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Suicide à Roux (Gazette de Charleroi, 4 mai 1922)(Belgicapress)

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Suicide à Roux (Gazette de Charleroi, 4 mai 1922)(Belgicapress)

Suicide à Roux

    Hier soir, vers 6 heures, dans l'ancienne Maison du Père d'Or, à Roux, rue de Courcelles, 2bis, on a découvert, pendue à l'espagnolette de la fenêtre de l'arrière-cuisine, une adepte du Père guérisseur qui avait été recueillie par pitié dans cette maison. La malheureuse, qui se nomme Louisa Nemie, épouse séparée d'Amiable Delchambre et qui est âgée de 49 ans, souffrait de longue date de neurasthénie au point qu'on avait déjà du la colloquer.
    Le cadavre fut découvert par un des habitants de la maison qui prévint aussitôt la gendarmerie. Celle-ci procéda aux constatations d'usage.
    Cette désespérée est mère de deux jeunes filles.

Gazette de Charleroi, 4 mai 1922 (source : Belgicapress)

    Ce tragique évènement survint alors que le bâtiment avait été converti en cinéma.

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Temple antoiniste de La Louvière (Le Centre, 29 mars & 5 avril 1943)(Belgicapress)

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Temple antoiniste de La Louvière (Le Centre, 5 avril 1943)(Belgicapress)Temple antoiniste de La Louvière (Le Centre, 29 mars 1943)(Belgicapress)

 

 

 

 

 
 

La vie religieuse dans le Centre

Le Temple antoiniste de La Louvière
a été fondé en 1933 (I)

    La Louvière possède, depuis le 3 décembre 1933, un Temple Antoiniste, qui est érigé rue de l'Olive, n° 33.
    Le culte antoiniste a été créé en 1906 ; il a été fondé par M. Louis Antoine, dit « Antoine le Guérisseur ».
    Le premier Temple de Jemeppe-sur-Meuse, a été construit en 1906, rue Alfred Smeets, n° 2. Il a été consacré le 15 août 1910. Le culte possède vingt-neuf Temples en Belgique ; outre Jemeppe et La Louvière, on les rencontre à Stembert (1911) ; Bierset (1912) ; Souvret (1913) ; Villers-le-Bouillet (1914) ; Ecaussinnes-Carrières (1914) ; Verviers (1914) ; Seraing (1915) ; Momalle (1915) ; Visé (1916) ; Forest (1916) ; Liége (1917) ; Herstal (1917) ; Jupille (1918) ; Jumet-Gohissart (1919) ; Montegnée (1919) ; Vottem (1923) ; Huy (1923) ; Waremme (1924) ; Schaerbeek (1925) ; Evelette-Ohey (1926) ; Quatre-Bras-Nandrin (1927) ; Schooten-Anvers (1929) ; Sprimont (1929) ; Spa (1931) ; Moha (1931) ; Liége (1935) ; Tournai (1938).
    En France, on en compte dix-huit : Paris, XIIIe (1913) ; Monaco (1913) ; Vichy (1920) ; Tours (1921) ; Lyon-Villeurbanne (1922) ; Caudry (1922) ; Vervins (1923) ; Aix-les-Bains (1924) ; Hellemmes-Lille (1915) ; Orange (1926) ; Paris, XIXe (1928) ; Nantes (1929) ; Reims (1930) ; Nice (1931) ; Valenciennes (1932) ; Saint-Etienne (1935) ; Tourcoing (1937) ; Croix (1941).
    Les adeptes au Culte Antoiniste sont nombreux ; en 1910, notamment, la Direction Générale a soumis 160.000 signatures au Parlement belge pour obtenir la reconnaissance légale du culte. Aujourd'hui, nous assure le Conseil d'administration, un très grand nombre de personnes pourraient attester les bienfaits de l'œuvre.
          Qu'est-ce que l'antoinisme
    Cette œuvre est basée sur l'amour, la foi et le désintéressement.
    La religion, dit le Père Antoine, est l'expression de l'amour pur puisé au sein de Dieu qui nous fait aimer tout le monde indistinctement, croyants et non croyants, à quelque degré social que l'on appartienne. La religion est une comme l'amour est un ; il ne peut en découler deux croyances qui diffèrent l'une de l'autre ; la preuve qu'elles s'y opposent, c'est qu'elles se basent sur les lois que doivent respecter les adeptes. Notre enseignement, poursuit-il, démontre la religion. Mais ne confondons pas celle-ci avec la croyance. Nous le répétons, elle a pour base la foi sans laquelle il nous est impossible de nous unir les uns aux autres dans une seule et même pensée ; toutes les croyances appelées religion lui sont opposées, puisque c'est par elle que nous nous divisons. L'enseignement révélé par le Père est basé sur la foi et le désintéressement ; il est toute morale et ne s'allie qu'avec la plus grande simplicité de forme, il exclut tout calcul et surmonte le doute ; il sensibilise la conscience, ce qui tend à rendre l'homme meilleur, plus fraternel et, de progrès en progrès, le conduira à l'unité de l'ensemble : Dieu.
    Le but que poursuit le Culte antoiniste est purement humanitaire et ne vise que la consolation de l'humanité souffrante, les guérisons par la Foi et l'amélioration morale des êtres. L'œuvre se base sur la foi qui s'adresse librement à tous, croyants et non croyants. La dénomination : « Etablissement d'utilité publique » qui a été conférée au culte antoiniste par la loi, correspond bien à sa mission. En outre, tout y est entièrement désintéressé : aucun ministre de cette secte ne reçoit de subsides, ni de l'Etat, ni du Culte, ni des particuliers : chacun vit de son travail extérieur au culte.
    Les ressources proviennent des dons anonymes.
    Les temples sont construits par le Culte au moyen de legs faits par de généreux donateurs.

