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  •     Miss Lily Dougall se vit ainsi présenter une "communication" émanent d'un personnage purement imaginaire d'un de ses romans...
    Maurice Colinon, Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui, p.78

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    CHAPITRE QUATRE
    La personnalité de Léopold

    Léopold est-il vraiment Joseph Balsamo comme il le prétend ? Ou bien, sans avoir rien de commun que de superficielles analogies avec le fameux thaumaturge du XVIII siècle, est-il du moins un individu réel, distinct et indépendant de Mlle Smith ? Ou enfin ne serait-il qu’une pseudo-réalité, une sorte de modification allotropique d’Hélène elle-même, un produit de son imagination subliminale comme nos créations oniriques et les rôles que l’on suggère à un sujet hypnotisé ?

    De ces trois suppositions, c’est la dernière qui, à mes yeux, est certainement la vraie, tandis qu’aux yeux de Mlle Smith elle est certainement fausse. Il serait difficile d’imaginer un plus profond désaccord, et l’on devine que nous avons de la peine à nous entendre sur ce point. C’est toujours moi qui finis par avoir le dessous. Je cède, pour deux raisons. D’abord par politesse, et puis parce qu’au fond je comprends parfaitement Hélène et qu’en me mettant à sa place, je penserais exactement comme elle. Étant donné son entourage et ses expériences personnelles, il est impossible qu’elle ne croie pas à l’existence objective, distincte, de cet être mystérieux qui intervient constamment dans sa vie d’une façon sensible et quasi matérielle, ne laissant de prise à aucun doute. Il se présente à ses regards doué d’une corporéité égale à celle des autres gens et cachant les objets situés derrière lui comme un individu en chair et en os [1]. Il parle à ses oreilles, le plus ordinairement à gauche, d’une voix caractéristique qui paraît venir d’une distance variable, quelquefois de deux mètres environ, souvent de beaucoup plus loin. Il secoue la table sur laquelle elle a posé ses mains immobiles, ou lui donne des crampes dans le bras, s’empare de son poignet et écrit par sa main en tenant la plume autrement quelle, et avec une écriture toute différente de la sienne. Il l’endort à son insu, et elle apprend avec étonnement au réveil qu’il a gesticulé avec ses bras, et parlé par sa bouche d’une grosse voix d’homme, à l’accent italien, n’ayant rien de commun avec son clair et joli timbre de voix féminine.

    De plus, il n’est pas toujours là. Tant s’en faut qu’il réponde chaque fois aux appels d’Hélène et soit à sa merci. Bien au contraire : sa conduite, ses manifestations, ses allées et venues sont imprévisibles et témoignent d’un être autonome, doué de libre arbitre, souvent occupé ailleurs ou absent pour ses propres affaires qui ne lui permettent pas de se tenir constamment à la disposition de Mlle Smith. Quelquefois, il reste des semaines sans se révéler, malgré qu’elle le désire et l’invoque. Puis, tout à coup, il se manifeste quand elle s’y attend le moins. Il lui tient des discours, pour elle-même ou à l’adresse d’autres personnes, comme elle n’aurait pas l’idée d’en faire, et lui dicte des poésies dont elle serait incapable. Il répond à ses questions orales ou mentales, converse et discute avec elle. Comme un sage ami, un Mentor raisonnable et voyant les choses de haut, il lui donne des avis, des conseils, des ordres même, parfois directement opposés à ses désirs et contre lesquels elle regimbe. Il la console, l’exhorte, la calme, l’encourage et la réprimande ; il prend vis-à-vis d’elle la défense de gens qu’elle n’aime point et soutient des causes qui lui sont antipathiques. On ne saurait, en un mot, concevoir un être plus indépendant et plus différent de Mlle Smith elle-même, ayant un caractère plus personnel, une individualité plus marquée et une existence réelle plus certaine.

    Ce qui fortifie encore Hélène dans sa conviction, c’est l’assentiment non seulement des personnes de sa famille, mais encore d’autres gens cultivés qui, ayant eu beaucoup de séances avec elle, ne mettent point en doute l’existence objective et séparée de Léopold. Il y en a qui croient si solidement à la réalité de cet être supérieur, invisible pour eux, qu’ils vont jusqu’à l’invoquer en l’absence de Mlle Smith. Naturellement, ils obtiennent des réponses, par la table ou autrement, et cela amène parfois des complications imprévues lorsqu’elle vient à l’apprendre. Car bien qu’elle admette théoriquement - et que Léopold ait souvent déclaré lui-même - qu’il étend sa surveillance et sa protection très au loin, sur d’autres groupes spirites et plus spécialement sur tous les amis et connaissances d’Hélène, il se trouve qu’en pratique et en fait ni lui ni elle ne reconnaissent volontiers, dans les cas particuliers, l’authenticité de ces prétendues communications de Léopold obtenues en l’absence de son médium de prédilection. C’est généralement quelque esprit trompeur qui a dû se manifester à sa place en ces occasions-là. Ces dénégations n’empêchent point, d’ailleurs, les gens convaincus de continuer à croire à la toute-présence de ce bon génie, et d’apprendre à leurs enfants à le révérer, voire même à lui adresser leurs prières. Il ne faut pas oublier que le spiritisme est une religion. Cela explique également la considération mitigée qui entoure souvent les médiums, comme les prêtres. Il arrive que, sans se priver le moins du monde d’en médire dès que l’on croit avoir des griefs contre eux, on leur prodigue, d’autre part, les mêmes marques de respect qu’à ce que l’humanité a produit de plus sublime. J’ai connu tel salon où, sur le meuble central et bien en vue, à la place d’honneur, deux photographies se faisaient pendant dans des cadres de choix ; d’un côté une tête de Christ d’un grand maître, de l’autre le portrait... de Mlle Hélène Smith. Chez d’autres croyants d’aspirations moins idéales mais plus pratiques, on ne conclut pas une affaire, on ne prend pas une décision grave, sans avoir consulté Léopold par l’intermédiaire d’Hélène, et les cas ne se comptent plus où il a fourni un renseignement important, évité une grosse perte d’argent, donné une prescription médicale efficace, etc.

    On conçoit que tous les succès obtenus par Léopold, et la vénération mystique que beaucoup de personnes infiniment estimables lui témoignent, doivent contribuer pour leur part à entretenir la foi d’Hélène en son tout-puissant protecteur. C’est en vain que, contre cette assurance absolue, on chercherait à faire valoir les arguties de la psychologie contemporaine. L’exemple des fictions du rêve, les analogies tirées de l’hypnotisme et de la psychopathologie, les considérations sur la désagrégation mentale, la division de la conscience et la formation de personnalités secondes, toutes ces subtilités alambiquées de nos savants modernes viendraient se briser comme verre sur ce roc inébranlable de la certitude immédiate. Aussi bien n’entreprendrai-je point de combattre une proposition qui a incontestablement l’évidence sensible pour elle, et qui résout toutes les difficultés de la façon la plus aisée et la plus conforme au sens commun.

    Cependant, comme il faut bien que chacun vive et exerce son petit métier, je demande l’humble permission de faire momentanément comme si Léopold n’existait pas en dehors de Mlle Smith, et de tenter de reconstituer sa genèse possible dans la vie mentale de cette dernière - uniquement par hypothèse et à titre d’exercice psychologique. D’ailleurs, les lecteurs qui se sentent peu de goût pour ce genre de compositions académiques n’ont qu’à sauter par-dessus ce chapitre.

    I. PSYCHOGENÈSE DE LÉOPOLD

    Ce qui ne facilite pas la description du développement de Léopold, c’est qu’il a une double origine, apparente et réelle, comme les nerfs crâniens qui donnent tant de tablature aux étudiants en anatomie. Son origine apparente, je veux dire le moment où il s’est extérieurement séparé de la personnalité d’Hélène et manifesté comme un « esprit » indépendant, est relativement claire et bien marquée ; mais son origine réelle, profondément enfouie dans les couches les plus intimes de la personnalité d’Hélène et inextricablement confondue avec elles, présente de grandes obscurités et ne peut être fixée que d’une façon très conjecturale. Occupons-nous d’abord de l’origine apparente ou de la première apparition de Léopold aux séances.

    On comprend qu’une fois initiée au spiritisme et plongée dans un courant d’idées où la réconfortante doctrine des Esprits guides ou protecteurs tient une place importante, Mlle Smith n’ait pas tardé à posséder, comme tout bon médium, un désincarné spécialement attaché à sa personne. Elle en eut même deux successivement, à savoir Victor Hugo et Cagliostro. Il ne s’agit pas là d’un simple changement de nom du guide d’Hélène, qui se serait d’abord présenté sous l’aspect et le vocable du grand poète, puis aurait adopté ensuite ceux de l’illustre thaumaturge, mais ce sont bien, au début du moins, deux personnalités différentes, voire même hostiles, dont l’une a peu à peu supplanté l’autre (tout en absorbant quelques-uns de ses caractères) à la suite d’une lutte dont la trace se retrouve dans les procès-verbaux fort incomplets des séances de l’époque. Ainsi peut-on distinguer trois phases dans la psychogenèse du guide de Mlle Smith : une phase initiale de cinq mois, où V. Hugo règne seul ; une phase de transition d’environ un an, où l’on voit la protection de V. Hugo impuissante à défendre Hélène et son groupe spirite contre les invasions d’un intrus nommé Léopold, qui réclame et manifeste une autorité croissante sur le médium en vertu de mystérieuses relations au cours d’une existence antérieure ; enfin, la période actuelle, qui dure depuis six ans, où V. Hugo ne figure plus et qu’on peut dater approximativement du moment où il a été révélé que Léopold n’est qu’un nom d’emprunt sous lequel se cache en réalité la grande personnalité de Joseph Balsamo.

    Je ne trouve aucun fait digne de mention dans la première phase, où V. Hugo, qu’on a vu apparaître comme guide de Mlle Smith dès le 1er avril 1892 (voir plus haut, p. 52), ne joue qu’un rôle assez nul. Sur la seconde phase, en revanche, il convient de citer quelques extraits des procès-verbaux du groupe N. pour mettre en lumière le singulier caractère avec lequel Léopold s’y manifesta dès le début :

        26 août 1892. Un esprit s’annonce sous le nom de Léopold. Il vient pour Mlle Smith et paraît vouloir avoir une grande autorité sur elle. Elle le voit au bout de quelques instants, il paraît âgé de trente-cinq ans environ et est tout habillé de noir. L’expression de son visage est plutôt bonne et, aux quelques questions que nous lui adressons, nous comprenons qu’il l’a connue dans une autre existence et qu’il ne voudrait pas qu’elle s’attachât de coeur à quelqu’un ici-bas... Mlle Smith distingue son guide V. Hugo. Elle est heureuse de son arrivée et s’adresse à lui pour qu’il la protège en prévision des obsessions de ce nouvel esprit. Il lui répond qu’elle n’a rien à craindre, qu’il sera toujours là. Elle est joyeuse d’être ainsi gardée et protégée par lui, et sent qu’elle ne doit rien craindre.

        2 septembre. ... Léopold vient aussi, mais Mlle Smith ne craint rien, car son guide [V. Hugo] est là qui la protège.

