• Au Palais - Le Procès du Christ (La Belgique, 1er et 2 décembre 1916)

    Au Palais - Le Procès du Christ (La Belgique, 1er décembre 1916)Au Palais - Le Procès du Christ (La Belgique, 2 décembre 1916)AU PALAIS

    TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI

    LE PROCÈS DU « CHRIST »

    AUDIENCE DU MERCRED1 28.

        La „campagne de Charleroi“ va se terminer aujourd’hui pour Me Morichar et pour un autre Bruxellois. C’est la septième audience. Ce doit être la dernière, selon le vœu du tribunal. Me Morichar va pouvoir plaider et examiner la vraisemblance des attentats à la pudeur dont se plaint la petite vieille dame bien propre. Je note, ici, que rien n’est plus agréable que de voyager avec un avocat qui s’apprête à plaider. Ainsi, chaque jour d’audience, dans notre 12720 F 2 – Me Bonehill va s’écrier que je plagie Mirbeau ! — dans le train qui nous conduisant parfois jusque Marchienne-au-Pont et parfois jusque Charleroi, Me Morichar ne donnait point de tar à tes pensées : il se taisait, mais ses yeux plaidaient, son visage plaidait... Et cette plaidoirie n'était pas dénuée d’éloquence. Mardi soir, j'ai interrompu la plaidoirie, car je venais de faire une découverte extraordinaire.
        — Maître, lui ai-je dit soudain, écoutez donc : Je lis ceci dans le compte rendu de la conférence inaugurale faite par Edmond Picard en 1906 à Ostende : „Michelet parle d’art et dit : C’est la nature humanisée Et, en effet, continue Picard, c’est bien cela. C'est l’homme qui a pris une cause en dehors de lui, et qui la reproduite en y mêlant un fluide sorti de lui, un élément secret jailli de son essence humaine... Voilà le fluide réhabilité, s’il en était besoin...
        — C’est bien cela... Et on blague le fluide !
        Dernière audience. Mais à quelle heure finira-t-elle ? Nul ne le sait. Ce matin, dès 7 heures, l'enceinte publique était comble, et, à 9 heures déjà, une curieuse se trouvait mal, on devait l'emporter au dehors. Bientôt sortie de son évanouissement, elle rentrait dans le prétoire...
        L’audience s'ouvre à 9 h. 20. Le président. — Me Lebeau, vous avez la parole. Veuillez éviter les répétitions et les redites.
        Me Lucien Lebeau signale d’abord qu'un des fils du Père Dor a abandonné ses salaires à la caisse de secours de l'Université du travail et que Dor a conseillé à Mme D..., faisant un procès au Rappel, de laisser le montant des dommages intérêts à l'Ecole dés estropiés de Charleroi.
        — Ou a parlé de pompe aspirante et foulante à propos de l'opération générale pratiquée par M. Dor. C’est une image d’une chose vraie.
        Me Gérard. — C'est donc ainsi qu’il guérit la constipation ?
        Me Lucien Lebeau. — Si vous voulez que je finisse aujourd'hui, n'interrompez pas.  
        On a reproché au „Père  de ne pas avoir découragé ceux qui s'adressaient à lui. Dans toutes les religions du monde, soutient Me Lebeau, aucun prêtre ne monte en chaire pour dire aux adeptes que leur sentiment est exagéré. La foi ne porte pas de corset rigide. Les doristes vendaient volontairement livres et brochures ; ils procuraient ainsi au Père Dor de quoi vivre. Dor n'a pas de trésor caché. A-t-on le droit de discuter ses bénéfices ? C'est contraire à l'article 14 de la Constitution, si sa doctrine a un caractère sérieux. La liberté des cultes a été proclamée par la Révolution française.
        Me Lebeau conteste les évaluations faites par Me Bonehill quant à la fortune du Père Dor, et fixe les chiffres des tirages des livres et brochures :
        — Depuis 1909, son actif est monté à 51.000 francs. Ces chiffres importent peu. Ils ne sont qu'approximatifs. Le Père Dor ne tenait pas de comptabilité. Tous ses capitaux sont immobilisés.
        Me Bonehill sourit, dénie, et sa cliente a un sourire extatique. Quelle drôle de petite vieille dame, décidément... Quelle énigme !
        — M. Dor a un jour demandé à la Caisse d'épargne quelle somme il fallait capitaliser pour que sa famille eût 1,200 francs de rente à capital abandonné.
        Me Bonehill. — Quelle date ?
        Me Lebeau. — 5 mars 1914.
        Me Bonehill. — Un mois après la descente du parquet.
        Me Lebeau. — Il faudrait prouver que M. Dor eût songé à faire une demande fictive !
        Les bâtiments de Roux ont été mis en vente, mais il ne se présenta aucun amateur : c'étaient des bâtiments bizarres. On a dit que M. Pastur refuserait un don du Père Dor.
        — M. Pastur, dit Me Lebeau, a l'esprit aussi large que les épaules, pour continuer le genre de pensées de Me Bonehill parlant de la blanche hermine et des mains noires.“
