• L'Antoinisme après Louis Antoine

    L'Antoinisme après Louis Antoine

        Voilà comment Louis Antoine, bien avant sa désincarnation, envisage son "œuvre" après lui :

        Seront apôtres celles [les personnes] qui se dévoueront pour le travail moral, qui prêcheront d'exemple l'amour et le désintéressement, qui feront comprendre, par leur manière d'agir, que l'enseignement n'a d'autre base que la foi.
        Rien ne portera obstacle à leur mission ; elles pourront donc continuer l’œuvre, s'acquérant de plus en plus à la foi qui donne le savoir de toute chose, qui convainc que la mort est la vie, car au point de vue de l'être, on devrait appeler celle d'ici-bas la mort et sa rentrée dans l'autre, la naissance.
                La Révélation, L'efficacité des lois morales, p.127

        C'est pour cette raison que bien des adeptes que l'on a pu croire très attachés au Père Antoine, deviendront peut-être ses adversaires les plus acharnés. Tout dépend de la manière dont ils vont entreprendre la tâche ; qui a compris l'enseignement et en est satisfait n'a plus le mérite, s'il néglige, d'y participer ; personne n'aura besoin de le lui dire, il se retirera de son plein gré parce qu'il aura trouvé ailleurs des fluides plus assimilables à sa compréhension. Des contradictions pourront surgir entre les personnes qui croiront avoir compris et qui taxeront d'ignorance d'autres qui agissent différemment ; mais n'oublions pas que le mal n'existe pas et que discuter, ce serait prétendre qu'il existe.
                La Révélation, L'efficacité des lois morales, p.125

        On le voit, Louis Antoine envisageait la suite le plus simplement possible. Des personnes discuterons de leur compréhension (on le voit maintenant avec les deux tendances de l'antoinisme, avec photos ou sans photos), mais on peut aussi comprendre que certaines personnes continuerons l’œuvre sans participer au "culte", mais simplement en faisant bien selon sa conscience.

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    L'Antoinisme après Louis Antoine    Analphabète, la femme d'Antoine, Catherine (Jemeppe-sur-Meuse, 26 mai 1850 – id., 3 novembre 1940), appelée « La Mère » par les adeptes, ne reçoit aucun conseil de la part de son mari sur la façon d'administrer la religion lorsqu'elle est désignée par lui comme son successeur. En décembre 1918 puis en septembre 1919, elle fait envoyer une lettre respectivement au roi des Belges puis au ministre de la Justice afin de faire reconnaître le culte antoiniste ; au cours du mois de mars des deux années suivantes, Ferdinand Delcroix, secrétaire du culte, envoie deux lettres dans le même but, ce qui aboutit en 1922 à une reconnaissance d'utilité publique du culte.
        Afin d'éviter toute tentative d'appropriation du charisme d'Antoine à l'intérieur du mouvement après sa mort, le journal antoiniste L'Unitif publie des articles présentant Catherine comme le successeur légitime et redéfinissant précisément les limites du rôle du guérisseur. Pour éviter une crise de succession et assurer la continuité de la religion, Catherine décide de promouvoir un culte centralisé autour de la personne de son mari et, dans ce but, établit différentes règles entre 1925 et 1930. Elle fait placer, dans le temple, devant la tribune supérieure, le portrait de son mari surmonté de la mention « Le Père fait l'Opération », puis ajoute par la suite sa propre photographie. Elle autorise les desservants à effectuer l'Opération générale depuis la tribune supérieure, mais veut que la cérémonie soit précédée d'une déclaration affirmant que c'est le Père qui pratique l'Opération et que la foi doit être placée en lui afin d'obtenir satisfaction, et insiste pour que le desservant installé à la tribune soit assis durant la lecture des ouvrages d'Antoine. Elle établit le Jour du Père, le 25 juin, et des rituels tels que le baptême, la communion et le mariage, ce qui transforme le groupe en religion institutionnalisée. Elle ordonne que rien ne soit changé dans les écrits de son mari et, en 1932, fait fermer les salles de lecture dans lesquelles des adeptes enseignaient des points de vue personnels. Contrairement aux ouvrages de son mari qui peuvent être achetés par n'importe qui, les changements et les règles ajoutés par Catherine sont consignés dans des tomes accessibles uniquement aux desservants, restant ainsi plus confidentiels. À partir du 17 juin 1930, un fidèle, Narcisse Nihoul, la remplace à la tribune pour effectuer l'Opération générale.

    Contrairement à ce qu'annonçaient plusieurs journaux (plusieurs articles du Peuple2 novembre6 novembre et encore le 13 novembre 1913), le culte survit au Père sous la direction de Mère.

    source : wikipedia

  • Antoine le Guérisseur (Journal de Bruxelles, 7 juillet 1912)(Belgicapress)

    Antoine le Guérisseur

        La Gazette de Liège consacre au « guérisseur », qu'on a enterré dimanche à Jemeppe, ces lignes intéressantes :

        Le guérisseur n'a pu se guérir. Sa femme, que les adeptes appellent notre Mère, continuera les opérations. Elle ne possèdera pas le même prestige ; il lui manquera toujours la barbe patriarcale du mari, laquelle en imposait beaucoup aux visiteurs. Il est probable que l'antoinisme ne survivra guère à son chef, les femmes n'ayant jamais pu fonder ou maintenir des religions durables. Dans la multitude des fidèles, on ne signale que trois hommes influents : un avocat, un capitaine en retraite et un professeur. Le reste du troupeau se compose de petites gens très zélés, mais incultes, et qui seraient bien embarrassés de rendre compte de leur foi.
        Il est juste de reconnaître que M. Antoine s'était acquis une notoriété considérable. Avant l'année 1905, il était un spirite ordinaire : il avait perdu un fils et le spiritisme lui avait révélé que l'enfant s'était réincarné, à Paris, dans la peau d'un pharmacien. Bien des spirites commencent par là : affolés par un deuil, ils cherchent à entrer en rapports avec le cher disparu ; leur imagination ou l'adresse d'un imposteur achève de les duper. Ayant réussi convenablement à faire tourner les tables et à déchiffrer l'écriture des médiums, M. Antoine s'établit rebouteux ; il aida les pharmaciens à écouler des petites bouteilles de liqueur Koene : « 5 verres à 7 gouttes par jour, 4 ou 5 minutes avant le repas ». Nous conservons le manuscrit original d'une de ces prescriptions, qui d'ailleurs devaient être nombreuses, le même remède guérissant également tous les maux. La justice veut entraver ce petit commerce. Antoine ordonna à ses malades de l'eau pure magnétisée par lui. Cette panacée remplaça parfaitement la drogue. Puis vinrent les passes, individuelles ou collectives. Il y eut des guérisons en masse, du moins on le dit, car, soit modestie du thaumaturge, soit ingratitude des clients, il a été impossible jusqu'alors de contrôler sérieusement un de ces miracles. Les tracts antoinistes, qui recueillent pieusement les moindres paroles du maître et les questions de ses disciples, ont obstinément oublié de signaler les cas de guérison qui ont fondé la réputation de M. Antoine. Espérons que cette lacune sera comblée.
        Nous avons examiné consciencieusement les divers écrits qui prétendent contenir la doctrine du prophète de Jemeppe : l'« Enseignement », l'« Auréole de la conscience », le « Couronnement de la révélation », les fascicules de l'« Unitif ». Ces nouveaux évangiles sont à peu près incompréhensibles. Les mots les plus usuels prennent apparemment une signification spéciale qui ne figure pas dans les dictionnaires. Les contradictions fourmillent. Il serait difficile d'extraire de ce fouillis une théorie quelconque. Sur la divinité, on nous fournit des notions incohérentes. Dieu est parfois « un bon père de famille » ; ailleurs, nous sommes tous Dieu, ou en train de le devenir. Le Dieu d'Antoine n'a besoin d'aucun culte : « il aime d'autant moins qu'on le loue qu'il est plus grand ». Le démon est « le mauvais génie, cause des maladies, des accidents, des grands fléaux qui accablent l'humanité », ou bien « notre mère qui nous nourrit de son sein. Nous sommes plutôt enfants du démon qu'enfants de Dieu » !
        M. Antoine propose même « d'adorer le démon, si empressé pour nous... Nous retrouvons en lui le vrai Dieu, et dans l'intelligence, la lucidité de la conscience ». Il ne se gêne d'ailleurs pas pour affirmer exactement le contraire : « La vue du mal nous prive de l'amour qui ferait de nous un vrai Dieu, tandis qu'elle nous contraint d'être un démon. »
        Selon le docteur, le mal n'existe pas : c'est un produit de notre imagination. Tout ce qui tombe sous les sens est une illusion. L'homme est libre d'agir à sa guise, pourvu qu'il suive son instinct. La foi est le remède universel : consulter les médecins c'est manquer de foi, par conséquent s'exposer à rester malade définitivement.
        En philosophie, M. Antoine estime que la matière est éternelle et qu'Adam a créé le monde. Il n'aime pas les animaux : « Nous devons savoir que l'animal n'existe qu'en apparence, il n'est que l'excrément (sic) de notre imperfection. »
        Telle est la religion qui éblouit présentement des milliers de disciples. Lisez l'« Enseignement », si vous en avez le courage, vous pourrez mesurer jusqu'où descendent des âmes, privées du christianisme.

    Journal de Bruxelles, 7 juillet 1912 (source : Belgicapress)

        La Gazette de Liége se positionne au centre-droit de l’échiquier politique. Elle est proche du Parti catholique puis du Parti social-chrétien (nous renseigne Wikipedia).


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  • Une religion étrange née du spiritisme (Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 19 mars 1928)(numerique.banq.qc.ca)UNE RELIGION ETRANGE QUI EST NEE
                   D'UNE EXPERIENCE DE SPIRITISME

    L'Antoinisme serait le résultat d'une révélation faite à
    un mineur, "le père Antoine", sur la réincarnation de son fils.