        23 septembre. ... Soirée peu heureuse. Un esprit s’annonce. C’est Léopold. Il nous dit tout de suite : Je suis seul ici, je veux être le maître ce soir. Nous sommes très contrariés et n’attendons rien de bon de lui. Il cherche, comme il l’avait déjà fait une fois, à endormir Mlle Smith, qui a une peine inouïe à lutter contre ce sommeil. Elle sort de table, espérant par ce moyen l’éloigner et qu’il laissera la place à d’autres. Elle revient au bout de dix minutes, mais il est toujours là et n’a pas l’air de vouloir abandonner la partie. Plus nous lui parlons et plus nous avons l’air de ne point le craindre, plus il secoue la table pour nous montrer que lui non plus ne nous craint pas. Nous appelons nos amis [spirituels] à notre aide... [Ils prennent momentanément la place de Léopold, mais bientôt] de nouveau Léopold est revenu, nous luttons avec lui, nous voulons qu’il s’éloigne, mais ni la douceur ni les paroles dures ne le font fléchir ; devant cet entêtement, nous comprenons que tous nos efforts seront inutiles, et nous nous décidons à lever la séance.

        3 octobre. ... [Manifestation des esprits favoris du groupe qui déclarent] qu’ils n’ont pu venir comme ils l’auraient désiré, entravés qu’ils ont été par l’esprit Léopold qui cherche à s’introduire parmi nous, et que nous voudrions repousser autant que possible, persuadés qu’il ne vient pas dans un bon but, d’après la manière peu convenable dont il s’annonce. Je ne sais si nous arriverons à l’éloigner, mais nous craignons beaucoup qu’il ne nous gêne et retarde notre avancement.

        7 octobre. ... Léopold s’annonce. Nous cherchons à le raisonner, nous ne voulons pas lui interdire de venir, mais ce que nous lui demandons, c’est qu’il vienne en ami comme tous, et non pas en Maître comme il l’exprime. Ii n’est pas satisfait, paraît y mettre beaucoup de malice, et nous parle avec un sans-façon qui nous démonte. Espérons qu’il arrivera à de meilleurs sentiments. Il se fait voir, se promène autour de la table, nous envoie à chacun un salut avec la main, et se retire pour laisser de nouveau la place à d’autres...

        14 octobre. [Après un quart d’heure d’attente immobile et silencieuse dans l’obscurité, autour de la table, on interpelle Mlle Smith et on la secoue vainement.] Elle est endormie. D’après le conseil des personnes présentes, nous la laissons dormir, puis au bout de quelques minutes, la table se soulève, un esprit s’annonce, c’est Victor Hugo ; nous lui demandons s’il a quelque chose à nous dire, il répond que oui et épelle : Éveillez-la, ne la laissez jamais dormir. Nous nous empressons de le faire, nous sommes, du reste, inquiets de ce sommeil ; nous avons beaucoup de peine à l’éveiller.

        6 janvier 1893. Après vingt minutes d’attente, arrive Léopold, qui, comme d’habitude, endort quelques instants le médium, nous taquine et empêche nos amis [désincarnés] de venir à la table. Il nous contrarie dans tout ce que nous lui demandons et va contre tous nos désirs. En présence de cette rancune, les assistants regrettent les mouvements de mauvaise humeur qu’ils ont eus contre lui, et déplorent de les payer aussi cher. On ne réussit qu’avec peine à réveiller le médium.

        Février 1893. Dans l’une des séances de ce mois, il arriva une chose remarquable : c’est notre médium à qui l’esprit Léopold, très irrité ce jour-là, enleva deux fois de suite sa chaise en l’emportant à l’autre extrémité de la chambre, pendant que Mlle Smith tombait lourdement sur le plancher. Ne s’attendant nullement à cette mauvaise farce, Mlle Smith tomba si malheureusement sur un genou qu’elle en souffrit pendant plusieurs jours et avait de la peine à marcher. Nous avons dû lever la séance, nous n’étions pas tranquilles. Pourquoi cette animosité ? ...

    Ce mot d’animosité résume assez bien, en effet, la conduite et les sentiments que Léopold paraît avoir eus vis-à-vis du groupe N., au rebours de son placide rival H. Hugo. Les souvenirs personnels des assistants que j’ai pu interroger confirment la physionomie essentielle de ces deux figures. Hugo est un protecteur anodin, au ton paterne et fadasse dont les bons conseils revêtent volontiers la forme des vers de mirliton et des devises de caramels [2]. Caractère effacé en somme, et bien éclipsé par celui tout opposé de l’arrogant Léopold, qui prend un singulier plaisir au rôle de trouble-fête, vindicatif et jaloux, empêchant la venue des désincarnés désirés du groupe, endormant le médium ou le précipitant à terre, lui défendant de donner son coeur à d’autres, et désorganisant les séances autant qu’il est en lui. C’est à quoi il semble avoir fort bien réussi, car les réunions du groupe N. prirent fin au commencement de l’été ; puis vient une interruption de six mois après laquelle je retrouve Mlle Smith inaugurant le 12 décembre une nouvelle série de séances dans un tout autre groupe spirite organisé par M. le professeur Cuendet. Ici, V. Hugo ne reparaît plus que très rarement, et jamais avec le rôle de guide, lequel rôle est attribué d’emblée et sans conteste à Léopold dont l’identité véritable (Cagliostro) n’est un secret pour personne dans ce nouveau milieu. C’est donc dans le courant de 1893, à une époque impossible à préciser faute de documents, que se termina la rivalité de ces deux personnages par le triomphe complet du second.

    Il résulte de ce qui précède que l’apparition de Léopold dans les séances du groupe N. fut un phénomène manifeste de contraste, d’hostilité, d’antagonisme à l’endroit de ce groupe. Rien, par conséquent, ne nous éclairerait mieux sur la vraie nature de Léopold et la tendance émotionnelle qui l’a inspiré que de connaître exactement les dispositions et l’atmosphère qui régnaient dans ce groupe. Il est difficile et délicat de se prononcer sur l’esprit complexe d’un milieu dont on n’a pas fait partie et sur lequel on ne possède que des indices clairsemés et pas toujours très concordants. Voici toutefois ce qui me paraît certain.

    Le groupe N., beaucoup plus nombreux qu’il ne convient à des séances de ce genre, renfermait des éléments assez divers. À côté de personnes graves et convaincues, il y avait ordinairement là quelques étudiants qui prenaient pension chez l’une des dames du groupe, et qui ne paraissent pas avoir senti tout le sérieux des réunions spirites. Cet âge est sans pitié, et la profonde signification des séances obscures échappe souvent à son intelligence superficielle et badine. Dans ces conditions, Mlle Smith devait inévitablement éprouver deux impressions contraires. D’une part, elle se sentait admirée, choyée, fêtée comme le médium hors pair qu’elle était et sur qui reposait l’existence même du groupe ; d’autre part, ses instincts secrets de haute dignité personnelle ne pouvaient qu’être froissés des familiarités auxquelles elle était exposée dans ce milieu trop mélangé. Je regarde les deux guides rivaux et successifs d’Hélène comme l’expression de ce double sentiment. Si elle avait été élevée à l’américaine ou que sa texture fût d’un grain moins fin, le flirtage des séances n’eût sans doute fait que donner plus de chaleur et d’éclat à V. Hugo ; au lieu de cela, il souleva les colères victorieuses de Léopold dans une nature d’une grande fierté native, extrêmement chatouilleuse sur le point d’honneur, et dont l’éducation plutôt sévère et rigide avait encore exalté le sens du respect de soi. Après une lutte d’un an entre ces deux personnifications de tendances émotionnelles opposées, la seconde l’emporta définitivement comme on l’a vu, et Mlle Smith se retira du groupe N., qui se trouva dissous du même coup.

    On aperçoit maintenant l’idée que je me fais de Léopold. Il représente, à mon avis, chez Mlle Smith, la synthèse, la quintessence et l’épanouissement d’autre part - des ressorts les plus cachés de l’organisme psychophysiologique. Il jaillit de cette sphère profonde et mystérieuse où plongent les dernières racines de notre être individuel, par où nous tenons à l’espèce elle-même et peut-être à l’absolu, et d’où sourdent confusément nos instincts de conservation physique et morale, nos sentiments relatifs aux sexes, la pudeur de l’âme et celle des sens, tout ce qu’il y a de plus obscur, de plus intime et de moins raisonné dans l’individu. Quand Hélène se trouve dans un milieu, je ne dirai pas dangereux, mais où elle risque simplement, comme dans le groupe N., de se laisser aller à quelque inclination contraire à ses aspirations fondamentales, c’est alors que Léopold surgit soudain, parlant en maître, revendiquant la possession du médium tout pour lui, et ne voulant qu’elle s’attache à quelqu’un ici-bas. On reconnaît bien là l’auteur de cette voix « qui n’est pas celle de la conscience » [3], mais qui a toujours empêché jusqu’ici Mlle Smith de lier sa destinée à celle de quelqu’un qui ne serait pas parfaitement à sa hauteur. Et on y reconnaît également ce même principe de protection et de préservation qui agissait déjà au temps de sa jeunesse, dans les automatismes téléologiques surgissant à l’occasion de certains chocs émotifs dont j’ai parlé p. 42.

    Mais par ces considérations nous nous trouvons être remontés déjà fort au-delà de l’origine apparente de Léopold dans la séance du 26 août 1892, vers son origine réelle bien plus ancienne. Celle-ci paraît dater d’une grande frayeur qu’Hélène eut au cours de sa dixième année. Comme elle traversait la plaine de Plainpalais en revenant de l’école, elle fut assaillie par un gros chien qui se dressa contre elle en aboyant. On se représente la terreur de la pauvre enfant, qui fut heureusement délivrée par un personnage vêtu d’une grande robe foncée à larges manches avec une croix blanche sur la poitrine, lequel se trouva là tout à coup et comme par miracle, chassa le chien, et disparut soudain avant qu’elle eût pu le remercier. Or, d’après Léopold, ce personnage ne serait autre que lui-même qui apparut pour la première fois à Hélène en cette occasion et la sauva en faisant peur au chien.

        Cette explication a été donnée par Léopold, le 6 octobre 1895, dans une séance où Hélène venait d’avoir en somnambulisme la répétition de cette scène de frayeur, avec cris déchirants, gestes de lutte et de défense, tentatives de fuite, etc. À l’état de veille, elle se rappelle très bien cet épisode de son enfance, mais n’y fait pas intervenir Léopold et croit que ce fut un curé ou un religieux quelconque qui, passant par là par hasard, se porta à son secours et chassa l’animal. Ses parents ont également le souvenir de cet incident, qu’elle leur raconta un jour en rentrant très émotionnée de l’école et à la suite duquel elle ne put de longtemps rencontrer un chien dans la rue sans être reprise d’effroi et se cacher dans la robe de sa mère. Elle a toujours conservé une aversion instinctive pour les chiens.

    Il ne semble pas à première vue que, dans cette aventure, la sphère des sentiments de pudeur ait dû être spécialement en jeu ; mais si l’on songe que toutes les émotions intenses se tiennent, qu’il s’agit, en somme, d’une sorte d’attentat, et que la puissance désagrégeante des chocs physiques et moraux chez les individus prédisposés est un fait aujourd’hui banal, on ne fera pas difficulté de souscrire à l’affirmation de Léopold, en la prenant, il est vrai, en un autre sens que lui, et de voir dans cet épisode la première origine de la division de conscience et des manifestations hypnoïdes de Mlle Smith. Quant à savoir si le personnage en robe était un passant réel accouru au secours de l’enfant, et dont l’image, gravée à jamais dans sa mémoire à la faveur de l’émotion, s’est plus tard reproduite dans toutes les circonstances analogues et a fini par faire corps avec Léopold ; ou si ce fut déjà alors une vision imaginative, accompagnant quelque vigoureux déploiement automatique d’énergie musculaire par lequel la petite fille réussit à se débarrasser du chien, c’est ce qui n’est pas possible ; la première hypothèse me paraît toutefois la plus naturelle et la plus simple.

