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science

Jean Jaurès - La religion éternelle

Publié le par antoiniste

    Si la critique du christianisme est d'aord philosophique, cette même philosophie, comme mise à découvert de l'infini et refus de son monopole dans la figure du Christ, reconduit à une affirmation de Dieu et même à une définition de la religiosité : "L'essence même de la vie religieuse consiste à sortir de son moi égoïste et chétif, pour aller vers la réalité idéale et divine." [Jean Jaurès, De la réalité du monde sensible, p.276-77] [...]
    Il suffit pour cela que, conformément à ce qu'enseigne la vraie philosophie, l'humanité prenne conscience de sa "grandeur religieuse", c'est-à-dire accepte de reconnaître "l'infini qu'elle porte en elle" [Ibid., p.38]. Dès lors que la question religieuse est posée en ces termes, il faut bien convenir que toutes les questions abordées par Jaurès, qu'elles soient politiques, morales, métaphysiques, pédagogiques même, sont toutes étroitement liées, puisqu'il s'agit toujours de construire l'espérance sur l'affirmation que "l'âme humaine, malgré ses obscurités et ses défaillances, à une vocation naturelle pour l'infini" [Ibid.], de fonder l'action sur la reconnaissance par l'humanité, non comme abstraction emphatique mais comme ensemble de toutes les hommes sans exclusion aucune, de sa valeur propre, en la conduisant à relever "l'infini en soi", à développer "ce qu'il y a de divin en elle" [Ibid.]. [...]
    La religion vraie est la religion de tout homme, fondée dans notre nature métaphysique, morale, esthétique, elle n'est rien d'autre que la religion naturelle. Il n'y a pas à retrouver l'infini par une purification qui nous détournerait de notre vie d'homme et de nos tâches quotidiennes au sein de la communauté historique. Pas besoin non plus d'une quelconque grâce ou révélation. C'est dans la conscience de toute homme que sont gravés en toutes lettres les articles de cette religion qui ne suppose aucune servitude ou obscurité ou mutilation de notre nature. [...]
    Cet enseignement essentiel n'est pas propre à Jaurès. Il est partagé par les grands artisans de l'école républicaine et laïque, souvent issus, comme Ferdinant Buisson ou Félix Pacaut, du protestantisme libéral.

Vincent Peillon, Jean Jaurès et la religion du socialisme,
La religion éternelle, pp.218, 220, 223, 224
Grasset, Le Collège de Philosophie, Paris, 2000

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Complément d'Enquête - Devins, guérisseurs, gourous... (France 2)

Publié le par antoiniste

    Lundi 29 novembre à 22h05
    Devins, guérisseurs, gourous, le retour des charlatans ?

    Que s’est-il passé le 23 octobre dernier à La Verrière ? Pourquoi un enfant est-t-il mort quand douze membres de sa famille se sont jetés par la fenêtre ? Ont-ils eu peur du diable, comme l’affirme l’un des suspects ? Ou étaient-ils sous l’emprise d’un gourou obsédé par le démon ?
    Des gourous qui prétendent soigner, combattre les mauvais esprits, ou prédire l’avenir… Qui sont ces imposteurs et ceux qui tombent sous leur charme ?
    Pourquoi le besoin d’irrationnel semble-t-il plus fort que jamais ? Alors que le Feng Shui cartonne et que les médecines alternatives sont à la mode, comment opèrent ces magnétiseurs et autre « géobiologistes » qui disent chasser les énergies négatives ?
     Pourquoi fascinent-ils jusqu’aux plus puissants, stars du showbiz, grands patrons ou hommes politiques ?
    Entre manipulation et abus de faiblesse, Complément d’enquête sur le pouvoir de
ces nouveaux gourous.

A voir en ligne sur le cite : http://info.france2.fr/complement-denquete/?page=accueil&id_rubrique=83

    A ne pas manquer, l'intervention de Michel Onfray (philosophe qui évoque son dernier livre : Le Crépuscule d’une idole. L'Affabulation freudienne, chez Grasset) qui rappelle qu'une Eglise n'est qu'un secte qui a réussi ! Il intervient en effet après le reportage sur l'Eglise de la Montagne de feu, d'orientation pentecôtiste, mais non rattaché à la Fédération Protestante de France.
    Il est également l'auteur du très discuté Traité d'athéologie (Grasset, Paris, 2005).
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray

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Le Père était-il fou ?