    NOMBREUX ADEPTES

        On n'a pas encore proclamé, par voie de concours, le paysage le plus triste au monde. Il parait qu'on pourrait choisir la pointe du Raz au temps de l'équinoxe, ou bien Whitechapel un jour de brume, ou certaines landes de notre plateau de Millevaches... Moi, je voterais pour un coin de la banlieue de Liège, où se trouve Jemeppe-sur-Meuse, la petite Rome de la religion "antoiniste".
        Les lieux où souffle l'Esprit ne sont pas, d'habitude, les lieux gais, mais celui-ci, qu'une révélation a, dit-on, favorisé, semble tout à fait en deuil. La boue y est à peine plus noire que les maisons basses, dont les briques ont le ton de la suie, et où les boutiques cachent leurs étalages dans de pauvres fenêtres bornes. Le ciel pèse sur des amas de fumées à peine plus opaques que lui. Toutes les enseignes de la ville sont en blanc et noir, funéraires... et la première qu'on lit au sortir de la petite gare offre ces mots : "Meubles et cercueils en tout genre..."
        Jemeppe-sur-Meuse n'est qu'un alvéole dans la grande ruche du pays noire dans la grande ruche du minier. Les amateurs d'artificiel peuvent s'y plaire, car ici l'homme a tout fabriqué, jusqu'aux montagnes. En d'autres pays de plaine, les côtes de détritus, issus du charbonnage, ne font guère plus d'illusion que des taupinières. Ici, ils imitent à merveille une chaîne de volcans. La pluie a raviné ces "crassiers", la géologie les a tassés et modelés selon ses lois ; on y voit des failles, des strates, des couloirs d'avalanches. Une herbe jaunâtre les colore, quelques arbres ont poussé dessus, et une erreur de perspective les unit à quelques collines véritables qui se trouvent là sur la rive droite de la Meuse, pour en former un système gigantesque.
        Sept collines, peut-être ? En tout cas voici un faubourg dans ce faubourg, un hameau dans ce grand village, le quartier Bois-de-Mont. Tous les indigènes vous indiqueront le temple antoiniste, avec sympathie ou avec fierté. On ne le trouverait pas tout seul dans ces petites rues désertes, où quelques épiciers arborent simplement des cartes postales aux effigies sacrées.

        Pas de boutiques de plein vent, aucun attirail de pèlerinage : l'antoinisme est une religion austère. Mais le vagabond en casquette, aux yeux pâles, qui traine sur le trottoir, vous dis "La Mère : elle habite ici devant !"

        C'est une petite communauté, à un coin de rues, cernant une chapelle modeste à deux entrées. On pourrait croire à un couvent si le clocher portait une croix, mais il n'y a plus de croix, à peine une girouette.
        Vous voici dans le vestibule. Il est d'une propreté belge. On dirait d'un couloir d'école : des espèces de tableaux d'honneur, des préceptes et avis sous vitrine, la liste des temples antoinistes dispersés par le monde : il y en a plus de cent du Canada à Monaco. Justement, dans un coin, une petite maquette en carton : la réduction du second temple qu'on élève à Paris, rue du Pré-Saint-Gervais. L'adepte de service est un jeune homme discret, propret, moustache noire, soutanelle impeccable. Il parle à mi-voix, il joint les mains. Il vous introduit dans la chapelle bien cirée, où deux tribunes superposées attendent, l'une, le lecteur de l'enseignement du Père Antoine, l'autre, la Mère, quand, les mains chargées de fluides, elle procède à l'"opération"...
        Deux icônes : l'emblème de l'antoinisme, un arbre en noir peinturluré sur verre dépoli : l'Arbre de la Science la Vue du Mal. Car l'essentiel de la doctrine enseigne que le mal ni la matière ne sont réels. Il suffit de s'en persuader pour être guéri des maux du corps et de l'esprit, et se lancer dans un cycle d'évolutions spirituelles, à la suite du Père, dont voici le portrait. Son image ne préside aux temples que depuis trois ans, bien qu'il ait été désincarné en 1912, le 25 juin, à l'âge de 65 ans, ce qui est jeune pour un guérisseur. Mistress Eddy, qui fonda en Amérique la "Christian Science", devint, elle, nonagénaire. Mais quoi, le Père Antoine, ancien mineur, ancien concierge aux tôleries, survit assez : il a la barbe et cheveu blanc comme feu le zouave Jacob, la prestance d'un moujik vénérable, l'œil flambant, le geste bénisseur. Son portrait est un agrandissement photographique au fusain, à vingt-quatre franc quatre-vingt- quinze, et dans un coin, l'artiste a signé de son paraphe superbe. A l'entrée de la chapelle, là où l'on attend bénitier, une vasque et un robinet de cuivre avec gobelet. L'inscription spécifie que la source n'est là que pour désaltérer les fidèles. Jemeppe n'est point Lourdes et l'eau miraculeuse a été abandonnée par l'antoinisme dès l'an 1901, époque où les médecins du lieu firent condamner M. Antoine pour usurpation de leur art, magnétisme incongru et concurrence fluidique.
        L'antoinisme est une religion en train de s'épurer sans cesse. A l'origine, il était spirite. Un adepte m'a appris que tel saint Jean-Baptiste annonçant Jésus, Allan Kardec avait été l'avant-coureur du Père Antoine. Aujourd'hui, il suffit de croire aux fluides. Ils sont excellents, surtout pour guérir les aphtes de la bouche. La foi les attire seule, et à leur tour ils nourrissent la foi, telle la grâce suffisante des jansénistes. Il y a en Belgique 300,000 personnes accessibles aux fluides et qui ont signé une pétition pour faire reconnaitre l'antoinisme par l'Etat. A Paris, on compte quatre ou cinq lieux du culte ; et vous en trouverez dans toutes les villes où le travail est dur, où la maladie abonde, à Saint- Etienne ou à Vichy. A Tours aussi et à Lyon, parbleu, qu'on s'attendait à voir en cette affaire, car Lyon est la grande ville des hérésies et Tours la capitale française du spiritisme (le saviez-vous ?) Une dure hiérarchie et centralisation pèsent sur l'antoinisme. J'en ai vu les statuts, ils sont draconiens et tout adepte, gérant d'un temple, peut être remercié après un trimestre de préavis. La forme des églises, l'heure des offices obéissent à un règlement unique, pour que le fluide opère plus aisément. Comme en T. S. F, il faut de l'exactitude à émettre et à recevoir. Les rites, mariage, baptême, sont prévus à merveille. Meurt-on, on vous enterre sous un drap vert, à la fosse commune. Enfin le costume des antoinistes initiés a été ordonné par une révélation spéciale : les femmes, sortes de novices en deuil, ont droit à un bonnet ruche de 22 centimètres et des manches [mot illisible] de 70. Les hommes ont un chapeau noir, une "buse" solennelle, fort rare dans les magasins des gentils.
        Mais pour tout cela, il faut une volonté, une régente, nous y voici... La Mère, à qui son mari en mourant a transmis le don des fluides et l'autorité, vit à Jemeppe. Elle a soixante-dix-sept ans. C'est cette petite vieille vêtue de noir qui glisse dans le corridor et rejoint dans sa cuisine d'autres adeptes préposées au fricot. Sa figure maigre, ses yeux doux et puissants, on les retrouve sur toutes les cartes postales. Après elle, que deviendra l'antoinisme ? Il n'y a plus d'héritier direct. Les schismes, les querelles, les conciles, la théologie vont-ils diviser cette heureuse religion ?
        Mais ne comptez pas qu'elle s'éteigne si vite. Le ciel pèse plus bas que jamais sur Jemeppe. Le soir tombe. Des coulées de hauts fourneaux flambent par instants sous les nuages et dans le silence accablé de ce faubourg lugubre, deux petites filles en haillons cabotent sur le trottoir : ce sont deux manœuvres de mine, la face barbouillée de charbon, une loque sur la tête et le dos courbé sous des sacs, comme porteuses de la misère humaine.

    Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 19 mars 1928 (source : numerique.banq.qc.ca)


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  • L'Antoinisme (La Croix du Nord, 21 octobre 1925)= L'ANTOINISME =

        Nous avons, aux portes de Lille, un temple Antoiniste. Il a été inauguré récemment. Grâce à une réclame aussi intense que savante, l'affluence des curieux a été considérable. Des journaux, qui jamais n'ont une ligne pour les plus grandes et les plus belles cérémonies catholiques, ont publié de pieux comptes rendus. L'un d'eux a poussé la dévotion jusqu'à reproduire les portraits du Père et de la Mère Antoine.
        Cette ferveur religieuse de la presse sans Dieu et contre Dieu est déjà significative. Elle nous avertit que nous sommes en présence d'une caricature.
        Le diable, a-t-on dit, est le singe de Dieu. Singe, il a la manie d'imiter. Mais la griffe simiesque se trahit toujours par l'absurde ou le burlesque dans ses constructions.
        De ces signes, l'Antoinisme est rempli. La main du « père du mensonge » appose sa signature sur toutes les manifestations de ce prétendu culte.
        Si bien qu'il serait non seulement irrévérencieux, mais littéralement impossible d'esquisser une comparaison quelconque entre l'Antoinisme et notre grand et divin Catholicisme.
        Mais l'histoire nous montre que les erreurs les plus monstrueuses, quand elles empruntent une marque religieuse, trouvent toujours quelque écho dans ce fond de religiosité qui subsiste chez les âmes abruties par l'ignorance ou les passions.
        De là, chez les déchristianisés, la vogue étrange de superstitions puériles et grossières ainsi que des charlatans débitant la bonne aventure.
        Il ne faut donc pas s'étonner du succès de l'Antoinisme en certains milieux qui ne connaissent plus notre sainte religion.
        Il est, en effet, un mélange de charlatanisme et de superstition.

