Palais de Justice, Affaire Dor (Le Bruxellois, 11 mai 1917)
COUR D'APPEL DE BRUXELLES. — Audience du 9. — L'affaire Dor. — Mardi matin grand brouhaha au début de l'audience de la 8e chambre des appels correctionnel. Les intéressés n'ont pu être avisés que l'arrêt serait ajourné et tout le monde est au poste.
Le père Dor, toujours calme et impassible, s'installe au banc des témoins en attendant l'ouverture de l'audience. Il ne bronche pas quand on dit que son sort restera encore huit jours en suspens.
Dans la salle énormément de monde, de dames surtout, plusieurs sont venues de Roux, de Charleroi par le tain du matin. La nouvelle de la remise de l'arrêt circule aussitôt et est accueillie par certaines avec satisfaction. « On n'oserait condamner le père, pour sûr il sera acquitté, » D'autres s'indignent de ce nouveau retard. « N'est-ce pas trop déjà d'avoir fait attendre si longtemps au père sa réhabilitation. » « On aurait bien pu l'acquitter après les plaidoiries, car c'est plus qu'un innocent.... c'est un saint... un martyr... un dieu ! »
A 10 h. 10 un coup de sonnette. L'huissier annonce : « La Cour ». Le silence devient émouvant.
M. Eeckman fait appeler « Dor ; partie civile Delisée » ! Dor se présente accompagné de Mtre Lebeau. Mme Delisée ne paraît pas.
M. le président : L'arrêt dans cette affaire est remis à huitaine, les dossiers ayant été déposes tardivement.
Appelez l'affaire Leurquin.
La foule suit Dor dans les couloirs et on lui prodigue les marques d'affectueux respect. Le père Dor est décidément la coqueluche de ces dames. Celles-ci se préparaient à d'enthousiastes ovations ; elles comptent que ce n'est que partie remise.
Le Bruxellois, 11 mai 1917