Publié le par antoiniste

    La paraphrénie est un état délirant faisant partie des psychoses chroniques non dissociatives et est une condition nettement distincte de la psychose hallucinatoire chronique et de la paranoïa de par la coexistence d'une intense activité délirante limitée à certains domaines de la vie intellectuelle, et une vie par ailleurs normale dans d'autres domaines. Ainsi, le paraphrène agit et pense comme si le délire n'avait pas envahi tous les domaines de sa vie psychique : il existe une bonne adaptation au réel.
    La maladie débute habituellement autour de 40 ans, parfois brutalement, mais le plus souvent insidieusement. Il n'existe pas de trouble de la personnalité prémorbide caractéristique.
    L'article en anglais précise, sans plus de précision, que les cas les plus fréquents seraient enregistrés en Espagne et en Allemagne.
    La paraphrénie fantastique se démarque par la riche production d'idées étranges, décousues, mobiles, extraordinaires. Des idées mégalomaniaques apparaissent. La thématique est particulièrement floride, riche en idées démesurées de grandeurs, de mondes merveilleux, de science-fiction. Malgré le fait que ce délire est entièrement illogique, le comportement est presque normal. Lorsqu'on pose à ces malades des questions éloignées de ses délires, leurs réponses sont claires et logiques.
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paraphrénie

    Voyons si les différentes étapes de l'avancée de la maladie peut coïncider avec les événements de la vie de Louis Antoine :
• une première période dite d’incubation et d’inquiétude quand apparaissent méfiance, interprétation, signification personnelle attribuée aux faits et hallucination de l’ouïe (donc vers 40 ans, dans les années 1880, Louis Antoine est inquiet et ne trouve pas de solution à ses questions, alors qu'il a une famille et un travail valorisé) ;
• une deuxième période, dite de persécution et de systématisation, caractérisée par des hallucinations, illusions auditives, écho de la pensée, stéréotypie du délire et apparition de néologismes (Louis Antoine est condamné pour coups sur la personne de Denis Collon le 10 octobre 1885).
• une troisième période dite de grandeur, quand justement les idées de grandeur apparaissent soit par déduction logique ou hallucination, soit spontanément. On note alors une atténuation du délire de persécution tandis que la mégalomanie
s’accroît (Louis Antoine découvre le spiritisme, veut devenir médium, puis prophète).
• une quatrième période, dite de démence, quand l’activité intellectuelle s’affaiblit notablement, que le malade devient indifférent alors que son discours, incohérent, est semé de néologismes. Cette quatrième période ne constitue pourtant pas la règle et paraît être fortement corrélée avec la vie asilaire de l’époque (Louis Antoine ne connaîtra pas cette période, n'étant pas interné, cependant on peut corréler ces symptômes, notamment le discours incohérent, semé de néologismes, avec l'apparition de la Révélation, qu'on juge parfois de décousue et vague. La glossolalie est un bon exemple en tout cas de ces symptômes).
source : F.Hulak - Les paraphrenies (psychologie-m-fouchey.psyblogs.net)

    Ainsi Louis Antoine aurait pu souffrir de paraphrénie fantastique. Pour l'abbé Hubert Bourguet, cela ne fait aucun doute : « une maladie d'estomac [...] a pu avoir certains retentissements fâcheux sur la vie du cerveau » (p.5). Cet auteur conclut dans Antoine de Jemeppe et l'Antoinisme :
    « Les pages qu'il a laissées contiennent un charabia extravagant, à la fois si soutenu et si fortement condensé qu'elles ne laissent aucun doute sur le trouble des facultés mentales de leur auteur. Une conviction douce et sereine les anime. On la retrouve dans toute la vie d'Antoine. C'est elle qui l'a isolé du monde des choses sensibles qui se pèsent et se mesurent et qui l'a muré dans un monde imaginaire, un monde de fictions avec lesquelles il aimait converser. Avec un sérieux imperturbable, il traitait les choses tangibles de vaines apparences, et il prenait le monde fictif qu'il se forgeait pour la réalité même : c'est un signe non équivoque de dérangement cérébral. La maladie opiniâtre d'estomac dont il souffrit toute sa vie, avait affaibli l'organisme et atteint lentement mais profondément le cerveau.
    « La folie chez Antoine n'eut jamais de transports redoutables ; jamais non plus, elle ne fut complète et, en tout cas, elle ne l'empêcha pas d'être un habile homme et un madré directeur d'entreprises. Il multipliait les déclarations de désintéressement et, en même temps, il parvenait à accumuler des ressources qui lui permirent de donner une organisation matérielle assez forte à son oeuvre et d'en assurer le maintien et le développement pour un avenir qui ne sera pas long, mais qui est de l'avenir tout de même. — Il prodiguait les conseils les plus recommandables sur la sincérité et en même temps laissait soigneusement croire qu'il possédait une puissance extraordinaire de guérir toutes les maladies alors qu'il n'en était rien ... il laissait écrire qu'il continuait les enseignements du Christ quand il les contredisait et qu'il ne pensait pas établir une religion nouvelle au moment même où il l'organisait. — Enfin, Antoine vantait l'humilité et l'oubli de soi et, un instant après, il félicitait ses admirateurs des louanges qu'ils lui décernaient, il acceptait tous leurs éloges, toutes leurs vénérations et tous leurs encensements. Il attirait l'attention de la foule et ses sympathies, se laissait décerner des honneurs divins. Cela fait bien un peu penser au père du mensonge, au démon de l'orgueil et cela rappelle la parole du blasphème qu'il proféra contre Dieu, le jour de sa révolte : « Je serai semblable au Très-Haut ». » (p.48).
    Signalons qu'Hubert Bourguet ne dit pas s'il a fréquenté des Antoinistes, au contraire de Pierre Debouxhtay, qui est plus circonspect dans sa conclusion sur l'Antoinisme en 1945 :
    « Mais l'exactitude minutieuse à reconstituer la physionomie des personnages contribue parfois à faire de ceux-ci des énigmes. Plus on fouille les replis et les recoins de leur vie, plus leur figure morale s'enveloppe de brumes, d'incertitudes ; bref, plus on sait, moins on connaît ! Qu'y faire ? Ne vaut-il pas mieux tenir compte de la complexité des âmes et conserver le mystère ?» (p.30).

