle des amis spirites qu'il avait dans cette ville.

        « Antoine Demeure. Je ne suis pas mort pour vous, mes bons amis, mais pour ceux qui ne connaissent pas, comme vous, cette sainte doctrine qui réunit ceux qui se sont aimés sur cette terre, et qui ont eu les mêmes pensées et les mêmes sentiments d'amour et de charité.
        « Je suis heureux ; plus heureux que je ne pouvais l'espérer, car je jouis d'une lucidité rare chez les Esprits dégagés de la matière depuis si peu de temps. Prenez courage, mes bons amis ; je serai souvent près de vous, et ne manquerai pas de vous instruire sur bien des choses que nous ignorons lorsque nous sommes attachés à notre pauvre matière qui nous cache tant de magnificences et tant de jouissances. Priez pour ceux qui sont privés de ce bonheur, car ils ne savent pas le mal qu'ils se font à eux-mêmes.
        « Je ne continuerai pas plus longtemps aujourd'hui, mais je vous dirai que je ne me trouve pas du tout étranger dans ce monde des invisibles ; il me semble que je l'ai toujours habité. J'y suis heureux, car je vois mes amis, et je peux me communiquer à eux tous les fois que je le désire.
        « Ne pleurez pas, mes amis ; vous me feriez regretter de vous avoir connus. Laissez faire le temps, et Dieu vous conduira à ce séjour où nous devons tous nous trouver réunis. Bonsoir, mes amis : que Dieu vous console ; je suis là près de vous.

                                                                                « Demeure »

        Remarque. – La situation de M. Demeure, comme Esprit, est bien celle que pouvait faire pressentir sa vie si dignement et si utilement remplie ; mais un autre fait non moins instructif ressort de ses communications, c'est l'activité qu'il déploie presque immédiatement après sa mort pour être utile. Par sa haute intelligence et ses qualités morales, il appartient à l'ordre des Esprits très avancés ; il est très heureux, mais son bonheur n'est pas dans l'inaction. A quelques jours de distance, il soignait des malades comme médecin, et, à peine dégagé, il s'empresse d'aller en soigner comme Esprit. Que gagne-t-on donc à être dans l'autre monde, diront certaines personnes, si l'on n'y jouit pas du repos ? A cela nous leur demanderons d'abord si ce n'est rien de n'avoir plus ni les soucis, ni les besoins, ni les infirmités de la vie, d'être libre, et de pouvoir, sans fatigue, parcourir l'espace avec la rapidité de la pensée, aller voir ses amis à toute heure, à quelque distance qu'ils se trouvent ? Puis nous ajouterons : Lorsque vous serez dans l'autre monde, rien ne vous forcera de faire quoi que ce soit ; vous serez parfaitement libres de rester dans une béate oisiveté aussi longtemps que cela vous plaira ; mais vous vous lasserez bientôt de cette oisiveté égoïste ; vous serez les premiers à demander une occupation. Alors il vous sera répondu : Si vous vous ennuyez de ne rien faire, cherchez vous-mêmes à faire quelque chose ; les occasions d'être utile ne manquent pas plus dans le monde des Esprits que parmi les hommes. S'est ainsi que l'activité spirituelle n'est point une contrainte ; elle est un besoin, une satisfaction pour les Esprits qui recherchent les occupations en rapport avec leurs goûts et leurs aptitudes, et choisissent de préférence celles qui peuvent aider à leur avancement.

    Revue spirite, 8e année, n°3, mars 1865

    Le Docteur Demeure (Revue spirite, 8e année, n°3, mars 1865)

    (in J. Malgras, Les pionniers du spiritisme en France, 1906)


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  • Suc de la vigne (Allan Kardec)

    Suc de la vigne (Allan Kardec)

                 Vignerons du Seigneur (colourise.sg)                              Vignerons du Seigneur(Colorized by MyHeritage)

     voir la photo originale

        Nous trouvons une comparaison matérielle des différents degrés de l'épuration de l'âme dans le suc de la vigne. Il contient la liqueur appelée esprit ou alcool, mais affaiblie par une foule de matières étrangères qui en altèrent l'essence ; elle n'arrive à la pureté absolue qu'après plusieurs distillations, à chacune desquelles elle se dépouille de quelque impureté. L'alambic est le corps dans lequel elle doit entrer pour s'épurer ; les matières étrangères sont comme le périsprit qui s'épure lui-même à mesure qui l'Esprit approche de la perfection.

    Allan Kardec, Le Livre des Esprits,
    Livre deuxième - Monde spirite ou des esprits
    Chapitre IV, Pluralité des existences,
    Transmigration progressive (Note d'Allan Kardec de la question 196)
    Éditions du Griffon d'or, Collection du Pentagramme, 1947 (p.161)


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  • F.Delcroix - Aurore d'une civilisation moral (Revue spirite, 1er décembre 1905)

    F.Delcroix - Aurore d'une civilisation moral (La Meuse, 26 octobre 1905 & Revue spirite, 1er décembre 1905)Aurore d'une civilisation morale