    *
    *  *

        Qu'était le Père Antoine, dont la veuve, la Mère Antoine, continue le petit commerce ?
        Un mystificateur habile ? Un innocent illuminé ? Un peu de l'un et de l'autre.
        Il naquit à Mons-Crotteux (Belgique), en 1846. Fils de mineur, il descendit lui-même à la fosse, puis devint ouvrier métallurgiste.
        Jusqu'à l'âge de 42 ans il fut catholique pratiquant. Mais il perdit alors son fils unique, âgé de 20 ans.
        Pour son malheur, il lia connaissance avec un groupe de spirites. Et le ménage Antoine, dans sa désolation, n'eut plus qu'un rêve : causer avec l'enfant disparu. Ces braves gens apprirent ainsi, par les mediums, que leur fils mort était devenu... pharmacien à Paris !
        Firent-ils le voyage pour rechercher dans notre Capitale ce garçon mué par la mort en apothicaire diplômé et... improvisé ?
        On l'ignore. Ce que l'on sait, c'est que le père Antoine, plus féru que jamais de spiritisme, se vit bientôt à la tête d'une bande de visionnaires s'intitulant « les Vignerons du Seigneur ».
        Il publie un catéchisme spirite. Il donne des séances dans sa maison, transférée, de Crotteux-Mons, à Jemmeppe-lez-Liége.
        On y cause avec qui l'on veut, mort ou vivant. Des mediums vous mettent en communication avec les plus grands personnages, avec l'évêque de Liége, avec Léon XIII.
        Premier miracle : tous ces interlocuteurs lointains et divers out le même accent wallon très caractérisé.
        Et voici les guérisons qui commencent : « Les Vignerons du Seigneur, dit le prospectus, guérissent les malades, chassent les démons, ressuscitent les morts, donnent, gratuitement ce qui leur a été donné gratuitement. »
        A vrai dire, les registres de l'état-civil de Jemmeppe ne mentionnent aucun ressuscité, mais on doit constater un autre miracle : cette clinique gratuite des esprits enrichit rapidement les thérapeutes.
        Car on vient en foule, de toutes parts, chercher « le soulagement de toutes les maladies, afflictions morales et physiques », dit une autre réclame répandue à profusion.
        Les bizarres annonces du Guérisseur, du « Saint », comme on l'insinue déjà, sa vie retirée et mystérieuse, ses discours charitables, son régime végétarien (nécessité par une maladie d'estomac), son air extatique au milieu des scènes d'évocation et des crises des mediums, tout cet ensemble attire et méduse les simples.
        La vogue devient telle qu'Antoine croit pouvoir simplifier ses méthodes. Il congédie ses mediums, et lance une certaine liqueur Coune (2,50 la petite fiole, 5 fr. la grande), qui guérit tout, aussi bien les entorses que la phtisie galopante.
        Poursuivi et condamné pour exercice illégal de la médecine, il n'en devient que plus fameux et plus couru. Pensez donc, les médecins ont peur de lui !
        Antoine simplifie encore. Il lance un autre remède souverain : l'eau claire qu'il magnétise en la chargeant de son... fluide.
        Et les malades affluent toujours. Mais de remplir des bouteilles d'eau et de se livrer sur chacune à des contorsions et à des passes fatigantes, épuise le saint homme. Nouvelle simplification : on distribue aux malades des petits papiers que le père Antoine a magnétisés chez lui, sans témoins, à ses moments perdus.
        Et ces sacrés papiers font florès, plus encore que les fioles Coune et les bouteilles d'eau.
        Antoine se rend compte alors que la crédulité du public est illimitée. Pourquoi s'embarrasser d'intermédiaires matériels ? Pourquoi ne pas magnétiser directement les clients ?
        Nouvelle phase de l'Antoinisme. Le Guérisseur se contente, désormais, d'imposer les mains aux malades : par ce geste, les bons fluides, dont il est la source intarissable, guérissent tous ceux qui ont... la foi...

    *
    *  *

        La foi en lui, bien entendu. Et voici que commence à poindre le dogmatisme de l'Antoinisme. Le Guérisseur devient prophète. Il élabore par pièces et par morceaux incohérents, par un nébuleux mélange de coq-à-l'âne et de préceptes moraux, une vague doctrine.
        Il s'entoure de disciples malins qui recueillent pieusement ses abracadabrants enseignements, qui les impriment, qui les répandent au loin.
        Et curieux, adeptes et malades de venir en foule se courber sous la main bénissante du prophète. Souvent, plus de cinquante par heure défilent pour recevoir le fluide éthéré.
        Pour tant de fidèles il faut un temple. L'argent ne manque pas, on le bâtit.
        Et alors, l'action du Père évolue une fois de plus. Les passes individuelles deviennent collectives.
        Et voici, d'après un témoin, le spectacle auquel on peut alors assister à Jemmeppe tous les dimanches :

        « Au fond du temple il y a une tribune. Elle communique avec les appartements privés du Voyant. Les fidèles et les curieux se placent dans les bancs, face à la tribune.
        « Un Monsieur se lève :
        « Notre bon Père va venir. Avant d'opérer, il se recueille dans la prière. Respectez ce moment solennel. Ranimez votre foi, car tous ceux qui ont la foi seront guéris ou soulagés. »
        « La porte s'ouvre. M. Antoine s'avance. Il est bien vieux. Il a laissé pousser ses cheveux et s'est composé une tête hiératique. La scène est admirablement machinée.
        « Alors le prophète, que transfigure un air inspiré, se place au milieu de la tribune. Son regard est perdu dans l'au-delà. Il élève majestueusement les mains, étend les bras, remue les doigts pour laisser écouler sur son peuple tout le fluide qu'il a emmagasiné par la prière, répand ses fluides à l'Orient et à l'Occident.
        « Il ferme les yeux, se retourne et rentre lentement, sans avoir proféré une parole. L'autre Monsieur se lève de nouveau : « L'opération est terminée. Les personnes qui ont la foi sont guéries ou soulagées. »
        « On renvoie toutes ces personnes, et l'on introduit d'autres spectateurs qui verront la même comédie. Généralement, ce sont les mêmes gens qui sont guéris et soulages chaque dimanche. »

        Ajoutons que, parmi les autres, certains ignorants et naïfs croient que « c'est arrivé ». Quant aux gens de bon sens, ils sont radicalement guéris, en effet, de toute envie d'entrer dans la religion antoiniste.

    *
    *  *

        Comment expliquer, cependant, l'extraordinaire fortune de la secte, qui compte aujourd'hui plusieurs centaines de mille fidèles, et qui a, rien qu'en France, une dizaine de temples ?
        I est manifeste que, dans le début, Antoine n'a voulu être qu'un guérisseur populaire, comme il y en a toujours eu, et comme il y en a encore un peu partout.
        Bientôt, à ses remèdes, comme l'authentique liqueur Coune, il a joint des recommandations pieuses, des pratiques superstitieuses : c'est l'enfance de l'art.
        Quand il s'est rendu compte que, dans un peuple déchristianisé, la crédulité humaine n'a pas de bornes, il a imaginé le fluide magnétique, une trouvaille déjà exploitée au XVIIIe siècle.
        La réclame habile et continue de ses disciples a entretenu et développé le succès. S'illusionnant peut-être lui-même sur le sentiment qu'il inspire et se prenant à son propre jeu, Antoine finit par se croire vraiment prophète et inspiré du ciel.
        Il devient voyant, dictant des oracles, dévoilant les secrets, résolvant des cas de conscience, se faisant directeur d'âmes, fondant une religion bâtie sur de prétendues révélations.
        C'est le mystificateur devenant peu ou prou son propre mystifié.
        Même phénomène chez ses disciples : les uns roublards, les autres simplistes se font apôtres. Ils racontent partout les miracles. Mais ils se gardent bien de les consigner avec précision dans les innombrables opuscules de propagande. Il faut éviter tout contrôle.
        Quant à la doctrine inspirée du Père et consignée en ces écrits, elle défie toute critique. Elle échappe à toute analyse. Est-ce qu'on palpe et saisit le brouillard ?
        Un écrivain belge, M. Kervyn, à qui nous empruntons la plupart des éléments de cet article, a essayé de condenser la doctrine antoiniste. Nous-même avons étudié plusieurs opuscules, tentant d'en extraire la substance positive. Peine inutile. Antoine est panthéiste et dualiste, il nie Dieu et ad- met Dieu, il nie l'âme et admet les réincarnations successives de l'âme. Il combat la « croyance » et commande la foi. Il est surtout ennemi de « l'intelligence », ce qui le dispense de comprendre et d'être compréhensible. Sa morale, en dehors de quelques bribes de catéchisme, est nulle. Chacun a la faculté d'établir des lois, chacun agit selon sa nature, etc.
        Et ce sont des divagations éperdues, un monstrueux magma d'idées n'ayant ni queue ni tête. Voilà l'Antoinisme. Voilà la... religion nouvelle qui se dresse en face du Christianisme des Augustin, des Thomas d'Aquin, des Bossuet, des Pascal et des Pasteur.
        En vérité, cette fois, le singe de Dieu s'est surpassé. Il n'a presque plus imité ; tout est à son image grimaçante et à sa ressemblance infernale : c'est le chaos.

                                                                                                              CYR.

    La Croix du Nord, 21 octobre 1925


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  • Importante réunion d'A.C.J.B. à Seraing (Journal de Bruxelles, 20 avril 1925)(Belgicapress)Importante réunion d'A. C. J, B. à Seraing

        Les jeunes catholiques du Bassin de Seraing n'étaient pas organisés on vient de mettre sur pied une fédération qui promet par ses débuts.
        Vendredi soir, au Cercle Catholique de Seraing, eut lieu la première réunion. L'avocat Helbig préside, assisté de M. le doyen Kerkofs et du secrétaire, M. Hubert. Une bonne centaine de jeunes gens sont présents.
        L'abbé Kerkofs commente l'Evangile et le secrétaire donne un aperçu de la vie des sections nouvellement fondées. Pour le Bassin de Seraing, il y a environ 200 membres inscrits, et ce n'est qu'un débat.
        La question de l'ordre du jour la plus importante traitait de la religion antoiniste, qui est une hérésie locale. Le cercle de Seraing N. D. fait l'historique de cette religion, fondée à Jemeppe, par Louis Antoine, surnommé « Le Père Antoine » ; il parle de ses « méthodes de guérison ». Le Cercle de Jemeppe examine ensuite les guérisons qu'Antoine opéra par suggestion, sur des maladies d'origine nerveuse. Cette méthode fut employée depuis longtemps par d'autres qu'Antoine et celui-ci n'est jamais parvenu à guérir des maladies organiques, comme le fait se produit à Lourdes. Le Cercle de Seraing Centre parle des succès de l'Antoinisme qui, s'offrant à guérir directement les souffrances, a beaucoup de prise sur l'ignorance des foules ; à nous de rechristianiser la masse populaire.
        Le président de l'A C. J. B., Giovanni Hoyois étant retenu à Tournai, c'est M. Jurdant, de Bois-de-Breux, qui lance un appel aux camarades présents pour une campagne d'apostolat par le journal A. C. J. Biste, l'insigne et l'esprit A. C. J. Biste. Il cite en exemple la petite Maggy, que la plume d'un moine vient d'illustrer, dans un livre émouvant.
        C'est ensuite le président Helbig, qui fait appel au prosélytisme chrétien des jeunes et son bref discours suscite l'enthousiasme des auditeurs. Le mouvement est lancé et il vivra ! (Corr.)

