• source : archives.saint-etienne.fr

    La rue Bel-Air est parallèle à la rue Caussidière abritant le temple.


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  • Cette chanson en patois gaga emblématique évoque les dures conditions de travail du prolétaire stéphanois. La bazanna en patois, la basane, à l'origine, c’est le tablier en cuir de mouton que porte l’ouvrier, en particulier le forgeur ou le passementier. Le terme devient générique pour désigner  l'ouvrier, quel qu'il soit. Cette chanson est l’ancêtre de toutes les chansons socialistes de Saint-Etienne. On n’a aucune certitude quant à son auteur, certains évoquent le parolier Georges Boyron. Nous ne la mettons pas ici en totalité mais voici les trois premiers couplets qui furent souvent reproduits sur des cartes postales anciennes :

    Pœura bazanna !
    Toun sô ey malhéroû,
    Tsi sey la granna
    Que fat loû bion héroû,
    Au richou prouduzi tout,
    Vouey-tzin mâ de migranna
    Que te fara langüi, poeura bazanna !

    Pœura bazanna !
    Tsi loû salûe tous,
    Moussûe et dama,
    Tsi lou respecte tous,
    Tsi loû veui parmenâ,
    D’zin ai levant lou nâ,
    Te manaçant de liô canna
    Voueyt a tet à cedâ, pœura bazanna !

    Les lois de la villa
    Ant doubla loûs impœu,
    Gâra la bila
    Et l’aigua de nôtrun fœu ;
    Doû lia sû loûs éclots,
    In soeu ou doû par pôt ;
    Fœu bère de tzisanna
    Ou bon te fœu crevâ, pœura bazanna !

    Patois vivant n°7 - novembre 1980
    source : http://patois.vivant.free.fr/bulletin.html &
    http://www.forez-info.com/encyclopedie/memoire-et-patrimoine/33-anciennes-chansons-du-peuple-stephanois.html


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  •     Dix à huit mille métiers s'emploient à la rubanerie, non centralisés en des fabriques, mais, comme à Lyon, répartis entre un grand nombre d'ouvriers ou de marchandeurs, qui traitent avec les fabricants nominaux du matin au soir ils claquent et ronronnent en de longues rues désertes.
        La mine est partout. A force de creuser le sous-sol de la ville, les vingt-huit concessions qui l'exploitent arrivent à façonner étrangement la surface du sol, de plus en plus amincie. De là le frappant aspect des faubourgs modernes, presque récents, construits à la hâte pour loger les travailleurs de la houille, de l'usine et de la manufacture. Ça et là le terrain s'éboule, les maisons s'y enfoncent de plusieurs pieds, se penchent, se lézardent, comme secouées d'une commotion volcanique. On s'empresse de l'abandonner des immeubles hauts de cinq étages, soutenus par des madriers, sont déjà vides, en attendant qu'ils s'effondrent. La riche qualité de la houille, excellente pour le coke et pour le gaz, compense ces pertes; il est telle concession qui n'en comprend pas moins de dix-huit couches, et certaines couches atteignent trente-cinq mètres d'épaisseur. Nous avons vu les mineurs extraire par morceaux ce diamant noir de l'abîme où il des parois où il s'incruste. L'ascenseur du « château »  et « la fendue » nous ont tour à tour conduit dans les galeries souterraines, rayées de rails pour le passage des bennes, où, dans une atmosphère brusquement variable, instantanément glaciale ou brûlante, ils piochent à la lueur de leur lampe Davy, les uns couchés sur le dos dans une étroite excavation, les autres à genoux; ceux-ci penchés sur le côté, ceux-là presque droits. Malgré la fatigue, ils causaient tranquillement, sans grimaces, d'une bonne humeur évidente. A déjeuner, tandis que de simples lampes a l'huile éclairaient leur repas, mangé sur le pouce, ils riaient a belles dents blanches de charbonnier; nul ne s'inquiétant du Moloch des mines, du terrible, du sournois grisou, rôdeur que la moindre étincelle peut enflammer. C'est qu'ils sont faits à leur métier, c'est qu'ils vivent dans un pays de soleil, sur une terre âpre et saine; c'est qu'ils boivent du vin, c'est surtout que l'habitude, qui forme la plupart des caractères, exerce sur eux l'influence utile sans laquelle les rudes couvres de l'industrie seraient impossibles.
        Terre-Noire, Saint-Chamond, Izieux, Lorette, Rive-de-Gier, aux vastes fabriques de passementerie, aux rubaneries, aux aciéries, aux forges, aux verreries renommées, prolongent Saint-Etienne jusque dans la région du Rhône. On marche sur une route poudreuse, sous un ciel bas, toujours plombé des nues montant du sol, entre des collines lépreuses. Des cheminées colossales, des échafaudages fantastiques, des chaudières monstrueuses, des murs formidables d'usines, des halls d'ateliers flamboyants; à travers leurs vitrages, des silhouettes effrayantes d'engins inconnus vous escortent et fuient derrière vous. A ce spectacle de l'énergique activité matérielle qui jette dans l'air d'infinies poussières métalliques et chimiques qui l'obscurcissent et d'acres odeurs dont il se charge, le voyageur se lasserait si sa pensée, l'élevant au-dessus des apparences sensibles, ne lui représentait l'inflexible nécessité, la puissance créatrice, l'admirable force agissante de l'industrie, fille de la science !

    Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
    souce : gallica


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  • source : archives.saint-etienne.fr


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  • source : archives.saint-etienne.fr


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  • source : archives.saint-etienne.fr


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  •  [Agence Rol]

    source : gallica


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  •     Cette grande ville de Saint-Etienne est désormais dans le temps ce qu'elle est dans l'espace, pleine de souterrains, de replis et de brumes, visible par endroits comme à travers un voile, et, d'ensemble, invisible.
        De la plus haute des collines à l'entour desquelles elle s'enroule, votre œil n'en saisit jamais qu'une partie, et à demi noyée dans la fumée des forges ; le reste vous est caché ; mais, à la fumée qui sort de toutes parts des vallées ambiantes et plane au-dessus de votre horizon borné, le reste pourtant se devine : il y a, on le pressent, la-bas, derrière ces coteaux, ce qu'il y a à vos pieds et même sous vos pieds : sous vos pieds, un peuple souterrain de mineurs (1), et, à la surface, un peuple de forgerons ; une immense combustion de houille, un prodigieux déploiement de forces productrices, des milliers d'hommes à la tâche, le mouvement, la vie, les joies et les souffrances du travail. Sans tout voir, vous eu êtes sûr, et vous pouvez alors vous représenter en esprit, vaguement, la physionomie et l'étendue de notre industrieuse ville.

    (1) Au même lieu de Sautetiève commencent les fauxbourgs de l'opposite monde des Antipodes, où plusieurs des habitants vont, viennent, négocient, cheminant dans leurs profondes et ombreuses vallées, à une immense extraction et contrepoil des autres, leurs concitoyens... En ceste région de taupes, ils ne sauraient dire... que l'on y voit le jour..., car, à la vérité, en ces basses contrées, n'apparaist au plus clair midy un seul esclat de lumière... Et toutesfois cette populace est tellement accoutumée, se plaît et se délecte en ceste éternelle obscurité, que si l'un d'eux, pour aucune sienne nécessité, vient à faire quelque sortie..., vous les verriez à œil fermé mespriser la lumière céleste, se remettre dans leurs antres et fuir à pas hastés au plus profond de leurs tièdes et exhale-fumées cavernes... (Marcellin Allard, Gazette française, 1605.)

    Pierre Auguste Callet, La légende des Gagats essai sur les origines de la ville de Saint-Étienne (1866), p.IX et X.
    source : GoogleBooks
    à lire également : la Naissance d'un bourg industriel


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