        D'aucuns dont les conceptions sont pacifistes et humaines, se plaignent de la cruauté du présent et inclinent à croire au néant de tout effort qui a pour but de transformer l'humanité. Ils s'effraient du sang et des larmes que coûte le plus léger progrès. L'individu change peu, à leur avis, restant au fond cette bête de proie qui s'approprie aux dehors d'une prétendue civilisation et substitue la ruse à la force. Que les circonstances le libèrent, soit sur le champ de bataille, soit dans les milieux lointains de l'expansion coloniale, le fond meurtrier réapparaît. La convoitise et la haine sommeillent dans les cœurs ; l'occasion ou le moindre froissement les réveille, l'impunité les débride. La lutte fratricide des intérêts divise les enfants d'une même patrie et la guerre, plus destructive que jamais, fauche par milliers des vies jeunes et vigoureuses, alors que notre monde, ô ironie, déplore la dégénérescence des races.
        Dans les villes, la corruption grandit et s'étale sans vergogne ; partout, dans le livre, au théâtre, aux vitrines, on exploite la sensualité. Et c'est une surprise pour qui réfléchit que tant de passions, aguichées par toutes les tentations modernes, ne parviennent pas à dissoudre les sociétés.
        – Voilà précisément la meilleure réponse aux doléances des pessimistes. Notre résistance morale s'est accrue. De même que la jeune femme se garde plus malaisément dans le luxe et le sourire des villes où elle jouit de plus de liberté que sous les regards ombrageux de la médiocrité campagnarde ; de même les vertus sont autrement méritoires au sein de notre âge d'or économique, dont les merveilles auraient fasciné nos misérables ancêtres.
        Notre sensibilité est plus fine et plus intelligente. La plupart des hommes craignent de faire souffrir, et cette bonté sert de mesure à leurs instincts. Les rapports sociaux imposent plus de ménagements ; il règne une sorte d'opinion moyenne de l'honneur qu'on ne heurte ni volontiers, ni impunément. Mais où apparaît clairement l'adoucissement des meurs, c'est dans la naissance et le développement d'œuvres toujours plus nombreuses de protection et de préservation sociales. Les sanatorias et les dispensaires de tuberculeux, les ligues en faveur de l'enfance, de la jeune fille, les colonies scolaires, les patronages de tous genres, réalisent des formes plus délicates de la bienfaisance et sont comme les signes d'une orientation nouvelle. Le même mouvement d'avant-garde se dessine par ailleurs. La médecine évolue dans le sens de l'étiologie et de la prophylaxie ; elle espère plus de l'hygiène des milieux et de l'esprit de prévoyance général que de la thérapeutique individuelle. L'école prenant de plus en plus contact avec la vie ambiante, s'inquiète davantage de la formation du cœur et des caractères. Elle reconnaît qu'il ne suffit pas d'utiliser les intelligences pour les triomphes matériels, qu'il importe autant, dans nos sociétés policées, de cultiver les penchants altruistes, d'aviver le sentiment de l'étroite solidarité qui unit les individus et les groupes sociaux. Ces tendances rénovatrices se sont affirmées dans tous les derniers Congrès internationaux de Liège, où a passé comme un souffle d'espérance. On dirait qu'une pensée d'unité cherche à se faire jour, que ces organismes épars sont en marche vers un même but, qu'ils se rejoindront bientôt pour former une puissante ligue offensive et défensive contre les lois d'airain de la nature et du champ de bataille économique.
        Les sociétés qui propagent ce mouvement de pitié et de solidarité humaine rencontrent partout mille encouragements. Des protecteurs illustres leur offrent leur appui moral et financier ; les comités d'action, et parfois de représentation, se composent des plus grands noms de la noblesse, de la politique, de la finance. Combien cette tâche paraît aisée cependant, en regard de la mission que M. Antoine a eu le courage d'assurer au cœur des idées ouvrières (1). Il a fondé une société spirite dans des vues toutes chrétiennes, résolu à négliger les manifestations physiques et les médiumnités bruyantes dont, ailleurs, on s'occupe un peu trop. Il aime mieux former des caractères. Il détache du cabaret et fortifie la vie de famille. Il détourne les esprits de la guerre des classes et des préoccupations utilitaires pour les aiguiller vers l'étude des problèmes intellectuels et moraux. Il habitue les adeptes à réfléchir sur les obstacles de chaque jour, enseignant la résignation, qui est à la fois une noble vertu et un acte de bon sens ; il leur conseille partout et toujours, par la parole de l'exemple, la réforme de soi qui est bien la question primordiale dans l'amélioration des sociétés. Les fidèles se réunissent dans leur temple trois fois par semaine : deux soirées sont consacrées à la lecture et aux instructions pratiques que suscitent des questions variées précises et surtout vivantes, puisque l'activité quotidienne les suggère. Dans la matinée du dimanche a lieu la moralisation des esprits qui se communiquent par l'intermédiaire de médiums écrivains. Le silence recueilli qui règne dans cette assemblée de chrétiens est véritablement émouvant, et cette émotion grandit quand l'expérience nous révèle qu'il ne s'agit en rien d'idées toutes platoniques et que nous avons affaire à un intense foyer d'énergie morale. Les fidèles sont agissants. Ils pratiquent le bien avec émulation. L'ardeur que d'autres dépensent pour des joies frivoles et passagères est donnée tout entière à l'acquisition des vertus qui fondent le vrai bonheur. Ces cœurs dévoués honorent M. Antoine comme un père ; ils l'entourent de la plus vive affection. C'est l'unique et douce récompense de cet homme de bien qui, loin de bénéficier des encouragements du monde officiel et du respect sympathique des honnêtes gens en place, n'a guère récolté jusqu'ici que sourires, indifférence ou dédain.
        Faut-il s'en étonner, puisque, de son vivant, toute vraie grandeur a été méconnue ?

                                                                                     F. DELCROIX.

    (1) M. Antoine dirige la Société spirite : les Vignerons du Seigneur, qui comptent des milliers d'adhérents en Belgique. Il vient de publier un livre de questions et de réponses, travail collectif des adeptes et de leur chef. Ce livre est intitulé : Enseignement, par Antoine le guérisseur, de Jemeppe-sur-Meuse.

     

    Revue spirite, 1er décembre 1905
    La Meuse, 26 octobre 1905


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  • Nécrologie Madame Jacques Foccroule (Le Fraterniste 30 novembre 1911)

    NÉCROLOGIE

        Nous avons appris, avec douleur, le décès de Madame Jacques Foccroule, née Caroline Taxhet, épouse de notre distingué confrère, directeur du journal spirite Le Messager, de Liège.
        C'est vers la Lumière éclatante que l'âme de la digne compagne de notre confrère monte maintenant,
        Les prières du Fraterniste l'accompagnent et désirent sincèrement l'aider à atteindre aux plans les plus élevés.
        Que M. Foccroule nous permette aussi de nous découvrir devant sa douleur que nous désirons partager.