    Journal de Bruxelles, 20 avril 1925 (Belgicapress)


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  • Le Petit Haut-Marnais, 1er août et 3 août 1912PETITS PROPOS

    Antoinisme

       Vous avez vu qu'il y a à Paris une petite chapelle, où c'est Mlle Camus, ancienne marchande de frivolités, qui dit la messe. Mlle Camus, comme tous les néophytes, est pleine de zèle. Mais, entre nous, je la crois un peu timbrée. Quand on va chez elle pour la consulter, Mlle Camus, faite aux enseignements du Père Antoine, se borne à prescrire des prières :
        — Mais, lui dit parfois une cliente que la grâce n'a pas encore visitée, mon petit a très mal au ventre. Est-ce que vous ne croyez pas qu'un bon cataplasme...
        — Le cataplasme est inutile, répond imperturbablement Mlle Camus. Bornez-vous à prier, Dieu vous exaucera.
        Le malade meurt parfois ; mais cela ne déconcerte point Mlle Camus, qui a réponse à tout :
        — Si Dieu n'a pas fait le miracle, explique-t-elle, c'est qu'il ne l'a pas jugé nécessaire. Mais nous avons, cette semaine encore, obtenu deux guérisons, ce qui prouve qu'on peut parfaitement se passer des médecins et de leurs médicaments.
        Les personnes très avares apprécieront beaucoup cette manière de raisonner, car la méthode du Père Antoine et de Mlle Camus permet des économies appréciables. Toutefois, je me permets de supposer que Mlle Camus, si elle avait un de ces jours une dent malade, n'attendrait pas de secours que de la prière pour la lui enlever. Dans une telle conjoncture, un antoiniste même orthodoxe court chez le dentiste. Après quoi, d'ailleurs, elle a congé d'expliquer que, dans la circonstance, le chirurgien n'a été que l'intermédiaire du Tout-Puissant. Je « priai, Dieu la guérit », comme disait l'autre.
        Pour le surplus, j'avoue que je n'ai jamais pu faire comprendre les beautés de l'antoinisme à un galopin de ma connaissance qui souffrait l'autre après-midi d'une violente névralgie. Ce n'est pas que je voulusse le convertir au culte du guérisseur de Jemmapes ; je pensais simplement qu'un somme d'une ou deux heures viendrait à bout de cet ennuyeux bobo. Mais le galopin avait grande envie d'aller jouer à la marelle devant la porte :
        — Donne-moi toujours un cachet de pyramidon, m'a-t-il dit.
        — Mais, mon enfant, je t'ai déjà appris que l'antoinisme....
        — Je sais... je sais... Mais, si tu le veux bien, nous reparlerons de l'antoinisme un de ces jours, — quand il s'agira de prendre mon huile de ricin, tiens !                            GRIFF.

    Le Petit Haut-Marnais, 1er août 1912

     

     

     

    Le Petit Haut-Marnais, 1er août et 3 août 1912

    PETITS PROPOS

    LA PIQURE

        Erreur en France, vérité au Japon. Notre pauvre planète est un vaste champ de contradiction.
        Vous avez lu le récit des derniers moments du mikado. Rien n'est plus touchant. Ces gens en pleurs aux portes du palais ; ce gardien qui se suicide pour apaiser les dieux ; ces bonnes femmes qui apportent des tortues parce que les tortues vivent longtemps et qu'elles pensent ainsi assurer la longévité de leur empereur ; vingt autres traits de la superstition et de l'émotion populaires composent un tableau pathétique. Mais le détail le plus curieux de l'agonie de Mutsu-Hito est assurément celui-ci : L'auguste moribond souffre atrocement. Des injections le soulageraient. Mais va-t-on les lui faire ? Impossible. La personne de l'empereur est sacrée. La moindre égratignure dont on entamerait volontairement sa peau constituerait un crime prévu et puni par la loi. On hésite longtemps. Il y a cinquante ans seulement, on eût renoncé aux injections. Mais le Japon s'est modernisé. On autorise finalement les piqûres. L'agonisant s'en trouve bien, et l'on nous laisse entendre que le médecin qui s'est servi de la seringue de Pravas ne sera pas contraint à faire harakiri. Tout va bien.
        Je parlais, il y a deux ou trois jours, à cette place, des antoinistes de Paris et de leur singulière thérapeutique. Je me demande aujourd'hui si je n'ai pas été trop sévère ou trop sceptique. La différence, en effet, n'est pas si grande entre l'antoinisme de la boutique de la rue Esquirol et l'antoinisme du palais impérial de Tokio. Ceci vaut cela. Et je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui serait advenu s'il avait fallu, à la suite d'un accident, couper un bras ou une jambe au mikado. Eût-on, dans cette conjoncture, laissé la gangrène te déclarer plutôt que de toucher à la personne de l'empereur ? Quel argument pour Mlle Camus si on la poursuit jamais, comme elle le craint, à la requête du Syndicat des médecins !
        Il est vrai qu'on pourra lui rétorquer que nous sommes en France et non au Japon. Mais elle gardera le droit de penser que la méthode qu'on trouve bonne pour un monarque, rien n'interdit de l'appliquer à de pauvres gens qui paient d'un surcroît de souffrance leur extrême crédulité.

                                                    GRIFF.

    Le Petit Haut-Marnais, 3 août 1912


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  • Méthode du Père Antoine (La Patrie Belge, 26 mars 1916)(belgicapress.be)

        Massage magnétique. A. Dechy, 23, rue de Rivoli, méthode du Père Antoine. Le matin et sur rendez-vous. Ne faxe pas.

    La Patrie Belge, 26 mars 1916 (source : belgicapress.be)


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  • Cassandre, Noël antoiniste, par O. Grojean (in La Nation Belge, 6 janvier 1935)(Belgicapress)

    Dans cet encart publicitaire, trouvé dans La Nation Belge du 6 janvier 1935 (source : Belgicapress),

    on apprend que la revue Cassandre a édité « Noël antoiniste » par O. Grojean.


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  • Ce que c'est que le culte ''Antoiniste'' (Le Petit Journal, Montréal, 24 avril 1938)(numerique.banq.qc.ca)

    Ce que c'est que le culte "Antoiniste" ?

        L'antoinisme est une étrange religion, qui compte des adeptes en France et, davantage encore, en Belgique. Il naquit en 1906, au cours d'une expérience spirite, au cours de laquelle la révélation fut faite à un ouvrier mineur, le "père Antoine", de la "réincarnation de son fils". Le centre de cette religion est à Jemeppe-sur-Meuse, près de Liége. C'est là, en quelque sorte, la petite Rome du culte antoiniste. Il y a une dizaine d'années, celui-ci groupait 300.000 adeptes, mais depuis quelque temps, il a beaucoup perdu. Quant à Antoine, il est décédé il y a peu d'années, après avoir professé que le mal ni la matière ne sont réels et qu'il suffit de s'en persuader pour être guéri de tous les maux physiques ou spirituels...

    Le Petit Journal, Montréal, 24 avril 1938 (source : numerique.banq.qc.ca)


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  • L'antoinisme continue (L'Heure belge, 14 mai 1916)

    L'ANTOINISME CONTINUE

        Nous venons d'avoir un enterrement antoiniste. La mort de la personne affiliée à la secte de Jemeppe a provoqué une descente du parquet et une autopsie à la morgue de la Buissière. Le bruit s'était répandu en effet que les soins d'un médecin avaient été refusés par la moribonde, scrupuleuse observatrice des lois de la secte qui interdisent, paraît-il, d'avoir recours à la Faculté en cas de maladie. L'autopsie a démontré que la défunte est morte de mort naturelle.

    L'Heure belge, 14 mai 1916

        Cet article est un résumé d’un article du journal La Belgique qui situe l’enterrement à Huy.


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  • Faits-divers - Delva, antoiniste de Seraing (La Dernière Heure, 17 octobre 1939)(Belgicapress)

    LES FAITS-DIVERS

        – Un nommé Delva, de Seraing, exerçait l'art de guérir prétendûment suivant les rites d'une secte antoiniste et sans but de lucre. Delva avait déjà encouru une première condamnation de 50 florins avec sursis. Cette fois, la 7e chambre correctionnelle le condamne à une peine de 100 florins sans sursis.

    La Dernière Heure, 17 octobre 1939 (source : Belgicapress)


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  • Toutes-boîtes (Journal de Charleroi, 9 juin 1913)(Belgicapress)

    Le culte Antoiniste

        La mort d'Antoine le Guérisseur, prophète à Jemeppe, n'a pas arrêté la propagande de sa religion, l'antoinisme, bien au contraire. Nos mœurs se sont adoucies : il n'est plus nécessaire à un prophète de se faire crucifier pour prouver la vérité de sa doctrine. Les antoinistes continuent donc paisiblement leurs prédications. Mais ils lui donnent une forme bien moderne.
        Ces jours derniers, on a déposé dans la boite aux lettres d'un grand nombre de maisons bruxelloises, un petit papier d'apologétique, « Révélations par le Père ». On nous y apprend que l'enseignement du Père a pour base l'amour, qu'il révèle la loi morale, la conscience de l'humanité.
        « Ne croyez pas, dit le saint Paul de l'antoinisme, que le père demande l'établissement d'une religion qui restreigne ses adeptes dans un cercle, les oblige à pratiquer sa doctrine, à observer certain rite, à respecter certaine forme, une opinion quelconque, à quitter leur religion pour venir à « lui ». Non, il n'en est pas ainsi : nous instruisons ceux qui s'adressent à nous de ce que nous avons compris dans l'Enseignement du « père » et les exhortations à la pratique sincère de la religion dans laquelle ils ont foi, afin qu'ils puissent acquérir les éléments moraux en rapport avec leur compréhension. »
        Dans ces conditions, l'antoinisme ne paraît vraiment pas redoutable ; le cléricalisme antoiniste est encore loin de nous. Mais qui sait ? Les religions qui commencent sont généralement tolérantes.

    Journal de Charleroi, 9 juin 1913 (Belgicapress)


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  • Chez les Antoinistes, sur la grève (Le Soir, 24 avril 1913)(Belgicapress)

    Chez les Antoinistes

        Notre auto dut aller du Val à Engis, c'est-à-dire fort loin pour pouvoir passer l'eau. Sur la route de Liége nous nous arrêtâmes à Jemeppe-sur-Meuse. Nous étions curieux d'avoir sur le conflit actuel l'opinion d'un antoiniste, voire de la Mère Antoine elle-même. A l'entrée du temple, aujourd'hui fameux dans le monde entier, nous trouvons une brave petite vieille aux gestes menus. Je suis la guérisseuse du temple, me dit-elle. Sur un ton sentencieux elle nous rappelle des enseignements du Père, de cet Antoine-le-Guérisseur, simple ouvrier métallurgiste, dont on vénère la mémoire jusqu'au fond de l'Egypte et de la Nouvelle-Zélande. « Celui qu'a foi », nous dit la guérisseuse du temple, « il sent comme un courant électrique qui passe en lui... »
        Nous demandons à cette vénérable thaumaturge ce qu'elle pense de la grève générale, et si elle ne craint pas que ce conflit brise le lien moral qui doit exister entre tous les frères en Antoine. La guérisseuse me dit qu'elle va faire venir quelqu'un qui s'explique mieux qu'elle. En attendant son retour, je lis au-dessus d'une fontaine cette inscription touchante : « Cette fontaine n'a d'autre destination que de désaltérer ceux qui viennent dans ce temple. En faire un autre usage est un manque de foi qui porterait plutôt obstacle à la guérison... »
        Voici une « sœur », une grande-prêtresse du culte antoiniste. Elle nous dit que beaucoup de mineurs en grève assistent aux offices, aux « consultations du matin ». Elle ne croit pas que la grève nuise à la loi morale. « Des antoinistes font la grève, d'autres ne la font pas. Tout est bien. Nous ne voyons le mal nulle part. »
        J'ai déjà entendu de tels propos naguère, chez le Père Dor, à Roux.
                                                         FRAM.

