• Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)

    Avant la date fatidique
    Mère remplace son mari et opère en son nom quand il doit s'abstenir. (Biographie, p.2, in Debouxhtay, p.293)

     

    Lundi 24 juin 1912
    Lundi dernier, me dit une des premières sœurs antoinistes, Mme Desart, à qui le frère directeur Delaunoy avait donné mission de me guider, le Père sentit que le moment suprême était venu. Il nous réunit autour de lui et nous annonça qu’avant le lendemain un grand événement se produirait et qu'à sa mort prochaine, sa femme lui succède dans son enseignement religieux. (La Meuse, 24 juin & Excelsior, 2 juillet 1912)

    Après l'opération, il demande à voir les adeptes. (Unitif I, 12, p.7, in Debouxhtay, p.196)

    Puis il demandait à revoir Jeanfils (Unitif février 1914, p.3, in Debouxhtay, p.197)

    Et, à minuit, il expirait ! (Excelsior, 2 juillet 1912)

    Ceux qui L'entouraient rendirent pieusement les derniers devoirs au corps privé de vie, le revêtirent de la robe révélée et le couchèrent dans le Temple sur un lit enveloppé de drap vert, le buste bien relevé pour qu'il fût permis de voir facilement sa tête vénérable. Des lauriers disposés tout autour par ordre de grandeur, laissaient le corps bien en vue et formaient un fond de verdure d'où l'emblème du Culte, l'Arbre de la science de la vue du mal, se détachait nettement ; cette disposition avait été prise pour empêcher les visiteurs de toucher le corps par superstition. Le livre de l'Enseignement que le Père a pratiqué si religieusement pendant sa vie, reposait sur ses mains unies. (J. H. dans l'Unitif, août 1912, p. 9 in Debouxhtay, p.197)

    Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)
    Souvenir Père Antoine le Généreux (FaceBook de Christian Sorte)
    Document existant également en format carte-photo

    Mardi 25 juin 1912
    Acte de décès (Excelsior, 1er juillet 1912)
    Cause du décès : attaque d’apoplexie (Revue internationale des sociétés secrètes, v1, n8 Août 1912)
    Antoine, qui avait été frappé lundi d'une attaque d'apoplexie, est mort le soir-même. (L'Express, 26 juin 1912). Quelques lignes plus bas L'Express cite les paroles d'un adepte : « Ce fut non d'apoplexie, mais d'un épuisement progressif et continu... » Le Jour (Verviers) du 25 juin 1912, dit aussi qu'Antoine « s'affaissa frappé par une attaque d'apoplexie ». (in Debouxhtay, note 10 p.197).

    Depuis le mardi jusqu'au jour de l'enterrement le temple fut rempli de visiteurs qui se succédaient devant le corps du thaumaturge (Unitif, janvier 1913, p.14).
    Pendant toute cette semaine sainte des groupes recueillis ne cessèrent de contempler le visage sacré dont le regard si bon les pénétrait d'une joie incompréhensible et on sentait que le souvenir de cette scène serait en eux inoubliable comme celui des grands bienfaits que tous avaient reçus dans ce temple, de leur Sauveur. Ainsi le fluide opérait et il n'y avait rien de changé. Le jour même de la désincarnation du Père, Mère vint opérer en son nom à dix heures et loin d'être impressionnée comme beaucoup de personnes l'étaient par la présence du défunt, elle anéantit ces pensées de doute, réconfortant l'assistance du même fluide éthéré qu'auparavant. Les dernières paroles du Père lues à la fin de l'opération, raffermirent encore les cœurs et les rassurèrent sur l'avenir. Les jours suivants, les malades arrivèrent tout aussi nombreux et obtinrent la même satisfaction. Pour la remplacer dans le Temple (à la petite tribune, mère occupera désormais la grande tribune), Mère a désigné le frère Deregnaucourt dont le dévoûment ne s'est pas un instant démenti depuis le jour où il a commencé à pratiquer les Enseignements du Père. (Unitif, août 1912, p.10) (in Debouxhtay, p.200)


    Le corps du défunt, qui avait été exposé plusieurs jours dans le temple (La Liberté, 2 juillet 1912)
    Jusqu’à vendredi soir, continue Mme Desart, nous avons veillé sa dépouille mortelle, qui fut alors mise dans sa bière de sapin. (Excelsior, 2 juillet 1912)

    Il n'est pas indifférent de lire la lettre de faire-part de sa mort :
        Culte Antoiniste,
        Frère.
        « Le Conseil d'administration du culte Antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui, mardi matin, 25 juin.
        « Avant de quitter son corps, il a tenu à recevoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère Le remplacera dans sa mission. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous.
        « Mère montera à la tribune pour les opérations générales, les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures.
        « L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin, à 3 heures. » (Le Nouvel éducateur rationnel, année 1, n°7, 1912)(La Liberté, Jeudi 27 juin 1912)

     

    Vendredi 28 juin 1912
    Mise en bière (Excelsior, 1 juillet 1912)

     

    Dimanche 30 juin 1912
    Inhumation dans la fosse commune (La Liberté, 2 juillet 1912)
    Accompagné de :
    - 12 000 à 15 000 fidèles (Excelsior, 1er juillet 1912)
    - 25 000 personnes (Delftsche courant, 12 août 1912)
    - 15 à 20 000 personnes étaient massées dans les rues (Express, 2 juillet)(in Debouxhtay, p. 201)
    - plus de trente mille personnes étaient venues ce jour-là à Jemeppe (Unitif, août 1912, p.12)(in Debouxhtay, p. 201)

    Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)
    Cercueil dans le porche du temple

    Un peu avant 3 heures 30, on ferma les portes du temple, et les Frères Antoinistes transportèrent le catafalque sous le porche. (Excelsior, 1er juillet 1912)

    Le cercueil, porté par douze hommes de la communauté, était précédé d’un tronc d’arbre figurant l’arbre de la science du bien et du mal, que portait l’un des plus qualifiés adeptes de l’antoinisme, M. Delcroix, professeur à l’athénée de Liège. (Le Messin, 2 juillet 1912)

    A 3 heures précises, le Frère directeur Delaunay fit un signe. Précédé du Frère porte-arbre, le lecteur du dimanche, M. Delcroix s’avança au milieu de la foule et se mit à lire tout haut les préceptes de la Révélation. (Excelsior, 1er juillet 1912)

    Le cortège suit la rue des Tomballes pour aboutir à la rue de Hollogne qu'il descend jusqu'au viaduc où il prend la route qui conduit au cimetière. (in Debouxhtay, p.203)
    Au coin des rues Hullos et du Bois de Mont, M. Delcroix lit les principes du culte. Puis le cortège se met en marche par la rue des Tomballes, la rue Toute-voie et la rue du Bois de Mont vers le cimetière de Jemeppe. (Gazette de Charleroi, 2 juillet 1912)

    Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)

     

     

     

     
    Vers le cimetière

    M. le Dr A. Delville, qui était bourgmestre en 1912, m’a dit qu’il n’avait pas dû intervenir pour faire enterrer Antoine, il a seulement dû refuser aux antoinistes la permission d’organiser un cortège à travers toute la commune. (in Debouxhtay, p.199).

