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Roux - Intérieur de l'Ecole Morale. Surnommée le Temple de la vertu

Publié le par antoiniste

Roux - Intérieur de l'Ecole Morale. Surnommée le Temple de la vertu

    Le commentaire de M. Henri Paulissen m'a poussé à préciser un peu plus ce que l'on peut voir. Voici quelques informations concernant cette image égrainées sur les articles concernant le Père Dor.

    L’ECOLE MORALE
    Il y a quatre ans déjà, il bâtit à Roux un « temple » simple salle adossée à un cabaret. Les « fidèles » sont venus nombreux et tout récemment, le 1er novembre dernier, on inaugurait un nouveau temple, celui-ci très vaste, situé à côté de l'ancien. C'est une construction en briques, de 30 mètres de long, sur près de 90 de large, couverte d'un toit au milieu duquel s'ouvre un large lanterneau et que domine une inscription en lettres blanches : « L'Ecole morale ». Toute la semaine, les pèlerins affluent, pour consulter le Père Dor, qui leur prodigue de bonnes paroles et, par son « fluide », guérit tous leurs maux.
    Le dimanche après-midi, le Père Dor procède à une opération générale, fais agir le fluide sur l’assistance qui remplit le temple, puis répond à toutes les questions qu'on lui pose. Le confrère qui a assisté à la consultation dimanche dernier raconte en ces termes ce qu'il a vu et entendu :
    Une large salle blanchie à la chaux, éclairée par un lanterneau sous lequel on remarque l'armature de fer de la toiture, chauffée à l'excès par deux énormes calorifères. Sur les vastes murs nus quelques inscriptions soulignées de bleu, encadrées de chêne clair, dans ce goût-ci : « Le Père Dor donne à ses enfants de bon, de beau soulagements. » Il y a là, assises sur les bancs jaunes, plus de 600 personnes. L'atmosphère est étouffante. Il monte de cette foule une odeur de corps malades et en sueur, de vêtements mouillés.
L'Égalité de Roubaix-Tourcoing, 11 janvier 1913

    La grande salle de réunion mesure environ 25 mètres sur 15. Trois gros calorifères donnent une chaleur douce, mais qui bientôt ne tardera pas à devenir suffocante.
    Le local manque de dégagement. Deux portes relativement étroites, dont l'une réservée à l'accès à d'autres pièces du bâtiment, devront servir à évacuer une assistance de plus de deux mille personnes.
    Aspect très sobre, murs blancs dans l'épaisseur desquels sont ménagés des panneaux rompant l'uniformité. Pas de fenêtre, le jour arrive à profusion d'une verrière servant de couverture à l'édifice.
    A l'un des bouts de la salle est établie une chaire d'où le Père Dor parlera. Cette chaire est surmontée d'un abat-son conforme aux prescriptions d'une acoustique bien étudiée.
    En dessous de la chaire, un bureau où prendront place les secrétaires chargés du service sténographique.
La Gazette de Charleroi, 2 novembre 1912

    Le dimanche après midi, a lieu au temple de Roux – un vaste temple tout neuf inauguré il y a quelques mois — un office qui s'ouvre par une « opération générale » — le Père fait agir les fluides sur l'assistance — suivie d'une consultation. L'un de ces derniers dimanches, nous avons assisté à un de ces offices. Il y avait là plus de 600 personnes. Le Père Dor était debout dans une vaste chaire haut suspendue, dans une attitude de profond recueillement. A chaque instant, un fidèle, se levant, rompait le silence et, d'une voix tremblante, posait au Père une question.
Excelsior, 13 janvier 1913

    "Une tribune imposante a été dressée devant la chaire d'où parlait le Père dans ses instructions antérieures. Des tentures de drap vert la garnissent, et de nombreuses gerbes de fleurs - modestes hommages des personnes reconnaissantes - en jonchent les gradins étagés. Cette décoration est à la fois simple et grandiose."
Réunion du Jour de la Toussaint, Compte Rendu de la Grande Opération pour les vivants et les Morts qui s'effectue tous les ans, à l'occasion de l'inauguration de L'ÉCOLE MORALE située à Roux (Hainaut-Belgique), 1914, pp.29-30

    – Allez donc interviewer le Père Dor qui officie 344, rue du Moulin, Uccle-Saint-Job. Très intéressant ! …
        Un petit bâtiment en briques rouges, propre, fort avenant : „Ecole morale”. C'est là qu’il habite... Une tête de femme derrière un judas... La porte s'ouvre... Me voici dans une sorte de chapelle laïque... Des bancs, des murs blanchis à la chaux. Une pancarte : „Christ parle à nouveau... Pour jouir de la véritable vie, un seul remède, l'amour de soi-même, c'est-à-dire l'amour de la perfection”. Au fond, un grand tableau : un homme, une sorte de moujik tout de noir vêtu, cheveux retombants, barbe étalée, donne une consultation à une femme qui porte dans ses bras un enfant souffreteux. Ce doit être „le Père” ; ce doit être Lui... C'est intitulé : „le Messie nouveau”.
    Une porte s'ouvre... Le moujik apparaît. Je pénètre dans une pièce grande comme une cellule de trappiste. Le „Père”, souriant, m'avance un siège... Il est habillé de noir ; des fils argent ourlent la barbe ; les cheveux ne retombent plus sur les épaules. Physionomie empreinte d'une grande douceur...
La Belgique, 10 novembre 1916

    Les bâtiments de Roux sont évalués à 55,000 francs. Dor consacre 18,000 francs à sa nouvelle installation, et destine le surplus des 55,000 francs (les bâtiments ont été mis en vente) à l’Ecole des estropiés de Charleroi „que je considère, dit Dor, comme la plus belle œuvre du monde”.
La Belgique, 19 novembre 1916

