• La Ruhr à l'époque de Louis Antoine

        A Barmen (aujourd'hui Wuppertal), les habitations d'une seule pièce sont dans la proportion de 62% et servent à 55% de la population (p.46).
        La plupart des habitations ouvrières ont été construites par des Sociétés dirigeaient par les villes et les Etats de la Prusse (en 1899, 356 sociétés de la sorte), les entreprises n'ayant pas anticipées le nombre d'ouvriers amenés à travailler pour elles. D'où une grande pénurie de logement : encore en 1900, à Berlin, près de 300 logements d'une seule pièce, avec ou sans cuisine abritaient 10 personnes (parfois plus) ; et presque 40.000 logements d'une seule pièce, avec ou sans cuisine, abritent généralement 4 personnes.
        Les problèmes pour ses sociétés sont le manque de terrain et les déficits, ce sont les villes qui prêtent donc l'argent aux Sociétés d'habitation. Quelquefois la ville prête le terrain en erbbau, c'est-à-dire en se réservant le doit de le reprendre, constructions y compris, avec une faible indemnité au bout d'un délai assez long, soixante-quinze ans en général (p.57).
        De ce fait, les ouvriers ne peuvent que rarement devenir propriétaire. C'est le cas par exemple à Francfort sur le Main. On construit en pleine ville de grands immeubles ou des groupes importants d'immeubles de dimensions moyennes, dans lesquels les ouvriers sont logés avec toute l'aisance et le confort nécessaires. Mais ces immeubles deviennent plus tard la propriété de la ville.
        Chacune des maisons de la Société de construction par actions pour petites habitations (qui malgré son titre, a presque toujours construit de grands immeubles pour plusieurs familles) est toujours destinée à abriter plusieurs familles, elles sont d'ailleurs groupées, elles ont des aisances communes, et si on les séparait l'une de l'autre elles perdraient une grande partie de leur valeur.
        Les habitants d'un même groupe d'immeubles achètent en commun le charbon et les pommes de terre, et les fonds nécessaires à ces achats sont avancés par moitié par la société, qui n'exige aucun intérêt pour ce crédit dont elle est remboursée par acomptes mensuels et en même temps que les loyers.
        Les maisons de cette société sont pourvues de bains, de buanderies, de blanchisseries, jardins d'agrément et salles de réunion. Des bibliothèques portatives entretenues par les fonds de bienfaisance circulent d'un groupe à l'autre.
        Le loyer mensuel est de 23,06 marks en moyenne par famille, chaque famille disposant de deux pièces, d'une cuisine, d'un water-closet, d'une cave et d'une mansarde : la surface d'un appartement est de 22 mètres carrés. Auparavant ces locataires payaient 25 marks par mois et étaient logés dans des conditions très défectueuses au point de vue de l'hygiène et du confort.
        La société a pour objet d'abord la gestion des épargnes des sociétaires, ensuite la construction, l'acquisition et la gestion de maisons d'habitations qui restent la propriété de la société dont la plupart des membres sont des ouvriers.
        La ville a, par exemple, construit 65 maison contenant 356 logements. Ces immeubles ont coûté 3 millions 810.000 marks et le produit des loyers qui varie de 200 à 600 marks, atteint 121.803 marks correspondant (déduction faite des frais d'entretien) à un intérêt de 3.50 % du capital engagé.
        Dans la plupart des grandes villes allemandes, les services d'eau, de gaz, d'électricité, d'enlèvement et de destruction des ordures ménagères sont assurés par la municipalité.
        Seulement en 1902, fut constituée la Société allemande des cités-jardins, dont le but est de fournir aux ouvriers une petite maison occupée seulement par l'ouvrier et par sa famille, et autour de laquelle s'étendent des jardins qui, indépendamment des produits potagers qu'ils peuvent procurer, permettent aux enfants de prendre leurs ébats (p.74). En 1908, la première société de cités-jardins s'instituait à Hellerau, près de Dresde (ceux-ci existent toujours).
        Entre Duisburg et Ruhrort, en 1881 circulait déjà un Pferdebahn (un tramway à locomotion chevaline) dans la Ludwigstraße (construite en 1857) et la Bergiusstraße. Le tramway a été électrifié en 1898.

    Henri Biget, Le logement de l'ouvrier, 1913
    source : Gallica


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