    Mais alors comme le dit Yvonne Castellan (p.105) : « Si tout est supercherie, nous avons vu de fort grands esprits s'y être laissé prendre », dont Arthur Conan Doyle, Victor Hugo et même Léon Hippolyte Rivail, dit Allan Kardec. La question est donc : est-ce que tous les spirites auraient souffert de paraphrénie ? Cela est-il probable ? Je ne crois pas. Sans nier qu'« il ne faut pas oublier en effet que la faculté médianimique va de pair avec un certain état hystérique » (p.97-98), comme le démontre bien Théodore Flournoy, celui-ci rappelle toujours que cela peut très bien être à l'insu du sujet lui-même, qui restera de bonne foi. Le plupart des spirites avaient plutôt des tendances à vouloir croire. Celà est également bien étudié par Jean-Yves Roy dans Le Syndrome Du Berger - Essai Sur Les Dogmatismes Contemporains. Mais de là à conclure, comme le fait Yvonne Castellan que (p.117-118) : « Le métier de spectateur n'est pas non plus sans risque. Les débiles mentaux adhèrent au spiritisme par crédulité puérile et risquent le délire à caractère démonopathique. Les déséquilibrés, souvent intelligents, mais instables de volonté et faibles de jugement, risquent l'exaltation et le délire d'imagination. Les schizoïdes enfin, dissociés de la vie pratique et repliés sur eux-mêmes, trouvent dans l'occulte l'aliment de leur vie solitaire. En somme, le pratique du spiritisme flatte les prédispositions aux troubles mentaux. Et le Dr Marcel Viollet de décrire excellemment la composition psychiatrique du salon spirite : les débiles, accablés par l'existence, qui s'abandonnent au spiritisme comme à la consolation suprême, sans frein, sans discernement, croyant tout, prêts à toutes les obsessions. Les paranoïaques, susceptibles, orgueilleux, odieux dans la vie sociale, sont attirés comme par un spectacle « dans les salons sombres où les Esprits s'évoquent et où l'on garde, avec l'incognito, intacts son orgueil intimé et sa susceptibilité à laquelle les Esprits n'insultent pas. » Les scrupuleux, les tristes, les timides « viennent dans l'obscurité, silencieux, tranquilles seulement si on ne les regarde pas » : la mélancolie les guette. Les névropathiques enfin, eclins à des crises larvées d'hystérie, de somnambulisme spontané ou aisément provocable, volontiers simulateurs, se sentent au milieu des séances un centre possible d'intérêt. Ils peuvent devenir « sujets », auxiliaires du médium ou médiums eux-mêmes. Quantité de femmes s'agitent ainsi, actives importantes, militantes, brouillant toutes les idées. » Yvonne Castellan ne remet guère dans son contexte historique cette citation, qui date d'un livre édité en 1908, on y lit surtout cette propension du médecin, ayant tout compris, à vouloir tout classer, sûr de lui et de ses jugements, condescendant et misogyne. Les médecins souffraient beaucoup aussi à l'époque du 'vouloir croire' que tout était psychologique.
    L'auteure du Spiritisme continue pourtant (p.119) : « Le spiritisme à ses débuts semble avoir payé un très lourd tribut aux asiles d'aliénés. En 1855, à Zurich, sur deux cents aliénés, un quart étaient spirites. A Gand, on en comptait quatre-vingt-quinze sur deux cent cinquante. Ces chiffres correspondent à l'époque frénétique de sa grande propagation. De nos jours, les aliénés spirites viennent bien après les aliénés alcooliques et syphilitiques, en concours avec les délirants mystiques et démonopathiques de caractère religieux. » Cela ne viendrait-il pas aussi de l'intérêt grandissant à l'époque pour les maladies mentales ? Je le pense. A la lire, tous les spirites étaient des malades mentaux. Mais la théorie actuelle de Manfred Lütz, dans "Irre! - Wir behandeln die Falschen: Unser Problem sind die Normalen" (Erreur ! - Nous soignons les mauvais sujets. Notre problème sont les normaux) est qu'il faut tous nous considérer comme des anormaux. Et le problème est la terreur de la normalité.
    En tous cas, cette présentation des faits contredit ce qu'on peut lire dans la nosographie des paraphrénies : « C’est à propos de ce cas exceptionnel, qui aboutit à une construction délirante achevée, autour d’une érotomanie divine, que Freud [Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Dementia paranoides (1911)] forge l’hypothèse du délire comme tentative de guérison, quand « le paranoïaque rebâtit l’univers, non pas à la vérité plus splendide, mais du moins tel qu’il puisse de nouveau y vivre », et qu’il « le rebâtit au moyen de son travail délirant. Ce que nous prenons pour une production morbide, la formation du délire, est en réalité une tentative de guérison, une reconstruction. Le succès, après la catastrophe, est plus ou moins grand, il n’est jamais total ; pour parler comme Schreber, l'univers a subi “une profonde modification interne”» ».
source : F.Hulak - Les paraphrenies (psychologie-m-fouchey.psyblogs.net)
    Rappelons que Régis Dericquebourg signale dans Les Antoinistes (p.39) : « Cette version de la chute qui met en jeu la matière, le regard de l'autre, le symbole phallique, la jouissance féminine et la promesse de savoir inaugurant les oppositions bien-mal, vérité-erreur pourrait être proposée à la réflexion du psychanalyste. » On peut donc penser que le spiritisme à plutôt sauver ces gens de la folie, même si cela n'a pas réussi pour tous.

