Voici l'incroyable combat qu'a dû mener M. pour parvenir enfin à se faire entendre.
« Je suis mère d'une petite fille de 4 ans.
Cet enfant était désiré, ce n'est ni une erreur de parcours, ni un coup de tête.
Lorsqu'elle est née, il a tout de suite été évident que je ne voulais plus avoir d'autres enfants.
Et ce choix n'a rien à avoir avec un accouchement qui ce serait mal passé ou tout autre raison que l'on peut trouver, c'est juste MON choix.
Lorsque j'ai parlé de mon non désir d'avoir un autre enfant à mon généraliste, la réaction a tout de suite été immédiate "il existe des solutions radicales, mais vu votre âge et votre situation (1 seul enfant), personne n'acceptera de vous le faire".
Ne supportant pas la pilule, cette situation était inconfortable pour moi.
Devenue célibataire rapidement après la naissance de ma fille, ce choix forcé ne me posait pas vraiment de problème au quotidien.
C'est lorsqu'est arrivé dans ma vie mon nouveau compagnon et qu'il a été clair dès le départ que nous ne souhaitions pas avoir d'enfants, que là, je me suis remise à penser sérieusement à cette situation.
Eté 2009, après un frottis, on m'explique que j'ai un HPV de haut grade et qu'il faut me faire une conisation du col de l'utérus.
Je reparle de mon désir d'obtenir une solution de contraception définitive, après tout, c'est mon corps, je suis la meilleure personne pour décider ce que j'en fais !
Avec le recul, j'étais bien naïve de penser ça et surtout, je n'ai jamais pensé que j'allais m'épuiser à me battre pendant plus d'1 an…
Refus catégorique du gynécologue me suivant pour cette conisation et également du service gynécologique de l'hôpital Foch.
Ce refus se basant uniquement sur mon âge et la possibilité d'un éventuel changement d'avis.
Suite à cela, j'ai contacté le planning familial pour être guidée dans mon choix.
Le planning était bien embêté, car il y a un réel blocage en France pour pratiquer ce genre d'opération.
Ils m'ont conseillé de contacter la société commercialisant la solution Essure.
Après avoir expliqué mon cas et insisté, j'ai eu un commercial qui m'a communiqué le numéro du chirurgien pratiquant le plus cette intervention en région parisienne, voir même en France.
Cet homme m'a tenu un discours incroyable, mon âge posait problème, bien entendu comme à chaque fois, mais surtout, que se passerait-il "si ma fille venait à mourir et que je souhaitais un autre enfant" ?
Comment peut-on entendre ce discours de la part d'un médecin ?!!
Le gynécologue de l'hôpital Foch a accepté de revoir mon dossier si j'acceptais de tenter la pose d'un stérilet hormonal (vu mes règles très abondantes et la taille de mon utérus, un en cuivre, c'était impossible).
J'ai accepté la pose de ce stérilet en octobre 2009 et là a réellement commencé mon année infernale.
Ce stérilet, je ne l'ai pas supporté.
Douleurs, saignements continus, sautes d'humeur, grande fatigue, j'ai décidé de prendre rendez-vous chez une généraliste conseillée par le planning familial début janvier 2010 (après en avoir eu assez du "c'est normal, il faut que le corps s'adapte" de la part de l'hôpital Foch)
Et là, je lui expose mon problème, ma lassitude de ne pas trouver de l'écoute pour mon cas et de solution concernant ma demande de contraception définitive.
On convient que ce stérilet qui me rend la vie impossible depuis des semaines, on l'enlève tout de suite (il est vrai qu'il est efficace sur le plan contraceptif, puisqu'avec tous les désagréments, je n'ai quasiment plus de vie sexuelle)
Et là, problème. Les fils ont disparu, la question se pose, est-ce que j'ai perdu le stérilet ou est-ce qu'il a complètement bougé ?
Je dois donc faire une échographie en urgence, l'échographie montre qu'il est toujours là, mais coincé dansle bas de mon utérus, en gros, il est en train d'essayer de s'échapper, ce qui explique mon calvaire.
Elle contacte le gynécologue de l'hôpital Foch pour expliquer le problème. Il accepte de me voir pour essayer de le retirer.
J'ai donc rendez-vous pour enlever cet engin de torture, échec de l'essai, non sans avoir eu des douleurs atroces…
Il propose alors de le retirer par hystéroscopie et là, encore une fois, je me plie à la dictature médicale.
Le jour de cette intervention, je suis arrivée hyper stressée, les douleurs devenant insupportable, j'avais commencé à perdre pas mal de poids, je ne dormais plus correctement, je n'étais donc pas dans un état de forme mirobolant.
Et là, je me suis trouvée face à un gynécologue inconnu et qui a commencé à me faire horriblement mal, parce qu'il souhaitait voir s'il n'y avait pas moyen de le retirer sans effecturer l'hysteroscopie, c'était donc la 3ème fois que l'on essayait de me retirer ce stérilet en martyrisant mon intimité.
J'ai réagi d'une façon qu'il n'attendait pas, j'ai demandé à ce que tout soit stoppé et j'ai dit que je partais.
Bien obligé de me laisser partir ce gynécologue n'en était pas moins choqué par mon comportement, qui visiblement, n'était pas courant.
Vous pensez bien, une patiente qui se révolte, c'est rare !
J'ai expliqué la situation au médecin généraliste qui m'avait vue et elle prend contact en urgence avec la maternité des Bluets à Paris pour qu'on m'enlève sous anesthésie cette saloperie.
J'ai un rendez-vous en urgence avec une gynéco où je suis obligée d'aller avec ma fille, faute de pouvoir la faire garder.
Là encore, la gynéco veut tenter de l'enlever sans intervention "au cas-où ça marcherait, ce serait quand même mieux d'éviter l'opération"
J'ai donc hurlé de douleur devant ma fille, puisqu'elle n'avais pas voulu rester avec une aide-soignante.
Nouvel échec.
L'opération est programmée avec un autre chirurgien qu'elle.
Je ne saurais vous expliquer la lassitude qui était en moi à ce moment de ma vie, j'étais seule (mon compagnon était à l'étranger pour plusieurs mois), épuisée moralement et physiquement par ce problème et j'avais surtout l'impression que le corps médical était incompétent à me prendre en charge, avec en plus une sensation de violence envers mon corps, mon intimité étant sans cesse violée et violentée...
Le jour de l'opération, le chirurgien arrive avec toujours ce côté "j'en fais à la chaîne, vous n'êtes qu'un numéro" et il demande à l'anesthésiste quel est l'opération, si je suis bien l'hystérectomie (!), elle lui répond que non, moi on m'enlève un stérilet.
Il s'adresse alors à moi "on vous en remet un dans la foulée ?"
Chose qu'il ne fallait pas me dire, je me suis alors énervée en lui expliquant qu'il était hors de question qu'on me remette un truc de ce genre dans l'utérus et je me battais depuis des mois pour avoir une stérilisation.
Après avoir débattu avec lui quelques minutes, il a du voir ma détermination et m'a dit de le contacter d'ici plusieurs mois, qu'il pourrait peut-être "faire quelque chose pour moi".
Pour la petite anecdote, j'ai refusé de me retrouver en position gynécologique avant d'avoir été endormie, j'en avais absolument plus que marre de me retrouver les jambes écartées face à des inconnus et encore une fois ma réaction n'est pas bien passée.
Me voilà donc en février 2010 sans stérilet, mais sans solution de contraception…
Devant partir plusieurs semaines à l'étranger, je prends contact avec une gynécologue conseillée par le médecin généraliste et je prends rendez-vous en expliquant le problème, mais là encore, mon âge pose problème…
Avril 2010, de retour de mon déplacement, je contacte le chirurgien des Bluets pour cette intervention et là, miracle, tout d'un coup, il semblerait que ce soit possible !
On prépare les papiers et l'opération est programmée en juin 2010, finalement, je serais tout d'un coup proche du but ?
Nous sommes en juin, à 48h de l'opération, mon téléphone sonne, le chirurgien m'annonce que l'opération est annulée suite à un refus du staff des Bluets qu'elle soit pratiquée.
Et là, j'explose, je demande à le voir immédiatement pour qu'on m'explique en face pourquoi on annule une opération programmée depuis 1 mois et demi seulement 48h à l'avance, ils devaient tous s'en douter depuis longtemps que ça en arriverait là.
J'enrage, je fulmine, je n'arrive pas à contenir celle colère, toutes ces émotions accumulées depuis des mois où on me maltraite.
Alors, oui, j'avoue, j'ai fait un scandale à la maternité des Bluets, j'ai hurlé ma douleur et ma souffrance qu'on ne prenne pas en compte ma demande.
Après m'être calmée, j'ai recontacté le chirurgien qui me dit qu'après en avoir discuté avec le directeur de l'établissement, si j'accepte un suivi psychologique qui "prouverait" ma motivation, ils accepteraient de revoir mon cas.
J'accepte donc cette énième humiliation, quelqu'un qui doit juger si je suis "apte" à ne plus avoir d'enfants.
Cette femme psychologue va condenser à elle seule, toutes les humiliations que j'ai eu depuis presque 1 an.
Elle va remettre en doute l'amour que je peux avoir pour ma fille, va me demander ce que je ferais si elle mourait un jour, me demander ce qui se passerait si je quittais mon compagnon et que j'en rencontrais un autre ("aurais-je alors envie d'un enfant avec cette nouvelle personne"), mettre en avant la "vie dissolue" de mon passé et donc me dire que je suis quelqu'un qui change d'avis souvent (!!!)