          Les Temples
    Les Temples antoinistes revêtent partout la plus grande simplicité ; ils comprennent généralement un logement modeste pour le desservant, une salle aux dimensions plus ou moins grandes suivant l'importance du nombre d'adeptes de l'endroit, un ou plusieurs cabinets de consultation où reçoivent les ministres du Culte. La salle garnie de bancs ou de chaises, peinte habituellement en vert, sert aux cérémonies.
    Sur la porte d'entrée, on lit l'inscription ci-après : Lecture de l'Enseignement du Père, tous les dimanches, à 10 heures, et en semaine, les lundi, mardi, mercredi et jeudi, à 19 h. 30. Opération générale, les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. Consultations tous les jours, excepté le samedi et l'avant-midi du dimanche. Pour les cas graves ou urgents, les temples sont ouverts jour et nuit. Tout le monde est reçu gratuitement.
    Certains temples sont coiffés d'un clocheton, sans cloche, recouvert de zinc et qui se termine souvent par une sorte de vrille.
    Contre le mur du fond de la salle, peinte en noir, est adossée une grande tribune ; on y accède par un escalier. L'emblème du Culte (Arbre de la Science de la vue du Mal), est appendu à la tribune. En dessous se trouve une petite tribune (sorte de pupitre) où se font les lectures de l'enseignement. Sur le mur du fond, on peut lire dans la partie supérieure les mots : « Culte Antoiniste ». Plus bas, les inscriptions relatives aux heures pour l'enseignement du Père. Ensuite, l'auréole de la Conscience : « Un seul remède peut guérir l'humanité : la Foi : c'est de la fol que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu : car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de Le Servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer parce qu'il est pur et de vérité ».
    Le Premier représentant du Père est M. J. Nihoul ; le Président du Conseil d'administration est M. D. Dumont, et le Secrétaire, M. L. Goffin.
    La Direction Générale est établie à Liége.
    Les statuts ont été publiés au « Moniteur » des 13 octobre 1922, 13 février 1932, 22-23 Juillet 1939 et 22 février 1941.
    Le Culte dispose d'un journal tiré dans l'imprimerie qui lui est propre ; cet organe est intitulé : « L'Unitif » et porte en manchette : « Nous sommes arrivés à nous améliorer ».