   Concernant l'origine du spiritisme, on peut y voir un conflit entre, d'une part,  la science souveraine de la fin du XIXe-début XXe siècle, qui devait amener l'homme à tout savoir, à tout comprendre, associé à une déchristianisation fulgurante lors de la Révolution industrielle (pensons au Positivisme d'Auguste Comte, instaurant la science comme nouvelle religion), et d'autre part, cette volonté de croire, donc le besoin pour l'homme d'une pensée qui le rassure. Devant l'échec de la science, incapable de tout expliquer, reste la pseudo-science (et ses prolongements religieux dont l'ufologie et les sciences occultes sont les plus grandes pourvoyeuses), peut-être moins objective et rationnelle, mais plus réconfortante.

    Cela n'enlève donc rien à la portée de la Révélation : un rapport entre la folie et le prophétisme est encore à établir. En tout cas, si tous les spirites ne sont pas devenue fous, il y a certainement des fous qui sont devenus prophètes de leur cause : Abraham, Moïse, Jérémie, Isaïe, Jésus, Mahomet, Edward Irving, Auguste Comte, Phineas Quimby, H.P.Blavastky, Louis Antoine, Mary Baker Eddy, Joseph Smith, Donato Manduzio, Johannes Greber, Ludwik Lejzer Zamenhof (Doktoro Esperanto), Huỳnh Phú Sổ, Joseph Weissenberg, Jean Jaurès, Morris Lichtenstein, Jules Berthelin, Ron Hubbard, Claude Vorilhon...

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Claude Piron - Un cas étonnant de masochisme social

Publié le par antoiniste

    Un texte intéressant sur l'espéranto et les jugements portés sur lui :
Un cas étonnant de masochisme social [http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/casetonnant.htm].

    Je vous propose de lire ce texte en remplassant le mot "langue" par le mot "religion" et le mot "espéranto" par le mot "Antoinisme", pour avoir un aperçu des jugements portés sur l'antoinisme.

- Dans le monde entier, les états investissent des millions pour que des millions d'enfants et de jeunes apprennent les langues.
- Dans le monde entier, les états investissent des millions pour que des millions d'enfants et de jeunes pratiquent les religions.

- S'il était vrai que l'anglais résout les problèmes de communication inter-peuples, comment expliquer les innombrables cas où la communication ne passe pas ?
-  S'il était vrai que l'oeucuménisme résout les problèmes de communication inter-religions, comment expliquer les innombrables cas où la communication ne passe pas ? 

- Mais la solution "espéranto" est tabou. [...] Jamais le rejet n'intervient après étude. On refuse tout simplement de l'envisager ou, au mépris de l'honnêteté intellectuelle, on en parle, sans la connaître, avec dérision.
- Mais la solution "antoinisme" est tabou. [...] Jamais le rejet n'intervient après étude. On refuse tout simplement de l'envisager ou, au mépris de l'honnêteté intellectuelle, on en parle, sans la connaître, avec dérision.

II. Mécanismes de défense
       a) Déni.
- L'espéranto est considéré comme inexistant dans des contextes où il serait logique de le prendre en considération.
- L'antoinisme est considéré comme inexistant dans des contextes où il serait logique de le prendre en considération.
       b) Projection.
- Souvent, on impute gratuitement à l'espéranto des caractéristiques qui en font une menace destructrice ou une sorte de mutant monstrueux.
- Souvent, on impute gratuitement à l'antoinisme des caractéristiques qui en font une menace destructrice ou une sorte de mutant monstrueux (comme à toutes les sectes).
       c) Rationalisation.
- En fait: une place importante, dans les caractéristiques de l'espéranto, revient à son substrat polyethnique, notamment aux apports asiatiques et hongrois.
- En fait: une place importante, dans les caractéristiques de l'antoinisme, revient à son substrat polyreligieux, notamment aux apports asiatiques et spirites.

       d) Isolation.
- L'isolation consiste à détacher du contexte et à juger sans référence.

       e) idéalisation.
- La réponse du ministère a chaque fois été la même: l'espéranto n'a pas sa place dans l'enseignement des langues, parce que cet enseignement "comprend l'accès à une culture, et, pour les langues étrangères, à une civilisation".
- La réponse du ministère a chaque fois été la même: l'antoinisme n'a pas sa place dans la reconnaissance des religions, parce que cette reconnaissance "comprend l'accès à une culture, et, pour les religions, à une civilisation".

