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Le grand Seraing au travers de ses illustres personnalités (Journées du Patrimoine 2012)

Publié le par antoiniste

Au départ du site du château du Val Saint-Lambert, le visiteur sera amené à découvrir, sous un autre angle, les trésors de personnalités illustres dont la ville de Seraing regorge amplement. Laissez-vous emmener par le récit des guides qui, tout au long de ce trajet, vous permettront de mieux cerner et surtout d’apprécier les grandes figures de Seraing, leur histoire, leur vécu, leur création et leur impact sur notre belle région qu’est la Wallonie mais également au-delà de nos frontières. Le circuit passera par l’hôtel de Ville de Seraing où seront présentés John Cockerill et Édouard Masson, par le château d’Ordange à Jemeppe , par le vieux cimetière de Jemeppe avec le père Antoine, par la maison natale de Rennequin Sualem, par le château Antoine, par le centre culturel R. Delbrouck, par le fort de Boncelles avec le commandant Charlier, par le cimetière de Boncelles, par le quartier de la Vecquée, lieu de l’assassinat de Julien Lahaut, par le site du Val Saint-Lambert avec Kemlin et Lelièvre et par d’autres lieux symboliques où seront mises à l’honneur des personnalités qui ont compté dans l’histoire de la ville.

source : http://patrimoine.sitytour.net/Cont?action=getdetail&id=707&forPrint=1

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L'antoinisme, une religion née dans la région liégeoise

Publié le par antoiniste

L'antoinisme, une religion née dans la région liégeoise

    Quand j'étais enfant, un couple habitait pas très loin de chez mes parents. Ils m'impressionnaient. Il étaient toujours habillés en noir. Lui, avec un grand chapeau. Elle, comme une ursuline. On aurait dit des quackers. J'avais l'impression qu'ils étaient d'un autre monde et d'un autre temps que le mien. Tout en bas de la rue, il y avait un petit édifice où une plaque métallique indiquait qu'il s'agissait d'un temple antoiniste. C'est là qu'ils se rendaient régulièrement. Cela m'a toujours intrigué. Qui étaient-ils? Que faisaient-ils dans ce temple?

 

lire la suite sur Xavier: de tout un peu - Réflexions au fil des jours ... pour ceux qui ont envie de les partager

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Marcel R. Ausloos - Econophysics of a religious cult: the Antoinists in Belgium [1920-2000] (2012)

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Marcel R. Ausloos - Econophysics of a religious cult: the Antoinists in Belgium [1920-2000] (2012)

Econophysics of a religious cult: the Antoinists in Belgium [1920-2000]
Marcel R. Ausloos - Université de Liège, Physics, Emeritus 
(Submitted on 23 Jan 2012 (v1), last revised 24 Jan 2012 (this version, v2))

    In the framework of applying econophysics ideas in religious topics, the finances of the Antoinist religious movement organized in Belgium between 1920 and 2000 are studied. The interest of investigating financial aspects of such a, sometimes called, sect stems in finding characteristics of conditions and mechanisms under which definitely growth AND decay features of communities can be understood. The legally reported yearly income and expenses between 1920 and 2000 are studied. A three wave asymmetric regime is observed over a trend among marked fluctuations at time of crises. The data analysis leads to propose a general mechanistic model taking into account an average GDP growth, an oscillatory monetary inflation and a logistic population drift.

Traduction :
    Dans le cadre de l'application des idées éconophysiques aux sujets religieux, les finances du mouvement religieux antoiniste organisé en Belgique entre 1920 et 2000 sont étudiées. L'intérêt d'étudier les aspects financiers d'une telle secte (telle qu'elle est parfois appelée), réside dans la recherche des caractéristiques des conditions et des mécanismes dans lesquels les caractéristiques de croissance ET de déclin des communautés peuvent être comprises. Les revenus et les dépenses annuels déclarés légalement entre 1920 et 2000 sont étudiés. Un régime asymétrique à trois vagues est observé sur une tendance parmi des fluctuations marquées en temps de crise. L'analyse des données conduit à proposer un modèle mécaniste général prenant en compte une croissance moyenne du PIB, une inflation monétaire oscillante et une dérive logistique de la population.


Comments:     20 pages, 6 figures, 2 tables, 51 references; prepared for Physica A; now including title, author, address and abstract
Subjects:     Statistical Finance (q-fin.ST); Data Analysis, Statistics and Probability (physics.data-an); Physics and Society (physics.soc-ph)
Journal reference:     Physica A 391 (2012) 3190-97

source : http://arxiv.org/abs/1201.4841

Conclusion :
    The ”model” indicates that such religious communities are markedly influenced  by  external  considerations  (”external  fields”),  besides  their  intrinsic ”religious” goals.  Practically,  in the present  case,  as  illustrated,  the  crash of  1929  induces  a  drop  in  income,  but  the  second  world  war  increases  the community  strength.   The  golden  sixties  ”reduce”  the  income:  the  adepts well being increased, but the adherents reduced their offering, becoming in some  sense  more  egoistical.   Therefore,  one  can  deduce  that  there  are  two different causes for the drop in income:  either a lack of money of the adepts, or in contrast, paradoxically, ”too much” wealth.  Similarly, the increase in the religious movement income, at its legal beginning, may result from the enthusiastic thanking for healing the suffering, both of the soul and the body, - but also occurs due to the income explosion until 1985.  The variation in expenses are immediately related with such income considerations. [...]
    Due to the present economic and financial crisis, a phoenix effect might nevertheless takeplace again.

Traduction :
    Le "modèle" indique que ces communautés religieuses sont fortement influencées par des considérations externes ("domaines externes"), en plus de leurs objectifs "religieux" intrinsèques.  En pratique, dans le cas présent, comme illustré, le crash de 1929 induit une baisse des revenus, mais la seconde guerre mondiale augmente la force de la communauté.   Les années soixante "réduisent" les revenus : le bien-être des adeptes augmente, mais les adhérents réduisent leur offre, devenant dans un certain sens plus égoïstes.   On peut donc en déduire qu'il y a deux causes différentes à la baisse des revenus : soit un manque d'argent des adeptes, soit au contraire, paradoxalement, "trop" de richesse.  De même, l'augmentation des revenus du mouvement religieux, à ses débuts légaux, peut résulter du remerciement enthousiaste pour la guérison de la souffrance, tant de l'âme que du corps, - mais se produit également en raison de l'explosion des revenus jusqu'en 1985.  La variation des dépenses est immédiatement liée à ces considérations de revenus. [...]
    En raison de la crise économique et financière actuelle, un effet phénix pourrait néanmoins se reproduire.

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L'antoinisme, seul mouvement religieux né en Belgique (La Libre 01/11/2012)

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L'antoinisme, seul mouvement religieux né en Belgique (La Libre 01/11/2012)

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L'antoinisme, seul mouvement religieux né en Belgique

Déborah Taminiaux (st.)

Mis en ligne le 01/11/2012

L'antoinisme est un mouvement d'inspiration chrétienne qui célèbre les fêtes catholiques. LaLibre.be a profité de la Toussaint pour faire découvrir ce culte qui est le seul à être né en Belgique, dont le fondateur est décédé voici 100 ans, et qui se caractérise, entre autres, par la liberté de conscience de ses membres, la discrétion et le recours à des guérisseurs.

Le terme "antoinisme" vient du nom du fondateur de cette religion, Louis-Joseph Antoine. Ce Wallon, né dans la province de Liège en 1846, a longtemps travaillé comme ouvrier, d'abord dans les mines puis dans la métallurgie. A 20 ans, lors de la guerre franco-prusse, Antoine tua un homme, ce qui l'amena à se poser des questions sur le sens de l'existence. Près de 25 ans plus tard, un deuxième événement va bouleverser sa vision de la vie. Comme nous l'explique Jan Jelle Koppler, secrétaire général de la société théosophique de Bruxelles, «A la mort de son fils, Antoine va définitivement quitter la catholicisme. Il découvrira un peu plus tard ses dons de guérisseur: il se rend compte qu'il peut manipuler les fluides (pensées) et changer les mauvais fluides en bons. En tant que guérisseur, il devient très connu et reçoit des centaines de personnes par jour. Il fondera ensuite l'antoinisme, en 1910. Il est alors considéré comme un prophète belge, le seul d'ailleurs, vu son talent pour guérir les personnes».