Le Centre, 29 mars 1943 (source : Belgicapress)

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La vie religieuse dans le Centre

Le Temple antoiniste de La Louvière
a été fondé en 1933 (II)

          Qui est le Père dit « Le Guérisseur » ?
    Le Père, dit « Le Guérisseur », était un ouvrier, né à Mons-Crotteux (province de Liége), en 1846, de parents pauvres, simples et foncièrement honnêtes, était le cadet de sa famille, qui comptait onze enfants. Il débuta à 12 ans dans la mine, accompagnant son père et un frère, qui étaient également mineurs. Ne voulant plus descendre dans la fosse, il devint ouvrier métallurgiste. A 24 ans, il quitta la Belgique pour aller travailler en Allemagne, où il séjourna pendant cinq ans. Deux ans plus tard, il va à Pragua, près de Varsovie et y accomplit un nouveau terme de cinq années, puis il s'installe définitivement en Belgique à Jemeppe-sur-Meuse.
    Dans l'intervalle de son séjour en Allemagne, il revient au pays, épouser une femme dont il avait fait la connaissance avant son départ. De leur union, naquit un enfant, un garçon que la mort leur ravit à l'âge de 20 ans. Mais, grâce à leur grande foi, aucun des doux époux n'en fut découragé ; au contraire, ils se dévouèrent davantage. Leur séjour à l'étranger leur avait permis d'amasser une petite fortune ; ils la sacrifièrent pour venir en aide aux malheureux, éprouvant plus de bonheur à la dispenser à tous qu'ils n'en avaient trouvé en l'acquérant par leur labeur.
    Le Père vivait très simplement et très sobrement ; il était végétarien dans toute l'acception du terme ; il ne prenait ni viande, ni œufs, ni beurre, ni lait, en un mot, rien qui provienne de l'animal. Il s'appliquait à rester en tout dans le naturel, faisait lui-même tous les menus travaux que nécessitait son entretien. Son travail du jour et de la nuit pour ceux qui font appel à son concours, exigeait un recueillement constant ; c'est pourquoi il vivait absolument seul. Sa femme, une âme d'élite, simple et modeste, habitait, avec deux orphelines, qu'ils avaient élevées, car elle partageait en tout sa mission ; elle remplaçait son époux et opérait en son nom quand Il devait s'abstenir.
    Le Père professa la religion catholique jusqu'à l'âge de 42 ans, puis il s'appliqua à la pratique du spiritisme, sans s'attarder toutefois dans le domaine expérimental. Sachant à peine lire et écrire, il se trouvait incompétent pour résoudre ce problème scientifique. Il lui préféra la morale et s'y adonna de tout cœur. Il continua jusqu'en 1906, date à laquelle il a créé le Nouveau Spiritualisme ; c'est là que commence sa mission de Révélateur.
    On dit plus haut que le Père n'était pas instruit ; en effet, le peu de connaissances qu'il possède, il les a acquises en dehors de l'école par son travail personnel. Mais au point de vue de la morale, il fut de tout temps supérieur à son milieu et à son époque, car il s'appliqua sans cesse à son amélioration. La mère du « Guérisseur » était une femme pieuse et charitable qui, souvent, priva les siens pour rassasier des plus malheureux. C'est dire que le fils fit ses premiers pas dans la voie de la charité qu'il a toujours suivie par la suite.
          La cérémonie des funérailles
   
Comme dans les autres cérémonies, l'enterrement par les soins du Culte antoiniste revêt un caractère de pure simplicité.
    A la levée du corps, pendant la lecture des dix principes révélés par le Père, l'Emblème est haut porté. Il prend ensuite la tête du cortège jusqu'à la tombe. Pendant le cortège, le lecteur accompagne le porteur d'Emblème. Tous deux sont revêtus de la robe. Sur la tombe, il est fait lecture du chapitre « Réincarnation ». Après cette lecture, avant de quitter les lieux, le lecteur remercie les assistants au nom du Père, puis au nom de la famille du défunt.
    L'emblème peut figurer aux obsèques de tous ceux qui le réclament avant de se désincarner, mais si le défunt n'est pas antoiniste et que sa famille désire le faire enterrer par les soins du Cercle, l'Emblème ne doit pas y figurer. Saut sur ce point, on fera tout comme pour un adepte.
    Notre région comptant beaucoup d'Antoinistes, ceux-ci liront cet article avec plaisir ; les autres apprendront ce qu'est ce culte. Son enseignement, est-il dit, aide à la paix sociale dont le monde a si grand besoin à l'heure actuelle pour se rassurer et se reconstituer.
    (D'après des notes et documents communiqués aimablement par M. L. Goffin, secrétaire du Conseil d'administration du Culte Antoiniste).
                                                                                      CEFRA.

Le Centre, 5 avril 1943 (source : Belgicapress)

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Seconde conférence spirite de M.Léon Denis (La Meuse, 26 février 1897)(Belgicapress)

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Seconde conférence spirite de M.Léon Denis (La Meuse, 26 février 1897)(Belgicapress)

    Seconde conférence de M. Léon Denis. L'éminent orateur, membre de la Ligue de l'Enseignement de France, a donné une seconde conférence au Casino du Passage, sous los auspices de l'Union spirite de Liége.
    L'assistance était plus considérable encore que samedi : la salle était absolument comble. Denis s'est élevé, à certains moments, à une véritable éloquence. L'orateur a exposé le problème de la vie future d'après le spiritisme et la science.

La Meuse, 26 février 1897 (source : Belgicapress)

 

    On peut penser que des membres du groupes des Vignerons du Seigneur, dont Louis Antoine ont pu y assister.

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Roux - La gendarmerie

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Roux - La gendarmerie (derrière à droite, le bâtiment du Temple du Père Dor).jpg

Roux - La gendarmerie (derrière à droite, le bâtiment du Temple du Père Dor)

Roux - La gendarmerie maintenant et le Temple de la Vertu

Roux - La gendarmerie maintenant et
le bâtiment du Temple de la Vertu (maintenant Centre de formation pour éducateurs)

    Dans un article du Soir (8 et 9 janvier 1913) sur le Père Dor, on apprend que le Temple de la Vertu est situé près de la gendarmerie.
    Le bâtiment est maintenant une maison de repos et de soins pour personnes âgées "Le Chant des Oiseaux".

    Concernant le Temple, Paul Pastur refuse d'acheter le bâtiment pour en faire une école en raison "des évènements actuels" et l'on semble comprendre par là que les "évènements" dont il s'agit ce n'est pas la guerre, mais le procès intenté contre le Père Dor. On pensait en effet en faire une partie de l'Université du Travail.
    Le Temple est devenu un temps une caserne, pour devenir un court moment après sa vente un cinéma, puis est devenu un cloître pour les Dames de Ste-Julienne, ce que nous confirme un article du Pastoor Verlinden. On retrouve une série de cartes postales montrant le bâtiment dans cette nouvelle affectation.
    Entretemps, le Père Dor continuera son œuvre à Uccle.

    Il devint ensuite une école d'infirmières et actuellement une École pour éducateurs (Centre d'Enseignement Supérieur pour Adultes).

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Louis Piérard - En Wallonie (1911)

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Louis Piérard - En Wallonie (1911)

Auteur : Louis Piérard
Titre : En Wallonie
Éditeurs : Henri Lamertin, Bruxelles, 1911Louis Piérard - En Wallonie (1911)

    Louis Piérard est un homme politique belge et un militant wallon né à Frameries (dans le Borinage) le 7 février 1886 et mort à Paris le 3 novembre 1951, mais repose au cimetière de Frameries, au pied d'un des plus anciens charbonnages. Sur le tombeau érigé par la commune, on lit l'inscription Citoyen du monde. Son œuvre vient de passer dans le domaine public.
    Issu d'une famille modeste (ses deux grands-pères étaient mineurs), il vint très jeune au socialisme et lutta aux côtés de Jules Destrée et Émile Vandervelde pour le suffrage universel. Il fut maire de Bougnies, sur la frontière française, de 1933 à sa mort.
    Journaliste, il collabora au journal Le Soir puis au journal Le Peuple, organe de son parti, mais aussi pour Le Flambeau, le journal de Gustave Gony (il est donc possible qu'il fût spirite). Il accompagne François Crucy pour son article dans l'Humanité. Il écrivit de nombreuses critiques d'art (sur Van Gogh, Manet…) et Visages de la Wallonie (réédité par Labor, Bruxelles, 1980). Ce livre est de la même trempe que ce dernier, mais date de 1911, un des premiers titres de l’auteur.
    Il y consacre deux chapitres à ce qui nous intéresse : les Thaumaturges (pp. 47-49) et Antoine le Guérisseur (pp.50-56). Pour autant, l’auteur ne nous apprend rien, et fait un travail de journaliste qui rapporte des faits. Cependant je doute qu’il se soit rendu à Jemeppe. Jugez par vous-mêmes. Pourtant, il semble bien connaître le culte, car deux articles (L'Humanité donc, et Le Monde illustré) l'évoque. Et il a soutenu la reconnaissance du culte auprès du Parlement.
    On retrouve une sœur Alice Piérard en relation avec le temple de Verviers, sans savoir s'ils sont de la même famille.


                                 THAUMATURGES

    A tout seigneur, tout honneur. Que je vous parle d'abord de l'éphémère bon dieu Baguette qui opéra deux mois durant à Ressaix, près de Binche dont le carnaval est célèbre.
    Jemeppe-sur-Meuse avait déjà Antoine le Guérisseur. Nous connaissions aussi un brave paysan d'Erbisœul qui succéda à son beau-père dans les délicates fonctions de Tout-Puissant. Et cette trop neuve région du Centre où Baguette opéra, n'avait-elle eu déjà Louise Latteau, la fameuse stigmatisée de Bois-d'Haine ?
    Ce christ de Ressaix, après des semaines de gloire et de recettes abondantes (on vint le consulter Paris, de Lille et d'Arlon !) connut en quelques jours la plus lamentable des déchéances et le ressentiment de la foule. Il eut le tort grand de ne point se montrer assez supra-terrestre ; Il s'enivra, eut une maîtresse, fut appelé au Parquet de Charleroi. Aucun dieu ne peut résister à de telles épreuves.
    La révélation lui était venue au fond de la mine : plusieurs fois, devant ses camarades ahuris, puis bouleversés, ce jeune sclauneur jetant son pic s'était écrié « qu'il le voyait encore. » Sur la façade du cabaret paternel, on peignit à la chaux blanche : Au nouviau bon Dieu, Jules Buisseret, dit Baguette. Et malades, curieux, reporters, affluèrent de partout. « Qui eût cru, dit la mère Buisseret, que nos fieu s'rait dèv'nu bon Dieu ? »
    Moi aussi je fus le consulter. Le pays est hideux, presque effrayant : chemins noirs et boueux, maisons toutes pareilles, trop neuves et trop sales à la fois. On se prend à regretter avec douceur d'autres régions charbonnières, antiques celles-là, où une industrialisation féroce n'a pas encore souillé un paysage de vieux terrils verdissants et de collines douces.
    Aux murs du cabaret sordide, des béquilles, des crucifix ornés d'une cocarde en flanelle rouge, des vierges naïvement peinturlurés, voisinaient avec des chromos recommandant le chocolat des Boers ou l'élixir des colombophiles. Les visiteurs attendaient leur tour, assis devant une chope crasseuse. « Allons, à qui le tour ? » criait de temps en temps le Bon Dieu du fond de la cuisine. C'était un jeune homme maigre, aux joues blêmes, au regard fuyant. Une narquoise chanson populaire décrivait ainsi son accoutrement :
                     Il a n'ceinture de rouge coton,
                     Pou fé t'nir ses marronnes (son pantalon),
                     Il a planté dins des bouchons
                     Des s'pénes (épines) pou fé n'couronne.
    Ajoutez à cela un énorme crucifix en plomb attaché au gilet du bonhomme par une épingle de sûreté, et un sceptre grossier. Son remède consistait en peu de chose : dire des prières tous les jours, matin et soir, et après les repas : faire le signe de la croix de la main gauche et à l'envers. Penser à lui. Et voilà ! Cela valait dix sous, cinq francs, dix francs, selon la mine. Cocasse et poignant !

 

                                 ANTOINE LE GUÉRISSEUR

    Cent soixante mille Belges ont demandé dans une pétition au Parlement de leur pays, la reconnaissance d'une nouvelle religion : l'Antoinisme.
    Cent soixante mille signatures ! Ni le suffrage universel, ni l'instruction obligatoire, ni la limitation des heures de travail n'ont jusqu'ici, bénéficié d'un tel engouement. Dans une lettre qui accompagne la pétition, une propriétaire, un professeur de lycée, et un lieutenant d'infanterie exposent ce que demandent avec eux, ces 160.000 Belges : la reconnaissance légale d'un nouveau culte, le culte » antoiniste », du nom de son fondateur, Antoine le Guérisseur, un homme étrange qui, au pays de Liège, exerce depuis quelques années, un étonnant prestige.
    Si Antoine le Guérisseur et ses adeptes, dit la pétition, demandent la reconnaissance légale de leur culte, ce n'est pas pour obtenir des subsides. La religion antoiniste est fondée sur le désintéressement le plus complet : Antoine le Guérisseur et ses adeptes ne veulent recevoir ni subside ni rémunération, mais assurer l'existence légale de leurs temples.
    Ajoutons que les signataires joignent à leur pétition quelques certificats de guérison dont la lecture disent-ils, fera comprendre pourquoi ils considèrent Antoine le Guérisseur comme l'un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité.
    Jemeppe-sur-Meuse, c'est, au noir pays du fer et du charbon, près de Liège, un gros village minier au bord de la Meuse. De l'autre côté du fleuve, au bout du pont de fer, c'est l'ancien palais des princes évêques de Liège, l'entrée des usines Cockerill, Seraing, qui impressionnait Victor Hugo si violemment en 1838, et qui est bien, aujourd'hui, l'un des grands temples de la beauté moderne. Un peu plus loin, en amont, sont les cristalleries du Val-Saint-Lambert.
    C'est dans ce décor que le thaumaturge Antoine opère depuis quelques années. On le vient voir de très loin, non seulement de toutes les provinces belges, mais encore du nord de la France et du grand-duché de Luxembourg. Louis-Antoine est né en 1816, Mons-Crotteux, un village de ce pays de Liège, où, à l'âge de douze ans, il descend dans la mine, avec son père et son frère. A l'âge de vingt-quatre ans, il quitte la Belgique pour l'Allemagne, où il travaille pendant cinq ans ; puis nous le retrouvons dans les environs de Varsovie, où il fait un nouveau séjour de cinq ans. Marié à une payse, il revient à Jemeppe, à la tête d'un petit pécule, qu'il a vite fait de partager en aumônes continuelles. Dès lors, après une grande crise mystique, Antoine commença sa carrière de guérisseur.
    Il fut longtemps un fervent disciple d'Allan Kardec et fonda à Jemeppe même, la société spirite des « Vignerons du Seigneur. » Les esprits, un jour, lui révélèrent sa mission actuelle et lui ordonnèrent de se consacrer tout entier à « l'art de guérir. » Et Antoine commença d'imposer les mains aux malades en leur disant simplement : « Pensez à moi, ayez la foi ».
    Plus tard, le nombre des visiteurs étant devenu trop considérable, Antoine adopta le système de la guérison en bloc, par paquets. A présent, il n'opère plus que les quatre premiers jours de la semaine. Vers dix heures, quand quelques centaines de visiteurs sont réunis dans le temple, le bonhomme paraît, monte dans une chaire et invite l'assemblée à se recueillir. Lui-même semble concentrer toute sa pensée sur un point et souffrir. Puis, sortant de sa torpeur, il recueille dans l'atmosphère, les fluides !!! S'ils sont mauvais, il demande aux assistants de prier pour purifier l'ambiance...
    Le « temple » de Jemeppe-sur-Meuse est bâti comme beaucoup de maisons en Wallonie, sur l'emplacement d'une exploitation charbonnière abandonnée : le grisou s'échappe, s'allume facilement à un petit trou que l'on a foré dans le plancher. De même autrefois, les pythonisses plaçaient leur trépied au-dessus d'une ouverture crachant des vapeurs infernales...
    Antoine est végétarien, travaille de ses mains continuellement, tâche de suffire à tous ses besoins.
    – Mais, allez-vous dire, c'est l'histoire de Tolstoï que vous nous racontez là !
    A la vérité, la similitude est frappante, surtout si l'on étudie leur enseignement moral à tous deux.
    Cependant, c'est à un simple, à un ouvrier peu instruit, ne l'oublions pas, que nous avons affaire ici.
    A vrai dire, c'est surtout un panseur de plaies morales ; mais j'ai trouvé dans cet homme une telle force de persuasion que je ne serais point étonné qu'il eût agi favorablement sur bien des malades. A un ami qui m'accompagnait il y a quelques années, quand je l'allai voir, et qui lui demandait une consultation, cet homme étrange répondit avec calme :
    – Vous n'avez point la foi : je lis bien dans vos yeux que vous me demandez cela par goguenardise ou poussé par une frivole curiosité. A quoi bon vous répondre ?...

*
*   *

    Il y a, dans les boniments que répandent les fidèles d'Antoine, des choses bien amusantes. Tenez, je trouve à la fin d'une brochure intitulée : L'auréole de la conscience, révélation et biographie d'Antoine le Guérisseur, l'annonce suivante :
    Nous portons à la connaissance des personnes souffrantes que le GUERISSEUR ne reçoit plus en particulier. Il fait en tout quatre opérations générales par semaine : les lundi, mardi, mercredi et jeudi, à 10 heures.
    Pour les opérations particulières, une dame qui opère en son nom Le remplace. Les personnes qui ont foi en Lui, soit pour conseils, contrariétés ou maladies, recevront satisfaction aussi bien par l'intermédiaire de cette dame que par Lui-même.
    Mais voyons la doctrine de cet homme qui a plus du thaumaturge en lui que du vulgaire rebouteux.
    L'enseignement d'ANTOINE LE GUERISSEUR a pour base l'amour, il révèle la loi morale, la conscience de l'humanité : il rappelle à l'homme les devoirs qu'il a remplir envers ses semblables ; fût-il arriéré même jusqu'à ne pouvoir le comprendre, il pourra, au contact de ceux qui le répandent, se pénétrer de l'amour qui en découle : celui-ci lui inspirera de meilleures intentions et fera germer en lui des sentiments plus nobles.
    La vraie religion, dit LE GUERISSEUR, est l'expression de l'amour pur puisé au sein de Dieu, qui nous fait aimer tout le monde indistinctement.
    Il est plutôt médecin de l'âme que du corps. Non, non, nous ne pouvons pas faire d'ANTOINE LE GUÉRISSEUR un grand seigneur, nous faisons de Lui notre Sauveur. Il est plutôt notre Dieu, parce qu'Il ne veut dire que notre serviteur.
    Ce sont ses disciples qui parlent, mais sans doute vaut-il mieux que nous entendions parler ce dieu nouveau lui-même.
    Lisez les versets naïvement rimés qu'il met dans la bouche de Dieu :
                               Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi
                               Dont l'intention serait de nous convertir.
                               Si vous respecter toute croyance
                               Et celui qui n'en a pas,
                               Vous savez, malgré votre ignorance
                               Plus qu'il ne pourrait vous dire.
    Et ceci :
                               Vous ne pouvez faire de la morale à personne
                               Ce serait prouver
                               Que vous ne faites pas bien,
                               Parce qu'elle ne s'enseigne pas par la parole
                               Mais par l'exemple
                               Et ne pour le mal en rien.
    Ce dernier vers vous a un petit parfum d'immoralisme nietzschéen. Il serait fort intéressant d'étudier, à propos de ce guérisseur, certaines sectes religieuses aux conceptions fort libres, qui se sont développées en Wallonie depuis quelques années, en marge du protestantisme et de la religion catholique. L'historien, le philosophe, le folkloriste – et le simple amoureux de pittoresque – y trouveraient sans doute leur compte.

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    Un peu plus loin, dans le chapitre consacré à Liège, l'auteur ajoute, p.160 :

    C'est ce peuple là, à la fois gouailleur et sentimental, frondeur avec Tchanchet et mystique avec Franck, qui vient de constituer un groupe des « adventistes du septième jour », qui rendit célèbre Antoine le guérisseur, le brave thaumaturge de Jemeppe-sur-Meuse, et qui enfanta le mineur Hubert Goffin, précurseur des Nény et des Prouvost de Courrières.

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Limburg - Over Antoinisme (Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Limburg - Over Antoinisme (Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929)(Belgicapress)

LIMBURG 

    Over Antoinisme.   Onder groote belangstelling had hier in den namiddag de plechtige teraardebestelling plaats van een volksvrouw die zich sinds eenige jaren reeds to het Antoinisme had bekeerd. Talrijke vreemde geloofsbroeders en -zusters, in eigenaardige kleederdracht, volgden het lijk. Vooropwerd de symbolische levensboom gedragen en op den doodenakker een afscheidstoespraak gehouden.
    Honderden Limburgers bezoeken nog geregeld « Ma Mère », te Jemeppe, die genezing belooft aan al wie vastelijk in 't Antoinisme gelooft. Af en toe komen geheele groepen vrouwelijke en mannelijke propagandisten in Tongeren en in de omgeving vlugschriften verspreiden. Sinds verleden jaar beschikt deze geloofsekte over een plaatselijk inlichtingsbureel.

Het Laatste Nieuws, 27 september 1929 (source : Belgicapress)

 

Traduction :

LIMBOURG

    A propos de l'Antoinisme.  – L'après-midi, l'enterrement solennel d'une femme de la classe ouvrière qui s'était convertie à l'antoinisme quelques années auparavant a eu lieu ici au milieu d'un grand intérêt. De nombreux frères et sœurs étrangers portant des costumes étranges ont suivi le cadavre. L'arbre de vie symbolique a été porté devant le cortège et un discours d'adieu a été prononcé au cimetière.
    Des centaines de Limbourgeois rendent encore régulièrement visite à "Ma Mère" à Jemeppe, qui promet la guérison à tous ceux qui croient fermement à l'antoinisme. De temps en temps, des groupes entiers de propagandistes, hommes et femmes, viennent à Tongres et dans les environs pour distribuer des tracts. Depuis l'année dernière, cette secte religieuse dispose d'un bureau d'information local.

Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929 (source : Belgicapress)

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Anniversaire de la mort du Père (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

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Anniversaire de la mort du Père - foule (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

C'était mardi l'anniversaire de la mort du Père Antoine, fondateur du culte qui porte son nom. Voici la foule devant le temple antoiniste de Jemeppe.

Anniversaire de la mort du Père - Mère (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

Au cours de la cérémonie, la Mère Antoine a donné une bénédiction publique à la foule qui n'avait pu trouver place à l'intérieur du temple : le geste de la Mère Antoine a pu être saisi par l'objectif de notre photographe, qui a pris ainsi un cliché rare. - Un cortège a parcouru les environs du temple.

Voir les photos en meilleure qualité dans les Archives du Temple de Retinne

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Aimez-vous les uns les autres (Le Fraterniste, 1er février 1924)

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Aimez-vous les uns les autres (Le Fraterniste, 1er février 1924)

 « Aimez-vous les uns les autres ».

                                   Jésus-Christ.

Le Fraterniste, 1er février 1924

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Le Temple de Jemeppe-sur-Meuse (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile - Le Temple Antoiniste (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

issu de l'article Les Antoinistes demandent la personnification civile
(dans La Dernière Heure, 6 mars 1921)(source : Belgicapress)

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Feu le "Père" Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile - Feu le Père Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

issu de l'article Les Antoinistes demandent la personnification civile
(dans La Dernière Heure, 6 mars 1921)(source : Belgicapress)

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