• L'évolution des croyances et pratiques thérapeutiques des adeptes antoinistes

        L'évolution des croyances et pratiques thérapeutiques des adeptes antoinistes.

        Contrairement aux propos de Louis Antoine et aux témoignages de guérison donnés à cette époque par ses adeptes, les antoinistes d'aujourd'hui recourent à la médecine allopathique, et pour certains d'entre eux, de manière régulière, notamment lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique.
        Toutefois, il faut apporter des nuances à cette assertion :
    - tout d'abord parce que les adeptes continuent à croire que les médicaments ne soignent pas la cause réelle de la maladie, à savoir l'âme, mais ses effets : le corps. Les adeptes justifient alors leur recours à la médication par leurs croyance en la réincarnation ; ils estiment qu'ils ont encore besoin d'un traitement médical parce que leur évolution spirituelle n'est pas suffisante et qu'elle ne leur permet pas de se dégager de ce qu'ils appellent la "matière" ;
    - ensuite, il faut souligner que le recourt à un traitement médicamenteux peut s'accompagner d'un traitement spirituel ; les fidèles ne jugent pas ces pratiques incompatibles mais complémentaires ;
    - enfin, il faut mentionner que le recours à la médecine allopathique est un cas de figure parmi d'autres. En effet, certains adeptes peuvent utiliser ce que F. Laplantine appelle les "médecines parallèles" (homéopathie, acupuncture, chiropraxie, etc.), d'autres recourront à l'automédication et quelques-uns, ceux que l'on peut désigner comme des "puristes", envisageront la prière comme le seul et unique recours thérapeutique efficace.
        Comment interpréter cette évolution des pratiques de guérison ? Nous pensons qu'elle constitue une critique de l'institution médicale, certes euphémisée, mais qui souligne les excès (cf. la surmédicalisation, et, pour reprendre les termes de E. Zarifian, "la médicalisation de l'existentiel"), et les limites de l'institution médicale tel le maintien des inégalités sociales devant l'accès aux soins de santé, et ce malgré la création de la sécurité sociale et le principe du droit pour tous à être malade, ce qui pour la population antoiniste, issue avant tout des classes populaire et moyenne, est important.

    Anne-Cécile Begot (École pratique des Hautes Études - Paris), La guérison spirituelle, son évolution face aux changements sociaux et culturels - Études comparée de la science chrétienne et de l'antoinisme
    in Croyances et sociétés (1998)
    source : Google Books


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