La Révélation, La charité bien comprise, p.44
Le Père Antoine et les Antoinistes (La Gazette provençale, 29 janvier 1949)
A TRAVERS AVIGNON
LE PERE ANTOINE ET LES ANTOINISTES
Il y a quelques années, sur le boulevard Saint-Michel, nous aperçûmes deux couples qui allaient prendre l'avenue Monclar. Les hommes portaient chacun un gibus et une redingote, les femmes strictement vêtues de robes noires arboraient sur la tête un béguin de même couleur, Les passants s'imaginèrent que ces gens à l'aspect sévère dans leurs habits de cérémonie, se rendaient probablement à des obsèques. Pas du tout, il s'agissait d'adeptes de la religion Antoiniste domiciliés à Orange, où la secte venait d'installer un petit temple.
L'Antoinisme, du nom de son fondateur Louis Antoine né à Liège en 1816, a été créé au début du vingtième siècle, à la suite d'une dissidence avec la Fédération Spirite Belge.
Le père Antoine est mort en 1912, laissant sa succession à sa femme et à un de ses disciples, lesquels, en 1913, inaugurèrent un temple à Paris et un autre à Monaco.
Cette religion, basée sur les principes du spiritisme, a de nombreux adeptes en Belgique et dans le Nord de la France, mais en Vaucluse elle n'en a pas beaucoup.
Les Antoinistes sont des végétariens, mais ils n'aiment guère les animaux, puisqu'il leur est interdit d'en avoir chez eux. « L'animal, disait Antoine, n'est pas digne d'avoir sa demeure où résident les humains ».
La moral Antoiniste conseille d'aimer son prochain comme soi-même. C'est là un précepte qui n'a rien d'inédit puisqu'il a été énoncé voilà deux mille ans.
Le père Antoine a dit également qu'il fallait croire à la réincarnation : « L'âme imparfaite reste incarnée jusqu'à ce qu'elle est surmonté son imperfection... Avant de quitter le corps qui se meurt, l'âme s'en est préparé un autre pour se réincarner... Nos êtres chéris soi-disant disparus ne le sont qu'en apparence, nous ne cessons pas un instant de les voir et de nous entretenir avec eux. La vie corporelle n'est qu'une illusion ».
Tel est le principal de la doctrine Antoiniste, qui comprend des préceptes du Christianisme et de la philosophie spirite.
Antoine fut aussi un guérisseur réputé. Il avait inventé « l'eau magnétisée », capable, d'après lui, d'apporter un soulagement aux différentes sortes de maladies.
La Gazette provençale, 29 janvier 1949
L'Antoinisme dans le roman (Le Soir, 27 juin 1932)(Belgicapress)
L'ANTOINISME DANS LE ROMAN
Dans « La Vie wallonne » (12, rue Saint- Mathieu, Liége), M. Pierre Landelies, à propos d'un livre : « Sans Ame », publié naguère par M. André Thérive, parle de l'antoinisme dans le roman :
Religion éclose sur les coteaux de Meuse, à quelques kilomètres de la Cité, l'antoinisme porte en soi les marques du paysage qui l'a vu naître. A la douceur des ciels gris appuyés sur les collines roses succèdent les nuits traversées des lueurs ardentes et cyclopéennes des hauts fourneaux au travail : étrange union des contraires, spiritualité et matière mêlant leur rythme en un perpétuel acte de foi pour créer la vie. Ainsi l'antoinisme : religion de foi simple et fruste, sans grand apparat, entourée d'une spiritualité assez vague et informe pour plaire aux humbles et les conquérir. Religion touchant à la lumière en la niant. Il serait assez curieux de rechercher ce que l'antoinisme doit aux autres religions et philosophies, depuis Epictete jusqu'à Allan Kardec, amalgame d'idées hétéroclites et parfois contradictoires. Il serait plus intéressant encore de suivre, dans la foule souffrante à qui il s'adresse, son influence ascendante.
Le Soir, 27 juin 1932
Henri Lormier - Méditation (Le Fraterniste, 1er août 1931)
MEDITATION
Dans son ignorance des lois de l'esprit, l'humanité est torturée par la souffrance.
Ce ne sont que plaintes, lamentations et gémissements et il s'y ajoute bien souvent la révolte contre Dieu.
Et pourtant on dit que Dieu est bonté même, c'est l'Amour parfait, c'est la Justice suprême !
L'homme est sourd et aveugle, il a Dieu en lui, il ne l'entend pas, il baigne dans la lumière, il ne la voit pas ! Pourquoi ?