    En conclusion de Espéranto : l'image et la réalité [http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/esperantoimagerealite12-5.htm], le même auteur dit :
    Le décalage entre l’image courante et la réalité est si énorme que l’on peut affirmer sans risque d’erreur que dans notre société – abstraction faite d’une petite minorité d’usagers – l’espéranto n’est tout simplement pas connu.
    Les relations entre les divers facteurs qui contribuent à cette méconnaissance sont difficiles à préciser. On peut dire que des intérêts particuliers (ou des réflexes de défense), parfois individuels, souvent collectifs, parfois conscients, généralement inconscients, de nature sociale ou politique, voire économique, exploitent des ressorts affectifs (angoisse latente, problèmes d’identité, peur du ridicule), renforcés par des malentendus d’ordre cognitif, pour empêcher l’étude sur le terrain (field study) du phénomène sociolinguistique "espéranto". Les médias contribuent à amplifier l’action des autres facteurs en diffusant largement dans la population les modèles d’attitude et les rationalisations qui, au départ, étaient les armes des intérêts particuliers menacés. [...]
     Il ne s’agissait nullement de définir ici la valeur de l’espéranto en tant que moyen de communication inter-peuples, ni même de le situer par rapport aux autres systèmes. Plus modeste, notre but était simplement de déterminer dans quelle mesure l’image courante s’écarte de la réalité. Si nous avons été amené à conclure que les prises de position sur l’espéranto sont fréquemment sous-tendues par des processus mentaux infantiles, c’est là un résultat secondaire d’une recherche qui, au départ, n’était pas orientée dans ce sens.
    Ce qui nous a le plus frappé, au cours de cette étude, c’est le caractère catégorique, péremptoire, de la plupart des affirmations sur l’espéranto. Les auteurs qui mentionnent cette langue, fût-ce incidemment, adoptent un ton d’autorité indiscutable, comme s’ils savaient. Pourtant, dès qu’on se documente, on constate qu’ils ignorent maintes données fondamentales. Mais ils ignorent leur ignorance. Sans doute serait-il utile de repérer d’autres cas quasi massifs d’ignorance ignorée au sein de notre société. En tout état de cause, il serait bon que des chercheurs s’intéressant aux questions d’information, de sociologie, de psychologie et de linguistique explorent plus avant le terrain que nous avons essayé de défricher. La connaissance de l’être humain ne pourrait qu’y gagner.


    En conclusion, d'un livre qui pourrait s'appeler Antoinisme : l'image et la réalité, on pourrait dire :
    Le décalage entre l’image courante et la réalité est si énorme que l’on peut affirmer sans risque d’erreur que dans notre société – abstraction faite d’une petite minorité d’usagers – l’antoinisme n’est tout simplement pas connu.
    Les relations entre les divers facteurs qui contribuent à cette méconnaissance sont difficiles à préciser. On peut dire que des intérêts particuliers (ou des réflexes de défense), parfois individuels, souvent collectifs, parfois conscients, généralement inconscients, de nature sociale ou politique, voire économique, exploitent des ressorts affectifs (angoisse latente, problèmes d’identité, peur du ridicule), renforcés par des malentendus d’ordre cognitif, pour empêcher l’étude sur le terrain (field study) du phénomène socio-anthropologique "antoinisme". Les médias contribuent à amplifier l’action des autres facteurs en diffusant largement dans la population les modèles d’attitude et les rationalisations qui, au départ, étaient les armes des intérêts particuliers menacés. [...]
     Il ne s’agissait nullement de définir ici la valeur de l’antoinisme en tant que moyen de communication inter-religieux, ni même de le situer par rapport aux autres religions. Plus modeste, notre but était simplement de déterminer dans quelle mesure l’image courante s’écarte de la réalité. Si nous avons été amené à conclure que les prises de position sur l’antoinisme sont fréquemment sous-tendues par des processus mentaux infantiles, c’est là un résultat secondaire d’une recherche qui, au départ, n’était pas orientée dans ce sens.
    Ce qui nous a le plus frappé, au cours de cette étude, c’est le caractère catégorique, péremptoire, de la plupart des affirmations sur l’antoinisme. Les auteurs qui mentionnent cette religion, fût-ce incidemment, adoptent un ton d’autorité indiscutable, comme s’ils savaient. Pourtant, dès qu’on se documente, on constate qu’ils ignorent maintes données fondamentales. Mais ils ignorent leur ignorance. Sans doute serait-il utile de repérer d’autres cas quasi massifs d’ignorance ignorée au sein de notre société. En tout état de cause, il serait bon que des chercheurs s’intéressant aux questions d’information, de sociologie, de psychologie et de linguistique explorent plus avant le terrain que nous avons essayé de défricher. La connaissance de l’être humain ne pourrait qu’y gagner.


    Merci à Pierre Debouxhtay, Regis Dericquebourg et Anne-Cécile Bégot d'avoir fait ce travail sur l'antoinisme, même s'il reste, comme pour l'espéranto, beaucoup de contre-vérité à extirper des cerveaux.