    Le Fraterniste, 30 novembre 1911

     

     

     

     

    Nécrologie Madame Jacques Foccroule (Le Fraterniste 30 novembre 1911)VERS LA LUMIÈRE

        Le Messager de Liège, le vaillant organe de spiritisme, nous annonce la désincarnation de Madame Veuve Charles Fritz, née Adrienne Visser, décédée à Charleroi, après une courte maladie, à l'âge de 70 ans. L'inhumation a eu lieu à Charleroi le 16 Octobre. Nous présentons à la famille Fritz nos sympathiques condoléances.
        La défunte fut la digne compagne de notre excellent confrère feu Charles Fritz, l'ancien Directeur du « Moniteur spirite » et de la « Vie d'Outre-Tombe », un de nos grands propagandistes.
        C'est vers l'éclatante lumière que monte à présent son âme de spiritualiste. Pour ceux qui savent, la séparation momentanée est douce...

    Le Fraterniste, 16 novembre 1911


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  • Jemeppe - Le Passage à Niveau et la Gare (vers 1920)

    Avant de se consacrer complètement à la guérison et au spiritisme, Louis Joseph Antoine travailla comme encaisseur à la fabrique De Lexhy, près de la gare de Jemeppe.


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  •  Jumet - Panorama du Bassin de Charleroi et Église de Gohyssart

    Chez les Spirites de Gohyssart.

     

        Je ne sais si la tragique impression du pays minier s’atténue sous le ciel d’été. Pour moi, j’en ressens l’horreur plus profondément peut-être par les belles journées, quand le firmament dépourvu de nuages n’est pourtant pas bleu, mais gris, mais souillé par la poussière qui s’élève incessamment de la terre, quand un impassible soleil fouille les toits noirs des maisons, creuse les interstices des pierres, illumine de sa radieuse ironie les visages flétris des travailleurs.
        Pays où se peut exercer l’imagination d’un Dante moderne, pays de désespoir où la nature se refuse à cohabiter avec l’homme, où les arbres ne sont plus que des sarments, où l’herbe est brûlée par le feu intérieur qui ronge la terre; c’est une ville immense, une ville noire, avec des carrefours qui sont d’immenses plaines, des horizons où toujours se découvrent des agglomérations de maisons noires, groupées (comme des moutons près de durs bergers) autour des cheminées, et partout, dominant les toits et les monuments, ces tas de scories qui paraissent des tumuli monstrueux entassés sur la fosse de morts lamentables et innombrables.
        - Les ouvriers, ici pourtant, me dit-on, sont souvent des résignés.
        - Bel exemple de passivité...
        - Ce que vous allez voir vous dénoncera les sources où ils puisent leur tranquillité.

    *
    *        *

        Nous sommes à Gohyssart, près de Jumet, à quelques kilomètres de Charleroi. Il y a fête : des drapeaux flottent aux maisons, des guirlandes de papiers coloriés traversent les rues ; dans un orgue lointain, un saltimbanque moud de la musique dolente. Nous sommes venus ici pour assister à une séance de spiritisme. Gohyssart possède un groupe spirite assez important.
        - Le spiritisme ! à quelle foi se raccrochent donc ces malheureux ? Comment s’est répandue cette croyance ? A-t-elle beaucoup d’adeptes ?
        Et des gens du pays, des gens sérieux, étendent la main vers l’horizon, où la poussière noire insulte le ciel.
        - Dans l’agglomération de Charleroi, il y a au moins vingt mille adhérents fervents spirites et pratiquants. Ils sont répartis en cinq cents groupes, ayant leurs séances, leurs prières, leurs évocations.

    *
    *        *

        Une petite maison très propre, dont la porte s’ouvre sans transition sur la plus grande chambre, voici le temple du culte. Au mur, des images morales ; sur la cheminée, un Christ, des vierges : rien d’extraordinaire.
        Voici le maître du logis ; il est aussi le chef du groupe. C’est un vieillard, au front élevé, aux yeux clairs ; d’un langage incorrect, mais d’idées logiquement enchaînées. Il nous raconte que deux étrangers, gens de loi ou curieux, sont venus tout récemment lui demander si ses pratiques pouvaient prolonger ou diminuer la vie humaine. A quoi il a répondu par une négation indignée et une profession de foi.
        Mais les fidèles entrent.
        Leur aspect est varié. Ils appartiennent à toutes les classes de la société. Il y a parmi nous des commerçants de Charleroi, un peintre déjà célèbre, un avocat, des journalistes, des ouvriers. Tout ce monde est croyant, sauf votre serviteur, qui s’avoue un mécréant, mais à qui on a dit : « Vous verrez et vous croirez ! » et qui, se faisant l’âme aussi simple qu’il peut, empli de bonne volonté, attend.
        Les extraordinaires figures ! Nous sommes cinquante dans une salle étroite et basse. Le long d’un mur, il y a de vieilles femmes, trois surtout, aux traits plissés, aux fronts ridés, à la bouche ravinée ; elles ont le teint jaune, une lueur de vieux rose s’efface à leurs pommettes ; vêtues de caracos roses, bleus, gris clair, elles semblent trois vieilles Grâces fanées.

    *
    *        *

        Au centre de la salle se trouve une table ronde. Le président en occupe la place la plus proche de la cheminée. Les « médiums », au nombre de six, sont en face de lui, assis. Ce sont quatre femmes et deux hommes (rien extérieurement ne dénote leurs rares qualités) : des ouvriers, une ménagère, je crois, et une commerçante de Charleroi, celle-ci étant douée, paraît-il, d’une double vue qui devient en quelque sorte une prescience.
        - La séance est ouverte, dit le président.
        Elle commence par un cantique chanté avec ensemble, avec ferveur ; autant que j’en saisis les paroles, ce cantique ne serait pas désavoué par de stricts catholiques. Mais comme il finit, une femme médium, une vieille femme, assise, tordant ses mains, râlant, les épaules secouées, se débat, repousse quelque chose d’invisible, se démène jusqu’à risquer de tomber à la renverse. Tout le monde la regarde pieusement et froidement ; elle se calme enfin. On m’explique bas :
        - C’est sa petite fille morte qui veut se réincarner en elle et à qui elle se dérobe pour des raisons.
        Le président lit une longue prière. Il invoque le Dieu tout-puissant, maître des êtres ; il appelle les bons esprits, repousse les mauvais esprits. La prière est longue ; toutes les lèvres la récitent à mi-voix.