    A quatre heures, on arrive au cimetière [...] on lit l'Avant-propos de l'Enseignement (in Debouxhtay, p.203)

    Les adeptes s'en viennent tour à tour jeter une pelletée de terre (Unitif août 1912, p.12-13, in Debouxhtay, p.204)

     

    Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)
    (Archives de Roland AE Collignon)

    Lundi 1er juillet 1912
    Ce matin, avant de partir, j’ai assisté à l’« opération » du lundi. Tandis qu’au-dessous d’elle le frère Dérégnaucourt, qui lui a succédé dans l’opération du vendredi, et qui, dans l’avenir, est appelé à devenir le grand prêtre, le pape de l’antoinisme, ouvrait le Grand Livre de la Révélation, la « Bonne Mère » s’installa à la tribune et imposa les mains. (Excelsior, 2 juillet 1912)

    Désincarnation (mar.25) & Funérailles (dim.30 juin 1912)

    L’œuvre d’Antoine ne sera pas arrêtée par sa mort. Au temple, son corps a été exposé, l’affiche suivante a été apposée disant que « le conseil d’administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd’hui mardi matin, 25 juin. Avant de quitter son corps il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu’elle suivra toujours son exemple. Il n’y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera la tribune pour les opérations générales les quatre premiers 1 jours de la semaine à dix heures. » (L'impartial, vendredi 28 juin 1912)

  • Cortège funèbre du Père - Frère Deregnaucourt (Archives du Temple de Retinne)

    Cortège funèbre du Père - Frère Deregnaucourt (Archives du Temple de Retinne)

    C'est une photo de la presse (Sciences et Voyages et Excelsior, 2 juillet 1912) où Frère Deregnaucourt est individualisé


    votre commentaire
  • Enterrement du Père - Mise en terre (suite)(Archives du Temple de Retinne)

    Enterrement du Père - Mise en terre (suite)(Archives du Temple de Retinne)

    La même photo a été posté par sœur Mya


    votre commentaire
  • Enterrement du Père - La Lecture (Archives du Temple de Retinne)

    L'enterrement du PERE. l Le frère Delcroix lit une partie de la Biographie. Le frère avec la barbe au deuxième rang est le frère David.
    Remarque : le drap Antoiniste était préparé, l'Emblème porté haut, la lecture de la Réincarnation.
    Le PERE avait donné, ainsi que pour LUI-Même, la marche à suivre pour tous les enterrements après LUI.

    Enterrement du Père (Archives du Temple de Retinne)

     

        La seule mention d'un Frère David concerne un prénommé Noël David (comme le précise frère Marc du Temple de Retinne), qui sera desservant du temple de Bierset jusqu'à sa désincarnation en 1934.


    1 commentaire
  • Antoine le guérisseur est mort (Le Petit Haut-Marnais, 1er juillet 1912).jpg

    ANTOINE LE GUERISSEUR EST MORT

        Antoine le Guérisseur, fondateur de religion et thaumaturge, dont le temple de Jemmapes est devenu célèbre, est mort. Il était né à Flémalle-Grande le 18 juin 1846 et habitait Jemmapes depuis vingt et un ans. A cette époque il revenait de Russie, où il avait gagné quelque argent. Il avait construit au hameau de Bois-du-Mont une cité ouvrière.
        En 1895, il fit démolir plusieurs de ces maisons et fit construire un temple de dimensions modestes. Il prêchait une religion de bonté, d'amour et de solidarité. On lui accordait le pouvoir de guérir de nombreuses maladies par la simple imposition des mains, et il réussit à guérir ainsi par suggestion plusieurs personnes dont le système nerveux était ébranlé.
        Il fut poursuivi pour exercice illégal de la médecine. Condamné une première fois à 26 francs d'amende, il fut acquitté la seconde.
        Il convient de dire qu'il ne se faisait jamais payer et qu'il refusait même l'argent que lui adressaient des malades reconnaissants.
        Sa religion avait de nombreux adeptes dans toutes les classes de la société, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Il avait créé à Jemmapes un club qui avait de nombreux adhérents. Il procédait surtout par publicité et possédait une imprimerie où il tirait plusieurs journaux hebdomadaires, dont l'un se tirait à 20.000 exemplaires. Il était plutôt un illuminé qu'un charlatan.
        Il y a quelque temps, les adeptes d'Antoine, au nombre de 130.000, adressèrent une pétition dans laquelle ils demandaient que l'antoinisme fut reconnu. Cette pétition eut un grand retentissement dans le monde entier et toute la presse consacra de longs articles au prophète de la nouvelle religion, qui, depuis quelque temps, a des représentants à Paris. Il existe des temples, ou de simples salles de réunion, dans de nombreux villages du pays de Liège.
        La nouvelle de la mort d'Antoine le Guérisseur a causé une profonde émotion dans fout le pays.

    Le Petit Haut-Marnais, 1er juillet 1912


    votre commentaire
  • Chronique de la Semaine (L'Écho du Nord, 29 juin 1912)

                                                               Lille, le 28 juin 1912,

    Chronique de la Semaine

        Il n'y a plus de « prophètes », Le dernier vient de succomber ou, comme disent ses disciples, de se « désincarner », car vous pensez bien qu'un prophète ne peut mourir tout simplement comme vous et moi. Le « désincarné » se nommait Antoine prosaïquement, mais ses fidèles l'appelaient « le Père ». Entendez bien qu'ils ne disaient pas le « Père Antoine », ce qui eût évoqué un mauvais calembour et eût nui au prestige du Prophète, mais « le Père » tout court. Cela vous a une tout autre allure.
        « Le Père » avait commencé modestement par être employé d'usine, puis encaisseur ; il s'était ensuite occupé d'assurance et ne s'était établi prophète, fondateur de religion, thaumaturge et guérisseur que sur le tard. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Antoine avait mieux réussi comme prophète que comme employé. Il avait fondé le culte antoiniste, réuni des milliers d'adhérents – une pétition présentée au Gouvernement belge pour que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat, recueillit, paraît-il, cent mille signatures, – et bâti un temple à Jemmapes. C'est dans ce temple qu'il a été « désincarné » par une attaque d'apoplexie, non sans avoir eu le temps de léguer sa succession à sa femme : « la Mère », qui, annonce un avis officiel, continuera sa mission. « Mère montera à la tribune pour les opérations générales, les quatre premiers jours de la semaine, à dix heures ».
        Cette phrase évoque invinciblement le souvenir de l'épitaphe fameuse : « Sa veuve inconsolable continue son commerce, à la même adresse, rue... », dont on se gaussa jadis.

    *
    * *

        Il y eut de tous temps des thaumaturges, et Antoine ne terminera pas la série ; d'autres viendront qui connaîtront comme lui les succès, la gloire. Mais Antoine nous intéresse spécialement parce que son « temple » était voisin de notre région et que le « Culte antoiniste » avait des adeptes chez nous.
        Récemment, aux environs de Caudry, on mena grand bruit autour d'une fillette impotente qui s'était bien trouvée, paraît-il, d'un voyage à Jemmapes. On allait la voir de tous côtés et elle contait volontiers son histoire aux visiteurs. Antoine y gagna assurément quelques adhérents dans notre région. On allait d'ailleurs en foules nombreuses à Jemmapes. Notre époque se targue volontiers de scepticisme, voire d'incrédulité ; ce n'est qu'une apparence. Au fond, les hommes sont restés, en 1912, ce qu'ils étaient il y a des siècles et des siècles. Ils le sont restés moralement et physiquement. Ne vient-on pas de nous révéler, l'après de très sérieuses constatations scientifiques et médicales que « les hommes des cavernes », ces ancêtres très éloignés, étaient arthritiques ? Que des Egyptiennes momifiées portaient des stigmates très nets d'appendicite ? Voire que la neurasthénie sévissait à l'âge de pierre ? – déjà ! Les lésions tuberculeuses ne sont point rares sur des cadavres vieux de milliers et de milliers d'années. Toutes les maladies que nous avons coutume d'attribuer à notre époque, d'imputer à notre civilisation avancée, tourmentaient déjà nos sauvages aïeux. La caverne creusée dans le roc, la vie en plein air purement animale presque, ne les en défendaient pas.

    *
    * *

        Et quand la « Mère » montera, les quatre premiers jours de la semaine, à la tribune, pour les opérations générales, ne croyez-vous pas qu'elle aura un petit air de ces pythonisses antiques, dont la tribune était un trépied ? On les soupçonne d'avoir connu maints secrets scientifiques que nous avons redécouverts : peut- être, par exemple, l'électricité leur était-elle familière, comme à nous. Certaines descriptions, données par les auteurs grecs, permettraient, du moins, de le supposer, sans faire la part trop large à l'imagination. Que savons-nous, d'ailleurs, de la vie antique ? Fort peu de choses. Il n'est venu jusqu'à nous qu'un nombre minime d'écrits, de rares manuscrits. Les arts – si parfaits que nous les admirons encore, sans pouvoir toujours les égaler – des civilisations disparues ne s'accommodaient point, assurément, d'une culture générale médiocre. Et pourquoi serait-il déraisonnable de supposer que, scientifiquement, les contemporains de ces artistes ne leur étaient point inférieurs ?
        Ce sont là des problèmes sur lesquels notre amour-propre n'aime guère méditer. Il nous plaît de nous croire supérieurs à ceux qui vécurent avant nous. Nous avons inventé le Progrès pour nous persuader plus facilement de cette supériorité dont nous nous enorgueillissons. Et nous allons répétant sans cesse : « l'Humanité marche ». Est-ce bien certain ? Peut-être tourne-t-elle simplement comme les vieux chevaux des manèges paysans. Chaque génération nouvelle condamne ce que la précédente avait érigé en dogme, et réhabilite ce qu'elle avait condamné. Ne lisais-je pas, l'autre jour, que d'éminents médecins n'étaient pas éloignés d'en revenir à la théorie des humeurs, dont Molière se moqua si fort en caricaturant les Diafoirus de son temps !
        Alors ?... Après tout, la vie est si courte que, peut-être, vaut-il mieux laisser aux hommes leurs illusions. Les moins intelligents d'aujourd'hui se croient, de bonne foi, très supérieurs aux plus éminents d'autrefois. Pourquoi, diable essayer de les détromper ? Y réussirait-on, au surplus ?

    L'Écho du Nord, 29 juin 1912


    votre commentaire
  • Enterrement - Cerceuil du Père dans le porche du temple (Exelcior)(médaillon)

    Funérailles d'Antoine (Excelsior, 2 juillet 1912)


    votre commentaire
  • Anton der Heiler (Westdeutsche Landeszeitung, 10.7.1912)

         * Anton, der Heiler.   In Lütticher Blättern ist zu lesen:    Am 25. v. Mts. starb im nahen Jemeppe eine auch über Belgien hinaus bekannte Persönlichkeit: Anton, der Heller. Mit ihm ist jedenfalls ein ganz sonderbarer Seltenstifter aus dem Leben geschieden.    Antoine Louis – so lautete der wirkliche Name des Verstorbenen – war 1846 in dem 11 Kilometer von Lüttich entfernten Dorfe Mons-Crotteux als Sohn kleiner Ackersleute geboren. Er genoß nur mangelhaften Volksschulunterricht und konnte, da er schon früh auf einer Kohlengrube arbeiten mußte, kaum lesen. 1869 wurde er Soldat und kam im folgenden Kriegsjahre als solcher an die französische Grenze. Dort erlebte er einen Zwischenfall, der einen tiefen und dauernden Eindruck auf ihn machte: bei einer Uebung fiel plötzlich ein scharfer Schuß, durch den ein Soldat getötet wurde. Bei Nachforschungen aber die Herkunft des Schusses trat Louis vor und meldete, daß sich sein Gewehr von selbst entladen habe.     Man glaubte ihm und er blieb unbestraft. Nach seiner Entlassung kehrte er nach Mons-Crotteux zuruck, arbeitete zunächst als Maschinist auf einer Kohlengrube in Flemalle, heiratete dann, fand eine Stelle auf einer belgischen Grübe in Stolberg bei Aachen und eröffnete vier Jahre später in Jemeppe ein Gemüsegeschäft, das er aber bald wieder aufgeben mußte.    Auf Grund eines neuen Vertrages mit der Stolberger Grube erhielt er dann eine Meisterstelle in Praga bei Warschau, wo seine Frau mit Erfolg ein Kosthaus betrieb. In Warschau hatte Louis durch Verkehr mit einigen anderen geistesverwandten Arbeitern Lust am Lesen sowie an der Erörterung religiöser und wirtschaftlicher Fragen gefunden und Bekanntschaft mit der damals viel verbreiteten Kampherbehandlung des französischen Arztes Raspail gemacht, die auch er versuchte und durch die er sich den Ruf eines Heilkundigen erwarb.     In Warschau aber hatte er auch der gewaltsamen Unterdrückung eines Aufruhrs beigewohnt, bei der Leute auf öffentlichen Plätzen erhängt wurden und die geängstigte Bevölkerung Heiligenbilder an den Fenstern ausstellte, um sich vor der Wut der Soldaten zu schützen.    Dadurch entwickelte sich in ihm der Gedanke, die menschliche Gesellschaft durch „Güte“ von den vorhandenen Wickständen zu erlösen. Er kam nach Belgien zurück, wurde Versicherungsagent, fand in Seraing einen Freund, mit dem er ein in Tilleur bei Seraing gelegenes kleines, aber sehr geachtetes Wirtshaus besuchte, dessen Inhaber Spiritist war, und wohnte den dortigen Sitzungen bei. Louis war in dem kleinen Klub alsbald der „Millionär“.     Er kaufte spiritistische Werke, gründete eine Büchersammlung, versammelte die Anhänger in einem seiner Häuser in Jemeppe – er hatte dort inzwischen drei Grundstücke erworben – und brachte es zu einer Gruppe der „Wintzer im Herrn“.    Sein Freund gründete ein kleines Blatt, „Le Tombeau“, das nur ein Jahr lebte, inzwischen in eine heiße Fehde mit dem evangelischen Pfarrer von Seraing geriet und schließlich einging, weil sein Herausgeber dem Spiritismus Lebewohl jagte und in das politische Leben trat (er hat darin heute eine verhältnismäßig bedeutende Rolle erreicht).    Darüber erkannte Anton der Heiler seine eigentliche Bestimmung und fand seinen eigenen Weg: er erinnerte sich, daß man ihm in Rußland gejagt habe, daß die Macht des Willens Krankheiten heile, und verlegte sich auf die sogenannte Gesundbeterei.    Daß er dabei durch Suggestion Erfolge erzielte, ist zweifellos.    Anton der Heiler war ein höchst einfacher Mensch, dem jede Anlage zu falschen Vorspiegelungen fehlte und der an sich selbst glaubte.     An eine Ausbeutung Leichtgläubiger hat er nie gedacht; dagegen wirkte er wie seine Frau Gutes, wo er konnte. So nahm er, als sein einziger Sohn im Alter von 20 Jahren starb, zwei Waisen an Kindesstatt an.    Eine durch ihn geheilte Pariserin schenkte 20 000 Franks für einen in Jemeppe zu errichtenden Antonistentempel, wozu sich bald weitere Gaben aus den verschiedensten Gegenden Europas gesellten.     Die von Anton dem Heiler gegründete Zeitschrift „L'Aureole de la Conscience“ erfreut sich eines weiten Leserkreises.   Sie wird, wie sonstige Antonistenschriften und Flugblätter in einer mit dem Tempel verbundenen Druckerei hergestellt. Am Tempel in Jemeppe, in dem die Leiche Antons aufgebahrt wurde, hängt folgender Maueranschlag:    „Brüder! Der Verwaltungsrat des Antonistenkultus macht bekannt, daß sich Vater heute morgen, den 25. Juni, seiner körperlichen Hülle entledigt hat. Bevor er seinen Leib verließ, berief er seine Jünger noch einmal zu sich, um ihnen zu erklären, daß ihn Mutter in seiner Mission vertreten und stets seinem Beispiel folgen wird. Es bleibt also alles unverändert. Mutter wird zu den allgemeinen Heilhandlungen an den vier ersten Tagen jeder Woche um 10 Uhr die Tribüne besteigen. Die Beerdigung Vaters wird Sonntag, den 30. Juni, um 3 Uhr, stattfinden. Der Verwaltungsrat.“    Zu dem Begräbnis des Wundermannes waren riesige Menschenmassen von nah und fern nach Jemeppe geeilt, so daß der ganze Ort überfüllt war. Die Zahl der Teilnehmer an dem Leichenzuge, in den die Antonisten in „Uniform“ - langer schwarzer Levitenrock, halbhoher flacher schwarzer Filshut - stark vertreten waren, wird auf 15 000 geschätzt.

