• Joseph Leclercq, Paris

    Joseph Leclercq, Paris

     

     

       Histoire de la petite Antoinette, dans un état de maigreur effroyable, d'un milieu parisien très pauvre, meurt "faute de soin" un mois après son demi-frère, autant par manque d'argent que du fait que le père de famille recomposée (dirions-nous aujourd'hui), Joseph Leclercq, aurait refusé de mener au docteur. Cette histoire fit grand bruit en juillet 1912 et reprise par nombre de journaux. Il fut reconnu fou par le tribunal et fut interné. La mère meurt 2 ans plus tard.

        On peut lire d'autres articles sur des "cas similaires".

        Quand une mère supérieure d'un hôpital catholique refusa qu'on opéra un antoiniste dans son établissement, on ne trouve qu'un seule article dans un journal de région.

  • L'Antoiniste ne guérit pas, IL TUE (La Croix de Roubaix-Tourcoing, 2 août 1912)(bn-r.cd-script.fr)L'Antoinisme ne guérit pas
    IL TUE

        Antoine le Guérisseur est mort, mais, avant de trépasser, il a chargé sa femme de continuer son œuvre.
        L'antoinisme survit donc à son fondateur. Il reste un culte, dont les adeptes demandaient récemment la reconnaissance officielle au gouvernement belge.
        Mais les innovations d'Antoine en matière médicale méritent-elles qu'on les décrète ainsi d'utilité publique ? Ou bien n'est-ce pas plutôt vis à vis d'elles une légitime défiance que doit inspirer à tous les gens sensée le fait suivant ?
        En juillet dernier, les époux Leclercq- Sautet, qui habitent 4, rue de la Parcheminerie, à Paris, virent leur fillette de quatre ans, Antoinette, tomber malade.
        Les parents de la pauvre petite étaient des adeptes de l'antoinisme. Cette doctrine leur interdisait formellement de voir aucun médecin, d'appliquer aucun remède à leur enfant. C'est à prendre ou à laisser, en effet ; l'ordre du Maître est catégorique : qui veut guérir doit s'abstenir de tout traitement et se contenter de croire à l'antoinisme, seul capable de le sauver. Les époux Leclercq-Sautet n'hésitèrent pas. Confiants dans la promesse d'Antoine, ils ne firent rien, absolument rien pour soulager la petite Antoinette.
        Le résultat de cette invraisemblable négligence ne se fit pas longtemps attendre. Le 21 juillet 1912, la fillette mourait.
        Interrogé par un commissaire de police, le père a présenté cette seule excuse : « Ma religion, l'Antoinisme, m'interdisait d'aller chercher le docteur ».

    La Croix de Roubaix-Tourcoing, 2 août 1912 (source : bn-r.cd-script.fr)


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  • Visite aux disciples d'Antoine-le-Guérisseur (L'Intransigeant, 30 juillet 1912)       Visite aux disciples
                        d'Antoine-le-Guérisseur

        Les poursuites contre Leclerq affectent beaucoup les « antoinistes ». – L'un d'eux nous raconte les épisodes de sa conversion.

        Le chiffonnier Leclercq, l'antoiniste accusé d'avoir laissé mourir sa fillette, a été interrogé hier par le juge d'instruction.
        – C'est en lisant un journal hostile à l'antoinisme, a-t-il dit, que je me suis converti à sa doctrine.
        Et le malheureux montre à son juge une brochure, l'Unitif, dans laquelle on peut lire « Si l'on ne veut pas périr, il ne faut jamais appeler le médecin, ni prendre de remède. »
        Confiant, Leclerq n'appela pas le médecin, et sa fillette est morte, d'où les poursuites d'aujourd'hui.
        J'ai franchi ce matin le seuil du numéro 7 de la rue Esquirol, où dans une coquette boutique est installé le siège de l'« antoinisme ». Siège modeste, certes, et que vous prendriez pour un quelconque magasin, si au-dessus ne s'étalait une large banderole sur laquelle on peut lire : « Culte antoiniste ».
        – Mlle Canus (sic) ? ai-je demandé.
        Mais Mlle Canus, « mère » de l'antoinisme en France, n'était pas là.
        Cependant, un adepte est venu à moi : Polonais d'origine, ancien soldat de la légion étrangère, il voulut bien me dire toute la surprise que causent aux « antoinistes » les poursuites contre Leclerq.
        – Leclerq, me dit-il, est un homme dont l'équilibre mental est loin d'être parfait. Il a pris à la lettre le conseil : « N'appelez pas le médecin », alors que l'antoinisme, en son esprit, dit bien plutôt : « Il faut croire au Père : la foi en lui vous guérira, quand médications et remèdes seront impuissants pour assurer votre soulagement ».
        Leclerq adorait sa petite, il voulait la sauver et priait le ciel de lui accorder sa guérison. Il eût pu, sans s'exposer à notre excommunication, demander le secours de la science : notre Père, en effet, ne l'a jamais interdit.
        Et confiant, le disciple d'Antoine me narre tous les bienfaits du culte auquel il appartient :
        Comme beaucoup d'autres, me dit-il, et comme vous-même, peut-être, monsieur, je ne croyais pas à l'antoinisme : j'en riais, j'étais sceptique. Aujourd'hui vous me voyez convaincu.
        – Et quels ont été les motifs de cette conversion ?
        – J'avais, au Tonkin, contracté les fièvres, une maladie de foie et plusieurs autres maladies coloniales : j'étais un homme perdu quand le hasard mit sur ma route un homme qui de manière lumineuse m'exposa la doctrine antoiniste.
        Je l'écoutai d'une oreille complaisante, peu à peu ses enseignements me pénétrèrent et j'en compris toute la grandeur et toute la beauté.
        – Et vous avez été guéri ?
        – Non, pas immédiatement : à force d'efforts moraux, je suis parvenu à dominer mon mal : il peut me faire souffrir, me torturer, je ne le sens plus, ou plutôt la souffrance qui en résulte est pour moi une cause de sanctification – et partant de bonheur. Je ressens le bien de ce que tout autre penserait être un mal.
        L'antoinisme m'a permis de dominer les souffrances de mon corps et celles de mon esprit : dans l'adversité qui s'acharne sur moi, il m'a permis de n'en voir qu'une source de salut ; il me fait bénir celui-là même qui me combat, il me fait trouver douce toute embûche et toute hostilité.
        Et dans un mouvement qui certes n'est pas dénué de grandeur dans sa simplicité, le disciple d'Antoine ajouté à voix basse :
        – Tenez, Monsieur, vous le voyez, je suis pauvre, très pauvre : je vis de la façon la plus obscure et la plus ignorée. Il m'arrive parfois de ne pas manger à ma faim : mais je suis heureux, heureux quand même...
        Une pause et mon homme ajoute :
        – Oui, plus heureux que vous, monsieur, plus heureux que les riches, plus heureux que tous ceux qui passent à mes côtés, quels qu'ils soient. Car ma foi est une source de bonheur que seuls peuvent apprécier ceux qui croient.     AMÉDÉE GARMER.