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La Révélation est un ''mythe''

Publié le par antoiniste

    Dans la pensée de ses auteurs, le mythe a pour but de matérialiser et d'habiller de palpable, de visible, de mouvementé et de dramatique des intuitions, des conjectures, des idées, de soi désincarnées et conceptuelles, pour nous les communiquer : dans l'imaginaire, et non pas dans l'abstrait. Il n'enregistre pas des constatations, mais des explications. Par le conte qu'il nous fait, il nous suggère la situation ou la suite de conjonctures qui, en aboutissant à l'état de choses mis en questions, en rend suffisamment raison pour satisfaire notre désir de connaître : ce n'est qu'un "récit vraisemblable", comme écrivait Platon (Timée, 29d). C'est parce que l'auteur du Poème du Supersage [des Mésopotamiens] avait la conviction qu'il existait dans l'homme, outre le corps terrestre et périssable, quelque chose de supérieur et qui jusqu'à un certain point dépasse sa nature, qu'il a forgé son histoire de sang d'un dieu pétri avec de la glaise. Ut littera sonat, c'est une narration qu'il nous fait là ; mais elle n'est, en réalité, que le support d'une explication. Incapables encore d'accéder à la pensée abstraite et scientifique et livrée à la seule force de leur imagination, sans disposer, pour éclairer leurs doutes, d'autres données que concrètes, individualisés et fictives, les auteurs des mythes s'en sont servis pour calculer et construire des situations imaginaires qu'ils ont adaptées aux propres données de leur problèmes, comme on l'a vu aux exemples plus haut cités, et éclairer ainsi d'autant mieux ces incertitudes. L'histoire qu'ils racontent, ils ne prétendent pas le moins du monde l'avait "constatée", de visu, ou par ouï-dire, comme le ferait l'auteur d'un authentique rapport historique : ils pensent seulement que, sans elle, ou quelque chose d'approchant, la question posée demeurerait sans réponse. [...]
    Le récit du "Péché originel" le démontre clair comme le jour : moyennant sa foi et son admiration pour son Dieu, le Yahviste avait réfléchi, et compris le premier ce dont l'histoire était déjà en pleine et ce dont nous voyons depuis, tous les jours autour de nous, des illustrations plus ou moins cruelles, sanglantes et insupportables, c'est à savoir que l'Homme est le seul responsable de ses propres malheurs. Il devrait le savoir, il le sait ; il devrait donc se garder d'errements aussi funestes ; il y retombe sans cesse et il n'arrête pas de se replonger ainsi dans l'infortune et le désespoir, comme si, enté sur sa nature, un archaïque atavisme de faiblesse et de propension à mal faire l'y inclinait toujours et sans qu'il ait jamais pu trouver encore lui-même de remède à cette façon d'impuissance native. Voilà, bien au-delà du mot à mot de cette histoire de Jardin, de Fruit défendu, de Serpent tentateur, de Femme qui succombe et persuade son Homme de l'imiter, voilà la vérité profonde et éternelle que le vieux Yahviste avait découvert et qu'il nous a transmise. Et qui ne serait d'accord avec lui ?

Jean Bottéro, Le récit du péché originel, p.284-85 & p.291
Naissance de Dieu, La Bible et l'historien
Folio / histoire, Paris, 1992

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Les enfants mal soignés avec les médicaments en vente libre

Publié le par antoiniste

Les enfants mal soignés avec les médicaments en vente libre
30.08.10 - 07:13

La santé de nombreux enfants est mise en danger par le mauvais usage que font leurs parents des médicaments vendus sans ordonnance, a indiqué lundi une équipe de chercheurs de l'univerité de Sydney.

"De nombreux enfants sont mis en danger par un usage excessif de la part de leurs parents de médicaments pour la fièvre, la toux et les rhumes, disponibles sans ordonnance", conclut l'étude présentée à Lisbonne lors d'une conférence de la Fédération internationale pharmaceutique. "Nous avons été surpris et inquiets de découvrir que certains pensaient que les médicaments étaient sans danger car ils peuvent être achetés sans ordonnance", a déclaré dans un communiqué Rebekah Moles, en charge de l'enquête réalisée auprès de 97 parents et employés de garderies en Australie.

Placés devant plusieurs scénarios, "44% des participants auraient donné une dose incorrecte, et seulement 64% auraient été capables de mesurer avec précision la dose qu'ils avaient l'intention d'administrer". "Seulement 14% des participants ont su réagir correctement face à un cas de de fièvre", ont établi les chercheurs.

Selon le rapport annuel 2008 du Centre d'information sur les poisons de la région australienne de la Nouvelle-Galles du Sud, 48% des 119.000 appels reçus concernaient un "surdosage accidentel d'enfants", dont 15% ont dû être hospitalisés, soulignent les auteurs de cette étude. "L'Australie n'est probablement pas un cas isolé", estiment les enquêteurs, convaincus que "l'usage inapproprié de médicaments chez les enfants est répandu dans le monde".