    Westdeutsche Landeszeitung, 10.7.1912

     

    Traduction :

         * Antoine, le guérisseur.   On peut lire dans des feuilles liégeoises :    Le 25 mars, une personnalité connue au-delà de la Belgique, Antoine le guérisseur, est décédé à Jemeppe. Avec lui, c'est en tout cas un rare personnage tout à fait singulier qui a quitté la vie.    Antoine Louis – tel était le vrai nom du défunt – était né en 1846 dans le village de Mons-Crotteux, à 11 kilomètres de Liège, comme fils de petits paysans. Il n'a reçu qu'une éducation primaire insuffisante et, ayant dû travailler très tôt dans une mine de charbon, il savait à peine lire. En 1869, il devint soldat et se rendit en tant que tel à la frontière française pendant la guerre suivante. C'est là qu'il vécut un incident qui le marqua profondément et durablement : lors d'un exercice, il y eut soudain un tir à balles réelles qui tua un soldat. Lors d'une enquête sur l'origine du coup de feu, Louis se présenta et annonça que son fusil s'était déchargé de lui-même.     On l'a cru et il est resté impuni. Après sa libération, il retourna à Mons-Crotteux, travailla d'abord comme machiniste dans une mine de charbon à Flemalle, puis se maria, trouva un emploi dans une mine belge à Stolberg près d'Aix-la-Chapelle et ouvrit quatre ans plus tard un magasin de légumes à Jemeppe, qu'il dut bientôt abandonner.     En vertu d'un nouveau contrat avec la mine de Stolberg, il obtint ensuite un poste de maître à Praga, près de Varsovie, où sa femme tenait avec succès une cantine. A Varsovie, Louis avait pris goût à la lecture et à la discussion de questions religieuses et économiques grâce à la fréquentation de quelques autres ouvriers à l'esprit proche, et il avait fait connaissance avec le traitement au camphre du médecin français Raspail, très répandu à l'époque, qu'il avait également essayé et grâce auquel il avait acquis une réputation de guérisseur.     Mais à Varsovie, il avait également assisté à la violente répression d'une émeute, au cours de laquelle des personnes avaient été pendues sur les places publiques et la population effrayée avait exposé des images de saints aux fenêtres pour se protéger de la colère des soldats.    C'est ainsi que s'est développée en lui l'idée de racheter la société humaine des maux existants par la "bonté". Il revint en Belgique, devint agent d'assurance, trouva un ami à Seraing, avec lequel il fréquenta une petite auberge très respectée, située à Tilleur près de Seraing, dont le propriétaire était spirite, et assista aux séances qui s'y tenaient. Louis devint rapidement le "millionnaire" de ce petit club.     Il acheta des ouvrages spirites, fonda une collection de livres, rassembla les adeptes dans l'une de ses maisons à Jemeppe – il y avait entre-temps acquis trois terrains – et en fit un groupe de "Vignerons du Seigneur".    Son ami fonda un petit journal, "Le Tombeau", qui ne vécut qu'un an, entra entre-temps dans une chaude querelle avec le pasteur protestant de Seraing et finit par disparaître parce que son éditeur fit ses adieux au spiritisme et entra dans la vie politique (il y a aujourd'hui atteint un rôle relativement important).    Antoine le Guérisseur reconnut alors sa véritable vocation et trouva sa propre voie : il se souvint qu'on l'avait chassé en Russie, que le pouvoir de la volonté guérissait les maladies, et se lança dans ce qu'on appelle la prière de guérison.    Il ne fait aucun doute qu'il y parvenait par la suggestion.    Antoine le guérisseur était un homme très simple, dénué de toute prédisposition aux faux semblants et qui croyait en lui-même.     Il n'a jamais pensé à exploiter les crédules ; en revanche, comme sa femme, il faisait le bien là où il le pouvait. Ainsi, lorsque son fils unique est mort à l'âge de 20 ans, il a recueilli deux orphelines à l'adoption.    Une Parisienne guérie par lui offrit 20 000 francs pour la construction d'un temple antoiniste à Jemeppe, auxquels s'ajoutèrent bientôt d'autres dons provenant des régions les plus diverses d'Europe.     La revue "L'Auréole de la Conscience", fondée par Antoine le Guérisseur, jouit d'un large cercle de lecteurs.   Elle est produite, comme les autres publications et les tracts antoinistes, dans une imprimerie liée au temple. Le temple de Jemeppe, où le corps d'Antoine a été déposé, porte l'inscription suivante :    "Frères ! Le Conseil d'administration du culte Antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui, mardi matin, 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à recevoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère Le remplacera dans sa mission. Il n'y a donc rien de changé. Mère montera à la tribune pour les opérations générales, les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin, à 3 heures".    Pour les funérailles du miraculé, des foules immenses, venues de près et de loin, s'étaient précipitées à Jemeppe, si bien que tout le village était bondé. On estime à 15 000 le nombre de participants au cortège funèbre, dans lequel les Antoinistes étaient fortement représentés en "uniforme" – longue lévite noire, chapeau plat de feutre noir à mi-hauteur.

