•     Dans la société d'abondance, l'importance donnée aux biens matériels a donné naissance à un mouvement qui nie l'essence même de cette société. Pendant ce temps, dans les pays moins développés, tous les efforts constituent à atteindre un plus haut niveau de production pour couvrir les besoins croissants. On se demande si l'abondance matérielle n'est pas une malédiction plus qu'une bénédiction. Elle n'est pas mauvaise en soi, mais la façon dont elle agit sur notre société détruit les avantages qu'elle devrait apporter. Au lieu de créer les conditions d'une plus grande liberté personnelle, l'effort pour atteindre l'abondance aboutit au conditionnement de l'individu, pressé de tous côtés pour acheter de plus en plus de biens matériels. Sera-t-il possible, dans l'avenir, d'utiliser l'abondance et le loisir pour permettre à l'individu d'acquérir la connaissance indispensable à sa participation à la direction de l'entreprise, créant ainsi le fondement d'une démocratie directe et active dans la société ?

    H. Darin-Drabkin, Le Kibboutz, société différente (p.324)
    Ed. du Seuil, Collections Esprit "La Société Prochaine", 1970


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  • Le transfert est un phénomène utilisé par Sigmund Freud au cours de son travail sur l'hystérie avec Joseph Breuer. Il en a fait l'un des piliers de la discipline qu'il a fondée alors, la psychanalyse.

    Il s'agit, dans la cure psychanalytique, de la projection, par l'analysant, de contenus de l'inconscient sur la personne du psychanalyste qui lui apparaît alors dotée de qualités bien différentes de sa réalité. C'est par l'analyse de ces projections que le processus analytique va aboutir, au fil du temps, à une prise de conscience progressive des problématiques auxquelles l'analysant est confronté. Francis Pasche définit ainsi le transfert au sens large (1975) : « La reviviscence de désirs, d'affects, de sentiments éprouvés envers les parents dans la prime enfance, et adressés cette fois à un nouvel objet, et non justifiés par l'être et le comportement de celui-ci. »
    [...]
    Ceci s'explique notamment par l'attente de guérison qui a motivé la cure. Le patient plaçant ses espoirs dans le psychanalyste se trouve placé comme en position infantile à l'égard de celui-ci. Cette analogie avec la situation première du sujet, quand celui-ci dépendait de l'amour de ses parents pour survivre va déclencher une série d'associations, de résistances tout en constituant un moteur qui va faciliter le dénouement des symptômes.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Transfert_(psychanalyse)


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  •     Une pierre et une motte de terre tombèrent ensemble dans la mer, nous dit une histoire arabe.
        La pierre, en tombant au fond de l'eau, gémissait :
        - Je suis noyée ! Je suis perdue ! Seul le fond de la mer écoutera mes plaintes !
        La motte s'anéantit. Personne ne sait ce qu'elle devint. Mais on dit que, sans langue, elle parla, et que certaines oreilles très fines entendirent ceci :
        - Il ne reste plus rien de moi dans les deux mondes, rien, pas la moindre parcelle. On ne verra plus mon corps, on ne verra même plus mon âme. Tous deux sont fondus dans la mer qui, elle, est clairement visible.

    Jean-Claude Carrière, Le cercle des menteurs, Contes philosophiques du monde entier
    France Loisirs, Paris, 1998 (p.398)


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  • Avant 1959, le Tibet était une théocratie féodale, dirigée par les grands propriétaires terriens et les prêtres. La majorité de la population rurale avait un statut de serfs ou de paysans, il y avait même une minorité d'esclaves. Une justice sommaire et partiale était rendue par le seigneur ou le Lama, comprenant torture et mutilations. L'Occident préfère nier ce vieux Tibet, et croire à une société harmonieuse, tournée vers le bouddhisme.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Tibet#Controverses


    En 1996, le Dalaï-lama a fait un communiqué qui a du avoir un effet dérangeant dans la communauté en exil. Il dit en partie ceci :
    De toutes les théories économiques modernes, le système économique marxiste est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme n’est fondé que sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est basé sur la distribution de la richesse sur une base égale et sur l'utilisation équitable des moyens de production. Il est aussi concerné par le destin des travailleurs - qui sont la majorité - aussi bien que par le destin d'entre ceux qui sont défavorisés et dans le besoin, et le marxisme se soucie des victimes de minorités exploitées. Pour ces raisons, le système m'interpelle et il semble juste ... Je me considère moi-même comme demi-marxiste et demi-bouddhiste.