Il n'a ni bonté, ni amour, il n'est qu'égoïsme. Pour éloigner le mal, l'épreuve, il faut savoir aimer. La conscience, Dieu-en-nous, nous le crie sans cesse. Ecoutons-la. H.[enri] LORMIER
Le Fraterniste, 1er août 1931
Fronton du temple de Vichy
Un temple antoiniste à Esch (L'Indépendance luxembourgeoise, 1er octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)
Un temple antoiniste à Esch
Les lecteurs de l'Indépendance Luxembourgeoise ont lu avec intérêt les articles publiés en juillet dernier par un de nos collaborateurs sur la secte des Antoinistes et son chef. On sait que ce dernier a été condamné, il y a quelque temps, par les tribunaux, pour exercice illégal de la médecine.
Nullement découragés, les Antoinistes, nombreux à Esch, ont fondé un Cercle d'Etudes où seront faites des conférences sur les principes fondamentaux du dogme antoiniste : amour, mémoire, conscience, foi et confiance. Ces conférences s'étendront dans le domaine métaphysique et s'occuperont également de spiritisme, d'apparitions, etc.
Suivant un bruit qui court avec persistance, les Antoinistes auraient en outre en vue la construction d'un temple à Esch. En effet, le Conseil Municipal de la Métropole minière a été saisi dans sa séance du 27 septembre d'une requête de la communauté antoiniste d'Esch demandant l'autorisation d'ériger un temple et de faire, au cours de leurs réunions, des collectes destinées à rassembler les fonds nécessaires à cette construction. A cette occasion, le bourgmestre d'Esch, M. Wilhelm, fit une déclaration suivant laquelle, la liberté du culte étant garantie, il n'existait aucun motif pour repousser cette demande.
L'Indépendance luxembourgeoise, 1er octobre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)
Temple de Jemeppe - les jetons pour la consultation
Temple Antoiniste de Liège (FB Martine Kervagoret)
Temple Antoiniste de Liège (FB Martine Kervagoret)
Anton der Heiler (Westdeutsche Landeszeitung, 10.7.1912)
* Anton, der Heiler. In Lütticher Blättern ist zu lesen: Am 25. v. Mts. starb im nahen Jemeppe eine auch über Belgien hinaus bekannte Persönlichkeit: Anton, der Heller. Mit ihm ist jedenfalls ein ganz sonderbarer Seltenstifter aus dem Leben geschieden. Antoine Louis – so lautete der wirkliche Name des Verstorbenen – war 1846 in dem 11 Kilometer von Lüttich entfernten Dorfe Mons-Crotteux als Sohn kleiner Ackersleute geboren. Er genoß nur mangelhaften Volksschulunterricht und konnte, da er schon früh auf einer Kohlengrube arbeiten mußte, kaum lesen. 1869 wurde er Soldat und kam im folgenden Kriegsjahre als solcher an die französische Grenze. Dort erlebte er einen Zwischenfall, der einen tiefen und dauernden Eindruck auf ihn machte: bei einer Uebung fiel plötzlich ein scharfer Schuß, durch den ein Soldat getötet wurde. Bei Nachforschungen aber die Herkunft des Schusses trat Louis vor und meldete, daß sich sein Gewehr von selbst entladen habe. Man glaubte ihm und er blieb unbestraft. Nach seiner Entlassung kehrte er nach Mons-Crotteux zuruck, arbeitete zunächst als Maschinist auf einer Kohlengrube in Flemalle, heiratete dann, fand eine Stelle auf einer belgischen Grübe in Stolberg bei Aachen und eröffnete vier Jahre später in Jemeppe ein Gemüsegeschäft, das er aber bald wieder aufgeben mußte. Auf Grund eines neuen Vertrages mit der Stolberger Grube erhielt er dann eine Meisterstelle in Praga bei Warschau, wo seine Frau mit Erfolg ein Kosthaus betrieb. In Warschau hatte Louis durch Verkehr mit einigen anderen geistesverwandten Arbeitern Lust am Lesen sowie an der Erörterung religiöser und