L'Antoinisme après Louis Antoine
Voilà comment Louis Antoine, bien avant sa désincarnation, envisage son "œuvre" après lui :
Seront apôtres celles [les personnes] qui se dévoueront pour le travail moral, qui prêcheront d'exemple l'amour et le désintéressement, qui feront comprendre, par leur manière d'agir, que l'enseignement n'a d'autre base que la foi.
Rien ne portera obstacle à leur mission ; elles pourront donc continuer l’œuvre, s'acquérant de plus en plus à la foi qui donne le savoir de toute chose, qui convainc que la mort est la vie, car au point de vue de l'être, on devrait appeler celle d'ici-bas la mort et sa rentrée dans l'autre, la naissance.
La Révélation, L'efficacité des lois morales, p.127
C'est pour cette raison que bien des adeptes que l'on a pu croire très attachés au Père Antoine, deviendront peut-être ses adversaires les plus acharnés. Tout dépend de la manière dont ils vont entreprendre la tâche ; qui a compris l'enseignement et en est satisfait n'a plus le mérite, s'il néglige, d'y participer ; personne n'aura besoin de le lui dire, il se retirera de son plein gré parce qu'il aura trouvé ailleurs des fluides plus assimilables à sa compréhension. Des contradictions pourront surgir entre les personnes qui croiront avoir compris et qui taxeront d'ignorance d'autres qui agissent différemment ; mais n'oublions pas que le mal n'existe pas et que discuter, ce serait prétendre qu'il existe.
La Révélation, L'efficacité des lois morales, p.125
On le voit, Louis Antoine envisageait la suite le plus simplement possible. Des personnes discuterons de leur compréhension (on le voit maintenant avec les deux tendances de l'antoinisme, avec photos ou sans photos), mais on peut aussi comprendre que certaines personnes continuerons l’œuvre sans participer au "culte", mais simplement en faisant bien selon sa conscience.
---
Analphabète, la femme d'Antoine, Catherine (Jemeppe-sur-Meuse, 26 mai 1850 – id., 3 novembre 1940), appelée « La Mère » par les adeptes, ne reçoit aucun conseil de la part de son mari sur la façon d'administrer la religion lorsqu'elle est désignée par lui comme son successeur. En décembre 1918 puis en septembre 1919, elle fait envoyer une lettre respectivement au roi des Belges puis au ministre de la Justice afin de faire reconnaître le culte antoiniste ; au cours du mois de mars des deux années suivantes, Ferdinand Delcroix, secrétaire du culte, envoie deux lettres dans le même but, ce qui aboutit en 1922 à une reconnaissance d'utilité publique du culte.
Afin d'éviter toute tentative d'appropriation du charisme d'Antoine à l'intérieur du mouvement après sa mort, le journal antoiniste L'Unitif publie des articles présentant Catherine comme le successeur légitime et redéfinissant précisément les limites du rôle du guérisseur. Pour éviter une crise de succession et assurer la continuité de la religion, Catherine décide de promouvoir un culte centralisé autour de la personne de son mari et, dans ce but, établit différentes règles entre 1925 et 1930. Elle fait placer, dans le temple, devant la tribune supérieure, le portrait de son mari surmonté de la mention « Le Père fait l'Opération », puis ajoute par la suite sa propre photographie. Elle autorise les desservants à effectuer l'Opération générale depuis la tribune supérieure, mais veut que la cérémonie soit précédée d'une déclaration affirmant que c'est le Père qui pratique l'Opération et que la foi doit être placée en lui afin d'obtenir satisfaction, et insiste pour que le desservant installé à la tribune soit assis durant la lecture des ouvrages d'Antoine. Elle établit le Jour du Père, le 25 juin, et des rituels tels que le baptême, la communion et le mariage, ce qui transforme le groupe en religion institutionnalisée. Elle ordonne que rien ne soit changé dans les écrits de son mari et, en 1932, fait fermer les salles de lecture dans lesquelles des adeptes enseignaient des points de vue personnels. Contrairement aux ouvrages de son mari qui peuvent être achetés par n'importe qui, les changements et les règles ajoutés par Catherine sont consignés dans des tomes accessibles uniquement aux desservants, restant ainsi plus confidentiels. À partir du 17 juin 1930, un fidèle, Narcisse Nihoul, la remplace à la tribune pour effectuer l'Opération générale.
Contrairement à ce qu'annonçaient plusieurs journaux (plusieurs articles du Peuple, 2 novembre, 6 novembre et encore le 13 novembre 1913), le culte survit au Père sous la direction de Mère.
source : wikipedia