Les fluides dont parle Antoine sont fonction de la morale de la personne. En effet, il croit aussi en la réincarnation, mais seulement d'humain à humain. Plus l'être se réincarne, plus il a des chances d'atteindre « l'état divin ». Quand l'humain parvient à cet état, le cycle des réincarnations s'achève. Les fluides peuvent être considérés comme nos pensées ou nos actions qui doivent être améliorés jusqu'à atteindre la réincarnation. Ces fluides sont transmissibles, et c'est la que la guérison intervient. Il existe des guérisseurs dans le culte antoiniste, qui prient et essayent avec le croyant de trouver l'origine de ses malheurs. La maladie serait le produit de notre imagination (« Le mal n'existe pas ») et les épreuves que nous endurons, des complications dues à nos vies antérieures. Car pour les antoinistes, si l'homme était parfait, il ne devrait pas se réincarner. L'usage de la médecine traditionnelle ne se trouve toutefois par interdit. Néanmoins, du vivant d'Antoine, la justice ne considérait pas toujours ces activités de guérison d'un bon oeil. Outre les guérisons, l'antoinisme se caractérise par un service religieux qui se partage en deux parties et dont l'ensemble ne dure pas plus de 30 minutes. « L'Opération générale » se trouve en première partie. Elle consiste à prier pour transmettre le bon fluide.

S'ensuit « La lecture », où le desservant lit des passages tirés d'un des livres écrits par Antoine. Jan Jelle Keppler ajoute d'ailleurs que «les vêtements qu'ils portent lors de ce service sont semblables à ceux de l'époque: de longues robes noires comme celles que nos arrières-grands-mères portaient». Quant à leur emblème, il s'agit de « l'arbre de la science de la vue du mal ». Il se trouve dans tous les temples antoinistes.

L'antoinisme se revendique d'inspiration chrétienne. Il en a d'ailleurs gardé les principales fêtes comme la Toussaint ou la Noël. Trois autres célébrations sont venues s'ajouter à son calendrier: la « Fête du Père » (pour célébrer la mort d'Antoine) mais aussi la fête de « La Mère » (sa femme Catherine, qui avait pris la relève à sa mort) et la date à laquelle le premier temple a été consacré.

Bien que ce mouvement ait vu le jour en Belgique, il a connu une expansion hors de nos frontières. En France, le culte avait d'ailleurs été signalé dans la liste noire des sectes. En 2005, le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a qualifié cette liste de non pertinente. En Belgique, une telle liste n'existe pas. Eric Brasseur, directeur de Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) souligne que « c'est un culte belge pour lequel nous n'avons jamais eu de plaintes en 12 ans, un cas assez rare pour le signaler ». Comme l'ajoute Jan Jelle Keppler « l'antoinisme se veut non sectaire. Les dons sont par ailleurs anonymes, les desservants n'ont aucune idée de qui leur a fourni de l'argent. ».

En Belgique, les temples antoinistes sont dispersés quasi uniquement en Belgique francophone. La majorité d'entre eux se situent d'ailleurs en province de Liège, d'où était originaire Louis-Joseph Antoine.

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Vos réactions ...

    todi Walon'rèye - Bois-et-Borsu
    01.11.12 | 21h51

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Mon grand-père maternel, jeune instituteur en Hesbaye ( Belgique w-all-onne), avait rendu visite au guérisseur Antoine en compagnie d'un ami, dans l' intention de se payer sa tête. Le père Antoine avait rapidement démasqué les faux malades et les avait, très gentiment, éconduits.

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Léo FERRE parle de la mort

Publié le par antoiniste



Léo FERRE parle de la mort

La male parole - 23/02/1976 - 30s

Léo FERRE parle de sa mort.

Retrouvez cette notice dans les dossiers suivants :
Production
Antenne 2



Générique
Follin, Gérard
Chabrol, Jean Pierre
Ferré, Léo

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Alexander Mosolov - L'acierie

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Alexander Mosolov: The Iron Foundry (Factory: Machine Music, Op. 19)

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Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre - Prendre part

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    Si d'autre part je ne partage pas ta tristesse et tes préoccupations, et si je n'ai pas le droit de me laisser gagner par elles, cela ne signifie pas que je les conteste et que je ne les prenne pas au sérieux.

Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre, p.412
Calmann-Lévy, Le Livre de Poche, Paris, 2005

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Marcel Moreau - La sonorité Dieu...

Publié le par antoiniste

                        La sonorité Dieu...

   Ce qui me reste de Dieu ? Une sonorité, rien de plus, avec laquelle parfois j'aime jouer, pour quelques progrès en musique, ou une incursion dans l'inexploré. Au fond, avec son air mâle, rural, sa simplicité bourrue, Dieu, comme monosyllabe, est une belle invention. Voyez avec quelle force D pousse i, e, u dans notre acoustique intime. D est le muscle absolu, tantôt le dur butoir où s'adosse ieu, tantôt la détente qui en décide la détonation. Dans le mot Dieu, D a la carrure de l'athlète total, ramassé sur lui-même, prêt à la propulsion. I, e, u, c'est son énergie, drue, explosive, l'Esprit se portant vers l'esprit, quelquefois. Ou alors, D est le manche, ieu la lame effilée qui pénètre le verbe. D est viril, et i, e, u trois voyelles femelles, toute la fureur féconde du mot. Dieu est construit pour la fulgurance, le violent, l'irrigation brutale. En ce sens, c'est une création du diable. Voilà bien un mot imputrescible, plus qu'un diamant noir, lui sombre alors que « diable » rit, grâce à son « a ». Insidieux et subtil, violent, dévorant, amour et vengeance, tel est le son Dieu, le premier des cris de fou, premier aussi contre la mort, mort, autre magique phonème, avec son « o » irrécusable, l'anneau total refermé sur l'homme. Dieu, seul mot dilatable à l'infini, du Rien auquel l'athée le réduit au Tout dont le croyant le charge. Comment son aventure ne vaudrait-elle pas d'être observée par l'enragé du verbe, allumeur de significations, fournisseur de chair au corps caverneux des mots qui ont cessé de vivre, d'exprimer, de révéler ? Dans ce vaste cimetière du vocabulaire qui nous tient lieu de communication, le mot le plus dense d'histoire est aussi celui dans lequel semble se résumer le mieux tout l'insanité actuelle de l'histoire. Sa nouvelle démesure est l'incroyable, le vertigineux silence où le confine la désagrégation du langage. Mot désormais sans excès, passe-partout, bon à tous les usages, du bassement pratique à l'ésotériquement lourd, il est devenu ce reliquat de démence légendaire que l'on se repasse de salon en séminaire, via les porcheries bourgeoises. C'est le dernier recours des impuissants et des blasés en mal de titillation supra-intellectuelle. Parfois, l'imagination des infirmes auréolés du brevet de penser s'en sert comme d'un lierre grimpant autour d'un ithyphallus en difficulté. Dans la bouche des impies, pour la plupart des ratés de l'Eucharistie, il fait plus l'effet d'un émulsion de mollusque que d'un crachat imprécatoire. Depuis que marchands se sont avisé de l'introduire dans leurs spéculations et que même des sciençolâtres l'attellent à leur corbillard d'étoiles, il n'a plus rien de l'ancien pourvoyeur de dévergondables. Moins charnel que Christ, Dieu avait cet atout d'être aussi irriguant qu'il était inaccessible. Il avait ce génie propre aux hypothèses vertigineuses de produire des chercheurs de vertige. A force d'inexistence, à tout le moins d'improbabilité, il a conquis la toute-puissance et a fondé civilisations. J'en ai confié la sonorité à mon intempérance naturelle. A l'abri des vidangeurs de paroxysmes, elle rend bien des services, entre autres comme tonalité musicale, tout en n'étant plus qu'elle-même : une sonorité, encore habitée des commencements de l'homme. Je n'ai pas eu besoin de me pénétrer de la réalité du sens du sacré dans ma vie pour l'incorporer à mon glossaire ivre. Elle semble n'avoir pas traversé en vain des siècles d'excès, puisqu'elle rutile aujourd'hui dans mes extravagances.
