• Médecine illégale (La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 2 août 1912)

    Médecine illégale (La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 2 août 1912)Menus Propos

    MÉDECINE ILLEGALE

        Mlle Davige, en religion Sœur Valentinien, de l'Ordre du Saint-Esprit, donnait des soins médicaux, depuis vingt ans, à la population du bourg de Penquesten, dans le Morbihan, qui l'idolâtrait.
        Elle ne gênait personne, puisqu'il n'y a, paraît-il, ni médecin ni pharmacien à Penquesten.
        Comment donc se fait-il qu'elle ait été poursuivie, condamnée à l'amende, puis emprisonnée pour faire de la contrainte par corps, parce qu'elle est trop pauvre pour payer l'amende ?
        C'est parce qu'elle a commis le délit d'exercice illégal de la médecine ! répond le pouvoir judiciaire.
        Ce n'est pas vrai. Le pouvoir judiciaire est maçonnique et il ment.
        Mlle Davige a été condamnée et emprisonnée parce qu'elle est la Sœur Valentinien. Si elle était Sœur maçonnique, elle guérirait illégalement, rebouterait, s'exercerait sur les foulures humaines et les maladies des veaux autant qu'elle le voudrait.
        Je suis actuellement en villégiature forcée, avec un genou fort mal en point, suite d'une chute inopinée aussi brusque que celles que faisait naguère la Rente, après chaque discours de Caillaux. Tous les gens du pays m'ont dit :
        – Allez voir la rebouteuse !... Mais n'allez pas voir un médecin !
        Telle est la confiance manifestée pour le diplôme « légal » par les paysans émancipés de notre siècle de progrès.
        Notez que le médecin se dérange, et que la rebouteuse ne se dérange pas. Il y a tous les jours une queue de voitures à sa porte ! Je n'ai d'ailleurs vu ni médecin ni rebouteuse. Pour les froissements de nerfs, je suis un peu antoiniste.
        Cette rebouteuse célèbre n'est point poursuivie. Elle n'a point de cornette et le pouvoir judiciaire la salue.
        Il est vrai qu'il faut bien pourtant protéger la science !
        Tranquillisez-vous ! Elle l'est ! Metchnikoff, qui a inventé la crotte de chien, est logé, chauffé, nourri, décoré dans cet institut créé par le grand Pasteur.
        Un de ses coreligionnaires, herr doctor Klotz, de Leipzig, n'a, lui aussi qu'à venir à Paris pour être décoré par notre pouvoir maçonnique. Il a découvert que nous avions tort d'être bipèdes et que nous étions faits pour la station horizontale et pour marcher à quatre pattes !
        C'est peut-être vrai, d'ailleurs, pour les juges qui ont condamné la Sœur Valentinien.
        Mais on finit par comprendre que les paysans se méfient un peu de la science officielle....    JEAN DRAULT.

    La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 2 août 1912


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :