• Paris - Affaire Leclercq - Le Figaro - 20-08-1912 (Numéro 233)

                          L’ANTOINISTE ÉTAIT FOU

        Le 20 juillet dernier, un bébé de quatre mois, Marie-Louise-Antoinette Leclerc, mourait dans état de maigreur effroyable. Le père, Joseph Leclerc, marchand de sacs, 4, rue de la Parcheminerie, interrogé par M. Melin, commissaire de police du quartier de la Sorbonne, déclara qu’il n’avait pas appelé un médecin parce qu’il était un fervent adepte d’Antoine le Guérisseur, un illuminé, mort récemment à Jemmapes-les-Liége, et dont la doctrine consistait à ne se fier uniquement qu’à l’intervention divine.
        – J’ai prié, dit-il, mais Dieu n’a pas voulu m’entendre. Il a pris ma petite Marie-Louise. Elle sera plus heureuse auprès de lui.
        Leclerc et sa maitresse Mathilde Brossard, dite Sautel, furent arrêtés.
        M. Kastler, juge d’instruction, ne put rien tirer de Leclerc, si ce n’est la continuelle affirmation de sa foi. Il commit M. le docteur Claude pour le faire examiner au point de vue mental.
        Mathilde Brossard fut remise en liberté, ayant prouvé qu’elle s’était rendue chez un médecin pour y faire soigner l’enfant d’une amie, mort précédemment, 8, rue Saint-Julien-le-Pauvre et que, si elle n’avait pas agi de la même façon pour sa fille, c’est que son ami l’en avait empêché. L’autopsie avait, en outre démontré, que l’enfant serait morte malgré l’intervention d’un médecin.
        M. le docteur Claude ayant conclu à l’irresponsabilité de Joseph Leclerc, M. Kastler a rendu une ordonnance de non-lieu en ce qui concerne Leclerc et sa maîtresse et ordonné l’internement de l’antoiniste.

    Le Figaro, 20 août 1912

    source : gallica


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