• Leclercq et sa compagne passeront en cour d'assises (Le Petit Parisien 21 juillet 1912)

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    LES « ANTOINISTES » DE LA RUE DE LA PARCHEMINERIE

    Leclercq et sa compagne passeront en cour d'assises

        Leclercq et sa compagne, la veuve Sautet, adeptes du culte antoiniste, qui, le 21 juillet, 4, rue de la Parcheminerie, laissèrent mourir, faute de soins, leur fillette Antoinette, âgée de quatre ans, ont été interrogés, hier, par M. Kastler, juge d'instruction, en présence de MM. H. Bigeard et P. Turpaud.
        Leclercq, qui parait déséquilibré, a tenu, tout d'abord, à exposer au magistrat la doctrine antoiniste, d'après la révélation d'Antoine Le Généreux, et le bulletin l'Unitif, distribué aux adeptes.
        Suivant cette doctrine, si on veut guérir, il ne faut jamais appeler un médecin, ni prendre aucun remède, mais simplement croire au père Antoine et prier Dieu.
        C'est à la suite de la publication d'un article, dans un journal, il y a quelques mois, que Leclercq est devenu antoiniste. Il est allé trouver la personne indiquée par l'article comme l'apôtre français du culte. C'est elle qui a défendu à l'inculpé d'appeler jamais un médecin.
        Aussi Leclercq, au moment de son arrestation, avait-il déposé une plainte contre cette femme, l'accusant de l'avoir induit en erreur et d'être cause de la mort de son enfant. Hier, il a déclaré qu'il se désistait de cette plainte, le décès de sa fillette ayant été voulu par Dieu.
        La compagne de Leclercq n'est pas antoiniste. Elle a déclaré que la petite Antoinette ayant pris froid, le 15 juillet, au Sacré-Cœur, elle l'avait soignée aussitôt.
        Malheureusement, elle ne se doutait pas que l'enfant avait une broncho-pneumonie : elle crut, tout d'abord, à un mal de dent. Cependant, comme la fillette toussait, elle lui mit des cataplasmes. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, voyant le mal empirer, elle voulut aller chercher un médecin. Leclercq s'y opposa. Mme Sautet ne voulut pas le contrarier et elle résolut d'attendre quatre heures du matin, heure à laquelle l'antoiniste se rendait aux Halles, à son travail. Elle comptait bien faire venir un médecin à ce moment. La mort n'attendit pas. Elle survint à deux heures, alors que Leclercq n'était pas encore parti.
        Mme Sautet a indiqué au juge que, le 19 juin dernier, elle avait déjà perdu un enfant. Comme celui-ci n'était pas de Leclercq et qu'il était baptisé l'antoiniste était allé cherché lui-même un médecin pour lui donner des soins. Il avait dit ensuite à sa compagne :
        – Tu vois, si nous nous étions conformés au culte d'Antoine le Généreux, ton enfant vivrait peut-être encore !
        Ajoutons qu'en présence de M. Kastler, Leclercq a demandé à Mme Sautet si elle voulait régulariser sa situation par le mariage : celle-ci a nettement refusé.
        Le magistrat les a inculpes fous deux, en vertu de l'article 312 du code pénal, qui punit des travaux forcés les parents qui, par privation volontaire de soins, ont causé la mort de leur enfant.

    Le Petit Parisien, 21 juillet 1912


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