    *
    *        *

        Un silence, puis un médium se raidit, crispe ses mains et, les yeux fermés, parle :
        - Chers frères et sœurs !...
        Toute l’assistance en chœur répond :
        - Bonjour, cher esprit !
        - Je suis votre guide...
        Le guide est l’ange gardien spécialement préposé à la séance. Il nous donne d’excellents conseils de morale et de vertu par le truchement de celui dont il a pris le corps. Puis il nous dit :
        - Au revoir !
        On répond :
        - Au revoir, cher esprit !
        Soudain, une autre femme médium, râlant, suffocant, les narines sifflantes, la bouche éperdument ouverte, se renverse. C’est exactement le spectacle d’une terrifiante agonie. Les mains de la femme font le geste de hâler son corps à un câble invisible. A cette mimique extraordinairement expressive, tout le monde a compris.
        - Vous vous êtes pendu ? demanda-t-on.
        Le médium fait signe : Oui.
        Nous avons parmi nous l’âme d’un suicidé ! On récite pour lui une prière spéciale. On l’interroge. Il croit sentir toujours à son cou la corde fatale ; depuis des années, il se sent étranglé, suspendu. On m’explique : certains morts se sentent pendant des temps interminables, des siècles parfois, dans la même situation. L’expiation du suicide est douloureuse. Combien faudra-t-il d’incarnations successives pour effacer la faute ?...
        Un à un, tous les médiums parlent. Les uns demandent des prières ; un noyé sent l’eau qui lui remplit la bouche ; un pasteur d’âmes qui a fait le bien toute sa vie se demande pourquoi il est plongé dans la nuit ; un enfant de dix-huit mois se demande ce qu’il a fait dans ses avant-dernières incarnations ; puis passent des ouvriers des villages voisins. On leur demande leurs noms, la date de leur mort, leurs professions. Ils répondent. On me dit :
        - Voulez-vous contrôler ces renseignements ? Je l’ai fait cent fois avec succès ; inutile que je recommence...
        Pour tous ceux qui passent on récite une prière ; on les réconforte. Il y a des gens angoissés qui demandent si un bien-aimé disparu ne va pas se manifester. Et on comprend le prestige étrange de ce culte. La terreur de la mort ne pèse plus sur les épaules humaines, et les vivants continuent avec les en-allés la conversation interrompue.
        Un des médiums-femmes prend un crayon ; sa main est secouée d’un tremblement fébrile, puis elle écrit, écrit sans se lasser : c’est un médium-écrivain.
        Un médium parle : « Je ne sais plus rien, je ne vois rien, je suis dans le brouillard insondable ; mais une voix s’élève qui me dit : La Vérité planait sur le monde avant que la Science vînt lui offrir de fallacieux secours... L’homme s’en va vers la Vérité, d’hypothèses en hypothèses, qui toutes, les unes après les autres, s’écroulent... »
        On demande :
       - Qui donc êtes-vous ? cher esprit.
        - Je suis Paul Bert.
        Le médium en qui vient de s’incarner Paul Bert est un simple ouvrier lamineur.
        Puis, par le même médium, c’est Allan Kardec qui parle, lentement, d’une voix entrecoupée ; le langage est parfois très incorrect, quelquefois parfait ; la pensée est parfois haute, parfois banale. Le discours est long : il dure une demi-heure. Les vieilles femmes somnolent. Elles se réveillent quand on récite la prière, et toutes ces vieilles bouches sans dents, ces mentons de bois semblables à celui de Polichinelle, se meuvent pour exprimer les mêmes désirs de lumière, de rafraîchissement et de paix.
        Il est 6 heures. La température dans cette salle étroite est étouffante. Tous ces gens ont préféré venir se pencher sur le gouffre de l’au-delà plutôt que de boire par cette lumineuse après-midi la lumière et le soleil des vivants.
        - Peut-on lever la séance ?
        Un médium se sent frôlé par un esprit qui souffle : Oui.
        Une dernière prière, et les fidèles se dispersent, graves, émus comme il sied à des gens qui sentirent flotter toute une après-midi sur leurs fronts les linceuls des morts invisibles.

    *
    *        *

        - Vous êtes convaincu ?
        - Hum ! vous n’estimeriez pas ma foi si elle était si prompte.
        Mais, pour des raisons d’ailleurs plus sentimentales que scientifiques, je crois à l’entière bonne foi des acteurs de la scène. Le désir de converser avec les morts, vieux comme le monde, a entraîné les hommes souvent dans des pratiques étranges. Ici, il contribue à élever les âmes et les cours, et l’ironie serait sacrilège envers tous ces douloureux qui tâtonnent dans le brouillard en y cherchant l’étreinte fugitive d’un disparu.

    *
    *        *

        Le train, aux yeux rouges, fonce comme un taureau dans les ténèbres. Aux vitres défile la fantasmagorie du pays noir. Brèves apparitions de carcasses d’usines, de rails, de lampadaires électriques et de baies ouvertes où flambent des fournaises ; devant le feu, des démons humains passent et repassent.
        Ah ! si la voix des morts berce les dolents humains qui rêvent et, comme une chanson, les charme sur le chemin poudreux, si des fantômes nous invitent à les suivre par la voie lactée ou poudroient les soleils, on imagine aussi la terreur, le désespoir infini des damnés, démons de la fournaise ou de la mine, penseurs, rêveurs, poètes, dont le front se bute à tant d’obstacles marmoréens et qui désormais se savent condamnés, sans recours, à l’immortalité.