    L'Intransigeant, 30 juillet 1912

     

        Il faut lire Mlle Camus et non Canus.


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  • Crime de fanatiques (La Dépêche de Brest, 22 juillet 1912)CRIME DE FANATIQUES

    Ils ont laissé mourir sans soins
                            leurs deux enfants malades

                                                                           Paris, 21 juillet.
        Deux bébés qui meurent en l'espace d'un mois victimes du fanatisme de leurs patents, telle est l'affaire douloureuse et déconcertante dont le parquet de la Seine vient d'être saisi. Voici les circonstances dans lesquelles elle s'est présentée :
        Hier, après-midi, vers quatre heures, M. Métin, commissaire de police du quartier de la Sorbonne, était informé que le médecin de l'état civil avait refusé de délivrer le permis d'inhumer pour une fillette de quatre mois, Marie-Augustine Leclercq, morte le matin, au domicile de ses parents, 4, rue de la Parcheminerie. Le magistrat se rendit à l'adresse indiquée. C'était une baraque en planches faisant partie d'un groupe de hangars et de resserres édifiés sur l'emplacement des immeubles démolis, il y a deux ans, aux abords de l'église Saint-Séverin, lors de l'élargissement de la rue Saint-Jacques. Ce taudis servait d'abri et d'atelier, depuis le 8 juillet, à un nommée Jules Leclercq, âgé de 42 ans, à sa maîtresse, Mathilde Santel, âgée de 37 ans, et à leur enfant, Augustine Leclercq. Le ménage vivait chichement de la vente de sacs d'emballage que l'homme allait chercher dans les poubelles, le matin, ou qu'il achetait d'occasion à vil prix et que la femme raccommodait dans la baraque tant bien que mal.
        L'on se figure ce que pouvait être ce logis de misère.
        M. Mélin y trouva ses hôtes agenouillés tous deux au pied d'un grabat sur lequel reposait le cadavre de la petite Augustine. Le corps, d'une saleté repoussante, était violacé et sanguinolent. Un médecin, qui accompagnait le magistrat, diagnostiqua immédiatement que l'enfant avait succombé faute de soins. Les parents, questionnés, reconnurent sans difficultés du reste qu'ils n'avaient fait appel à aucun médecin, ni usé d'aucun médicament pour soigner leur fillette, malade depuis huit jours environ. Et comme M. Métin les interrogeait sur les raisons de cette criminelle insouciance, ils firent cette réponse inattendue :
        – Fidèles adeptes du père Antoine le Guérisseur, nous pensons que, seul, Dieu peut sauver et guérir, s'il le veut. Le Très-Haut a préféré rappeler auprès de lui notre enfant bien-aimée... Que sa volonté soit faite....
        Les malheureux appartenaient depuis six mois à cette nouvelle religion qu'a fondée en Belgique, il y a quelque temps déjà, celui que ses disciples ont surnommé Antoine le Guérisseur. Et l'on sait que les fidèles de cette religion nouvelle croient qu'il suffit d'invoquer la bonté de Dieu pour obtenir la guérison de leurs maladies.
        L'explication fournie par Leclercq et sa maîtresse ne devait pas cependant satisfaire le commissaire de police, qui les fit aussitôt arrêter. Quant au corps de l'infortunée fillette, il fut envoyé à la Morgue aux fins d'autopsie.
        L'enquête ouverte révéla qu'un autre enfant avait été victime de la superstition de Leclercq et de sa compagne. C'était un garçonnet, mort au début du mois de juin, à l'âge de deux ans et demi. Leclercq n'en était pas le père. Et ses voisins – il habitait alors 8, rue Saint-Julien-le-Pauvre – avaient murmuré que les mauvais traitements, cette fois, et le manque de soins n'étaient pas étrangers au décès de l'enfant. Mais ces premières accusations n'avaient pas été prises en considération.
        Jules Leclercq et Mathilde Santel vivaient ensemble depuis près de deux ans. Très connus pour leurs excentricités et leurs propos incohérents aux abords de la place Maubert, ils passaient pour un couple de malades, d'alcooliques et d'hallucinés. Ils ont été envoyés au dépôt.

    La Dépêche de Brest, 22 juillet 1912


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  • Jules Leclercq - N'exagérons rien (Le Fraterniste, 15 août 1912)N'exagérons rien

        On connait l'histoire affligeante de ce malheureux antoiniste M. Jules Leclercq, demeurant à Paris, 4, rue de la Parcheminerie, inculpé d'avoir laissé mourir son enfant de faim ou, tout au moins, de n'avoir pas réclamé les soins d'un médecin, cas très grave et passible de la prison, paraît-il.
        Heureusement pour M. Leclercq, l'autopsie faite par le docteur Paul a démontré « que la mort était due à une bronchopneumonie, FAUTE DE SOINS (?), mais que le corps ne portait aucune trace de sévices ou de mauvais traitements ».
        Accusé également d'avoir laissé mourir son ainé, le 19 juin, dans les mêmes conditions, l'instruction a dû reconnaitre que cela était faux et qu'il avait été soigné par un médecin du Bureau de bienfaisance du quartier qu'il habite.
        Comment se terminera ce procès ? Il éveille la curiosité.
        Cette affaire m'amène, pour aujourd'hui, à donner une appréciation sur un point délicat de la question des guérisons. Je me garderai bien de donner un conseil, chacun agissant suivant les déterminantes qui le conseillent particulièrement ; simplement, je raisonne :
        La machine humaine doit s'alimenter d'air, de liquide et de comestible, tout comme la machine à vapeur a besoin d'air, d'eau et de combustible.
        À l'humain, Dieu, les Forces cosmiques, Allah, ou le Grand Architecte, etc... etc..., selon que l'on voudra bien le dénommer, en somme : L'Immense Force qui actionne l'Univers et de laquelle nous dépendons, Dieu, dis-je, a placé l'humain dans un milieu où se trouve ce qui est indispensable à son fonctionnement.
        La machine à vapeur, par le charbon qui brûle et l'eau qui bout en elle, si elle n'est pas nettoyée de temps en temps, aura son foyer bouché par les scories qui en empêcheront la ventilation dont elle a besoin, sa cheminée pourra être obstruée par la suie qui s'accumulera et sa chaudière incrustée de dépôts de calcaire que l'eau en ébullition déposera. Il faut donc la nettoyer, la débarrasser de tout ce qui l'empêche de fournir le complet rendement de sa force initiale à l'état de neuf, et, suivant que le charbon fournira plus ou moins de scories, de fumée, et que l'eau déposera plus ou moins de calcaire, selon qu'il faudra nettoyer plus ou moins souvent la machine dans ses parties de chauffe, de formation et de concentration de la vapeur.
        Pour ce faire, est-il besoin d'aller chercher l'inventeur ou le constructeur de la machine à vapeur ? Non, on n'a qu'à la purger de tout ce qui obstrue ses organes de vitalisation.
        Eh bien, il en est de même de l'humain. Suivant le liquide et les matières comestibles qu'il ingère pour entretenir l'action de sa machine, suivant qu'il devra, plus ou moins souvent la nettoyer, la purger de tous les dépôts qu'il y aura accumulés, en employant le moyen qui lui semblera le plus efficace.
        Si, pour la machine à vapeur, on emploie des désincrustants énergiques et violents, à la machine humaine on donnera des décomposants très doux ou plus actifs suivant le tempérament.
        Ce raisonnement établi, ce ne sera donc pas moi qui dirai : N'ayez jamais recours à la médecine. Et pourquoi le dirai-je, puisque moi-même j'emploie le purgatif simple, naturel ? Pourquoi le dirai-je, puisque les malades qui me viennent voir à l'Institut ne sont que les délaissés de la médecine, ceux que celle-ci a abandonnés en leur disant ces mots typiques : PRENEZ ET FAITES CE QUE VOUS VOULEZ ! Puisque je ne reçois que ceux à qui la science médicale du jour s'est déclarée impuissante à obtenir leur guérison.
        Eh oui, de temps en temps, je nettoie mon logement, tout comme on nettoie la machine à vapeur, tout comme la bonne femme nettoie le logement de la famille. Je fais de l'hygiène humaine comme la femme fait de l'hygiène familiale.
        Et voilà, mes amis, mes frères, comment il ne faut rien exagérer, et je dirai :
        Les médecins et chirurgiens en soignant leurs malades travaillent au soulagement des humains. Ils sont destinés à cela par vocation diront les uns, par détermination diront les autres.
        Les guérisseurs sont, eux aussi, des humains travaillant à ce même soulagement de l'humanité.
        Les premiers se servent de médicaments, de scalpels et d'instruments, tandis que les seconds agissent en demandant à la Grande Force bonne du Cosmos de leur venir en aide.
        Aux uns, il faut des forces tangibles, aux autres des forces invisibles, mais les uns comme les autres visent le même résultat à obtenir : le soulagement et la guérison de leurs frères souffrants.
        Il n'y a donc pas plus lieu de la part des guérisseurs de préconiser l'abstinence des médicaments, qu'il n'y en a de la part des médecins de défendre aux malades d'aller chercher ailleurs ce qu'ils n'ont pu obtenir pour leurs consultants. Ces derniers n'ont-ils pas payé de leurs souffrances pour avoir le droit d'agir à leur guise ?
        Ce serait une erreur de croire que quiconque, diplômé ou non ne puisse aider l'humain et le conduire vers la guérison. Tous les humains le peuvent, qu'ils soient médecins, infirmiers, droguistes, palefreniers, charbonniers, ducs ou empereurs. Dieu est partout, partout et en toutes circonstances il peut nous FAIRE aider et nous donner suivant nos besoins.
        Et savez-vous quelle fut une des grandes erreurs de nos législateurs ? Ce fut d'établir le monopole des médecins sur la santé publique et le monopole des vétérinaires sur la santé des animaux, et combien d'autres encore.
        Que l'Etat protège les Arts, les Sciences, qu'il protège tout ce qui est bien et beau : c'est son devoir !
        Mais lorsqu'il crée des monopoles, il enraie tout essor en empêchant les initiatives de se produire et des pensées d'éclore, qui se propageraient pour le bien de l'humanité.
        En rien, n'exagérons.

                                                                  Paul PILLAULT.

    Le Fraterniste, 15 août 1912


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  • Acte de décès de Mathilde Brossard le 18 mai 1914, Paris 6e arrdt

    Acte de décès de Mathilde Brossard le 18 mai 1914, Paris 1er arrdt

     

    Brossard        1002

    Le dix huit mai, mil neuf cent quatorze, sept heures du soir Mathilde Brossard, née à Terrasson (Dordogne), le neuf Juillet mil huit cent quatre vingt un, couturière ; fille de Thomas Brossard, peintre en bâtiment et de Marguerite Delord, ménagère, époux domiciliés au dit Terrasson ; veuve de Charles Sautet, domiciliée rue des Lombards 58, est décédée rue Jacob 47. Dressé le dix neuf mai mil neuf cent quatorze, cinq heures du soir par nous sur la déclaration de Alexis Renaud, trente sept ans et de Charles Dorléans, cinquante un ans, employés rue Jacob 47, qui déclaration faite, ont signés avec nous, Léon Maire Asnière, adjoint au maire du 6e arrondissement de Paris. (suivent les signatures).

     

    Brossard Ve Sautet Mathilde          352
    Ton du VIe                                           120

    Transcription d’un acte de décès du sixième arrondissement de Paris.

    Le dix huit mai, mil neuf cent quatorze, sept heures du soir Mathilde Brossard, née à Terrasson (Dordogne), le neuf Juillet mil huit cent quatre vingt un, couturière ; fille de Thomas Brossard, peintre en bâtiment et de Marguerite Delord, ménagère, époux domiciliés au dit Terrasson ; veuve de Charles Sautet, domiciliée rue des Lombards 58, est décédée rue Jacob 47. L’acte de décès ci-dessus a été transcrit le trois Juin mil neuf cent quatorze, dix heures du matin par nous, Armand Auguste Chédeuille, adjoint au maire, officier de l’état civil du premier arrondissement de Paris, chevalier de la légion d’honneur (suivent les signatures).

     

     

    La rue Jacob, lieu de son décès est dans le 6e arrondissement, d’où l’acte fait directement dans la mairie d’arrondissement du lieu du drame. Une transcription a dû être faite dans l’arrondissement correspondant à son domicile, alors rue des Lombards, dans le 1er arrondissement de Paris. Que s’est-il passé ? Rien ne le laisse savoir. Mais la pauvre Mathilde Brossard, après la mort de ses deux enfants en bas âge et ses déboires avec Jules Joseph Leclercq, l’antoiniste déséquilibré, n’a pu très peu profiter de sa vie de misère. On croirait à un remake de Sans âme d’André Thérive.

    Terrasson est maintenant Terrasson-la-Villedieu (puis Terrasson-Lavilledieu), commune située en limite de la Corrèze, elle incarne une porte d’entrée du Périgord noir.


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  • Acte de naissance d'Antoinette Leclercq le 25 mars 1912, Paris 5e arrdt

    Leclercq        531

    L’an mil neuf cent douze, le vingt-cinq mars à midi ; Acte de naissance de Antoinette Marie Louise, de sexe féminin ; née le vingt-quatre mars courant à cinq heures du matin, rue Saint Julien le Pauvre 8 ; fille de Jules Joseph Leclercq, âgé de quarante-deux ans, marchand colporteur, qui la reconnaît et de Mathilde Brossard, âgée de trente ans, ménagère, domiciliés rue Saint Jean le Pauvre 8. Dressé par nous, Arthur Caire, adjoint au maire, Officier de l’état civil du cinquième arrondissement de Paris sur la présentation de l’enfant et la déclaration faite par le père en présence de Pierre Delage, âgé de soixante-quatre ans, tailleur d’habits, domicilié rue Saint Jean le Pauvre 20 et de Adrien Richer, âgé de trente ans, fabricant de châssis à tableau, domicilié rue Saint Severin 10, témoin qui ont signé avec le déclarant et nous après lecture. (suivent les signatures).

     

    Jules Joseph Leclercq et Mathilde Brossard n'étant pas mariés, Jules Joseph Leclercq a dû reconnaître l'enfant.


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  • Acte de décès d'Antoinette Leclercq le 20 juillet 1912, Paris 5e arrdt

    Leclercq   1241

    L’an mil neuf cent douze, le vingt Juillet, à trois heures du soir.
    Acte de décès de Antoinette Marie Louise Leclercq, née à Paris, le vingt quatre Mars mil neuf cent douze ; décédée au domicile de ses père et mère, rue de la Parcheminerie 4, le vingt Juillet courant, à trois heures et demie du matin ; fille de Jules Joseph Leclercq, âgé de quarante deux ans, colporteur qui l’a reconnue et de Mathilde Brossard, âgée de trente ans, ménagère.
    Dressé par nous, Edouard Pennès, adjoint au maire, officier de l’état civil du cinquième arrondissement de Paris, après constatation du décès ; sur la déclaration de Henri Ginet, âgé de quarante deux ans, employé, rue d’Aubervilliers 104 et de Charles Godefroy, âgé de quarante neuf ans, employé, place du Panthéon 13, non parents, qui ont signé avec nous après lecture. (suivent les signatures).


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  • Acte de décès de René Brossard le 19 juin 1912, Paris 5e arrdt 

    Brossard 1041

    L’an mil neuf cent douze, le dix neuf Juin, à dix heures du matin ; Acte de décès de René Brossard, né à Paris le onze Août mil neuf cent dix, décédé au domicile de la mère, rue Saint Julien le Pauvre 8, le dix huit Juin, courant à onze heures trois quarts du matin : fils reconnu de Mathilde Brossard, âgée de trente ans, couturière.
    Dressé par nous Edouard Dennis, officier de l’Etat civil du cinquième arrondissement de Paris, adjoint au maire, après constatation du décès sur la déclaration de Joseph Leclercq, âgé de quarante deux ans, marchand de sacs, demeurant rue Saint Julien le Pauvre 8, et de Pierre Delage, âgé de soixante quatre ans, tailleur demeurant rue de la Parcheminerie 4, non parents qui ont signé avec nous après lecture (suivent les signatures).

     

    Il s’agit d’un autre enfant de Mathilde Brossard qu’évoquent les articles du Figaro (20 août 1912) et du Journal des débats politiques et littéraires (22 juillet 1912), les seuls à donner des indications vérifiées quant au nom des intéressés.

    L’article du Midi socialiste du 23 juillet 1912, indique les « les deux "antoinistes" avaient déjà perdu un premier enfant, âgé de 26 mois », il doit s’agir du petit René, même si celui-ci n’atteint pas l’âge de deux ans.

    Malgré nos recherches, il nous a été impossible de retrouver l'acte de naissance de cet enfant à la date indiquée dans cet acte de décès.


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  • L'Antoiniste Leclercq était fou (La Croix, 21 août 1912)

               L'ANTOINISTE ETAIT FOU

        Le 20 juillet dernier, un bébé de 4 mois, Antoinette Leclerc, mourait dans un état de maigreur effroyable. Le père, Joseph Leclerc, marchand de sacs, 4, rue de la Parcheminerie, déclara qu'il n'avait pas appelé un médecin parce qu'il était un adepte d'Antoine le Guérisseur, mort récemment à Jemmapes-lès-Liége, dont la doctrine consistait à ne se fier uniquement qu'à l'intervention divine.
        – J'ai prié, dit-il, mais Dieu n'a pas voulu m'entendre. Il a pris ma petite Antoinette. Elle sera plus heureuse auprès de lui. Leclerc fut arrêté.
        M. Kastler, juge d'instruction, commit le docteur Claude pour le faire examiner au point de vue mental.
        Le docteur Claude ayant conclu à l'irresponsabilité de Leclerc, M. Kastler a rendu une ordonnance de non-lieu en ce qui concerne Leclerc et a ordonné son internement.

    La Croix, 21 août 1912


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  • La rue de la Parcheminerie (Le Radical, 3 sept 1913)

     

    Le Radical, 3 septembre 1913

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  • Une victime de l'antoinisme (L'Evénement, 28 juillet 1912)Une victime de l'antoinisme. -- M. Kastler, juge d'instruction, a procédé hier à l'interrogatoire des époux Leclercq, accusés d'avoir laissé mourir leur enfant, faute de soins.
        Leclercq, disciple d'un thaumaturge, « le père Antoine », ne croit pas à la science des médecins, aussi s'était-il contenté de suspendre au chevet de sa petite fille, malade, le portrait du père Antoine. Naturellement, l'enfant mourut et le médecin de l'état civil refusa le permis d'inhumer.
        Interrogé par le magistrat, Leclercq affirme hautement sa foi dans « l'antoinisme » qui, dit-il, prend à toutes les religions ce qu'elles ont de meilleur.
        – Vous n'en avez pas moins laissé mourir votre enfant, lui fait remarquer le juge.
        – C'est qu'elle devait mourir, répond l'antoiniste convaincu, d'ailleurs, je suis certain qu'un médecin ne l'aurait pas sauvée.
        Et l'inculpé se lance dans une longue dissertation sur l'incurie de la médecine à laquelle il oppose la resplendissante lumière de la doctrine du père Antoine.
        A noter que ledit père Antoine aurait été poursuivi dans cette affaire, mais par une simple coïncidence, il a rendu sa belle âme en même temps que l'infortunée petite victime.
        Ne pouvant rien tirer du fanatique Leclercq, M. Kastler a interrogé sa femme. Cette dernière n'a pas la foi robuste de son époux, elle se moque du père Antoine et de sa doctrine, mais elle a dû s'incliner devant la volonté de Leclercq qui ne voulut jamais qu'un médecin pénétrât chez lui.
        Leclercq et sa femme sont inculpés d'homicide volontaire, du fait d'avoir causé la mort de leur fille en la privant des soins qui pouvaient la sauver.
        Ils passeront en cour d'assises et pourront être condamnés à la réclusion ou aux travaux forcés à temps.
        Les époux Leclercq sont assistés de Mes Pierre Turpaud et Bigeard.

    L'Evénement, 28 juillet 1912


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  • Antoine le Guérisseur (Le Midi socialiste, 23 juillet 1912)

    ON CROIT OU ON NE CROIT PAS

    Antoine le Guérisseur

    UN ENFANT MEURT FAUTE DE SOINS

                                                      Paris, 22 juillet.

        La mort récente d'Antoine Guérisseur avait déjà révélé au grand public les étrangetés de cette religion nouvelle.
        On n'aurait cependant pas cru que l'orthodoxie de ses adeptes put aller jusqu'au crime. Le cas qui s'est présent, hier, en plein Paris, peut ne pas demeurer unique. Rien qu'à ce point de vue, il mérite d'attirer l'attention des pouvoirs publics.
        Dans la rue de la Parcheminerie habitait un couple d' « antoinistes ». Ils occupaient au numéro 4, une sorte de baraque en planches, au-dessus de laquelle on pouvait lire cette enseigne : « Sacs et bâches, Jules Leclercq ».
        L'homme était âgé de 42 ans. Sa compagne, une femme Mathilde Sautel, âgée de 37 ans, le secondait dans son industrie. Ils étaient venus là, il y a environ un mois, en sortant de la rue Saint-Julien-le-Pauvre, ou, dans la maison portant le numéro 8, ils avaient demeuré pendant près d'un an.
        Quoiqu'ils fussent casaniers, Leclercq et sa compagne n'avaient pas manqué, par leurs allures mystérieuses et leur mine austère, de piquer la curiosité de leurs voisins.
        Des gens qui avaient pu pénétrer cher eux avaient remarqué que les murs de leur chambre étaient tapissés de gravures et d'emblèmes religieux. On les croyait dévots ; mais dans ce milieu de travailleurs parisiens on ne supposait pas qu'ils fussent les adeptes d'une croyance bizarre.
        Dimanche dernier, leur petite Antoinette, une fillette de quatre mois, tombait malade. On le sut vaguement dans le voisinage ; mais comme les Leclercq n'étaient pas d'humeur sociale, on s'abstint de leur venir en aide.
        Hier malin, l'enfant succombait. Force fut à Leclerc d'aller au bureau de l'état civil déclarer le décès. Quelques heures plus tard, le médecin de la mairie venait, dans la bicoque de la rue de la Parcheminerie, examiner le corps du bébé. Frappé de certaines circonstances, le pratricien interrogea le fabricant de sacs et lui demanda quel médecin avait soigné la petite Antoinette.
        – Je n'ai pas appelé de médecin, lui répondit Leclercq. Ma femme et moi nous avons prié sur elle. Dieu n'a pas voulu la guérir. Nous acceptons sa volonté.
        Surpris, comme on le pense, par cette réponse, le médecin avisa aussitôt M. Melin, commissaire de police. Celui-ci se rendit à son tour auprès de Leclercq et de la femme Sautel.
        Les deux « antoinistes » lui répétèrent que c'était délibérément qu'ils avaient négligé de procurer à la fillette les soins d'un homme de science. Ils étaient « antoinistes », c'est dire qu'ils n'admettaient aucune autre intervention que celle de la Providence pour la guérison des maux du corps.
        Comme la loi pénale française ne reconnaît pas encore aux parents le droit de priver leurs enfants des soins médicaux, M. Melin ne put faire autrement que d'inculper Leclercq et la femme Sautel et de les envoyer au dépôt.
        Ajoutons qu'au cours de son enquête, le commissaire a appris qu'alors qu'ils habitaient rue Saint-Julien-le-Pauvre, les deux « antoinistes » avaient déjà perdu un premier enfant, âgé de 26 mois. Bien que le permis d'inhumer leur eût été alors accordé, M. Melin n'est pas éloigné de croire que le pauvre petit a dû succomber dans les mêmes circonstances que la petite Antoinette.

    Le Midi socialiste, 23 juillet 1912


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  • Les Antoinistes Leclercq (Le Journal, 30 juil 1912)

    LES “ ANTOINISTES ”

    La veuve Santel en liberté provisoire.  
        On va examiner l'état mental de Leclercq

        M. Kastler s'est encore occupé hier des deux antoinistes de la rue de la Parcheminerie qui laissèrent mourir, faute de soins, leur enfant malade.
        Faisant droit à la demande de Me Pierre Turpaud, le juge d'instruction a signé la mise en liberté provisoire de la veuve Sautet, née Marguerite Brossard, la compagne de Leclercq. Le magistrat a, d'autre part, commis M. le docteur Claude, médecin aliéniste, pour examiner l'état mental de Leclercq.

    Le Journal, 30 juillet 1912


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  • Leclercq - Les ''Antoinistes'' (Le Journal 28 juillet 1912)

    LES “ANTOINISTES”

    ON INTERROGE LECLERQ

    Sa Compagne déclare qu'elle “a soupé” de l' “Antoinisme”

        On sait comment le chiffonnier Leclercq, qui habitait rue de la Parchemimerie, avec la veuve Sautet, a laissé mourir sa fillette Antoinette, âgée de quatre mois.
        Leclercq et sa compagne ont été interrogés hier par M. Kastler, juge d'instruction, en présence de Mes Pierre Turpaud et Bigeard, leurs défenseurs.
        Le chiffonnier a tout d'abord voulu exposer au juge la beauté de la doctrine « antoiniste », d'après la Révélation, d'Antoine le Généreux, et le bulletin l'Unitif, adressé aux adeptes, qui dit notamment :
        – Il faut croire au père Antoine : la foi en ce Messie est seule capable de guérir les malades, et si l'on ne veut périr il ne faut jamais appeler de médecin ni prendre de remède. II faut seulement prier Dieu et le père Antoine.
        Questionné par M. Kastler sur la façon dont il était devenu « antoiniste », Leclercq a répondu :
        – C'est en lisant un article de journal hostile au père Antoine que je me suis senti converti à cette religion et qu'à partir de ce jour, j'ai regardé comme l'apôtre française de ce culte la sœur Marie Camus, demeurant à Paris, 7, rue Esquirol.
        – Lorsque vous avez été arrêté, a ajouté le juge, une lueur de bon sens a sans doute traversé votre esprit, car vous avez spontanément adressé au procureur de la République une plainte contre les gens qui vous avaient instruit dans votre folie.
        – Je retire cette plainte, a interrompu brusquement « l'antoiniste ».
        – Pourquoi ?
        – Dieu le veut !... Ma fille est morte !... Dieu a voulu !... J'avais pourtant composé de belles prières.
        Et il a tenu à en donner lecture à M. Kastler !
        Le magistrat a informé ensuite Leclercq que MM. les docteurs Paul et Balthazard avaient fait l'autopsie du corps de la petite Antoinette, et qu'ils avaient constaté qu'elle avait succombé à une bronchopneumonie.
        – Les médecins légistes ont déclaré également, a dit M. Kastler, que votre enfant n'avait été victime ni de sévices, ni de mauvais traitements. Je suis pourtant obligé de vous inculper : l'article 312 du Code pénal punit, en effet, des travaux forcés la privation de soins par père et mère ayant entrainé la mort. Vous auriez dû aller chercher un médecin, ainsi que vous l'aviez fait pour le premier enfant né de vos relations avec la veuve Sautet et qui mourut néanmoins, bien que soigné autrement que par des prières.
       
    Le juge a passé ensuite à l’interrogatoire de la veuve Sautet. Celle-ci a déclaré hautement qu'elle était catholique et non « antoiniste », mais qu'elle n'avait pas voulu contrarier Leclercq !
        Elle a raconté ensuite que le 15 juillet, ils étaient allés au-Sacré-Cœur et que la pauvre petite Antoinette avait dû prendre là le germe du mal qui devait l'emporter.
        – J'ai voulu aller chercher un médecin, a-t-elle poursuivi, le soir où j'ai vu la petite si malade, mais mon amant s'y est opposé... Je m'étais dit : Quand il sera parti aux Halles j'irai, mais ma pauvre petite est morte avant !
        L'interrogatoire étant terminé, le juge allait donner aux gardes l'ordre de reconduire les prisonniers à la Souricière, mais Leclercq, s'adressant à M. Kastler, lui dit :
        – J'ai une prière à vous adresser, monsieur le juge ; voulez-vous demander à Mme Sautet si elle a conservé les mêmes sentiments vis-à-vis de moi et si elle veut toujours se marier avec moi.
       
