Un Temple antoiniste à Hellemmes (Le Nord maritime, 29 septembre 1925)
UN TEMPLE ANTOINISTE
A HELLEMMES
On rencontrait, dans les rues de Lille, dimanche, des hommes et des femmes – femmes âgées, Jeunes filles et même fillettes, – vêtus d'une façon très particulière. Les premiers avaient l'allure de clergymen, avec une longue lévite noire, boutonnée sur un col rigide, et un chapeau haut-de-forme aux bords ronds et plats. Les secondes étaient coiffées d'un voile noir que supportait un bonnichon borde de tulle plissé, également noir, et leurs épaules s'enveloppaient d'un châle de laine ou d'une cape.
Ces gens étaient des Antoinistes venus assister à la cérémonie de consécration de nouveau temple de leur culte à Hellemmes.
Il était arrivé des adeptes d'un peu partout, de Paris, de Lyon, même de Monaco, mais, principalement, de Belgique. Deux trains spéciaux étaient partis de Liège avec dix-sept cents personnes.
« L'OPERATION »
A dix heures, la rue Jean-Bart, aux abords du Temple, était noire de monde.
Au bout d'une vingtaine de minutes, l'emblème du culte, « l’arbre de la science du Bien et du Mal », apparut sous le portail, précédant une vieille femme au visage paisible, qu'encadraient des bandeaux de cheveux blancs échappés de la rituelle coiffe noire : « la mère Antoine », la veuve d'Antoine-le-Guérisseur, âgée de soixante-quinze ans et venue de Jemmeppe-sur-Meuse, près de Liège, pour pratiquer l'« opération ».
Et c'est cette opération qui se renouvela devant la porte, en raison de l'affluence. La lecture des principes se perdit dans le vent, puis on aperçus par dessus les têtes recueillies, la vieille « mère » étendre la main dans un reste de bénédiction, sur les deux mille personnes qui l'entouraient.
Le Nord maritime, 29 septembre 1925