    Léon Souguenet, Les Monstres belges, 1904


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  • Poulseur - Maison du peuple    L'AU-DELA
    ET LES FORCES INCONNUES
    UN VILLAGE SPIRITE 

        Toutes les négations, toutes les railleries des matérialistes se briseront à des faits. L'orgueil scientifique, qui ne permet plus que de croire en ses dogmes, souvent précaires et changeants, trouvera de vives résistances dans la naïveté populaire ; elle construira d'autres temples avec les ruines des précédents. Là où le, catholicisme faiblit, le spiritisme se lève. 
       C'est une « leçon de choses » qui vient de m'être donnée et que je veux rapporter ici, en tête de cette enquête. Il existe en Belgique, ou mieux en Wallonie, tout près de Liège, un village d'ouvriers carriers qui est en grande partie spirite. Ces travailleurs, qui ont échappé à la tutelle de l'Eglise, n'ont pu se contenter de la libre-pensée et de l'athéisme pur et simple, et ils ont reconstitué, au début de notre vingtième siècle, ce culte des morts qui fut, d'après Fustel de Coulanges, l'auteur de la Cité antique, la première religion de l'humanité. 
       Dimanche, étant à Liège, je fus rendre visite au citoyen Foccroule, directeur du Messager, journal spirite. C'est un brave homme, sans prétentions, qui a été et est encore, malgré son âge, un excellent mécanicien. Il gagne sa vie avec ses mains et il ne rougit pas d'être du peuple. En ceci il se rencontre avec Tolstoï qui, quoique grand seigneur, préfère a la vie oisive le métier de cordonnier. Je crois bien qu'il est aussi socialiste, et il a l'amitié de M. Demblon, un des leaders de ce parti. Je serrai sa main ronde avec plaisir : j'appréciai sa mine d'honnête homme encadrée d'une barbe blanchissante. 
       - Puisque vous êtes curieux de nos phénomènes, venez donc avec moi à Poulseur. Aujourd'hui je me repose, et je crois que vous ne perdrez pas votre temps en voyant un village spirite et en assistant à ses cérémonies. Seulement pressons-nous, car il faut prendre notre train à Guillemins tout de suite afin d'arriver avant neuf heures. C'est alors que les esprits se manifestent et que tous les nôtres vont au temple. 
       En route, le citoyen Foccroule m'édifia sur les progrès de la religion des morts dont il est, en Wallonie, un des pontifes. 
        - « Le quart à peu près de la population de Liège est spirite. Ah ne croyez pas que nos fidèles soient capables, comme nos premiers chrétiens, de mourir pour leur foi ni même de l'avouer. Les Liégeois sont avant tout prudents. Par exemple, j'ignore le nom d'un bon nombre de mes abonnés ils se font adresser poste restante, sous des initiales, notre journal. Etant des avocats, des juges, des personnages officiels ou encore des colonels ou des généraux, ils n'osent se compromettre devant la majorité bien-pensante, conservatrice, catholique qui nous gouverne. N'empêche que, lorsque Léon Denis ou Gabriel Delanne viennent chez nous donner des conférences, nous réunissons plus d'un millier d'assistants. Récemment même, Léon Denis, le grand apôtre spiritualiste, a parlé dans l'élégante salle de l'Emulation, et il a eu assez de succès pour que le président lui fît l'honneur de le raccompagner presque chez lui. Ah ! monsieur, c'est que nous travaillons pour les idées, sans intérêt personnel. Ma femme écrit elle-même les bandes des invitations et ma fille empaquette les livres de propagande. Tout ça pour la cause. Il en est de même chez les gens simples que vous allez voir. Ils ont souffert pour leur croyance aux esprits ; mais la persécution ne fait qu'augmenter le zèle des personnes sincères. 
        Je regardai par la portière le délicieux paysage, pittoresque sans âpreté, les rives de l'Ourthe, les vallons frais, les collines auprès desquelles les villages se groupent. Maisons blanches et propres sous leur toit d'ardoise, petites rues placides où des groupes endimanchés causent sans fracas. 
       - Je suis né ici, me dit le citoyen spirite avec une naïve fierté. C'est là que près de la terre, au bruit des sources, j'ai écouté les petites voix de la nature qui m'ont appris que rien ne meurt. 
       Enfin les carrières de Montfort dressent leurs cimes horizontales et nues le grès apparaît sur leur versant, les entrailles de la terre se révèlent. Ces pierres rempliront les wagons de la gare pour devenir les pavés, des grandes villes. Malgré moi, je songe aux vieilles légendes du paganisme. Avant que Jésus n'eût tué le dieu Pan, les peuples croyaient que des esprits' habitaient dans les cavernes naturelles et dans celles que creuse la main des hommes. C'étaient de petits dieux qui se vengeaient d'être dérangés de leurs silencieux domaines par des espiègleries de gnomes et de follets Maintenant ils sont devenus les esprits. 
       Nous voilà attablés à la petite auberge du village, devant une pinte de bière de saison. Le liquide inoffensif mousse dans nos verres. C'est la cousine du citoyen, une spirite naturellement, qui tient l'estaminet. A elle, vint se joindre une femme en tablier, aux yeux intelligents et aux joues émaciées que, Foccroule me présenta comme la plus ardente spirite du pays. C'est la veuve de Joseph Leruth qui, avec le cousin de Foccroule, importa le culte des esprits chez les carriers de Poulseur. Tout de suite je sentis que j'avais affaire à une apôtre elle en avait la familiarité, la parole abondante, le geste expressif. 
       - Vous tombez bien, monsieur : nous allons commencer la cérémonie tout à l'heure, pendant que « les autres » seront à la messe. Nous avons choisi la même heure pour leur tenir tête. Venez chez moi, vous allez voir le drapeau. 
      Nous entrons dans une maisonnette bien modeste, mais tenue avec cette propreté stricte qui est le luxe des pauvres. Le portrait d'Allan Kardec s'étale au-dessus de la cheminée, bien en évidence. Contre le mur, un travail de femme, gauche, et touchant sur un carton, des fils de couleur entrelacés représentent une masure, comme il y en a tant en ce village, et l'habitant est une tête d'enfant avec des ailes. Au-dessous il est écrit : « Moi et ma maison nous servirons l'Eternel. » 
       L'horloge de l'église sonne neuf heures. Sur la porte, des familles de carriers attendent que le drapeau soit sorti de sa boîte pour former le cortège. La fille des Mme Leruth, une vraie « demoiselle de la ville » en corsage clair, aide sa mère à sortir l'enseigne. L'étoffe noire se déploie avec ses devises dorées. J'y lis : « La mort n'est que la fin d'une de nos étapes vers le mieux. » Et encore : « Craindre la mort, c'est la méconnaître. » La mère adapte à la hampe l'écusson, où est peinte une main qui tient un flambeau. « Vers Dieu -par la science et la charité » y est-il écrit. Elle-même lève la bannière, et me voilà mêlé au cortège, sous la garde du mécanicien Foccroule. Je suis entouré de femmes d'enfants et d'ouvriers en bourgeron bleu repassé pour la circonstance manœuvres qui travaillent loin du soleil, dans tes abîmes du grès ; épinceurs, qui ont laissé à la maison leur marteau ; appareilleurs, en tenue presque de bourgeois, comme des contre-maîtres. Nous sommes bien une centaine.
        - J'ai été une fameuse catholique avant de devenir spirite, m'avoua la bonne Mme Leruth ; mais maintenant, comme on dit chez nous, c'est « malé », c'est fini ! La rupture a eu lieu avec le curé, le jour de la Sainte-Barbe. Nous étions tous les spirites ensemble dans l'église ; alors, le curé mit la main sur l'épaulé de mon mari, qui était le premier, comme toujours, et lui dit : « Leruth et votre compagnie, je ne peux pas vous confesser. »  – « Ne me touchez pas ! » qu'il dit. Et nous sommes sortis tous et nous ne sommes jamais revenus depuis. 
       Nous passions en ce moment devant l'église. D'autres habitants de Poulseur s'y rendaient, Les deux troupes se jetaient des regards de côté, mais il n'y eut aucune provocation, car l'habitude arrondit les angles du fanatisme. 
        Le temple spirite est tout près de là, un peu plus haut, sur le versant d'une colline verdoyante de sapins, que domine un vieux château écroulé, palais, d'après la légende, de Charlemagne et des quatre fils Aymond. Il est situé entre le cimetière et la Maison du Peuple, C'est un édifice plus élevé que les autres, avec un toit d'ardoise très aigu qui simule un clocher. Dans l'angle du sommet, un œil rayonne ; deux devises y convergent, partant de la base du toit et suivant l'ardoise. L'une dit : « Il n'y a de foi inébranlable que celle qui peut regarder la raison face à face dans tous les âges de l'humanité. » L'autre dit la phrase fameuse qui résume l'évangile d'Allan Kardec, et que j'ai lue aussi sur sa tombe au Père-Lachaise : « Naître, mourir, renaître, progresser sans cesse, telle est la loi. » Au centre, deux mains en plâtre se joignent et, au-dessus, une frise de vigne en fleur atteste la renaissance de ce paganisme antique et du culte de Dymisos dans les mystères… Le spiritisme est bien la renaissance du dieu Pan.
        Le président prend place dans l'unique fauteuil : c'est Léon Foccroule, le cousin de mon mécanicien et le propriétaire du terrain où est bâti le temple. « Prions », dit-il. La demoiselle au corsage clair ouvre un petit livre noirci comme un grimoire et lit une invocation au « Dieu clément et miséricordieux qui permet le commerce avec le monde spirituel pour notre avancement ». Et elle le supplie de sa voix chantante pour qu'il « éloigne les esprits légers et moqueurs ». 
       Maintenant, on parle à voix basse, comme dans une véritable église j'examine la salle. Elle est ornée de devises encore ! Décidément ces braves carriers les aiment. Elles affichent une libre pensée, sœur du protestantisme. Il est dit, par exemple, que « la conscience ne doit ses comptes qu'à Dieu et que « son domaine est interdit à tous les tyrans ». Une carte astronomique, un poêle, une table de bois, une clochette, des pliants forment tout le mobilier. Le mécanicien me chuchote à l'oreille :
        - Nous avions autrefois un crucifix au-dessus du buste d'Allan Kardec, mais depuis nous l'avons remplacé par un Jésus magnétiseur. 
       En effet, je distingue dans la demi-obscurité une chromo, représentant le Christ qui guérit le paralytique. 
       Un « chut» énergique rétablit le silence. Mme Leruth pâlit encore elle a fermé les yeux et il me semble que ses joues émaciées ont un rayonnement. 
       - C'est un cantique que les esprits eux-mêmes nous ont donné… et tout entier, musique et paroles. 
       La médium prélude en effet : ce chant est d'une lenteur énervante et les vers pourraient être signés par un maître d'école devenu décadent. L'impression n'en est pas moins profonde. Ces fronts, recueillis, creusés par de longues rides, ces mains noircies de prolétaires, ces visages émerveilles et anémiques d'enfants, ces beaux yeux pâles d'ouvrières, dans cette pénombre de catacombe, reportent à des époques mystiques, alors que les premiers chrétiens, aussi simples que ces pauvres, célébraient leur rite secret. La foi y est ardente, presque visible, réellement comme un fluide épars.
    Heureux celui qui croit,
    Heureux qui marche droit 
       Dans tes chemins. 