Belga

source : http://www.rtbf.be/info/articles/les-enfants-victimes-du-mauvais-usage-de-medicaments-sans-ordonnance

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Maxence van der Meersch - Une idole de notre époque

Publié le par antoiniste

    Les nécessités de la production, cette idole de notre époque, lui imposeront la vie dans les villes, une oxygénation pulmonaire effroyablement insuffisante, des horaires de travail absurdes (travail de nuit, travail par brigades de huit heures qui laissent des loisirs trop long parce qu'on a tendance à en abuser). Horaires bousculés à tout bout de champ, soit pour assurer la relève d'une équipe, soit pour satisfaire aux complications de la production d'énergie électrique. [...] Il vivra dans un décor de faubourg, dans le fracas d'une grande cité, sans autres distractions possibles que le cinéma, la T.S.F. et le café. Une publicité démesurée lui implantera dans le crâne les vertus de la « Gitane » ou de la « Celtic », du rhum Négrita, de la margarine, des fortifiants pharmaceutiques, des conserves, des charcuteries, des confiseries, de la Coca-cola ou de l'Aspro. Il sera pour toute sa vie le prisonnier de la ville, paralysé par le manque d'argent, de connaissances, d'expérience, par les enfants à élever, par peur d'un risque énorme à courir s'il lâche son gagne-pain sans l'absolue certitude de pouvoir s'adapter à une existence nouvelle. La majeure partie des ouvriers n'a jamais plus, de vant elle, que la valeur du gain d'une semaine. Allez, dans ces conditions, dire à un homme de retrourner à la terre ! Allez simplement lui dire d'ajouter des fruits, des entremets, du fromage, des salades, du beurre frais, à ses menus ! La malheureuse qui court de l'usine à sa maison pour fricasser hâtivement sur un réchaud le repas de ses gosses, ne serait-ce pas insulter à sa misère que d'exiger d'elle le long et minutieux épluchage et la lente cuisson des légumes, des fruits ? Le peuple est l'esclave de la production. Peut-être jouira-t-il plus tard, dans quelques générations, du résultat de l'esclavage présent. Je ne sais. L'habitude d'inverser les termes et de faire de l'homme le serviteur de la machine semble désormais terriblement ancrée dans les esprits, et n'y éveille même plus la moindre révolte. En attendant, en tout cas, entre le sacrifice de la production et le sacrifice du producteur, le choix est invariable et immédiat.

Maxence van der Meersch, Pourquoi j'ai écrit « Corps et Âmes », p.257-58
(Histoire et théories du Dr Paul Carton) - Albin Michel, Paris, 1956

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Soigner au XIXe siècle, médecine et thérapeutique des ''simples''

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    Faute de pouvoir soigner les maladies, la médecine du XIXe siècle s'est employée à les prévenir. D'où le rôle central qu'y joue l'hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d'infection qui minent la société, elle s'étend à tous les domaines : égouts et voiries, orientation et hauteur des bâtiments, alimentation et travail, pollution industrielle et urbaine, prisons, casernes, hôpitaux, mais aussi prostitution, alcoolisme, crimes, suicides, etc.
Les préconisations des hygiénistes sont toujours les mêmes : faire circuler l'air et l'eau, désinfecter, vacciner. Mais ces avis ne sont pas toujours suivis d'effets. Dans nombre de pays européens, la vaccination et la revaccination sont obligatoires.
Quatrième de couverture de : Gérard Jorland, Une Société à soigner, Hygiène et salubrité publiques en France au XIXe siècle, 368 pages, Collection Bibliothèque des Histoires, Gallimard, 2010
source :  http://www.gallimard.fr/Vient_de_paraitre/gallimard-cgi/appliv1/ind_ouvrage?ouvrage=0010066784006407303300000

    « Au demeurant, les méthodes médicatrises des gens de l’art de ce pays ne sont guères plus compliquées que celle des bergers de la montagne ; elle consistent dans ces trois choses, purger, saigner, et diète absolue : la saignée est surtout en si grande vogue, que, comme les médecins ne savent que l’ordonner et ne la pratiquent pas, ce sont les chirurgiens qui, en concurrence avec les rebouteurs pour les cas chirurgicaux, extrêmement rares, qui se présentent, sont presque les seuls en possession de la médecine interne » (François-Emmanuel FODERE, Voyage aux Alpes-Maritimes, Tome Second, op. cit., p. 293-294.).
source : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/45/52/43/PDF/La_pratique_medicale_dans_les_Alpes-Maritimes_au_XIXe_siecle_ou_l_idee_d_une_medecine_a_plusieurs_visages.pdf.