    On a vu (p. 48) qu’après ce premier incident, les choses en restèrent là pendant quatre ans, jusqu’au moment où la puberté vint favoriser le développement des visions orientales. Ici, Léopold, auquel nous devons ces renseignements, n’est plus tout à fait d’accord avec lui-même, car tantôt il dit que c’est lui qui donnait ces visions de l’Inde à Mlle Smith, tantôt qu’elles se produisaient d’elles-mêmes comme des réminiscences d’une vie antérieure ; cependant, le fait qu’il en avait connaissance, et s’en souvient en gros, semble bien indiquer qu’il était pour quelque chose dans leur apparition, conformément à sa première thèse, ce qui appuie l’idée d’une connexion intime entre ces rêveries subconscientes et la sphère psychique profonde à laquelle j’ai fait allusion. À côté de ces visions diverses, Léopold a clairement reparu sous la forme du protecteur à robe brune dans nombre de circonstances où cette sphère était plus directement intéressée. Je n’en citerai que deux exemples, l’un très ancien, l’autre tout récent.

        Un jour qu’Hélène était allée consulter le docteur au sujet de sa dysménorrhée, celui-ci, qui la connaissait depuis longtemps et était presque un ami de la famille, se permit de cueillir un innocent baiser sur la fraîche joue de la jeune fille. Il ne s’attendait pas à l’explosion indignée que cette familiarité provoqua chez Mlle Smith, à qui il dut se hâter de faire des excuses méritées. Ce qui nous intéresse ici, c’est que, sous le coup de l’émotion, elle vit apparaître dans l’angle de la chambre son défenseur en robe brune, qui ne la quitta plus jusqu’à ce qu’elle fût rentrée chez elle.

        Il n’y a pas longtemps, ce même protecteur, toujours dans le même costume, l’a accompagnée plusieurs jours de suite pendant qu’elle traversait une promenade peu fréquentée qui se trouve sur sa route lorsqu’elle va à son bureau. Un soir, aussi, il lui apparut à l’entrée de cette promenade avec l’attitude de lui barrer le chemin, et l’obligea à faire un détour pour regagner son domicile. Mlle Smith a l’impression, et divers indices donnent à penser qu’elle ne se trompe pas, que c’est pour lui éviter une vue ou une rencontre dangereuse que Léopold, à la robe brune, lui apparaît ainsi dans des conditions toujours parfaitement déterminées. C’est à la distance constante d’une dizaine de mètres qu’il surgit devant elle, marchant ou plutôt glissant à reculons, en silence, à mesure qu’elle avance vers lui, et l’attirant en fascinant ses regards de façon à l’empêcher de les détourner à droite ou à gauche, jusqu’à ce qu’elle ait franchi le passage périlleux. On notera que, tandis que Léopold en d’autres circonstances, par exemple aux séances, se montre à elle dans les costumes les plus variés et parle de tout au monde, c’est toujours sous son aspect hiératique en quelque sorte, muet et vêtu de sa grande robe foncée, qu’il lui apparaît dans les occasions de la vie réelle où elle est exposée aux émotions de danger spéciales à son sexe, comme il lui apparut la première fois lors de la frayeur de sa dixième année.

    Les indications que je viens de donner justifient, je pense, suffisamment mon opinion, que l’origine réelle et primordiale de Léopold se trouve dans cette sphère délicate et profonde où l’on a tant de fois rencontré les racines des phénomènes hypnoïdes, et à laquelle les plus illustres visionnaires, tels qu’un Swedenborg [4], semblent devoir en bonne partie non point sans doute le contenu intellectuel et vivant, mais la forme imaginative, l’enveloppe hallucinatoire et matérielle, de leur génie. Un double problème subsiste toutefois dans le cas de Mlle Smith. Pourquoi ces sentiments instinctifs, ces tendances émotionnelles, qui existent chez tout le monde et poussent chez beaucoup des diverticules subconscients et hypnoïdes, ont-ils chez elle abouti à un produit aussi complexe et aussi perfectionné que l’est la personnalité de Léopold, et pourquoi, en second lieu, cette personnalité croit-elle être Joseph Balsamo ?

    Je réponds d’emblée que ces deux points sont à mes yeux un pur effet d’autosuggestion. Pour ce qui est du premier, à savoir que la vie subconsciente se condense en une personnalité d’apparence indépendante et distincte du moi ordinaire, possédant son caractère à elle et se révélant par des procédés automatiques, le simple fait de s’occuper de spiritisme et de se livrer à des exercices médiumiques suffit à le produire. Ce n’est pas là une hypothèse ou une affirmation en l’air, c’est une vérité empirique, la constatation d’une réalité, une loi psychologique induite d’exemples concrets et qui, par conséquent, constitue l’explication suffisante, et seule plausible jusqu’à preuve du contraire, des autres cas particuliers auxquels sa formule est applicable. Prenez un individu ayant dans sa subconscience des souvenirs, des scrupules, des tendances affectives, des idées à coefficient émotionnel plus ou moins intense ; mettez-lui en tête, je ne dis pas des convictions, mais simplement des préoccupations spirites, puis attelez-le à une table ou à un crayon : pour peu qu’il soit du tempérament impressionnable, suggestible, désagrégeable que le public appelle la faculté médianimique, il ne se passera pas longtemps avant que ses éléments subliminaux se groupent, s’ordonnent, se compénètrent suivant la forme « personnelle » à laquelle tend toute conscience [5], et se traduisent au-dehors en communications qui ont l’air de venir directement des désincarnés. J’ai publié [6] dernièrement deux exemples typiques de ce processus, où il n’y a pas plus d’esprits au sens spirite du mot que dans le fait de se rappeler son nom ou son adresse, et je ne reviens pas sur cette démonstration.

    Appliquée au cas de Mlle Smith, cette loi consiste à dire que Léopold n’existait pas nécessairement (il n’y en a d’ailleurs aucun indice) à titre de sous-personnalité distincte avant qu’Hélène s’occupât de spiritisme. C’est aux séances du groupe N., par réaction émotionnelle contre certaines influences, comme on l’a vu, qu’il s’est peu à peu formé, en s’enrichissant des souvenirs de même tonalité, jusqu’à devenir un être en apparence indépendant, se révélant par la table, manifestant une volonté propre et une tournure de pensée à lui, se rappelant les incidents antérieurs analogues de la vie d’Hélène et se donnant les gants d’y être déjà intervenu. Une fois constitué, ce second Moi ne fera, cela va sans dire, que croître, embellir, et se développer en tous sens en s’assimilant une foule de nouvelles données à la faveur de l’état de suggestibilité qui accompagne l’exercice de la médiumité, tandis que dans le passé il ne pourra s’agréger, et ne reconnaîtra comme lui appartenant que les éléments de même ordre que lui, les faits subconscients issus de la même sphère fondamentale et teintés des mêmes dispositions. Sans le spiritisme et l’autohypnotisation des séances, Léopold ne se fût vraisemblablement jamais personnalisé, mais serait resté à l’état nébuleux, disséminé, incohérent, de vagues rêveries subliminales et de phénomènes automatiques égrenés.

    Quant au second problème, celui d’expliquer pourquoi cette sous-personnalité une fois constituée s’est crue Cagliostro plutôt que de prendre tel autre nom célèbre ou de rester simplement l’ange gardien anonyme de Mlle Smith, cela demanderait une connaissance très complète des mille incidents extérieurs qui ont enveloppé Hélène au début de sa médiumité et ont pu la suggestionner involontairement. Or, je n’ai réussi à récolter sur ce sujet que des indications laissant beaucoup à désirer, de sorte qu’il est loisible à chacun de déclarer que l’origine purement psychologique de cette personnification n’est pas clairement établie et de préférer, si bon lui semble, une intervention réelle de Joseph Balsamo désincarné à mon hypothèse de l’autosuggestion. Voici, toutefois, les points de faits que je puis avancer à l’appui de cette dernière, sans parler d’autres considérations méthodologiques.

        L’esprit autoritaire et jaloux, ennemi évident du groupe N., qui se manifesta le 26 août 1892 sous le nom de Léopold [7] ne révéla son identité de Cagliostro que quelque temps plus tard, dans les circonstances suivantes.

        Une des personnes les plus assidues aux réunions du groupe N. était une dame B., depuis longtemps adonnée au spiritisme et qui avait assisté précédemment à de nombreuses séances chez M. et Mlle Badel, un couple d’amateurs très convaincus actuellement défunts, dont le salon et la table ronde ont tenu une place fort honorable dans l’histoire de l’occultisme genevois. (Je n’en parle que par ouï-dire.) Or, je tiens de Mme B. que l’un des désincarnés qui se manifestait le plus souvent aux séances de M. et Mme Badel, lorsqu’elle y assistait, était précisément Joseph Balsamo. Il n’y a, en effet, pas de figures dans l’histoire qui se prêtent mieux à ces retours posthumes au milieu des mystères du guéridon que celle de l’énigmatique Sicilien, surtout depuis qu’Alexandre Dumas lui a redoré de la façon éclatante que l’on sait son blason d’hypnotiseur avant la lettre et son auréole de grand Cophte illuministe.

        Non contente des réunions officielles du groupe N., Mme B. invitait souvent Hélène chez elle, pour des séances intimes dont on ne tenait pas procès-verbal. C’est à l’une de celles-ci qu’Hélène ayant eu la vision de Léopold qui lui désignait une carafe avec une baguette, Mme B. pensa soudain à un épisode célèbre de la vie de Cagliostro et, après la séance, elle sortit d’un tiroir et montra à Mlle Smith une gravure détachée d’une édition illustrée de Dumas, représentant la fameuse scène de la carafe entre Balsamo et la Dauphine au château de Taverney [8]. Elle émit en même temps l’idée que l’esprit qui se manifestait par la table sous les mains d’Hélène était sûrement Balsamo, comme précédemment à la table de M. et Mme Badel, et elle s’étonna qu’on lui eût donné le nom de Léopold, à quoi Hélène répondit que c’était lui-même qui s’était appelé comme cela. Mme B., continuant ses déductions, dit à Mlle Smith qu’elle avait peut-être déjà été le médium du grand magicien, par conséquent Lorenza Feliciani, dans une vie antérieure. Hélène accepta volontiers cette idée, et se considéra pendant quelques semaines comme la réincarnation de Lorenza, jusqu’au jour où une dame de sa connaissance lui fit observer que cela n’était pas possible, Lorenza Feliciani n’ayant jamais vécu que dans l’imagination et les romans d’Alexandre Dumas ( !). Ainsi dépossédée de son antériorité présumée, Hélène ne tarda pas à être déclarée Marie-Antoinette par la table. Quant à Léopold, peu de temps après que Mme B. l’eût ainsi identifié hypothétiquement avec Cagliostro, il confirma lui-même cette supposition dans une séance du groupe N. en dictant par la table que son vrai nom était Joseph Balsamo.

        Il reste deux points obscurs et impossibles à élucider dans cette généalogie. D’abord qu’était cette vision d’Hélène où Léopold lui montrait une carafe avec une baguette ? Si elle représentait réellement la scène du château de Taverney, on pourrait en conclure que Léopold avait bel et bien la conscience nette d’être Cagliostro avant que Mme B. en émît l’idée, et que cette vision était un moyen détourné de se faire reconnaître ; mais cela ne prouverait point qu’il n’eût puisé cette conscience dans quelque suggestion antérieure inconnue de nous. Mais cette vision se rapportait-elle bien à cette scène célèbre, ou n’était-elle pas tout autre chose ? II faut renoncer à le savoir ; ni les souvenirs de Mme B., ni surtout ceux d’Hélène, qui ne conserve jamais longtemps la mémoire exacte de ses séances même éveillées, ne permettant plus de trancher cette question.