    Journal régional d'Allemagne de l'Ouest, 10 juillet 1912


    votre commentaire
  • Funérailles - Cercueil dans le porche du Temple (Archives de soeur Mya)Les funérailles du Père Antoine (Archives de soeur Mya)

                         Cercueil dans le porche du Temple                                      La foule dans la rue Hulos

    Funérailles - La foule (Archives de soeur Mya)Funérailles - Portée du cercueil vers le cimetière (Archives de soeur Mya)

                             La foule vers le cimetière                                                    Portée du cercueil

    Funérailles - Mise en terre (Archives de soeur Mya)

    Mise en terre

    (Archives de Sœur Mya) - cliquez sur les images pour agrandir


    votre commentaire
  • Anton der Heiler (General Anzeiger für Dortmund, 27.6.1912)    Brüssel, 26. Juni. (Anton der Heiler.) In Jemeppe ist gestern im Alter von 66 Jahren ein Wunderdoktor und Prophet, der sich „Anton der Heiler“ nannte, gestorben. Der Mann arbeitete in feiner Jugend in Rußland und kehrte anfangs der 90 er Jahre nach Belgien zurück. Er gründete eine Kolonie und predigte dieser einen vereinfachten Katholizismus, offenbar unter dem Einfluß der Theorien des Grafen Tolstoi. Seine Anhängerschar wird auf etwa 100 000 berechnet.
        Er nannte seinen Kultus den Antoinismus. Im vorigen Jahre hatten seine Anhänger eine Petition an die belgische Kammer gerichtet und ersucht, man solle ihre Religion als eine staatlich offizielle anerkennen. Die Kammer hat diesem Ersuchen nicht stattgegeben. Trotzdem predigte Anton seine Religion weiter. Er hatte sogar Anhänger in Deutschland und den Vereinigten Staaten von Nordamerika, die alljährlich zu ihm pilgerten.
        Seine Haupttätigkeit bestand in Wunderkuren, die ihn verschiedene Male mit dem Strafrichter in Konflikt brachten. Er wurde aber nur einmal zu einer geringfügigen Geldstrafe verurteilt. Anton war ein Schwärmer, der seine Kuren selbstlos ausübte, denn er hatte sich in Rußland ein Vermögen erworben. Auf seinem Totenbette hatte er bestimmt, daß seine Frau als Priesterin seiner Religion an die Spitze seiner Gemeinde treten solle.

    General Anzeiger für Dortmund, 27.6.1912

     

        Article repris presque à l'identique par le Lüdenscheider Tageblatt, du 11.7.1912:  Anton der Heiler (General Anzeiger für Dortmund, 27.6.1912)

     

    Traduction :

        Bruxelles, 26 juin. (Antoine le Guérisseur.) Un médecin miracle et prophète qui se faisait appeler "Antoine le Guérisseur" est décédé hier à Jemeppe à l'âge de 66 ans. L'homme a travaillé en Russie quand il était jeune et est revenu en Belgique au début des années 1890. Il fonde une colonie et prêche un catholicisme simplifié, apparemment influencé par les théories du comte Tolstoï. Ses partisans sont estimés à environ 100 000.
        Il a appelé son culte l'Antoinisme. L'année dernière, ses partisans ont adressé une pétition à la Chambre belge, demandant que leur religion soit reconnue par l'État. La Chambre n'a pas accepté cette demande. Malgré cela, Antoine a continué à prêcher sa religion. Il avait même des partisans en Allemagne et aux États-Unis d'Amérique qui faisaient des pèlerinages annuels pour le voir.
        Son activité principale consistait en des guérisons miraculeuses, ce qui le mit en conflit avec le juge pénal à plusieurs reprises. Cependant, il n'a été condamné qu'une seule fois à une petite amende. Antoine était un fanatique qui pratiquait ses cures avec désintéressement, car il avait fait fortune en Russie. Sur son lit de mort, il avait décrété que sa femme dirigerait sa communauté comme prêtresse de sa religion.


    votre commentaire
  • L'Enterrement d'Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 2 juillet 1912)(Belgicapress)

    L'Enterrement d'Antoine le Guérisseur

        Les antoinistes ont enterré dimanche, à Jemeppe, leur prophète. Il y avait foule, foule dans les trains, foule dans les trams, foule dans les rues, dans les cafés, aux fenêtres des maisons, sur les toits des voitures et jusque sur le remblai du chemin de fer que devait longer le cortège funèbre.
        La cérémonie était fixée à trois heures après-midi, et, le matin déjà, Jemeppe était empli d'étrangers. On s'écrasait aux abords du temple. On ne trouvait pas la moindre place où s'asseoir dans les cafés. Des nuées de camelots criaient le portrait d'Antoine le Généreux, le dernier souvenir d'Antoine le Guérisseur, la vie et la doctrine du Père Antoine.
        Le cercueil de hêtre verni, que surmonte l'ensemble de métal blanc découpé représentant l'« arbre de la science » et qu'aucun autre ornement ne décore, est placé dans un couloir du temple, sur une table recouverte d'un drap vert. Pas de cierge, pas de tenture. La foule entre dans le temple par la rue Hullos, passe devant la bière et sort par la rue du Bois-de-Mont. C'est un défilé ininterrompu. « Et dire que cela dure depuis mardi sans arrêter ! » dit un adepte, avec quelque naïve fierté. A mesure que l'heure de l'inhumation approche, la foule devant le temple devient toujours plus dense. On s'écrase les pieds, on s'aplatit les ventres, on s'étouffe sans scrupule. Cette rue du Bois de Mont n'est pas large, et il y a facilement dix mille personnes qui s'y pressent. Et toujours le monde arrive de tous les côtés.
        A trois heures, M. Delcroix, à la tête des adeptes qui ont revêtu le costume rituélique – chapeau de demi-haute forme en feutre noir, longue redingote sévère des pasteurs protestants et col rabattu – vient faire la levée du corps. Au coin des rues Hullos et du Bois de Mont, M. Delcroix lit les principes du culte. Puis le cortège se met en marche par la rue des Tomballes, la rue Toute-voie et la rue du Bois de Mont vers le cimetière de Jemeppe où seuls les adeptes seront admis. Il avance péniblement, devant se frayer un chemin dans la foule qui ne recule pas.
        Au cimetière, on descend le cercueil dans la fosse. M. Delcroix fait une nouvelle lecture des articles de la foi antoiniste et c'est fini. La cérémonie a été d'une simplicité extrême. Ensuite, les fidèles sont rentrés au temple pour s'y recueillir.

    Gazette de Charleroi, 2 juillet 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • L'enterrement d'Antoine de Guérisseur (La Meuse, 1er juillet 1912)(Belgicapress)L'ENTERREMENT
                     D'ANTOINE LE GUERISSEUR