    Le Soir, 24 avril 1913 (Belgicapress)


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  • La ''Mère'' - Anniversaire de la désincarnation du Père (Gazette de Charleroi, 1er juillet 1913)(Belgicapress)APRES LA « DESINCARNATION »
    D’ANTOINE LE GUERISSEUR
    LA  “MERE„
    qui succède à l’apôtre défunt
    n’a point réussi de miracle

        Des fêtes antoinistes viennent d'être célébrées à Jemeppe-sur-Meuse, à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Antoine.
        Il y a eu en effet un an mercredi dernier qu'est mort le visionnaire fameux, dont le renom est considérable tant en Belgique qu'à l'étranger : Antoine le Guérisseur.
        Cet homme, qui avait l'aspect d'un des anciens prophètes d'Israël, exerçait sur la plupart des gens qui l'approchaient un ascendant extraordinaire.
        Il disait posséder la révélation de la vérité. Il passait pour opérer, par le seul pouvoir de sa volonté, des guérisons miraculeuses.
        De tous côtés de pauvres gens s'adressaient à lui pour obtenir par son intervention puissante et mystérieuse, la fin ou l'adoucissement de leurs maux. Et le culte antoiniste compta des adeptes un peu partout...
        Le 23 juin 1912, Antoine le Guérisseur mourait, ou plutôt, pour employer le vocabulaire des antoinistes, il se désincarnait.
        Mais l'antoinisme ne mourut pas avec Antoine, et le temple édifié à Jemeppe continue à être le centre d'un mouvement intense, centre où parviennent chaque jour, sous forme d'un courrier formidable, les plaintes et les vœux de l'humanité malheureuse.
        C'est qu'Antoine avait pris une sage précaution pour assurer la pérennité de son œuvre.
        Quand il fut sur le point de mourir, il fit savoir à ses disciples que sa femme lui succéderait, qu'elle pourrait s'assimiler à sou fluide éthéré et il la chargea de recueillir et de lui transmettre les désirs des antoinistes.
        C'est en vertu de cette désignation que la veuve du guérisseur guérit à son tour, ou, au moins, s'y applique.
        Pour célébrer l'anniversaire de la désincarnation d'Antoine, celle qui fut sa femme conviait les antoinistes du monde entier à se rendre, mercredi dernier, à Jemeppe-sur-Meuse : elle annonçait que les malades obtiendraient de grandes guérisons.
        Les antoinistes vinrent au nombre de plusieurs milliers. La Belgique, les Pays-Bas, certaines provinces du nord de la France fournirent le gros de cette armée singulière. Paris, qui compte quatre ou cinq groups antoinistes, avait, pour sa part, envoyé environ cent-cinquante pèlerins. L'empressement de tous ces pieux voyageurs était tel que plusieurs centaines d'entre eux, tout à leurs religieuses pensées, remirent, en arrivant à la gare de Jemeppe, leur ticket de retour en même temps que leur billet d'aller – ce qui détermina une belle confusion quand il fallut repartir.
        Tous aussi croyants – d'une foi qui leur fait non pas soulever des montagnes, mais passer des frontières, ce qui est déjà bien – les antoinistes ne sont pas tous également fervents.
        Les zélés suivent les recommandations du père Antoine à la lettre. C'est ainsi qu'il s'imposent le port d'un costume disgracieux, dont le guérisseur fixa la couleur et la coupe : c'est, en serge noire, un vêtement sans nom, qui réalise une manière de compromis entre la soutane des prêtres maronites et le redingote de certains pasteurs américains ; comme coiffure, un « gibus » qui rappelle, avec moins d'ampleur, l'antique « bolivar », que nous pouvons voir, sur de vieilles gravures, couvrir le chef vénérable de nos arrière grands-pères.
        Dans cette foule, il ne se trouva qu'un « esprit fort » ; et il n'avait certes point lu le chapitre de La Bruyère : c'est un joli bambin d'une dizaine d'années ; ses parents l'avaient trainé à Jemeppe pour le faire guérir de je ne suis quelle affection nerveuse ; arrivé devant le temple du guérisseur, le moutard refusa énergiquement d'entrer, et il se mit à pousser des hurlements tels que son antoiniste de père dut renoncer à le soumettre aux opérations.
        Les opérations ont cependant moins effrayantes au temple antoiniste que dans les salles de nos hôpitaux.
        C'est la Mère qui procède. La Mère, c'est la veuve d'Antoine, lequel n'est désigné par les antoinistes que sous le vocable le Père.
        Les fidèles se tassèrent dans le temple.
        Dans le silence qui précède les grands événements, ils attendirent, regardant devant eux une tribune étroite et longue, sur le bord de laquelle était peint – blanc sur fond noir – l'arbre de la vie, symbole de l'antoinisme. Devant la tribune principale, quelques mètres plus bas, une autre tribune, plus petite.
        Au bout d'une demi-heure d'attente, un grand diable barbu et chevelu, avec les yeux perdus qu'on prête aux nihilistes russes, apparut sur la tribune la moins élevée et reste là, sans mot dire, le regard dans le vide.
        – C'est notre frère Deregnaucourt, dit-on.
        Le frère Deregnancourt attendit... L'assistance était haletante et recueillie. Seule, la béquille d'un infirme, en tombant sur le plancher, troubla un instant le silence.
        Mais soudain on entendit le tintement aigrelet d'une sonnette. Tous les pèlerins se dressent, d'un seul élan. C'est la Mère qui apparaît. Elle est sur la tribune. Toute blanche dans ses vêtements noirs, elle regarde vers le plafond, en se tordant les poignets... Avec un peu de bonne volonté, on peut retrouver dans l'expression de son visage l'air fatal et inspiré des anciennes sibylles... Cinq minutes, elle reste là, le regard fixe, les poings crispés... Puis elle s'en va... C'est fini. Les fidèles se retirent.
        C'est là l'opération annoncée. La mère dut la recommencer cinq fois, chaque fois devant cinq à six cents personnes.
        On avait aussi promis des guérisons. Mais c'est une autre affaire. J'ai vu sortir aussi claudicants les gens que j'avais vus entrer en boitant, et les rhumatisants ne m'ont pas paru plus alertes après l'opération qu'avant. Ce sera sans doute pour plus tard.
        Après les opérations, les antoinistes ont fait un pieux pèlerinage à travers le jardinet où, tout en repiquant ses salades et en échenillant ses choux, le père Antoine sentit naître sa vocation de Christ nouveau...
        Les fêtes antoinistes ont recommencé hier. Les fidèles, en cortège, conduits par la mère et le frère Deregnancourt, ont fait le parcours que fit, il y a un an, la dépouille funèbre du guérisseur, de la maison au cimetière.

    Gazette de Charleroi, 1er juillet 1913 (Belgicapress)

     

    Reprend en partie l'article paru dans Le Matin du 30 juin 1913.


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  • Un diplomate du Brésil au Temple de Jemeppe (L'Indépendance Belge, 5 janvier 1913)(Belgicapress)    S. Exc. le ministre du Brésil et Mme de Oliveira Lima, en déplacement à Liége, ont été visiter les superbes établissements Cockerill, à Seraing, dont les honneurs leur ont été faits, en l'absence de M. Adolphe Greiner, directeur général, par M. Coulomb, secrétaire général. Comme toujours, notre premier établissement métallurgique a excité l'enthousiasme des visiteurs.
        Puis M. et Mme de Oliveira Lima ont visité Spa, Verviers et Jemeppe-sur-Meuse, où ils ont été assister à une séance de culte du célèbre Antoine le guérisseur.
        En revenant à Liège, avant de rentrer à Bruxelles, S. Exc. le ministre du Brésil et Mme de Oliveira Lima ont assisté à la première leçon du cours de portugais à l'Université, organisé sous les auspices de la Société belge d'expansion vers l'Espagne et l'Amérique latine, donné par le professeur Yvon Nolf Nazario.
        La salle était archicomble. Il y a actuellement 272 élèves et Liége s'est pris d'un véritable enthousiasme pour apprendre le portugais. Il y a parmi les élèves des officiers, des professeurs de l'Université, des dames, des étudiants russes et beaucoup d'étudiants belges.

    L'Indépendance Belge, 5 janvier 1913 (source : Belgicapress)

     

    Un diplomate du Brésil au Temple de Jemeppe (L'Indépendance Belge, 5 janvier 1913)(Belgicapress)

     

        Manuel de Oliveira Lima (1867-1928) était un écrivain, critique littéraire, diplomate, historien et journaliste brésilien. Il a représenté le Brésil dans plusieurs pays et a été professeur invité à l'université de Harvard. Membre fondateur de l'Académie brésilienne des lettres.
        Marié en 1891 à Flora Cavalcanti de Albuquerque (1863-1940), ils ont résidé en Belgique de 1908 à 1912.

        Cette visite marque le début des contacts des antoinistes avec le Brésil qui aboutira à une salle de lecture à Rio.


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  • Op uw Hoede - Het Antoinisme (Gazet van Antwerpen, 15 octobre 1927)(Belgicapress)Op uw Hoede

        Drie soorten vreemde apostelen loopen tegenwoordig, te Antwerpen en in den omtrek, de stijlen van de deur: Methodisten, soldaten van 't Leger des Heils en Antoinisten – en voor dezen dient onze bevolking gewaarschuwd.
        De eersten verkoopen tractaatjes, Evangelien, Bijbels, en... bedelen voor de missie;
        De tweeden spelen trompet en bombardon, zingen een vooisje, preeken wat vragen of ge niet zijt ontroerd en, op uw jawoord, juichen ze: «Alleluia, hij is gewonnen en gered!
    » Ze bedelen wat... en gaan voort;
        De derden zijn meestal donker-gesluierde damen, die deur voor deur schriftjes afleveren, vooral tot de lijdende lieden gericht, om hun zoogezegde godsdienstige oefeningen eens te komen bijwonen in de K...straat.
       
    Wat voor apostelen zijn dat?

    [suit la description des Méthodistes et des soldats de l’Armée du Salut].