    Et plus récemment, en 2001, en visitant la Californie, il a fait remarquer que "le Tibet, matériellement, est très, très en arrière. Spirituellement, il est tout assez riche. Mais la spiritualité ne peut pas remplir nos estomacs." Voici un message qui devrait être pris en compte par les prosélytes bouddhistes bien alimentés en Occident qui dissertent avec nostalgie sur le vieux Tibet.

    source : http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=&id=1127&option=com_content&Itemid=11
    cf. aussi http://bellaciao.org/fr/spip.php?article63508

    On connaît aussi les positions du Dalaï Lama sur une sexualité autre que reproductrice : "une mauvaise conduite sexuelle" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme_et_homosexualit%C3%A9 et http://www.comlive.net/Le-Dalai-lama-Et-L-homosexualite,182954.htm)

    Alors qui croire ?
    http://www.chinatoday.com.cn/lachine/2003/0307/09.htm
    ou
    http://www.tibet-info.net/www/La-politique-de-la-Voie-Mediane.html


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  •     Qu'est-ce donc que l'intelligence ?
        L'élaboration de nouvelles habitudes est une formes de comportement intelligence. Savoir monter des mécanismes, c'est non seulement faire économie d'effort en remettant à l'habitude ce qui exigerait de la présence d'esprit, c'est encore créer l'outil nécessaire au travail, et sans lequel le travail ne peut être effectué.
        Il y a du reste deux procédés de formation des automatismes. Il y a un procédé mécanique d'apprentissage, il y a un procédé intelligent. La simple répétition, l'élimination des actes inutiles, la systématisation croissante des moments de l'action, la formation du système clos sans recours à l'intelligence. Il y a une forme d'adaptation qui tend vers la pure habitude : frayage et meilleur fonctionnement des voies nerveuses ; amélioration de valeur des réponses ; méthodes des essais et des erreurs : dans tout cela nous retrouvons les formes élémentaires de la structure et de l'activité nerveuses, la plasticité, le frayage, la formation de connexions.
    [...]
        L'intelligence est discernement et choix. [...] Unifier et distinguer, telle est sa tâche : établir des rapports. [...] L'intelligence se mesure non d'après ce qu'on a fait, mais d'après ce qu'on peut faire. Elle est capacité et non pas acquisition.
    [...]
        On peut parfaitement vivre en se passant de toute pensée. On vit alors sur le plan de l'action : réflexes, instincts, habitudes. La meilleure partie de la vie animale s'écoule ainsi, éclairée parfois peut-être, chez les animaux supérieurs, de quelques jeux d'images, de quelques lueurs de pensée confuse et indifférenciée. A ce stade de vie mentale, pont de langage.
    [...]
        Pour penser, il faut d'abord n'être plus une chose parmi les choses, il faut se placer hors d'elles pour les apercevoir comme choses et agir sur elles par des moyens inventés.
    [...]
        Les forces physico-chimiques elles-mêmes, le mécanisme, n'est-ce pas de l'intelligence ? L'intelligence est partout où il y a arrangement et système : en ce sens l'existence tout entière est intelligence pour le philosophe, mais ce qui le psychologue appelle intelligence, c'est l'intelligence qui apercevant tout cela, s'aperçoit ; et comme Aristote disait de Dieu : la pensée de la pensée.
    [...]
        Nous en revenons toujours au jugement et aux concepts. La notion, le concept, la chose pensée, n'est qu'un jugement virtuel, le concept n'est élément du jugement que parce qu'il est produit du jugement ; le chien, l'arbre, la vertu ne sont rien, sinon une affirmation, quelle qu'elle soit, à propos du chien, de l'arbre ou de la vertu. On ne les pense qu'en pensant quelque chose d'eux. Ce qu'on appelle la compréhension, c'est comme une liste ouverte de jugements en nombre indéfini. A chaque fois qu'il les manie, l'esprit isole une portion de cet ensemble et se fixe sur elle pour un temps plus ou moins long ; il oscille parfois entre une série d'affirmations plus ou moins vaguement esquissées. Ce qui donne au concept l'apparence d'être isolable, c'est justement qu'il peut être engagé dans des séries différentes qui se tiennent en échec. De la vertu ou du chien, je puis penser bien des choses différentes. C'est cette détermination virtuelle, cette indécision du savoir qui donnent au concept l'apparence de se suffire.

    Henri Delacroix, Le langage et la pensée, p.97 et suivantes (1924)
    source : gallica2


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  • Mi-ombre, mi-lumière,
    muy hombre, muy mujer,
    sourde rose assombrie
    dont le goût de folie,
    de folie et de mort,
    n'a décidément rien
    de pareil sur la terre.