        Antoine le Guérisseur, le Père Antoine, comme on l'appelait communément dans le pays, a été enterré hier dimanche, à 3 h. de l'après-midi.
        L'affluence était considérable ; les trams, dont le service avait été doublé, les trains et les bateaux-mouches déversaient des flots considérables de personnes de Liége et des environs. Le train Jemeppe-Hannut amena de nombreux Hesbignons.
        Jamais, de mémoire d'homme, à part lors des obsèques du député socialiste Wettinck, on ne vit pareille foule à Jemeppe.
        C'est une véritable procession, depuis le pont de Seraing jusqu'au Temple Antoiniste, vers lequel on s'avance difficilement, à travers la cohue, et dont l'accès est presque impossible.
        Le long du chemin, de nombreux camelots vendent le portrait du Père Antoine.
        Des gens entreprenants ont dressé, devant leurs fenêtres ouvertes ou sur le pas de leur porte, de petits étalages, et l'on peut se procurer, auprès d'eux, le dernier souvenir d'Antoine le Généreux, que presque tout le monde achète.
                     DANS LE TEMPLE
        Au prix de maints efforts, nous parvenons à nous introduire dans le temple.
        Tous les adeptes : femmes, enfants et hommes, y sont rassemblés. Tous sont très affectés, beaucoup de femmes pleurent.
        Dans le porche conduisant à la sortie, qui se fait rue du Bois-de-Mont, le cercueil, en hêtre vernis, sans la moindre garniture, repose sur une table recouverte d'un drap vert.
        A la tête de ce catafalque rudimentaire se trouve une plaque en fer nickelé, affectant la forme d'un blason et surmontée d'un arbre, sur laquelle on lit : « L'Arbre de la Science de la Vue du Mal. »
        Et la foule défile... défile, jusqu'au moment où le cortège se forme. Devant le temple, environ 6,000 personnes stationnent pour le voir sortir.
                     LE CORTEGE
        Il est composé uniquement d'adeptes, précédés de la plaque portant les insignes du culte.
        Le cercueil, recouvert du drap vert, est porté à la main par des antoinistes.
        Pas le moindre bouquet, pas la plus petite couronne.
        Le deuil est conduit par M. Jean Dor, de Jemeppe, neveu du défunt, dont la ressemblance avec le Père Antoine est frappante.
        A la sortie du temple. M. Delcroix lit les principes d'Antoine, et lentement, escorté par la police et la gendarmerie, le cortège se met en marche vers le cimetière.
        Il doit, pour se conformer à l'arrêté du bourgmestre de la localité, emprunter les voies de communication les plus directe pour se rendre au champ des morts.
        Les rues Tombales, Toutes-Voies et Bois-du-Mont, par où l'enterrement doit passer, sont noires de monde.
        Rue Toutes-Voies, les talus du chemin de fer sont envahis par la foule. Le spectacle est vraiment émotionnant.
                     AU CIMETIERE
        Le cimetière de Jemeppe est situé au-dessus de la rue de Bois-du-Mont. Seuls, les adeptes ayant revêtu le costume sont autorisés à y pénétrer.
        Selon le rituel du culte d'Antoine, l'inhumation est exempte de tout cérémonial.
        M. Delcroix dit quelques mots sur les principes Antoinistes et le cercueil est descendu dans la fosse.
        Voilà comment fut enterré Antoine le Guérisseur, dont le renom s'est étendu au delà de nos frontières.
                     QUELQUES DETAILS
        Toute l'après-midi, la foule stationna devant le Temple. Lorsque le cortège fut parti, de nombreuses personnes y pénétrèrent et allèrent se désaltérer à la fontaine qui se trouve dans un coin.
        Sur le parcours du cortège, des fenêtres se louèrent cinq et dix francs. Depuis trois jours, les logements ont eu, paraît-il, toutes leurs chambres occupées par les adeptes étrangers d'Antoine.
        On évalue à 25,000 environ le nombre des personnes arrivées hier à Jemeppe.
        Jusque bien tard une grande animation régna dans les rues, et les tables des restaurants furent prises d'assaut.
        Le service d'ordre était assuré par M. le bourgmestre Delville ; M. Jacquet, commissaire de police ; la police et la gendarmerie locale.
                                                                                 René L…

    La Meuse, 1er juillet 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • Mort d'Antoine le Guérisseur (La Meuse, 25 juin 1912)(Belgicapress)

     MORT D'ANTOINE LE GUERISSEUR

        Comme nous l'avions fait prévoir hier soir, M. Louis Antoine, surnommé Antoine le Guérisseur, est mort ce matin dans son temple.
        Depuis le mois de février, son état de santé était devenu très précaire. Toutefois, contrairement à notre information d'hier, ce n'est pas à une attaque d'apoplexie que l'on doit attribuer sa mort, mais uniquement à la fatigue et à l'épuisement résultant de l'excès du travail. Immédiatement après sa mort. M. Delcroix, professeur à l'Athénée de Liége, prit la parole devant la foule accourue de toutes parts pour venir saluer la dépouille mortelle de celui dont la réputation était devenue mondiale.
        Dans son allocution, qui a fait grande impression, le distingué professeur a annoncé à la foule recueillie que M. Antoine n'avait fait aucun testament et qu'il avait transmis ses pouvoirs à sa femme, qui continuera l'enseignement de son culte et de sa doctrine.
        Le corps du fondateur du culte antoiniste repose au milieu du temple. Ni bougies, ni fleurs, si ce n'est quelques lauriers placés en cercle. Le vénéré défunt porte l'habit de son culte. Ses traits sont calmes.
        A l'entrée du temple, des adeptes en tenue antoiniste distribuent cet avis.

                                           Frère,
        Le Conseil d'administration du Culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui, mardi matin, 26 juin. Avant de quitter son corps, Il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère Le remplacera dans sa mission, qu'Elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribute pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 20 juin, à 3 heures.
                                                                      Le Conseil d'administration.

        Voici quelques notes biographiques :
        Louis Antoine était un ouvrier, né à Mons-Crotteux (province de Liége) en 1856, de parents pauvres, simples et foncièrement honnêtes. Il était le cadet de sa famille qui comptait onze enfants. Il débuta à 12 ans dans la mine, accompagnant son père et un frère qui étaient également mineurs. Ne voulant plus descendre dans la fosse, il devint ouvrier métallurgiste. A 24 ans, il quitta la Belgique pour aller travailler en Allemagne, où il séjourna pendant 5 ans. Deux ans plus tard, il alla à Pragua, près de Varsovie (Pologne Russe) et y accomplit un nouveau terme de 5 années, puis il s'installa définitivement en Belgique, à Jemeppe-sur-Meuse. Dans l'intervalle de son séjour en Allemagne, il revint au pays, épouser une femme, dont il avait fait la connaissance avant son départ. De leur union, naquit un enfant, un garçon que la mort leur ravit à l'âge de 20 ans. Leur séjour à l'étranger leur avait permis d'amasser une petite fortune. Ils la sacrifièrent pour venir en aide aux malheureux, éprouvant plus de bonheur à la dispenser à tous qu'ils n'en avaient trouvé en l'acquérant par leur labeur.
        Antoine le Guérisseur vécut très simplement et très sobrement. Ce fut un végétarien total. Il ne mangeait ni viande, ni œufs, ni beurre, ni lait, en un mot rien qui provint de l'animal ; il s'appliqua à rester en tout dans le naturel, fit lui-même tous les menus travaux que nécessita son entretien. Son travail du jour et de la nuit pour ceux qui firent appel à son concours, exigeait un recueillement constant. C'est pourquoi il vécut absolument retiré. Sa femme, une brave épouse, simple et modeste, qui va lui succéder, adopta deux orphelines, qu'ils ont élevées. En plusieurs circonstances, Mme Antoine remplaça son époux en opérant en son nom. Le défunt professa la religion catholique jusqu'à l'âge de 42 ans, puis il s'appliqua à la pratique du spiritisme, sans s'attarder toutefois dans le domaine expérimental pour lequel il n'avait aucune aptitude et qui ne le tentait nullement. Sachant à peine lire et écrire, il se trouvait incompétent pour résoudre ce problème scientifique : il lui préféra la morale et s'y adonna de tout cœur. Il continua jusqu'en 1906, date à laquelle il a créé le Nouveau Spiritualisme : c'est là que commença sa mission.
        Antoine le Guérisseur n'était pas instruit ; et, le peu de connaissance qu'il possédait il les avait acquises en dehors de l'école par son travail personnel. Mais au point de vue de la morale, il fut de tout temps supérieur à son milieu et à son époque, car il s'appliqua sans cesse à son amélioration. Sa mère était une femme pieuse et charitable. C'est dire que le fils fit ses premiers pas dans la voie de la charité qu'il a toujours suivie par la suite.
        Au contact incessant de la quantité innombrable de personnes qui le consultèrent chaque jour depuis plus de 21 ans, Antoine le Guérisseur n'a cessé d'être bienveillant, accueillant et très aimable.