    Antoinisme

        HET ANTOINISME is de leer van zekeren Antoine, die uit de Walen naar dezen en genen hoek van Vlaanderen komt overgewaaid.
        Père Antoine – geen pater, hoor! – werd geboren te Mont-Crotteux op 8 Juni 1848, daalde eerst in de schachten, werd vervolgens metaalbewerker, vertrok naar Pruisen en Rusland, en kwam ten slotte rentenieren te Jemeppes, bij Luik.
        Een overgevoelig man, maag- en zenuwlijder, die, graatmager, meende da hij geen lichaam had en een soort magnetische vloeistof uit hem op anderen kon doen overgaan.
        Na den dood van zijn eenigen zoon, begon hij te doen aan spiritisme, beweerde de schim te hebben gezien van zijn zoon, die... verhuisd was in de huid van een Parijzer apotheker!
        Hij werd het hoofd der spiritistische vereeniging van Jemeppes, kreeg de faam dat hij in gedurige betrekking stond met de geesten, en wonderen en voorspellingen deed.
        Hij heeft een soort godsdienst aangeleerd, en zijn volgelingen noemen hem: de nieuwe Messias, profeet en... onze god! en bouwen hem tempels.
        Eerst deed hij zijn zoogezeide genezingen met een zekere likeur – een remedie tegen alle ziekten. Maar hij werd veroordeeld. Dan deed hij 't met pompwater, trok zijn magnetische vloeistof op flesschen... en de onnoozele menschen op stoopkens! Later maakte hij eenige grimassen over de zieken, en riep: die gelooven zijn genezen!!
        Een zieke uit Condroz, dien hij volledig herstel beloofde, viel dood voor zijn deur. Antoine maakte alle mogelijke karpersprongen, maar 't mensch bleef liggen.
        In 1917 had zekere Danglis zijn vrouw in de Maas geworpen, en kwam P. Antoine kijks vragen waar zijn wederhelft was. Na drie dagen zal ze u schrijven, zei P. Antoine. 't Lijk werd opgevischt! Danglis vertelde dit voor zijn rechters; ge kunt begrijpen welk misselijk figuur P. Antoine maakte.
        P. Antoine is dood, maar heeft zijn fluidische kracht overgemaakt.. aan zijn vrouw! Deze heeft eenige discipelen voorzien van die kracht en haren opvolger aangeduid!
        De leering van P. Antoine?
        Eenige onsamenhangende zinnen uit den Catechismus, eenige domme gedachten uit de spiritistische schriften van Alban Kardec en anderen.
        Luister maar! hij zegt: «De stof is slecht, de ziekte is de vrucht der stof. Maar de stof bestaat niet! ze is een schim door 't verstand geschapen. En 't verstand moet verdwijnen voor 't geweten. Denk dat de stof niet bestaat, en ge zult den wortel der ziekte dooden! Dat is uit zijn filosofie!
        Luister nog: «De mensch mag handelen naar goedvinden. Goed en kwaad zijn slechts vergelijkstermen, in werkelijkheid bestaat noch 't een, noch 't ander; doet het kwaad, zoo komt ge dichtst bij de waarheid! Dat is uit zijn moraal!
       
    Luister nog: «God is één wezen met den mensch. De eindterm van alle ontwikkeling is dat de mensch God worde. We zijn in meerdere mate de kinderen van den duivel dan de kinderen van God. Zonder de duivel zouden we eeuwig in ons ongeluk blijven. Dat is uit zijn geloofsleer!
       
    Wie zulke stommiteiten schreef veroordeelde zichzelven.
        En de maan zal wel drie toten krijgen, eer de Vlamingen zich door dien Waalschen profeet laten paloeteren!
        En, goede lezers, nu zijt ge voor die rare apostelen gewaarschuwd.
                                                                                      J. V D. SMEDT.

    Gazet van Antwerpen, 15 oktober 1927 (source : Belgicapress)

     

    Traduction :

    Sur vos gardes

        Trois types d'apôtres étrangers sont actuellement en action à Anvers et dans les environs : les Méthodistes, les soldats de l'Armée du Salut et les Antoinistes – et nos concitoyens doivent en être avertis.
        Les premiers vendent des tracts, des évangiles, des bibles, et... en quémandent pour la mission ;
        Les seconds jouent de la trompette et bombardent, chantent une chanson, prêchent quelques questions et, quand vous dites oui, ils applaudissent : « Alléluia, il est gagné et sauvé ! » Ils mendient un peu... et continuent ;
        La troisième est généralement une dame au voile foncé, qui distribue des prospectus en porte-à-porte, notamment aux personnes souffrantes, pour qu'elles viennent assister à leurs soi-disant exercices religieux dans la rue K....
        Quel genre d'apôtres sont-ils ?

    […]

    Antoinisme

        L'ANTOINISME est la doctrine d'un certain Antoine, qui est passé de la Wallonnie à tel ou tel coin de Flandre.
        Père Antoine – pas un prêtre, entendez bien ! – est né à Mont-Crotteux le 8 juin 1848, est d'abord descendu dans les puits, puis est devenu ouvrier métallurgiste, est parti en Prusse et en Russie, et est finalement venu vivre en rente à Jemeppes, près de Liège.
        C'était un homme hypersensible, souffrant de l'estomac et des nerfs. Il était très maigre et pensait qu'il n'avait pas de corps et qu'il pouvait transférer une sorte de liquide magnétique de lui aux autres.
        Après la mort de son fils unique, il a commencé à pratiquer le spiritisme, affirmant avoir vu le fantôme de son fils, qui... s'était déplacé dans la peau d'un pharmacien de Paris !
        Il devient le chef de la société spirite de Jemeppes, acquiert la réputation d'être en contact permanent avec les esprits, et accomplit des miracles et des prédictions.
        Il a enseigné une sorte de religion, et ses adeptes l'appellent : le nouveau Messie, prophète et... notre dieu ! et lui construisent des temples.
        Au début, il effectuait ses soi-disant cures avec une certaine liqueur – un remède pour toutes les maladies. Mais il a été condamné. Puis il l'a fait avec de l'eau d’une pompe, transmet son liquide magnétique dans des flacons... et a berné les ignorants ! Plus tard, il fit quelques grimaces aux malades, et s'écria : ceux qui croient sont guéris !
        Un malade du Condroz, à qui il avait promis une guérison complète, est tombé mort sur le pas de sa porte. Antoine a fait tous les sauts de carpe nécessaires, mais la personne est restée allongée.
        En 1917, un certain Danglis avait jeté sa femme dans la Meuse, et était venu demander au P. Antoine où était sa moitié. Après trois jours, elle vous écrira, dit P. Antoine. Le cadavre a été repêché ! Danglis l'a raconté à ses juges ; on comprend quelle petite mine faisait P. Antoine.
        P. Antoine est mort, mais il a transféré son pouvoir fluidique... à sa femme ! Elle a doté certains de ses disciples de ce pouvoir et a désigné son successeur !
        Les enseignements du P. Antoine ?
        Quelques phrases incohérentes du catéchisme, quelques pensées stupides des écrits spirites d'Alban Kardec et autres.
        Il suffit d'écouter ! il dit : « La matière est mauvaise, la maladie est le fruit de la matière. Mais la matière n'existe pas ; c'est un fantôme créé par la raison. Et la raison doit disparaître devant la conscience. Pensez que la poussière n'existe pas, et vous tuerez la racine de la maladie ! Cela vient de sa philosophie !
        Écoutez à nouveau : « L'homme peut agir selon sa volonté. Le bien et le mal ne sont que des termes de comparaison ; en réalité, il n'y a ni l'un ni l'autre ; si vous faites le mal, vous êtes le plus proche de la vérité ! Cela vient de sa morale !
        Écoutez ceci : « Dieu est un seul être avec l'homme. Le but final de tout développement est que l'homme devienne Dieu. Nous sommes plus les enfants du diable que les enfants de Dieu. Sans le Diable, nous resterions éternellement dans notre malheur. Cela vient de sa doctrine !
        Celui qui a écrit de telles sottises s'est condamné lui-même.
        Et la lune aura trois éperons avant que les Flamands ne se laissent avoir par ce prophète wallon !
        Et, bons lecteurs, vous êtes maintenant mis en garde contre ces étranges apôtres.

                                                                                      J. V D. SMEDT.

    Gazet van Antwerpen, 15 octobre 1927 (source : Belgicapress)

        On voit que la presse flamande a toujours la même et unique source, l'article d'André Kervyn de 1911, en y ajoutant cependant des erreurs dans les dates et dans les noms.


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  • Une conversion (Journal de Bruxelles, 6 août 1912)(Belgicapress)NOTES du JOUR
    Une conversion

        La Revue de Belgique, l'anticléricale Revue de Belgique, ennemie de toute religion révélée, publie en tête de son dernier numéro une étude pompeuse sur la vie, l'œuvre, l'enseignement d'Antoine-le-Généreux, due à la plume d'un théologien éminent – et anonyme – de l'Eglise de Jemeppe-sur-Meuse. L'article est assez ennuyeux – il faut bien prendre le genre de la maison – mais suffisamment ridicule pour nous empêcher de dormir avant la fin de ses longues pages. Cet évangile selon Antoine raconte l'existence de celui-ci depuis sa naissance jusqu'à sa mort et ses funérailles avec force détails sur son honnêteté, ses vertus domestiques, ses bâtisses, sa profession de caissier à la Société des Tôleries liégeoises, ses révélations et ses miracles. « Monsieur Antoine » y apparait comme un des plus remarquables farceurs qui aient exploité l'ânerie populaire, et rien n'est plus amusant que les sottises, les contradictions et les variations de ce que la Revue de Belgique appelle sa doctrine. Notre grave consœur insère cependant l'article en question sans pouffer, et elle laisse comparer imperturbablement son prophète aujourd'hui « désincarné » à Victor Hugo, à Moïse et à Jésus-Christ.
        Antoine le guérisseur – c'est en France (détail palpitant) qu'on l'appelle Antoine-le-Généreux – avait commencé par guérir à l'aide de je ne sais quelle spécialité pharmaceutique spécialement surnaturalisée par lui. Il trouva plus commode un jour de faire simplement des passes magnétiques, puis, inquiété par la justice, qui le condamna pour exercice illégal de la médecine, il se contente « de guérir par la foi en imposant la main ». Mais sa clientèle ayant grandi considérablement, il instaura le lundi de Pâques 1910 à 10 heures – la Revue de Belgique nous apprend gravement ces choses capitales – à faire des « opérations générales ». Il régénéra à la fois des centaines de gens empilés dans son temple... Il fit paraître une revue, l'Auréole de la conscience, il enseigne en chaire, il envoya à Vichy un de ses disciples, nommé Nucci « opérer » en son nom ; il répondit chaque matin de sa vie publique à deux ou trois cents lettres ; un jour il revêtit la robe : en 1910, il fit annoncer à ses adeptes qu'ils étaient libres de faire de même. Est-ce que la bonne revue doctrinaire n'a jamais ri des soutanes ? des sermons de la superstition ? des miracles ? En tout cas, lorsqu'il s'agit de M. Antoine, elle est déférente, respectueuse, presque fervente.
        La grâce aurait-elle agi sur M. Maurice Wilmotte ? et puisque Madame Antoine repris le commerce de son mari, et que le conseil d'administration de la Religion a décidé que l'on continuerait l'affaire, n'allons-nous pas voir un de ces jours les membres du comité de la Revue de Belgique se convertir en masse et devenir cléricaux à leur façon ? Peut-être feront-ils aussi des miracles. Le sommeil qui émane d'ordinaire des pages de leur revue n'est-il pas produit déjà par quelque fluide... cela expliquerait bien des choses…
        En attendant on arrête et jette en prison à Paris une bonne veuve, antoiniste convaincue qui a refusé de soigner son enfant malade et s'est contentée de faire sur lui les gestes coutumiers du prophète de Jemeppe-sur-Meuse. L'enfant est mort, naturellement. Que voulez-vous ? tout le monde ne peut pas réussir... – Janus.