        Ensuite, d’où vient ce nom de Léopold et pourquoi Cagliostro s’en serait-il affublé au lieu de se présenter ouvertement comme chez M. et Mme Badel et à tant d’autres tables spirites ? Nul ne le sait. Il n’y a, à ma connaissance, dans l’entourage de Mlle Smith, personne portant ce prénom et de qui il aurait pu provenir. M. Cuendet, partant de l’idée que c’est bien un pseudonyme intentionnellement adopté par le vrai Joseph Balsamo pour pouvoir, à l’occasion, revendiquer son identité tout en la dissimulant aux séances de Mlle Smith, a fait l’ingénieuse hypothèse que le choix de ce nom de guerre [ou plutôt de table !] a été déterminé par sa construction symétrique sur les trois fameuses initiales L :.P :. D qui représentaient la devise des Illuminés (lilia pedibus destrue), et qu’Alexandre Dumas a inscrites à la fois en tête d’un de ses chapitres les plus impressifs [9] et sur la poitrine de Joseph Balsamo qui en est la figure centrale. Je ne demande pas mieux ; en admettant que la seconde personnalité d’Hélène se soit crue Cagliostro avant la suggestion de Mme B. dont j’ai parlé tout à l’heure, et avant même de se manifester pour la première fois sous le nom de Léopold, il serait psychologiquement très plausible que, par le jeu capricieux des associations d’idées, l’imagination subconsciente d’Hélène ait, en effet, passé de l’image fascinante du fameux Cagliostro au souvenir du chapitre où Dumas le dévoile dans son essence, puis aux trois lettres en vedette qui couronnent ce prestigieux chapitre, et de là, enfin, au seul prénom connu dont ces lettres soient pour ainsi dire les piliers.

        D’autre part, Hélène affirme catégoriquement, et sa mère aussi, qu’elle n’a jamais lu ni même vu les Mémoires d’un médecin avant l’époque où se révéla Léopold-Cagliostro. Quant à interroger Léopold lui-même, cela n’avance guère la question. Les premières fois que je le questionnai à ce sujet, il répondit que ce nom était un pseudonyme purement arbitraire dont il n’y avait pas à rechercher une explication raisonnée. Plus tard (séance du 28 février 1897), comme M. Cuendet lui faisait part de son hypothèse, il l’accepta aussitôt et par des gestes d’approbation énergique félicita l’auteur d’avoir enfin deviné la vérité. Mais cette adhésion se prouve rien, car c’est un trait saillant chez Léopold (qu’il partage avec la plupart des personnalités subliminales) que, ne sachant pas dire grand-chose de lui-même quand on lui demande des renseignements précis sur un sujet quelconque, il acquiesce d’autant plus vite à tout ce qui, dans ce qu’on lui propose, peut flatter son amour-propre et cadrer avec sa nature ou son rôle. De plus, interrogé à nouveau sur l’origine de son nom dans une séance beaucoup plus récente (12 février 1899), il paraît n’avoir plus aucune souvenance de l’hypothèse de M. Cuendet, et explique qu’il a pris comme pseudonyme le prénom d’un de ses amis du siècle dernier, qui lui était très cher, et qui faisait partie de la maison d’Autriche bien qu’il n’ait joué aucun rôle historique ; impossible de lui faire préciser davantage. Il est au total évident qu’il ne sait pas lui-même au juste pourquoi il se sert, et signe ses messages, du prénom de Léopold plutôt que de tout autre, ni même pourquoi il a adopté et conserve un pseudonyme bien inutile puisque sa prétendue identité n’est un secret pour personne depuis six ou sept ans qu’il a pris soin de la divulguer.

        En résumé, Mme B., qui est d’ailleurs spirite convaincue et profonde admiratrice des facultés médianimiques de Mlle Smith, a l’impression « d’avoir bien été pour quelque chose », par ses remarques et suppositions, dans le fait que Léopold s’est donné pour Joseph Balsamo et qu’Hélène s’est d’abord crue Lorenza Feliciani, puis plus tard Marie-Antoinette. C’est également à Mme B., qui parlait volontiers de Victor Hugo, que remonterait suivant d’autres témoins le nom du premier guide temporaire de Mlle Smith.

    Une chose reste certaine, c’est que, sauf l’affirmation vague d’avoir déjà connu Hélène dans une existence antérieure [10], Léopold n’a point prétendu être Cagliostro ni donné aucune raison de penser qu’il le fût, avant la réunion où Mme B., qui était accoutumée de vieille date aux manifestations de ce personnage, en énonça la supposition et montra à Mlle Smith immédiatement après la séance (à un moment donc où elle est dans la règle encore extrêmement suggestible) une gravure des oeuvres de Dumas représentant Balsamo et la Dauphine. À partir de ce jour, en revanche, Léopold ne cessa d’affirmer cette qualité, et réalisa progressivement les caractères de ce rôle d’une façon très remarquable, comme on va le voir.
    P.-S.

    Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM à partir de l’ouvrage de Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars. Étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Éditions Alcan et Eggimann, Paris et Genève, 1900.

    Notes :
    [1] C’est surtout lors de ses apparitions en plein air que Léopold a l’aspect d’un individu ordinaire dans le milieu ambiant. Dans la maison, il fait habituellement partie de quelque vision plus étendue qui se substitue à la chambre où se trouve Hélène, en sorte qu’on ne peut pas dire qu’elle voie Léopold se détacher sur les meubles ou la paroi comme une personne réelle.
    [2] Voici deux exemples de ces dictées typtologiques adressées par V. Hugo à Mlle Smith et conservées dans les procès-verbaux du groupe N. :
        9 décembre 1892. - L’amour, divine essence, insondable mystère.
        Ne le repousse point, c’est le ciel sur la terre.
        19 février 1893. - L’amour, la charité, seront ta vie entière ;
        Jouis et fais jouir, mais n’en sois jamais fière.
    [3] Voir la lettre citée p. 45.
    [4] Voir Lehmann, Aberglaube und Zauberei, übers, v. Petersen, Stuttgart, 1898, p. 217.
    [5] W. James, « Thought Tends to Personal Form », Principles of Psychology, New York, 1890, t. I, p. 225 sq.
    [6] « Genèse de quelques prétendus messages spirites », Revue philosophique, t. XLVlI, p. 144 (février 1899).
    [7] Suivant les souvenirs vacillants de divers témoins, Léopold se serait déjà manifesté une première fois, peu de jours avant la date ci-dessus, dans une séance d’Hélène tenue avec quelques personnes du groupe N., mais en dehors des réunions régulières de ce groupe, et sans procès-verbal.
    [8] Alexandre Dumas, Mémoires d’un médecin. Joseph Balsamo, chap. XV.
    [9] Loc. cit. Introduction, chap. II.
    [10] Cette affirmation même est évidemment le résultat d’une suggestion extérieure ; voyez p. 89, le procès-verbal de la séance du 26 août 1892. Quand on sait comment se font les questions et les réponses aux séances spirites, il ne saurait y avoir de doute que ce sont les assistants eux-mêmes qui, pour s’expliquer le caractère dominateur et jaloux de ce nouvel esprit, lui ont demandé s’il aurait peut-être déjà connu Hélène dans quelque existence antérieure. Comme de juste, Léopold s’est hâté de souscrire à une supposition qui fournissait de son caractère essentiel (découlant de ses origines psychologiques réelles) une si excellente légitimation, et si conforme aux idées spirites ambiantes.

    Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars. Étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Éditions Alcan et Eggimann, Paris et Genève, 1900. source : Gallica

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        En 1992, Judith Ravel de Berlin  voulut concurrencer J.Z. Knight. Elle tint plusieurs séminaires et festivals à Salzburg durant lesquels elle clama être la messagère de l'Esprit de Ramtha. La cour suprême autrichienne reconnut les droits de copyright de J.Z. Knight et a ordonné à Judy Ravel d'abandonner ses prétentions d'être en contact avec Ramtha.
        Knight avait sécurisé ses droits de copyright aux USA dans les années 1970 après avoir proclamé que Ramtha lui avait dit qu'elle était la seule médium ayant droit à avoir accès à lui. La cour condamna aussi Ravel à payer 800 dollars de dommages-intérêts. Les avocats de J.Z. Knight en demandaient des milliers de plus.
    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ramtha


        On dit aussi que la poésie permet d'accéder à la conscience :
        La poésie est ainsi appelée à remplacer la philosophie comme voie d'accès vers la vérité intérieure à l'immédiateté de la conscience à elle-même. Mais cette voie d'accès a une part de magie. Le mot n'est pas un simple sens, il exerce un pouvoir magique sur la conscience. « Ce sera une belle époque que celle où on ne lira plus rien d'autres que de belles compositions - les œuvres d'art littéraires. » Autre fragment de Novalis significatif de cette sacralisation de l'art et de la poésie :
        " La disposition pour la poésie a beaucoup en commun avec la disposition pour le mysticisme. Il s'agit d'une disposition pour tout ce qui est particulier, personnel, inconnu, mystérieux, pour ce qui est à révéler, pour le contingent nécessaire. Elle présente l'imprésentable. Elle voit l'invisible, sent le non-sensible.... Le poète est insensé au sens vrai du terme - c'est la raison pour laquelle tout se rencontre en lui. Il représente au sens le plus propre du terme le sujet-objet - l'âme et le monde. D'où le caractère infini d'un bon poème, son éternité. "
    source : http://www.lettres-et-arts.net/arts/66-introduction_la_signification_philosophique_de_l_art


