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Comparaison entre l’Antoinisme et Subud

Publié le par antoiniste

Comparaison entre l’Antoinisme et Subud
Critères Antoinisme Subud
Fondateur Louis Antoine ("le Père") Muhammad Subuh ("Pak" ou "Bapak", père en indonésien)
Origine Belgique, début du XXe siècle Indonésie, années 1920
Base spirituelle Aucune attache à une religion spécifique, approche libre de la foi Ouvert à toutes confessions, influence soufie
Pratique principale Méditation silencieuse collective Latihan kejiwaan (exercice spontané)
Vision du divin Pas de définition dogmatique, recherche d’une vérité intérieure Connexion directe à une force divine intérieure
Guérison spirituelle Purification intérieure par la méditation et l’élévation spirituelle Nettoyage intérieur par le latihan
Organisation Temples mais peu de hiérarchie, organisation souple Centres Subud, sans structure hiérarchique stricte
Universalité Présent principalement en Belgique et France Présent dans plus de 80 pays
Similitudes marquantes :
  1. Aucune contrainte ni prosélytisme : Ni l’Antoinisme ni Subud ne cherchent activement à convertir ou à recruter. L’entrée et la sortie des mouvements sont totalement libres.
  2. Absence de hiérarchie autoritaire : Dans les deux cas, la structure organisationnelle est souple. Subud fonctionne de manière démocratique, et l’Antoinisme repose sur des temples autonomes.
  3. Engagement financier libre : Contrairement aux sectes, ni l’un ni l’autre n’imposent de contributions financières élevées ou obligatoires.
  4. Une approche spirituelle non dogmatique : Ils laissent chacun libre d’interpréter et d’expérimenter sa propre spiritualité.
  5. Un salut par la pratique intérieure : L’Antoinisme met en avant l’élévation par la méditation et la pensée, tandis que Subud considère le latihan comme une source d’amélioration personnelle. Cependant, une critique envers Subud souligne que ses promesses de salut peuvent parfois sembler exagérées.

Différences fondamentales :
  • Pratique spirituelle : L’Antoinisme repose sur le silence et la méditation collective, tandis que Subud encourage une pratique plus dynamique et spontanée (latihan).
  • Lien avec une culture d’origine : Subud est ancré dans la culture javanaise et présent au Suriname, où vit une forte communauté javanaise. L’Antoinisme, bien que diffusé en France et en Belgique, n’a pas de lien particulier avec une origine culturelle spécifique.
  • Perception des fondateurs : Louis Antoine et Muhammad Subuh ne sont pas considérés comme des gourous, mais comme des figures inspirantes. Subud, cependant, a parfois été critiqué pour certaines attentes trop élevées envers les bienfaits du latihan.

Conclusion

L’Antoinisme et Subud sont deux courants qui proposent une spiritualité libre et introspective, où l’expérience personnelle est au centre. Ils refusent toute hiérarchie spirituelle rigide, ne cherchent pas à imposer une croyance et privilégient une connexion intérieure plutôt que des pratiques extérieures codifiées.

Si l'Antoinisme met l’accent sur le silence et la contemplation, Subud encourage une réception spontanée du divin à travers le mouvement et l’énergie. Deux approches différentes, mais avec une même quête : celle d’une évolution intérieure sans dogme.

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Danielle Hemmert & Alex Roudène - L'étrange pouvoir des guérisseurs (1994)

Publié le par antoiniste

Danielle Hemmert & Alex Roudène - L'étrange pouvoir des guérisseurs (1994)

Auteurs : Danielle Hemmert et Alex Roudène
Titre : L'étrange pouvoir des guérisseurs
Éditions : Famot, Genève, 1980 (254 pages)

4e de couverture :
    Le miracle de la guérison est aussi vieux que le monde. Mais c’est seulement à notre époque qu’il nous est donné d’approcher ses lois. Connaissez-vous votre « éthérique", avec ses lignes de force et son réseau d’énergie ? Connaissez-vous ces forces cosmiques qui circulent comme le sang dans les artères ? Par ces voies passent des guérisons incroyables défiant toute logique, mais seuls peu d’hommes sont capables de les manier. On les nomme les guérisseurs.

 

    On peut lire, aux pages p.164-166, sur l’antoinisme les lignes suivantes :

Sous la barbe du Père Antoine...

    Il y avait jadis un enfant de douze ans, fils de pauvres mineurs. Il était né dans la province de Liège le 7 juin 1848. Et tous les jours, depuis ses douze ans, il descendait dans la mine avec son père et son frère. La misère le mena jusqu'en Allemagne, puis en Russie. Elle le ramena en Belgique, et, las de voyager, il se maria. Il s'installa aussitôt comme ouvrier métallurgiste à Jemeppe-sur-Meuse. Cet homme se nommait Antoine. C'était son nom de famille. Il était d'un naturel doux et charitable. Mais il était triste : une maladie de l'estomac l'épuisait. Un jour, on lui prête Le Livre des Esprits d'Allan Kardec, et, bien que sachant à peine lire et écrire, il en entreprend laborieusement la lecture : c'est l'illumination !
    Maintenant, Antoine, grâce à une petite table, s'entretient avec le docteur Carita, et, de l'Au-Delà, on lui enseigne que les maux physiques n'existent pas : il n'y a que le péché qui existe ! Aussitôt, Antoine, par la vertu de la prière et des fluides, efface ses péchés, et, miracle ! ses maux d'estomac disparaissent à jamais ! Ne pensant alors qu'à guérir les autres, sa renommée s'étend. On vient à lui de tous côtés. Il rend la vue aux aveugles, empêche les boiteux de boiter : c'est une pluie de miracles ! Les médecins s'agitent. On traîne Antoine devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine. Mais comme il ne prescrit aucun remède, il est acquitté. On ne va pas le chicaner pour une prière ! Et sitôt après le procès, il devient Antoine-le-Guérisseur.
    On l'appelle « le Père ». Sa femme devient « la Mère ».
    Puis, en 1912, le Père Antoine se « désincarne ». Mais la Mère prend la direction de ce nouveau spiritualisme, et les adeptes se multiplient. Un clergé se constitue : ce sont les « Frères habillés » et les « Sœurs habillées ». A leur tour, ils opèrent des guérisons.
    Au 34 de la rue Vergniaud, à Paris, on voit l'église antoiniste, et sa flèche dépourvue de croix. Mais ailleurs, 49 rue du Pré-Saint-Gervais, voici une église plus moderne, avec ses bancs de bois clair et sa tribune à mi-hauteur qui court tout le long de l'église. Le mur de face, devant les fidèles agenouillés, est couvert de cette inscription en lettres monumentales : « Culte antoiniste, tous les dimanches, à 10 heures. »
    L'enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la foi.

L'auréole de la conscience

    « Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. C'est de la foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend digne de le servir. C'est le seul amour qui nous a fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
    Une table élevée remplace l'autel. Derrière, une très haute chaire avec escalier. Faisant retable, un triptyque : au milieu, le Père, un vieillard avec la barbe en fleuve, vêtu d'une soutanelle noire, les yeux fermés, la main droite en avant, comme pour l'imposition. C'est le Père « faisant l'opération ». A gauche, la Mère, une femme âgée, simple. A droite, un arbre : c'est l'Arbre de la science de la vue du mal. Un Frère, en soutanelle noire, boutonnée jusque sous le menton, prie à haute voix, et chacun s'associe à sa prière. Ensuite, il lit un chapitre de l'enseignement du Père.
    Les fidèles trouvent dans sa doctrine un réconfort profond.
    « Le Père a changé ma vie ! » entend-on fréquemment.
    Dans chaque temple, le Père « fait l'opération », à dix heures précises, les cinq premiers jours de la semaine. Cette ponctualité a un sens : il faut que dans tous les temples du monde les Frères fassent la prière à la même heure, pendant que le Père agit dans l'autre vie. Car le pouvoir de guérir les maux physiques et moraux appartient au Père seul. Les Frères ne sont que ses intermédiaires.
    Mais tous les temples sont ouverts aux personnes souffrantes pour des opérations particulières. Un Frère ou une Sœur de service chasse alors gratuitement le mal. Sur la table du vestibule du temple du Pré-Saint-Gervais, il y a des numéros d'ordre qui seront distribués aux malades. Le Frère ou la Sœur de service les reçoit successivement dans une petite salle sous le portrait du Père.
    Où avez-vous mal ? demande le Frère.
    La réponse donnée, il lève les mains vers le Père et prie. Les mains, comme par de grandes passes magnétiques, chassent le mal.
    Père, guéris cet homme de son mal !...
    Et le malade, soudain guéri, demeure ahuri. Des dizaines et des dizaines de milliers de gens sont passés là. Tous ont été guéris. J'en ai eu de multiples preuves...

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Robert Destez - Paris Secret p.56-57 (L'Art belge, 1er janvier 1951)

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Robert Destez - Paris Secret p.56 (L'Art belge, 1er janvier 1951).jpeg  Robert Destez - Paris Secret p.57 (L'Art belge, 1er janvier 1951).jpeg

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De Jemeppe à Lourdes (La Libre Belgique, 26 novembre 1934)(Belgicapress)

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De Jemeppe à Lourdes (La Libre Belgique, 26 novembre 1934)(Belgicapress)DE JEMEPPE A LOURDES

    Sur mon bureau deux livres voisinent. L'un s'intitule : « Antoine le Guérisseur et l'antoinisme, d'après des documents inédits », par Pierre Debouxhtay (lib. Fernand Gothier, à Liége) : c'est l'étude très fouillée d'un phénomène religieux qui, dans la Belgique d'il y a trente ans, fit grand bruit, et dont vingt-sept temples en Belgique, quinze en France, attestent le rayonnement. L'autre a pour titre : « La physionomie d'une voyante » ; il est signé Jean des Rochères (éditions du Foyer, à Paris). La « voyante », c'est sainte Bernadette : Jean des Rochères dessine avec amour la mystique figure ; et tout en même temps sa dialectique très précise déduit, du portrait même qu'il nous donne, certaines conséquences apologétiques. Si vous songer à ce que fut Bernadette, si vous vous rappelez la ténacité avec laquelle les partisans de l'antoinisme fermèrent leurs oreilles aux condamnations prononcées par l'Eglise, et si vous réfléchissez que l'un et l'autre thème nous mettent en contact avec la notion de miracle, vous constaterez sans doute que le hasard qui sous mes yeux les juxtapose ne laissent pas d'être suggestif. Une lumière fit jaillir du rapprochement de ces deux livres, comme de certaines suggestions d'idées.
    En fait, rien n'est plus intéressant comme confrontation entre le chapitre de M. Pierre Debouxhtay sur les « guérisons et autres faits paranormaux » attestés par les historiens de l’antoinisme, et le chapitre de M. Jean des Rochères, qui a pour titre : La valeur apologétique des miracles de Lourdes ».
    Deux religions sont en présence : la chrétienne et l'antoiniste. Deux catégories de guérisons « curieuses et instantanées » – pour reprendre les mots de la revue spirite de Liége : « Messager » – se présentent à notre étude. La religion antoiniste, d'après M. Debouxhtay, considéra longtemps que le recours au contrôle de la science « constituerait un obstacle à la foi », – à cette foi qui chez les patients est nécessaire pour conquérir la guérison. Un jour pourtant, nous dit-il, « les antoinistes se décidèrent à faire constater certaines guérisons « miraculeuses ». C'était en 1910, lorsqu'ils s'efforcèrent d'obtenir pour leur culte la reconnaissance légale. A la requête adressée au Ministre, les adeptes joignirent des certificats, dont quelques-uns contrôlés par les médecins eux-mêmes. En quoi consistait ce contrôle des médecins ? Il nous est malheureusement impossible de le dire, ces certificats n'ayant pas été conservés dans les archives du ministère. L'abbé Bourguet, curé de Saint-Antoine, à Liége, dont le presbytère était voisin du temple antoiniste de Hors-Château, pouvait d'autre part écrire, dans la brochure qu'il publiait vers la fin de la Grande Guerre : « On ne saurait trop le dire : il n'existe aucun cas de guérison bien caractérisée d'une maladie organique à l'actif de Louis Antoine » ; et M. Debouxhtay, tout en ajoutant très loyalement la liste des guérisons, telle qu'elle fut publiée dans les diverses livraisons du périodique antoiniste l'« Unitif » entre 1911 et 1914, croit devoir mettre en relief cette remarque de M. l'abbé Bourguet. Se tournant vers Lourdes, M. Debouxhtay aperçoit à côté de la Grotte, « un bureau de constatation où des savants compétents peuvent soumettre à un examen minutieux les malades, avant et après la guérison » ; il observe qu'à Jemeppe, où le Père Antoine exerçait son office de guérisseur, un tel bureau n'existait pas.
    Il y a sur le bureau de Lourdes dans le livre de M. Jean des Rochères, quelques lignes bien significatives de M le chanoine Bertrin : « Le Bureau des constatations devient, par prudence, de plus en plus difficile. C'est de plus en plus, par exemple, qu'il écarte les guérisons des maladies nerveuses, l'origine de ces maladies pouvant prêter au doute... Evidemment ce n'est pas le nombre des maladies nerveuses qui a fléchi, ni apparemment celui des guérisons dont elles sont l'objet. C'est la manière d'enregistrer ces guérisons suspectes qui est devenue de plus en plus rigoureuse et sagement défiante. Et déjà, il y a plus de quarante ans, le docteur Boissarie se montrait, à Lourdes, spécialement préoccupé « de ne pas assimiler aux miracles certaines guérisons, surprenantes peut-être, mais que les médecins voient partout se réaliser dans les hôpitaux ou ailleurs, sans l'intervention d'aucune cause surnaturelle. »
    M. Jean des Rochères, commentant ces paroles, déclare avec insistance que « l'atmosphère de certains pèlerinages dans telles conditions données, peut être, pour des névroses sans lésion organique, le choc bienfaisant, capable de provoquer l'amélioration de l'état morbide ou même sa totale disparition », et qu'on ne peut, en pareils cas, parler de miracles. Et cette réserve initiale accroît l'autorité des pages où M. Jean des Rochères souligne la portée surnaturelle des guérisons des maladies organiques, et des guérisons des tumeurs ou des plaies, et la valeur des méthodes par lesquelles à Lourdes ces miracles sont constatés. Comment lui refuserait-on, même, le droit d'affirmer que de tels miracles, obtenus plus de soixante-dix ans durant, à la suite des visions de Bernadette, suffiraient à prouver la sincérité de la sainte et la réalité de ses visions ?
    Celle qui, dans sa prière à Jésus, s'intitulait « la pauvre mendiante » fut la confidente et l'auxiliaire terrestre de cette initiative d'au delà qui, d'année en année, dans la piscine et dans le triomphal cortège qui porte l'Hostie, multiplie les grâces merveilleuses : la gratitude chrétienne va vers Bernadette, après s'être agenouillée devant celle dont elle fut la messagère. Mais l'Eglise veille rigoureusement au contrôle scientifique des faits de Lourdes : elle ne redoute pas, elle, comme l'antoinisme a paru le redouter, que l'intervention vigilante de la science médicale soit un obstacle aux guérisons ; elle lui fait appel, au contraire, pour donner à la gratitude des fidèles une robuste assise et lui imprimer un nouvel élan.
                                        Georges GOYAU,
                                   de l'Académie Française.