    Journal de Bruxelles, 6 août 1912 (source : Belgicapress)


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  • Antoinisme (Gazet van Antwerpen, 13 juillet 1926)(Belgicapress)Antoinisme

        De mensch is een godsdienstig wezen, hij gelooft in een bovennatuurlijke macht, en knielt hij niet voor den waren God, dan snijdt hij zich een afgod.
        En we moeten niet naar de bosschen van Congo om getuigen te zijn van de treurige aberraties der menschelijke rede : ten onzent vindt men lieden die, misleid door allerhande passie, hebben afgebroken met hun geloof. En... liever dan Gods woord, consulteeren ze een waarzegster of een spiritiste, erkennen geen Voorzienigheid, maar stellen hun vertrouwen op het ivoren varken aan den hals, het hoefijzer in huis, de mascotte tegen de auto-ruit, – ze keeren God en zijn Kerk den rug toe en bewierooken... al is 't maar een Père Antoine.

    *   *   *

        Wat is nu 't Antoinisme, of de leer van P. Antoine, die uit die Waren in dezen en genen hoek van Vlaanderen komt overgewaaid en wil wortel schieten ?
        Père Antoine zelf – geen pater asjeblief – werd geboren te Mont-Crotteux, den 8 juni 1848, daalde eerst in de schachten, werd dan metaalbewerker, vertrok naar Pruisen en Rusland, en kwam ten slotte rentenieren te Jemeppes bij Luik. Een overgevoelig man, maag en zenuwlijder, die graatmager, meende dat hij geen lichaam had, en een soort magnetische vloeistof uit hem op anderen kon doen overgaan.
        Zijn eenige zoon stierf en, in de spiritische vereeniging van Jemeppe, liet hij den afgestorvene oproepen. Hij meende werkelijk de schim te zien van den doode, die beweerde dat hij verhuisd was in de huid van een apotheker te Parijs !
        Gek, zult ge zeggen ? maar Antoine geloofde 't, bleef doen aan spiritisme, werd het hoofd, der vereeniging, en kreeg de faam dat hij in gedurige betrekking met de geesten stond, dat hij wondere genezingen verrichtte, voorspellingen deed, een nieuwen godsdienst aanleerde.
        Zijn volgelingen noemden hem : de nieuwe Messias, profeet en... onzen god ! en bouwden hem tempels.
        En zieken en gezonden kwamen in massa toegeloopen !

    *   *   *

        Hoe hij 't aan boord legde ?
        Eerst was het, maar hij beweerde, de schim van zekeren doctor Carita die hem de recepten dicteerde in koeterwaalsch.
        Maar Antoine stak het zekeren dag in zijn hoofd, dat hij 't zonder dien geest wel kon klaar spinnen, en alle openbaring rechtstreeks uit de andere wereld ontving; en zijn volgelingen noteerden wat hij zeide en leerde, want hijzelf kon niet schrijven.
        Nu, lijk een kind zijn lotske, moeten de meeste zieken een flesch hebben, en Antoine schreef zekere likeur Coune voor, een remedie tegen cholera, kiespijn, bleek zucht en eksteroogen. Maar Antoine werd aangeklaagd en veroordeeld.
        Dan deed hij 't met pompwater, streek er eenige passen of gebaren over, en trok aldus zijn magnetische vloeistof op flesschen, en 't onnoozel volk op stoopkens.
        Maar, flesch na flesch magnetiseeren bleek hem te lastig, en hij liet dan liever zijn fluidische krachten overgaan in stukjes papier, die de patiënten thuis moesten in 't water leggen dat ze dronken.
        Wat later gebruikte hij geen tusschenmiddelen meer, en liet zijn genezende vloeistof overgaan in den zieke zelf, en ten slotte deed hij ’t zoo :
        In zijn tempel te Jemeppe kwam het volk bijeen, liefst op een Zondag, dan bijzonder bezat hij genezende kracht naar hij zeide. Op 't verhoog kwam een zijner discipelen, deed een soort preek, en riep : « onze goede vader gaat komen, verlevendigt uw geloof in hem en ge zult geholpen worden ». Antoine verscheen, bleek mager, een geraamte, deed eenige grimassen, strekte zijn armen uit over de menigte terwijl zijn spelende vingeren 't fluidum over de aanwezigen liet uitstroomen, sloot zijn oogen, en verdween.
        « Die gelooven zijn genezen ! » riep zijn helper, en de menschen konden gaan.
        Voor eenige jaren is Père Antoine gestorven, doch heeft zijn fluidische krachten overgemaakt aan zijn vrouw. Deze heeft al eenige discipelen voorzien van die wonderbare ! kracht, en zal haren opvolger aanduiden.

    *   *   *

        Deed Père Antoine wondere genezingen ?
        Neen ! Eenige maaglijders b.v. bevonden zich beter bij zijn raad die luidde : matig zijn in alles ! Maar iederen weet dat overdaad oorzaak is van menige ziekte. Geen doctors, geen zalf, of pillen, of plaasters, zei Père Antoine, geloof in mij, en ge geneest, Merci !
        Een zieke uit Condros kwam bij hem, en hij beloofde volledig herstel. En op de straat viel 't mensch dood voor zijn deur. Men droeg het lijk binnen, Antoine deed alle mogelijke passen en karpersprongen, maar 't mensch bleef dood.

    *   *   *

        Hij is een profeet, zeggen zijn bewonderaars. Maar ze komen met geen enkele profetie voor de pinnen. Toch wel, één – en op 't gerechtshof te Luik hebben de advocaten er zich bijna een breuk om gelachen. Denkt eens na : In 1917 had zekere Dangis zijn vrouw in de Maas geworpen en, onnoozel weg, kwam hij Père Antoine vragen waar zijn wederhelft was.
        – Na drie dagen zal ze u schrijven, antwooordde de profeet.
        En 't mensch werd opgevischt.
        Dangis vertelde dit voor zijn rechters, en 't is overbodig te zeggen welk misselijk figuur Père Antoine er maakte.

    *   *   *

        Père Antoine is de nieuwe Messias, bazuinen zijn volgelingen, Nou !
        Zijn leering ? Enkele onsamenhangende zinnen uit zijn catechismus, eenige domme gedachten uit de spiritische schriften van Alhan Kardec en uit de Christian Science van Me Baker Eddy, en heel wat uit eigen koker.
        Op wijgeerig gebied brabbelde hij er maar op los. Ik vertaal uit zijn schriften : « De stof is slecht, de ziekte is de vrucht der stof. Maar de stof bestaat niet, ze is een schim door 't verstand geschapen. En 't verstand moet trapsgewijze verdwijnen voor 't geweten. Denk dat de stof niet bestaat, en ge zult den wortel der ziekte dooden ! »
       
    Probeer maar, pachter.
        Zijn zedenleer nog iets van 't pak. Ik vertaal uit zijn Relevaties : « 't Is een groote zonde zich te hechten aan het dier, omdat het dier niet waardig is te leven onder de menschen ».
        Dat is waarschijnlijk voor sommige freules en kinderlooze vrouwen.
        Nog wat uit « Couronnement » : « De mensch mag handelen naar goedvinden. Goed en kwaad zijn slechts vergelijkstermen, in werkelijkheid bestaat noch 't een nach ’t ander ; doet het kwaad zoo komt ge dichtst bij de waarheid ! »
        Snapt ge ’t lezers ? ik niet. Zoo heeft nooit een Hottentotter gesproken.
        Over God en Godsdienst houdt hij er nog al een theorietje op na ! Luister liever ; hij zegt o.a. in « Couronnement » : « God is één wezen met den mensch. De eindterm van alle ontwikkeling is dat de mensch God worde. We zijn in meerdere mate de kinderen van den duivel dan de kinderen van God. Zonder den duivel zouden we eeuwig in ons ongluk blijven. Voor we tot de Godheid komen, moeten we door een heele reeks hervleeschwordingen, verhuizen van 't een in 't ander lichaam, van een oude tot een nieuwe ontgoocheling. »
       
    't Hangt aaneen als droog zand. Wie zulke stommiteiten schreef veroordeelde zichzelven.

    *   *   *

        Conscience in zijn « Gekkenwereld» vertelt dat hij te Gheel eens over straat ging met een meneer, die hem den weg wou wijzen, en heel ernstig bleek te praten. Tot Conscience hem ondervroeg over de gekken, en wou weten of men die makkelijk erkennen kon.
        – Kijk, zei de meneer, daar heb je er een ; hij beweert God de Zoon te zijn, dat kan niet want, meneer, ik ben God de Vader en ken hem niet !
        Conscience liet den sukkelaar in zijn wijsheid, en ging alleen voort.
        Dat kunnen we best met Antoine.
        Maar 't is om te weenen wanneer we zien dat in onze, verlichte eeuw zulke domheden nog kunnen toegang vinden tot den geest van ietwat beschaafde en ontwikkelde lieden.
        't Is waar : elk mensch heeft een hooger houvast van noode, bezit hij geen geloof dan zoekt hij er een, en springt hij, uitzinnig, van 't veilig vaartuig, dan grijpt hij zelfs naar een stroopijl om toch maar kop boven water te houden.
        We houden ons maar liever op het schip van Petrus, dat sedert eeuwen alle klippen voorbijzeilde, en zoovele millioenen gelukkig in goede haven liet landen.
                                                              SILAS.

    Gazet van Antwerpen, 13 juli 1926 (source: Belgicapress)

     

        La source de ce journal est l’article d’André Kervyn de 1911.

     

    Traduction :

    Antoinisme

        L'homme est un être religieux, il croit en une puissance surnaturelle, et s'il ne s'agenouille pas devant le vrai Dieu, il se crée une idole.
        Et il n'est pas nécessaire d'aller dans les forêts du Congo pour être témoin des tristes aberrations de la raison humaine : on y trouve des gens qui, égarés par toutes sortes de passions, ont rompu avec leur foi. Et... plutôt que la parole de Dieu, ils consultent une diseuse de bonne aventure ou un spirite, ils ne reconnaissent pas la Providence, mais mettent leur confiance dans le cochon d'ivoire sur le cou, le fer à cheval dans la maison, la mascotte sur le pare-brise de la voiture, – ils tournent le dos à Dieu et à son Église et adorent... même si ce n'est qu'un Père Antoine.