    *  *  *

        A Jemeppe, comme partout d'ailleurs, Louis Antoine était entouré d'une profonde vénération.
        C'est une figure noble, étrange et troublante qui disparait avec Antoine le Guérisseur, fondateur de religion et thaumaturge.
        Antoine exerçait dans tout le pays de Jemeppe une influence salutaire. C'était un homme animé de généreux sentiments humanitaires et d'une grande foi mystique. A notre époque il apparaissait un peu comme un personnage anachronique et mystérieux de légende. Il sera très vivement regretté.
        On se souvient qu'Antoine fut, à deux reprises, poursuivi pour exercice illégal de l'Art de Guérir. Il fut, une première fois, condamné à 36 francs d'amende et la seconde il fut acquitté.
        Antoine avait fait de nombreux adeptes partout : en France, en Allemagne et en Belgique. Il avait fondé, dans la région de Jemeppe, un Cercle qui comprend un nombre considérable de membres.
        Le temple de Jemeppe possède son imprimerie d'où sortent des publications hebdomadaires dont le tirage s'élève, paraît-il, à vingt mille exemplaires.
        Depuis ce matin c'est un va et vient continuel. De tous les pays, de toutes les villes arrivent à la mortuaire des télégrammes de condoléances. Devant le temple, une foule compacte se presse et il faut attendre son tour pour pouvoir aller saluer la dépouille mortelle.
        A proximité du temple quelques marchands de cartes illustrées offrent, pour 10 centimes, le portrait du défunt.
        Sur toutes les figures des adeptes du culte antoiniste se lit la plus profonde consternation.
        On peut s'attendre pour dimanche à d'imposantes funérailles.

    La Meuse, 25 juin 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • Antoine le guérisseur (L'Indépendance luxembourgeoise, 27 juin 1912)(eluxemburgensia.lu)

                                               «Antoine le guérisseur»
        Louis Antoine, dit «Antoine le guérisseur», vient de mourir à Jemeppe, près de Namur.
        Après un long séjour en Russie, il était, en 1903, revenu à Jemeppe et y avait fait construire un temple, qui devint par la suite un lieu de pèlerinage, car, à en croire les habitants de l'endroit, Antoine y accomplissait de nombreuses guérisons.
        L'an dernier, une pétition couverte de milliers de signatures fut remise au Parlement belge, demandant la reconnaissance officielle du «culte antoiniste», qui compte des adeptes en Belgique, en Allemagne et en France.

    L'Indépendance luxembourgeoise, 27 juin 1912 (source : eluxemburgensia.lu)


    votre commentaire
  • Antoine le Guérisseur serait mourant (Le Peuple, 25 juin 1912)(Belgicapress)Antoine le Guérisseur
                            serait mourant

        Lundi matin, les allées et venues des antoinistes, à Jemeppe, avaient excité l'attention et le bruit courut aussitôt que Louis Antoine, dit le Guérisseur, se trouvait à l'article de la mort.
        Depuis quelques jours, la santé d'Antoine est devenue précaire et lundi matin un incident inattendu a encore accru les craintes de son entourage.
        Vers 10 h. 30, comme il se trouvait dans son temple, il s'affaissa subitement, frappé d'apoplexie.
        On dut le transporter chez lui où il reprit peu à peu ses sens.
        Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanelles d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux dont la caractéristique est la laideur, parmi lesquels un professeur d'athénée, étaient accourus.
        Antoine alors proféra : « Demain quelque chose de sérieux se produira ». Puis il ajouta une voix sourde : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux ».
        Tous les antoinistes sont consternés.
        Une fois le saint homme disparu, que deviendra la communauté ?
        Antoine on le sait, a tardé beaucoup avant de faire « sa » révélation.
        Cet étonnant fondateur de culte fut pendant nombre d'années occupé à la division des forges et martelage de la société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances. On le dit propriétaire des maisons ouvrières qui entourent son temple. D'aucuns estiment sa fortune à 80,000 francs.
        Quoi qu'il en soit, Antoine le Guérisseur a toujours vécu modestement.

    Le Peuple, 25 juin 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • ''Anton der Heiler'' gestorben (Luxemburger Bürger=Zeitung, 2. Juli 1912)(eluxemburgensia.lu)

        „Anton der Heiler“ gestorben. Brüssel, 27. Juni. In Jemappe, unweit Lüttich, ist im Alter von 66 Jahren ein Wunderdoktor u. Prophet, „Anton der Heiler“, gestorben. Dieser Mann war ehemals in Rußland als Arbeiter beschäftigt; er kam im Jahre 1895 nach Belgien zurück und gründete eine Kolonie von Schwärmern, denen er einen vereinfachten Katholizismus predigte. Offenbar stand er unter dem Einfluß der Tolstoischen Theorien. Er nannte seine Religion Antoinismus. Seine Anhängerzahl soll sich auf 100 000 belaufen haben, die im vorigen Jahre an die belgische Kammer eine Petition richteten und um staatliche Anerkennung ihrer Religion ersuchten. „Anton der Heiler“ hatte sich einen Tempel errichtet und dort führte er Wunderkuren aus. Er kam verschiedene Male mit dem Strafrecht in Konflikt, wurde aber nur einmal zu einer geringen Geldstrafe verurteilt. Sein Einfluß war ein großer. Er hat jetzt bestimmt, daß seine Frau sein Werk weiterführen soll.

    Luxemburger Bürger=Zeitung, 2. Juli 1912 (source : eluxemburgensia.lu)

     

    Traduction :

        Mort d'« Antoine le guérisseur ». Bruxelles, le 27 juin. Un thaumaturge et prophète, « Antoine le guérisseur », est mort à Jemappe, non loin de Liège, à l'âge de 66 ans. Cet homme avait été employé comme ouvrier en Russie ; il revint en Belgique en 1895 et fonda une colonie d'enthousiastes auxquels il prêchait un catholicisme simplifié. Il était apparemment influencé par les théories de Tolstoï. Il a appelé sa religion l'antoinisme. Ses adeptes seraient au nombre de 100 000 et auraient adressé l'année précédente une pétition à la Chambre belge pour demander la reconnaissance de leur religion par l'Etat. « Antoine le guérisseur » s'était construit un temple où il pratiquait des cures miraculeuses. Il eut plusieurs fois des démêlés avec la justice pénale, mais ne fut condamné qu'une seule fois à une légère amende. Son influence était grande. Il a maintenant décidé que sa femme poursuivrait son œuvre.

    Luxemburger Bürger=Zeitung, 2 juillet 1912


    votre commentaire
  • Antoine le Guérisseur est mort (Courrier de l'Escaut, 27 juin 1912)(Belgicapress)

                                                                            Antoine le Guérisseur
    est mort. Né à Flémalle-Grande en juin 1846, il avait donc 66 ans et s'était établi, voilà une vingtaine d'années en cette localité de Jemeppe où il avait fait élever ce temple où il officiait gravement. On sait qu'il avait changé son ancien métier d'armurier contre celui de grand prêtre de la « religion antoiniste » et qu'il est parvenu à se faire nombre d'adeptes dans le peuple qui le qualifiait de guérisseur parce qu'il lui attribuait des cures, résultat de prières et d'imposition de mains sur le malade. Poursuivi deux fois pour exercice illégal de la médecine, il fut acquitté une fois, condamné à l'amende une autre fois.

