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Palais de Justice, Affaire Dor (Le Bruxellois, 11 mai 1917)

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Palais de Justice, Affaire Dor (Le bruxellois, 11 mai 1917)PALAIS DE JUSTICE
Affaire Dor

    COUR D'APPEL DE BRUXELLES. — Audience du 9. — L'affaire Dor. — Mardi matin grand brouhaha au début de l'audience de la 8e chambre des appels correctionnel. Les intéressés n'ont pu être avisés que l'arrêt serait ajourné et tout le monde est au poste.
    Le père Dor, toujours calme et impassible, s'installe au banc des témoins en attendant l'ouverture de l'audience. Il ne bronche pas quand on dit que son sort restera encore huit jours en suspens.
    Dans la salle énormément de monde, de dames surtout, plusieurs sont venues de Roux, de Charleroi par le tain du matin. La nouvelle de la remise de l'arrêt circule aussitôt et est accueillie par certaines avec satisfaction. « On n'oserait condamner le père, pour sûr il sera acquitté, » D'autres s'indignent de ce nouveau retard. « N'est-ce pas trop déjà d'avoir fait attendre si longtemps au père sa réhabilitation. » « On aurait bien pu l'acquitter après les plaidoiries, car c'est plus qu'un innocent.... c'est un saint... un martyr... un dieu ! »
    A 10 h. 10 un coup de sonnette. L'huissier annonce : « La Cour ». Le silence devient émouvant.
    M. Eeckman fait appeler « Dor ; partie civile Delisée » ! Dor se présente accompagné de Mtre Lebeau. Mme Delisée ne paraît pas.
    M. le président : L'arrêt dans cette affaire est remis à huitaine, les dossiers ayant été déposes tardivement.
    Appelez l'affaire Leurquin.
    La foule suit Dor dans les couloirs et on lui prodigue les marques d'affectueux respect. Le père Dor est décidément la coqueluche de ces dames. Celles-ci se préparaient à d'enthousiastes ovations ; elles comptent que ce n'est que partie remise.

Le Bruxellois, 11 mai 1917

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Palais de Justice, Le Procès Dor (Le Bruxellois, 17 avril 1917)

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 Palais de Justice, Le Procès Dor (Le bruxellois, 17 avril 1917)PALAIS DE JUSTICE
COUR D'APPEL DE BRUXELLES
Le Procès Dor
(Suite.)
Audience du lundi 16 avril.

    L'audience de ce lundi matin est annoncée comme irrévocablement la dernière des débats d'appel, aussi les curieux sont-ils plus nombreux que jamais. C'est une dernière occasion de voir le « Christ » réincarné ; ceux qui ne l'ont jamais vu, le contemplent avec un curieux scepticisme ; ceux qui le connaissent, l'accompagnent de leurs vœux de triomphe s'ils sont parmi ses adeptes, de toutes leurs-passions mauvaises s'ils se sont rangés parmi ses adversaires. Dor, lui, conserve une placidité déroutante. Son entrée dans le prétoire ne manque jamais de souveraine grandeur. Ce n'est pas vers le banc d'infamie qu'il se dirige, il va à sa place comme à une chaire de vérité ou à une tribune où rien d'hostile ne l'attend. Il entre par la porte des témoins, salue en souriant longuement ses adeptes fidèles rangés au premier banc. Il a un regard discret pour le gros du public, s'incline à gauche vers les invités de marque, a un coup d'œil discret et plus renfermé pour les journalistes, évite le banc de la partie civile et vient enfin s'entretenir avec ses avocats. Les pontifes de l'Eglise romaine, les princes du Vatican en camail et en robe cramoisie n'ont pas plus de solennité et de lente majesté, et ce qui ajoute à cette entrée peu banale, c'est qu'elle semble sans aucun apprêt théâtral. A son banc. Dor conserve souvent une attitude détachée, parfois il feuillette un livre, semble s'absorber en lui-même, souvent cependant il semble s'inquiéter d'un mot, d'une omission de ses avocats. Il se retourne alors, insiste doucement mais fermement sur le détail, sur tel témoignage. Il s'agit de ne rien laisser à l'ombre, d'éplucher jusqu'à la dernière ligne du dossier. Si les débats se sont prolongés au delà de toute prévision, si la plaidoirie de Mtre Lebeau a paru longue, a impatienté sinon la Cour, du moins le ministère public, c'est surtout, semble-t-il, le fait de Dor qui lui, n'en avait jamais assez et semblait conjurer son défenseur de fouiller les pièces de la procédure jusqu'au moindre détail. Il reste à parler ce matin de deux dernières préventions reprochées à Dor : l'exercice illégal de l'art de guérir et les attentats à la pudeur.

Les dernières plaidoiries.