La Libre Belgique, 26 novembre 1934 (source : Belgicapress)

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Lettre de Paris - Les guérisseurs (Le Progrès de la Somme, 30 juin 1925)

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Lettre de Paris - Les guérisseurs (Le Progrès de la Somme, 30 juin 1925)

    On a célébré la semaine dernière l'anniversaire d'Antoine le Guérisseur. Antoine a presque fondé une religion. Il a un temple dans le quartier de la Glacière, un temple modeste, mais qui ne manque pas de fidèles. Murs nus que décorent simplement des inscriptions de ce gout : « Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu. » « Nous ne sommes divisés que pat l'intérêt. » « Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. » Les fidèles des deux sexes, dans leurs vêtements, ressemblent, les premiers, à des clergymen, les secondes, à des moniales. Quand ils vont en procession, et la cérémonie de l'autre jour comportait une procession, l'un d'entre eux porte en tête du cortège un arbre symbolique : c'est l'arbre de la vue du mal. Ils ne prient ni ne chantent. Le culte fondé par Antoine est un culte silencieux.
    Il y avait justement, l'autre semaine, à Paris, un antre guérisseur, le guérisseur d'Avignon et qui eut, ces temps derniers, maille à partir avec la justice, sur la plainte du Syndicat des médecins de son pays. Ce guérisseur, qui, comme tous ses pareils, fait des miracles, a donné une conférence qui lui a valu, m'a-t-on dit, d'être chaleureusement applaudi. Puis, il est rentré dans son pays. Il a, m'a-t-on dit encore, une magnifique 16 HP.
    Il suivit d'abord des cours d'agriculture dans un établissement où son père était professeur. Les plantes l'intéressaient beaucoup : mais brusquement il cessa de regarder la terre pour ne plus contempler que le ciel.
    – Mon fils se forme, dit alors son père ; il commence à lire dans les astres.
    Cet honnête professeur d'agriculture n'avait certainement pas prévu la seconde vocation de son héritier. Le futur guérisseur n'étudiait pas précisément la mécanique céleste : s'il avait la tête constamment levée vers les étoiles, c'est qu'il entendait des voix. Ces voix lui ordonnaient de se dévouer au service des êtres qui souffrent. C'est ainsi qu'il devint guérisseur. En un temps où l'on était moins courtois, on aurait dit : rebouteux. Et dans un temps un peu plus ancien où l'on était moins tolérant, on aurait dit : sorcier.
    Le guérisseur d'Avignonet a une clientèle immense. On vient vers lui de toutes parts. Des gens du peuple, des gens de la bourgeoisie, des gens de l'aristocratie. Il n'y a pas beaucoup moins de monde chez lui qu'on en voit à Lourdes. Car la maladie rend crédule, et cela est fort compréhensible, car personne ici n'aime à souffrir trop longtemps. De là l'influence parfois si profonde des guérisseurs, A Paris, Antoine a maintenant une petite église et des fidèles. En Russie, Raspoutine, qui n'était lui-même qu'un guérisseur, a contribué à la chute de la plus puissante des dynasties, et c'est un peu à ce moujik ivrogne et luxurieux que nous devons l'avènement du bolchevisme.

Le Progrès de la Somme, 30 juin 1925

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La foi qui guérit (Le Soir, 15 octobre 1903)(Belgicapress)

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La foi qui guérit (Le Soir, 15 octobre 1903)(Belgicapress)

La foi qui guérit #2 (Le Soir, 15 octobre 1903)(Belgicapress)

Encyclopédie du SOIR – 15 octobre 1903

LA FOI QUI GUÉRIT

Antoine le guérisseur. – Sceptiques et spirites. –  Miracles anciens et miracles modernes. – Narcose et suggestion. – Le périsprit. – Miracles scientifiques.

    La Justice instrumente, paraît-il, contre Antoine le guérisseur. Louis Antoine est un Belge dont la demeure, à Jemeppe-sur-Meuse, est devenue un lieu de pèlerinage, Découragés, désespérés, abandonnés « de tous » vont lui demander le salut.
    Louis Antoine procède par l'imposition des mains. Jamais il n'ordonne de remèdes ; et il opère gratuitement – si cela peut s'appeler opérer.
    Nous parlons d'après la légende, bien entendu.
    La Justice s'est demandé si soulager son prochain par la méthode d'Antoine ne tombe pas sous les coups de la Loi ?
    La fôôôôrme avant tout !
    les choses se passent à Jemeppe comme on les raconte, nous espérons un non-lieu ; non pour Antoine, à qui un peu de « persécution » ne déplairait point, sans doute, mais pour la justice belge.
    Le contraire advenant, la logique exigerait des poursuites contre les sanctuaires miraculeux et contre les médecins hypnotiseurs.
    Peut-être même contre les avocats – et les procureurs du Roi, qui s'emploient à obtenir condamnation ou acquittement par suggestion.
    La suggestion à l'état de veille est sans grand danger, mais procureurs et avocats n'opèrent pas toujours sur des magistrats à l'état de veille !

*
*     *

    Qu'est-ce que cet Antoine ?
    Un charlatan ou un toqué, disent les uns.
    Un être doué de merveilleux pouvoirs psychiques, un de « ces très privilégiés qu'une force très active du monde spirituel – supérieure à toute autre – protège... »
    Il est probable qu'Antoine n'est rien de tout cela, et qu'il ne mérite ni cet excès d'outrages, ni cet excès d'éloges. Son histoire nous apparaît toute simple.
    Vivant dans une région atteinte par l'épidémie spirite, ayant lu que les thaumaturges et les magnétiseurs guérissaient par l'imposition des mains et par la suggestion, Antoine a essayé. Il aura trouvé des sujets ayant la foi, donc guérissables. Et il a réussi. Les premières guérisons – il n'y a que les premières qui coûtent dans cette voie-là – ont augmenté sa foi en sa vocation, et la foi des souffrants dans son pouvoir.
    D'où la réputation et la vogue du guérisseur.
    D'où la joie des adeptes du spiritisme, et les sarcasmes, d'une certaine classe de sceptiques.
    Faut-il le dire ? La joie des disciples d'Allan Kardec est aussi peu fondée que les critiques de prétendus positivistes.
    Le Journal de Liége s'est contenté de railler.

    « Tous les témoignages recueillis jusqu'ici, imprime-t-il, démontrent plutôt que la clientèle du sieur Antoine se compose généralement de gens faibles d'esprit.
    » Un ouvrier d'usine souffrait d'un dérangement d'estomac, Il alla donc trouver Antoine, et dut faire le pied de grue pendant plus de deux heures. Notez donc, il avait le n° 220 ! Le médium plaça la main sur la tête du patient, ne-lui prescrivit aucun remède, aucun régime, et lui recommanda seulement de dire des prières.
    » Et le brave ouvrier est parti avec la conviction qu'il allait guérir, si bien qu'aujourd'hui il affirme avoir une telle confiance en cet homme que, s'il se trouvait encore malade, il n'hésiterait pas à aller encore le voir. »

    Le Laboureur, lui, s'est mis franchement en colère, et, sous le titre : Le spirite guérisseur et la bêtise humaine, il écrit :

    « L'Humanité, ignorante et souffrante, aura donc toujours les mêmes croyances ridicules et superstitieuses ! Actuellement, à Waremme, il y a un engouement insensé en faveur d'un soi-disant guérisseur de tous les maux, spirite de sa religion et omniscient. Des pauvresses et de bons bourgeois, des dames très cagotes et des indifférents s'en vont vers le Rivage (1) consulter l'homme tout-puissant.
    »... Que des gens, catholiques croyants, aillent déclarer croire sincèrement au spiritisme, religion tout autre, ce n'est déjà pas mal. Les curés leur donneront-ils encore l'absolution ?
    » Que ces gens admettent ensuite que, par un simple attouchement, un peu de graisse frottée sur les tempes et quelques paroles de rebouteux, phtisie, gastrite, rhumatismes, bras cassés, épaules démises, etc., tout cela va disparaître comme par enchantement, c'est d'une bêtise incommensurable. Pauvre Humanité qui ne sait sortir d'une superstition que pour retomber dans une autre !...
    » D'où vient donc cette aberration de la raison humaine ?
    » De l'ignorance d'abord. Combien de gens connaissent le corps humain et le fonctionnement des organes ? Combien savent les règles les plus simples de l'hygiène publique ou privée ? Combien connaissent les lois physiques et chimiques élémentaires de notre vie animale ? Et qu'ont fait et que font les pouvoirs publics et les particuliers pour répandre la vérité !
    » De la misère ensuite ! qui laisse dans la crotte et la débauche et le vice, tant de gens irresponsables. Et encore une fois qu'a-t-on fait pour relever ces misérables. L'Eglise les abêtit, et le capitalisme les meurtrit.
    » Etudions donc, camarades ; lisons, répandons la vérité partout. »

    A cela le Messager (organe spirite de Liége) répond ceci :

    » Franchement, quand on fait état de l'ignorance prétendue du prochain, il faudrait, au moins, ne pas fournir la preuve évidente de la sienne propre, dans l'article même où l'on semble se donner un brevet de capacité.
    » Le moindre bon sens, à défaut d'étude théosophique même élémentaire, suffit à faire justice de certaines assertions de cet étrange philosophe, qui ne sait pas distinguer entre un don naturel incommunicable, une faculté innée attachée à la personne, et un remède ou une méthode de nature toute matérielle, aisément divulgable.
    » Par un long entrainement, on acquiert aussi certains pouvoirs psychiques ; mais, précisément parce qu'ils sont psychiques, tout autre ne pourra se les assimiler qu'en suivant la même voie.
    » En voilà assez. »

    On le voit, le Laboureur et le Messager se reprochent mutuellement leur manque de connaissances physio-chimiques et physio-psychiques.
    Et ils pourraient bien n'avoir tort ni l'un ni l'autre.
    L'un crie au miracle, et l'autre à l'imposture, là où il n'y a probablement que suggestion.

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*     *

    La foi des clients d'Antoine est une foi superstitieuse, puisqu'ils supposent le guérisseur doué d'un pouvoir surhumain. Mais la foi d'Antoine, surajoutée à celle de ses clients, guérit.
    Le phénomène a été décrit, et bien décrit, par Charcot dans la Foi qui guérit.
    Foi fondée ou foi erronée, la foi intense sauve. La conviction profonde que le dieu ou l'homme à qui on s'adresse a le pouvoir de guérir est presque toujours opérante – lorsque le croyant est guérissable, ainsi que nous le verrons plus loin.
    On savait cela du temps des Grecs et des Egyptiens déjà.
    Les murs de l'Asclépiéion d'Athènes, fils direct des sanctuaires de l'ancienne Egypte, étaient couverts d'ex-voto : bras, jambes, cous, seins en matière plus ou moins précieuse, objets représentatifs de la partie du corps qui avait été guérie par intervention miraculeuse.
    Sérapis, Asclepiéion, Antoine, dieu ou homme, celui qui sait inspirer la foi guérit.
    Mais ce miracle, les médiums hypnotiseurs savent l'accomplir aussi. Et voici qui prouve bien que ce n'est point par le pouvoir du médium, mais par la foi du malade que le miracle advient.
    Il s'agit de la suggestion pendant la narcose.
    On sait que de tous les procédés, le sommeil provoqué par l'hypnotisation est celui qui permet la suggestion la plus efficace.

    « Malheureusement, écrit le docteur Farez dans la Revue de l'Hypnotisme, malheureusement, chez certains malades, c'est en vain qu'on s'acharne à vouloir produire l'hypnose ; trop concentrés ou trop distraits, ils sont mal ou peu impressionnés par les procédés psycho-physiologiques communément employés. Pour ces cas rebelles, on a proposé, comme ressource suprême, la chloroformisation.
    » Il est vrai que la thérapeutique morale a enregistré un certain nombre de guérisons survenues à la suite de suggestions faites pendant la narcose chloroformique. Mais le chloroforme est d'un maniement fort délicat ; il comporte, pour nos malades spéciaux, des complications et des inconvénients multiples, surtout au réveil. En somme, nous ne l'employons qu'exceptionnellement et après bien des hésitations.
    » Pour les malades justiciables de la psychothérapie et réfractaires à l'hypnotisation je propose de remplacer le chloroforme par quelques dérivés halogénés (2) de l'éthane et du méthane, en particulier par un mélange dont je me sers couramment dans ma pratique, depuis plusieurs mois, et qui est ainsi constitué : chlorure d'éthyle, 65 ; chlorure de méthyle, 30, et bromure d'éthyle, 5. »

    Ce mélange est inoffensif, et met promptement le malade dans un état favorable à la suggestion curative – surtout à la suggestion indirecte pratiquée avec succès par le docteur Farez.

    « De nombreux malades, rapporte le collaborateur de M. Bérillon, des neurasthéniques, par exemple, s'acharnent à réclamer de l'hypnotisme la guérison de leurs misères ; mais aucun médecin n'a pu les endormir à fond, et ils s'en plaignent amèrement ; ils sont persuadés en effet, que seule pourra les guérir la suggestion qui leur sera faite pendant qu'ils dormiront d'un sommeil profond, avec inconscience, et, au réveil, amnésie complète. Suggestionnés pendant l'hypernarcose, ils guérissent, non pas, bien entendu, par la vertu de la suggestion elle-même, mais en vertu de la « faith healing » ; ils ont foi en la puissance curative de la suggestion faite dans ces conditions : leur état d'esprit opère la guérison. »

    Le Laboureur a tort de nier les miracles de la foi, mais le Messager est loin d'avoir raison lorsqu'il les attribue à la médiumnité.

*
*     *

    Ces miracles sont de simples miracles, relevant de la « faith healing », dont le domaine est connu, limité. Pour produire ses effets, elle doit s'adresser à des cas dont la guérison n'exige aucune autre intervention que la puissance que possède l'esprit sur le corps.

    « Ses limites, dit Charcot, aucune intervention n'est susceptible de les lui faire franchir, car nous ne pouvons rien contre les lois naturelles. On n'a, par exemple, jamais noté, en compulsant les recueils consacrés aux guérisons dites miraculeuses, que la « faith healing » ait fait repousser un membre amputé. Par contre, c'est par centaines qu'on y trouve des guérisons de paralysies, mais je crois que celles-ci ont toujours été de la nature de celles que le professeur Russell Reynolds a qualifiées de terme général de paralysies dependent on idea. »

    Oui, mais les tumeurs, les ulcères ? Ne sont-ils pas guéris par la foi aussi ?
    Charcot est loin de le nier, mais il ajoute que, dans certains cas, le « faith healing » peut parfaitement faire disparaître, des ulcères et des tumeurs, mais des ulcères et des tumeurs, qui, en dépit de l'apparence, sont de la même essence que les paralysies dont parle Russell Reynolds :

    « La guérison plus ou moins soudaine des convulsions et des paralysies était autrefois considérée comme un miracle thérapeutique du meilleur aloi. La science ayant démontré que ces phénomènes étaient d'origine hystérique, c'est-à-dire non organiques, purement dynamiques, la guérison miraculeuse n'existerait plus en pareille matière. Pourquoi cela ? Et s'il était démontré encore que ces tumeurs et ces ulcères, autour desquels on mène tant de bruit, sont aussi de nature hystérique, justiciables, eux aussi, de la même « faith healing » que les convulsions et les paralysies, c'en serait donc fait du miracle. »

    Et Charcot conclut très logiquement qu'on a tort de jeter tant de défis à la face de la science, qui finit, en somme, par avoir le dernier mot en toutes choses.

*
*     *

    Ceux qui se targuent d'être des « gens de bon sens » ne le sont pas toujours.
    Nier le soulagement par l'imposition des mains est ridicule.
    D'autre part, les spirites prennent volontiers leurs désirs pour la réalité. Il existe, sans nul doute, des forces inconnues, des sens en formation, mais c'est assurément se hasarder beaucoup de conclure de cela à un monde de désincarnés, intervenant plus ou moins directement dans les affaires des incarnés.
    Le périsprit existe peut-être, mais il nous faut d'autres preuves que des affirmations pour l'admettre comme une vérité mathématique.
    M. Léon Denis (3), penseur bien intentionné s'il en fût, nous en fait cette description, d'après M. Gabriel Delanne :

                     L'esprit et sa forme  
    « En tout homme , vit un esprit.
    » Par esprit, il faut entendre l'âme revêtue de son enveloppe fluidique ; celle-ci a la forme du corps mortel, et participe de l'immortalité de l'âme, dont elle est inséparable.
    » De l'essence de l'âme nous ne savons qu'une chose : c'est qu'étant indivisible, elle est impérissable. L'âme se révèle par ses pensées et aussi par ses actes, mais pour qu'elle puisse agir et frapper nos sens physiques, il lui faut un intermédiaire semi matériel, sans quoi son action nous paraîtrait, incompréhensible. C'est le périsprit, nom donné à son enveloppe fluidique, invisible, impondérable. Il faut chercher dans son action le secret des phénomènes spirites.
    » Le corps fluidique, que chaque homme possède en lui, est le transmetteur, de nos impressions, de nos sensations, de nos souvenirs. Antérieur à la vie actuelle, survivant à la mort, c'est l'instrument admirable que l'âme se construit, se façonne elle-même à travers le temps ; c'est le résultat de son long passé. En lui se conservent les instincts, s'accumulent les forces, se groupent les acquisitions de nos multiples existences, les fruits de notre lente et pénible évolution.
    » La substance du périsprit, est extrêmement subtile ; c'est la matière à son état le plus quintessencié ; elle est plus raréfiée que l'éther ; ses vibrations, ses mouvements dépassent en rapidité et en pénétration ceux des substances les plus actives. De là la facilité des esprits à traverser les corps opaques, les obstacles matériels, et à franchir des distances considérables avec la rapidité de la pensée. »