    Je la soupçonne de préférer vivre comme sonorité privilégiée dans mon mental que d'être présente, sous forme d'espérance, dans l'esprit des doux et des mous. Ici, au moins, elle retrouve quelque chose qui lui rappelle son ancien environnement : feu, fièvre, insatiété. Avec moi, elle n'est pas dépaysée, parmi ses vieilles connaissances : démons, enfers et mort. En moi, on travaille dur pour faire de l'incandescente beauté, sans compter l'atmosphère de croisade, même à visage de horde. On y crée pour rien comme si c'était pour tout. On s'y jette sur l'immédiat comme on s'élance vers l'éternel. Certes, le divin est absent du jeu frénétique des démesures. Mais tant pis pour le divin, se dit la sonorité, dès lors que ce qui ne l'est pas n'a rien à envier, en consumantes énergies, à ce qui l'est. Tant pis pour l'espérance, la résurrection des corps, la béatitude au terme des souffrances, l'amour au Ciel en récompense de la vertu sur terre, puisque ce qui se fait dans le refus de tout cela a la qualité des passions qui s'embrasent pour tout cela, et que cette passion, par surcroît a le mérite de n'attendre de rien d'autre que d'elle-même cette qualité, dont elle sait qu'elle mourra avec elle. Voilà ce qui la rend si étrangère à ceux qui croient comme à ceux qui ne croient pas. Telle est la conscience qu'a la sonorité Dieu de son insolite présence dans mes drôles de cantiques.
    Le mot Dieu fit son entrée, jadis, par le blasphème, dans mon vocabulaire. Depuis lors, il n'a cessé de s'étoffer. Il n'est plus creux, maintenant, il a pris quelque chair. A défaut d'être resté l'irremplaçable illusion qui fit trembler le monde, il lui arrive d'illuminer, gratuitement, ma certitude du néant. A rouler dans mon sang, mes tripes, mes viscères, il a gagné en poids, en coloration. C'est désormais un son mauve, sachant prendre sa part de mon vin d'ivrogne, de mes repas de viande. Il sera noir quand je serai tragique, obscène avec mon abscénité, tendre avec ma tendresse et cruel avec cruauté. Chaque jour il se félicité, dans mon for intérieur, d'avoir échappé à l'intellectualisme. Il a appris à me connaître, à savoir que je n'entreprends rien qui ne soit de la sainte rage d'écriture vraie. Mais la sonorité ne peut guère m'aider beaucoup dans mes travaux d'Hercule. Un jour, songeant à la « religion » de ce livre, je m'exclamai grossièrement : « Que les branleurs de transcendantal ne comptent pas sur moi pour entrer dans leurs condieuseries ! » J'entendis rire, d'un rire cristallin, la sonorité de Dieu.
    Pour tout dire, la sonorité Dieu n'est qu'une exquise composante du Monstre. Le Monstre, qui n'est pas qu'une sonorité, lui, mais un fait, la réalité de l'écriture vécue comme démesure, incessant développement de l'être verbal, et conscient, le Monstre a fait sa place à Dieu comme tous les autres porteurs de monstruosité.  Le Monstre ne serait-il pas lui-même s'il n'était pas le lieu de l'intensification du sens des mots qui comptèrent dans ma vie. Le corps du Monstre s'épaissit de chaque nouvelle injection de signification dans le corps verbal. Il tire son volume, de plus en plus monstrueux, de deux forces, la densité, sans cesse accentuée. Qu'il s'agisse d'Amour, de Haine, de Mort, d'Instincts, d'Ecriture, de Folie, de Beauté, d'Ivresse, de Liberté et de Vérité, les mots essentiels ont fini par se gonfler d'une telle somme de pouvoirs sur ma vie, et ces pouvoirs semblent tellement alimentés, sans répit, par des pouvoirs supérieurs qu'il fallait bien l'envergure illimitée d'un Monstre pour contenir tout cela et lui donner son vrai sens : aventure solitaire et cas de possession, la maladie divinatoire d'un homme rompu de lucidité.
    Non que dans le Monstre les mots de moindre importance n'ait des rôles à jouer, dont celui de faire en sorte que le Monstre soit toujours plus monstrueux. Mais ces mot n'y entrent qu'obligés à leur tour à signifier plus qu'ils ne signifient dans le langage ordinaire, le parler des cultures qui mentent. Ainsi des mots apparemment anodins accélèrent un jour, au prix d'une régénération de leur sens, à la hiérarchie verbale. Ainsi, d'autres, illustres ceux-là, comme fraternité ou justice, dans leur version politique, jamais ne se hissèrent très haut sur l'échelle monstrueuse. Souvent, ils en dégringolèrent.
    Je ne parlerais point de Monstre si je n'éprouvais à tout instant la pression explosive des mots essentiels, la violence interne de chacun de ces mots, une violence à me faire vaciller sur mes bases, une noire lumière d'orage s'épaississant au fur et à mesure que j'écris. Un livre est récolte des éclairs, mais non dissipation de l'orage. Le Monstre est monstrueusement orageux.
    L'accession de la sonorité Dieu à la tragique constellation des mots qui m'importent s'est faite sans heurts ni reniement. Il a pourtant fallu que j'éprouve un bien grand dégoût envers les succédanés modernes du spirituel pour que j'en arrive à lui faire cette place, étrange, magnétique, qui est la sienne. De son vieux talent d'enjoliveur de vide, elle fait passer son souffle léger entre les mots compacts du tragique. Parfois, comme Pan, elle semble jouer de la flûte, au loin, d'un poumon large, pour l'aristocratie des sourds. Cette célèbre sonorité va et vient dans le Monstre, elle est un peu de sa respiration.