    Mtre Lebeau reprend sa plaidoirie à 9 heures. Il revient sur la question de la propriété de la maison. Cette maison a été construite par Mme Delisée et lui appartient. Elle-même en a disposé en faveur d'une de ses amies, sans consulter M. Dor. On comprend mal dès lors sa constitution de partie civile. Les autres réclamations ne sont pas plus justifiées et le gain fait sur les brochures est retenu par M. Dor pour régler la pension de Mme Delisée chez lui. Tout compte fait, dit l'avocat, M. Dor est en déficit vis-à-vis de Mme Delisée.
    Mtre Lebeau examine, d'après les Pandectes et la jurisprudence, ce qu'il faut entendre par l'art de guérir. Il faut un examen personnel du patient ; il faut l'ausculter. Est-ce cela que fait Dor ? Non ; à tous il conseille indistinctement l'amélioration morale. Il faut se guérir de ses défauts, de ses vices ; le reste viendra par surcroît. Il ne se donne pas comme guérisseur des corps, il ne se proclame que le médecin de l'âme. Dor ne connaît ni ne pratique le magnétisme. Il se défend de toutes passes, de toute pratique de ce genre. Dans plusieurs passages de ses livres, il dit expressément qu'il ne connaît absolument rien en fait de médecine. En général, la justice est très large vis-à-vis des guérisseurs. Dès que la santé publique n'est pas en danger, on laisse faire. C'est notamment ce que consacre un arrêt de la Cour de Gand du 15 juin 1852. II s'agissait d'un homme du même genre que Dor, qui imposait les mains et obtenait des guérisons. Ce guérisseur acceptait l'argent qu'on lui offrait. Il a été acquitté.
    Mtre Lebeau examine la question des passes magnétiques. Rien de semblable ici. Si cependant la Cour avait des doutes, des médecins seuls pourraient éclairer la Cour sur la nature des pratiques de Dor. On reproche à Dor quelques petits faits précis. Mme Beauvois souffrait d'un cancer ; elle est morte d'inanition, dit la partie civile, le Père lui ayant ordonné de l'eau sucrée. Il est à noter que cette personne était soignée par un médecin, qu'elle n'a pas été personnellement visitée par le prévenu. Le mari et la fille Beauvois ont manifesté une grande hostilité à Dor. N'était-ce pas à eux à obéir aux prescriptions des médecins et leur témoignage n'est-il pas plus que suspect lorsqu'ils viennent dire que Dor aurait prescrit des lavements à l'eau salée ? Ordonner un remède précis, est la négation même du système de M. Dor. Ce qu'on lui reproche c'est un procédé ultra-simpliste du prévenu. On dit qu'il aurait recommandé du thé Chambard ; c'est faux encore, et on n'a parlé de ce thé Chambard qu'après la constitution du complot Delisée-Chartier. Richard était un vieux bonhomme qui avait été employé chez Dor, puis congédié. Richard avait une hernie et en 1909 il enleva son bandage de son plein gré et tout alla bien. Il eut dans la suite me seconde hernie, pour laquelle il est allé consulter M. Dor. Mais il est faux de dire que Dor ait conseillé à personne d'enlever un bandage. Richard dit d'ailleurs explicitement : « Dor ne m'a jamais soulagé et cependant j'ai en son pouvoir une confiance aveugle. » Vous avez entendu ici même une hernieuse qui a proclamé qu'elle avait été guérie par Dor, mais jamais, a dit ce témoin, le prévenu ne m'a engagé à abandonner mon bandage.

                                                                                     (À suivre.)

Le Bruxellois, 17 avril 1917

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Palais de Justice, Tribunal correctionnel de Charleroi (Le bruxellois, 19 décembre 1916)

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Palais de Justice, Tribunal correctionnel de Charleroi (Le bruxellois, 19 décembre 1916)                         PALAIS DE JUSTICE
 TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI. — Dor, « le Messie ». — Jugement. — Dor est d'abord convaincu d'avoir usurpé, si pas le titre de guérisseur, certainement l'application de ce que la loi réserve aux médecins exclusivement.
    Il est donc reconnu coupable d'avoir, illégalement, exercé l'art de guérir, et encourt de ce chef une amende de 100 florins (220 fr.).
    Il écope également d'une seconde peine, consistant en 4 mois d'emprisonnement et une amende de 200 fr., d'une troisième, équivalent au double de cette dernière, soit par conséquent 8 mois d'emprisonnement et 400 fr. d'amende, puis d'une 4e, formée d'un emprisonnement d'un mois et d'une amende de 26 fr., ensuite d'une 5e, composée, elle, de onze emprisonnements de 8 jours et de onze amendes de 26 fr. encore.
    Les extorsions et fourberies qu'il commit à l'égard des époux Chartier, de Mme Delisée, de feue Mme Richard Solms, et d'autres, lui procurent ce total de 13 mois et 88 jours d'emprisonnement, et de 912 fr. d'amende.
    Le tribunal n'a point retenu, à sa charge, la prévention de s'être aussi livré à des actes immoraux sur la personne de cette dame Delisée susmentionnée, mais il a, en outre, décidé que le condamné restituerait à celle-ci 17,000 fr., et payerait à la Société Médicale de l'arrondissement de Charleroi 500 francs, à titre de dommages-intérêts. Dor n'assistait point à la lecture du jugement prononcé, et très longuement motivé.
    Une foule nombreuse était accourue, et beaucoup jubilaient, parce qu'ils prétendaient avoir fait des paris relatifs à la fin des poursuites intentées contre le « réformateur », paris qu'ils disaient avoir gagnés. (R. N.)