        Me Lebeau lit une lettre de M. Pastur à M. Dor lui annonçant que, vu les événements actuels, il ne pouvait donner suite à l'offre faite des bâtiments de Roux.
        Me Bonehill — Quelle date ?
        Me Lebeau. — 27 février 1916, avant la plainte de Mme D... La fortune de M. Dor est dans les bâtiments de Roux et d’Uccle. Un escroc n'aurait pas fait bâtir. L’EcoIe morale est quitte et libre de toute hypothèque. Il donne prise aux créanciers éventuels. Un escroc agirait-il ainsi ? II a mis un tronc pour construire la salle et, la salle bâtie, il l'a retiré. Donc, le ministère public n’a rien prouvé. Le dorisme est un phénomène religieux. Il faut laisser tranquilles le Père Dor et ses adeptes ; sinon, c'est de la persécution...
        Me Lebeau montre le Père Dor en butte aux attaques de certains socialistes, parce qu'il combat les matérialistes. Dans quelques familles, il a contre lui des maris et des enfants, parce que des épouses et des mères sont devenues doristes. De plus, des Antoinistes, témoins à charge, lui sont hostiles. Des témoins ont commis des erreurs par suite des imperfections de leurs souvenirs :
        — Jamais ces témoins du même fait ne font des dépositions concordantes... On voit avec ses yeux, avec son émotion, avec ses passions, avec ses pensées. Des impressions sa réfractent, se déforment dans le cerveau. Les témoins ne mentent pas : ils se trompent. Les livres du Père Dor et les témoignages de ses adeptes intelligents, voilà les sources où il faut puiser. Quand, au lieu de s'adresser aux prêtres catholiques, on s'adresse à des humbles, on obtient une caricature de la religion. Et le dorisme est une religion naissante.  
        Me Lebeau considère les plaintes des Ch... et de Mme D... comme des actes de vengeance, corsés, après coup, d'inventions. Qu’est-ce que Mme D... ?
        — Elle vient de Bruxelles. Elle a eu une vie orageuse. Elle a dû être jolie, et est encore coquette. Mme D... a des bandeaux blancs. A Bruxelles, on voit diverses espèces de femmes avec des bandeaux blancs.
        La petite vieille dame, à ces mots, paraît médusée, ou en catalepsie, ou hypnotisée, ou ne sait pas bien... Elle va parler, mais elle se tait ; elle se tait, mais elle ouvre la bouche. Encore quelques jolies dents. Quelle coquette petite vieille dame avec son beau grand nœud blanc sous le menton, et cet autre nœud blanc sous l'oreille gauche ! Elle est la joie de ce procès.
        — Il ne faut accorder aucune espèce de confiance à son témoignage, dit Me Lebeau, impitoyable. Et les époux Ch... ? M. Ch... a épousé, sur Le tard, la veuve d'un ancien charcutier ; celle-ci avait quelque avoir. Elle a une fille qui vit en excellents termes avec sa mère. Une mère qui entretient ces relations avec une fille semblable ne mérite pas créance.  
        Me Lebeau lit d'amusantes lettres de gratitude des époux Ch... au Père Dor. Les époux Ch... sont des bourgeois vaniteux .
        — M. Ch... a offert des ventilateurs, et, à chaque séance, il s'asseyait sous les ventilateurs, pour qu'on n'oubliât point qu’il les avait offerts...
        Me Lebeau a de l'esprit, du mordant, et une âpreté dans la discussion, une combativité qu'on admire sans restriction. Ce jeune avocat a du fluide, et du meilleur. Il soutient que les plaintes des Ch... et de Mme D... ont été rédigées par Me Bonehill ; c’est son style...
        Me Bonehill. — C'est bien possible.
        Me Lebeau. — C'est oui ou non ! Me Bonehill a bien rédigé ces plaintes, il a dû l'aire subir un interrogatoire aux plaignants. Il m'a averti qu’une plainte serait déposée, je lui ai répondu. (Me Lebeau lit sa lettre) M. Dor a remplacé à ses frais une servante indésirable. (Oh ! Madame D...) Entre les dépositions à l'audience et la plainte, il y a des différences énormes. Ce n’est pas le résultat d'un oubli, mais d'un mensonge. Ils sont disqualifiés. Ces gens sont des compères ! M. Ch... aurait été hypnotisé... C'est la femme qui donne de l'argent et c'est le mari qui est hypnotisé ! C'est bouffon !
        Me Bonehill. — Vous oubliez, mon cher confrère, que M. Ch... ne se porte pas partie civile.
        Me Morichar, riant. — Il a bien tort !
        Me Lebeau. — Il a peur ! Mme Ch... dit que M. Dor aurait frotté sa barbe contre sa figure. C'eût été un acte de courage de la part du Père Dor. Elle aurait dû en être flatté. La preuve que M. Dor a été correct avec Mlle M... (la fille de Mme Ch...), c'est qu'elle n'y est jamais retournée.

    INCIDENT.

        On rit longuement... Me Lebeau ne ménage par la fille M...
        Le substitut du procureur du roi. — ce sont des insinuations continuelles.
        Me Lebeau. — C'est elle l’accusatrice.
        Le substitut. — Ne parlez pas de sa vie privée.
        Me Morichar, s'avançant vers le tribunal. — Monsieur le substitut, vous devriez être le dernier à parler ainsi, vous qui avez parlé comme vous l'avez fait de la femme M...
        Cette attaque directe ou cette mise au point, produit un long mouvement dans le public.
        Me Lebeau dit que les illuminés ont toujours eu du succès auprès des femmes. Il en appelle au témoignage de Daudet dans ses „Rois en exil“.
        — Mme D..., celle qu'un journal a appelée une petite vieille dame bien propre', était le secrétaire de M. Dor. C'était un personnage important à Roux.
        Et la jalousie vint de se voir dédaignée par le Père... Vengeance ! C’est, d’après Me Lebeau, Mme D... qui a provoqué le scandale.
        — Elle était nourrie, chauffée, éclairée... Mme D..., d'une mince petite voix blanche aussi. — Pas éclairée !
       
     Tiens, Mme D... ne dormait pas...
        — Mme D... a dit au juge qu’elle avait payé 1,500 francs pour sa pension. Ici, à l’audience, elle dit 2,000 francs. Ce n'est pas dans la plainte.
        Me Bonehill. — Oh ! il aurait fallu faire un volume !
        Me Morichar. — Il fallait trois lignes !
        Me Bonehill à Me Lebeau. — J'aurais été aussi Long que vous l'êtes aujourd’hui !
        Cette remarque désobligeante étonne de la part de Me Bonehill, d'ordinaire fort courtois. Si Me Lebeau est long, il a du moins le mérite d'accumuler des arguments plutôt que des métaphores comme Me Bonehill
        Me Lebeau. — Mme D... a rédigé ses impressions et parle de dents serrées. Vrai style de roman-feuilleton ! Dans la cross-examination“ que lui a fait subir Me Bonehill (trois attentats du Père Dor et  une cross-examinationde Me Bonehill : pauvre petite Mme D...!), il n'est rien dit de cela. Les Ch... et Mme D... ont ourdi un complot de calomnies. Tout a toujours été correct chez le Père Dor.
      
     Il est 11 heures et demie. La parole est donnée à Me Morichar — mais Me Lebeau n'a pas terminé — pour la troisième inculpation à charge du Père: les attentats à la pudeur.

    PLAIDOIRIE DE Me MORICHAR.

        Me Morichar paraît radieux... Son masque méphistophélique s'éclaire subitement...
        L'éminent avocat félicite le tribunal de toute la longue attention qu'il apporte à ces débats, s'associe à l'hommage rendu par Me Lebeau au procureur du roi et aux avocats de la partie civile. Se tournant alors vers Me Lebeau, il dit son admiration pour son beau talent, pour son éloquence, pour sa plaidoirie qui restera dans les annales judiciaires.
        Cet exorde accompli, Me Morichar en vient aux attentats à la pudeur.
        — Ou bien des enfants en sont victimes, et vous savez comme leurs témoignages sont suspects, „testis unus, testis nullus. Ou bien c'est une femme, comme celle-ci, et il faut des constatations matérielles. Ici, rien de semblables. Il faut donc pouvoir étayer l'accusation par des témoignages parallèles. Mme D... a cité trois témoins, et aucun n'apporte la confirmation. Un témoin est venu dire que Dor l'avait fait se déshabiller. Cette accusation d’homosexualité est grotesque : déshabiller un homme ! De plus, ce témoin s’est contredit. Mme Ch... a dit que le Père Dor avait promené sur sa figure sa barbe longue et soyeuse. Mme Ch... doit évidemment préférer la barbe plus courte et plus dure de son mari. Il fallait trouver quelque chose de mieux. Il y a alors la fille M... Ceci est plus copieux, plus pimenté. Vous avez vu, messieurs, son sans-gêne à l'audience, vous avez entendu ses expressions, ses horreurs. Elle paraissait regretter de ne pouvoir en dire de plus grosses, de n'avoir pas été souillée elle aussi. C'eût été, pour elle, une réhabilitation ! Il reste Mme D..., victime, plaignante, partie civile. Que vaut son témoignage ? Je n’insiste pas sur sa mentalité. Elle eut voulu d'un amour charnel après l’amour mystique. Ces femmes, lorsque des hommes les dédaignent, peuvent être capables de tous les crimes, de tous les forfaits. Mme D... finira peut-être, après tant de mensonges, par croire qu’elle a dit la vérité...
       
    Ce qui ne se peut marquer ici, c'est l'accent, c’est la mimique, ce sont les jeux de physionomie de l'éminent avocat. Il lance la raillerie sans y appuyer, avec quelle souplesse !
        — Les témoins à décharge, on les suspecte en bloc ; parfois, on va jusqu'à les accuser de calomnie. Je m'incline avec respect devant leurs témoignages : il faut un certain courage pour avouer des tares, pour faire une confession. Ce sont d’honnêtes gens qui sont sincères. Vous n'avez pas le droit de les mépriser ainsi !
        Ceci est dit avec force, et pour le substitut du procureur du roi, et pour les avocats de la partie civile.
        — Certains témoins apportent des faits absolument caractéristiques. Le témoin T..., je le connais depuis dix ans. Elle est servante à Saint-Gilles. Sa probité est reconnue : c'est du pur cristal. Son témoignage a paru travesti : elle a, dans un médaillon, le portrait du Pure Dor qui l'a sauvée. Elle aime le Père Dor, mais pas d’un amour charnel comme Mme D... Des témoins sont venus rapporter des confidences. Comme on les a traités ! Ah I s'ils avaient été à charge, que de complaisance on eût eu pour eux ! A tout moment, on condamne des gens sur des conversations rapportées. Ils ont rédigé leurs dépositions : donc ils mentent !
        Le désintéressement de Mme D... :
        — Elle s’est constituée parte civile. Au civil, vous seriez débouté. J’abandonne tous les témoins à décharge si vous supprimez Mme D..., nous nous en iront acquitté ! Après sa déposition, Mme D... se constitue donc partie civile.
        Le président. — C'est la loi.
        Me Morichar. — Oui, mais le tribunal est libre de son jugement.
       
    Les attentats : — Ils sont trois : Omne trinum perfectum. Le dernier remonte à 1914. Mme D... a connu le Père Dor de 1912 à 1915. Elle a eu trois occasions d’en saisir la justice. Elle ne dit rien avant 1914 : elle est médusée, hypnotisée. Ce n'est pas une jeune fille innocente, ce n'est pas une femme du peuple : elle est instruite, intelligente ; elle a été théosophe, elle a fait tourner des tables. Elle s’est ingéniée à s’emporter du Père Dor, à le subjuguer par les sens, elle a été éconduite ; par dépit, elle est devenue la femme que vous savez. Supposons qu’en 1914 elle ait été encore sous la domination du Père Dor, mais le 6 octobre 1915, cinq mois après l’avoir quitté, elle n’était plus hypnotisée : elle avait quitté le Père Dor pour Bonehill.
        Longue hilarité. Me Bonehill paraît de mauvaise humeur.
        — Il fallait trois lignes pour ces attentats. Rien dans la plainte !
        Conclusion.
        — S’il n'en est pas question dans la plainte, c'est que Me Bonehill a dit : Non, pas ça, pas ça !... Elle parle des attentats quand le Père Dor prétend qu’elle est une passionnée et qu'elle voulut l’aimer charnellement : elle prend les devants, elle ment pour parer le coup... Quand on a pu vivre pendant trois ans sous deux attentats sans déposer plainte, et qu'on s’en est offert un troisième...
        Me Morichar fait bien rire le public. Mme D... est sur le point de considérer la raillerie de Me Morichar comme un quatrième attentat à sa pudeur de petite vieille dame de 67 ans... Elle est hébétée...
        Le Père Dor lui aurait déclaré... qu'il devait se livrer sur elle à trois attentats ! Me Morichar démontre que les attentats ont été inventés par la victime “. Sur quoi le tribunal baserait-il une condamnation ? Mais, à supposer les attentats exécutés, il faut des violences physiques ou morales.
        — Le procureur du roi a lu une citation et un jugement. La citation ne se rapporte pas à un attentat à la pudeur, et le jugement s'applique à... une extorsion de signature. Cela n'a aucun rapport !
        Me Morichar conclut, montrant qu’à côté de la déesse Justice il y a la déesse Liberté.
        — La liberté a fait la grandeur de notre pauvre petit pays. Ce que nous resterons ? Je n'en sais rien. Mais, malgré la rafale, vous êtes restés, messieurs, dans ce Palais, à votre poste, tandis que tant d'autres ont abandonné leur poste ! Je vous demande de penser à cette liberté en rédigeant votre jugement. Vous aurez beau faire : ses doctrines ont été critiquées, bafouées ; mais un jugement de condamnation serait considéré comme une persécution. Il vous faut un certain courage pour sentir des contingences. Au fond de beaucoup d'entre nous gît la crainte de la liberté. Cette liberté a ses dangers ; mais ils sont mille fois préférables à l'étouffement.
        Quelle liberté n'offre pas des inconvénients ? La liberté individuelle : le coupable met la frontière entre la justice de son pays et lui. La liberté de la Presse : quelle liberté a produit plus d'abus ? Des fautes et des imprudences ont été commises par le Père Dor ; il y a eu des excès de zèle chez ses adeptes. Il faut voir l’ensemble de haut. Il faut examiner s'il est de bonne foi, désintéressé. Si vous voulez chicaner sur les petits côtés, pas une religion n'échappera. Je m’incline devant la beauté, la magnificence de la doctrine du Christ ; mais il y a des troncs, des collectes. Grâce à ces offrandes, de petites chapelles deviennent des églises. Toutes les religions ont un côté matériel. On va à Saint-Hubert pour la rage, à Anderlecht pour les chevaux, à Dieghem pour le bétail et les oiseaux. A la grotte de Notre-Dame de Lourdes, à Laeken, on guérit des blessures à distance. Il y a des lettres de nos blessés qui le prouvent. Sont-ce des manœuvres frauduleuses ! Non ! Dor est un illuminé, mais c'est un honnête homme. J'ai dit.
        La belle plaidoirie de Me Morichar est fort commenté dans le public. Il est midi et demi. A tantôt, à 3 heures, les répliques des avocats de la partie civile et celle du procureur du roi. J'oublie de dire que Me Lebeau n'a pas fini... Et il répliquera... En voilà encore pour quelques heure... Me Morichar retourne seul à Bruxelles dans notre 12720 F 2…
        (La suite à demain.)

                                                            Pierre GRIMBERGHS

    La Belgique, 1er décembre 1916


    AU PALAIS

    TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI

    LE PROCÈS DU « CHRIST »

    AUDIENCE DE MERCREDI APRES-MIDI
    (Suite.)

        L’audience est reprise à 3 heures. Il y a de nombreux avocats en robe. Derrière le tribunal, des magistrats prennent place.
        La plaidoirie de Me Morichar a fait sur le tribunal et sur l’auditoire une profonde impression. Il y aurait un parallèle intéressant à faire entre la façon de plaider à Bruxelles et en province — en admettant que le prototype du Barreau bruxellois soit Me Morichar — et ses confrères de Charleroi. Ce sera pour une autre fois. Toujours est-il que la plaidoirie de l'éminent défenseur de Dor fut un modèle de clarté et de concision. Sans exclure l’élégance et la distinction de la forme, il a le mot juste, le qualificatif qui renforce l'idée, et sa voix chaude et prenante fait qu'on l'écoute toujours avec plaisir et sans fatigue. Il a magistralement démoli les préventions d'attentats et remporté un grand succès personnel.
        La parole est continuée à Me Lebeau, sur lequel la fatigue n’a aucune prise.
        Me Lebeau affirme, abordant la prévention d'exercice illégal de l’art de guérir, que Dor est le guérisseur des âmes souffrantes, rien de plus. Il donne des remèdes purement moraux. Pas de passes magnétiques. Le Pèreprend l’attitude de celui qui enseigne quelque chose d'élevé. Me Lebeau invoque un livre du docteur Crocq fils, d'après lequel le magnétisme n'existe pas, n'a pas de réalité scientifique. Pas d'objet brillant pour endormir. Des médecins seuls, et qui ne seraient pas les premiers venus, pourraient donner un avis intéressant.
        Me Gérard. — Le zouave Jacob ne faisait pas non plus d'hypnotisme.
        Me Lebeau — Un corps judiciaire ne peut pas trancher ces questions-là. C'est Antoine le Guérisseur qui a préconisé le thé. Dor condamne toutes les tisanes. Par conséquent, pas d'exercice de l'art de guérir. Dor nie avoir conseillé des injections à l'eau salée. Son système est qu'il faut guérir les maux du corps par la médication de l'âme. Une femme, qui avait le cancer à qui Dor avait conseillé de l'eau sucrée, était aussi soignée par un médecin.
        L’avocat du Pèreexplique deux cas de hernie et rappelle que les adeptes se guérissent de leurs maux physiques en s'améliorant. Mais dans toutes les religions il y a des pratiques hygiéniques : des ablutions, défense de manger du porc, jeûnes, végétarisme.
        — Pourquoi condamner une doctrine qui dirait que les malades ont une cause morale ? Ce serait réfréner la pensée libre. Ce n'est pas comme médecin que Dor recommande le végétarisme. Il affirme ne rien connaître de l'art de guérir. Dans certains ordres, il est défendu de prendre des bains. Par exemple, chez les Carmélites, Pascal, par ascétisme, ne se lavait jamais. Pouvez-vous condamner ces pratiques au nom de la médecine ? Oseriez-vous condamner les flagellations, le jeûne, sévir contre les Trappistes ?
        Me Gérard. — Connaisses-vous les Trappistes ?
        Me Lebeau. — Je sais qu'ils ne se lavent pas.
        Le président, mécontent. – Me Lebeau, vous vous égarez. Le tribunal s'estime suffisamment éclairé.
        Me Lebeau. — Je dois placer l'affaire sur ce terrain-là. Les Doristes affirment que le régime végétarien est une des conditions de leur santé.”
        A propos de l'alimentation des nourrissons :
        Le procureur du roi. — Est-ce pour qu'ils aient plus vite la foi que les enfants de quatre mois doivent prendre de l'eau non bouillie ?
        Me Lebeau. — La mère doit, avoir la foi. Il faudrait des spécialistes pour se prononcer sur ces cas. M. Dor m'a montré des enfants florissants.
        Me Gérard. — Des morts ne parlent plus : des cercueils devraient, s'ouvrir...
        Me Lebeau. — Il n'y a pas eu de plaintes. La faillite des médicaments est proche, la médecine recommande de plus en plus la non-intervention. Ce sont surtout les médecins ignorants ou intéressés qui proscrivent une foule de drogues. Un bon médecin a dit : Le médicament est une chose presque toujours inutile ou dangereuse. La maladie a une tendance naturelle à la guérison. Il y a eu des médicaments à la mode. Le docteur Héricourt soutient que dans de nombreux cas d'appendicite, les malades auraient pu être guéris par la diète.
        Me Gérard. — Il est dangereux de généraliser.
        Me Lebeau—Je m'abrite derrière la théorie un docteur Héricourt qui vaut bien la vôtre. Je me suis laissé dire que tous les membres de la Société de médecine n'étaient pas d'accord pour se constituer partie civile.
        Me Bonehill — Suppositions !
        Me Gérard. — Il y a eu une réunion de la Société. Vous n'êtes pas à l'aise sur ce terrain.
        Me Lebeau. — Ce ne sont pas des suppositions. Me Gérard a employé un mot qu'il doit peut-être regretter. Il a parlé de concurrence déloyale. Quand on parle des médecins, on ne devrait jamais dire qu'ils sont payés. Ils ne sont pas payés, ils sont honorés, comme les avocats. Dans l'intentement de cette action, je trouve la preuve que la société de médecine n'a pas conscience de l'honneur de la corporation.
        L'honorable président regarde avec fixité Me Lebeau. Il voudrait certainement l'interrompre pour le prier d'abréger, si non pour s'étonner de la thèse qu'il soutient.
        Me Lebeau. — La Société de médecine veut remplir sa caisse.
       
    Ayant évoqué le témoignage de M. Mithouard, président du Conseil municipal de Paris, quant aux guérisons opérées par Clermont sans rien réclamer, donnant des conseils de père et de médecin, Me Lebeau soutient que la somme die 10,000 francs réclamé par la Société de médecine n'est pas justifiée.
        — A qui a-t-il nui ? Il faut une justification des 10,000 francs.
       
    Mais voici que Me Lebeau conclut :
        — Je demande l’acquittement de M. Dor sur les trois préventions. Je l'ai défendu avec une conviction que j'ai rarement eue. Je reconnais en lui un homme affligé d'une tare qui rend les gens bien malades : I’idéalisme. C'est bien malheureux d'être idéaliste : on est l'objet de mille machinations que l'on ne soupçonne pas. Autour de soi s'agitent des appétits grossiers, des foules hurlantes. Dor prétend réaliser son rêve : c'est dangereux. Quand on voit dans l'embarras un homme qui a péché par excès de noblesse, on se porte à son secours. La foule hait d'instinct les idéalistes, parce qu’ils veulent s'élever au-dessus d'elle. Il faut donc acquitter M. Dor.
        Le jeune avocat se rassied et des confrères s'empressent de le féliciter. Ce fut une plaidoirie, longue sans doute, tant les faits de la cause sont complexes, mais admirable de netteté, de logique, bourrée d'arguments ; et vive, chaude, âpre, la plaidoirie d'un enthousiaste, d'un esprit large qui ne délimite point le domaine des possibilités scientifiques, admettant toutes les hypothèses, toutes les vérités de demain, quelles qu'elles soient. Que Me Lebeau ne se défende point d'avoir été idéaliste lui aussi : ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est toujours l'idéalisme...

    REPLIQUE DE Me GERARD.