wirtschaftlicher Fragen gefunden und Bekanntschaft mit der damals viel verbreiteten Kampherbehandlung des französischen Arztes Raspail gemacht, die auch er versuchte und durch die er sich den Ruf eines Heilkundigen erwarb. In Warschau aber hatte er auch der gewaltsamen Unterdrückung eines Aufruhrs beigewohnt, bei der Leute auf öffentlichen Plätzen erhängt wurden und die geängstigte Bevölkerung Heiligenbilder an den Fenstern ausstellte, um sich vor der Wut der Soldaten zu schützen. Dadurch entwickelte sich in ihm der Gedanke, die menschliche Gesellschaft durch „Güte“ von den vorhandenen Wickständen zu erlösen. Er kam nach Belgien zurück, wurde Versicherungsagent, fand in Seraing einen Freund, mit dem er ein in Tilleur bei Seraing gelegenes kleines, aber sehr geachtetes Wirtshaus besuchte, dessen Inhaber Spiritist war, und wohnte den dortigen Sitzungen bei. Louis war in dem kleinen Klub alsbald der „Millionär“. Er kaufte spiritistische Werke, gründete eine Büchersammlung, versammelte die Anhänger in einem seiner Häuser in Jemeppe – er hatte dort inzwischen drei Grundstücke erworben – und brachte es zu einer Gruppe der „Wintzer im Herrn“. Sein Freund gründete ein kleines Blatt, „Le Tombeau“, das nur ein Jahr lebte, inzwischen in eine heiße Fehde mit dem evangelischen Pfarrer von Seraing geriet und schließlich einging, weil sein Herausgeber dem Spiritismus Lebewohl jagte und in das politische Leben trat (er hat darin heute eine verhältnismäßig bedeutende Rolle erreicht). Darüber erkannte Anton der Heiler seine eigentliche Bestimmung und fand seinen eigenen Weg: er erinnerte sich, daß man ihm in Rußland gejagt habe, daß die Macht des Willens Krankheiten heile, und verlegte sich auf die sogenannte Gesundbeterei. Daß er dabei durch Suggestion Erfolge erzielte, ist zweifellos. Anton der Heiler war ein höchst einfacher Mensch, dem jede Anlage zu falschen Vorspiegelungen fehlte und der an sich selbst glaubte. An eine Ausbeutung Leichtgläubiger hat er nie gedacht; dagegen wirkte er wie seine Frau Gutes, wo er konnte. So nahm er, als sein einziger Sohn im Alter von 20 Jahren starb, zwei Waisen an Kindesstatt an. Eine durch ihn geheilte Pariserin schenkte 20 000 Franks für einen in Jemeppe zu errichtenden Antonistentempel, wozu sich bald weitere Gaben aus den verschiedensten Gegenden Europas gesellten. Die von Anton dem Heiler gegründete Zeitschrift „L'Aureole de la Conscience“ erfreut sich eines weiten Leserkreises. Sie wird, wie sonstige Antonistenschriften und Flugblätter in einer mit dem Tempel verbundenen Druckerei hergestellt. Am Tempel in Jemeppe, in dem die Leiche Antons aufgebahrt wurde, hängt folgender Maueranschlag: „Brüder! Der Verwaltungsrat des Antonistenkultus macht bekannt, daß sich Vater heute morgen, den 25. Juni, seiner körperlichen Hülle entledigt hat. Bevor er seinen Leib verließ, berief er seine Jünger noch einmal zu sich, um ihnen zu erklären, daß ihn Mutter in seiner Mission vertreten und stets seinem Beispiel folgen wird. Es bleibt also alles unverändert. Mutter wird zu den allgemeinen Heilhandlungen an den vier ersten Tagen jeder Woche um 10 Uhr die Tribüne besteigen. Die Beerdigung Vaters wird Sonntag, den 30. Juni, um 3 Uhr, stattfinden. Der Verwaltungsrat.“ Zu dem Begräbnis des Wundermannes waren riesige Menschenmassen von nah und fern nach Jemeppe geeilt, so daß der ganze Ort überfüllt war. Die Zahl der Teilnehmer an dem Leichenzuge, in den die Antonisten in „Uniform“ - langer schwarzer Levitenrock, halbhoher flacher schwarzer Filshut - stark vertreten waren, wird auf 15 000 geschätzt.