Le bruxellois, 19 décembre 1916

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Palais de Justice, Tribunal correctionnel de Charleroi (Le bruxellois, 13 novembre 1916)

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Palais de Justice, Tribunal correctionnel de Charleroi (Le bruxellois, 13 novembre 1916)    TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI. — Audience du 10 novembre 1916. — « Le Messie », « père Dor », vient, à l'instar de feu le père Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, de s'asseoir sur le banc de la 5° chambre correctionnelle. Il est âgé de 53 ans et serait monteur de son état. De nombreuses et importantes escroqueries lui sont reprochées, en même temps que l'exercice illégal de l'art de guérir, et des actes immoraux.
    M. Mahaux, substitut du procureur du Roi, soutient l'accusation.
    Vingt-quatre personnes sont citées par son ministère et 38 par la défense.
    De l'interrogatoire auquel M. Bodart, le commissaire de police, est soumis, il appert que des types « semblables » au prévenu font florès à Roux.
    Le distingué policier rappelle qu'en 1909 Pierre Dor vint s'installer dans la commune. Il ne brillait point, mais petit à petit if fut visité par une foule de gens qui le considéraient comme « le Messie », le Christ !
    Par le fait qu'on croyait en lui, on bénéficiait de son « fluide » ! disait-il.
    Il édifia un temple, et un homme auquel il avait ordonné de ne plus porter bandage tomba, paraît-il, un jour évanoui sur la route.
    Me Gérard déclare se constituer partie civile au nom de la Société de Médecine de l'arrondissement de Charleroi, société fondée en 1907 et représentée par M. le docteur Haelewyck, président, et Me Houzé, avoué.
    Mme Delisée Marie, épouse Lechien Gustave, d'Etterbeek, dépose ensuite :
    Devenue « l'auxiliaire » de l'incriminé, elle subit son influence. Il opéra des massages sur sa personne, et elle lui remit d'abord 2000 fr. pour le dédommager des frais qu'elle lui avait causés. Il l'envoya vendre 5000 brochures dans les provinces de Namur et de Liége. Il la menaçait d'attaques d'apoplexie ! « Ne comptez pas, donnez, donnez ! » lui répétait-il sans cesse. Il lui conseilla même fortement de ne pas tester en faveur de ses héritiers ; ceci contrariait leur avancement moral, expliquait-il, et elle testa alors en faveur... du père Dor.
    Il se proclamait Jésus-Christ réincarné, et ajoutait : « Il est temps que le monde sache qui je suis. »
    Quand on qualifiait de « magnétisme » sa prétendue puissance (fluide), il se récriait, et quand le Parquet l'inquiéta, il exhorta le témoin à gratifier « l'Ecole des Estropiés » de sa fortune.
    Mme Delisée rapporte les attentats dont elle fut également victime, et proteste lorsqu'elle s'entend accuser d'avoir troublé le ménage de l'inculpé.
    Mme Dor lui semble trop grossière pour être l'épouse d'un « surhomme ».
    Me Bonnehil, son mandataire, réclame 17,000 fr. seulement.
    M. Chartier, arrivé à la barre, raconte comment il s'est rendu auprès de Dor ; sa femme était « adepte », à cause d'une affection d'estomac.
    Dor prétendit qu'il le connaissait de vieille date et le convertit au végétarisme, lui faisant craindre une paralysie. Peu après, il lui commanda de faire l'achat d'un terrain, de charbons, ventilateurs, casiers, etc. Alors, Dor promettait quasi le triomphe du cartel et le renversement du gouvernement. « Au bon Dieu qu'est-ce qu'on ne donnerait pas », répond le témoin à un certain moment. Avant de terminer, il raconte de quelle manière aussi Dor empocha le prix de plusieurs coupons destinés à payer son pèlerinage à sa maison natale, à Mons-Crotteux-lez-Liége, le 15 août 1914.
    Mme Chartier, elle, reconnaît qu'elle a consulté jadis Antoine, à Jemeppe, et qu'elle fut déclarée fort malade par Dor. Celui-ci l'incita à coopérer à son œuvre et la menaça de paralysie, après son mari. A Bruxelles, Spa et Ostende elle vendit des brochures et se disposait à partir en Suisse lors de la déclaration de guerre. A elle encore, Dor déconseilla de léguer ses biens à ses descendants. Elle vendit des immeubles. Dor ne se contentait point de ce qu'elle donnait, de ce qu'elle faisait. Il se livra sur elle aussi à des attouchements. Quant à sa fille, elle était curieuse, annonce-t-elle, de connaître Dor. « Mademoiselle » lui dit-il, quoiqu'elle fût mariée. Ce que « Dieu » aurait dû savoir, songea-t-elle. Elle allégua un mal d'estomac, et lui d'en profiter aussitôt, en affirmant qu'elle seule lui donnerait le bonheur.
    L'audition subséquente des témoins révèle que Dor s'était enquis de la situation de fortune de Mme Delisée ; qu'abstraction faite des troncs qu'il avait placés en évidence, il désignait quel livre il fallait lui acheter, qu'en moyenne il donnait 300 à 400 consultations quotidiennement. Les débats continuent. (R. N.)