        Me Gérard félicite son jeune confrère de sa belle plaidoirie, laquelle, dit-il, lui a rappelé le cours du comte Goblet d'Alviella sur l'évolution des religions à l'Université libre de Bruxelles. Après l'épervier de Me Bonehill, voici alors une libellule : Me Gérard reproche à Me Lebeau de s'être élevé trop haut comme la libellule, et affirme sérieusement que Père Dor est bien petit à côté du Père Bouddha. Il invoque Christ parle à nouveau, puis :
        — J'aurais volontiers entendu un résume de l'histoire du Christianisme ; Jésus-Christ aussi guérissait des malades...
        Me Lebeau. — Aujourd'hui, il passerait en correctionnelle !
        Me Gérard. — Il ne faisait usage ni de troncs ni de sébilles, il ne répandait pas de livres, où, pour ne pas faire d’anachronisme, de tablettes. Votre divin Vous, Dor, ne prêtait pas son nom à une sorte de margarine, c'est avec un fouet qu'il chassa les marchands du Temple.
        Me Gérard commente malicieusement une brochure du Père, les indications contenues : Les trams partant de la place Rouppe, gare du Midi, vers le Vivier d’Oie, etc....
        Me Lebeau. — Il n'y avait pas de tramway électrique en Judée.
        Me Gérard. — A Roux, on ne jette pas de cailloux aux apôtres, à ceux qui se dévouent par altruisme. Vous avez entendu les huées de la foule : c'est la réponse grossière aux désastres et aux deuils que vous jetez dans les familles. Vous avez sagement fait d’aller à Uccle...
        D'après Me Gérard, les plus savantes dissertations ne peuvent transformer le Père. En Angleterre comme en Belgique, on ne peut pas transgresser la loi.
        — Si, sur un banc des boulevards, un énergumène venait un jour affirmer qu'il soigne gratuitement les malades, que la guérison est certaine, n'aurait-il pas un certain succès ? Invoquerez-vous l'article 14 de la Constitution ? Il était de notre devoir de démasquer le Père, de demander réparation...
       
    Me Gérard soutient que Dor a chaussé les pantoufles de son oncle Antoine et commente à nouveau des livres et des brochures de Dor :
        — On y suggère d'éloigner les médecins et de repousser les médicaments. Il a refusé 5,000 francs. Mais accepter cette somme eût été une maladresse.
        S’
    adressant à Dor qui le regarde avec une bonhomie souriante :
        Vous êtes un charlatan ! doublé d'un imposteur, quand vous aspirer voluptueusement l'encens de vos thuriféraires. A la Toussaint, vous dites qu'il ne faut pas aller s'agenouiller sur la tombe des disparus...
        Me Lebeau. — Il a le droit de dire cela !
        Me Gérard. — Dor est un comédien. Il a demandé une déclaration écrite à ses adeptes parce qu'il se méfiait d'eux. Un jugement de condamnation sera le fluide le plus bienfaisant pour le faire rentrer dans le bon chemin. Acceptez votre condamnation comme un bien. Retroussez vos manches, retournez à l’atelier... Un acquittement serait donner le champ libre à tous les exploiteurs de la crédulité humaine. Vous vous êtes comparé à une rose : vous êtes le mancenillier sous lequel des voyageurs trouvent la mort !

    REPLIQUE DE Me BONEHILL.

        Il est 4 h. 40 quand Me Bonehill se lève à son banc. Il reproche à Me Lebeau d’avoir tourné autour de la prévention, de l'avoir effleuré de son éloquence.
        — Il a essayé d'auréoler son Christ. Les mânes de Luther, de Mahomet ont du sourire devant ses efforts infructueux. Vous avez oublié, mon cher confrère, la définition du mot religion. D'après Littré, ensemble d'actes et de pratiques qui sont le rapport entre l’homme et la puissance divine. D'après les Pandectes, le lien qui rattache l'homme à Dieu.
        — La divinité est à la base de toutes les religions. Dor s’intitule le démolisseur de Dieu. A la page 152 de „Christ parle à nouveau, Dor écrit que „Dieu n’est qu'un mot. Comment pourrait-il créer une religion puisque la religion est inséparable de l’idée de Dieu ?
        Me Lebeau. — Je prouverai que c'est faux.
        Me Bonehill. — Vous changez votre fusil d’épaule. Dor a plagié Dubois, Denis, d’autres encore. Il a plagié jusqu'au moindre geste d'Antoine.
       