    Tandis que la médecine se détache définitivement de la philosophie pour entrer dans l'ère moderne, la somme des connaissances et des découvertes médicales acquises entre 1800 et 1895 dépasse celle qui a été accumulée pendant les millénaires antérieurs. La clinique, la chirurgie et la physiologie progressent à pas de géant, laissant toujours à la traîne la thérapeutique, qui devra attendre le XX e  siècle pour devenir crédible. Pourtant, en moins d'un siècle, l'examen clinique, l'anesthésie, l'antisepsie, la bactériologie et, enfin, la radiologie bouleversent le pronostic médical et permettent d'allonger l'espérance de vie. [...] 
    Le chemin parcouru par la médecine au cours du XIX e  siècle est immense, surtout en physiologie et en clinique. En un siècle, les nosographies confuses et les systèmes auront disparu au profit d'une médecine objective, à laquelle manque encore la réussite thérapeutique, car de grands fléaux - tuberculose, fièvre typhoïde, grippe, choléra, peste - ravagent encore le monde.
source : http://www.memo.fr/article.asp?ID=THE_SCI_007#Som5

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Ludwik Lejzer Zamenhof (Doktoro Esperanto) - Prière sous le drapeau vert

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Prière sous le drapeau vert


Toi, ô puissant mystère invisible,
Force immense qui régit le monde,
Toi, grande source d’amour et de vérité
Et source constante de vie,
Toi, que tous s’imaginent différemment,
Mais que tous sentent également dans leur cœur,
Toi qui crée, Toi qui règne,
Aujourd’hui, nous Te prions.

À Toi, nous ne venons pas avec une foi nationale,
Avec des dogmes d’une aveugle ferveur :
Toute discussion religieuse se tait maintenant
Et seule règne la foi de notre cœur.
Avec elle qui, chez tous, est la même,
Avec elle qui est vraie et librement consentie,
Nous voici, fils de l’humanité entière,
À Ton autel.

L’humanité, Tu l’as créée parfaite et belle,
Mais elle s’est divisée par les combats ;
Un peuple en attaque cruellement un autre,
Un frère attaque son frère, tel un chacal.
Ô ! qui que tu sois, force mystérieuse,
Écoute la voix d’une prière sincère,
Rends la paix aux enfants
De la grande humanité !

Nous avons juré de travailler, nous avons juré de lutter
Pour réunir l’humanité.
Soutiens-nous, ô Force, dans nos chutes,
Et laisse-nous vaincre l’obstacle :
Accorde Ta bénédiction à notre labeur,
Accorde Ta force à notre ferveur,
Qu’à jamais, contre les attaques barbares,
Nous résistons courageusement.

Le drapeau vert, nous le tiendrons bien haut ;
Symbole de bonté et de beauté.
La Force mystérieuse du monde nous bénira,
Et nous atteindrons notre but ;
Entre les peuples, nous détruirons les murailles,
Elles craqueront et elles crouleront
Et tomberont pour toujours, et l’amour et la vérité
Règneront sur la terre.

Que les frères s’unissent, que les mains se tendent.
En avant, avec des armes pacifiques !
Chrétiens, juifs ou musulmans,
Nous sommes tous les fils de Dieu.
Souvenons-nous toujours du bien de l’humanité
Et, malgré l’insuccès, sans halte ni repos,
Au but fraternel, marchons obstinément.
En avant, jusqu’au bout.

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Fin de vie d'Auguste Comte

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    Dans ces dernières années, Auguste Comte s'était, on l'a vu, condamné à un régime sévère, que certains croient dicté parle désir de ménage son estomac et de conjurer la vieillesse : un bol de lait le matin, chaud l'hiver, froid l'été, avec soixante grammes de sucre et autant de pain. A six heures de relevée, cent grammes contrôlés de viande et des légumes. Pas de vin, sauf en cas de faiblesse déclarée. Mais d'autres, et ce sont les plus véridiques, assurent qu'il s'imposait ces restrictions pour participer aux privations que subit, sur cette triste planète, la foule innombrable des pauvres. Certains riches, comme les Goncourt, ont troué cela ridicule...

    Bien qu'on le trouvât vieux, il n'avait pas atteint la soixantaine. Il endura près de trois mois sa dernière maladie dont on discute si ce fut une affection du foie ou quelque tumeur maligne. Pour se soigner, comme pour soigner Clotilde, il avait encore prétendu, en raison de ses études de jeunesse et de son omniscience naturelle, suppléer les médecins. Il tomba un soir au pied du fauteuil de Clotilde et ne se releva point du minuscule canapé où l'on avait étendu son petit corps.

    Auguste Comte conclut [son testament] sur cette profession de foi, dont le lecteur jugera si elle n'exprime point, avec un détraquement sublime de l'esprit, une fidélité poignante du coeur, plus forte que la mort :
    " L'ensemble de [mes] espérances me paraît déjà confirmé par un sensible accroissement de l'harmonie sans exemple que mon éternelle compagne établit entre ma vie privée et ma vie publique, également concentrées vers l'Ange méconnu. Mon existence étant ainsi devenue plus semblable à la sienne, je sens diminuer la distance résultée de mon objectivité (cela veut dire : de mon maintien en vie sur la terre), qui seule empêche les âmes vulgaires de voir le double fondateur du positivisme comme le verra la postérité. Notre parfaite identification deviendra la meilleure récompense de tous mes services, peut-être même avant que la bannière universelle vienne solennellement s'incliner sur notre commun cercueil.
    " Terminé le jeudi 11 Bichat 67 (13 décembre 1855). " (Cachet sacerdotale).

André Thérive, Clotilde de Vaux, ou la déesse morte,
Chap. XXIII Où s'en va toute chair, p.265-66, p.270, p.274
Albin Michel, Paris, 1957

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