Saint-Etienne - Temple antoiniste - intérieur
source : flickr - Gagamap
source : flickr - Gagamap
ON l'a appelé notaire mais c'est par commodité c'était un mot prétexte il fallait bien qu'on donne un nom à ce sur quoi on se cognait la tête depuis des temps immémoriaux l'ennmi toujours presque la tête visage ou alors au visage trop innombrable et fuyant NOTAIRE c'était pris dans le sens tellement plus large de « puisance qui reçoit et rédige les actes liberticides les contrats oppressifs pour leur donner u caractère d'authenticité » c'était un mot qui voulait exprimer toute la violence de la non-violence, un mot pour dire que notre vie moderne dans cette ville et dans ce pays et ailleurs se trouvait aux mains des notaires des notaires politiques des notaires idéologiques des notaires religieux des notaires révolutionnaires bureaucratiques concentrationnaires mercantiles et que même ceux que parfois nous croyons être nos amis nos amours sont des notaires oui
Marcel Moreau, A dos de dieu
ou l'Ordure lyrique, chap. VIII, p.115
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1980.
Sois ennemi des doses !
Marcel Moreau, La Terre infestée d'Hommes,
Naissance d'un neuro-réalisme : l'agence de voyages, p.166
roman, Buchet/Chastel, Paris, 1966.
UNE VISITE
aux disciples
du père Antoine
Là-bas, derrière la place d’Italie, près les « fortifs », au carrefour des rues Vergniaud, David et Wurtz, au milieu d’usines et de terrains vagues, seule, proprette, toute blanche, une petite église dresse son minuscule clocher vers les cieux.
Un jardin grillagé, un perron de deux marches, une façade d’une absolue sobriété où se détache cette simple inscription :
1913
CULTE ANTOINISTE
constituent les seuls ornements du temple où les disciples d’Antoine se réunissent. Qui ne se souvient du mineur belge et de ses guérisons miraculeuses ? Ses adeptes et continuateurs font de nouveau parler d’eux et annoncent le passage à Paris de la « Mère Antoine », qui inaugurera dimanche prochain, à Lyon, le cinquième temple antoiniste en France.
Nous avons été reçu, au temple de la rue Vergniaud, par la servante du culte, qui fut une des premières adeptes du guérisseur.
« Le Père Antoine, nous dit-elle, est le fondateur du « nouveau spiritualisme » ; son enseignement est celui du Christ révélé aux temps modernes par la foi raisonnée.
» Nous ne sommes pas une secte chrétienne. Le Père Antoine est le continuateur de Jésus-Christ. La religion catholique vient des hommes, mais le christianisme vient de Dieu.
» – Permettez-nous de vous demander, madame, si vous considérez le Père Antoine comme un dieu ?
» – Non. Comme le Christ, le Père Antoine est un révélateur, mais, cette fois, la Vérité est une et immuable, car, tandis que les Evangiles nous ont été donnés par les apôtres, trois siècles après le révélateur du Nouveau Testament, celui de notre Père a été dicté par lui-même.
» – Les guérisons physiques que vous obtenez sont sans doute dues à des phénomènes d’autosuggestion ?
» – Pas du tout. Seule la foi peut sauver.
» – La foi en quoi ?
» – Seul peut comprendre la foi celui qui possède la foi. »
Nous nous inclinons et, sur notre prière, notre interlocutrice nous fait les honneurs du temple.
Même simplicité, même sobriété à l’intérieur qu’à l’extérieur : des murs mi-blanc mi-violet, des rangées de bancs uniformément bruns, une chaire – réservée à la Mère Antoine – et un pupitre l’occupe la « servante » pendant les saintes lectures.
« Puis-je vous demander de ne parler de nous que sérieusement ! prie, en nous reconduisant, la gardienne du temple. C’est si important !
» Notre maison est ouverte jour et nuit aux personnes souffrantes et tout le monde est reçu gratuitement. »
La recommandation est superflue : les grandes vertus – même naïves – ne prêtent jamais à rire.
Le Journal, 29 août 1922 (N10908))
Antoiniste
43, rue Raspail - Frère Martin GERY
Ouverture du matin au soir
Office à 10h le dimanche et tous les jours
à 19h sauf le samedi
Guide de la ville de Croix
http://www.ville-croix.fr/
Depuis la désincarnation de frère Gery (La Madeleine 17 mai 1936 - Tourcoing 15 mars 2020), c'est frère Zenoni qui est desservant du temple de Croix.
Car nommer met voile sur la lumière directe des fruits et des plantes. Moins je serai capable de nommer, et plus aisément l'éclat de la cellule centrale de la vie ruissellera sur le galbe de la chose vivante.
Marcel Moreau, La Terre infestée d'hommes, p.126
Dieux ! Je me découvris l'étoffe d'un monstre,
et dans cette étoffe soyeuse et silencieuse,
précieuse et hasardeuse, je coupai,
fébrilement, un manteau de pourpre
pour la poésie humiliée..., p.126
roman, Buchet/Chastel, Paris, 1966
Les Antoinistes
Il paraît que le congrès eugénique s’occupe sérieusement de nous enseigner la manière d’avoir des enfants superbes. En attendant que nous soyons fixés à cet égard, on ferait peut-être bien de perfectionner l’intellect des hommes, beaux ou laids, robustes ou malingres, qui ont été mis au monde avant les mirifiques recherches de l’eugénisme. Veiller à la conformation normale des corps humains, c’est bien ; veiller à ce que les cerveaux gardent toute leur lucidité, c’est mieux. C’est mieux et c’est urgent, car un fait divers tout récent est venu nous démontrer avec une sinistre éloquence qu’il y avait encore bon nombre d’idiots et que ces derniers avaient embrassé une religion nouvelle dite « l’antoinisme ».
Comme son nom vous l’indique, l’antoinisme est la religion d’Antoine, son fondateur, disparu depuis peu. Maintenant, si vous me demandez : « Qu’est-ce qu’Antoine ? », je serai obligé, pour vous répondre, de m’adresser à nos voisins les Belges. C’est chez eux, en effet, à Jemeppe-lez-Liége, qu’opérait Antoine le guérisseur. Magnétiseur assez habile, dit-on, il se mit un jour en tête d’exploiter en grand la crédulité publique et il y réussit du premier coup. Il décréta qu’il suffisait de croire en lui, Antoine, pour être aussitôt guéri de toute maladie, quelle qu’elle fût. Puis il construisit un temple à Jemeppe-sur-Meuse et les fidèles y vinrent en foule. Et, en décembre dernier, une pétition, recouverte de 160,000 signatures, demandait à la Chambre des représentants la reconnaissance légale du nouveau culte. Ce « zouave Jacob » des Flandres avait fini par se faire prendre pour une manière de dieu dont le pouvoir se faisait sentir même à distance. « Rien qu’en pensant à lui, affirment ses adeptes, ou en lui adressant une simple lettre ou un télégramme, bien des personnes ont été guéries. » Ils l’affirment et d’autres le croient, tel le chiffonnier Leclercq.
Celui-ci, on vous l’a conté, laissa périr sa petite fille faute de soins, parce qu’il était « antoiniste » et qu’un bon « antoiniste » ne s’adresse, dans les cas les plus pressants, à nul autre médecin qu’à Antoine. Il faut vraiment avoir une foi robuste dans la puissance du progrès et dans sa future victoire pour ne pas se sentir découragé en présence de pareilles sottises, ou plutôt de pareilles monstruosités. Qu’il se soit fondé, il y a des siècles, des religions barbares, cruelles et stupides, cela s’explique par le défaut de civilisation ; mais que de nos jours, au temps de l’électricité et de la télégraphie sans fil, la naissance d’un culte comme l’antoinisme soit encore possible, cela déconcerte l’entendement. Mais, loin de nous décourager, cette poussée de fanatisme imbécile doit inciter les esprits libres à multiplier leurs incessants efforts contre l’ignorance et la superstition. – ROGER BONTEMPS.
Le Radical, 29 juillet 1912
Exemple de pensées zoroastriste : "Il se peut qu'une chose par rapport à une autre soit un mal;mais dans la limite de sa propre essence,elle n'est pas mauvaise.Ainsi le mal n'existe pas;tout ce que Dieu a créé,il l'a bien créé."
Halle sur la Saale, Peintre-Medium Madame Wilhelmine Assman
"Antoinism," Belgium's New Sect of Healers
A NEW religion has been officially ''discovered" in Belgium by the presentation of a petition to Parliament to obtain legal status for it.
It la called Antoinism, and was founded a few years ago by a coal miner named Louis Antoine, who is now celebrated far and wide as "Antoine the Healer." His followers claim that they number 160,000. of whom 300, including his wife, are "adepts".
Mrs. Guillaume, a middle-aged American woman who came specially from New York to be treated by Antoine, says she has been practically cured of the chalky rheumatism which formerly compelled her to walk on crutches. She is herself an adept now, with power to heal by faith, she says.
Antoinists literally worship their leader. They believe that he knows all the world's happenings, though he never reads a newspaper his home is at Jemeppe-lez-Liege.
Antoine is now sixty-five, and confines his healing to ceremonies in the church he has built. They are the simplest services ever invented. They take place at 10 a m. on Monday, Tuesday, Wednesday and Thursday — there are none on Sunday.
At 9 a. m. the congregation assembles, and an adept, M. Deregnancourt, who is the publisher of the sect's literature, takes his place at a desk under the raised platform. There is silence till 9:30. Then he announces that "operations" will take place at certain hours on certain days.
He continues sitting perfectly still, not a muscle moving and his watery blue eyes fixed straight before him in an unblinking stare, until the stroke of 10, when every one rises and the Parent One enters through a side door and slowly walks up the steps to the rostrum, wearing a black cassock.
