Laurence Druez et Julien Maquet - Le patrimoine protestant de Wallonie (2017)
Auteurs : Laurence Druez et Julien Maquet
Titre : Le patrimoine protestant de Wallonie. La mémoire d'une minorité
Éditions : IPW (Institut du Patrimoine wallon), Namur, 2017 (409 p.)
Présentation de l'éditeur :
Coédité par les Archives générales du Royaume et l'Institut du Patrimoine wallon, ce livre richement illustré vise à faire connaître, dans toute leur diversité et dans leur contexte historique, les édifices les plus emblématiques du culte protestant en Wallonie. A travers l'étude de leur conception, de leur construction, de leur aménagement, de leurs évolutions extérieures et intérieures, de leur environnement et de leurs multiples fonctions, le lecteur découvre l'identité complexe d'une minorité religieuse discrète, mais vivante et largement méconnue, et ses mentalités, révélatrices d'un rapport à l'espace et au temps.
Description :
Basé sur des enquêtes de terrain et sur des dépouillements de nombreux fonds d'archives peu exploités, ce livre vise à faire connaître, dans toute leur diversité et dans leur contexte historique, les édifices les plus emblématiques du culte protestant de Wallonie. À travers l'étude de leur conception, de leur construction, de leur aménagement, de leurs évolutions extérieures et intérieures, de leur environnement et de leurs multiples fonctions – pas seulement cultuelles – le lecteur découvrira l'identité complexe d'une minorité religieuse discrète, mais vivante et largement méconnue, et ses mentalités, révélatrices d'un rapport à l'espace et au temps. Fruit d'un partenariat entre les Archives générales du Royaume et l'Institut du Patrimoine wallon, cet ouvrage met aussi en valeur un patrimoine documentaire riche et unique – mais menacé – qui constitue la mémoire du protestantisme belge et contribue à une meilleure compréhension de son inscription dans notre société, marquée par le pluralisme religieux et philosophique.
source : http://www.arch.be/index.php?l=fr&m=actualites&r=toutes-les-actualites&a=2017-10-27-le-patrimoine-protestant-de-wallonie
À lire une autre feuille de l'auteure, on se rend compte encore des similitudes entre cette communauté protestante et la communauté antoiniste, similitudes que j'avais déjà évoqué dans Une pensée religieuse en concurrence : la révélation du père des Antoinistes & la Bible des Protestants, ainsi que dans une petite comparaison des temples :
Représentée aujourd'hui par environ 3 % de la population belge, l'identité protestante reste d' autant plus difficile à cerner que cette minorité, habituée à la discrétion, est largement absente de la mémoire nationale officielle et qu'elle-même ne dispose ni de véritable figure de proue – à l'exception de quelques personnages emblématiques –, ni de tradition, de culture ou d'élite qui auraient marqué durablement notre société. [...]
Par conséquent, les traces les plus visibles, les plus durables et les plus concrètes de son enracinement en Belgique résident d'une part dans ses édifices de cultes – appelés communément 'temples' –, qui constituent un patrimoine matériel largement ignoré et qui pourtant marquent de leur empreinte le paysage et l'environne-ment bâti de notre pays, d' autre part dans ses archives conservées le plus souvent dans ces bâtiments. [...]
Un patrimoine à découvrir
Tantôt modestes ou même banalisés, tantôt monumentaux et ressemblant à s'y méprendre aux édifices catholiques – dont ils se démarquent surtout dans l'organisation de leur espace intérieur –, ils présentent une grande diversité de styles, de formes, de plans, de conceptions, de matériaux, d'espaces et reflètent le caractère pluriel de l'identité protestante et la superposition des courants ecclésiaux qui composent le protestantisme belge.
Le culte véritable des protestants se déroulant dans le cœur des croyants, les temples, qui ne sont pas des 'mai-sons de Dieu' – la sacralité portant non sur les lieux, mais sur les personnes lorsqu'elles sont réunies –, répondent avant tout aux besoins fonctionnels et organisationnels des communautés. Il en découle une grande liberté dans leur utilisation qui témoigne d'une capacité d' adaptation, d'une valorisation du séculier – revêtu d'une dignité particulière – et même d'un rapport décomplexé aux réalités matérielles.
Une mémoire à sauvegarder
En l' absence de directives émises à l'intention de l'en-semble des Églises protestantes de Belgique – seule l'Église Protestante Unie de Belgique en a publié pour les paroisses de son ressort –, les situations varient beau-coup, mais on constate que souvent, ces archives sont lacunaires, faute d' avoir existé un jour ou fait l'objet de l' attention suffisante. Indépendamment de la présence ou non d'un responsable des archives et des locaux disponibles, les négligences ou réticences en la matière sont révélatrices, en dépit d'un attachement universel aux Écritures, d'un rapport variable et ambigu à l'écrit en général et peuvent s'expliquer par une habitude de l'invisibilité – survivance inconsciente des persécutions –, par une certaine culture de l' anonymat et le refus de mettre en évidence les actions des individus au détriment de l'épanouissement communautaire, par l'inscription principale dans le temps présent, ou tout simplement par la relative jeunesse de certaines Églises, peu soucieuses encore d'établir des racines, bien que les plus anciennes ne soient pas toujours les plus attentives à leur patrimoine documentaire. [...]
Fonder une communauté protestante ne requiert aucune formalité juridique ni administrative ; procéder à sa fermeture non plus. Si cette souplesse institutionnelle peut expliquer la permanence du culte protestant en Belgique depuis près de 500 ans et son essor rapide à partir du XIXe siècle, elle constitue aussi un facteur de précarité, dont la conscience en tant que minorité religieuse longtemps persécutée, associée au souci des communautés de laisser un témoignage de leur action au cas où elles viendraient à disparaître, fournit une puissante motivation à la préservation de leurs archives qui, par ailleurs, en tant que sources de connaissance de leur passé, peuvent avoir une fonction référentielle dans leur direction spirituelle ou matérielle.
Ces archives méritent d' autant plus d' attention que, lieux de culte, de vie et de mémoire locale attestant de l'enracinement dans notre société d'une confession religieuse numériquement faible, mais bien vivante et de son intégration dans un environnement jadis hostile, les temples protestants, qui en sont aussi les gardiens et les lieux fréquents de conservation, sont fragiles. Par leur fonction d' abord utilitaire – tempérée par les liens pro-fonds qui les unissent parfois à leurs occupants, attachés à des souvenirs personnels et à des racines familiales –, ils sont toujours susceptibles d'être délaissés pour une autre adresse et même, menacés de destruction.
source : http://www.arch.be/docs/events/2018_56sci_fr_protestantisme.pdf
À voir également le petit reportage de RTC Télé Liège sur le Temple de Seraing.