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Le Grabuge chez les Antoinistes (Le Peuple, 13 novembre 1913)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Le Grabuge chez les Antoinistes (Le Peuple, 13 novembre 1913)(Belgicapress)Le Grabuge
           chez les
        Antoinistes

    Nous l'avions bien dit que nous n'échapperions pas à une polémique entre frères antoinistes. Notre premier correspondant nous a de nouveau écrit, et ce qu'il raconte est exactement le contre-pied de ce qu'affirmait son confrère. Il a toutefois le mérite d'apporter de la précision, autant que faire se peut naturellement, car les prophètes sont généralement obscurs.
    Le chapitre le plus controversé paraît être celui de la robe. Faut-il ou ne faut-il pas être porteur de celle-ci pour être « dans le bon fluide » ?
    Certains font une restriction : Il suffit, disent-ils, de pratiquer les enseignements du Père pour être dans cette sorte d'état de grâce. Donc, conclut notre correspondant : l'habit ne fait pas le moine.
    Mais d'autres que lui soutiennent que l'habit est indispensable. Comment se dépêtrer ?
    Ce qui tendait à faire croire que la robe n'a pas la vertu magique qu'on lui attribue, c'est que des frères qui s'en étaient accoutrés se sont déjà houspillés.
    A propos de quoi ? De l'emblème sans doute ?
    Et ainsi les choses pourraient de nouveau s'expliquer.
    C'est un grand honneur, semble-t-il, chez les antoinistes que le fait de porter dans les manifestations le blason de la communauté, qui représente vaguement un arbre en hiver, car il est sans feuilles. Aussi est-il brigué avec passion. On raconte qu'à ce propos il y a eu maintes scènes orageuses entre frères devant le temple à Jemeppe. Une autre fois, c'était à Paris, à l'occasion de la consécration du temple, un frère haut coté s'agrippa avec une sœur qui l'avait interrompu. L'incident fut noté par le journal « Le Temps ». (1)
    Au reste, point n'est besoin de s'en remettre à des déclarations d'adeptes plus ou moins hasardées pour établir que « ça est en passe de se gâter ».
    L'« Unitif » lui-même, en son n° 12, en laisse percer l'aveu. Voici ce qu'il dit au chapitre 4 :
    Les fêtes antoinistes des 25 et 29 juin ont amené à Jemeppe des frères de différents pays. Nous avons eu le bonheur de converser un peu avec beaucoup d'entre eux et, dans nos petits entretiens, nous avons pu remarquer qu'en certains endroits où il existe plusieurs lectures de l'Enseignement du Père, il y a déjà des malentendus qui pourraient porter obstacle à ceux qui en sont la cause... »
    Les choses iraient même plus loin qu'on le laisse croire, affirme notre correspondant. En effet, ponctue-t-il, l'extérieur des manifestations antoinistes est souvent trompeur. Le vrai, c'est qu'elles sont fertiles en dissentiments et que ceux-ci ne s'arrêtent pas même au seuil des familles. Le cas n'est pas rare de voir se quereller mari et femme, soit à propos de l'Enseignement, soit parce que l'on veut se substituer à l'autre pour recevoir les malades. Rien de cela toutefois ne concerne leu le vieux Père Antoine et sa femme.
    Mais ce ne sont pas là les seuls sujets de brouille. La grève générale, par exemple, n'a pas été sans provoquer des troubles profonds chez les frères.
    Pour être antoiniste, on n'en est pas moins des travailleurs avides de justice sur la terre, et il en est qui ont trouvé tièdes les conseils et les recommandations contenus dans le 10e « Unitif ». Il y a des patrons et des femmes de patrons chez les antoinistes qui étaient contre la grève. Par contre, des ouvriers étaient violemment pour la levée en masse. Alors, le conseil d'administration a trouvé à imprimer ceci : Nous sommes tous désireux de remplir nos devoirs. Mais l'Enseignement est si diversement compris et il existe encore chez la plupart d'entre nous un esprit combatif inséparable de l'orgueil que nous cherchons à déraciner. Nous devrions pourtant nous souvenir que le mal n'existe pas et nous demander si c'est la vue du bien qui engendre la révolte. »
    Comprenne qui pourra.
    Un tas de frères ont vu dans ce pathos une invitation à l'abstention, et ils ne se gênaient pas pour dire que le conseil d'administration serait beaucoup mieux de mettre la paix entre les frères et sœurs qui se disputent pour porter l'emblème, que de s'occuper de la grève générale.
    Comme toutes les Eglises, l'antoinisme prêche la résignation et tend à faire croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    Le Père n'avait pas ces visées sociales. Ce sont les apôtres qui les placent sous son vieux bonnet. Et ça finira vraisemblablement par devenir une calotte comme l'autre...

Le Peuple, 13 novembre 1913 (source : Belgicapress)

 

(1) En lisant l'article du Temps, on verra que d'un mot de journaliste, un autre journaliste en monte tout un scénario.

    On savait l'animosité des autres religions (y compris le spiritisme) pour l'Antoinisme, et on voit ici qu'elle vaut celle des journalistes en manques d'inspiration...

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