    Le concept est consolant à certain point de vue, mais il témoigne, chez son auteur, de plus d'imagination que de méthode scientifique.
    La moindre preuve ferait mieux notre affaire.
    Oh ! nous connaissons les arguments des spirites. Ils ne sont pas sans valeur, hâtons-nous d'en convenir.
    Il est ridicule de demander des apparitions ou des phénomènes d'apport ou de lévitation à heure fixe.
    Il y a des nageurs adroits ; jetez-le plus habile d'entre eux dans l'eau glacée ou dans l'eau bouillante : il se noiera. Cela permet-il d'affirmer que notre homme ne savait pas nager ?
    Prenez deux individus, l'un parlant uniquement l'anglais et l'autre ne connaissant que le russe ; placez-les aux deux bouts d'une ligne téléphonique. Ils ne parviendront pas à s'entendre. Cela signifie-t-il que le téléphone n'existe pas ?
    La production de tel ou tel phénomène exige telles ou telles conditions. Il faut probablement, pour produire des phénomènes de lévitation, des conditions d'ambiance que nous ignorons, qui ne se rencontrent fortuitement qu'à de rares moments.
    Doit-on pour cela, comme le font les hommes de bon sens crier à l'impossible et à la tromperie ?
    Non point, répondons-nous.
    Mais si le plus sage est de ne rien nier, ne serait-il pas au moins tout aussi sage de ne pas donner pour miraculeux des phénomènes dont nous ignorons les causes ?
    On ignorait les procédés permettant la cristallisation de la glycérine. Un jour un baril e glycérine se cristallisa en cours de route, entre Paris et Vienne. Personne ne s'est avisé de prononcer le mot miracle à ce propos.
    La guérison opérée en dehors des moyens dont la médecine curative semble disposer d'ordinaire est un fait acquis, incontestable.
    Mais que démontre-t-il, ce fait ?
    Le miracle ?
    Soit.
    Mais ce miracle, la science l'opère.
    Et cela prouve évidemment l'influence de l'esprit sur la matière, mais cela n'établit pas l'existence d'esprits et de périsprits.
    Avec un seul mot on peut faire rire ou pleurer son semblable, c'est-à-dire lui donner peine ou joie.
    Où est le miracle ?
    Mais encore, objectera-t-on, l'homme connait si peu de choses.
    On s'en aperçoit bien en lisant ce qui s'écrit !
    Il faut toujours être en garde contre le vieux levain misonéiste qui fermente en nous, mais il faut aussi se méfier de l'imagination – la folle du logis.
    L'inconnu n'est pas nécessairement l'inconnaissable.
    L'inconnu n'implique nullement le miracle.

    « Tout d'abord, a dit Lodge, les choses paraissent mystérieuses. Une comète, la foudre, l'aurore, la pluie sont autant de phénomènes mystérieux pour qui les voit la première fois. Mais vienne le flambeau de la science, et leurs relations avec d'autres phénomènes mieux connus apparaissent ; ils cessent d'être des anomalies, et si un certain mystère plane encore sur eux, c'est le mystère qui enveloppe les objets les plus familiers de la vie de chaque jour. »

    Les mystères d'aujourd'hui deviennent thème d'enfant demain.
    Le phonographe, la télégraphie sans fil, la suggestion auraient été catalogués comme authentiques miracles il y a cent ans.
    De ces miracles, on en a fait des numéros de foire. Combien d'autres auront le même sort !

                                                                                                 D’ARSAC.

(1)  Jemeppe-sur-Meuse et les rives industrielles du fleuve.
(2) On appelle halogènes Les métalloïdes qui se combinent directement avec les métaux pour former, des sels ; les produits, qui, en résultent sont, dits : dérivés halogènes ; tels sont les chlorures, bromures, etc.
(3) L’invisible. Spiritisme et Médiumnité. Les fantômes des vivants et des morts.

Le Soir, 15 octobre 1903 (source : Belgicapress)

    Le Messager publiera une réponse de la part de Victor Horion dans son édition du 1er novembre 1903.

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H. Art - Guérisseurs (La Meuse, 20 octobre 1908)(Belgicapress)

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H. Art - Guérisseurs (La Meuse, 20 octobre 1908)(Belgicapress)

GUERISSEURS

(Chronique inédite)

    Avez-vous déjà eu mal aux dents ? Si oui, vous avez sans doute reçu, dans ces moments pénibles et orageux, la visite, écrivons les visites de charitables voisines : « Ecoutez-moi bien, vous disait-on invariablement. Suivez un bon conseil. Je souffrais plus que vous. J'avais tout fait sans résultat. Un jour, une voisine qui avait souffert des dents, elle aussi, me dit (voir plus haut.) Eh bien ! savez-vous ce qui m'a guéri ? Tout simplement une infusion de corde de pendu dans un demi-litre d'huile épurée. Je le conseille à toutes mes connaissances. Vous me croirez si vous voulez, tout le monde s'en est bien trouvé. »
    C'est inouï ce qu'il y a de remèdes infaillibles contre les maux de dents. On se demande comment il y a encore des dents malades. Elles doivent y mettre de la mauvaise volonté.
    D'autres se sont guéris en s'introduisant dans chaque narine un cornet en papier brun. On y met le feu, – au cornet, bien entendu, – et on aspire la fumée à pleine bouche et plein nez. Essayez, vous m'en direz des nouvelles, si vous n'êtes pas mort suffoqué.
    D'autres emploient des talismans, des pierres magiques. Il y a, dans une commune une Clef qui favorise la dentition chez les nouveau-nés. Quel rapport peut-il y avoir entre une clef et des dents ? Je l'ignore. Mamans et nourrices y apportent de partout les nourrissons. La dentition ne s'en fait pas moins normalement, c'est-à-dire avec pleurs et grincements de gencives. Mais le bébé ne souffre pas toujours. C'est à la clef et non à la nature qu'on attribue ces accalmies.
    Certaines personnes, quand elles souffrent, crachent trois fois en l'air. D'autres, qui ne sont pas les plus sottes, ne font rien du tout et attendent que le mal s'en aille, disent-elles, comme il est venu. Et parfois, il s'en va, mais comme c'est pour une raison qui leur échappe, elles en trouvent une, qui est le moyen employé.
    Le remède familier a échoué vingt fois. Mais, enfin, une fois, une miraculeuse fois, il opère, ou, plus exactement, le mal cesse. Aussitôt, merveille ! On oublie les vingt échecs bien réels pour ne se souvenir que du succès apparent. On recommande le remède à ses voisins, à ses parents, proches et éloignés. On a soin de spécifier, par amour de la vérité, qu'il est tout à fait infaillible. On dit : « Ecoutez-moi bien. Suivez un bon conseil (voir la suite plus haut). » Il y a pas mal de vanité dans cet enthousiasme pour les conseils que l'on donne ; car on veut avoir l'air de ne donner que des remèdes infaillibles. On veut apparaître, chez le voisin malade, comme une providence, intelligente dispensatrice des biens, comme une espèce de grand Manitou. Et comme il n'y a rien de démoralisé à l'égal d'un homme, et surtout d'une femme (oh ! mon Dieu !) gui a une rage de dents, le voisin, même Intelligent, même incrédule, essaie le remède. Si celui-ci ne réussit pas, le voisin en essayera un autre, tout aussi infaillible.
    Il s'en trouve parfois bien. Mais, si le mal s'obstine, au lieu d'aller chez le dentiste qui demeure dans sa rue, il court, il vole chez le guérisseur. Du temps de La Fontaine, la devineresse et le rebouteux habitaient un galetas. C'était une nécessité du métier. Sans galetas, sans balai infernal et sans marmite aux clous, devineresse ne pouvait deviner l'avenir, rebouteux ne pouvait guérir. Aujourd'hui, le guérisseur n'a qu'une condition à remplir : il doit être spirite.
    Le guérisseur guérit parfois, comme la corde de pendu, et pour les mêmes raisons. Il guérit aussi par la confiance qu'il inspire. N'est-il pas l'homme qui tient en son pouvoir les esprits bons et mauvais ? La foi produit des miracles, elle influe sur les maladies nerveuses et peut, par là, influer parfois sur d'autres fonctions organiques.
    Un voyageur anglais écrivait :