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  •     En lisant le récit de Roland A.E. Collingon, La Vie tourmentée de Louis Antoine, on peut être surpris par la violence du monde dans lequel vivait Louis Antoine. En effet, ce texte parut après celui de Robert Vivier n'est pas du tout dans les mêmes teintes : anachistes, émeutes, pistolets... Mais aussi épidémies, inondations, corruptions... Robert Vivier avait pour but de raconter "l'histoire d'une âme", "il cherche à offrir de son personnage une image plausible, cohérente, qui puisse rendre compte de l'oeuvre accomplie" (Lecture de Claudine Gothot-Mersch, p.364, in Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, Editions Labor - Espace Nord). Du coup, il manque nettement un rappel des faits de l'histoire générale. Rolant A E Collignon restitue ces faits.
        Avec l'aide de journaux de l'époque, voyons à quoi ressemblait le temps à la fin du XIXe-début du XXe siècle, dans la région liégeoise. Mais rappelons d'abord quelques fait :
    - en 1830, la Belgique prend son indépendance deu Royaume des Pays-Bas : Roland A E Collignon commence son récit : L’Europe de 1830 assiste au réveil des nationalités. Un pays vient de naître ; il porte le nom que lui donna Jules César à l’époque des conquêtes : Belgique. Si le concept est mal défini, il n’est pourtant pas le fruit du hasard et sert plutôt d’alibi à des ambitions précises. A l’étranger, on demeure circonspect sur l’avenir de ce territoire que l’on regarde plutôt comme une entreprise rentable à l’avenir incertain. En France, les paris sont ouverts sur la réussite du projet et surtout sur sa durée éventuelle. Durera ? Durera pas ? En attendant, les groupes qui se forment au sein de l’Etat naissant distribuent déjà les rôles, on se répartit les taches en vue de se partager les futures parts du gâteau. Tout ce beau monde établit un programme d’exploitation digne d’enrichir la nation et tout est bon pour y parvenir le plus rapidement.
    - en 1839, une partie du Limbourg doit être cédée aux Pays-Bas ; 
    - Louis Antoine né en 1846 ;
    - le spiritisme, issu du spiritualisme, voit le jour aux Etats-Unis en 1848 et en France en 1857 : En 1848, quand les soeurs Fox apprirent à faire craquer leurs orteils, le monde occidental était le théâtre de maints remous. L'Europe voyait ses anciens empires menacés. La révolution industrielle plongeait dans une misère croissante, les classes laborieuses, engendrant la montée du socialisme. L'Amérique était déchirée par la honte de l'esclavage. Même la religion était malmenée, compte tenu notamment de son incapacité à suivre l'évolution de la société. En Angleterre, les réformistes prêchaient que le christianisme, historiquement parlant, s'était au mieux montré indifférent à la souffrance humaine et, au pire, l'avait nourrie. Aux Etats-Unis, la rigide hiérarchie cléricale représentait une sorte d'affront pour la démocratie jacksonienne. Le fait d'imposer un dogme  et de placer des intermédiaires entre Dieu et l'homme froissait l'esprit individualiste des Américains, après avoir en son temps scandalisé Martin Luther ; or, l'essentiel de l'action déployée au cours de ce siècle par le renouveau religieux visait à démocratiser l'Eglise. En un sens, le spiritisme prolongeait la réforme. (Les Mystères de l'inconnu, L'invocation des esprits, p.23) ; ce mouvement sera sévèrement condamné dès 1864 par l'Eglise Catholique perdant de plus en plus de terrain parmi le population ouvrière déchristianisée ;
    - en 1870, une guerre éclate entre la France qui perd une partie de l'Alsace-Lorraine et la Prusse désirant de dominer les Etats indépendants allemands et ayuant des vues sur la Belgique ;
    - en 1871, l'Empire allemand est fondé devenant une des principales puissances en Europe pouvant rivaliser contre le Royaume-Uni, la France et la Russie ;
    - en 1871, la Garde nationale et les ouvriers de Paris refusent d'accepter la défaite et prennent le contrôle de la capitale le 18 mars, mettant en place un gouvernement insurrectionnel : la Commune de Paris, qui sera combattue puis écrasée, avec l'accord tacite des Prussiens, lors de la « Semaine sanglante » (21-28 mai) ;
    - de 1871 à 1876, Louis Antoine travaille en Prusse dans la région industrielle de la Ruhr puis de 1879 à 1884, en Pologne russe, près de Varsovie ;
    - en 1878, deux attentat, commis par des individus agissant seul, ont lieu contre l'Empereur allemand ;
    - en mars 1886 éclate plusieurs émeutes dans la région de Liège et notamment à Jemeppe et Seraing.
    - de 1885 à 1908, Léopold II fait du Congo sa propriété ;
    - la fin du XIXe et le début du XXe siècle, voit la montée des nationalismes et des impérialismes, ainsi qu'une forte rivalité économique issue de la Révolution industrielle ;
    - en 1898, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie d’inspiration marxiste mettant en avant la classe ouvrière, est fondé ;
    - en 1901, le Parti socialiste révolutionnaire, mettant en avant la classe paysanne, né à Berlin ;
    - dès 1905, un conflit semble inévitable entre la France et l'Allemagne qui ne peut obtenir de zones d’influence dans les colonies ;
    - un campagne internationale menée par le Royaume-Uni qui contraignit la Belgique à assumer le Congo en 1908, faisait de celui-ci sa colonie ;
    - en 1905 et 1917, après la Révolution industrielle et des mouvements de grève prenant de plus en plus d'ampleur, a lieu les Révolutions russes, durant laquelle s'affrontent l'armée rouge des Socialistes et l'armée blanche des tsaristes ;

    Mystification à propos d'un attentat contre Bismarck par un belge
        Nous avons donné récemment l'analyse d'un article de la Gazette de l'Allemagne du Nord, racontant qu'un nommé Duchesne-Poncelet, domicilié à Seraing (Belgique), avait proposé d'assassiner le prince de Bismarck, par lettres adressées à un archevêque français. Le journal officieux ajoutait que ces lettres avaient été communiquées par le prélat au gouvernement français et par celui-ci au prince de Bismarck.
        L'Indépendance belge d'hier dit à ce sujet :
        Nous recevons aujourd'hui de Seraing une lettre, signée Duchesne, qui nous explique longuement que complot, pris au sérieux par la presse allemande, n'a jamais été qu'une mystification imaginée après boire, et qu'il n'a pas été un seul instant question d'y donner suite.
        Voilà qui est parfait, et nous ne demandons pas mieux que de publier cette lettre ; mais un doute nous arrête : si nous étions mystifiés à notre tour ! Nous prions donc le signataire de cette lettre de justifier de son identité, de nous rpouver qu'il est bien le Duchesne dont a parlé la Gazette de l'Allemagne du Nord.
        Cependant il nous faut ajouter que peu de temps après nous recevions une autre lettre, émanant sinon de l'administration communale de Seraing, du moins de trois échevins de cette commune. Nous croyons devoir publier cette lettre officielle, d'où il semble résulter que la mystification a été plus complète encore qu'on n'eût pu le supposer :
       Province de Liége.
    Administration communale de Seraing
                        Seraing, 24 décembre.
        Monsieur le rédacteur en chef,
        L'Indépendance, dans son numéro 356 du 22 décembre, reproduit un article de la Gazette de l'Allemagne du Nord au sujet d'un prétendu complot contre la vie du prince de Bismarck, et qui daterait déjà de 1873.
        Dans cet article, notre administration serait nominativement citée comme ayant donné à l'autorité supérieure des renseignements circonstanciés sur la façon de vivre et les opinions religieuses de M. Duchesne-Poncelet, appartenant, tant par lui que par son épouse, à des familles honorables de notre localité.
        Nous croyons devoir protester énergiquement contre les allégations de la feuille précitée, en ce sens que jamais l'autorité locale n'a transmis officiellement les renseignements relatés, et nous laissons toute responsabilité à quiconque a pu se servir de notre autonomie pour procurer aux divers journaux l'occasion de nous mettre en évidence dans cette circonstance.
        Persuadés que vous voudrez bien insérer la présente dans votre prochain numéro, nous vous prions, monsieur le rédacteur, d'agréer l'assurance de notre parfaite considération.
                  S. Paul, échevin de l'instruction publique.
                  L'échevin L. Renard.
                  H. Fabry, échevin des finances.
    Le Temps, Paris, 27-12-1874
    source : Gallica

        Bulletin
        On écrit de Jemeppe  (Belgique) à la Meuse :
        « La commune de Jemeppe, une des plus importantes du bassin de Liège, a été cruellement éprouvée par l'inondation, qui l'a envahie avec la plus grande intensité.
        « Plus des deux tiers du village ont été submergés par les eaux, qui, dans beaucoup de rues, se sont élevées jusqu'à deux mètres de hauteur.
        « La population ouvrière, qui est très nombreuse, et le petit commerce sont dans une détresse navrante : nombre de familles sont réduites à la misère la plus profonde par suite du chômage forcé ot des pertes causées par le terrible
    fléau.
        « Grâce aux mesures promptes et énergiques prises par l'administration communale et le dévouement de courageux citoyens, on n'a heureusement à déplorer que des pertes matérielles. »
    L'Univers illustré, Paris, 15-01-1881
    source : gallica

    CURRENT FOREIGN TOPICS
    BRUSSELS, March 21. - Rioting was renewed to-day at Jemeppe, Tilleur, and Seraing. At the latter place some shops and the houses of some of the municipal authorities were wounded and 10 persons arrested. A number of rioters armed with revolvers caused a slight panic in this city. The disorder was not serious.
    The New York Times, March 22, 1886
    source : http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9807E7DB1330E533A25751C2A9659C94679FD7CF

    The rioting in Belgium
    BRUSSELS, March 22. - The earlier reports of the Anarchist riots at Jemeppe, Tilleur, and Seraing, in Belgium, on Saturday night, were all far short of the actual truth. A great amount of property was damaged or ruined at each place by the rioters. At Liege, on the same night, thare was an open conflict between the troops which had been massed there for the protection of the place and a large body of Anarchists who were marching against the twn for the purpose of attacking and looting it. The fight was severe and prolonged, but finally resulted in the repulse of the Anarchists. They were not driven from the field, however, until the troops charged upon them with fixed bayonets. A large number of men on both sides were injured. Some idea of the serious nature of the Anarchist demonstration may be formed from the fact that to-day no less than 6,000 regular tropps are on duty guarding the district disturbed by the rioters on Saturday. The gendarmes and strikers ar Seraing are in desorganized conflict to-day, and both sides have been firing on each other. Many persons have been wounded.
    The New York Times, March 23, 1886
    source : http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=9A05E4DB1330E533A25750C2A9659C94679FD7CF

        Sur les évènements de Belgique en 1886, lire le long article de la Revue socialiste, sur gallica. Ainsi que les divers articles du New York Times.

        Le phénomène se répète durant l'année 1892 (cf. the New York Times, May 5, 1892 et December 9, 1892).

        Le 10 octobre 1885, Louis Antoine donne des coups à Denis Collon. Le 5 février 1886, Louis Antoine est condamné, par le juge de Hollogne-aux-Pierres, à une amende de deux francs. A cette époque, Louis Antoine était occupé, en qualité de portier et d'encaisseur, à la fabrique de Lexhy, près de la gare de Jemeppe. On peut penser que la situation au moment où Louis Antoine donne les coups et son procès, l'atmosphère devait déjà être des plus tendue entre les ouvriers et le pouvoir.
    Pierre Debouxhtay, Louis Antoine et l'Antoinisme, p.50 et 299

        A quarante-deux ans, Louis Antoine se fixe définitivement à Jemeppe. Grâce à son travail et à celui de son épouse (qui a tenu une pension d'ouvriers à Varsovie), il a amassé un pécule. Il a fait bâtir plusieurs maison qu'il loue. Les loyers lui assurent une existence confortable. Cependant cette suffisance matérielle ne lui procure pas le bonheur. Sur le plan physique, il souffre de maux d'estomac. Sur le plan intellectuel, il est peu satisfait : il trouve la vie monotone, il est irritable au point qu'un jour il se bagarre et doit s'expliquer devant le juge. Il se morfond.
    Régis Dericquebourg, Religions de guérison,
    Antoinisme, Science chrétienne, Scientologie
    , p.13
    Cerf & Fides, Paris, 1988


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  •         A propos de spiritisme