Et là, j'ai de nouveau explosé, je lui ai demandé de me dire honnêtement si on lui avait demandé de me me faire changer d'avis ( ce qui franchement y ressemblait fort ).
Autant vous dire que la séance s'est vraiment mal terminée et que j'ai abandonné cette idée de passer par les Bluets.
S'en est donc suivi une énorme remise en question, qu'allais-je faire ? Aller à l'étranger ?
Il m'est venu à l'idée de recontacter Essure, j'ai réussi à avoir de nouveau le commercial que j'avais eu quelques mois plus tôt et qui m'avait dirigé vers les chirurgien du 93 qui m'avait mis en face du "si votre fille meurt un jour".
Je lui ai expliqué mon parcours, toutes les discours que j'avais eu.
Il m'a alors donné le contact d'un médecin dans le privé, en m'expliquant que ça avait un prix, mais que justement, ce prix faisait qu'on était parfois plus écouté.
C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de C******** S*******, une femme formidable qui a pris le temps de m'écouter et qui n'a pas remis en doute mon choix.
Après avoir expliqué mon parcours et les raisons de mon choix, elle m'a expliqué certaines choses, a posé quelques questions pour vérifier que ce choix était bien solide.
Et puis elle m'a expliqué qu'il y avait la ligature et Essure.
La ligature pouvait permettre de parfois espérer avoir une grossesse en cas de changement d'avis, mais pas avec Essure, parce que les dégâts sur les trompes sont trop importants quand on retire les implants.
Et là où je me suis rendu compte qu'elle était différente de tous les autres, c'est qu'elle m'a dit "mais de toute façon, vous êtes sûre de votre choix, donc dans ce cas, vu votre décision, vous ne partez pas dans l'optique d'un éventuel retour en arrière" (le chirurgien des Bluets refusait la méthode Essure pour cette raison, trop définitif)
Juillet 2010, l'espoir renaît.
L'opération ne pourra se faire tout de suite, puisque mon cycle ne correspond pas aux jours où elle opère à la clinique Hartman de Neuilly.
Ce sera donc à la rentrée 2010.
Fin août 2010, elle me contacte en catastrophe pour placer rapidement l'opération à cause d'un décret qui passerait et ferait que cette intervention ne serait plus remboursée pour les femmes ayant moins de 40 ans.
L'intervention se fera donc fin septembre et me coutera assez cher, les dépassements d'honoraires sont énormes…
Mais peu importe, au moins ce sera fait.
J'ai eu du mal à me remettre de l'intervention qui a été faite sous anesthésie générale et j'ai eu une dose de cheval, l'anesthésiste est connu pour fortement sédater les patients, même en ambulatoire, pour éviter les douleurs, me confiera une infirmière.
Je suis sortie le jour même, mais heureusement que j'étais accompagnée, j'ai mis plusieurs jours à me remettre de l'anesthésie.
Mon échographie de contrôle devait se faire fin décembre, mais je n'ai pas trouvé le temps de la faire pour le moment, ce devrait être fait début février.
C'est donc la fin de mon expérience terriblement douloureuse sur le chemin de la stérilisation ( ou contraception définitive ).
Pour tout vous dire, j'ai mis plus d'1 an à récupérer des problèmes que j'ai eu avec les stérilet et du stress de mon combat pour obtenir cette opération, j'en suis ressortie épuisée, avec une vision très négative des médecins qui devraient arrêter de penser qu'ils sont tout puissants, heureusement, il reste encore des gens très bien dans la profession.
Est-ce que je regrette ?
Non, je ne regrette aucunement d'avoir fait ce choix, je regrette de m'être laissée imposer des choix qui n'étaient pas les miens, que des médecins m'aient dicté des choses qui ne me convenaient pas.
Je crois qu'ils se retranchent derrière l'âge et le possible changement d'avis pour masquer le fait qu'il est impensable qu'une femme ait une sexualité libre qui ne mène pas à la procréation.
Est-ce qu'il y a le même parcours du combattant quand on veut un enfant, est-ce qu'on demande un suivi psychologique, est-ce qu'on vous met en garde sur le caractère définitif du fait de devenir parent ?
JAMAIS.
Alors qu'il est évident que lorsque l'on devient mère, ce choix est aussi définitif et il n'y a pas de retour en arrière possible, de plus ce choix met aussi en jeux la vie d'une deuxième personne, l'enfant…
J'espère réellement que les choses évolueront et j'encourage toutes celles qui font ce choix à se battre, à en parler, pour faire tomber ce tabou.
J'ai aujourd'hui 33 ans, une fille magnifique, un compagnon avec qui tout se passe bien et je n'aurai plus d'enfant, ces choix je les ai fait, je n'en regrette aucun ! »
source : http://sterilisationchildfree.wordpress.com/2011/02/01/le-non-respect-dun-choix/