Westdeutsche Landeszeitung, 10.7.1912
Traduction :
* Antoine, le guérisseur. On peut lire dans des feuilles liégeoises : Le 25 mars, une personnalité connue au-delà de la Belgique, Antoine le guérisseur, est décédé à Jemeppe. Avec lui, c'est en tout cas un rare personnage tout à fait singulier qui a quitté la vie. Antoine Louis – tel était le vrai nom du défunt – était né en 1846 dans le village de Mons-Crotteux, à 11 kilomètres de Liège, comme fils de petits paysans. Il n'a reçu qu'une éducation primaire insuffisante et, ayant dû travailler très tôt dans une mine de charbon, il savait à peine lire. En 1869, il devint soldat et se rendit en tant que tel à la frontière française pendant la guerre suivante. C'est là qu'il vécut un incident qui le marqua profondément et durablement : lors d'un exercice, il y eut soudain un tir à balles réelles qui tua un soldat. Lors d'une enquête sur l'origine du coup de feu, Louis se présenta et annonça que son fusil s'était déchargé de lui-même. On l'a cru et il est resté impuni. Après sa libération, il retourna à Mons-Crotteux, travailla d'abord comme machiniste dans une mine de charbon à Flemalle, puis se maria, trouva un emploi dans une mine belge à Stolberg près d'Aix-la-Chapelle et ouvrit quatre ans plus tard un magasin de légumes à Jemeppe, qu'il dut bientôt abandonner. En vertu d'un nouveau contrat avec la mine de Stolberg, il obtint ensuite un poste de maître à Praga, près de Varsovie, où sa femme tenait avec succès une cantine. A Varsovie, Louis avait pris goût à la lecture et à la discussion de questions religieuses et économiques grâce à la fréquentation de quelques autres ouvriers à l'esprit proche, et il avait fait connaissance avec le traitement au camphre du médecin français Raspail, très répandu à l'époque, qu'il avait également essayé et grâce auquel il avait acquis une réputation de guérisseur. Mais à Varsovie, il avait également assisté à la violente répression d'une émeute, au cours de laquelle des personnes avaient été pendues sur les places publiques et la population effrayée avait exposé des images de saints aux fenêtres pour se protéger de la colère des soldats. C'est ainsi que s'est développée en lui l'idée de racheter la société humaine des maux existants par la "bonté". Il revint en Belgique, devint agent d'assurance, trouva un ami à Seraing, avec lequel il fréquenta une petite auberge très respectée, située à Tilleur près de Seraing, dont le propriétaire était spirite, et assista aux séances qui s'y tenaient. Louis devint rapidement le "millionnaire" de ce petit club. Il acheta des ouvrages spirites, fonda une collection de livres, rassembla les adeptes dans l'une de ses maisons à Jemeppe – il y avait entre-temps acquis trois terrains – et en fit un groupe de "Vignerons du Seigneur". Son ami fonda un petit journal, "Le Tombeau", qui ne vécut qu'un an, entra entre-temps dans une chaude querelle avec le pasteur protestant de Seraing et finit par disparaître parce que son éditeur fit ses adieux au spiritisme et entra dans la vie politique (il y a aujourd'hui atteint un rôle relativement important). Antoine le Guérisseur reconnut alors sa véritable vocation et trouva sa propre voie : il se souvint qu'on l'avait chassé en Russie, que le pouvoir de la volonté guérissait les maladies, et se lança dans ce qu'on appelle la prière de guérison. Il ne fait aucun doute qu'il y parvenait par la suggestion. Antoine le guérisseur était un homme très simple, dénué de toute prédisposition aux faux semblants et qui croyait en lui-même. Il n'a jamais pensé à exploiter les crédules ; en revanche, comme sa femme, il faisait le bien là où il le pouvait. Ainsi, lorsque son fils unique est mort à l'âge de 20 ans, il a recueilli deux orphelines à l'adoption. Une Parisienne guérie par lui offrit 20 000 francs pour la construction d'un temple antoiniste à Jemeppe, auxquels s'ajoutèrent bientôt d'autres dons provenant des régions les plus diverses d'Europe. La revue "L'Auréole de la Conscience", fondée par Antoine le Guérisseur, jouit d'un large cercle de lecteurs. Elle est produite, comme les autres publications et les tracts antoinistes, dans une imprimerie liée au temple. Le temple de Jemeppe, où le corps d'Antoine a été déposé, porte l'inscription suivante : "Frères ! Le Conseil d'administration du culte Antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui, mardi matin, 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à recevoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère Le remplacera dans sa mission. Il n'y a donc rien de changé. Mère montera à la tribune pour les opérations générales, les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin, à 3 heures". Pour les funérailles du miraculé, des foules immenses, venues de près et de loin, s'étaient précipitées à Jemeppe, si bien que tout le village était bondé. On estime à 15 000 le nombre de participants au cortège funèbre, dans lequel les Antoinistes étaient fortement représentés en "uniforme" – longue lévite noire, chapeau plat de feutre noir à mi-hauteur.
Journal régional d'Allemagne de l'Ouest, 10 juillet 1912