    Me Bonehill, on le voit, récidive... Que de pages il faudrait encore écrire sur le plagiat !
        — Jetons donc par-dessus bord l'article 14 de la Constitution, s'écrie Me Bonehill, qui n'y va pas de main morte. Peste ! L'article 14, de la contrebande ?
        — Peu nous importe d'ailleurs qu'il fonde une religion ; il lui est surtout défendu de s'enrichir à nos dépens. Me Lebeau a magnifié certains gestes de Dor...
        Me Bonehill met en suspicion des témoignages divers favorables au prévenu, refait l'histoire de la margarine, doute du désintéressement du Messie.
        — II n'a pas eu un atome de pudeur pour restituer les 17,000 francs à Mme D... Qu'il fasse le geste !
        Me Lebeau. — Il l'a fait ! Mais il n'a pas l'argent.
        Me Bonehill. —Et vous parlez de libéralités à l'Ecole des estropies ! Certains gestes de Dor ont été cupides. D'après Me Lebeau, Dor serait la maladresse réincarnée. Il joint l’arrogance à l'insolence et au cynisme... Ce matin, Me Morichar est tombé de Wilmart à Dor...
        Le patriotisme de Dor vient maintenant en discussion. On remarque que Me Bonehill ne se préoccupe pas un instant des attentats à la pudeur. Non, pas ça, pas ça,.. Voyons donc quel est le patriotisme d’un homme accusé d'escroquerie, d'exercice illégal de l'art de guérir et d'attentats à la pudeur. C'est très important.
        Me Bonehill lit :
        Etre patriote pour son pays, pour sa nation, c'est traiter en ennemis les citoyens d'un autre pays... Quiconque se réclame du patriote est un prétentieux et un patriote prétentieux est un adversaire de l'amour de la liberté, de l'égalité, de la fraternité.  Je ne dis pas que je n'ai pas tort de vouloir annihiler l'esprit patriotique, mais seulement pour ceux-là qui y trouvent un intérêt, pour ceux-là qui, en se montrant patriotes, occupent de belles places. Mais alors, pour les personnes qui, par cet effet, sont exploitées, et après cela amenées à se faire massacrer et tuer, je crois bien qu'elles seront unanimes à s'écrier avec le Père : A bas la guerre, effet du patriotisme, et vive la paix, fruit de la fraternité universelle !
        Me Lebeau — C'est son droit de penser cela !
        Me Bonehill — Il a bavé sur la patrie !
        On en revient à la vieille petite dame blanche, bien oubliée par son avocat :
        — Le divorce de Mme D… a été prononcé aux torts du mari. Vous avez lancé une insinuation malveillante, vous avez parlé de sa vie orageuse. Sur quoi vous bases-vous ? Sur les dépositions de certains témoins que nous avons vus hypnotisés...
       
    Encore ? Me Bonehill n'est pas heureux dans sa réplique.
        — La plainte que j'ai faite a été rédigée hâtivement pour permettre au parquet de faire la lumière. J'ai oublié un poste de 1,800 francs...
       
    Et, sans doute, les attentats...
        Après lecture de lettres où se remarque une orthographe mystique — des majuscules à amour, à il, à lui“, etc. — Me Bonehill critique en terminant, la finale du livre Christ parle à nouveau.

    LE MINISTERE PUBLIC.

        M. Mahaux est d'avis qu'on a fait trop d'honneur à Dor en le comparant à Bouddha et à Platon : — Il y a loin des hauteurs où se sont élevés Mes Lebeau et Morichar à la mare où Dor croupit. Vous ne ferez pas au bon sens l'injure de croire que cet homme ait pu soupçonner l'existence de théories philosophiques. Toute religion suppose quatre entités : dogme, discipline, culte, morale. C’est la négation absolue de l'idée de Dieu que le dorisme.
        L'honorable organe de la loi s'efforce de démontrer, en une logique serrée, que les quatre entités font défaut dans le dorisme et que l'harmonie, notamment, entre les actes de Dor et ses principes, est nulle. D'autre part, et ce serait décisif, Dor, dans une lettre à la „Région, le 2 juin 1916, affirme qu'il n'y a pas de doristes, pas de religion, pas de société.
        — Dor doit être condamné. Il traînera derrière lui une sévère condamnation, et son âme sera ployés au souvenir des petites victimes qu'il a envoyées à la mort.

    REPLIQUE DE Me LEBEAU.

        Me Lebeau rencontre l'affirmation que le dorisme ne serait pas une religion, s'appuie sur le témoignage de M. Salomon Reinach, et montre, contrairement à la morale de Socrate, qu'il y a, dans le dorisme, des sanctions.
        — Le tribunal doit s'arrêter devant ce phénomène religieux. La liberté de conscience est la liberté la plus chère !... Puisque Dor forme de braves gens, il faut le laisser continuer...
        Me Gérard. — Et peupler les cimetières !
        Les débats sont clos.
        M. le président. — Le tribunal rendra son jugement à l'audience du 16 décembre. L'audience est levée à 6 heures. L'immense foule qui encombre de Palais de Justice se désagrège peu à peu, s'éloigne. Des manifestants obstinés guettent le Père Dor. Une femme est à leur tête. Serait-ce la petite vieille dame réincarne déjà en une sorte de Jeanne Hachette ? Non, pourtant, la voici qui descend les marches du Palais, qui passe devant moi, et me regarde, un peu fâchée..
        Le Père Dor a pu, cette fois, loger à Charleroi. Un pronostic ? Une condamnation dont il sera fait appel.
        Mais quel procès intéressant, que d'idées remuées et débattues, que de systèmes philosophiques évoqués — où l'idéaliste ne parvient pas à faire un choix...

                                                            Pierre GRIMBERGHS

    La Belgique, 2 décembre 1916


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