    Le juge se tourna vers la veuve et lui dit :
        – Vous avez entendu Leclercq ? Voulez-vous répondre à sa question ?
        Levant les bras, la compagne de Leclercq s'écria :
       – Ah ! mais mon ! Je ne marche plus ! Que Leclercq paie tout seul son guérisseur, moi « j'ai soupé » de « l'antoinisme ».
        Leclercq s'en alla atterré.

    Le Journal, 28 juillet 1912


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  • Leclerc - Parents dénaturés (Journal des débats politiques et littéraires 22 jui 1912)

    Parents dénaturés. – Le médecin de l'état-civil refusait hier le permis d'inhumer pour une fillette de quatre mois, Marie-Augustine-Leclerc, morte le matin chez ses parents qui habitent une baraque en planches, 4, rue de la Parcheminerie. Le commissaire de police du quartier, après enquête, a arrêté les parents Jules Leclercq, quarante-deux ans et Mathilde Sautel, trente-sept ans, revendeur de sacs d'emballage. Ceux-ci ont reconnu qu'ils n'avaient jamais fait soigner leur fille par un médecin, pas plus qu'un garçonnet mort au début du mois de juin à l'âge de deux ans et demi et dont Leclerc n'était pas le père. Ils se prétendent disciples de la secte fondée il y a quelque temps en Belgique par « Antoine le Guérisseur ».

    Journal des débats politiques et littéraires, 22 juillet 1912


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  • La mort de la petite Leclercq (Le Grand écho du Nord de la France 21 août 1912)

     

    La mort de la petite Leclerc

    LES PARENTS, DEUX FERVENTS ANTOINIS-
    TES, BENEFICIENT D'UN NON-LIEU. – ILS
    SONT RECONNUS IRRESPONSABLES

        Paris, 19. – M. Kastler, juge d'instruction, vient de rendre une ordonnance de non-lieu en faveur de Leclercq et de sa femme, Marguerite Sautet, qui, rue de la Parcheminerie, laissèrent mourir, faute de soins, leur fillette, espérant que l'intervention du «Père Antoine» la sauverait.
        Le docteur Claude, médecin aliéniste, chargé d'examiner l'Antoiniste Leclercq, l'a déclaré irresponsable, en raison de son mysticisme.

    Le Grand écho du Nord de la France, 21 août 1912


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  • Informations judiciaires - Les Antoinistes (Paris-midi, 20 août 1912)

               INFORMATIONS JUDICIAIRES

                            Les « Antoinistes »

        M. Kastler, juge d'instruction, vient de rendre une ordonnance de non-lieu en faveur de Leclercq, l'«Antoiniste » de la rue le de la Parcheminerie, arrêté pour avoir laissé mourir sa fillette faute de soins. Le docteur Claude qui a examiné son état mental a, en effet, conclu à son irresponsabilité.
        Mlle Sautet, l'amie de Leclercq, qui avait déjà été laissée en liberté provisoire bénéficie également d'un non-lieu.

    Paris-midi, 20 août 1912


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  • Deux martyrs de la foi antoiniste à Paris (Le Grand écho du Nord de la France, 24 juillet 1912)

    Deux martyrs de la foi
                  Antoiniste à Paris

    Une histoire d'enfants martyrs
        les jette sur la paille humide
        des cachots...

                                                                     Paris, 21.

        Deux fervents adeptes de la foi antoiniste, Joseph Leclerc et Mathilde Brossard ont couché cette nuit au Dépôt. Joseph Leclerc, âgé de 42 ans, et Mathilde Brossard, sa compagne, âgée de 32 ans, habitaient une sorte de hangar, rue de la Parcheminerie, 4. La femme cousait des sacs. L'homme allait les vendre. Ils se battaient quelquefois après libations mais s'aimaient tout de même. Dans la baraque, qui n'était pas d'une propreté remarquable, la grâce était représentée par une petite fille de quatre mois, Antoinette, née de leur union. La petite fille tombait malade il y a quelques jours. Mathilde Brossard, inquiète, hasarda :
        – Si j'allais chercher un médecin ?
        – Que peut faire un médecin ? répondit Leclerc. Prions : Si le Père veut, elle sera sauvée. Si le Père veut rappeler à lui notre enfant bien-aimée, que sa sainte volonté soit faite !
        Leclerc et Mathilde Brossard sont, en effet, comme nous le disions plus haut, des adeptes de cette secte belge, dont le fondateur, le père Antoine, vient de mourir récemment, et qui compte des fidèles dans tout le Nord de la France. Le père Antoine promettait aux malades leur guérison par la prière et par la foi : « Croyez et priez ; leur disait-il, et vous serez sauvés. ». Et quelquefois ils l'étaient. Mais l' « antoinisme » ne devait pas réussir à Leclerc et à Mathilde Brossard. La petite Antoinette mourut. Il fallait bien recourir, pour l'acte de décès, au médecin que l'on avait dédaigné pour la guérison. Le médecin avait-il plus de science que de foi antoiniste ? Il constata que la mort était due au manque de soins.
        Le commissaire de police du quartier de la Sorbonne arriva à son tour, et cet homme qui n'a pas le respect de l' « antoinisme », apprenant au surplus que Leclerc et Mathilde Brossard avaient perdu un autre enfant dans les mêmes conditions, quand ils habitaient rue Saint-Julien-le-Pauvre, les mit en Etat d'arrestation.
        Maintenant de méchantes langues prétendent dans le quartier que ces deux fanatiques étaient surtout de mauvais parents.