Marcel Moreau, Monstre, p.143-148
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986

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Félicien Marceau, Chair et cuir - Invraisemblable

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    Trois ans. Invraisemblable ? MAIS QU'EST-CE DONC QUE L'INVRAISEMBLABLE ? Le déchet de la vérité ? Le nom que donnent les hommes à la partie de leur destin qui est à l'ombre ? Qu'ils donnent à ce qu'ils refusent de la réalité ? Invraisemblable ? C'est vite dit. Je l'ai cru moi aussi. J'ai cru cette chose horrible, la pire, que c'était moi l'invraisemblable — et donc le coupable. Mais je vous aurais dit : trois jours, vous n'auriez pas trouvé ça invraisemblable. Et en quoi mes trois ans sont-ils plus invraisemblable que vos trois jours ? Une fois qu'on raisonne. Une fois qu'on connaît un peu le calcul des probabilités. Si je jette cinq lettres sur le plancher et qu'elles forment AMOUR, c'est invraisemblable. Mais si elles forment MUOAR, ce ne l'est pas. Pourquoi ? En quoi MUOAR est-il plus vraisemblable qu'AMOUR ?

Félicien Marceau, Chair et cuir, p.61
Gallimard, Folio, Paris, 1954

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Comment on justifiait l'esclavage (François Reynaert)

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    La grande justification [de l'esclavage] se compte surtout en bénéfices sonnants et trébuchants, c'est entendu. Ils sont immenses. Certains économistes en arrivent à calculer que toute la révolution industrielle qui a fait décoller l'Occident au XIXe doit son succès à l'accumulation du capital réalisée dans les siècles précédents grâce au profit tiré de la traite. Quoi qu'il en soit, au XIXe, ce sont presque toujours des arguments strictement économiques dont on se sert pour retarder l'abolition : bien sûr, dit candidement le lobby des planteurs, il faut mettre un terme à l'esclavage, c'est une nécessité morale, mais il faut attendre un peu avant d'y arriver car le coût de la mesure serait trop dur et ruinerait notre économie. Le chantage est connu, on l'entend encore pour barrer la route à toutes les réformes sociales.

François Reynaert, Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises, p.405
Fayard, Le Livre de Poche, Paris, 2010

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