    Aussi toujours, Seigneur,
    Règne dans notre cœur,
    Car notre vrai bonheur
    Est dans tes mains ! 

    Pour toi rien n'est couvert :
    Lis dans le livre ouvert 
       De notre cœur. 

    Donn' nous l'amour, la foi,
    Et l'espérance en toi
    Avec la charité
    Envers l'humanité. 

    Mais un grand jour viendra
    Que tous on s'aimera (sic)
    En véritables frères…
    L'épreuve du malheur,
    Rend tous les hommes frères. 

        Je ne souris même pas à ces couplets crédules et puérils. La voix faiblit, comme mourante, Je sens tout le rêva que peuvent fournir ces cerveaux, à planer dans l'air. Plusieurs fillettes tombent en transes : l'une change de personnalité, prend une frêle voix plaintive pour raconter l'aventure d'une pauvre enfant perdue dans les bois, en attendant sa mère qui était allée mendier pour elle et qui est morte de faim. 
       - Elle vient souvent dans nos séances, m'explique le mécanicien ; cette désincarnée recommence sans cesse chez nous, dans le corps du médium, la douloureuse aventure qui précéda son abandon et son dernier soupir. 
       Et les plaintes reprenaient… « J'ai faim, j'ai faim ! disait la voix. Petite fille, n'avez-vous pas vu ma mère ? Elle est habillée en noir' avec un fichu rose dans son cou. Je cherche après depuis hier soir. Petite fille, dites-lui qu'elle m'apporte à manger… » 
      Dans le corps d'une autre enfant tombée en extase, un autre esprit raconte l'histoire d'une noble dame emmurée dans son château : une séquestrée romantique !
        D'autres fillettes, médiums-écrivains, sont agitées d'un délire graphomane. Leurs mains crispées au crayon bondissent sur un papier grossier pris à l'épicier, et c'est la détresse racontée des pauvres femmes qui furent, pendant leur vie, battues par des maris ivrognes, ou des conseils, des principes de morale d'esprits anonymes. Alors, c'est comme une trouée dans l'au-delà. 
       - On serait trop malheureux, s'il n'y avait que cette vie, me disait Mme Leruth. 
       Et je m'explique l'attention pieuse de ces ignorants qui pensent écouter à travers les crises de leurs propres « éfants » ils ne sauraient les tromper, pourtant –  la voix des morts qui, comme eux, autrefois, souffrirent quand ils vécurent, et goûtent enfin le repos tant attendu, le long dimanche éternel…
        L'heure passe, en ce trouble qui tient à la fois de la religion et du magnétisme. Une nouvelle prière pour les « esprits souffrants » clôture la séance. La porte s'ouvre, une bouffée d'air nouveau arrive l'oppression qui me tenait s'allège. Mme Leruth reprend son drapeau ; elle est redevenue parleuse et les fantômes se sont dissipés :
        - Joseph est venu me parlait aujourd'hui encore ; les morts ne sont pas des absents, mais des invisibles. Il m'a expliqué ce qui se passait quand on s'en va. « Il semble, m'a-t-il dit, qu'on s'endort dans une chambre et qu'on se réveille dans une autre. C'est pas plus malin que ça !» Vous ne voulez pas voir le drap mortuaire et le brancard où nous mettons nos défunts ? Ces jours-là sont de grandes cérémonies spirites. Ah ! les esprits, nous leur devons tout. Quelquefois les patrons nous font la guerre à cause d'eux, mais ils finissent toujours par arranger nos affaires. Ainsi tenez, ma grande fille, elle est venue au monde un jour de séance. A peine née, on l'a portée dans le temple, et les esprits l'ont bénie ; aussi c'est le seul enfant que je n'ai pas perdu. Et c'est d'elle – ils me l'avaient bien dit – que me vient tout mon bonheur. 
       Cependant le cortège s'est reformé derrière le drapeau dont la mère Leruth est si fière, et les poitrines réconfortées par le souffle de l'Invisible entonnent avec une ardeur nouvelle le long des rues du village de Poulseur où quelques Vierges restent encore dans leur niche au-dessus des portes – le chant des résurrections :
        Nous mourrons mais pour renaître : 
       La vie n'est qu'un doux sommeil. 

    Jules Bois. Le Matin, 26 juillet 1901.

    Jules Bois - Un village spirite (1903) Jules Bois - Un village spirite (1903)

     

    Reparu dans Le monde invisible en 1902. On constate peu de changement. Les deux derniers vers deviennent cependant :

        Nous mourrons mais pour renaître : 
        La mort n'est qu'un doux réveil. 

    Suit une note que voici : M. Lanne, pasteur au consistoire de la Mothe-Saint-Hervey [correction manuelle : la Mothe-Saint-Héray, près de Niort, Deux-Sèvres], frappé de certaines ressenblances entre sa religion et certaines formules spirites, m’écrivit lorsque ce chapitre eût paru dans le Matin pour me demander si le spiritisme de Poulseur et même le spiritisme en tant que doctrine n’étaient pas les fils prodigues de la religion réformée. Je lui répondis que dans le cas présent il se pouvait que quelques cantiques protestants aient été adoptés par les spirites, sans doute sous l’influence du temple, qui, à Sprimont, village très voisin de Poulseur, réunit un groupe assez considérable de fidèles, et encore, plus je pense, par une  opposition commune contre le catholicisme. Mais comme les protestants n’ont pas de prières pour les morts et pensent qu’après le jugement qui suit le dernier soupir, il ne reste plus rien à faire pour l’âme, j’imagine qu’il y a un abîme entre le christianisme réformé et le nouveau spiritualisme.

    Note 5 (paru en complément dans Le monde invisible, 1902)

    L'église spirite.
        Après avoir visité Poulseur et Jemmeppe-sur-Meuse, je m'assurai qu'ils n'étaient point en Belgique des cas isolés et que deux autres agglomérations importantes pratiquaient aussi l'évangile d'Allan Kardec : Chapelle-les-Herlaimont, près de Morlanwez, et Gohissard. Mais il suffisait d'esquisser le type de village spirite. A Poulseur, les spirites, d'accord avec les socialistes, gouvernent la commune et sont échevins. C'est là un cas spécial, mais je puis dire, sans exagération, que dans chaque ville de Belgique, de France, d'Italie, de Hollande, d'Angleterre (je parle des pays qu'en Europe j'ai plus particulièrement visités), il existe des groupes spirites. En dehors et à côté se forme une petite élite qui est occultiste ou théosophe. 
       En tout cas occultistes, théosophes, spirites sont certainement en France, à eux tous, bien plus nombreux que les israélites et les protestants réunis.
        Ces groupes croient tous à l'existence de Dieu et de la survie et pensent en avoir des preuves expérimentales.

    NÉCROLOGIE 

    M. LÉON FOCCROULLE 

    Un de nos frères en croyance les plus dévoués, M. LÉON FOCÇROULLE, Vice-Président de la Fédération spirite Liégeoise, s'est désincarné à Poulseur (Belgique), le 4 avril dernier (1903), à l'âge de 63 ans. 