    Le Grand écho du Nord de la France, 24 juillet 1912

    Mauvais parents ou fanatiques (L'Est Républicain 25-07-1912)  Article pratiquement identique de L'Est Républicain du 25 juillet 1912


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  • Les Antoinistes Leclercq - L'autopsie (Le Journal, 25 juil 1912)

    Les “Antoinistes”

            L'autopsie de la petite Leclercq.
        Sur réquisition de M. Kastler, juge d'instruction, le docteur Charles Paul, médecin légiste, a procédé hier à l'autopsie du cadavre de la petite Augustine Leclercq, décédée dans les circonstances que nous avons relatées, au domicile de ses parents, le couple d' « antoinistes » de la rue de la Parcheminerie.
        Le praticien, qui a conclu à la mort par broncho-pneumonie, n'a relevé aucune trace de violence sur le corps.
        Ce résultat n'a rien qui puisse surprendre. On se rappelle qu'en ce qui concerne tout spécialement le décès de la fillette, on avait tout simplement reproché à Leclercq et à sa maitresse de ne pas avoir fait donner à la malade les soins nécessaires. Ceux-ci n'avaient, au reste, nullement cherché à se défendre contre cette inculpation. Ils s'étaient contentés, pour se justifier, d'invoquer leur entière confiance aux doctrines d'Antoine le Guérisseur.

    Le Journal, 25 juillet 1912


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  • Les deux Antoinistes Leclercq (Le Journal, 22 juil 1912)

         Les deux “Antoinistes”

    Comment mourut le Premier Enfant

        L'arrestation de Jules Leclercq et de sa maitresse, Mathilde Santel, le couple fanatique de la rue de la Parcheminerie, a causé une vive émotion dans le coin si populeux et si animé de la rive gauche, qui s'étend de la place Maubert à la rue Saint-Séverin et où, comme nous l'avons dit, le groupe d’ « antoinistes » était très connu. Non pas que cette mesure ait causé la moindre surprise – elle a été, au contraire, accueillie avec un sentiment de véritable soulagement – mais les faits qui l'ont nécessitée ont mis le comble à l'indignation qu'avaient déjà provoquée, le mois dernier, les circonstances dans lesquelles succomba le premier enfant de l'étrange ménage.
        C'est ce dernier point, du reste, qui va faire maintenant le principal objet de l'information judiciaire, les déclarations mêmes du marchand de sacs et de sa compagne ne laissant aucun doute sur les causes du décès de la petite Augustine. Et il semble bien, ainsi que les premières investigations de M. Mélin, commissaire de police du quartier de la Sorbonne, nous permettaient, hier, de l'indiquer, que là encore la responsabilité des deux adeptes d'Antoine le Guérisseur soit terriblement engagée.
        Le repos dominical a marqué un temps d'arrêt dans l'enquête ; mais nous avons pu, au cours de la journée, recueillir néanmoins certains témoignages qui fortifient singulièrement les soupçons de la veille. Fournis, pour la plupart, par d'anciens voisins des deux fanatiques, ils se rapportent à l'époque toute récente où ces derniers demeuraient 8, rue Saint-Julien-le-Pauvre, et on sait qu'ils n'occupaient la baraque de la rue de la Parcheminerie que depuis la date du petit terme, le 8 juillet.
        Toutes ces déclarations peuvent se résumer dans celle que nous fit une ménagère qui fut, rue Saint-Julien-le-Pauvre, la voisine immédiate du couple :
        – Jules Leclercq, nous dit-elle, est venu habiter ici il y a trois ans environ. Taciturne et fantasque, il eut bientôt au surplus, dans le quartier, la réputation d'un brutal. Après avoir vécu seul pendant quinze mois, il installa une compagne chez lui. C'était Mathilde Santel, une veuve qui avait été concierge rue de l'Hôtel-de-Ville. Elle arrivait avec un garçonnet, malingre et rachitique, âgé de dix-huit mois environ. Une année s'écoula sans incidents extraordinaires. Nous avions bien tous remarqué que l'enfant était odieusement délaissé, mais personne ne voulait faire de remontrances trop sévères à la mère pour ne pas s'exposer à la colère du marchand de sacs.
        » Sur ces entrefaites, au début du mois dernier, le garçonnet, déjà très affaibli, se mit à tousser à fendre l'âme ; comme ses parents n'allaient pas chercher le médecin, je leur en fis personnellement le reproche. Leclercq me répondit :
        « – Nous avons recommandé notre enfant au père Antoine ; il ne nous reste plus qu'à prier Dieu jusqu'à ce que la guérison se fasse. »
        » Deux jours après, l'état du bambin ayant empiré, plusieurs locataires menacèrent le couple de prévenir la police s'ils ne se décidaient pas à lui donner les soins nécessaires. Effrayée, la veuve Santel courut chez un docteur.
        » Nous devions apprendre par la suite que Leclercq avait décommandé la visite en assurant que le garçonnet se portait mieux. Et le soir une scène terrible eut lieu entre les deux amants. Nous entendîmes soudain le bruit d'une gifle, puis la chute d'un corps sur le parquet, des cris douloureux d'enfant et la voix de la femme qui protestait :
        » – Misérable ! tu as tué mon petit !
        » Vers trois heures du matin, la veuve Santel se décida à aller chercher le médecin de nuit. Celui-ci accourut. Il était trop tard. Le garçonnet mourait au petit jour. »
        La veuve Santel avait déjà perdu, rue de l'Hôtel-de-Ville, une fillette âgée de près de trois ans.
        Après le décès du garçonnet, rue Saint-Julien-le-Pauvre, les commérages avaient été bon train. A maintes reprises Leclercq et sa compagne s'étaient vu publiquement accusés déjà d'en être responsables. Mais personne alors n'avait osé informer le commissaire de police du quartier, pour ne pas encourir les représailles de l'antoiniste, chez qui le mysticisme n'excluait ni la violence, ni la brutalité.

    Le Journal, 22 juillet 1912


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