        Le 27 avril 1917, une réponse du Saint Office interdisait formellement aux fidèles d'assister, fût-ce comme simples spectateurs, à des séances de spiritisme. La défense s'étendait même au cas où, dans ces séances, on ne ferait usage d'aucun médium et où on ne pratiquerait pas d'hypnose (1).
        Cette réponse, parue pendant la guerre, n'a peut-être pas été suffisamment remarquée. Il est sûr d'ailleurs que ceux qui en ont eu connaissance — je parle du grand public — l'ont en général trouvée bien sévère.
        Ils ont eu tort. Le péril est plus grave qu'on ne pense. Quelques sourires indulgents, quelques silences dédaigneux ou quelques brocards sceptiques ne suffiront pas à le supprimer.
        La diffusion croissante des pratiques spirites est un fait indéniable, au moins pour ce qui concerne la Belgique. Le succès inouï du livre de Sir Oliver Lodge semble bien montrer que dans les pays anglo-saxons, berceau du spiritisme,
    le mouvement n'est pas à la baisse (2). Le P. Gemelli nous déclarait tout récemment qu'une recrudescence de spiritisme se constatait en Italie (3). Le seul fait de la publication chez Alcan du gros volume de P. E. Cornillier (4) est un indice dont la signification n'a pas échappé aux observateurs clairvoyants (5). Il y a déjà plus de quinze ans que certains villages belges — Poulseur par exemple — passaient pour entièrement peuplés de spirites (6) et l'épidémie d'Antoinisme n'a pas encore fini de sévir en Wallonie. Le nombre seul des Fédérations spirites est déjà inquiétant (7). Sans doute il est parfois difficile de distinguer entre les adbérents véritables, les badauds sans conviction et les simples plaisants ; mais l'effort de propagande est réel et l'essai d'organisation n'est pas infructueux. Qu'il nous suffise de citer la Fédération spirite belge et les Fédérations régionales du Brabant, de Charleroi, de Liège, de Mons, de Namur; le Bureau permanent d'Anvers, et les périodiques, de valeur inégale, de tirage très variable mais de réelle ténacité, qui mettent en communication tous ces organismes. La Revue spirite belge, qui succéda en 1909 à l'Ere nouvelle, et que dirige Jules Van Geebergen, est restée jusqu'en 1913 l'organe officiel de la Fédération spirite belge. Le Sincériste dirigé par le chevalier le Clément de Saint-Marcq, personnage entièrement disqualifié mais encore redoutable, le Bulletin du bureau permanent d'Anvers, le Courrier spirite belge; l'organe de l'Antoinisme : l' Unitif, et bien d'autres revues ou journaux, dont l'énumération serait fastidieuse, complètent cette étrange littérature.
        Il faut y ajouter les ouvrages d'Allan Kardec, pseudonyme spirite de Léon Rivail; ceux de Léon Denis, de G. Delanne, reproduits dans de nombreuses éditions véritablement classiques, et qui contiennent la « doctrine. » Le grand public ne consulte guère la collection très précieuse et de caractère technique que la Society for psychical Research publie sous le titre de Proceedings. Ces douzaines de beaux volumes se lisent moins aisément que les fantaisies d'un Flammarion, et ne peuvent guère servir d'antidote au poison que fournissent les librairies spirites.
        L'atmosphère doctrinale des milieux spirites est certainement dangereuse. Les livres de Kardec, les petites brochures où sa « révélation » est condensée (8), fourmillent de graves erreurs théologiques et les dogmes eux-mêmes y sont tranquillement niés. Sans doute la théorie de la réincarnation des âmes n'a pas trouvé beaucoup d'écho chez les anglosaxons, où Kardec n'est pas un prophète incontesté (9) mais sur le continent on peut dire qu'elle fait partie intégrante du spiritisme. La négation de l'enfer, de l'Eglise, de la hiérarchie sacerdotale, des sacrements, autant de points fondamentaux dans les oeuvres de Kardec et de ses disciples. Certaines Fédérations spirites s'acharnent à propager l'usage du baptême spirite et de l'enterrement « suivant le rite kardéciste », parodies assez ridicules des cérémonies chrétiennes (10). Pour achever l'illusion, on trouve des spirites qui se déclarent fervents disciples du Christ (11). J'en ai même connus qui pour « rétablir l'harmonie des fluides » dans le salon où ils évoquaient les morts, y ont placidement fait introniser par le curé, qui ne se doutait de rien... la statue du Sacré-Coeur.
        Or, — et ceci est peut-être digne de remarque — chaque fois qu'un cercle spirite se forme, même dans l'intimité, on cherche spontanément et on trouve presque toujours un « initiateur », un personnage compétent, qui possède la pratique du métier et auquel on puisse soumettre les cas embarrassants. Celui-ci est en général un spirite bien authentique, un assidu des Fédérations, un lecteur de Kardec ou du Courrier, et son premier soin est de « documenter » les nouveaux adeptes. Les expériences, qui n'étaient d'abord que des tentatives curieuses, presque des espiègleries, ont donné des résultats; la table a répondu; le crayon a écrit les « gribouillages » automatiques; le petit guéridon a remué, la planchette a frappé les coups. Aussitôt les livres, qui expliquent toutes ces belles choses, sont lus avec un intérêt passionné; et la doctrine, qui paraît si bien prouvée par ces exemples, est admise comme incontestable. Il n'y a rien de plus triste que cette perversion, parfois extraordinairement brusque, de la foi dans une âme naïve et jusqu'alors très honnête.
        D'ailleurs, quelle que soit l'explication qu'on admette pour rendre compte des faits de spiritisme, il est sûr que dans beaucoup de cas la subconscience du médium joue un grand rôle. Aussi « l'esprit » évoqué et parlant par le médium sera souvent un esprit très pieux, recommandant la prière, la charité, le pardon, le travail, sermonnant et morigénant les paresseux et les égoïstes, bref tenant la place d'un éducateur consciencieux ou d'un confesseur dévot (12). Il faut en avoir fait l'expérience pour comprendre combien il est malaisé de persuader à une âme, que tant de beaux discours et d'exhortations morales ne viennent pas de Dieu et peuvent être un danger. J'ai connu des neurasthéniques invétérés guéris en quelques semaines par les injonctions de « l'esprit » évoqué. Ils n'arrivaient pas à comprendre que leur guérison étant réelle, cet esprit bienfaisant ne méritât pas le même crédit qu'un bon patron céleste.
        Le péril pour la foi est donc très réel à cause de l'entraînement presque fatal qui conduit de la séance spirite, à la littérature spirite et à la croyance en l'évangile de Kardec et de ses disciples.
        Mais ce n'est pas tout. A côté du péril qui menace la foi, il existe, dans les pratiques spirites, un danger d'ordre plus strictement moral. N'en prenons qu'un exemple. On se souvient peut-être encore de l'émoi que provoqua, en 1913, dans les cercles spirites de Belgique, et même de l'étranger, la brochure du chevalier de Saint-Marcq sur l'Eucharistie (13). Il ne s'agissait pas d'un petit pamphlet obscur. Au mois de juillet 1913 le tirage dépassait 49.000 exemplaires, distribués surtout aux membres des Fédérations spirites. L'auteur était président de la Fédération spirite belge. A l'heure actuelle, directeur du groupe Sincériste, il continue encore à donner des conférences à Bruxelles et ailleurs; il reste un des chefs influents du spiritisme belge. Or, sa brochure sur l'Eucharistie est d'une obscénité tellement perverse qu'il vaut mieux, par respect pour le lecteur, ne pas détailler davantage. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que l'imagination polissonne et faisandée d'un malfaiteur n'aurait rien trouvé de plus ignoble pour expliquer comment l'Eucharistie est une forme d'union corporelle. Le pouvoir médiumnique, d'après l'auteur, et l'influence sacerdotale sur les fidèles, trouvent leur origine dans ces pratiques, qu'il juge d'ailleurs
    recommandables.
        Il est juste de reconnaître que la Revue spirite belge préféra rompre avec ce président par trop compromettant (14). Le Congrès spirite de Genève (1913) condamna lui aussi la fameuse, ou plutôt l'infâme brochure. Mais le jour même où il était exécuté à Genève, de Saint Marcq recevait l'hommage respectueux de l'Union spirite de Liège, qui lui votait, en assemblée extraordinaire, l'envoi d'un télégramme d'admiration et protestait de son indéfectible attachement (15).
        Ces faits sont incontestables, A eux seuls ils justifieraient déjà les sages prohibitions de l'Eglise. Ajoutez-y cet autre danger moral inhérent aux pratiques spirites : la confiance aveugle que dès le début ou petit à petit on manifeste à l'égard de « l'esprit ». Celui-ci en vient à diriger littéralement l'existence. C'est à lui qu'on demande les mots d'ordre et qu'on soumet les doutes. Les pires aberrations deviennent possibles dans de pareilles conditions et en l'absence voulue de tout contrôle.
        Il convient aussi de noter que les séances spirites ne se tiennent bien que dans l'obscurité (16). En général les salons sont exigus ; les spectateurs s'y trouvent serrés les uns contre les autres, et presque toujours en proie à une réelle tension nerveuse. Nous ne voulons blesser ni calomnier personne. Nous nous bornons à signaler un danger, au moins aussi réel que celui des dancings et des cinémas.
        On peut même aller plus loin et affirmer que, du simple point de vue de la santé à conserver, de l'équilibre mental à maintenir, les séances spirites sont périlleuses. Il y a des caractères bien rassis et bien fermes, des « psychologies consistantes », sur lesquelles la suggestion n'agira guère; mais la masse est infiniment plus perméable, plus poreuse à l'égard de tous les dissolvants, et une seule séance de spiritisme, surtout si elle a donné des résultats, peut être l'origine de troubles psychologiques très graves. J'ai vu le cas d'une personne, initiée à table même, en public, aux procédés de typtologie et qui ayant obtenu une réponse topique, se lança dans le spiritisme avec la fougue d'une néophyte. Aujourd'hui les médecins la déclarent incurablement folle. Il est d'ailleurs difficile, quand on pense de bonne foi recevoir chaque jour des nouvelles de l'autre monde, il est difficile, dis-je, de poser sur la réalité ambiante et visible ce regard clair et normal, qui est celui de l'homme sain. Oliver Lodge lui-même recommande aux médiums d'avoir, en dehors de leurs fonctions spirites, des occupations absorbantes (17). L'ivresse des voyants est souvent plus pernicieuse que l'intoxication par l'alcool.
        Pour justifier la sévère décision du Saint Office, il n'est donc nullement nécessaire d'affirmer que tous les phénomènes spirites sont « dûs au diable » ; ni même que tout ce qui n'est pas supercherie dans ces phénomènes est diabolique ; ni même qu'un seul de ces faits soit immédiatement l'oeuvre physique du démon. La prohibition serait parfaitement justifiée — dans l'état actuel du spiritisme — par la seule raison du grave péril doctrinal et moral inhérent à ces séances. Il n'est pas interdit par conséquent d'étudier les différentes hypothèses qui, en dehors d'une intervention diabolique, peuvent rendre compte, au moins provisoirement, des faits de télékinésie, de matérialisation, de cross-correspondence, etc.
        Il est assez remarquable d'ailleurs que les auteurs catholiques les plus récents et les mieux informés sont de plus en plus circonspects quand il s'agit de l'explication « par l'action du diable. » Le P. Roure S. J. (18) et le P. Gemelli 0. F. M. (19), pour nous borner à ces deux noms, enveloppent leurs conclusions de toutes sortes de réserves suspensives, dont seuls les incompétents s'étonneront. La psychologie clinique nous a révélé des choses bien surprenantes depuis vingt ans. Les recherches sur le rôle du subliminal, l'examen scientifique des cas de télépathie, l'étude du psychisme inférieur (20) et de la suggestion, peuvent encore continuer à démentir certains dogmatismes à priori, toujours un peu déplacés dans les sciences d'observation. Ce n'est pas le diable qui, matériellement, écrit le mauvais livre; ce n'est pas lui qui tourne le film du cinéma ; ce n'est pas lui qui verse au client la boisson enivrante, ni qui manie le râteau du croupier dans les tripots ; et pourtant tout cela est son oeuvre, et l'Eglise met très sagement tous ses enfants en garde contre ces tentations. Exciter notre vaine curiosité, notre paresse, notre vanité, notre soif morbide du merveilleux sensible, notre désir de l'extraordinaire ; nous dégoûter ainsi de la vie de foi et de l'adoration muette, c'est une tactique bien plus dangereuse que de renverser des encriers, de cogner des meubles ou de jeter par terre des pots de confiture.
        Personne ne peut dire que le diable ne fait jamais rien de pareil. Son action physique ici-bas est certainement possible. L'Evangile nous en donne des exemples. Mais on ne peut davantage prouver que le démon agisse, comme cause régulière, dans les phénomènes spirites qui ne relèvent pas de la supercherie et qui sortent des lois communes. Le déterminisme même de la plupart de ces faits semble plutôt orienter la recherche du côté des causes naturelles. Peut-être y aurait-il lieu — comme l'a fait judicieusement remarquer le P. Thurston, S. J. (21), — de remettre au point, en le corrigeant, l'argument dont se servent en commun la plupart des casuistes actuels, quand ils veulent démontrer que la pratique du spiritisme est immorale. Cet argument, dépouillé de ses accessoires, revient à un dilemme : les réponses obtenues dans les séances spirites ne peuvent venir que des bons esprits ou du démon. Or ces réponses sont parfois d'un caractère si absurde, si malhonnête, si pernicieux qu'il faut absolument exclure la première hypothèse. Il ne reste donc que le démon pour expliquer le phénomène (22).
        La disjonction n'est peut-être pas bien adéquate. Il y a d'abord à considérer le médium lui-même, qui, psychologiquement, peut s'altérer dans la transe hypnotique au point de devenir méconnaissable. C'est le phénomène, aujourd'hui classique, des personnalités psychologiques multiples. En outre le médium peut se trouver par télépathie, soua l'influence d'autrui. Il semble bien que ce fut le cas pour les fameuses séances de Marine Terrace, autour de la table de Victor Hugo (23). Un examen très minutieux s'impose donc, pour chaque médium et pour chaque communication. Le P. Thurston va plus loin. Il veut explorer la région des limbes; et après avoir noté, avec raison, que sur ces questions d'eschatologie, la  doctrine de l'Ecole n'est pas encore très ferme, il se demande si toute une population d'âmes, exclues de la vision divine et non damnées cependant, ne peut pas désirer entrer en rapport avec les humains, et si leurs essais ne peuvent pas être aussi tâtonnants pour nous atteindre que les nôtres pour leur parler.
        Nous sommes ici en pleine hypothèse. Le P. Thurston le reconnaît sans détours. Mais cette hypothèse demande à être envisagée et le mérite du savant écrivain du Month est d'avoir attiré l'attention sur ce coin peu exploré de la
    théologie (24).
        Ceux qui trouveraient acceptable la théorie du P. Thurston, même à titre problématique, devraient aussitôt en tirer une conséquence morale. Le désir de communiquer avec ces esprits — qui ne sont pas mauvais, sans être cependant des anges ou des élus — les expériences psychiques faites dans ce but, la croyance à leurs résultats — tout cela cesserait d'être interdit par la loi naturelle, et la prohibition de l'Eglise gardant toute sa valeur pour les fidèles, ne doublerait plus une prescription morale simplement humaine.
       En d'autres termes le spiritisme, entendu au sens strict de communication volontaire et systématique avec des morts, ne serait plus mauvais ratione sui mais seulement par accident, à raison des circonstances concrètes dans lesquelles on le pratique et des dangers auxquels il expose aujourd'hui.
        De toutes manières, il sera bon de serrer d'un peu plus près les différentes hypothèses d'une vie possible dans l'au-delà du tombeau — et de faire, dans l'enseignement de la morale, et même du catéchisme, une part plus large à l'étude et à la critique du spiritisme. Le danger pour les âmes est très réel et ce n'est pas avec des oeillères qu'on le supprimera.

