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Louis Antoine, le Guérisseur (Le Messager, 1er nov. 1903)
Louis Antoine, le Guérisseur
Voici le début d'un article qui a paru dans l'Encyclopédie du Soir, du 15 octobre, sous la signature D'ARSAC :
« La Justice instrumente, paraît-il, contre Antoine, le guérisseur.
» Louis Antoine est un Belge dont la demeure, à Jemeppe-sur-Meuse, est devenue un lieu de pélerinage. Découragés, désespérés, abandonnés « de tous » vont lui demander le salut.
» Louis Antoine procède par l'imposition des mains. Jamais il n'ordonne de remèdes ; et il opère gratuitement -- si cela peut s'appeler opérer.
» Nous parlons d'après la légende, bien entendu.
» La Justice s'est demandé si soulager son prochain par la méthode d'Antoine ne tombe pas sous les coups de la loi ?
» La fôôôôrme avant tout !
» Si les choses se passent à Jemeppe comme on les raconte, nous espérons un non lieu ; non pour Antoine, à qui un peu de « persécution » ne déplairait point, sans doute, mais pour la justice belge.
» Le contraire advenant, la logique exigerait des poursuites contre les médecins hypnotiseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
Disons tout d'abord que notre dévoué frère en croyance, M. Louis Antoine, ne sera pas inquiété par la justice, le parquet l'a informé qu'il n'y avait pas lieu à poursuite.
L'auteur parle ensuite longuement de quelques journaux qui se sont occupés du cas spécial de Louis Antoine, de notre polémique avec le Laboureur, des miracles anciens et modernes, des cures miraculeuses qu'il attribue exclusivement à la suggestion et la faith-healing. Notre collaborateur, M. le notaire V. Horion, nous a envoyé à ce sujet les réflexions suivantes :Réponse au Soir au sujet d'Antoine le guérisseur
Chose singulière ! nous avons beau nous défendre de croire au miracle, plus nous l'affirmons, plus on nous endosse cette absurdité.
Il n'y a pas de miracle.
Les faits psychiques ne sont pas des miracles, ils ressortissent à des lois imparfaitement connues, et sont naturels parce que la nature c'est l'immensité et qu'il ne faut rien chercher en dehors d'elle, pas même la Divinité, qui est dedans, ou plutôt qui est cette immensité même.
Pour ce qui est d'Antoine le guérisseur, c'est un spirite, soit, et puis après ?
Prétend-il ou prétendons-nous qu'il opère des miracles ? Non, il est doué de certains pouvoirs psychiques, ne fût-ce que le pouvoir de suggestion, qui est psychique puisqu'il tient de l'esprit, il s'en sert dans un but d'humanité, rien de mieux, et si d'aucuns les attribuent à la médiumnité, on peut ainsi ne pas être de cet avis.
En supposant qu'il n'agisse pas comme médium, serait-ce là une preuve contre la médiumnité en général ? Autant nier la lumière émergeant de milliers de faits rapportés dans quantité de savants ouvrages.
Et si la médiumnité existe, il n'est, dès lors, pas plus possible, sans que je veuille l'affirmer, qu'elle se trouve en Antoine, de Jemeppe, tout aussi bien qu'en Home, en Eglington, en Eusapia Paladino, en Florence Cook, ou en tout autre médium célèbre.
La médiumnité est-elle un miracle ?
Pas du tout. Dès que la survivance de l'entité humaine est prouvée ou probable, il n'y a pas de miracle dans le fait des rapports posthumes de cette entité avec les terriens qu'elle a quittés, la transition n'étant qu'une différence de subtilité d'esprit-matière. Est-ce une raison pour verser dans toutes les superstitions de certains adeptes naïfs ?
Non encore. Il y a des simples partout, et de même que la simplicité d'un nombre considérable de dévots catholiques ou bouddhistes, n'infirme en rien les enseignements du Christ Jésus et de Gantama-Boudha (identiques au fond), de même la trop grande crédulité de spirites peu instruits ou trop suggestionnables ne renverse pas le formidable échafaudage des phénomènes psychiques et médianimiques accumulés.
Le Soir ajoute : « L'inconnu n'est pas nécessairement l'inconnaissable. » C'est ce que nous affirmons aussi, en dépit de Herbert Spencer et de l'école positiviste. « Les mystères d'aujourd'hui deviennent thèmes d'enfant demain. » D'accord. Aussi, quand le temps viendra (oh ! très lointain encore) où les habitants de la terre seront tous, ou presque tous, assez spiritualisés pour frayer couramment avec le monde invisible, personne ne criera au miracle, non plus qu'on ne crie miracle de nos jours (sauf quelques bonnes femmes cependant) au sujet du phonographe, de la télégraphie sans fil et de la suggestion hypnotique, qui auraient passé pour des diableries il y a cent ans.
Nous finirons peut-être bien par nous entendre avec l'équilibriste intellectuel qui opère dans le Soir sous le nom d'Arsac, ne nie rien à priori, sauf les faits acquis et croit tout possible, sauf ce qui crève les yeux d'évidence.
V. HORION.Le Messager, 1er novembre 1903
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