• La charité morale

        Le Père. - Mes enfants, l'homme recherche toujours ce qui correspond le mieux à ses faiblesse ou à ses vertus. Ici-bas dans ce monde de tribulations et de vicissitudes, nous parlons autant de la morale que nous le mettons peu en pratique. C'est pourquoi elle demeure très vague pour l'esprit qui a le désir de posséder matériellement plutôt que moralement. Ceux qui se croient élevés, principalement dans la matière, ne se figurent pas que d'autres, quoique humbles et modestes pourraient un jour les dépasser. Sans les vertus, il n'est pas possible d'apprécier ses imperfections : plus sommes-nous faibles et plus forts nous croyons être : dupes des apparences, nous ne voulons pas pénétrer l'intérieur ; cependant nous serons convaincus par la pratique de la morale, que le malheureux n'est pas celui qui tend la main mais plutôt celui qui, pouvant épargner à son frère cette humiliation, refuse de satisfaire sa conscience.
        Nous avons dit que pour trouver le bonheur, il faut pratiquer la loi d'amour et de charité. Pauvres comme riches ont les moyens de faire le bien. A défaut d'argent, notre pitié porte aux malheureux des consolations et de bons conseils. L'homme qui travaille à remplir ses devoirs sait que la charité morale est autrement efficace que la charité matérielle et qu'elle donne aussi plus de satisfaction ; guidés par elle, nous pouvons marcher de l'avant ; notre conscience ne nous reprochera jamais d'avoir dépassé la mesure. Quand nous sentirons l'amour vibrer en nous, nous ferons couler les larmes, nous toucherons les coeurs, nous serons en harmonie avec notre enseignement et ainsi nous rendrons de très grands services ; car l'homme moral est consulté, écouté par tous ceux qui ont besoin de lumière. Quoique pauvres, nous pouvons être plus utiles à notre prochain que par les plus grandes richesses.
        Les plus douces consolations sont souvent impuissantes en face des grandes souffrances. Cependant quoique subissant épreuves sur épreuves, devons-nous céder au découragement et demeurer inactifs, négliger la pratique de la loi d'amour et de charité ? Une autre façon d'exercer la charité morale, c'est de se maintenir dans un bon fluide pour être à même de supporter toute épreuve. Nous sommes souvent découragés, mais nous préparons-nous bien quand nous sommes dans un milieu favorable ? Sachons que nous n'y sommes que dans un repos momentané, attendons-nous à ce qu'un de nos semblables surgisse tout-à-coup sur notre chemin ; mais ayons bien soin de ne pas y voir le mal, d'y voir plutôt l'instrument de notre progrès ; nous savons que nous ne pouvons souffrir à cause d'autrui ; acceptons l'épreuve avec patience et résignation, il en sortira un bonheur aussi grand que la souffrance aura été vive, nous obtiendrons un fluide éthéré qui nous rendra plus d'énergie, qui fera comprendre à l'un comme à l'autre que la vie spirituelle est la seule vie, que le monde corporel n'est qu'une illusion, une chimère bien misérable. Nous souffrances nous permettent, par contraste, de mieux savourer le bonheur ; n'est-ce point dans les grands froids de l'hiver, au milieu de la neige et des glaces que nous apprécions surtout les joies de l'été ? Nous disons souvent aux heures ensoleillées : "Il fait doux aujourd'hui, le beau temps !" c'est qu'alors nous nous souvenons du mauvais et nous établissons une comparaison.

    La Révélation, p.80


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