    *   *   *

        Qu'est-ce que l'Antoinisme, ou la doctrine du Père Antoine, qui vient de ces quartiers dans tel ou tel coin de Flandre et veut prendre racine ?
        Le Père Antoine lui-même – pas de Père catholique s'il vous plaît – est né au Mont-Crotteux le 8 juin 1848, est d'abord descendu dans la mine, puis est devenu ouvrier métallurgiste, est parti en Prusse et en Russie, et enfin est venu vivre de ses rentes à Jemeppes près de Liège. Homme hypersensible, souffrant de l'estomac et des nerfs, il pensait ne pas avoir de corps et qu'une sorte de liquide magnétique pouvait passer de lui aux autres.
        Son fils unique est mort et, dans le monde des esprits de Jemeppe, il a fait convoquer le défunt. Il a même cru voir le fantôme du mort, qui prétendait s'être transporté dans la peau d'un pharmacien de Paris !
        Vous pouvez dire que c'est fou, mais Antoine y a cru, a continué à pratiquer le spiritisme, est devenu le chef de la Société, et a acquis la réputation d'être en contact permanent avec les esprits, de faire des guérisons miraculeuses, de prédire des choses, d'enseigner une nouvelle religion.
        Ses partisans l'ont appelé le nouveau Messie, le prophète et... notre dieu ! et ont construit des temples en son honneur.
        Et les malades et les bien portants sont venus en masse !

    *   *   *

        Comment en est-il venu là ?
        Au début, il s'agissait, selon lui, du fantôme d'un certain Dr Carita qui lui dictait les recettes en charabia.
        Mais un jour, Antoine s'est mis dans la tête qu'il pouvait le faire sans cet esprit, et a reçu toute la révélation directement de l'autre monde ; et ses disciples ont écrit ce qu'il disait et enseignait, car lui-même ne savait pas écrire.
        Or, comme un enfant avec son biberon, la plupart des malades doivent avoir une bouteille, et Antoine prescrivait une certaine liqueur appelée Coune, remède contre le choléra, le mal de dents, l'anémie et les cors aux pieds. Mais Antoine a été accusé et condamné.
        Puis il le fit avec de l'eau de pompe, la caressa de quelques passe ou gestes, et attira ainsi son liquide magnétique sur des flacons, et les pigeons sur ses prédications.
        Mais magnétiser bouteille après bouteille s'avérait trop difficile pour lui, et il préférait transférer ses pouvoirs fluidiques sur des morceaux de papier, que les patients devaient mettre dans l'eau qu'ils buvaient à la maison.
        Un peu plus tard, il a cessé d'utiliser des intermédiaires et a laissé son fluide de guérison passer dans le patient lui-même, et enfin il a procédé de cette façon :
        Dans son temple de Jemeppe, le peuple se réunissait, de préférence le dimanche, où l'on disait qu'il avait des pouvoirs de guérison. Un de ses disciples est monté sur l'estrade, a fait une sorte de sermon et a crié : « Notre bon père arrive, ravivez votre foi en lui et vous serez aidés ». Antoine apparut, maigre et pâle, un squelette, fit quelques grimaces, tendit les bras sur la foule tandis que ses doigts joueurs laissaient couler le fluide sur les personnes présentes, ferma les yeux et disparut.
        « Ceux qui croient sont guéris ! » cria son aide, et le peuple put partir.
        Depuis quelques années, le Père Antoine est mort, mais il a transmis ses pouvoirs fluidiques à sa femme. Elle a déjà fourni à un certain nombre de disciples ce miraculeux ! pouvoir, et nommera son successeur.

    *   *   *

        Le Père Antoine a-t-il effectué des guérisons miraculeuses ?
        Non, il ne l'a pas fait ! Certains maux d'estomac, par exemple, avaient tout intérêt à suivre son conseil : soyez modérés en tout ! Mais chacun sait que l'excès est la cause de nombreuses maladies. Pas de médecins, pas de pommade, pas de pilules, pas de plâtres, dit le Père Antoine, crois en moi et tu seras guéri, merci !
        Un malade de Condroz est venu le voir, et il lui a promis une guérison complète. Et dans la rue, l'homme est tombé mort à sa porte. Le cadavre a été porté à l'intérieur, Antoine a fait toutes les passes et tous les sautillements nécessaires, mais l'homme est resté mort.

    *   *   *

        C'est un prophète, disent ses admirateurs. Mais ils ne peuvent prouver aucune prophétie. Mais il y en a un – et au tribunal de Liège, les avocats étaient presque morts de rire. Pensez-y : en 1917, un certain Dangis avait jeté sa femme dans la Meuse et, s'en allant tout ébahi, il était venu demander au Père Antoine où se trouvait sa moitié.
        – Après trois jours, elle vous écrira, a répondu le prophète.
        Et la femme a été repêché.
        Dangis a raconté cela à ses juges, et il est inutile de dire que le Père Antoine avait une drôle de figure.

    *   *   *

        Le Père Antoine est le nouveau Messie, claironnent ses partisans, Eh bien !
        Ses enseignements ? Quelques phrases incohérentes de son catéchisme, quelques pensées stupides tirées des écrits spirituels d'Allan Kardec et de la Science chrétienne de Mme Baker Eddy, et beaucoup de sa propre plume.
        Sur le sujet de la philosophie, il a bavardé encore et encore. Je traduis de ses écrits : « La matière est le mal, la maladie est le fruit de la matière. Mais la matière n'existe pas, c'est un fantôme créé par la raison. Et la raison doit progressivement disparaître devant la conscience. Pensez que la poussière n'existe pas, et vous tuerez la racine de la maladie ! »
        Essaie, mon vieux.
        Sa moralité est toujours un peu un mystère. Je traduis de ses Révélations : « C'est un grand péché de s'attacher à l'animal, car l'animal n'est pas digne de vivre parmi les hommes ».
        C'est probablement le cas pour certaines demoiselles et femmes sans enfants.
        Quelques mots encore du « Couronnement » : « L'homme est libre d'agir comme il l'entend. Le bien et le mal ne sont que des termes de comparaison, en réalité il n'y a ni l'un ni l'autre ; si vous faites le mal vous êtes le plus proche de la vérité ! »
        Vous comprenez les lecteurs ? Pas moi. Même un Hottentot ne s'exprime comme ça.
        Sur Dieu et la religion, il a de nombreuses théories ! Ecoutez, il dit dans le « Couronnement » : « Dieu est un avec l'homme. Le but final de tout développement est que l'homme devienne Dieu. Nous sommes plus les enfants du diable que les enfants de Dieu. Sans le diable, nous resterions éternellement dans notre misère. Avant d'atteindre la divinité, nous devons passer par toute une série de transformations, passer d'un corps à l'autre, d'une ancienne à une nouvelle désillusion. »
        C’est comme essayer d'accrocher du sable. Celui qui a écrit de telles stupidités s'est condamné lui-même.

    *   *   *

        [Henri] Conscience, dans son "De Gekkenwereld" (Monde fou), raconte qu'il s'est un jour promené dans la rue à Gheel avec un monsieur qui voulait lui montrer le chemin et qui semblait parler très sérieusement. Jusqu'à ce que Conscience l'interroge sur les fous, et veuille savoir si on pouvait les reconnaître facilement.
        – Regardez, dit le monsieur, il y en a un ; il prétend être Dieu le Fils, ce qui est impossible car, monsieur, je suis Dieu le Père et je ne le connais pas !
        Conscience laissa le fou dans sa sagesse, et continua seule.
        C'est ce qu'il y a de mieux à faire avec Antoine.
        Mais il est triste de constater qu'à notre époque éclairée, une telle bêtise peut encore se frayer un chemin dans l'esprit de personnes quelque peu civilisées et éduquées.
        C'est vrai : tout homme a besoin d'une assise plus élevée ; s'il manque de foi, il en cherchera une, et sautera, frénétique, du navire sûr où il se trouve, allant même jusqu'à s'accrocher à une flèche de paille pour garder la tête hors de l'eau.
        Nous préférons nous en tenir au navire de Pierre, qui a navigué pendant des siècles au-delà de tous les rochers et qui a ramené des millions de personnes à bon port.

                                                              SILAS.

    Gazet van Antwerpen, 13 juillet 1926 (source: Belgicapress)


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  • Limburg - Over Antoinisme (Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929)(Belgicapress)

    LIMBURG 

        Over Antoinisme.   Onder groote belangstelling had hier in den namiddag de plechtige teraardebestelling plaats van een volksvrouw die zich sinds eenige jaren reeds to het Antoinisme had bekeerd. Talrijke vreemde geloofsbroeders en -zusters, in eigenaardige kleederdracht, volgden het lijk. Vooropwerd de symbolische levensboom gedragen en op den doodenakker een afscheidstoespraak gehouden.
        Honderden Limburgers bezoeken nog geregeld « Ma Mère », te Jemeppe, die genezing belooft aan al wie vastelijk in 't Antoinisme gelooft. Af en toe komen geheele groepen vrouwelijke en mannelijke propagandisten in Tongeren en in de omgeving vlugschriften verspreiden. Sinds verleden jaar beschikt deze geloofsekte over een plaatselijk inlichtingsbureel.

    Het Laatste Nieuws, 27 september 1929 (source : Belgicapress)

     

    Traduction :

    LIMBOURG

        A propos de l'Antoinisme.  – L'après-midi, l'enterrement solennel d'une femme de la classe ouvrière qui s'était convertie à l'antoinisme quelques années auparavant a eu lieu ici au milieu d'un grand intérêt. De nombreux frères et sœurs étrangers portant des costumes étranges ont suivi le cadavre. L'arbre de vie symbolique a été porté devant le cortège et un discours d'adieu a été prononcé au cimetière.
        Des centaines de Limbourgeois rendent encore régulièrement visite à "Ma Mère" à Jemeppe, qui promet la guérison à tous ceux qui croient fermement à l'antoinisme. De temps en temps, des groupes entiers de propagandistes, hommes et femmes, viennent à Tongres et dans les environs pour distribuer des tracts. Depuis l'année dernière, cette secte religieuse dispose d'un bureau d'information local.

    Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929 (source : Belgicapress)


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  • Waiting for the healer (Belgium's Christian Scientists, San Antonio Express, October 13, 1912)

    Waiting for the healer - A crowd at the entrance of the abode of the belgian widow

    de l'article Belgium's Christian Scientists, San Antonio Express, October 13, 1912


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  • A Sunday Morning at Jemeppe (Belgium's Christian Scientists, San Antonio Express, October 13, 1912)

    A Sunday Morning- muster of the faithful at Jemeppe, Belgium

    de l'article Belgium's Christian Scientists, San Antonio Express, October 13, 1912


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