    « On ne comprend rien aux religions de l'Orient, si l'on ne se rend pas compte de la facilité avec laquelle une tête orientale sait loger des contradictions. C'est I'A B C de l'histoire religieuse dans ces pays. »

    L'Anglais a eu tort de faire honneur de ces contradictions aux seuls Orientaux. Sans doute, il y a encore, en Turquie, des gens très instruits et même intelligents qui croient que Mahomet a mis la moitié de la lune dans sa manche. Ils savent bien pourtant que la lune est plus grande qu'une assiette.
    Mais, en Belgique, nous en faisons autant.
    Une femme logeait au-dessus de la chambre d'un guérisseur célèbre, auquel elle avait jusque-là confié le soin de sa précieuse santé. Un jour, elle s'alita pour accoucher. On appela, comme d'habitude, le guérisseur. Celui-ci vint, mais il conseilla le médecin. Les purs esprits n'entendaient rien aux accouchements. Eh bien ! parions que c'est le guérisseur qui aura été chargé de faire venir les dents à l'enfant.
    On sait qu'autrefois, comme aujourd'hui, il y avait des guérisseurs : Dans la Grèce ancienne, bien avant notre ère, c'étaient les prêtres du dieu Esculape, demi-médecins et demi-thaumaturges. En remerciement, le guéri consacrait au dieu, comme ex-voto, l'image de la partie malade. Les temples d'Esculape devenaient ainsi de petits Musées pathologiques. Les prêtres tenaient la chronique des guérisons.
    On gravait sur des colonnes de marbre le récit miraculeux propre à exciter la foi du pèlerin et à accroître la réputation du sanctuaire. Les fouilles ont mis à jour, non seulement des ex-voto, mais certaines des inscriptions relatant les guérisons. Il y a des aveugles qui voient, des boiteux qui marchent, des chauves dont les cheveux repoussent, des muets qui parlent. Voici la traduction de quelques passages d'une inscription trouvée en Grèce, à Epidaure, où se trouvait un lieu de pèlerinage célèbre :

    « Ambrosia d'Athènes était borgne. Elle vint supplier le dieu de la guérir. Or, en se promenant dans l'enceinte du sanctuaire, elle se moqua de quelques-unes des guérisons, car, prétendait-elle, il était invraisemblable, impossible, que des boiteux marchassent et que des aveugles vissent simplement pour avoir eu un songe. Mais pendant qu'elle dormait, elle eut une vision. Il lui sembla que le dieu lui apparaissait et lui disait : « Je te guérirai, mais j'exige de toi, à titre de salaire, que tu places dans le temple un cochon d'argent, souvenir de la stupidité dont tu as fait preuve. » Alors, le dieu entr'ouvrit l'œil malade et y versa un remède. Quand le jour parut, elle sortit guérie. »

    Voici pour les chauves qui ont tout tenté :

    « Héraius de Mitylène n'avait pas de cheveux sur la tête, mais il en avait beaucoup sur les joues. Honteux des railleries dont on de couvrait à ce propos, il s'endormit dans le dortoir du temple : le dieu lui frotta la tête avec un onguent et les cheveux repoussèrent. »

    Par exemple, mes cheveux repousseraient ? J'y cours !

                                                                                                                                 H. ART.

La Meuse, 20 octobre 1908 (source : Belgicapress)

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Frédéric Boutet - Des guérisons mystérieuses (Cyrano, satirique hebdomadaire, 18 mars 1928)

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Frédéric Boutet - Des guérisons mystérieuses (Cyrano, satirique hebdomadaire, 18 mars 1928) 1Frédéric Boutet - Des guérisons mystérieuses (Cyrano, satirique hebdomadaire, 18 mars 1928) 2

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André Bronté, Serge Saÿn - S.O.S. guérisseurs (1976)

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André Bronté, Serge Saÿn - S.O.S. guérisseurs (1976)

Auteurs : André Bronte & Serge Saÿn
Titre : S.O.S. guérisseurs
Éditions : Presses de la Cité, Paris, 1976, 281 pages

      Évoque la guérison obtenue par le guérisseur Michel Bontemps sur un guérisseur antoiniste :

     Avant de nous quitter, au terme de cette enquête sur son travail, Michel Bontemps nous proposa d'étudier le cas de M. Lucien Monnier, 51, rue du Pré-Saint-Gervais à Paris.
    « Ce cas, nous dit-il, est l'un des plus curieux que j'aie eus à traiter car ce malade était un confrère, si l'on peut dire.
    Il est peu courant de voir un guérisseur demander l'aide d'un autre guérisseur.
    C'est au mois de décembre dernier que je vis entrer dans mon cabinet, M. Monnier qui m'avait demandé rendez-vous sans me faire connaître ni son mal ni ses activités.
    A ma première question : « Alors, M. Monnier, qu'est-ce qui vous arrive ? », d'emblée, il me posa son problème.
    « Avant tout, je dois vous dire que je fais comme vous. Je suis guérisseur. Il ne s'agit pas d'un métier mais d'une vocation, un sacerdoce en quelque sorte.
    Je suis antoiniste, disciple du Père Antoine. Le Père Antoine était un prêtre guérisseur célèbre qui a formé des élèves qui ont perpétué sa méthode.
    Je suis un de ses élèves, guérisseur bénévole. Depuis plusieurs années, chaque week-end, je reçois des personnes souffrantes et je les guéris. »
    « Je lui demandai, dit Michel Bontemps :
    – Vous venez voir mes résultats pour découvrir mes méthodes ?
    – Non, je viens parce que ça ne va plus. Je suis malade et je ne peux plus exercer la mission qui m'a été confiée... »
    M. Monnier raconta alors à Michel Bontemps ses malheurs. Depuis plusieurs mois, certains symptômes avaient commencé à l'inquiéter : perte de poids, manque d'entrain, fatigue, irritabilité, etc.
    Malgré sa prévention contre la médecine officielle, lui dont la vocation était de soigner par des méthodes « parallèles » il se décida à consulter un médecin qui lui fit faire des analyses. Celles-ci devaient révéler une intoxication due à une mauvaise élimination générale, et en particulier, un taux de cholestérol trop élevé.
    « Ce médecin, à l'évidence très pressé, me garda quelques minutes dans son cabinet lors de ma seconde visite. Mais, nous raconte M. Monnier, juste le temps d'inscrire sur son bloc-notes une liste de médicaments d'une page et demie, puis il ajouta : « Prenez ça et revenez me voir dans un mois... »
    Cette visite, loin de me rassurer, ne fit qu'aggraver mes craintes. Rentré chez moi, j'ai lu et relu la liste de médicaments avec une impression de malaise. J'avais tellement vu, depuis dix ans, des personnes que les médicaments non seulement n'avaient pas guéries, mais au contraire avaient complètement détraquées, que je pensais, instinctivement, que ce n'était pas la bonne voie.
    Finalement, j'ai renoncé à faire réaliser l'ordonnance chez un pharmacien, tout en craignant de ne pas pouvoir tenir le coup très longtemps. C'était moins ma « petite santé » qui me préoccupait que l'idée de devoir renoncer de guérir mes amis.
    C'est un collègue de travail, à qui je parlais de ma fatigue permanente qui me donna l'adresse de Michel Bontemps.
    – Il a réussi à guérir ma femme de ses migraines, me dit-il. Cela fait quinze ans qu'elle en souffrait presque tous les jours. Va le voir... il guérit comme toi avec les mains, mais il donne aussi des plantes...
    Voilà comment je me suis retrouvé dans le cabinet de Michel Bontemps.
    Je pensais y trouver un guérisseur qui m'examinerait avec un pendule, ou qui m'imposerait les mains.
    Aussi, je fus très étonné quand il commença à examiner mon cil avec un « iriscope », cet appareil formé d'une loupe et d'une lampe.
    Le guérisseur m'expliqua que grâce à cette méthode il pouvait découvrir dans l'iris du malade presque tous les symptômes des maladies organiques.
    L'iris étant une zone particulièrement sensible, un véritable écran où s'inscrivent, pour celui qui sait le déchiffrer presque tous les dérèglements.
    Michel Bontemps me confirma le diagnostic des médecins.
    J'étais intoxiqué, mais il me précisa qu'il s'agissait également, dans mon cas, de troubles du système sympathique, de fonctionnement déficient des intestins et de problèmes circulatoires...
    Il me conseilla deux préparations à base de plantes, à prendre à raison de deux tasses par jour, et de suivre certaines directives en matière d'hydrothérapie (deux bains de pieds par semaine, au romarin ainsi que des douches spécifiques).
    En plus chaque semaine, pendant plus de quinze minutes il m’imposait des séances de magnétisme, en vue de me permettre de retrouver mon énergie et ma vitalité. »
    Quand nous avons rencontré M. Monnier, à la fin novembre, il avait repris cinq kilos, son taux de cholestérol était considérablement réduit et sa mine disait assez qu'il se sentait en pleine forme.
    « Pourtant, au bout de trois semaines de traitement, il n'y avait guère d'amélioration, nous a-t-il confié. Après les séances de magnétisme, je me sentais bien pendant quelques jours, puis, de nouveau, j'étais épuisé.
    Michel Bontemps insista alors pour que je n'aille pas à la réunion hebdomadaire du Temple Antoiniste, il m'expliqua que la force magnétique qu'il m'insufflait se trouvait dispersée dès que j'essayais de soigner des malades.
    A contrecœur, j'ai obtempéré et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à me sentir revivre.
    Dès lors les résultats ont même été spectaculaires.
    Début novembre j'avais repris du poids. En même temps les analyses de sang attestaient une baisse importante du taux de cholestérol.
    Bien mieux, avant la fin de l'année, avec l'accord de Michel Bontemps, j'ai pu reprendre mes activités de guérisseur, auprès de mes amis antoinistes.
    Je ne ressens plus aucune fatigue.
    Aujourd'hui, à part une préparation à base de plantes et des conseils de diététique que je continue à suivre, j'ai cessé tout traitement.
    Je suis persuadé que je reviens de loin.
    Pour ne pas inquiéter mon entourage, je cachais à quel point j'étais à bout de forces.
    Même pendant ma captivité en Allemagne je n'avais pas été aussi épuisé.
    Le plus terrible, c'est que j'étais tellement tendu que je ne parvenais plus à dormir.
    Ni médicaments ni calmants n'avaient prise sur moi.
    Aujourd'hui, je peux mesurer l'efficacité de Michel Bontemps car c'est vraiment lui qui m'a tiré d'affaire... »

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Pierre Scize - Au pays des guérisseurs (Marianne, 25 juillet et 15 août 1934)

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Pierre Scize - Au pays des guérisseurs (Marianne, 25 juillet et 15 août 1934)Pierre Scize - Au pays des guérisseurs (Marianne, 25 juillet et 15 août 1934)Concernant l'Antoinisme :
    Quelles rigueurs exercer contre ce doux petit vieillard, pratiquant du culte antoiniste, qui m'a demandé avec de vraies larmes dans les yeux de ne point citer son nom, et qui opère, dans un faubourg où on le tient pour un saint, des cures extraordinaires ?
    L'Antoinisme, comme la Christian-Science, sur quoi un de mes lecteurs lyonnais m'envoie de curieux détails, échappe trop à une telle enquête, en ce sens que la guérison des maladies n'est chez lui qu'une infime partie de la doctrine. Il faudra bien un jour mener cette enquête des petites religions, si prometteuses, si pleines d'humanité. Mais je peux indiquer, en passant, que les desservants de ces cultes mineurs (en France) pratiquent avec un désintéressement rare « leur mission ».

Concernant l'Institut des forces psychosiques :
    A Sin-le-Noble, près de Douai, il y a un « Institut des forces psychologiques », dont le directeur, Henri Lormier, est un élève et le continuateur du célèbre guérisseur d'Avignonnet, Jean Béziat, mort depuis quelques années.
    Il accomplit, par simple suggestion, des cures qui lui amènent des malades de tout le Nord. Lui aussi se défend de faire des miracles. Il ne promet ni la guérison du cancer, ni celle de la tuberculose. Mais, chaque fois que le mental peut influer sur le physique, sa thérapeutique fait merveille. Personne, que je sache, ne s'est avilsé de l'inquiéter. Le ferait-on qu'il y aurait, au pays des « ch'ti mi » de véritables soulèvements populaires.

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