    Le 6 avril, au seuil du modeste temple spirite élevé à Poulseur par nos amis, M. Oscar Henrion a dit « la prière à Dieu pour ceux qui viennent de quitter la terre ». Puis, il a prononcé le discours que nous reproduisons ci-après : 

           Discours de M. Oscar Henrion. 

     

    Mesdames, Messieurs, f. et s. en croyance, 

        La mort vient encore de ravir à notre affection un de nos plus anciens et des plus dévoués frères en croyance, l'enlevant en même temps, à la reconnaissance de ses nombreux amis et à la cause du spiritisme. En effet, notre ami Léon Foccroulle, depuis plus de 30 ans, appartenait à cette phalange de la première heure, dont les rangs s'éclaircissent chaque jour, des propagateurs de la consolante Doctrine à laquelle il avait consacré tous les instants de sa vie depuis le jour où, avec son regretté ami Joseph Leruth, il lui avait été donné d'en comprendre les bienfaits. Sans cesse sur la brèche pour la répandre, il ne recula jamais devant aucune peine, ne s'effraya jamais devant aucun sacrifice pour faire partager aux autres les convictions qui étaient sa force et sa consolation. C'est de lui surtout, Frères et Sœurs, Mesdames et Messieurs, qu'il est permis de dire qu'il a passé en faisant le bien, et je ne crains pas d'affirmer que sa mémoire vivra longtemps encore dans le cœur de ceux qu'il a réconfortés par sa parole, relevés par sa charité. Quoique ne jouissant que d'une modeste fortune, il ne refusa jamais son obole lorsqu'il s'agit d'une œuvre de propagande ou d'une action charitable. Sa bourse était comme son cœur, toujours ouverte à ceux que le sort avait frappé, et son désir le plus ardent était de voir tous ceux qui l'entouraient partager sa confiance en Dieu et sa certitude d'une autre vie. N'est-ce pas dans ce but qu'il bâtit dans cette commune la première et la seule salle de réunion spirite, propriété aujourd'hui de son groupe à qui il l'a léguée par testament ? N'est-ce pas par ses soins que tant de conférences ont été données dans ce milieu, que son groupe a pu faire face aux dépenses nécessitées par les funérailles de ses membres ? Modeste à l'excès, jamais Léon Foccroulle ne voulut accepter dans le mouvement spirite que des fonctions secondaires, et c'est malgré lui qu'il fut nommé Président de l'ancienne Fédération et Vice-Président de la Fédération actuelle. Son jugement sain, sa raison éclairée n'étaient jamais consultés en vain par ses frères en croyance des différents comités dont il fit partie, de même que jamais il ne fut vainement fait appel à son dévoûment pour tout ce qui concernait la diffusion du Spiritisme. La perte de son ami Leruth fut pour lui une grande affliction, mais il sut la supporter en véritable croyant, et de nombreuses communications qu'il en obtint depuis sa désincarnation n'ont fait que fortifier sa foi et grandir son espérance. 

        Que de regrets il va laisser dans les cœurs qu'il consolait par sa parole et dans les milieux où sa charité s'exerçait sous les formes les plus bienveillantes et les plus discrètes ! Si son esprit, dégagé de ses liens matériels, plane en ce moment au-dessus de sa dépouille, qu'il doit être heureux de voir l'affliction causée par sa disparition, et que de vœux ne doit-il pas former pour que ses successeurs continuent l'œuvre à laquelle il avait voué sa vie ! 

        Vous qui l'avez connu, vous qui l'avez aimé, ne le pleurez donc pas, car nous avons la certitude que la vie dans laquelle il vient d'entrer sera pour lui la récompense de ses travaux, de ses sentiments si conformes à sa foi. 

        Hors la Charité, pas de Salut, telle fut sa devise, et à aucun moment de sa vie ses actes n'ont été en opposition avec elle. Aussi, Frères et Sœurs, avons-nous la ferme confiance, la certitude absolue dirai-je, que dès ce moment il se trouve dans la compagnie de nos bons guides et prend en pitié les misères de la vie terrestre. Sachant qu'il nous entend, je ne veux pas blesser davantage sa modestie en m'étendant sur son caractère et ses œuvres, je me contenterai donc de terminer cet éloge funèbre par l'expression de toute la sympathie qu'il nous avait inspirée et en lui disant l'espoir que nous avons qu'il nous continuera, du monde spirituel où il est, son concours fraternel. 

        Ami Léon, au nom des Spirites Liégeois en général et particulièrement au nom du Cercle Liégeois d'Etudes Spirites, reçois l'assurance que ton nom et tes œuvres vivront dans nos cœurs, lit maintenant, ami, que tu n'es plus emprisonné dans le lourd vêtement de la chair, nous te disons non pas adieu, mais au revoir. 

        « Après ce discours, dit le Messager de Liège, le cortège se forme, drapeau spirite et de sociétés diverses en tête, précédant le cercueil recouvert du beau drap du cercle de Poulseur. La fanfare joue ses airs funèbres, et là-haut, vers le sommet de la côte pittoresque souvent décrite par les touristes de la vallée de l'Ourthe, au milieu d'un cadre magnifique de hauts rochers qui reverdissent çà et là, notre ami Léon Foccroulle voit s'acheminer ce qui fut son enveloppe terrestre. Sa tombe est là, et, autour d'elle, chacun a pu entendre les bonnes paroles élogieuses tour à tour prononcées par MM. Nuss, Horion. Cl. Leruth et Casterman. 

        « Le meilleur souvenir restera dans le cœur de tous ceux qui ont pu assister à cette touchante cérémonie. » 

    Le Progrès spirite : organe de la Fédération spirite universelle, 20 mai 1903, p.78-79


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  • Suicide d'un ouvrier à Jemeppe (L'Écho Saumurois 19-20 nov 1894)


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  • magasin à côté du temple d'Antoine le Guérisseur

    Denrées coloniales, chaussures...


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  • Grèves à Seraing (La Lanterne, Paris, 25 mars 1886)


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