Antoine faces the people for a full minute without moving, and then lifts his right hand toward the people and holds it extended for another minute, and that is all. He walks slowly out again. Those two minutes are the service. The adept remarks, "Every one whose faith is strong enough must be cured." The church empties silently.
The programme is always the same. If cures do not take place, of course, the patients have not had enough faith. Antoine's iron-grey hair falls to his shoulders, and he wears a long beard.
Antoine cannot sleep much at night. He rests for two hours, and then walks in his garden, which has electric lamps fitted up all round the walls.
For six months Antoine has not spoken to any one at all. People come at all hours with all sorts of ailments and appeals.
The Good Mother, as Antoine's wife is called, or the housekeeper, or some other adept, stands in front of the applicant and, turning her eyes upward, slowly waves her hand in the air, which means that she is invoking Antoine the Healer. The patient then goes off smiling, cured by deputy. There is nothing to pay.
Antoine lives on vegetables only, and prepares them himself. He is a veritable hermit. When it is necessary to speak to him a telephone is used. Subscriptions are made for the maintenance of the church, but it was built partly with $4,000 he had himself saved.
The badge of the sect is "the tree of the knowledge of the sight of evil" represented by a white tree on a black ground.
Chicago Examiner Vol. 11 no28 (1911)
Buffalo Ny Courier (1911)
Traduction :
L'"antoinisme", la nouvelle secte des guérisseurs de Belgique
Une NOUVELLE religion a été officiellement "découverte" en Belgique par la présentation d'une pétition au Parlement pour obtenir son statut légal.
Il a été fondé il y a quelques années par un mineur de charbon nommé Louis Antoine, qui est aujourd'hui célèbre sous le nom d'"Antoine le Guérisseur". Ses disciples affirment qu'ils sont au nombre de 160 000, dont 300, y compris sa femme, sont des "adeptes".
Mme Guillaume, une Américaine d'âge moyen venue spécialement de New York pour être soignée par Antoine, dit qu'elle est pratiquement guérie du rhumatisme calcaire qui l'obligeait autrefois à marcher avec des béquilles. Elle est elle-même une adepte maintenant, avec le pouvoir de guérir par la foi, dit-elle.
Les Antoinistes vénèrent littéralement leur chef. Ils pensent qu'il connaît tous les événements du monde, bien qu'il ne lise jamais un journal, sa maison est à Jemeppe-lez-Liège.
Antoine a maintenant soixante-cinq ans et limite sa guérison aux cérémonies dans l'église qu'il a construite. Ce sont les services les plus simples jamais inventés. Ils ont lieu à 10 h le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi - il n'y en a pas le dimanche.
A 9 heures du matin, la congrégation se réunit et un adepte, M. Deregnancourt, qui est l'éditeur de la littérature de la secte, prend place à un bureau sous la plate-forme élevée. Il y a du silence jusqu'à 9 h 30. Puis il annonce que des "opérations" auront lieu à certaines heures et à certains jours.
Il continue d'être assis parfaitement immobile, sans bouger un seul muscle et ses yeux bleus larmoyants fixés droit devant lui d'un regard fixe, jusqu'au coup de 10 heures, quand chacun se lève et que le Père entre par une porte latérale et monte lentement les marches de la tribune, portant une soutane noire.
Antoine fait face à la foule pendant une minute entière sans bouger, puis lève la main droite vers la foule et la tient tendue pendant une autre minute, et c'est tout. Il repart lentement. Ces deux minutes sont le service. L'adepte fait l’annonce : "Tous ceux dont la foi est assez forte doivent être guéris." L'église se vide en silence.
Le programme est toujours le même. Si les remèdes n'ont pas lieu, bien sûr, les patients n'ont pas eu assez de foi. Les cheveux gris d'Antoine tombent sur ses épaules et il porte une longue barbe.
Antoine ne dort pas beaucoup la nuit. Il se repose pendant deux heures, puis se promène dans son jardin, où des lampes électriques sont installées tout autour des murs.
Depuis six mois, Antoine n'a parlé à personne. Les gens viennent à toute heure avec toutes sortes de maux et de demandes.
La Bonne Mère, comme on appelle la femme d'Antoine, ou la gouvernante, ou un autre adepte, se tient devant le demandeur et, levant les yeux vers le haut, agite lentement la main en l'air, ce qui signifie qu'elle invoque Antoine le guérisseur. Le patient s'en va alors en souriant, guéri par l'adjoint. Il n'y a rien à payer.
Antoine ne vit que des légumes et les prépare lui-même. C'est un véritable ermite. Lorsqu'il est nécessaire de lui parler, un téléphone est utilisé. Des souscriptions sont faites pour l'entretien de l'église, mais elle a été construite en partie avec 4 000 $ qu'il avait lui-même économisés.
L'insigne de la secte est "l'arbre de la connaissance de la vue du mal" représenté par un arbre blanc sur fond noir.