    Courrier de l'Escaut, 27 juin 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • Mort d'Antoine le Guérisseur (Journal de Genève, 28 juin 1912)

    Mort d'Antoine le Guérisseur

        Un homme de Wallonie, un petit bourgeois, presque du peuple, est mort mardi, qui avait acquis non seulement en Belgique même mais un peu partout où il y avait des malades et des désespérés, une célébrité et un crédit exceptionnels ; c'est, dit le Temps, celui qu'on appelait Antoine le Guérisseur. Il n'avait fait rien de moins que de fonder une religion, une espèce de variété de christianisme mélangé de théosophie. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains, à la manière des christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
        Peu à peu les malades de l'âme comme du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmappes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années il y avait les foules de Jemmappes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants, formaient une communauté éparse en divers lieux, mais fort nombreuse.
        Depuis mardi le prophète et guérisseur belge n'est plus.
        Il y a quelque jours, la santé d'Antoine était devenue précaire et lundi matin un incident inattendu a encore accru les craintes de son entourage. Vers, dix heures trente, comme il se trouvait dans son temple, il s'affaissa subitement, frappé d'apoplexie. On dut le transporter chez lui, où il reprit peu à peu ses sens. Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanelles d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux, étaient accourus auprès du lit de leur maître. Antoine alors proféra : « Demain quelque chose de sérieux se produira. » Puis il ajouta d'une voix sourde : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux. »
        Antoine avait tardé beaucoup avant de faire sa révélation et de se déclarer l'homme de Dieu. Pendant nombre d'années, il était un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances. Enfin vinrent la grâce, l'action publique, les prédications publiques. Antoine était alors déjà dans l'âge mûr.
        Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 exemplaires et répandait les doctrines de l'apôtre.
        Il y a quelques mois, les antoinistes de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fut reconnue par l'Etat. La pétition des fidèles du culte antoiniste portait cent mille signatures.
        L'œuvre d'Antoine ne sera pas arrêtée par sa mort. Au temple, où son corps est exposé, l'affiche suivante a été apposée :

    CULTE ANTOINISTE

               Frère,
        Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin, à trois heures.
                                             Le conseil d'administration.

    Journal de Genève, 28 juin 1912


    votre commentaire
  • Antoine le Guérisseur serait à la mort (La Meuse, 24 juin 1912)(Belgicapress)

        ANTOINE LE GUERISSEUR SERAIT A LA MORT. – Il y a eu, ce matin, à Jemeppe, un moment de gros émoi. Des quatre coins du village, on affirmait la mort de M. Louis Antoine, surnommé Antoine le guérisseur. D'autres, plus prudents, disaient que son état de santé venait de devenir subitement très inquiétant pour ceux de son entourage. Renseignements pris, voici ce qui en est : Effectivement l'état de M. Antoine est considéré comme désespéré ce matin, vers 10 heures, il avait encore pris possession de sa tribune, mais là il se borna à faire quelques gestes sans pouvoir prononcer une parole. Une demi-heure après, il s'affaissa, frappé par une attaque d'apoplexie. Alors, ce fut un va-et-vient continuel d'Antoinistes, venant de toutes les directions et se rendant au temple. Là reposait dans un fauteuil l'homme dont la réputation est devenue universelle.
        Il fit cette déclaration : « Il va se produire un grand événement » et, faisant allusion à sa mort prochaine, il manifesta le désir que sa femme lui succédât dans son enseignement religieux.

    La Meuse, 24 juin 1912 (source : Belgicapress)


    votre commentaire
  • Un guérisseur (Le progrès médical, 1912, p.349)

    BULLETIN DU PROGRÈS MÉDICAL

    Un guérisseur.

        Un singulier personnage vient de mourir. On l'appelait Antoine le guérisseur ou encore Antoine le généreux. Ancien ouvrier lamineur, dénué de culture, mais doué d'une extraordinaire puissance psychique, il prétendait posséder le pouvoir de soulager ses semblables ; il les délivrait de leurs maux physiques et leur restituait le bien-être. D'innombrables témoignages attestent les cures qu'il opérait ainsi, sans remède, par la seule vertu de sa présence et de sa volonté. Chaque jour des centaines de malades accouraient vers lui : les aveugles voyaient, les paralytiques marchaient. « C'est la foi qui opère », disait-il, sérieusement ou ironiquement, je ne sais ; se souvenant de son métier d'autrefois il ajoutait : « Le feu de la forge rend le fer malléable, et alors l'homme en fait ce qu'il désire. Notre âme est un peu ainsi ». Les syndicats médicaux lui intentèrent un procès pour exercice illégal de la médecine. Bien entendu, les tribunaux l'acquittèrent sous prétexte qu'il ne tirait aucun salaire de ses soins. Alors il fonda une sorte de religion « l'Antoinisme » dont les adeptes se répandirent dans toutes les parties de l'univers.
        Un admirateur passionné consacra 100.000 francs à lui bâtir un temple à Jemmapes. Une pétition couverte de 130.000 signatures et adressée au gouvernement belge demanda que « l'Antoinisme » fût officiellement reconnu. Le nouveau culte recruta un peu partout ses fidèles ; des groupes se formèrent à Paris, à Tours, à Vichy, à Lyon, à Nice, à Grenoble.
        Antoine avait fondé des organes qui propageaient sa doctrine. L'Unitif portait partout la bonne parole. « Vous ne pouvez faire de la morale à personne, y disait-il ; ce serait prouver que nous ne faites pas bien, car elle ne s'enseigne pas par la parole, mais par l'exemple... Tachez de vous persuader que la moindre souffrance est due à votre intelligence qui veut toujours plus posséder : elle se fait un piédestal de la clémence, en prétendant que tout lui soit subordonné ». Ce langage, de par son obscurité même, séduisait et attirait les cœurs simples.
        Le cas n'est pas nouveau. De tout temps il a existé des guérisseurs de l'espèce d'Antoine. Il y en avait aux Indes, en Grèce, à Rome, chez les Gaulois, plus tard au moyen-âge, dans les villes et dans les campagnes où ils se livraient à leurs pratiques suspectes. Parfois on les tolérait ; souvent convaincus de sorcellerie, condamnés par l'Eglise, ils périssaient de la main du bourreau. Mais ces persécutions ne les décourageaient pas. Ils renaissaient de leurs cendres. Leur race est indestructible. Elle résiste aux progrès de la science, à l'évolution des meurs, au développement de l'esprit d'analyse et d'examen. Hier, Antoine avait des émules en la personne du célèbre zouave Jacob, qui jouit, pendant un demi-siècle, d'une réputation mondiale ; en la personne du non moins fameux Philippe, que le tsar manda à St-Pétersbourg afin de le consulter sur la santé de l'impératrice et qui revint chargé de présents et d'honneurs. La liste pourrait s'allonger indéfiniment. Plus que jamais aujourd'hui, les voyants, les apôtres de l'occultisme, pullulent. Balzac annonce quelque part que le début du vingtième siècle doit être marqué par une recrudescence de la magie. Sa prédiction s'accomplit. La France compte aujourd'hui plus de dix mille devins et devineresses répartis dans les différents quartiers les plus aristocratiques, les plus populeux, tout le monde veut faire lire son avenir dans le blanc d'œuf ou dans le marc de café. Tout le monde croit au don spécial qui, déjà du temps de Tiresias, se nommait la double vue. Faut-il en conclure avec Renan que seule la bêtise humaine peut nous donner une idée de l'infini ? Ce serait peut-être la réflexion de circonstance, mais elle serait pour le moins parfaitement inutile.             Paul MAURY.

    Le progrès médical, 1912, p.349


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique