• Quotidiennes - sur l'inauguration d'un temple (Gazette de Charleroi, 5 octobre 1912)(Belgicapress)

    Quotidiennes - sur l'inauguration d'un temple (Gazette de Charleroi, 5 octobre 1912)(Belgicapress)Quotidiennes

        Si les sectateurs d'une religion étaient aussi clairvoyants à l'endroit de leurs croyances qu'ils le sont à l'endroit de celles des autres, il n'y aurait plus sur terre que des sceptiques peu enclins à prendre pour argent comptant des histoires plutôt sujettes à caution.
        Un confrère bruxellois s'est rendu à l'inauguration d'un nouveau temple antoiniste. Cérémonie curieuse, digne d'intéresser tout esprit que préoccupent les phénomènes et les manifestations collectives du sentiment religieux. L'antoinisme constitue probablement la plus singulière de ces manifestations à notre époque, que l'on estimait trop peu mystique pour permettre l'éclosion et l'extension d'une secte nouvelle. Or, celle du père Antoine progresse assez rapidement, et gagne déjà l'Amérique. Elle est simple et simpliste comme son fondateur, dont la « philosophie » enfantine et brumeuse se ressent de sa culture plus que rudimentaire. Cet avantage lui assurerait peut-être la conquête du monde si l'antoinisme n'avait pas contre lui cette malchance de pouvoir se pratiquer paisiblement. La liberté est la pire ennemie des religions neuves. Il leur faut le stimulant précieux des persécutions. Antoine a eu le tort, dont il n'est d'ailleurs pas responsable, de mourir tranquillement dans son lit. S'il avait eu le bonheur de périr sous la hache, ou au sommet d'une potence, la fortune de sa doctrine était faite. Il aurait ressuscité certainement, et des centaines de disciples auraient, avec allégresse, subi le martyre, en témoignage de sa sainteté, vite métamorphosée en divinité. La foule aurait, convaincue par ces merveilles, confessé la foi d'Antoine, Dieu incarné, et aurait brisé ses anciens dieux devenus des idoles. Les prêtres antoinistes auraient pullulé, et rien n'affirme qu'ils se fussent montrés supérieurs aux prêtres d'à présent.
        Notre confrère s'est donc dit, avec raison, qu'une cérémonie antoiniste, encore mal connue, méritait d'être vue et contée.
        Cette idée lui vaut d'être traité de gâteux par la presse catholique qui n'aime guère ce qu'elle nomme les lubies de feu Antoine.
        Gâteux ? Fort bien. Mais comment cette presse qualifierait-elle l'antoiniste convaincu ou le vulgaire mécréant qui déclarerait imbéciles, crétins, abrutis, aliénés les gens, depuis l'archevêque jusqu'au dernier laïc, assistant à la consécration d'une église ?                     ALCESTE

    Gazette de Charleroi, 5 octobre 1912 (source : Belgicapress)


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