    Louvain. Pierre Charles, S. J.

    notes de l'auteur :
    (1) A. A. S., 1 juin 1917, p. 268.
    (2) Sir Oliver Lodge. Raymond or Life and Death. London, Methuen, 1916. En six semaines ce livre de plus de dix shillings atteignait sa sixième édition. En Amérique les essais d'Edison — infructueux d'ailleurs — sont bien connus.
    (3) Fr. Agostino Gemelli, 0. F. M. Religione e scienza. Societa editrice Milano, 1920, p. 148.
    (4) P. E. Cornillier. La survivance de l'âme et son évolution après la mort. Comptes rendus d'expériences. Paris, Alcan, 1920.
    (5) Cf. Th. Mainage. Revue des Jeunes. 25 oct. 1920. (10e année, n. 2), p. 194-195.
    (6) Cf. Jules Bois. Le Miracle moderne. 2e éd. Paris. Ollendorff, 1907.
    (7) Nous ne parlons ici que des fédérations de Belgique.
    (8) Par ex. Le spiritisme à sa plus simple expression, ou Caractères de la révélation spirite.
    (9) Cf. Article : Spiritualism, dans Encydopaedia Britannica. L'auteur, très modéré et bien au courant, est Mrs Sidgwick.
    (10) La Revue spirite belge a parfois enregistré, pour les réfuter ensuite, les protestations de certains spirites plus ou moins catholiques, surpris et scandalisés par ces manifestations anticléricales.
    (11) La Revue spirite belge publiait jadis, dans un français douteux cette déclaration solennelle : Spirites nous sommes et chrétiens également : car le meilleur chrétien seulement peut être spirite... Il faut être rempli des enseignements du Christ. (février, 1913, p. 23.)
    (12) Je transcris un passage entre mille, pris dans les procès-verbaux d'une séance de spiritisme, tenue à Bruxelles le 26 nov. 1917. On demande à l'esprit : « Pourquoi n'êtes-vous pas tout à fait heureux? — Parce que je dois encore expier. — Que puis-je faire pour vous aider à expier? — Prier. — Quelle prière dois-je faire? — Avoir la foi. — Que faire pour avoir la foi? — Commencer par prier. — En quoi dois-je croire? — En Dieu. »
    (13) L'Eucharistie, oeuvre de réforme morale par la vérité.
    (14) Pendant toute l'année 1913 la Revue spirite belge retentit de discussions an sujet de cet ignoble incident.
    (15) Cf. Revue spirite belge. Juillet 1913.
    (16) Kardec essayait déjà de justifier cette obscurité indispensable aux « réactions » spirites, en invoquant le lois des combinaisons chimiques. (Résumé de la loi des phénomènes spirites. Paris, 1876. p. 9.)
    (17) Raymond ou la vie et la mort. Edition française abrégée. Paris, Payot, 1920, p. 133.
    (18) Le merveilleux spirite. Paris, Beauchesne 1917, p. 382. On ne peut que recommander cet excellent ouvrage.
    (19) O. c., p. 199. L'auteur prévoit lui-même qu'on l'accusera d'un « soverchio scetticismo. »
    (20) Cf. Grasset. L'occultisme d'hier et d'aujourd'hui. Montpellier, 1918.
    (21) Cf. The Monthy 1917, p. 137 et suiv. L'article (Communicating with the dead) et celui qui l'a suivi (Spirit phenomena. Ibid. 226) sont à lire en entier.
    (22) Cf. vg. Lehmkuhl. Theologia moralis, éd. 1910. I, p. 285.
    (23) On n'a publié qu'une partie de ces intéressants procès-verbaux. Cf. Bois, o. c., p. 106 et suiv.
    (24) Au point de vue de l'histoire de la théologie, je ne crois pas qu'on puisse invoquer des autorités patristiques en faveur de la thèse — ou plutôt de l'hypothèse — du P. Thurston. Les spéculations sur le limbus infantium, sont relativement récentes. « Si son existence semble bien prouvée, les pouvoirs, les sentiments, les privilèges de ses habitants nous sont peu connus. » (loc. cit., p. 139.) Après avoir ainsi déblayé le terrain, le P. Thurston ajoute : « Je ne vois pas ce qui nous empêche de supposer que les enfants morts sans baptême atteignent le plein usage de leurs facultés par une sorte décroissance graduelle: et qu'ils conservent toujours les particularités ou même les défauts de caractères inhérents à leur personne, telle que Dieu l'a créée. Quelques-uns peuvent être d'humeur grave, d'autres gais, ou têtus, ou aimables et affectueux, ou espiègles, ou crânes et entreprenants, ou bien timides. Nous n'avons aucune preuve que le limbus infantium soit aussi exempt de trouble (disturbance) que le ciel des élus. » p. 140.) Il est à craindre que cette description très humaine de l'au-delà, et qui de tous côtés est vulnérable à l'ironie facile, n'empêche les lecteurs et peut-être les théologiens d'examiner la thèse elle-même. Le moins qu'on puisse dire de celle-ci est quelle est, de prime abord, assez surprenante.

    Source : Nouvelle Revue Théologique. XLVIII. 1921. MARS 1-9 ; pp.113-123 (archive.org)


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  • Type      Manuscrits
    Établissement     Wasquehal
    Cote     VDM_VCA_D05
    Fait partie de     Livret imprimé et corrigé ; 1942 ; Livret imprimé, 10x10 cm

    Vie du curé d'Ars ; 1941 et 1942
    Biographie du curé d'Ars, Jean Marie Vianney, qui convertit sa paroisse par ses prédications et sa sainteté à partir de 1818.

    Archives de Maxence Van der Meersch
    Mots-clés     Littérature ; Religion
    1789-1870
    Ars-sur-Formans (Ain) ; Hagiographie ; Vianney, Jean-Marie

    à lire en ligne sur le cite de la Bibliothèque numérique de Roubaix, dans le fond Maxence van der Meersch.
    source : http://www.bn-r.fr/fr/notice.php?id=VDM_VCA_D05&from=&searchurl=%2Ffr%2Frecherche-resultat.php%3Ffrom%3D%26q%3Dreligion%26fl%3D%26start%3D120%26sort%3Dtri_annee%2520asc%26version%3D2.2

    Le livre peut aussi être emprunté à la bibliothèque du temple antoiniste de Jemeppe.


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  • source : Europeana-Ghent University Library


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  • Mr Antoine reçoit tous les jours de 7 heures du matin à midi excepté le samedi et le dimanche, à moins pour des cas urgents ne se présentent ces jours-là.

    source : Europeana-Ghent University Library


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  • source: Europeana-Ghent University Library

    Entrée du cabinet de consultation du Père. C'est toujours celui-là où la desservante actuelle du temple de Jemeppe vous reçoit.


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  •     On voit bien sur cette carte-vue la configuration de la rue des Tomballes avant la construction du temple. L'entrée pour la consultation se faisait par cette rue. Là sera construit le temple où l'on voit encore les feuilles de vignes au dessus de la porte d'entré vers la gallerie.


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  •     Pour les catholiques, la neutralité de l'État en matière religieuse implique son hostilité à la religion. Si les ministres et si la majorité qui les soutient dans les Chambres protestent de leur respect pour elle, ne voit-on pas poindre au sein même du parti libéral une orientation nettement anti-catholique? A la lutte contre l'Église se substitue évidemment parmi les « avancés » et les « radicaux », la lutte contre les croyances que l'Église a mission de propager. Ses dogmes sont représentés comme incompatibles avec la liberté politique et avec les découvertes de la science. Le progrès est au prix de leur disparition et il faut dès lors les attaquer en face, et à l'intolérance cléricale répondre par l'intolérance laïque.
        Le mouvement, parti des loges maçonniques, se répand, depuis les environs de 1857, avec une rapidité croissante. Dans les grandes villes se forment des sociétés de « solidaires » dont les membres s'engagent à s'abstenir des sacrements. Les enterrements civils se multiplient et donnent lieu à des manifestations de libres-penseurs. La répartition des cimetières en une partie bénite pour les croyants et une partie profane pour les non-croyants, devient un sujet de conflits incessants et de scandales. A Bruxelles s'ouvre une école pour les jeunes filles de la bourgoisie d'où l'enseignement religieux est banni. A l'Université de Gand, le professeur Laurent, dans son cours et dans ses écrits, attaque l'Église avec passion et, au mépris de la constitution, réclame sa subordination à l'État. Emile de Laveleye, constatant l'impossibilité pour les libéraux de professer encore les dogmes catholiques, leur conseille de se convertir au protestantisme. Dans la jeunesse, dans la jeunesse des grandes écoles surtout, ces tendances excitées par l'amour des nouveautés, le besoin d'activité et la hardiesse des tempéraments vont à l'extrême radicalisme. Le congrès des étudiants tenu à Liège au mois d'octobre 1865 a été «effrayant». Des étudiants parisiens y sont venus, un crêpe au chapeau; on y a exalté la république, insulté Napoléon III, pourfendu l'Église et la religion.
        Sans doute ces outrances ne sont, dans le parti libéral, que le fait d'une minorité. Mais il n'importe. Un parti est toujours jugé sur l'attitude de son avant-garde et il était fatal qu'aux yeux des catholiques le radicalisme compromît tous les libéraux, comme aux yeux des libéraux l'ultramontanisme compromettait tous les catholiques.

    Henri Pirenne, Histoire de la Belgique
    7. De la révolution de 1830 à la guerre de 1914
    Progrès de l'anticléricalisme, p.191
    source : archive.org


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  • Exemple d'habitations ouvrières dans la région liégeoise

    Cliquez sur l'image pour agrandir

    Voici un exemple de maisons ouvrières de la région de Liège, particulièrement dans la ville de Seraing par la Société John Cockerill.  
    Groupe de deux maisons pour une famille
    Prix de revient d'une maison              4.800 f.
    Surface de la maison                       45m² 12
    Surface dela cour et des dépendces    33m² 25
    Prix de location d'un maison              180 f. pr an

    Les 20 maisons ont coûté ensemble, tout compris, Chaussées, Palissades, Egouts, Puits, Fours de Boulangers, etc. 112.067 f.

    Émile Muller et Émile Cacheux, Les habitations ouvrières en tous pays
    Seraing, maisons de Cockerill (1879)
    source : Gallica

    Louis Antoine en a fait construire de semblables à côté du temple, dans la rue Rousseau. Elles existent toujours.


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  •     Voila deux liens pour découvrir les textes d'Allan Kardec, qui sont une des sources de la doctrine de Louis Antoine :

    - Union spirite belge - http://www.spirites.be/

    - Radio Kardec - http://radiokardec.lmsf.org/

        "Radio Kardec" a été ouverte le lundi 30 janvier 2006. Cette Radio diffusera des extraits de livres, des cours, des conférences.


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  •     Ces dénégations n'empêchent point, d'ailleurs, les gens convaincus de continuer à croire à la toute-présence de ce bon génis, et d'apprendre à leurs enfants à le révérer, voire même à lui adresser leurs prières. Il ne faut pas oublier que le spiritisme est une religion. Cela explique également la considération mitigée qui entoure souvent les médiums, comme les prêtres. Il arrive que sans se priver le moins du monde d'en médire dès que l'on croit avoir des griefs contre eux, on leur prodique, d'autre part, les mêmes marques de respect qu'à ce que l'humanité a produit de plus sublime. J'ai connu tel salon où sur le meuble central et bien en vue, à la place d'honneur, deux photographies se fasaient endant dans des cadres de choix : d'un côté une tête de Christ d'un grand maître, de l'autre le portrait... de Mlle Hélène Smith. Chez d'autres croyants d'inspirations moins idéales mais plus pratiques, on ne conclut pas une affaire, on ne prend pas une décision grave, sans avoir consulté Léopold par l'intermédiaire d'Hélène, et les cas ne se comptent plus où il a fourni un renseignement important, évité une grosse perte d'argent, donné une prescription médicale efficace, etc.

    Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars (1900), p.77
    source : gallica


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  •     La comparaison s'impose à l'historien entre le soulèvement des Iconoclastes en 1566 et les grandes émeutes ouvrières du mois de mars 1886. Des deux côtés, même soudaineté, même violence, même surprise du gouvernement, même absence d'organisation chez les insurgés. L'exaspération sociale longuement accumulée se déchaîne tout à coup, comme s'était déchaîné trois cents ans plus tôt le fanatisme religieux. C'est un sursaut de fureur collective, sans plan préconçu, sans direction, sans but précis, n'obéissant qu'à la contagion de l'exemple sur des masses ulcérées.
        La dépression économique qui se fit sentir dans toute l'Europe à partir de 1884, avait atteint deux ans plus tard son point culminant. Avec la crise agricole provoquée par l'invasion soudaine des céréales d'Amérique avait coïncidé une crise industrielle due à la surproduction et qu'avait aggravée encore la diminution du pouvoir d'achat des classes rurales. Les conséquences en retentirent d'autant plus cruellement sur le pays qu'il était plus industrialisé. L'exportation qui se chiffrait par 1,337 millions en 1883, est tombée à 1,182. Les prix s'avilissent, les salaires diminuent, les fabriques ferment ou restreignent la production et le chômage sévit.
        On comprend sans peine combien une telle situation dut augmenter et aigrir la fermentation qui depuis quelques années
    travaillait sourdement le prolétariat. Il ne semble pas cependant que les pouvoirs publics aient attaché grande importance aux grèves qui éclatèrent dans le Hainaut en février 1885, ou aux manifestations des sans-travail qui parcoururent les rues de Bruxelles et d'Anvers. La constitution du parti ouvrier belge la même année, pour significative qu'elle fût, ne paraît pas avoir alarmé davantage la bourgeoisie absorbée par l'agitation déchaînée autour de la loi scolaire.
        Le 18 mars 1886, un meeting convoqué à Liège sur la place Saint-Lambert, à l'initiative d'un groupe d'anarchistes, pour
    commémorer l'anniversaire de la Commune de Paris, n'avait causé aucune inquiétude aux autorités. C'est à peine si la population y avait pris garde. Mais la réunion n'avait pas tardé à tourner au tapage. Le soir tombant, des bandes envahissaient tout à coup les rues de la ville, brisaient les glaces des magasins, arrachaient les enseignes, éteignaient les réverbères. Le lendemain on apprenait que le travail avait cessé dans la
    banlieue, puis se propageant de proche en proche comme un incendie de prairie, la grève s'étendait le long de la Meuse pour atteindre les bassins industriels du Hainaut. Le 25 mars, un charbonnage de Fleurus donnait le signal. Le mouvement se généralisait aussitôt parmi les houilleurs, se communiquait aux laminoirs, gagnait les verreries. Partout le chômage était imposé de force. Malgré les efforts des piquets de gendarmes, les cours des usines étaient envahies par une foule se surexcitant à mesure qu'elle grossissait, se grisant de bruit, se grisant plus encore de bière et d'alcool, s'enhardissant de ne rencontrer aucune résistance sérieuse et s'abandonnant au vertige du désordre. Comme toujours des vagabonds et des malfaiteurs s'associent au mouvement et en prennent la tête. A Roux, le feu est mis à une verrerie puis au château du propriétaire. La grève tourne en jacquerie. Des troupes de sans-travail parcourent les villages, mendiant la menace à la bouche. Tout le bassin de Charleroi vit dans l'angoisse, et bientôt il n'est plus dans le pays un seul centre industriel, d'Arlon à Ostende, où la classe ouvrière ne frémisse. A Gand, le Vooruit exhorte les soldats à ne pas tirer sur le peuple et traite le roi d'assassin.
        Il fallut presque une campagne militaire pour venir à bout du soulèvement. Pendant quelques jours le Hainaut donna le spectacle de la guerre avec ses communes soumises à l'état de siège, les hôtels de ville occupés par la troupe, les soldats campant dans les cours des usines et sur les carrés des charbonnages, les routes parcourues par des patrouilles de cavalerie. Des fusillades — celles de Roux sont demeurées tristement célèbres — mirent fin à l'émeute par la terreur. Dès le 30 mars, le général van der Smissen en avait raison. Elle retomba sur elle-même, comme une vague contre le rivage. Puis ce fut la répression judiciaire, la condamnation des « meneurs », les perquisitions et les enquêtes en vue de prouver l'organisation d'un complot.
        Mais, on ne trouva ni complot ni mot d'ordre. Quelques anarchistes sans doute avaient attisé les colères, et le Catéchisme du peuple, publié par Alfred Defuisseaux, avait vanté aux ouvriers la république et la révolution. Ce qu'on découvrit, c'était des violences, des efforts sans suite, aucune participation du parti ouvrier dans la révolte, aucune immixtion ni aucun secours de l'étranger. L'émeute avait surgi à l'improviste, simple réflexe d'une colère trop longtemps amassée et d'autant plus violente qu'elle avait été plus spontanée.
        Atterrée tout d'abord, la bourgeoisie s'était vite reprise. Partout la garde-civique et l'armée avaient fait leur devoir. L'ordre social avait victorieusement résisté au furieux assaut. Mais n'en triomphant que par la force, n'avait-il pas dévoilé la faiblesse des principes qu'il avait toujours invoqués pour sa défense ou, pour mieux dire, pour sa justification? Le libéralisme économique ne venait-il pas de recevoir des faits une réfutation tragique ? Était-il encore permis de croire que les travailleurs ne se plaignaient pas, que c'était la situation des propriétaires et des capitalistes qui était devenue moins bonne et que la crise industrielle avait eu pour résultat un rapprochement des conditions? Pourrait-on continuer d'affirmer que c'est une « utopie » que de vouloir protéger l'ouvrier contre la loi de l'offre et de la demande, et que la grande industrie « propage le bien-être au sein des classes les moins favorisées de la société » ? Tant d'inventions admirables, tant de progrès techniques, tant de mesures même prises pour développer chez les travailleurs le sentiment de la dignité, le goût de l'épargne et l'instruction, avaient donc manqué leur but puisque ceux-là mêmes qui en devaient profiter se soulevaient contre la société qui les leur avait donnés. Et la charité chrétienne avec ses patronages, ses « hommes d'oeuvres », ses cercles ouvriers ne s'était pas montrée plus efficace. Le mal était donc trop grand pour que l'initiative individuelle pût en venir à bout. Dire, comme le faisait Eudore Pirmez, que la Belgique s'honorait en restant en tous points fidèle à la liberté, n'était-ce pas, après ce qui venait de se passer, faire preuve d'une incompréhension aussi fatale que l'avait été cent ans plus tôt celle des défenseurs de l'Ancien Régime à la veille de la Révolution ? [...]
    Les régions industrielles des contrées wallonnes, le Borinage et le Hainaut surtout, donnent un spectacle analogue à celui de la propagande calviniste au milieu du XVI° siècle. C'est la même fougue de propagande et ce sont presque les mêmes procédés. Les « meetings noirs » font penser aux prêches des pasteurs le soir au fond d'une cour ou dans quelque bois écarté. Les orateurs y parlent cachés par la nuit à leur auditoire invisible, car le renvoi de son usine atteint quiconque aura participé à l'assemblée. Mais bientôt, à mesure que le mouvement se propage, il s'enhardit. Des grèves politiques éclatent tantôt ici, tantôt là, souvent, en vertu d'un mot d'ordre, dans plusieurs localités en même temps. Des démonstrations s'organisent, des cortèges défilent derrière le drapeau rouge dont, par prudence, les autorités tolèrent l'exhibition. Le 15 août 1887, treize mille mineurs parcourent les rues de Bruxelles réclamant le suffrage universel et l'amnistie. Le 26 septembre Liège, le 13 octobre Charleroi assistent à des démonstrations aussi significatives. Une véritable fièvre s'empare des populations, que les républicains et les anarchistes ne manquent pas de mettre à profit. A Liège, au printemps de 1887, c'est une pétarade continuelle de bombes, de fusées, de capsules de dynamite. Dans le Hainaut, sous l'impulsion d'Alfred Defuisseaux, bourgeois demeuré fidèle aux idées de 1848, se fonde le parti républicain socialiste qui, considérant la république comme la panacée universelle, rompt avec le parti ouvrier et prône la révolution. On parle de recourir à la « grève noire », de marcher en masse sur Bruxelles. En 1889, la police croit enfin avoir découvert les fils d'un « grand complot ». Un procès retentissant est entamé en cour d'assises contre quantité d'agitateurs et, pour augmenter encore la confusion, les libéraux accusent Beernaert d'avoir compromis la dignité du gouvernement dans de louches entrevues avec des agents provocateurs.

    Henri Pirenne, Histoire de Belgique,
    volume 7. De la Révolution de 1830 à la guerre de 1914, p.303
    source : archive.org


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