• L'enterrement d'Antoine de Guérisseur (La Meuse, 1er juillet 1912)(Belgicapress)

    L'enterrement d'Antoine de Guérisseur (La Meuse, 1er juillet 1912)(Belgicapress)L'ENTERREMENT
                     D'ANTOINE LE GUERISSEUR

        Antoine le Guérisseur, le Père Antoine, comme on l'appelait communément dans le pays, a été enterré hier dimanche, à 3 h. de l'après-midi.
        L'affluence était considérable ; les trams, dont le service avait été doublé, les trains et les bateaux-mouches déversaient des flots considérables de personnes de Liége et des environs. Le train Jemeppe-Hannut amena de nombreux Hesbignons.
        Jamais, de mémoire d'homme, à part lors des obsèques du député socialiste Wettinck, on ne vit pareille foule à Jemeppe.
        C'est une véritable procession, depuis le pont de Seraing jusqu'au Temple Antoiniste, vers lequel on s'avance difficilement, à travers la cohue, et dont l'accès est presque impossible.
        Le long du chemin, de nombreux camelots vendent le portrait du Père Antoine.
        Des gens entreprenants ont dressé, devant leurs fenêtres ouvertes ou sur le pas de leur porte, de petits étalages, et l'on peut se procurer, auprès d'eux, le dernier souvenir d'Antoine le Généreux, que presque tout le monde achète.
                     DANS LE TEMPLE
        Au prix de maints efforts, nous parvenons à nous introduire dans le temple.
        Tous les adeptes : femmes, enfants et hommes, y sont rassemblés. Tous sont très affectés, beaucoup de femmes pleurent.
        Dans le porche conduisant à la sortie, qui se fait rue du Bois-de-Mont, le cercueil, en hêtre vernis, sans la moindre garniture, repose sur une table recouverte d'un drap vert.
        A la tête de ce catafalque rudimentaire se trouve une plaque en fer nickelé, affectant la forme d'un blason et surmontée d'un arbre, sur laquelle on lit : « L'Arbre de la Science de la Vue du Mal. »
        Et la foule défile... défile, jusqu'au moment où le cortège se forme. Devant le temple, environ 6,000 personnes stationnent pour le voir sortir.
                     LE CORTEGE
        Il est composé uniquement d'adeptes, précédés de la plaque portant les insignes du culte.
        Le cercueil, recouvert du drap vert, est porté à la main par des antoinistes.
        Pas le moindre bouquet, pas la plus petite couronne.
        Le deuil est conduit par M. Jean Dor, de Jemeppe, neveu du défunt, dont la ressemblance avec le Père Antoine est frappante.
        A la sortie du temple. M. Delcroix lit les principes d'Antoine, et lentement, escorté par la police et la gendarmerie, le cortège se met en marche vers le cimetière.
        Il doit, pour se conformer à l'arrêté du bourgmestre de la localité, emprunter les voies de communication les plus directe pour se rendre au champ des morts.
        Les rues Tombales, Toutes-Voies et Bois-du-Mont, par où l'enterrement doit passer, sont noires de monde.
        Rue Toutes-Voies, les talus du chemin de fer sont envahis par la foule. Le spectacle est vraiment émotionnant.
                     AU CIMETIERE
        Le cimetière de Jemeppe est situé au-dessus de la rue de Bois-du-Mont. Seuls, les adeptes ayant revêtu le costume sont autorisés à y pénétrer.
        Selon le rituel du culte d'Antoine, l'inhumation est exempte de tout cérémonial.
        M. Delcroix dit quelques mots sur les principes Antoinistes et le cercueil est descendu dans la fosse.
        Voilà comment fut enterré Antoine le Guérisseur, dont le renom s'est étendu au delà de nos frontières.
                     QUELQUES DETAILS
        Toute l'après-midi, la foule stationna devant le Temple. Lorsque le cortège fut parti, de nombreuses personnes y pénétrèrent et allèrent se désaltérer à la fontaine qui se trouve dans un coin.
        Sur le parcours du cortège, des fenêtres se louèrent cinq et dix francs. Depuis trois jours, les logements ont eu, paraît-il, toutes leurs chambres occupées par les adeptes étrangers d'Antoine.
        On évalue à 25,000 environ le nombre des personnes arrivées hier à Jemeppe.
        Jusque bien tard une grande animation régna dans les rues, et les tables des restaurants furent prises d'assaut.
        Le service d'ordre était assuré par M. le bourgmestre Delville ; M. Jacquet, commissaire de police ; la police et la gendarmerie locale.
                                                                                 René L…

    La Meuse, 1er juillet 1912 (source : Belgicapress)


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