Le bruxellois, 13 novembre 1916

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Palais de Justice - Le Procès Dor (Le bruxellois, 13 avril 1917, p.3)

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Palais de Justice - Le Procès Dor (Le bruxellois, 13 avril 1917, p.3)

PALAIS DE JUSTICE
COUR D'APPEL DE BRUXELLES

Le Procès Dor 
(Suite.)
Audience du 10 avril.

    Suite de la plaidoirie de Mtre Lebeau :
    Dor a institué un culte, il a en conséquence le droit d'en organiser des manifestations extérieures sans pouvoir être interdit. Je vais plus loin : il a le droit de vivre de son métier. Dès qu'on professe une loi, il faut un temple, un lieu de réunion, du charbon et par conséquent il y a un problème financier à résoudre. Voilà pourquoi Dor a placé un tronc. C'était son droit absolu, quelle que soit la mentalité enfantine de sa doctrine.
    M. l'avocat-général. — Il ne pouvait tromper ses adeptes.
    Mtre Lebeau. — Eh ! qui vous dit qu'il les a trompés ? Cet homme n'est-il pas de bonne foi ? Tout prophète est de bonne foi. M. l'avocat-général nous a magnifié ce matin Jean Huss et sa mort. Mais transportons donc Dor à cette époque. C'est lui que nous trouverions sur le bûcher, et c'est le démocrate organe de la loi d'aujourd'hui que nous verrions attiser les flammes allumées par les conservateurs d'alors. En réalité, ceci est un épisode nouveau des persécutions religieuses. On aura beau ergoter, il n'y a rien autre chose. Dor a le droit de demander à vivre de son autel et ceux-là qui ont seuls le droit de demander des comptes à Dor, ce sont les gens qui lui ont donné de l'argent. La Cour ne peut s'occuper de sa petite église, parce qu'elle échappe à sa compétence. Elle ne pourrait s'en occuper que s'il y avait des manœuvres basses et grossières pour gruger des imbéciles.
    M. l'avocat-général. — Il se dit le Christ. N'est-ce pas bas et grossier cela ? L'est-il, le Christ ?
    Mtre Lebeau. — Non, il ne l'est pas. (Rires au banc de la partie civile.) Mais ce n'est pas mon opinion à cet égard qui doit prévaloir ici. En tous cas il n'est pas grossier de le prétendre dans le sens Qu'admet Dor. Celui-ci a une morale supérieure, des idées qui élèvent l'homme, lui servent à le rendre meilleur. Les Doristes ont un idéal, leur culte que nous considérons nous autres comme primitif et enfantin ; leur doctrine que l'on peut traiter de rudimentaire suffit à ces mentalités frustes et simples. Dor comme d'autres prophètes affirme que sa doctrine vient du ciel. Prouverez-vous que cela n'est pas ? Mahomet a révolutionné le monde en affirmant que c'était l'ange Gabriel qui lui avait inspiré sa mission. Contesterez-vous que Mahomet ait été le chef d'une Eglise, le fondateur d'un culte ? Quelle base scientifique possédez-vous pour démentir des assertions du même genre de la part de Dor ? Nous sourions, nous, de certaines de ses thèses, de la puérilité de certaines de ses pratiques. Mais d'autres y ont foi, son langage dépourvu de délicatesse et de goût fait impression sur ses fidèles. C'est en matière religieuse surtout qu'il importe d'être tolérant et de ne pas juger sur un mot, sur une impression. Il n'y a aucune intention frauduleuse à s'appeler le Christ, le Messie du XXe siècle et il ne faut pas être grand clerc pour trouver un sens très logique à semblables paroles dans la bouche de Dor. Il ne faut pas rire non plus, comme on l'a trop fait, de son fluide. Cette expression empruntée à la science spirite indique qu'il exerce certaines influences morales et même physiques. Or, est-ce vrai cela ? Contestez-vous qu'il ait soulagé, amélioré ses adeptes ? Contestez-vous que beaucoup ont en Dor une confiance illimitée ? Un magistrat catholique me disait : Le procès Dor doit être pour nos prêtres un enseignement important. Il révèle dans la foule des sources insoupçonnées de besoins religieux. Le peuple a besoin de croire, d'être guidé, éclairé. On ne s'en rend pas assez compte. Dor a compris ce besoin, cette soif de l'âme ; il se penche sur toutes les misères morales et arrive souvent à les soulager et par-dessus le marché les misères physiques d'une manière providentielle. M. l'avocat-général, dans un raisonnement simpliste, nous dit : « Nous sommes en face d'un vrai culte, ou d'une escroquerie. » Pardon ! il faut envisager une troisième hypothèse : Dor n'a pas un culte reconnu ; il peut néanmoins être un prophète de bonne foi, réalisant des phénomènes qui ne se réaliseraient pas sans son intervention.
    M. l'avocat-général. — Je vous entends venir. Vous allez demander l'examen mental de votre client.
    Mtre Lebeau. — Oui ! Je demande l'expertise et ce n'est pas la première fois que je la demande. Quand le parquet de Liège s'occupa d'Antoine le guérisseur, il délégua des médecins qui interrogèrent le Père Antoine et ses adeptes guéris. Ces docteurs admirèrent la sincérité du Père Antoine et reconnurent des guérisons jugées impossibles dans certains cabinets de docteurs. Le Père Antoine n'était donc pas un imposteur, ni un escroc.
    Mtre Gérard. — Lisez le jugement. Il dit tout autre chose.
    Mtre Lebeau. — Du tout. M. le président. — Est-ce qu'Antoine a été pré venu d'escroquerie ?
    Mtre Lebeau. — Absolument.
    Mtre Gérard. — Il a été acquitté faute de preuves suffisantes.
    Mtre Lebeau. — Je me demande à quoi rime cette intervention, Mtre Gérard.
    Mtre Bonnehil. — Dois-je intervenir alors ? (Rires.) Hé bien ! Je demande moi la nomination d'un expert comptable. Montrez votre comptabilité.
    Mtre Lebeau. — La grosse malice ! Dor n'a pas de comptabilité ; S'il en avait on dirait : « Quel bon commerçant ! » Il n'en a pas ; on dit : « Quel escroc ! »
    Mtre Bonnehil. — On vous fera cependant rendre gorge.
    Mtre Morichar. — Nous vous avons maintes fois proposé des comptes.
    Mtre Bonnehil. — Des comptes d'apothicaire.
    Mtre Morichar. — Du tout ; seulement vous êtes trop gourmands.
    M. le président. — Remettons la suite de ce débat à demain et tachons de terminer le matin.
    L'audience est levée à 5 heures.

                               Audience de mercredi matin.

    Dernière journée, très probable, du « Calvaire du Christ. » On s'attend à une déclaration sensationnelle de Mtre Lebeau, mais on suppose qu'il n'y aura pas de répliques.
    La Cour a vivement insisté pour que les débats soient terminés aujourd'hui.
    Mtre Lebeau reprend la parole à 10 heures. Il affirme que Dor est de bonne foi.
    Ce serait au ministère public à faire la démonstration de la mauvaise foi de Dor. Il ne l'a pas fait, moi je vous le démontrerai.
    Dor a toujours aimé le travail, il n'a pas de besoin, il a toujours repoussé avec dédain les moyens faciles et nombreux de faire fortune. Dor a suivi l'école de son oncle, Antoine le Guérisseur, de Jemeppe, qui, d'après l'enquête du parquet de Liège, était un illuminé sincère, Dor n'a jamais été condamné ; il a passé par de nombreuses usines du pays de Liège et partout il a obtenu les certificats les plus élogieux.
    A Jemeppe-sur-Meuse, à la suite d'un accident dont il fut victime, il est devenu commerçant et s'est établi à proximité de son oncle Antoine, commerce d'épiceries, merceries et hôtellerie. Ce commerce était destiné à une prospérité certaine. En 1906 il versait à la banque des sommes très importantes. En cinq mois ses bénéfices montent à 4,124 francs, somme avec laquelle il a acheté un groupe de maisons. En quelques années il réalise un actif de plus de 25.000 fr.
    Il faisait de si bonnes affaires que son départ de Jemeppe stupéfie son entourage. Il vient s'installer à Roux, où il vit en ascète. Il ne sort jamais et se borne à se promener dans son jardin. Il faut une fameuse dose de volonté pour cela... »
    M. le substitut Simons. — C'est comme la femme à barbe à la foire. (Rires.)
    Mtre Lebeau. — « La femme à barbe » sort, je l'ai déjà rencontrée. (Rires.) Dor suit un régime de végétarien, il ne mange que de la margarine. Il en porte la marque sur toute sa personne, ses allures compassées, sa voix blanche, son visage émacié ; tout cela provient du régime qu'il s'impose. Il témoigne de sa sincérité en conformant ses actes à ses théories. Il prêche d'exemple, c'est pourquoi ses disciples le respectent.
    Est-ce un paresseux ? Il se livre à un travail écrasant, il reçoit entre 1,400 à 1,500 personnes par jour, il compose des livres.
    Quelle est dès lors l'explication de sa vie étrange ? C'est que c'est un illuminé, un homme de bonne foi. Ses ouvrages encore démontrent sa bonne foi. : Il n'est pas lettré et malgré cela il compose des livres, bien conçus, bien enchaînés, d'inspiration claire. Son inspiration souvent éloquente est une preuve certaine de conviction. On a insinué que ses livres ne sont pas de lui. C'est le contraire ; qui est vrai. Il a trouvé des correcteurs pour ses fautes de français, mais il n'aurait pas permis que l'on retouche à sa pensée.
    S'il y avait eu un autre auteur, vous le connaîtriez certainement par Mme Delisée. Ne vous a-t-elle pas signalé des livres d'où il a tiré de minuscules paginettes ? Nous possédons d'ailleurs ses brouillons ; la Cour les a vus. Le fait de composer des livres aussi profondément mystiques démontre que Dor n'est pas un escroc mais un illuminé sincère. Dans la vente des livres, la délicatesse, les scrupules de Dor apparaissent encore d'une manière indiscutable. Il n'impose son livre à personne, il n'offre pas ses ouvrages. Les adeptes achetaient le livre non pour payer Dor, mais dans l'intention de s'instruire. Les Doristes ont parfois essayé de pousser à la vente en organisant le colportage. Cela a été considéré par Dor comme un excès de zèle et il a arrêté net cette propagande. Est-ce là le fait d'un escroc ?
    Les témoins sont des convaincus, ce sont des obligés de Dor et qui n'hésiteraient pas à le payer ; s'il demandait une rémunération quelconque. Or, Dor n'exige rien.
    Il a été condamné dans le chapitre des escroqueries générales pour avoir reçu de 10 cent. à 10 fr. et cela pour avoir donné des entretiens, des consultations parfois très nombreuses au même client. Sa bonne foi nous est encore démontrée par son influence extraordinaire sur ses adeptes. Par sa seule volonté il parvient à leur imposer une vie conforme à la moralité.
    Croyez-vous qu'un vulgaire escroc parviendrait à influencer son entourage de manière à lui donner des sentiments d'idéal et d'abnégation ? Essayez un peu, M. l'avocat général, vous qui êtes si éloquent, de convertir vos auditeurs à une vie nouvelle.
    M. Simons. — je ne suis pas jaloux de Dor, ni désireux de tromper comme lui mes semblables.
    Mtre Lebeau. — Il ne s'agit pas de tromper, mais bien de donner à autrui une conviction que L'on n'a pas.
    M. l'avocat général. – Toutes les cartomanciennes savent fasciner leurs clients.
    Mtre Lebeau. — Aucune d'elles ne fait changer la vie de leurs clients. Le mot de Boileau reste vrai.
    « Pour me tirer des larmes il faut que vous pleuriez ! »
    On ne convertit pas les gens sans être convaincu soi-même.
    Les clients du Père sont des gens convaincus, cela vous ne pouvez le nier. Ils puisent cette conviction dans leur confiance vis-à-vis de Dor, confiance souveraine, irrésistible.
    Dor est désintéressé. L'affaire de la margarine le montre d'une manière éclatante. II autorisé la firme Era, margarine végétale, à mettre sur ses paquets « Margarine du Père Dor » et cela à la seule condition que le produit soit pur. Pendant la guerre, comme il ne trouve plus le produit à son goût, il permet à la firme Axa que l'étiquette soit transportée à la marque concurrente. On se disait que Dor agissait par esprit de lucre, qu'une grasse commission lui était payée, soit par le fabricant, soit par les dépositaires. Or, dans le procès fait au « Rappel », il a été prouvé qu'il ne touchait absolument rien ni d'un côté, ni de l'autre.
    Voici une autre preuve de son désintéressement. M. Van V..., de Liège, lui donne un jour 5,500 fr. Dor n'attendit pas longtemps pour remettre intégralement cette somme à celui qui la lui avait donnée sans esprit de retour.
    La conclusion de tout ceci, c'est que Dor est un illuminé et non pas un escroc. Pour lui l'argent n'a qu'une importance accessoire.
    Mtre Bonnehil. — Rendez gorge alors !
    Mtre Lebeau, — J'ai à vous faire une déclaration, Mtre Bonnehil ! Je vous propose, pour vous rembourser — ceci par pure honnêteté d'ordre moral — de vous concéder une hypothèque sur les immeubles de Roux, à concurrence de leur plus-value acquise à la suite des améliorations apportées par Mme Delisée.
    M. Simons. — Oui, après l'examen mental. S'il n'est pas escroc, c'est un fou. C'est aux médecins à en juger.
    Mtre Lebeau. — Mon client est un illuminé de bonne foi.
    M. Simons. — Cela ne me suffit pas.
    Mtre Bonnehil. — Ni à moi non plus. Une aumône ne me satisfait pas.
    Mtre Lebeau. — Sa bonne foi peut très bien être admise.
    M. Simons. — Oui, si vous prouvez sa folie.
    Mtre Lebeau. — Erreur manifeste.
    M. Simons. — Il n'est pas fou de se dire le Christ.
    Mtre Morichar. — Pourquoi ? Un illuminé sincère peut aller jusque-là.
    M. Simons. — Enfermons-le et n'en parlons plus.
    Mtre Lebeau. — Vous auriez aussi enfermé Mahomet parce qu'il disait converser avec l'ange Gabriel...
    Il importe de détruire la légende de la fortune de Dor.
    Fortune immobilière de 65,000 fr. affirme Mtre Bonnehil ; fortune mobilière incalculable ajoute-t-il.
    Dor possédait en 1909 outre ses maisons, qui furent vendues 15,500 fr. un dépôt en banque de 5,000 fr. Il vendit son commerce 7,500 fr. Avec diverses autres sommes qu'il possédait encore, on arrive à un total de près de 30,000 francs.
    S'il était resté à Jemeppe, il se fut enrichi sans se donner trop de mal. Au lieu de faire fortune, de thésauriser, Dor est obligé de vendre ses propriétés, il est obligé d'éditer ses sermons, de vendre des brochures.
    Mtre Lebeau estime que l'« Ere nouvelle » rapporta un millier de francs à son client ; « Christ parle à nouveau », 9,000 fr.
    Dor eut certes pu s'enrichir, mais logique avec ses principes, il immobilise tous ses capitaux et déclare que si son capital en banque dépasse 2 000 francs, il en versera le surplus à l'Ecole des estropiés de Charleroi.
    Ce projet de donation est incontestable, il résulte d'une lettre de M, Pastur.
    Il résulte des démarches que fît à Roux l'honorable député permanent, démarches qui n'échouèrent qu'à cause de la guerre.
    Pour fonder sa succursale à Uccle, cet argent ne suffit pas. Et c'est pourquoi il emprunte à ses adeptes. J'en viens à la question du fluide. Ce fluide émane de l'influence d'un personnage et imbibe toutes ses paroles, tous ses gestes.
    Dor a-t-il un pouvoir de rayonnement agissant sur ses malades ? C'est bien possible. Des médecins admettent que les malades peuvent être impressionnés par des influences morales magnétiques ! De nombreuses maladies, disent-ils, peuvent être guéries par la suggestion. Si cela est, la bonne foi de Dor est indiscutable et il ne peut être question d'escroquerie.
    Dor affirme que c'est son amour pour son prochain qui lui donne le pouvoir de guérir ses semblables.
    Les médecins guérisseurs sont ceux qui sont de grands philanthropes : ceci de l'aveu des médecins. Une moquerie n'explique rien. Vous voyez qu'un examen du Père et des malades s'impose.
    D'ailleurs, Dor dit et affirme à maintes et maintes reprises que ce n'est pas lui qui guérit, mais bien qu'on se guérit soi-même en s'améliorant moralement. Si Dor était un escroc, mais il ferait de la réclame, de la propagande. Mais non ; c'est tout le contraire. Il n'appelle personne et refuse qu'on insiste pour lui amener des malades.
    Il a le souci d'éviter le fanatisme chez ses clients. Les formules intolérantes sont aimées des esprits simples. Lui n'en a pas. On reproche au Père Dor son charlatanisme, école morale et le reste. Il a commis de nombreuses fautes de goût, mais il ne faut pas oublier que c'est un illettré, un primaire. A cause de cela, il n'est pas susceptible d'une délicatesse extraordinaire. Il a cru trouver quelque chose de neuf. Il est fier, il est heureux de sa trouvaille. Il a le goût de la propagande et cela provient de sa confiance illimitée en lui-même. Pour faire de la propagande démocratique chrétienne il faut aussi avoir du mauvais goût. (Rires.)
    M. Simons. — Merci.
    Mtre Lebeau. — Ne cherchez pas du bon goût dans ses descriptions emphatiques ni dans les illustrations de ses brochures. C'est nécessairement un caractère commercial. On critique surtout ses gestes hiératiques, gestes très simples, si simples que la plupart des fidèles ne le remarquent pas. Il lève parfois la main, mais pour faire taire les bavards et en imposer à ceux qui pourraient lui faire perdre son temps.
    S'il a l'âme mystique, il a l'allure hiératique, cela se tient. Son costume, sa longue chevelure, sa barbe, tout cela est de l'ermite et est adéquat a sa mentalité. Son temple est fort simple, c'est comme une église protestante.
    La grosse question maintenant. Il a dit qu'il était le Christ. Il a blasphémé, il s'est livré à des manœuvres frauduleuses. S'agit-il du Christ des chrétiens ? Du tout ; celui-là est au ciel et il en voudrait à Mtre Bonnehil de ne pas avoir bien conservé ses intérêts. (Rires.)
    Lui pardonne. Les hommes sont méchants et mettent un nom sur des étendards, mais lui est juste, bon, mystérieux.
    L'audience est levée à 2 heures. (B.)

Le bruxellois, 13 avril 1917 (page 3)

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Panneau de l'Auréole de la Conscience (twitter @culteantoiniste)

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Panneau de l'Auréole de la Conscience

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Nécrologie (dans l'Unitif n°11, de septembre 1911)

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Nécrologie (dans l'Unitif n°11, de septembre 1911)

NECROLOGIE

    Nous recevons la nouvelle de la mort et des funérailles de notre sœur Madame Jouy de Paris ainsi que les comptes rendus des obsèques de nos frères Meunier de Vichy, Frehis de Verviers et Lejeune de Jemeppe, dont les enterrements ont eu lieu dans le Culte antoiniste.
    Nous n'adresserons pas à leurs familles nos condoléances, mais bien notre amour et nos bonnes pensées.
    Notre Père a trouvé qu'on ne doit insérer dans le bulletin aucun compte rendu de funérailles :        il n'a d'autre but que d'exprimer les regrets et le découragement que le défunt laisse après lui, ce qui démontre plutôt un manque de foi, c'est désapprouver ce qu'il nous a enseigné par la Révélation.

l'Unitif n°11, de septembre 1911

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Mort d'Antoine le Guérisseur (Le Protestant béarnais, 20 juillet 1912)

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Mort d'Antoine le Guérisseur (Le Protestant béarnais, 20 juillet 1912) ̴  ̴̴̴̴̴̴  ̴  ̴ BELGIQUE. – On annonce la mort d'un homme qui a fait parler de lui ces derniers temps, Antoine, le guérisseur. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains et avait fondé une religion, mélange de christianisme et de théosophie.
    Peu à peu, dit le Temps, les malades de l'âme comme du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmappes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années il y avait les foules de Jemmappes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants formaient une communauté éparse en divers lieux, mais fort nombreuse.
    Il était, dit-on, très sincère et désintéressé et a vécu modestement. Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 et répandait les doctrines de l'apôtre. Il y a quelques mois les « antoinistes » de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat. Avant de mourir, Antoine a désigné, pour lui succéder, sa femme. Voici l'affiche que l'on a apposée au temple pendant l'exposition de son corps :

CULTE ANTOINISTE

            Frères,
    Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous. Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
    L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin à trois heures.
                                            Le Conseil d'administration.

Le Protestant béarnais, 20 juillet 1912

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Morale stoïcienne (Le Biéniste, 15 novembre 1922)

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Morale stoïcienne (Le Biéniste, 15 novembre 1922)

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L'Antoinisme pendant et après la guerre 14-18 (antoinisme-documentation.skynetblogs.be)

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L'ANTOINISME
PENDANT ET APRES
LA GUERRE 14/18


Je puise toujours mes sources chez Pierre DEBOUXHTAY (ANTOINE LE GUERISSEUR ET L'ANTOINISME) :

    « Survint la guerre. L'Antoinisme profita du réveil des sentiments religieux qui marqua cette période, pour enfoncer ses racines dans la terre wallonne.
    "Pendant que la guerre accumulait les ruines et semait partout l'épreuve, le Culte Antoiniste se développait au milieu des obstacles, attirant la foule des coeurs meurtris que la révélation appropriée aux temps nouveaux éclairait et réconfortait. A la lecture du soir, dans la communion fraternelle si profonde que réalise l'Enseignement du Père, les adeptes anciens et nouveaux puisaient les forces morales nécessaires pour supporter les rigueurs de l'existence matérielle et les souffrances de tous genres : maladies,, silencieuses et cruelles séparations ou mort d'êtres aimés. La guerre n'arrêta pas la construction de temples. En 1915, alors que la vie sociale était comme paralysée et que le doute angoissait les âmes, il s'élevait à MOMALLE et à SERAING des sanctuaires antoinistes, symboles de foi et d'espoir. L'année suivante, Mère ANTOINE allait en consacrer d'autres à VISE et à BRUXELLES au milieu d'une population recueillie. Puis la sainte cérémonie se renouvelait en 1917 à HERSTAL et à LIEGE, en 1918 à JUPILLE et en avril dernier à JUMET." (Tiré du livre « LE PERE ANTOINE ET SON OEUVRE », paru en 1919)

    Ainsi, (continue DEBOUXHTAY), au moment où, après l'Armistice, les Antoinistes publiaient la brochure « LE PERE ANTOINE ET SON OEUVRE », en vue d'obtenir la reconnaissance légale du Culte, celui-ci comptait quinze temples en BELGIQUE et deux à l'étranger.

    A peine rentré victorieux à BRUXELLES, le Roi des Belges recevait une lettre de Mère ANTOINE pour solliciter sa bienveillante intervention.
    "Jemeppe-sur-Meuse, le 16 décembre 1918.
Sire,
    Sachant votre profond amour de la justice, je prends la respectueuse liberté d'attirer l'attention de Votre Majesté sur les démarches du Culte antoiniste tendant à obtenir la reconnaissance légale. Le 2 décembre 1910, il a été adressé aux Chambres une requête appuyée de plus de 160000 signatures. En 1914, Messieurs les Sénateurs Comte Goblet d'Alviella et Magnette devaient prendre l'initiative d'un projet de loi qui donnât satisfaction à notre Culte grandissant. Nous possédions alors en Belgique sept temples. Pendant la guerre nous en avons édifié sept nouveaux et d'autres sont en construction. Si nous demandons d'être reconnus par l'Etat c'est uniquement pour que nos temples soient exonérés des charges fiscales au même titre qu'en France. Notre Culte a pour base le plus grand désintéressement et ne vise qu'à l'amélioration morale des hommes. Sire, nous faisons appel à votre bienveillante intervention au moment où vous rentrez avec vos armées victorieuses pour lesquelles ainsi que pour Vos Majestés tous les adeptes unis dans la même pensée de foi et d'amour n'ont jamais cessé de faire les voeux les plus ardents. Que Votre Majesté daigne recevoir les meilleures pensées de tous nos coeurs dévoués.
(s.) Mère ANTOINE. Directrice du Culte »

    Cela étant, le Culte Antoiniste n'était pas encore au bout de ses peines... et bien des lettres durent encore être écrites :
Le 22 septembre 1919, à Emile VANDERVELDE, Ministre de la Justice ;
Le 1° décembre 1919, à nouveau à Emile VANDERVELDE ;
En mars 1920, à la Reine des Belges ;
Le 22 mars 1920, à nouveau à Emile VANDERVELDE ;
Le 20 mars 1921, à nouveau à la Reine des Belges.
    Finalement, les Antoinistes obtinrent satisfaction. Ils purent bénéficier d'une nouvelle loi accordant la personnalité civile aux associations sans but lucratif et aux établissements d'utilité publique. La loi votée, le Culte antoiniste put enfin se faire reconnaître comme établissement d'utilité publique.

source : http://antoinisme-documentation.skynetblogs.be/

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