    …Le Père et ses apôtres pénètrent dans le temple où se trouvent massées 12 à 1500 personnes.
    Sans perdre une seconde, il escalade la chaire, d'où, autrefois, il procédait aux « opérations générales » et harangue l'assistance.
    Nous arrivons juste au moment où il dit :
   « Soyez sans crainte, le Père dort bien, le Père mange bien, le Père bois bien, le Père a la conscience nette, et s'il a été condamné à 16 mois de prison et au remboursement que vous savez, c'est pour avoir été trop honnête, c'est pour n'avoir pas satisfait certaines femmes dans des désirs que je n'ose pas dire.
L'écho de la presse internationale, 31 décembre 1916

    En outre, il a vendu pour 16.800 francs la petite propriété qu'il possédait à Roux.
L'écho belge, 8 novembre 1917

    Bien que le « père Dor » soit probablement toujours en vie, le Dorisme est tout à fait oublié de Roux et les bâtiments étaient occupés par un cloître pour religieuses.
Frans Stefaan Z.E.H. Pastoor Verlinden, Het Antoinisme : zijn ontstaan, zijn ziekenbehandeling, zijn godsdienst en zijn eeredienst, Geloofsverdediging (Antwerpen), Veritas (Gand), Godsdienstige en sociale trakten, nummer 8, 1929, p.7


    À titre de comparaison, le temple de Jemeppe peut contenir 1500 personnes (grâce aux galleries notamment). En 1922, les statuts du culte indique que la Propriété comprenant : maisons, temple, imprimerie, remise, jardins, sise à l'angle des rues du Bois-de-Mont et des Tomballes, est d’une contenance de 16 ares 25 centiares. Si on recourt au site geoportail.wallonie.be, on peut calculer la surface du temple de Jemeppe seul (sans les dépendances), et on arrive au résultat de 140 m2.

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Propos du jour - Le problème des Guérisseurs (Le Concours médical, 1932)

Publié le par antoiniste

Propos du jour - Le problème des Guérisseurs (Le Concours médical, 1932)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PROPOS DU JOUR

La répression de l'exercice illégal de la médecine : Le problème des « Guérisseurs » –
Que devient le respect absolu et intangible du secret médical ?

    Nous avons le plus grand respect pour la Justice de notre pays. Les uns prétendent qu'elle est aveugle, les autres qu'elle est boiteuse. Nous nous bornerons à affirmer qu'elle est humaine, c'est-à-dire qu'elle n'est pas exempte des infirmités qui affligent notre pauvre humanité. Quoiqu'il en soit, la mentalité des juges évolue et les malheureux confrères qui ont négligé d'adhérer au « Sou Médical », savent ce qui leur en coûte de soucis et de frais si, par hasard, il arrive un accident insolite à un de leurs malades, ce malade fût-il un de leurs amis et de ce fait traité par eux gracieusement. Les magistrats, sans doute influencé par les procès constants résultant des accidents d'automobile, tendent de plus en plus à étendre la responsabilité et assimilent volontiers le chirurgien à son chauffeur. Nous sommes loin de l'époque où régnait la thèse de la faute lourde donnant seule lieu à la responsabilité du praticien, thèse du Procureur général Dupin, que défendait si éloquemment Brouardel. Actuellement, le médecin est responsable de toute faute, même légère. Il lui arrive parfois d'être condamné, même quand les experts affirment qu'il n'y a pas faute du tout. Il est de rares magistrats qui font preuve dans leur jugement d'une ironie que nous trouverions plaisante si le sujet était moins grave. Nous pourrions citer ce juge de paix qui qualifiait un revolver d'objet de toilette, ayant sa place toute naturelle dans le sac à main d'une jolie femme à côté de la boîte à poudre et du bâton de rouge, la vente et l'usage du revolver ne sont-ils pas l'objet d'une étrange tolérance ?
    Les armuriers sont loin d'être soumis aux mêmes obligations draconiennes que les médecins, et les pharmaciens pour la prescription et la délivrance de stupéfiants. Le revolver cependant paraît faire en France plus de victimes que la morphine et la cocaïne réunies.
    Mais la boutade de ce juge de paix humoriste cède le pas au jugement d'un tribunal qui n'admet pas de responsabilité pour les fautes, lourdes, d'un rebouteux. Déboutant de sa plainte un père de famille dont l'enfant avait été estropié par l'empirique, il condamnait le premier à un franc de dommage-intérêt pour le préjudice moral causé à l'auteur responsable de l'infirmité ; bien plus il donnait acte à ce rebouteux de la présence de l'avocat du Syndicat médical de la région, dans le cas où le dit guérisseur désirerait intenter aux médecins une action en dommages-intérêts. Ce jugement qui, dans un de ses attendus, reproche au père d'être reste quinze jours sans avoir conduit de nouveau son enfant au rebouteux, ne s'explique que par la notoriété étrange dont jouissait ce dernier dans la région, et qui impressionnait les magistrats eux-mêmes et le leur rendait sympathique. Ce singulier procès pose nettement une fois de plus le problème de guérisseurs tel que notre distingue confrère, le Dr Maurice Igert, l'a instruit, il y a quelques mois dans un livre fort intéressant (1).
    Le Dr M. Igert sépare les guérisseurs des exploiteurs vulgaires et des charlatans. Pour lui, est guérisseur « tout individu qui s'inspire d'un sentiment mystique quel qu'il soit, religieux ou non, pour exercer des pratiques curatives. »
    Les guérisseurs ont une signification sociale répondant au mysticisme collectif qui est la persistance de la mentalité des primitifs, mentalité combattue par les conquêtes du rationalisme. Le « don de guérir » est envers et contre tout une fonction sociale particulière, c'est un pouvoir occulte qui repose sur l'insurrection du mysticisme latent de la foule contre le rationalisme scientifique.
    Le guérisseur subit l'influence et répond aux tendances mythomanes des foules qui sont en quelque sorte la persistance d'une mentalité ancestrale lointaine. L'homme primitif, le sauvage, l'enfant des civilisations modernes sont en proie aux croyances mystiques que parvient à atténuer, sinon faire disparaître, l'éducation rationaliste et scientifique. Le guérisseur est doué d'une prédisposition favorable pour répondre à ces croyances mystiques qui sommeillent et parfois se réveillent dans le milieu social.
    Le Dr Igert distingue les guérisseurs mystiques en débiles intellectuels et sentimentaux et en intelligents.
    Tous sont indiscutablement sincères et crédules, mais parmi les intelligents ; les uns sont désintéressés, les autres plus nombreux ne de dédaignent pas les avantages matériels qui, la sotise humaine aidant, peuvent devenir considérables.
    Le guérisseur mystique intelligent répond d'emblée à toutes les sollicitations effectives. Il ne soumet pas les faits à la critique de sa raison et si son intelligence intervient, c'est pour servir à légitimer sa croyance.
    Le guérisseur mystique débile est un minus habens qui n'a pas d'organisation systématique de ses actes, mais qui se livre à des superstition incohérentes ; s'il a recours des rites religieux ou occulte, il le fait d'une façon désordonnée et un vrai religieux taxerait sa pratique de sorcellerie.
    M. lgert cite un grand nombre d'exemples très intéressants de guérisseur de ces divers ordres. Certains sont des psychopathes, des hystériques, des persécutés, des paranoïaques, comme par exemple le fameux Zouave Jacob. Il en est qui se découvrent tout à coup le pouvoir de guérir, finissent par se persuader qu'ils possèdent ce don. Désintéressés d'abord, ils finissent par se laisser gagner par l'auri sacra fames et alors, montrent une grande ingéniosité commerciale dans l'exploitation de la crédulité publique.
    « On dit que ce n'est pas celui qui coupe de foin qui le mange, disait une fameuse guérisseuse dont les procès occupèrent la presse pendant des mois ces dernières années. Eh bien ! Moi je veux manger le foin que je coupe. » Et Béziat, le guérisseur d'Avignonnet qui fit courir à sa ferme tous les malades incurables du midi de la France et même des pays avoisinants, homme de bonne foi et évidemment sincère, autodidacte primaire, se disant plus ou moins ingénieur agronome et diplômé herboriste, qui était le premier surpris de ses succès qu'il ne cherchait pas expliquer, mais qu'il constatait avec un orgueil sans affectation, après avoir longtemps guéri pour rien, délivre des tickets payants et lança avec une habileté toute commerciale des prospectus vantant son « Vitalogène », qu'il fit suivre ensuite de toute une gamme de spécialités de grand rapport.
    Atteint d'hématurie avec lymphogranulomatose, il eut recours aux médecins dont il suivit scrupuleusement les conseils ; puis, se voyant perdu et désespéré, il se livra aux pratiques de la plus étrange sorcellerie.
    Le guérisseur mystique est éminemment suggestible. Il est convaincu qu'il joue un rôle social. Il vit par et pour le milieu où il se trouve. La suggestibilité domine sa vie mentale.
    Selon le Dr Igert, il n'y a pas de vrais ni de faux mystiques ; tous sont plus ou moins sincères, mais leur mysticisme affecte aussi des formes plus ou moins parfaites.
    Le Dr Igert, abordant le problème médico-légal des guérisseurs, fait l'histoire de la répression de l'exercice illégal de la médecine et rappelle la lutte épique des médecins et des magnétiseurs, lutte à laquelle nos Syndicats médicaux paraissent avoir mis un terme.
    M. Igert conclut que si « les charlatans ordinaires sont justiciables de poursuites efficaces, les guérisseurs puisent un nouveau prestige dans une condamnation ou trouvent une référence officielle dans un acquittement. »
    L'impuissance de la répression à leur égard tient à la nature mystique de leur fonction qui répond à un besoin de merveilleux qui domine les foules. Souvent aussi, le guérisseur ne prescrit pas de traitement et ne réclame pas d'honoraires, ce qui désarme les juges et les faits acquitter ou condamner à des peines infimes, Souvent, le guérisseur mystique est un inconscient et de ce fait irresponsable, au sens pénal du mot, de son influence sociale nocive. Il n'en est que plus dangereux. Mais tous les arguments que donnent les médecins reposent sur des raisons et sont sans effet au regard des sentiments collectifs dont bénéficient les guérisseurs, sentiments qui sont autrement puissants.
    Me M. Garçon d'accord avec un Congrès spirite, émettait un avis tendant à faire utiliser par les médecins l'influence indiscutable de certains guérisseurs sur certains malades. Le guérisseur d'Avignonnet Béziat a répondu très logiquement à cela en disant un jour : « Ne vous y trompez pas ; le public aime le merveilleux, l'inattendu, et du jour où on me sentirait couvert par un docteur, je n'aurais plus le même prestige et mes clients diminueraient. »
    Cette réponse, parfaitement sensé, de guérisseur intelligent nous rappelle l'histoire de la fontaine Saint-Hilaire près de Matagne-la-Petite, histoire que nous avons jadis rapportée (2). A cette fontaine, voisine de Givet en Ardennes, couraient se baigner les malades atteints de plaies suppurantes, d'eczémas rebelles, d'ulcères variqueux. Certains, atteints de maladies internes buvaient sans dégoût cette eau infecte. Les miracles étaient nombreux. Un nouveau curé vint à Matagne : écœuré par ce spectacle, il fit réparer la source, séparant la piscine de la buvette. Hélas ! les fidèles abandonnèrent la source qu'ils jugèrent désormais inefficace. « Il a gâté notre source », disaient les paysans en regardant leur curé de travers. Là, comme pour les guérisseurs, la mystique n'a rien de commun avec la raison.
    Le Dr Igert propose une conduite médico-légale aux syndicats médicaux dans la répression de l'exercice illégal de la médecine ;
    Cet exercice illégal peut être le fait de charlatans ou de mystiques débiles et de guérisseurs intelligents. « Vis-à-vis des premiers, la répression garde toute sa valeur »,
    Vis-à-vis des débiles, le Dr Igert conseille une expertise médico-légale le jour de l'audience, permettant d'établir en public leur ineptie et de montrer tout le ridicule de leurs conceptions et de leurs pratiques.
    Pour les guérisseurs intelligents, il faut agir avec prudence, s'assurer, comme le conseille le Prof. Balthazard, de leur esprit commercial, des revenus importants qu'ils retirent de leur exercice et muni de documents nombreux et sûrs, demander une répression énergique et des dommages-intérêts élevés. Il y aurait encore la pression telle que la comprend la loi italienne du 22 juin 1927 sur la discipline des auxiliaires des professions médicales : lors de la première poursuite, une amende relativement légère et, en cas de récidive, une condamnation sévère à 15 ou 30 jours de prison et une amende de 500 à 1.000 lires.
    Nous avons personnellement une opinion qui n'est pas celle de tout le monde sur l'exercice il légal de la médecine. A notre avis, ce ne sont pas les syndicats médicaux qui devrait poursuivre, car il ne faudrait pas rabaisser la répression d’un danger social à un dommage, toujours plus moins discutable, causé à une profession.
    Le parquet devrait systématiquement poursuivre charlatans et guérisseurs, les uns coupables d'escroquerie, les autres comme contrevenant à la protection de la santé publique.
    Mais il faudra encore que la mentalité des magistrats évolue et qu'ils ne se bornent pas considérer les médecins instruits comme responsables des fautes même légères qu'ils peuvent commettre et les rebouteurs ignorants comme irresponsables à cause même de leur ignorance, qu'ils ne poussent pas encore la bienveillance jusqu'à allouer au rebouteux, objet d'une plainte, des dommages-intérêts pour le préjudice moral qui lui est porté par les poursuites.

                                                                                            J. NOIR

(1) Dr Maurice Igert. – Le problème des guérisseurs. Dessins de P. Igert. Vigot, frères édit. Paris, 1931.
(2) J. Noir. – La ville de Givet en Ardennes. De quelques préjugés, superstitions, sanctuaires et pèlerinages à attributions curatives dans la région des Ardennes, Progrès Médical, 1905.

 

Le Concours médical, 1932.

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Maurice Igert - Les guérisseurs mystiques (1928)

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Maurice Igert - Les guérisseurs mystiques (1928)Auteur : Maurice Igert
Titre : Les Guérisseurs Mystiques, Étude psycho-pathologique et médico-légale
Thèse pour le doctorat en médecine, présentée et soutenue publiquement en Décembre 1928
Éditions : Imprimerie J. Fournier, Toulouse, 1928



Recension :
    Maurice Igert. — Le problème des guérisseurs, I vol. in-8°, J. Fournier, Toulouse, 1928.
    Notre civilisation est le résultat d’une série de luttes entre la mentalité primitive faite de foi dans le merveilleux et la tendance à interpréter rationnellement les phénomènes. Le plus positif restant toujours par quelque côté un peu mystique, c’est l’éternel conflit du sentiment et de la raison. Le médecin est représentatif de celle-ci, le guérisseur de celle-là ; aussi, la foule va-t-elle d’instinct au guérisseur, d’instinct au médecin est hostile.
    Le guérisseur mystique réalise donc les aspirations profondes de la foule ; bien loin de la dominer, il n’est que son écho. De là, sa sincérité, même lorsqu’il en vient à tirer profit de la crédulité publique ; de là, ses succès thérapeutiques parfois ; de là, la difficulté de la répression légale. Ces données générales s’éclairent de l’étude particulière de quelques guérisseurs mystiques, les uns débiles mentaux, les autres intelligents. Ceci et cela constituent une étude consciencieuse, originale et clairement exposée qui mérite d’être lue.
Chronique bibliographique, p.137
in La Chronique médicale : revue mensuelle de médecine historique, littéraire & anecdotique, 36e année, 1929

    Maurice Igert. — Le problème des guérisseurs, un vol. in-8°,
Vigot, Paris, 1931. (Prix : 15 francs.)
    "Isoler de la troupe des contrebandiers de la médecine un type psychologique et social : le guérisseur mystique, définir sa nature, décrire ses caractères particuliers, puis déduire de cette étude une conduite médico-légale à son égard, telle a été l'idée directrice de ce travail" (p. 202). Ce programme, que M. Igert s’était tracé, a été rempli de façon si parfaite qu’il sera désormais impossible de reprendre l’étude
des guérisseurs mystiques sans lire cette œuvre consciencieuse, impartiale et fouillée, et sans en tenir le plus grand compte. Un résumé ne peut montrer le jour qu’elle jette sur le mysticisme contemporain autant que sur les troubles psychosiques de nos thaumaturges ; et le compte rendu le mieux fait ne saurait suppléer à ces pages qui sont à lire et qui expliquent, en particulier, la sympathie des juges pour les guérisseurs.
    A cet égard, une leçon vient de la lecture de ce volume, une leçon dont les syndicats médicaux peuvent faire leur profit, en attendant que quelques-uns dans le public même, de bon sens robuste ou simplement habiles et forts du droit commun, devancent les poursuites syndicales. Ce serait, en vérité, un intéressant procès que celui qu’un père intenterait à un guérisseur parce que celui-ci aurait, par exemple, méconnu une appendicite et que les vains espoirs qu’il donna laissèrent passer l’heure utile de l’intervention salvatrice. Ici, les dons merveilleux que la foule affirme plus encore que celui même qui les reçut, l’exercice illégal de la médecine lui aussi sur quoi la partialité peut disputer toujours, sont hors de cause. Le débat est particulier et précis. Sans doute, les premiers procès de ce genre seraient perdus ; mais, même perdus, ils seraient, contre ceux que M. Igert appelle les contrebandiers de la médecine, plus efficaces sans nul doute que nos plaintes corporatives qui aboutissent à un franc de dommages et à une auréole.
Chronique bibliographique, p.137
in La Chronique médicale : revue mensuelle de médecine historique, littéraire & anecdotique, 36e année, 1932

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Dr Maurice Igert - Le Problème des guérisseurs (1931)

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Dr Maurice Igert - Le Problème des guérisseurs (1931)Auteur : Docteur Maurice Igert
Titre : Le Problème des guérisseurs
Éditions : Vigot Frères, Éditeurs, Paris, 1931

Cf. le propos du jour publié dans Le Concours médical. Cet ouvrage semble approfondir la thèse de l'auteur publiée en 1928.

Extrait qui évoque Louis Antoine :

LES GUÉRISSEURS INTELLIGENTS

    Nous avons cité le « cas-limite » de Germaine de Rouen. Nous n'ajouterons rien au chapitre qui la concerne. Germaine, par sa constitution mentale, par la variabilité des signes psychosiques qu'elle a présentés, par ses convictions, est certainement beaucoup plus voisine des guérisseurs précédents, que d'un thaumaturge comme J. Béziat. Seule une renommée à peu près semblable les a confondus.
    L'étude de la mentalité et de la vocation de Béziat révèle quelques particularités qui méritent de retenir notre attention. Le guérisseur a présenté toute sa vie une orientation mystique de la pensée et de l'activité. Imposée par les circonstances, l'interruption de l'activité mystique (il disait « métapsychiste ») entraîne une crise de dépression, suivie bientôt de la révélation d'un don curatif.
    La sincérité de Béziat n'étant pas douteuse, la conviction présente par elle-même un caractère anormal et elle s'est imposée à lui suivant un mécanisme psychologique très spécial.
    Peut-on attribuer sa vocation à la suggestion ?
    Certes, son caractère est très influençable, son imagination exagérée, son émotivité en surface. Mais, sa tendance mystique a imprimé à toute sa vie une direction à peu près constante. Son évolution mentale est faite de stabilité et d'instabilité.
    Suivant le facteur auquel on accorde une prédominance, il est possible de le classer parmi les passionnés ou parmi les suggestibles.
    En réalité, il serait artificiel de le ranger dans l'un ou l'autre groupe ; il représente un cas mixte.
    Du mystique passionné il a la foi et l'orientation expansive. Et cependant il subordonne son don de guérir à des fins égoïstes et il reste tolérant.
    Le mystique est surtout un créateur de système et un apôtre, il est le prosélyte de sa doctrine et lui soumet toutes choses. Ses actions, parfois dangereuses, n'ont de valeur, à ses yeux, que dans la mesure où elles augmentent le prestige des conceptions.
    Béziat est surtout un praticien. Il ne fait pas la propagande de ses croyances, auxquelles il n'est peut-être pas très profondément attaché. « Je n'ai jamais cherché à imposer mes convictions, l'avons-nous entendu dire. L'essentiel, n'est-ce pas, c'est que je guéris. »
    Il guérit et s'efforce passionnément de faire accepter « ce fait ».
    Au lieu d'une conception métapsychique, c'est un pouvoir personnel qu'il affirme.
    Il y a dans sa mentalité, un curieux mélange de disposition expansive et de tendance égocentrique.
    Tantôt il est sollicité dans un sens, tantôt dans l'autre. Ces oscillations perpétuelles entravent aussi bien les réalisations complètes de son altruisme, que de son égoïsme.
    Idéaliste passionné, il aurait pu édifier une religion nouvelle, comme un Swedenborg ou un Antoine, et conquérir la croyance populaire par des cures miraculeuses.
    Pragmatique, l'exploitation de son pouvoir lui aurait assuré d'importants bénéfices, s'il avait eu le génie de « monter une affaire ».
    Il ne s'est libéré, ni de l'intérêt, ni du mysticisme.

Dr Maurice Igert, Le Problème des guérisseurs, 1931 (p.153-154)

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Salle de lecture à Thumesnil, en 1926 par Soeur Antonine Finkelstein

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Salle de lecture à Thumesnil, en 1926 par Soeur Antonine Finkelstein

Thumesnil, le 9-9-26,

           _    Frères et Sœurs,

Merci à tous des bonnes pensées du 15 Août reçus avec bonheur, et nous vous demandons encore de bien vouloir être tous par la pensée avec nous tous ici pour l’ouverture de notre lecture qui aura lieu le dimanche 12 courant.
Merci à tous à l’avance   vous écrirais plus longuement bientôt.
Recevez tous en famille nos bonnes pensées et fraternels souvenirs. 
       
Maurice et Antonine Finkelstein

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J.Taillardant - Desservant du Temple de Ternes

Publié le par antoiniste

J.Taillardant - Desservant du Temple de Ternes

le 31.7.
Bien chers Amis,
          Nous venons de tourner une page, et
quelle page ! Nous avons été présentés afin de prendre
la direction de ce Temple des Ternes. Comme nous
avions plus à remercier qu'à demander, notre
acceptation a été immédiate. Inutile de vous
dire que nous avons un gros travail de
réorganisation en plus de l'Œuvre morale en
                   elle-même que nous assurons avec
                   ponctualité. Une fois bien organisé,
                   nous aurons le plaisir de nous revoir.

                  Grosses bises à vous deux et amitiés
à vos enfants.                 J. Taillardant.

 

J.Taillardant - Desservant du Temple de Ternes

 Au hasard de ma constitution de collection de cartes postales, j'ai acheté celle-ci qui contient un petit bout de l'histoire de ce temple des Ternes, le troisième de Paris. Malheureusement, l'expéditeur n'indique que le jour et le mois et pas l'année.

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LA DETERMINATION DE L’ÂME (par Démocratie extraterrestre)(2019)

Publié le par antoiniste

LA DETERMINATION DE L’ÂME

Démocratie Extraterrestre Témoignages 16 avril 2019

 

Funérailles du Père Antoine le 30 juin 1912, en présence de plus de 15 000 personnes (Excelsior, 2 juillet 1912) 

 

Certains lieux de prière s’abîment dans les flammes, d’autres disparaissent sous le sable et les flots et d’autres perdurent avant de s’éteindre en silence. Je poussais la porte d’entrée du 42 rue Goya. Le temple était ouvert. Les brochures à l’entrée exposaient l’Enseignement Révélé par le Père Antoine : « Le culte Antoiniste est une œuvre morale basée sur la Foi et le désintéressement » où l’on peut venir « demander assistance, en dehors de toute idée de religion puisque les maladies, les peines n’ont pas de religion ». Le sous-titre du premier numéro de L’Unitif, une reproduction du journal Antoiniste publié pour la première fois en 1911, indiquait : « Nous sommes invités à nous améliorer ». La maxime synthétisait une époque optimiste qui rappelait ce mélange de gravité, de réserve et de volonté des méthodistes anglais dont l’action morale avait abouti à la même époque, à un travail social d’une admirable efficacité.

J’entrais dans la salle de prière. Une sœur costumée apparut brièvement pour m’accueillir en silence avant de regagner la petite pièce dénommée cabinet n°1. Je suivis la desservante du temple dans le cabinet où sont reçues tous les jours les personnes qui cherchent un accompagnement ou une prière de guérison. Une grande paix et un tourbillonnement tranquille emplissait le cabinet de cette Sœur habillée en noir. Je ressentais ces tourbillons physiquement avant même de savoir que les Antoinistes travaillaient avec des fluides. L’endroit n’était pas neutre. La Sœur non plus. Je lui posais des questions, tout en sachant que les réponses émanaient d’un champ d’expérience difficilement transmissible : la prière, la foi, la guérison sans imposition de mains.

— Ce qui compte c’est le chemin que nous parcourons individuellement tous les jours, ce petit miracle au quotidien, leur expliqua la desservante du temple. Claire, c’est mon petit nom, leur précisa-t-elle.

Je lui demandais comment il était possible d’accueillir des gens gratuitement tous les jours de 10 heures à 18 heures, avec les contraintes de la vie actuelle.

— C’est un choix, répondit-elle. Le père Antoine avait prévu que les desservants du temple aient leur logement juxtaposé à celui-ci afin de pouvoir accueillir toutes les personnes à toute heure du jour et de la nuit.

Je pensais à la charité du dix-neuvième siècle, à « ce Christ dépouillé de sa toute-puissance pour se faire homme » et à l’enseignement spirite pour qui « la première condition pour se concilier la bienveillance des bons Esprits, c’est l’humilité, le dévouement, l’abnégation et le désintéressement moral et matériel le plus absolu ». La pratique des Antoinistes s’inscrivait dans la lignée de cette prière qui opère des miracles dans le dénuement. Celui qui œuvre avec un cœur désintéressé, reçoit plus qu’il ne donne. Allan Kardec, revient continuellement sur le pouvoir de l’Amour, de la gratuité et du désintéressement sans lesquels toute recherche et action sont vaines ; il mettait en garde les médiums qui en monétisant leur lien avec l’au-delà, se font berner par des esprits moqueurs. Pour le 19e siècle le travail non rémunéré garantissait une authenticité. Les praticiens du New Age ont affirmé le contraire : ceux qui ne sont pas rémunérés prennent en charge le karma du consultant.

Je pensais à Liliane, une rebouteuse formidable qui avait guéri en quelques instants mon petit chien qui souffrait depuis sa naissance d’une affection de la peau ; elle l’avait assis sur une chaise en face de son lit, aspergé d’eau et de paroles bénites en lui disant avec conviction : « Grand cœur, tu es guéri. » Et il avait guéri.

Liliane reçoit toute la journée sans interruption et accepte la volonté quand il y en a. Mais l’abnégation peut épuiser. L’abnégation, aussi admirable soit-elle pose inévitablement la question de la subsistance et de la survie. Ainsi « Le Père reçut des malades pendant vingt-deux ans. Quand il commença ce travail, il avait des économies qui lui permettaient de vivre sans travailler : quand il mourut, il ne possédait plus rien ». Je craignais que ces guérisseurs discrets, témoins de valeurs immatérielles, ne s’éteignent dans le dénuement.

Claire m’expliqua que dans un premier temps, le Père avait été catholique, puis spirite, avant qu’il ne trouve la Source :

— Le Père a trouvé la Source par la prière, m’expliqua-t-elle.

J’aurai voulu lui demander quel type de prière avait conduit le Père à trouver la source, car si la religion catholique transmet un texte révélé au sein de la cité et le mouvement spirite transmet la vie et la morale des esprits aux vivants, ni l’un ni l’autre ne garantissent de rentrer en contact avec la Source. Leur objectif est autre.  Je m’interrogeais. Comment transmet-on cette connaissance de la Source ? Par la prière ? Laquelle ? Par un culte moral ? Par des lectures ? Par le silence ? Par la guérison de l’autre ? Par l’attention et le secours porté à autrui ? Ce jour-là le mystère resta entier. La clé de l’énigme résidait dans notre  compréhension de la foi et de l’Amour que le Père Louis Antoine décrivait ainsi : « Un seul remède pour guérir l’humanité : La Foi ; c’est de la foi que naît l’amour ; l’amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu Lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c’est ne pas aimer Dieu ; car c’est l’amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir, c’est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu’il est pur de vérité. »

L’avenir de ces assemblées libres qui poursuivent l’expérience mystique d’un thaumaturge au parcours aussi singulier que le Père n’est pas aisé. Les soixante-quatre temples Antoinistes survivent encore plus de cent ans après leur création mais pour combien de temps ? Elles voudraient que les Antoinistes puissent transmettre leur connaissance plus aisément, sans renoncer à leur frugalité, de manière plus audible. Mais peut-être tous les modèles n’ont-ils qu’un temps jusqu’au jour où le même contenu se transmet autrement.

En attendant, je tentais de comprendre l’origine et le maniement des fluides qui emplissaient le cabinet de consultation. Pourquoi ne remplissaient-ils pas de la même manière tous les lieux de prière ? Je m’interdisais de poser cette question à Claire. Comme me l’avait expliqué Frère Guillaume qui avait servi pendant des années dans le Temple de Jemeppe : « L’antoinisme ayant été fortement décrié durant les dernières années avec le phénomène des sectes, beaucoup hésitent à témoigner. Ensuite, comme pour le spiritisme, c’est quelque chose d’intérieur qui ne se prête pas facilement aux discours. »

Je demandais à Claire si elle pouvait faire avec moi une prière et une lecture. La desservante joignit les mains et pria. Les desservants n’ont pas le droit de prédire l’avenir, et elle ne le fit pas, mais elle partagea à demi-mot ce qu’elle avait perçu. Elle ouvrit la porte de son cabinet, et passa dans le temple pour faire la lecture. J’aurais souhaité lui parler beaucoup plus longuement, mais une vieille dame attendait son tour sur un banc du temple. Je lui promis de revenir.

Je revins le 1er novembre.

Un Antoiniste m’ouvrit la porte du Temple. Sur les murs peints en vert-pré, la couleur déterminée par le Père Antoine comme symbole de l’espérance, de la guérison et de la vitalité du printemps, une horloge Ikea marquait l’heure, 9h 45. La porte du cabinet était fermée. Deux officiants d’un âge relativement avancé et vêtus avec la robe révélée noire, priaient ou méditaient. À 10 h l’officiant fit sonner une petite cloche. Claire monta les escaliers de la grande tribune et se recueillit. L’officiant sur la gauche, d’une soixantaine d’années, annonça le début de l’Opération avec le texte propre aux temples français : « Mes Frères, Le Père fait l’Opération, suivie d’une lecture dans l’Enseignement. Celui qui a foi au Père, trouvera satisfaction. »

Pour les Antoinistes belges, la satisfaction de chacun ne dépend pas de son degré de foi au Père. En Belgique, les temples n’ont ni le portrait de Louis Antoine (1846-1912) ni celui de sa femme Catherine Antoine (1850-1940), héritière à la mort de Louis Antoine du charisme de guérison. La neutralité est de rigueur et la seule référence aux fondateurs est le texte de l’Auréole de la Conscience, écrit sur le mur derrière la tribune. Le texte d’ouverture qui annonce l’Opération cherche la neutralité pour éviter l’adoration : « Mes Frères, Le Père fait l’Opération. Respectons ce moment solennel. Ranimons notre Foi. » En France comme en Belgique l’Opération dure cinq minutes. La brochure Que savez-vous du Culte Antoiniste l’explique ainsi :

« C’est le moment solennel et privilégié au cours duquel chacun, selon sa Foi, peut puiser dans l’Amour Divin la force nécessaire pour mener à bien l’accomplissement de ses tâches tant matérielles que morales. Nous recevons, dans cet instant, le secours spirituel qui nous permet de surmonter et d’assumer nos épreuves. Quand nous assistons à l’Opération, nous sommes en communion avec tous les êtres qui nous sont proches – les vivants et ceux à nos yeux disparus – de même qu’avec tous nos frères humains existants de par le monde, quelles que soient leur race et leur religion particulière. »

Une fois l’Opération terminée, j’écoutais la lecture pendant que Claire assurait le maintien des bons fluides. Je me laissais absorber par l’intensité des fluides, ces tourbillons à la fois vivifiants et apaisants, comme lorsque des plantes aromatiques embaument un espace. Sur ces fluides l’enseignement du Père Antoine dit :

« Il en existe autant que de pensées ; nous avons la faculté de les manier et d’en établir des lois, par la pensée, suivant notre désir d’agir. (…) La vie est éternelle, elle est partout. Les fluides existent aussi à l’infini et de toute éternité. Nous baignons dans la vie et dans les fluides comme le poisson dans l’eau. Les fluides s’enchaînent et sont de plus en plus éthérés ; ils se distinguent par l’amour ; partout où celui-ci existe, il y a de la vie, car sans la vie, l’amour n’a pas de raison d’être. Pour raisonner ces fluides, il faut les manier, s’en servir, car plus sont-ils éthérés, plus renferment-ils de l’amour. »

Les fluides sont de la « matière à l’état invisible » et la capacité à extérioriser ce fluide magnétique relève d’un certain type de médiumnité. Allan Kardec a décrit soixante-douze types de médiumnité dont celle capable d’extérioriser ce fluide : « Le médium à effets physiques est une personne dont l’organisme permet, sous certaines conditions, l’extériorisation du fluide vital d’une manière visible ou invisible. Ce fluide est essentiellement magnétique. »

Lors de ma première visite Claire m’avais expliqué :

— Nous avons tous une sensibilité différente. Moi, personnellement je n’ai pas ces capacités, mais j’ai connu des médiums et des guérisseurs formidables qui les avaient.

En ce jour de Toussaint, le texte lu commençait ainsi : « Nous devons comprendre qu’il existe deux mondes, l’un corporel et l’autre spirituel, le monde des incarnés et je n’ajouterai pas celui des désincarnés, mais plutôt celui des non incarnés. Beaucoup pourraient s’imaginer qu’ils sont distincts, elle n’en est rien. »

L’antoinisme me rappelais la théodicée des Nouveaux Mouvements Religieux où la qualité d’un destin dépend du niveau de conscience acquis lors d’une somme d’expériences individuelles passées et présentes. Le Dieu de cette théodicée immanente et individualisée, allume et veille sur la flamme de chacun. Quelle était la différence entre les guérisons pratiquées par Antoine le guérisseur de 1900 à 1918 et celles pratiquées au 21e siècle par les Antoinistes dans leurs cabinets ? Qu’est-ce qui a le plus varié dans la nature des demandes ? Les maux sont-ils moins physiques et plus sociaux ? Quel est l’effet concret de la prière sur la guérison et sur la capacité à devenir guérisseur ? Comment agit-elle sur un talent inné qu’elle révèle et renforce mais qu’elle ne donne pas ? Quelles vertus permettent un bon maniement des fluides ? Quel est le rapport des desservants aux fluides ? Quel type de transmission pourrait-on imaginer ?

Trois derniers coups de cloches marquèrent la fin de la lecture. Les deux officiants se retirèrent. La desservante ouvrit la porte de son cabinet pour accueillir une habituée.

Je revins une dernière fois pour la fête de Mère, le 3 novembre.

Le temple était plein et les officiants en robe révélée noire étaient plus nombreux. Une sœur sur le seuil de la salle de prière lui demanda si elle voulait consulter :

— Vous serez la deuxième, dit-elle en me tendant une fiche de couleur verte avec le numéro deux.

Ce jour-là, la lecture était celle du texte écrit par le Père Antoine deux jours avant son décès. Le Père Antoine avait tout anticipé. Il avait informé ses disciples qu’il n’avait pas fait de testament et qu’il laissait tout à Mère : « Après elle, il y aura de grands guérisseurs. » À la fin de l’office, Claire ouvrit sa porte. J’attendais. Ce jour-là, une petite trentaine d’Antoinistes de cœur attendaient leur tour. Je les regardais attentivement en pensant à cette quête d’une guérison fondée sur la conscience spirituelle. Le désir de guérison spirituelle est consubstantiel à l’humanité et à ce que les chrétiens ont  appelé  l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est le gardien de la santé éthérique. Les saints ont eu pour charge la santé psychique et physique. À toutes les époques et partout, la pratique de la foi a été naturellement et millénairement thaumaturge. Elle nous traverse comme le vent. Nos âmes sont poreuses et savent courir derrière un élan inexpliqué sans savoir vers où elles vont ni ce qu’elles trouveront. J’aimais beaucoup l’hommage à Mère rapporté dans l’Unitif de janvier 1914. Il illustrait cette détermination indiscernable de l’âme lorsque la conscience recherche un nouvel équilibre entre la vie matérielle et la pratique spirituelle :

« Je dois vous avouer, chère Mère, que lorsque j’étais croyante, j’étais la plus malheureuse des créatures. Je demandais à Dieu pourquoi je souffrais ainsi et le priais de mettre un terme à mes tourments. Dieu a enfin eu pitié de moi. Elle a mis sur mon chemin une dame qui m’a parlé de notre bon Père. Elle devait me conduire à Jemeppe mais elle en a été empêchée. Moi on n’aurait pu me retenir avec des chaînes parce que je sentais que c’était à Jemeppe que je trouverai le salut. En effet, en approchant du Père, je fus subitement guérie de grands maux de tête que j’endurais depuis 25 ans car ma vie était un vrai martyr, je travaillais nuit et jour même le dimanche (…) Je ne suis qu’une pauvre ouvrière mais c’est de grand cœur que je sacrifie la moitié de ma journée, je reçois mes chers malades le matin et je travaille l’après-midi, je n’ai qu’un désir, c’est de m’acquitter envers vous, chers Père et Mère, de tout ce que vous avez fait pour moi. »

La santé, c’est cet équilibre entre notre corps éthérique et notre corps physique. Apparemment si simple à obtenir mais socialement si compliqué.

 

Source : Démocratie extraterrestre
Renouveler la vision philosophique et politique

Lien : https://democratieextraterrestre.com/2019/04/16/la-determination-de-lame/

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Régis Dericquebourg - Mystagogie et religions de guérison : Max Weber revisité (2001)

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Auteur : Régis Dericquebourg
Titre : Mystagogie et religions de guérison : Max Weber revisité
in Archives de sciences sociales des religions, Éditions EHESS, 113 | janvier-mars 2001 : Varia, p. 149-158


    Dans cet article, l’auteur tente de reconstituer la définition de la mystagogie chez Max Weber à travers les mentions que ce dernier en fait dans sa sociologie de la religion. En s’intéressant aux applications possibles de cette notion, l’auteur montre qu’elle permet d’interpréter la naissance et l’évolution de certaines religions de guérison occidentales en prenant comme point d’appui la biographie de leurs fondateurs : l’Église de la Science chrétienne, l’Antoinisme, la Scientologie et Invitation à la Vie.

source : https://journals.openedition.org/assr/20196

à lire en ligne sur le site https://journals.openedition.org/assr/20196

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Mosquée Eden, La Louvière - intérieur, pupitre (ancien Temple Antoiniste)

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Mosquée Eden, La Louvière - intérieur, pupitre (anc.Temple Antoiniste)

source : page FaceBook Mosquée Eden

Une belle reconversion pour ce temple qui reste un lieu de prière et de foi.

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Découverte de la mosquée Eden (La Louvière)

Publié le par antoiniste

Découverte de la mosquée Eden

Découverte de la mosquée Eden (La Louvière)

 

L’association Eden, créée en octobre 2017 par des jeunes citoyens belges issus de différentes origines a acquis, en mars 2018, le bâtiment anciennement dédié au culte antoiniste, sis au 33 rue de l’Olive, afin d’en faire une mosquée. Après de nombreux travaux, celle-ci fut inaugurée en mai 2018 sous le nom de « Masjid Âadne ».

Après la visite de la mosquée, un café-citoyen sera organisé sur la thématique de la transmission des valeurs. Nous transmettons tous de manière plus ou moins consciente des valeurs à nos enfants. S’agit-il de valeurs religieuses, philosophiques, propres à chaque famille ? Comment cette transmission s’effectue-t-elle ?

Source : https://www.quefaire.be/y-crois-y-t-y-crois-pas-y-994389.shtml

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