    Je songe qu'elle seule,
    soleil de pauvreté,
    corolle de clarté
    et rose épanouie
    de mon coeur vieillissant
    me donne encore envie,
    envie d'être vivant.

    Paul Neuhuys, On a beau dire
    Clair-Obscur, Editions Labor - Espace Nord, p.169


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  •     Autour de nous, tout est hostile. Sur nos têtes, les nuages mauvais défilent sans interruption pour nous dérober le soleil. De toutes parts, l'étreinte sinistre du fer en traction. Nous n'avons jamais vu où ils finissent, mais nous sentons la présence maligne des barbelés qui nous tiennent séparés du monde. Et sur les échafaudages, sur les trains en manoeuvre, sur les routes, dans les tranchées, dans les bureaux, des hommes et des hommes, des esclaves et des maîtres, et les maîtres eux-mêmes esclaves ; la peur gouverne les uns, la haines les autres ; tout autre sentiment à disparu. Chacun est à chacun un ennemi ou un rival.
        Non, pourtant : dans ce compagnon d'aujourd'hui, attelé avec moi sous le même fardeau, il m'est impossible de voir un ennemi ou un rival.

    Primo Levi, Si c'est un homme
    Pocket, Paris, 1990 (p.44)


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  •     Je crois que ceci n'est qu'un prétexte et que le Papalagui ne fait que suivre un mauvais penchant. Le véritable but de ses pensées est la conquête des forces du Grand-Esprit. C'est une manière d'agir qu'il indique lui-même dans le mot : connaître. Connaître, ça veut dire avoir une chose si près des yeux, que le nez dessus, on passe à travers.

    Erich Scheurmann - Le Papalagui, Les étonnants propos de Touiavii, chef de tribu, sur les hommes blancs
    Pocket, 1920 (p.120)


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  •     - Il me semble, Tad, que tu regardes toutes ces personnes avec au moins autant de préjugés que tu leur en attribues. On peut en faire autant avec la nature elle-même, trouver que les oiseaux ont l'air bête, que les chiens sont ignobles parce qu'ils se lèchent le derrière et qu'il n'y a rien de plus idiot que les abeilles, depuis le temps qu'elles font leur miel pour les autres. Méfie-toi. Il y a d'abord cette façon de regarder et puis cela devient une manière de vivre. A force de tout tordre, on voit tordu.

    Romain Gary, Les cerfs-volants
    Folio, Paris, 2008 (p.63)


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  •     Jaloux des exploits astronautiques des Américains et des Russes, les Belges ont proposé d'aller se poser sur le soleil. Quand on leur a dit que c'était impossible à cause de la chaleur, ils ont répondu qu'ils iraient de nuit.


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  • On le retrouve ainsi en psychanalyse, Sigmund Freud nommant « Éros » ( Ἔρως) la pulsion de vie qui, selon lui, habite chaque être humain. Il l'oppose à la pulsion de mort, ou pulsion de destruction. Il est courant aujourd'hui de nommer cette pulsion de mort « Thanatos », mais il ne s'agit pas d'un terme freudien à proprement parler. Ces deux pulsions fondamentales ne peuvent être pensées séparément qu'en métapsychologie (Freud disait d'elles qu'elles étaient sa mythologie) : en clinique, elles œuvrent toujours ensemble, en une sorte d'amalgame, et sont indissociables.

    Le mot « Thanatos » (Θάνατος), personnification de la mort, a connu une grande fortune. On le retrouve ainsi en psychanalyse, Sigmund Freud nommant « Thanatos » la pulsion de mort qui, selon lui, habite chaque être humain. Il l'oppose à la pulsion de vie, « Éros ».

     

    Il est amusant de rapporcher ces deux personnalités : Louis Antoine et Sigmund Freud. On peut voir le parcours du psychanalyste dans le livre de Stefan Zweig, La guérison par l'esprit. Pour Sigmund Freud, l'homme était régis par l'Eros et le Thanatos. Pour Louis Antoine, l'homme est régit par la conscience, qui est éternelle, la part de Dieu en l'homme, qui symbolise son amour (Eros), et par l'intelligence, qui régit la matière, qui est mortelle (Thanatos), due à son imagination.


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  • La page est claire de ce qu'on ne peut pas dire
    Je travaille la page là, exactement, qu'elle rende gorge
    Je désire l'exil pour savoir t'accueillir
    Je désire ton monde apatride
    Je désire que drapeau cesse de tuer enfant
    Je désire que tu ne croies plus à ces fétiches
    Je désire que tu reconnaisses un sourire dans le sourire de l'ennemi
    Je désire que la page se taise ou qu'elle s'ouvre
    Je désire que les murs soient transpercés d'audace
    Je désire l'impossible
    Je suis une femme athée, les dieux le savent
    Je désire l'impossible maintenant
    Je désire ce que je ne peux pas dire
    Je désire la plage claire

    Sapho, poème pour la Journée européenne des langues sur TV5

    source : http://www.youtube.com/watch?v=FTw_nOW16mU


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        Cependant il est une réalité, c'est que celui qui aime ne cesse jamais d'aimer. Avoir trop d'inclination pour l'un et haïr l'autre, ce n'est pas montrer que l'on possède de l'amour. Sans doute il n'est guère possible de jouir pleinement ici-bas de ce sentiment pur et divin, mais la parcelle que l'on peut s'acquérir permet déjà de beaucoup aimer et empêche d'éprouver la moindre aversion, même contre ceux qui se déclarent nos adversaires. Distinguer entre les uns et les autres, c'est signe que nous n'avons pas encore l'amour vrai qui ne s'acquiert qu'en surmontant insensiblement celui qui en est l'opposé.

    La Révélation, Le devoir impose la pratique des lois morales, p.111


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        Quand nous aurons compris que l'édifice à construire repose tout entier sur l'amour, nous serons convaincus que, quel que soit le travail, il intéresse l'âme et jamais le corps. La matière n'est que l'effet ; mais nous devrions toujours reporter tout à la cause. Nous ne pourrions résoudre aucune question, rien faire de bon ni de durable sans puiser dans l'amour. Si nous avions acquis plus de savoir, nous commencerions par soigner plutôt l'âme afin qu'elle puisse d'autant mieux entretenir le corps.

    La Révélation, Le devoir impose la pratique des lois morales, p.105


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  • L'Invention de l'Europe est un essai d'Emmanuel Todd, paru en 1990 aux éditions du Seuil.

    Présentation

    Dans cet essai, Todd tente d'expliquer globalement les événements qui ont secoué l'Europe depuis 1500. En voici les principales lignes de force :

        * l'alphabétisation de masse s'est étendue en Europe par contagion à partir de régions dominées par la famille souche, à savoir un axe Suisse alémanique-Suède ; ce type familial a en effet un potentiel culturel particulièrement élevé (cf. l'alphabétisation précoce du Japon) ;
        * l'alphabétisation de ces régions a entraîné dans son sillage l'expression sur le plan religieux des valeurs de ce type familial, à travers la Réforme (inégalité et autorité : doctrine de la prédestination et négation du libre-arbitre) ; la famille nucléaire absolue s'est aussi montrée sensible à la traduction sur le plan religeux de la valeur d'inégalité ;
        * le XVIIIe siècle voit la déchristianisation des régions dominées par la famille nucléaire égalitaire (l'autorité de Dieu, comme celle des parents a toujours été faible dans ces régions) ;
        * la déchristianisation, si elle s'accompagne de l'alphabétisation, entraîne l'idéologisation ; ce phénomène aboutit d'abord dans le nord de la France à la fin du XVIIIe siècle et traduit alors les valeurs de la famille nucléaire égalitaire (Révolution française) ; le caractère égalitaire et de grande liberté de la structure familiale du Bassin parisien aurait influencé l'universalisme de la Révolution (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, propagation du Code civil français en Europe) ;
        * le XIXe siècle voit la déchristianisation des régions protestantes d'Europe, fruit des découvertes scientifiques et principalement du darwinisme, qui contredit la Bible, pilier du protestantisme ;
        * idéologisation à partir du milieu du XIXe siècle de l'Allemagne protestante, selon ses valeurs d'inégalité et d'autorité (social-démocratie et nationalisme ethnocentrique), de l'Angleterre (travaillisme et national-isolationnisme) ;
        * déchristianisation tardive des régions catholiques dominées par la famille souche (Belgique, Allemagne du Sud, Irlande, sud de la France et nord de l'Espagne) vers le milieu du XXe siècle ; entre-temps s'était développé dans ces régions une « contre-idéologie », la démocratie chrétienne.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Invention_de_l%27Europe


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  • Le personnage tient un objet dans ses mains : il semble dubitatif devant son oeuvre...


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  • "Il n'y a, au fond, de réel que l'humanité."
    (Auguste Comte / 1798-1857)


    source : http://atheisme.free.fr/Biographies/Comte.htm


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  •     J'ai pour moi le cerveau, l'espace et le temps. Je suis bien.

    Michèle Fabien, Notre Sade
    Editions Labor - Espace Nord, p.121


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