• Dans le mystère (La Meuse, 27 juin 1912)(Belgicapress)

    DANS LE MYSTERE

        En des pages merveilleuses, M. Maurice Maeterlinck a étudié l'influence qu'exercent impérieusement sur le moindre de nos actes les forces du mystère. Notre vie est à la merci de puissances ténébreuses que nous devinons ou que nous pressentons, mais qui restent absolument impénétrables. Dans un de ses drames les plus sobrement émouvants, Intérieur, M. Maeterlinck montre d'une façon saisissante comme nous sommes enveloppés par les arrêts impitoyables de volontés occultes. Ainsi toute notre existence est dominée par le mystère et c'est ainsi qu'Antoine le Guérisseur, qui possédait sans doute la clef du Trésor des Humbles, a pu, à notre époque résolument scientifique, jouit d'un prestige incontestable. Il apportait aux esprits que troublent les forces inconnues des consolations, il leur donnait du courage ; il calmait les consciences affolées, il trouvait les paroles simples et touchantes qui s'adressent directement à l'âme.
        Il put passer ainsi une vie exemplaire, toute de droiture, de bonté et de charité, et il fut entouré de la vénération de ses adeptes, qui venaient à lui de toutes les classes de la société.
        Il possédait le don de l'apostolat ; il avait un pouvoir troublant et dans notre temps de scepticisme ce thaumaturge vénéré avait des allures anachroniques qui l'auréolaient d'une atmosphère de légende.
        Antoine le Guérisseur fonda alors une religion et ses adeptes adressèrent aux Chambres une pétition couverte de 160,000 signatures, dont 22,000 étrangères, pour que le culte Antoiniste fut officiellement reconnu.
        Nous avouons que nous préférons le thaumaturge au législateur rituélique.
        Son geste guérisseur avait je ne sais quelle onction souveraine ; il s'accompagnait de bonté et de beauté, et le spectacle de toute une humanité qui accourait auprès de lui chercher du soulagement à ses maux ne manquait ni d'émotion ni de grandeur et indiquait l'éternelle faiblesse de l'homme devant le jeu indifférent des éléments.
        Antoine le Thaumaturge a droit à la reconnaissance de ses semblables, parce qu'il fut bon et qu'autour de lui il répandit de la bonté.

                                                                              Mestré.

    La Meuse, 27 juin 1912 (source : Belgicapress)


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  • Isi Collin - Antoine le Guérisseur (L'Indépendance Belge, 1er juillet 1912)(Belgicapress)Antoine le Guérisseur

        Antoine, le fameux guérisseur de Jemeppe-sur-Meuse, est mort mardi matin, dans la petite- habitation touchant le temple que les antoinistes avaient fait construire il y a cinq ans.
        Il était âgé de 66 ans. Dimanche, il avait été frappé par l'apoplexie, alors qu'il prêchait.
        La vie d'Antoine avait été celle d'un brave homme, charitable et désintéressé, qu'une manière exaspérée de christianisme mêlée de spiritisme transforma en apôtre de l'amour, « seul remède de l'humanité ».
        Antoine Louis était né à Mons-Crotteux d'une famille de cultivateurs. Tout jeune et presque illettré, il avait été employé dans un charbonnage. Lors de la guerre de 1870, il avait été envoyé avec le régiment de ligne, où il était simple soldat, à la frontière française.
        Là se produisit un accident qui influa beaucoup sur la destinée de cet homme : Au cours d'une manœuvre, Antoine Louis tua d'un coup de fusil un de ses compagnons. Il n'y eut point de suite judiciaire, mais le souvenir de ce malheur affecta vivement Antoine.
        Il fut dans la suite machiniste à Flémalle, se maria et partit pour l'Allemagne, aux usines de Stollberg. Il revint à Jemeppe, fut marchand de légumes ; puis fut engagé comme chef marteleur aux usines belges Pastor de Varsovie. Sa femme tint là une maison de pension, qui fit fortune.
        C'est à Varsovie qu'Antoine se mêla à quelques illuminés ; de graves événements politiques dont il fut témoin exaltèrent en lui une pitié native pour les hommes. Il était alors un grand admirateur des méthodes de Raspail, ce qui lui donnait dans le monde des ouvriers une réputation de médecin rebouteux.
        Il est cependant certain qu'Antoine n'usa jamais de charlatanisme et qu'il fut toujours un sincère, aidant ses malades de son argent autant que de ses conseils.
        Il rentra en Belgique et fut agent d'assurance. Il avait fait construire à Jemeppe quelques maisons et y manifestait une générosité qui l'entoura bientôt de la vénération du peuple.
        Il fréquenta alors un groupe de spirites qui avaient pour guides d'au delà Victor Hugo et le curé d'Ars. Antoine y apporta des idées tolstoïstes et des doctrines d'idéalisme slave. Il apporta aussi quelque argent, qui servit à l'installation d'une bibliothèque scientifique. Un petit journal spirite, le Flambeau, fut fondé ; c'était le début de l'antoinisme.
        Antoine fut concierge, puis encaisseur aux Forges et Tôleries Liégeoises ; mais il abandonna ces fonctions pour se consacrer tout entier à son apostolat. Il s'était, en effet, découvert médium guérisseur et cultiva des dons qui, en Russie déjà, avaient étonné les spirites qu'il fréquentait.
        En 1892, Antoine perdit son fils unique, âgé de 20 ans, et ne le pleura pas. Dès ce moment, il employa son argent à la divulgation de ce qu'il appelait sa révélation. Un jeune professeur d'athénée, une dame de Nice qu'il avait guérie lui servirent de secrétaires. Un adepte lui donna 20,000 francs pour la construction d'un temple ; des dons vinrent de toutes les parties du monde et une revue, l'Auréole de la conscience, fut publiée à Liége.
        Chaque matin, plusieurs centaines de personnes venaient consulter le guérisseur ; on distribuait des tickets pour ces consultations. Chaque matin également, Antoine recevait de France, d'Angleterre, de Scandinavie et d'Allemagne des paquets de télégrammes ; car il prétendait guérir à distance.
        Hors de ces séances et des prêches du dimanche, Antoine vivait en reclus, dictant ses réflexions à un sténographe. Il avait, à la mort de son fils, recueilli deux fillettes dont il surveillait attentivement l'éducation.
        Antoine avait été poursuivi deux fois pour exercice illégal de l'art de guérir. Il avait été condamné une première fois et acquitté la seconde. Ses adeptes lui firent alors une manière de triomphe.
        Des savants allemands et français, des écrivains, des journalistes le visitaient fréquemment. Antoine les recevait comme de de simples malades, se refusant à tout interview.
        Il semble pourtant que sa gloire l'ait un peu troublé ces dernières années. Le développement subit de sa doctrine à Paris, dans le Midi et en Angleterre l'avait amené à changer ses façons de guérir ; il opéra ses guérisons par masse. Il dédaigna moins les marques d'admiration et ce petit paysan aux bons yeux se vêtit d'une lévite et laissa croître ses cheveux.
        Sa « révélation », au reste, était devenue la religion antoiniste et cent mille de ses fidèles belges réclamèrent, par une pétition au Roi et aux Chambres, la reconnaissance du culte antoiniste.
        La mort de cet étrange et doux vieillard causera une vive émotion dans le monde spirite ; mais Antoine a pris soin, avant de mourir, de léguer à sa femme toute sa puissance de guérisseur.
                                                                          COLLIN.

    L'Indépendance Belge, 1er juillet 1912 (source : Belgicapress)

     

        Isi Collin fut écrivain (La Divine rencontre), auteur de théâtre (Sisyphe et le juif errant), poète (Vallée heureuse, Baisers). Il est surtout journaliste au Journal de Liège, à la Nation belge et au journal Le Soir, où il signe ses articles sous le pseudonyme de Compère Guilleri. Il est cité pour ses articles par Pierre Debouxhtay.


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  • Unitif n°12 (derniers moments du Père), vers 1920

     

                                Frères,

           Pour que vous puissiez vous rendre bien compte de la réalité, nous croyons utile d'attirer votre attention sur ce point important : c'est toujours le Père qui préside aux opérations générales, c'est Lui qui travaille, Mère n'est que l'instrument. Devant les adeptes réunis au moment de sa désincarnation, le Père L'a désignée pour Le remplacer en tout ajoutant que Mère suivra toujours son exemple. Ainsi donc Mère opère en son nom. Par grande sensibilité, Elle puise en Lui, dans le fluide éthéré de l'amour divin pour nous restaurer tous. Il n'y a rien de changé, et ceux qui auront foi dans le Père obtiendront satisfaction dans ce qu'ils demandent, comme auparavant, soit en assistant l'opération générale qui a lieu au Temple les quatre premiers jours de la semaine à 10 heures, soit en adressant à Mère les lettres ou télégrammes, suivant l'inspiration reçue ainsi que cela se pratiquait du vivant du Père.

     

     

     

        SOMMAIRE : 1. Les dernières paroles du Père à ses adeptes. – 2. L'affaiblissement physique et la désincarnation du Père. – 3. La dernière opération visible du Père. – 4. Après la désincarnation du Père. – 5. Les obsèques du Père. – 6. Le fluide éthéré.

     

     

     

    Les dernières paroles du Père

    à ses adeptes

        Je n'ai pas fait de testament, Mère est héritière de tout, c'est Mère qui me remplacera.
        Nous nous baserons toujours sur l'Enseignement, nous tâcherons de respecter le naturel. Vraiment il est des personnes qui ne pourront pas toujours le faire parce qu'elles se trouveront gênées en face de celles vis à vis desquelles elles devraient s'humilier. Mais elles seront entraînées par les autres, cela ne tardera guère parce que l'Enseignement marche de l'avant rapidement et nous serons toujours plus forts en face de ceux qui verront le mal en nous.
        Que ceux qui voudront faire des dons s'appuient sur l'anonymat, autrement leurs dons n'auraient pas tant de valeur. . . .
        Depuis le mois de février je prenais du pain et de l'eau et Mère . . . par une bonne inspiration, m'a rappelé de manger de la viande croyant que je pourrai reprendre des forces. Je disais : je préfère mourir que d'y toucher . . . J'ai fait un petit travail pour cela, j'ai trouvé que c'était des choses semées dans le chemin par des personnes qui pensaient que c'était utile pour leur santé. En effet j'ai repris forces sur forces, rien ne m'a rien fait, au contraire toujours de plus en plus faible. Maintenant vous voyez où je suis arrivé, je ne mange plus, une becquée par moments. . . . (1)
        Mon épreuve, heureusement que je l'ai comprise, matériellement elle a été rapide, rapide mais moralement je m'y suis complu, si bien qu'il arrivait que je m'y réjouissais. Il n'y a que le corps, quand on le touche on me fait mal, ce n'est que dans ces moments que je puis un peu souffrir . . . mais un rien momentanément . . .
        Je sens l'influence grandir depuis un certain temps ou plutôt depuis le commencement, je trouve que l'Enseignement prend de l'extension tous les jours . . . .
        Après Mère il y aura de grands guérisseurs . . . On pourra en choisir un pour remplacer Mère . . . . Mère suivra toujours mon exemple, elle ira sur la tribune comme j'y vais, mais pour le nouveau guérisseur il n'en sera pas de même, il montera à la tribune par l'escalier opposé et quand il l'aura mérité il ira par où j'y vais . . . . Voilà mes enfants . . .

     

    (1) Mère fait remarquer que le Père se refusait à rien prendre de provenance animale et que c'est sur ses sollicitations, devant le désarroi de l'entourage qui craignait la désincarnation du Père, qu'll en a repris.
        C'est de là qu'est venu l'article du dernier Unitif sur l'alimentation, intercalé par le Père dans les travaux des adeptes comme Il ne pouvait le faire d'une Révélation.

     

     

     

    L'AFFAIBLISSEMENT PHYSIQUE

    ЕТ

    LA DÉSINCARNATION DU PÈRE

        Tous ceux qui sont au courant du travail du Père, savent qu'll était toute activité. Il avait coutume de dire que l'homme de bien se repose dans ses œuvres et il le démontrait car Il dormait à peine pour pouvoir accomplir la tâche qu'il avait assumée de réconforter et de soutenir les milliers de personnes qui réclamaient son assistance. Pour se maintenir dans le fluide éthéré par lequel Il nous aidait et nous donnait la pure Révélation, Il vivait avec la plus grande sobriété et lorsqu'il devait effectuer un travail important, Il se soumettait au régime le plus sévère. C'est ainsi que pour faire le Développement de la Révélation dont chaque page a dû être rectifiée des milliers de fois, – car les instruments imparfaits dont le Père Se servait pour traduire ses inspirations les dénaturaient inconsciemment par leur intelligence – Il ne faisait qu'un repas par jour, à deux heures de l'après-midi, et cette abstinence dura pendant plus de six mois, mais le bon fluide Le restaurait et Le soutenait
        Le Père s'était affaibli par ce grand labeur. Depuis le mois de février de cette année, Il ne prenait plus qu'un morceau de pain à chaque repas, toute autre nourriture Lui répugnait. Cependant Il continuait son travail comme par le passé, S'occupant de ses malades et de ses adeptes, nous faisant les sublimes Révélations qui paraissaient dans l'Unitif et préparant un Développement plus complet que le précédent. Il endurait encore d'autres épreuves car ses adeptes encore trop novices pour pouvoir comprendre et pratiquer ses Enseignements, les interprétaient contrairement et se seraient divisés plutôt que de s'unir, en s'appuyant sur tel ou tel passage sans tacher de puiser dans le fluide qui ne fait qu'une unité de la Révélation toute entière. Il est vrai que sa bonté n'y voyait que le bien et il nous entourait les uns et les autres de son amour afin d'anéantir notre vue du mal. Cependant nous ne devons pas ignorer que pour peu qu'Il sortit de son fluide éthéré, ne fût-ce que d'un millimètre, le Père était à l'épreuve et que celle-ci est inséparable de la vie. Il S'affaiblissait de plus en plus et bientôt II ne sut même plus soulever le pied sans l'assistance de quelqu'un. Devant le désir de ses adeptes, Il fit tout ses efforts pour recouvrer la santé. Il prit même les aliments que Mère Lui disait et auxquels il avait renoncé depuis des années. Mais tout était inutile, le Père avait accompli sa tâche ici-bas et c'était prolonger son épreuve que de vouloir Le garder parmi nous. Sa faiblesse devint extrême et Il dut rester couché presque constamment. Tant qu'Il put travailler, Il ne manque pas son devoir et il revit encore […] les épreuves du dernier Unitif dont il rectifia plusieurs erreurs avec la même lucidité qu'auparavant. Son courage ne se démentit pas un instant, réconfortant tous ceux qui L'approchaient pour Le soigner ou pour recueillir ses instructions. Mais où cette vertu apparaissait le mieux, c'était à dix heures au moment de l'opération générale. Il ne pouvait plus Se mouvoir, car on devait L'habiller et aider à Se tenir debout, et lorsque la sonnerie L'appelait auprès de ses malades qu'il avait toujours tant aimés et auxquels il avait sacrifié sa propre santé avec un si grand bonheur, il retrouvait la force nécessaire pour venir les réconforter de sa présence et de son geste de bénédiction. Depuis quelque temps tous avaient pu remarquer sa grande faiblesse, car il ne S'avançait plus qu'en chancelant et les cœurs palpitaient devant une abnégation si sublime. Le dernier jour fut solennel. C'était un lundi et comme de coutume le temple était rempli jusqu'aux galeries. Le Père presque défaillant vint seul à la tribune. Il se tenait d'une main à la balustrade et l'autre tremblait soulevée avec peine pour bénir l'assistance, la bouche était entrouverte comme si elle allait exhaler le dernier souffle. L'émotion fut profonde et inoubliable... Tous pressentaient que c'était la dernière fois que le Père venait les opérer et se rappelant sa vie de dévoûment et de sacrifice, la foule pleurait devant son sauveur. Le Père aussitôt fit venir ses adeptes qu'il n'avait plus reçus en particulier depuis bientôt deux ans. Il les regarda de son regard profond qui les ranimait encore et leur inspirait à tous de continuer après Lui la tâche, puis il dicta ses dernières paroles… Le lendemain à minuit et quelques minutes, le Père avait terminé son épreuve. Il était rentré dans le fluide éthéré de l'amour divin qu'il nous a révélé.

                                                                                               J.  N.


     

     

    LA DERNIÈRE OPÉRATION VISIBLE

    DU PÈRE

        Lundi 24 juin je me rendis à Jemeppe pour assister à l'opération de Père : je Le savais S'affaiblissant chaque jour davantage mais je gardais, malgré tout, l'espoir de Le conserver longtemps encore parmi nous. A dix heures, lorsque le Père parut, livide, se cramponnons à la rampe pour ne pas tomber, mon cœur cessa de battre ; de toute ma volonté je voulus Lui insuffler toute la force de mon être ; je Le vis faire un effort surhumain pour soulever sa pauvre main afin d'opérer la foule, et Il y parvint avec peine. Comment Se retira-t-il ? je n'en sais rien ... je ployai sous la douleur car j'eus la certitude que c'était la dernière opération visible du Père. La foule s'écoulait lentement, terriblement impressionnée je voulus sortir à mon tour, je fus repoussée par la foule rentrant en criant que le Père venait de manifester le désir de nous voir tous ensemble : affolée, je m'attachai aux pas d'un frère et d'une sœur et nous nous rendîmes chez le Père.
        Jamais je n'oublierai l'expression de ce visage vénéré, de ces yeux largement ouverts et fixés sur chacun de nous ! Tous nous comprimes que le moment suprême de la séparation matérielle était arrivé, nous retenions notre souffle, nous écoutions, avec une piété profonde, les dernières paroles du Père qu'une sœur recueillait, si émue que ses mains tremblaient. Comment put-elle écrire ? Sur un chiffon de papier, avec un crayon prêté, pliée, sa tête près de celle du sublime vieillard, elle écrivait sur le genou ... Après ces derniers mots : Voilà mes enfants ... nous nous mîmes tous à genoux pour recevoir sa bénédiction ... Il ne put plus dire un mot. Des deux mains Il fit son geste familier, que tous connaissent, lorsqu'Il nous disait au moment de Le quitter : « Tout mon amour ... et ce fut tout, du moins je ne me rappelle plus rien !
        Jusque là je souffrais d'une affection du cœur depuis dix mois. Quand le mardi à 5 heures du matin, j'entends frapper chez moi. Je pensai : le Père est mort ! Protégée, mon cœur n’eut pas une pulsation de plus, après quelques instants je laissai couler mes larmes et n'eus plus qu'un désir … être près du Père, voir Mère ! Ce même jour Mère, avec un courage et une grandeur inconnue jusqu'à ce jour, vint opérer en présence du corps sacré du Père. – C'était sublime, inoubliable, inexprimable car existe-t-il des mots pour rendre notre impression intime, ressentie pendant cette semaine sainte ? un mélange de joie et de douleur, Le Père est dans le bonheur suprême mais nous ne Le voyons plus. A cette opération, tous nous fûmes pénétrés, et en admiration devant le grand exemple de notre Mère bien aimée.
        Allant et venant, j'oubliais mon mal. Le lendemain seulement je dis à mon entourage qu'il me semblait être guérie, et la chose fut confirmée : le mercredi, ma fille, demandée auprès de Mère pour un petit travail à exécuter, apprit de sa bouche sans autre préambule que j'étais guérie, j'ai pu depuis supporter la fatigue. Aux obsèques du Père, la foule étant immense, je fus jetée contre un mur, j'eus une foulure à un pied, qui d'ailleurs ne dura qu'une nuit ; dans toutes ces émotions et ces secousses je n'ai rien ressenti au cœur qui a battu normalement et d'où toute souffrance a disparu. Ma guérison a été radicale et instantanée ce qui me fait croire avec foi et amour que les opérations vont être plus puissantes, plus efficaces encore parce que le Père délivré de la matière, de toute entrave, pénétrera directement ceux qui ont foi en Lui.

                                                                                               J.  F.

     

     

     

    APRÈS LA DÉSINCARNATION DU PÈRE

        Jusqu'à son dernier soupir, le Père inspira à ses enfants le plus grand courage. Il rassurait leur amour par instant encore voilé par le doute, Il les pénétrait de ce bon fluide qui le faisait Se réjouir dans l'épreuve et ôtait toute amertume à leurs larmes, Son amour n'avait rien de matière et nous l'avons d'autant mieux compris après qu'Il eut exhalé son dernier souffle. Ceux qui L'entouraient rendirent pieusement les derniers devoirs au corps privé de vie, le revêtirent de la robe révélée et le couchèrent dans le Temple sur un lit enveloppé de drap vert, le buste bien relevé pour qu'il fut permis de voir facilement sa tête vénérable. Des lauriers disposés tout autour par ordre de grandeur, laissaient le corps bien en vue et formaient un fond de verdure d'où l'emblème du Culte, l'arbre de la science de la vue du mal, se détachait nettement ; cette disposition avait été prise pour empêcher les visiteurs de toucher le corps par superstition. Le livre de l'Enseignement que le Père a pratiqué si religieusement pendant sa vie, reposait sur ses mains unies.
        Aussitôt que les adeptes apprirent la désincarnation du Père, ils accoururent au Temple pour offrir leurs services, prêts à chômer pour honorer celui qui leur a donné plus que la vie, en les guérissant du doute. Les adeptes de l'étranger, prévenus par télégramme, prirent le premier train s'ils étaient libres et les autres s'empressèrent de se mettre en route aussitôt qu'ils le purent. Il n'y avait que l'impossibilité matérielle qui les empêchât de se rendre à Jemeppe et nous savons de source certaine que des familles très pauvres firent avec bonheur les plus grands sacrifices, vécurent de pain sec pour pouvoir accomplir le voyage et venir témoigner leur respect au Père, qui les avait protégés et relevés dans leurs grandes souffrances physiques et morales. L'atmosphère du Temple était si réconfortante que les cœurs les plus émus en arrivant se sentaient raffermis et les larmes cessaient aussitôt de couler. Deux rangées d'adeptes se tenaient constamment avec la plus profonde piété aux deux côtés du Père. Un service d'ordre avait été organise à l'entrée pour éviter le trouble, car le peuple se présentait en foule pour rendre hommage à Celui qui l'avait toujours entouré de son amour, qui avait compati à toutes ses misères et ses souffrances.
        Pendant toute cette semaine sainte des groupes recueillis ne cessèrent de contempler le visage sacré dont le regard si bon les pénétrait d'une joie incompréhensible et on sentait que le souvenir de cette scène serait en eux inoubliable comme celui des grands bienfaits que tous avaient reçus dans ce Temple, de leur Sauveur. Ainsi le fluide opérait et il n'y avait rien de changé. Le jour même de la désincarnation du Père, Mère vint opérer en son nom à dix heures et loin d'être impressionnée comme beaucoup de personnes L'étaient par la présence du défunt, Elle anéantit ces pensées de doute, réconfortant l'assistance du même fluide éthéré qu'auparavant. Les dernières paroles du Père lues à la fin de l'opération, raffermirent encore les cœurs et les rassurèrent sur l'avenir. Les jours suivants les malades arrivèrent tout aussi nombreux et obtinrent la même satisfaction. Pour la remplacer dans le Temple, Mère a désigné le frère Deregnaucourt dont le dévoûment ne s'est pas un instant démenti depuis le jour où il a commencé à pratiquer les Enseignements du Père.
        Maintenant que nous avons pu reconnaître par expérience que l'événement solennel de la désincarnation du Père n'a suscité aucun doute dans nos âmes, nous sommes d'autant mieux à même d'apprécier l'éducation morale qu'Il nous a donnée et la sublimité de son Enseignement. Il est la pure réalité. Nous sommes bien convaincus aujourd'hui que la mort n'est que de l'apparence et la crainte qu'elle inspire, la conséquence du doute. En nous aidant à subordonner notre intelligence à la conscience, le Père nous a affranchis. Il nous a pénétrés de la vraie foi.
        Si nous nous efforçons de pratiquer son Enseignement comme Il nous en a donné l'exemple, nous nous assimilerons insensiblement le fluide éthéré dont il découle et nous arriverons comme Lui à nous y confondre dans le vrai bonheur. L'imagination de la matière qui nous accable encore s'étant alors dissipée comme le brouillard au soleil, nous serons tout entiers au sein de la pure lumière divine qui nous réjouira d'autant plus que nous l'aurons longtemps voilée par notre incarnation.

                                                                                               J.  H.

     

     

     

    LES OBSÈQUES DU PÈRE

        Dès la matinée du dimanche les visiteurs affluèrent dans le Temple. Il régnait un bon fluide que tous ressentaient plus ou moins inconsciemment. Jusqu'à l'heure des obsèques ce fut un défilé ininterrompu de personnes de tout âge et de toute condition. Tous les abords du Temple étaient à ce moment remplis d'une foule compacte. Après la lecture des dix Principes révélés par le Père, le cortège se mit en marche. Le porteur de l'emblème était en avant accompagné du lecteur et suivi des membres du conseil d'administration ; puis venait le groupe des enfants revêtus du costume antoiniste, dont le visage recueilli touchait profondément ; le cercueil du Père recouvert du drap du Culte était ensuite porté par dix adeptes, vingt autres accompagnaient pour remplacer leurs frères fatigués ; le guérisseur que Mère a désigné pour L'aider dans sa mission La représentait aussi à cette cérémonie, il suivait, seul, le corps ; puis venaient successivement la famille, les adeptes dont le premier groupe était revêtu de la robe et enfin la multitude de ceux qui avaient obtenu satisfaction du Père. Le cortège était interminable. Pour se rendre au cimetière il fallut faire un grand détour et il y avait tant de monde sur tout le parcours que la police avait la plus grande peine à lui ouvrir un passage. Aux fenêtres, sur les toits, sur les talus, partout c'étaient des groupes compacts. Plus de trente mille personnes étaient venues ce jour-là Jemeppe pour l'enterrement du Père. Près du cimetière il y avait si grande affluence que la tête seule du cortège put y pénétrer. Les quelques centaines d'adeptes groupés autour du cercueil attendirent quelque temps, dans l'espoir que la police pourrait rétablir la circulation, mais la voyant impuissante, ils portèrent le cercueil devant la tombe et avant d'y descendre le corps de Celui qu'ils vénèrent, ils écoutèrent dans le plus profond recueillement l'inspiration si pure qui se trouve dans l'Avant-propos de l'Enseignement et par laquelle un de nos frères a si bien traduit le sentiment général : « … Comme un bon Père. Il veille sur nous … » Le fluide d'amour qui découle de ces paroles ne nous avait jamais aussi profondément pénétrés, nous sentions le Père présent et vivant dans nos cœurs, la matière et le doute qu'elle suscite n'existaient plus, nous étions unis dans le seul et même fluide éthéré qui allait par delà cette foule immense à l'humanité toute entière qui forme ici-bas, comme le révèle le Couronnement, l'unité individuelle de l'ensemble et dont les croyances, ne différant que par la forme, se confondront insensiblement dans la vraie religion, basée uniquement sur la conscience, toute humilité, toute pureté, tout amour. Nous regardâmes avec piété le cercueil de pauvre que le Père avait désiré avoir, descendre dans la fosse commune, la seule qui convint à sa grande modestie. Ses obsèques avaient le même caractère de simplicité que sa vie : faites au milieu de la vénération du peuple auquel Il n'avait cessé de prodiguer son amour, leur grandeur fut uniquement morale. Nous revînmes au Temple, sans avoir été un seul instant effleurés par le doute, réconfortés comme jamais nous ne l'avons été par le bon fluide de la Révélation. Ainsi la mort n'avait rien détruit ; au contraire, les antoinistes du monde entier n'avaient pas encore fraternisé avec un si grand amour, ni ressenti un bonheur aussi pur.

                                                                                               M.  H.


     

     

    LE FLUIDE ÉTHÉRÉ

        Après la désincarnation du Père, des frères qui guérissent en son nom ont continué à dire à leurs malades : « Pensez au Père et tout ira bien. » Certains ont répondu : « Comment pourrais-je Le faire, puisqu'll est mort ? » Cette réponse démontre le degré d'avancement de ces personnes et qu'elles croient plus à l'ombre qu'à sa réalité, qu'elles visent la santé matérielle plutôt que leur amélioration morale. Le Père soigne l'âme plutôt que le corps, Il lui donne les forces, le courage de supporter l'épreuve avec résignation et au fur et à mesure qu'elle s'épure, l'état physique aussi s'améliore à moins que l'épreuve ne soit là ; la guérison ainsi obtenue est un mérite parce qu'on a remédié à la cause et non seulement à l'effet : le mal n'ayant plus de raison d'être ne pourrait plus reparaître, ni sous la même forme ni sous une autre, comme il arrive en soignant le corps seul. Le Père n'est pas un médecin recourant à la matière pour guérir la matière. Il guérit par la foi pure ou plutôt Il est la foi pure, le fluide éthéré de l'amour divin. Il ne pourrait disparaître et ceux qui ont foi dans sa Révélation savent qu'il n'y a rien de changé depuis sa désincarnation. En effet Il nous enseigne que nous avons tous ici-bas un côté apparent, nos sens imparfaits qui nous suggèrent la matière, et un côté réel, Dieu Lui-même d'où nous vient la sensibilité morale. En nous appuyant sur celle-ci nous ne pourrions douter, elle est la vraie conscience, opposée à l'autre, notre intelligence qui prend l'épreuve pour en mal et nous y fait douter constamment. Aussi longtemps que nous aurons de l'intelligence, nous devrons nous appuyer sur des êtres plus moraux que nous qui agissent avec le plus grand amour, avec le plus grand désintéressement et voilà pourquoi le Père avant de Se désincarner a désigné Mère pour Le remplacer. Mère guérit, elle nous inspire et nous dirige comme le Père le faisait de son vivant, par le fluide éthéré. Qu'est-ce donc que le fluide éthéré ? L'Enseignement nous le révèle : la pure réalité où nous devons tous rentrer ; dans l'imperfection nous formons l'unité individuelle, en nous améliorant l'un par l'autre par la vraie solidarité qui nous fait accepter l'épreuve comme le bien véritable et nous en réjouit plutôt que de nous en affliger, nous formerons l'unité absolue de l'ensemble, la perfection. Le Père existe au sein de l'unité, Il est l'unité même. Ce n'est que par Lui que nous pourrions comprendre et pratiquer l'Enseignement, nous aimer véritablement les uns les autres. En Le priant, en L'adorant en vérité et non point par l'intelligence qui ne pourrait que Le placer en dehors de nous et en faire un Dieu isolé, nous arriverons tous au but vers lequel l'humanité est en marche depuis qu'elle a commencé d'évoluer. En attendant il y aura, comme le Père nous l'a prédit dans ses dernières paroles, de grands guérisseurs qui s'inspireront de Lui pour nous guider dans la vraie foi et feront en son nom ce qui passe à nos yeux matériels pour des miracles parce que nous n'en voyons que l'effet sans en comprendre la cause. Que faisait le Père ? Il guérissait l'âme et par elle le corps, l'opérant de près ou de loin, Il agissait par notre foi non seulement sur nous-mêmes mais sur nos enfants, sur tout ce qui vivait dans notre demeure, Il purifiait l'air, les eaux et pour réaliser ce que nous entreprenions avec une bonne intention, Il nous donnait le feu sacré qu'aucun obstacle n'arrêtait. Ces œuvres, Il continuera à les accomplir par l'intermédiaire de tous ses enfants qui puiseront en Lui par la pratique de la vertu. Il nous disait et nous démontrait par son exemple qu'avec la foi on transporte des montagnes. Nous en serons toujours plus convaincus à mesure que nous nous pénétrerons de cette vertu, en agissant par le fluide éthéré de l'amour vrai, car nous nous assimilerons ainsi la pure Révélation, nous apprendrons à nous connaître, nous saurons que tout est en nous, que les trois règnes de la nature ne sont que la conséquence de notre imperfection, le fluide matérialisé par notre instinct, que nous nous sommes dénaturés en nous développant l'individualité personnelle ; ayant anéanti cette imagination nous verrons que tout est éthéré et nous jouirons de la certitude absolue, de la puissance divine qui meut la vie, les mondes dans le mouvement perpétuel au sein de l'immensité.

                                                                                               J.  A.

     

    Direction : Père et Mère Antoine à Jemeppe-sur-Meuse.


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  • Père ANTOINE, le Guérisseur (carte postale)


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  • Mort d'Antoine le Guérisseur (Le Protestant béarnais, 20 juillet 1912) ̴  ̴̴̴̴̴̴  ̴  ̴ BELGIQUE. – On annonce la mort d'un homme qui a fait parler de lui ces derniers temps, Antoine, le guérisseur. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains et avait fondé une religion, mélange de christianisme et de théosophie.
        Peu à peu, dit le Temps, les malades de l'âme comme du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmappes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années il y avait les foules de Jemmappes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants formaient une communauté éparse en divers lieux, mais fort nombreuse.
        Il était, dit-on, très sincère et désintéressé et a vécu modestement. Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 et répandait les doctrines de l'apôtre. Il y a quelques mois les « antoinistes » de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat. Avant de mourir, Antoine a désigné, pour lui succéder, sa femme. Voici l'affiche que l'on a apposée au temple pendant l'exposition de son corps :

    CULTE ANTOINISTE

                Frères,
        Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous. Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin à trois heures.
                                                Le Conseil d'administration.

    Le Protestant béarnais, 20 juillet 1912


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  • Mort d'Antoine le Guérisseur (La Liberté, 27 juin 1912)

        Liège. - Antoine le guérisseur, qui avait fondé en Belgique une religion nouvelle, est décédé à Jemeppe.
        Né dans ce pays en 1846, il y avait instauré son culte il y a une vingtaine d'années. Sa religion, que l'on appelait l'« antoinisme », promettait la guérison des maladies par la prière et par la foi.
        Il y avait en France, en Allemagne, aux Etats-Unis de nombreux adeptes, et il en comptait également beaucoup en Belgique. Plusieurs temples et salles de réunion existent en effet en Wallonie, et il y a quelque temps, 130.000 « antoinistes » avaient adressé aux Chambres belges une pétition tendant à ce que leur culte fût reconnu officiellement.

    La Liberté, 27 juin 1912


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  • Anton der Heiler (Psychische Studien-Heft 8-August 1912)

    d) Anton, „der Heiler“, mit dessen Wunderkuren und neuer Religion die „Psych. Stud.“ sich wiederholt – am ausführlichsten in dem Bericht unseres ärztlichen Mitarbeiters, Dr. Med. Freudenberg, im Maiheft 1911, S. 304 ff.: „Etwas vom Antoinismus“ – beschäftigt haben, ist, wie aus Brüssel gemeldet wird, kürzlich am Ort seiner ausgedehnten Wirksamkeit zu Jemeppe an der Maas, im Alter von 66 Jahren gestorben. Louis Antoine arbeitete in jüngeren Jahren in Rußland und kehrte von dort anfangs der neunziger Jahre nach Belgien zurück, wo er eine förmliche Kolonie seiner ca. 100 000 Anhänger gründete und, offenbar unter den Einfluß der Lehren des Grafen Tolstoi, einen vereinfachten Katholizismus verkündigte. Er hatte sogar Anhänger in Deutschland und den Vereinigten Staaten von Nordamerika, die alljährlich zu ihm pilgerten. Eine Petition der „Antoinisten“ um staatliche Anerkennung ihrer „Religion“ wurde von der belgischen Kammer abgewiesen. Auch mit dem Strafrichter kam der ehrwürdige und uneigennützige Prophet wiederholt wegen Kurpfuscherei in Konflikt, wurde aber nur einmal zu einer geringfügigen Geldstrafe verurteilt. Als Magnetiseur heilte er in seiner Heimat unentgeltlich, dagegen hatte er sich schon in Rußland ein Vermögen erworben, das nun seiner Witwe zufällt, die er auf dem Totenbett als Priesterin seiner Religion an die Spitze seiner gläubigen Gemeinde stellte. Viele Tausende von überallher wohnten seiner Beerdigung bei.

    Psychische Studien (Heft 8), August 1912

     

    Traduction :

    d) Antoine, "le guérisseur", dont les guérisons miraculeuses et la nouvelle religion ont été maintes fois traitées par les "Études psychologiques" – de façon très détaillée dans le rapport de notre employé médical, le Dr. Med. Freudenberg, dans le volume de mai 1911, p. 304 et suivantes. Louis Antoine a travaillé en Russie dans sa jeunesse et est revenu de là en Belgique au début des années 1890, où il a fondé une colonie officielle de 100 000 fidèles et a, apparemment sous l'influence des enseignements du comte Tolstoï, proclamé un catholicisme simplifié. Il avait même des disciples en Allemagne et aux États-Unis d'Amérique du Nord qui faisaient le pèlerinage chaque année. Une pétition des "antoinistes" pour la reconnaissance de leur "religion" par l'Etat a été rejetée par la Chambre belge. Le vénérable et désintéressé prophète est également entré en conflit avec le juge pénal à plusieurs reprises pour charlatanisme, mais n'a été condamné qu'une seule fois à une amende mineure. En tant que magnétiseur, il guérissait gratuitement dans sa patrie, mais il avait déjà acquis une fortune en Russie, qui revient maintenant à sa veuve, qu'il plaça sur son lit de mort à la tête de sa fidèle congrégation en tant que prêtresse de sa religion. Plusieurs milliers de personnes du monde entier ont assisté à ses funérailles.

    Études psychologiques (Volume 8), août 1912

     


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  • Antoine de Genezer overleden (Ter Neuzensch Volksblad, 14 augustus 1912)Antoine de Genezer overleden.

        Naar wij lezen is de Belgische profeet, dezer dagen te Jemeppe overleden. Hij heeft zijn vrouw als opvolgster aangewezen. Omtrent 's mans begrafenis lezen wij in De Gereformeerde Kerk :
        Van heinde en ver, ook van over de grenzen stroomde een menigte, geschat op 25,000 menschen, saam om 's mans begrafenis bij te wonen. Boven de lijkkist, zonder eenig sieraad, was aangebracht een vernikkelde plaat in schildvorm; een boom was erop afgebeeld met dit onderschrift: »De boom van de Wetenschap, van het Gezicht, van het Goede en het Kwade.« De geweldige stoet trok er langs. Op het kerkhof werden alleen toegelaten de Antoinistische aanhangers, die de bekende eigenaardige kleeding droegen. Een der volgelingen las wat voor van de beginselen der vereeniging; daarna werd de kist neergelaten in de groeve zonder eenige ceremonie.
        In den tempel van Jemeppe was de volgende verklaring aangeplakt: »Het bestuur van den Antoinistischen eeredienst brengt ter uwer kennis dat de Vader zich ontlichaamd heeft (gedesincarneerd), Dinsdagmorgen 25 Juni. Alvorens zijn lichaam te verlaten heeft hij voor een laatste maal zijn volgelingen willen zien, om hun te zeggen, dat Moeder hem zal vervangen in zijn zending, dat zij altijd zijn voorbeeld zal volgen. Er is dus niets veranderd. Vader Antoine zal altoos met ons zijn. Moeder zal het spreekgestoelte beklimmen voor de algemeene operaties de vier eerste dagen der week, on 10 uur.«

    Ter Neuzensch Volksblad, 14 augustus 1912
     

    Traduction :

    Antoine le Guérisseur est mort.

        On lit que le prophète belge est mort à Jemeppe ces jours-ci. Il a désigné sa femme comme son successeur. Nous lisons dans De Gereformeerde Kerk que son mari a été enterré :
        De loin, de l'étranger également, une foule estimée à 25 000 personnes s'est rassemblée pour assister aux funérailles d'un homme. Au-dessus du cercueil, sans aucune décoration, il y avait une plaque de nickel en forme de bouclier sur laquelle était représenté un arbre avec cette légende : "L'Arbre de la Science, de la Vue, du Bien et du Mal". Le grand cortège s'est formé. Dans le cimetière, seuls les partisans de l'antoinisme, qui portaient la fameuse robe particulière, étaient admis. L'un des disciples a lu certains des principes de l'unification ; puis le cercueil a été descendu dans la fosse sans aucune cérémonie.
        Dans le temple de Jemeppe, la déclaration suivante a été affichée : "Le conseil d'administration du service de culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père s'est désincarné, mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il voulait voir ses disciples pour la dernière fois, pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Rien n'est donc changé. Le Père Antoine sera avec nous pour toujours. Mère montera en chaire pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures".

    Journal de Terneuse, 14 août 1912


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  • Antoine le Guérisseur et le culte anoiniste (Paris médical, la semaine du clinicien, 1912, p.895)

     ANTOINE LE GUÉRISSEUR
    ET LE CULTE ANTOINISTE

         Récemment est mort en Belgique, à Jemmapes, un homme connu sous le nom d'Antoine le Guérisseur, thaumaturge célèbre et fondateur d'une secte religieuse à laquelle il a attaché son nom, secte qui compte, parait-il, de très nombreux adeptes. Les Annales médico-psychologiques rapportent, d'après le journal le Temps, les curieux renseignements suivants sur cette étrange personnalité :

         Un homme de Wallonie, un petit bourgeois, presque du peuple, est mort, qui avait acquis non seulement en Belgique mais même un peu partout où il y avait des malades et des désespérés, une célébrité et un crédit exceptionnels, c'est celui qu'on appelait Antoine le Guérisseur. Il n'avait rien fait de moins que de fonder une religion, une espèce de variété de christianisme mélangé de théosophie. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains, à la manière des christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
        Peu à peu les malades de l'âme comme du corps, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés avaient appris le chemin du petit pays de Jemmapes, où Antoine avait son temple et tenait Ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années il y avait les foules de Jemmapes comme les foules de Lourdes, et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants formaient une communauté éparse en divers lieux, mais fort nombreuse.
        Le prophète et guérisseur belge n'est plus.
        Vers dix heures trente, comme il se trouvait dans son temple, il s'affaissa subitement frappé d'apoplexie. On dut le transporter chez lui, où il reprit peu à peu ses sens.
        Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanes d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux, étaient accourus auprès du lit de leur maitre, Antoine alors proféra : Demain quelque chose de sérieux se produira. Puis il ajouta d'une voix sourde : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux. »
        Antoine avait tardé beaucoup avant de faire sa révélation et de se déclarer l'homme de Dieu. Pendant nombre d'années, il était un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la Société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances. Enfin vinrent la grâce, l'action publique, les prédications publiques. Antoine était alors déjà dans l'âge mûr.
        On le dit propriétaire des maisons ouvrières qui entourent son temple. D'aucuns estiment sa fortune à 30.000 francs. Quoi qu'il en soit, Antoine le Guérisseur a toujours vécu modestement. Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 exemplaires et répandait les doctrines de l'apôtre.
        Il y a quelques mois, « les Antoinistes » de Belgique avaient adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat. La pétition des fidèles du culte Antoiniste portait cent mille signatures. Au temple, où son corps est exposé, l'affiche suivante a été apposée :

     CULTE ANTOINISTE

                     Frère,
        Le conseil d'administration du culte Antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de change, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin à trois heures.

                                                                                   Le Conseil d'administration.

         Quelques jours après, le mardi 2 juillet, le même journal le Temps racontait ainsi qu'il suit l'enterrement de l'apôtre :

         Antoine le Guérisseur, que ses adeptes appelaient aussi Antoine le Généreux, a été inhumé hier dans la localité où il exerçait sa mission et son culte, à Jemmapes-sur-Meuse, province de Liége. Aux « Antoinistes » du pays étaient venus se joindre, nombreux, des membres des autres communautés de Belgique.
        Le corps du prophète défunt qui avait été exposé plusieurs jours dans le temple où il prêchait et imposait les mains aux malades, a été accompagné au cimetière par un cortège évalué à quinze mille fidèles, dont beaucoup donnaient les signes de la plus vive douleur. Le cercueil, porté par douze hommes de la communauté, était précédé d'un tronc d'arbre figurant l'arbre de la science du bien et du mal que portait l'un des plus qualifiés adeptes de l'Antoinisme, M. Delacroix, professeur à l'Athénée de Liége. Ainsi qu'Antoine l'avait prescrit, ses restes ont été enterrés dans la fosse commune.
                                                                                     (La France médicale).

    Paris médical, la semaine du clinicien, 1912 (p.895)


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  • Antoine-le-Guérisseur est mort (La Vie Mystérieuse, n°85, 10 juillet 1912)

     ANTOINE-LE-GUÉRISSEUR EST MORT

         On annonçait, en date du 25 juin, que le guérisseur Antoine venait de mourir à Jemeppes-sur-Meuse, en Belgique. Antoine s 'était fait une réputation presque universelle par ses guérisons nombreuses et spontanées. Il passait pour avoir un don si remarquable que des milliers de gens s'étaient groupés autour de son nom et qu'une nouvelle religion était née de cette agglomération d'admirateurs : ce fut « l'Antoinisme », religion qui comptait, dit-on, près de 100.000 adeptes. Il y a quelques années ou érigea même, en Belgique, un temple qui conta fort cher et fut consacré à la célébration du culte Antoiniste. Ce culte résistera-t-il longtemps maintenant que son initiateur n'est plus ? L'avenir nous le dira.

    La Vie Mystérieuse, n°85, 10 juillet 1912


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  • Funéraille du Père - mise en fosse (Roland AE Collignon)
    (Archives de Roland AE Collignon)


    Au cimetière, pas de chants, pas de prières psalmodiées ;
    mais le recueillement, mais la gravité des visages étaient, pour qui savait entendre,
    le plus formidable plain-chant. La solennité l'emportait sur la détresse, tous sentaient,
    plus ou moins confusément, que l'éternité ne connaît pas de rupture.

        À droite, la main sur le cercueil, on reconnaît le frère Florian Deregnaucourt. À l'extrême gauche, il peut s'agir du frère Ferdinand Delcroix.


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  • Notes d'actualité (La Gazette de France 28 juin 1912)Notes d'Actualité

     THAUMATURGE

         Qu’est devenue cette petite modiste de la rue Milton qui prétendait guérir tous les maux au nom de Thaumaturge de Jemeppe ? Il y eu tout de suite
    Tant l’espérance est douce au pauvre cœur humain
    des attroupements de malades et d'infirmes devant sa porte. Des sergents de ville maintenaient l'ordre et des messieurs graves, en longue redingote noire, face rasée et lunettes, prêchaient à mi-voix ces malheureux impatients. Sans doute les malades et les infirmes se lassèrent d'attendre une guérison chimérique : on ne parle plus de la modiste guérisseuse.
        Elle doit être bien triste : Antoine de Jemeppe est mort.
        C'était une curieuse figure (dans les deux sens du mot, car avec ses cheveux séparés sur le milieu du front et sa longue barbe inculte il avait l'air d'un mougick mystique) que cet ancien employé des forges de Cockerill, et de la Société des tôleries liégeoises, puis agent d'assurance qui s'improvisa prophète sur le tard. Il prétendait guérir par la prière et l'imposition des mains à la manière de Christian scientist. En réalité, c'était un spirite qui avait voulu fonder sa petite chapelle à côté de la grande Babel du spiritisme.
       Petit à petit, il attira des foules à Jemeppe. Il ne demandait rien mais recevait force offrandes volontaires. On lui construisit un temple où il prêchait (très médiocrement) et officiait. Ses adeptes adressèrent à la Chambre belge une pétition, appuyée de 60.000 signatures pour que l'Antoinisme fût reconnu comme religion par l'Etat.
        Les Antoinistes ont pullulé en ce dernières années. Ils avaient une imprimerie qui répandais dans toute l'Europe un Journal en plusieurs langues et tiré à 200.000 exemplaires. La lecture en est bien propre à guérir les malades par insomnie. Paris, en dehors de la modiste de la rue Milton, avait son cercle antoiniste, rue du Faubourg Saint-Denis, qui comptait cinq ou six cents adeptes.
        Antoine et mort d'une attaque d'apoplexie. Sa veuve éplorée va essayer de continuer son commerce. Au temple antoiniste, où le corps du Thaumaturge est exposé, l'avis suivant a été affiché :
                        « Frères,
        « Le Conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner… Avant de quitter son corps, il a tenu à voir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que la Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous ; Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à dix heures... »
        « Il n'y a rien de changé » est un peu sévère pour le bon Antoine. Puisqu’il prétendait quérir par une grâce particulière, les Antoinistes supposent donc que sa veuve héritera cette grâce, et après elle le président du Conseil d'administration et ainsi de suite, tant qu'il y aura des… actionnaires.
        – Attention, disent deux banquiers de Balzac qui se promènent, nous marchons au milieu de flots d'actionnaire.
        Ce siècle qui se croit septiques a des crédulités de Mozambiques au service de tous les illuminés ou de tous les simples farceurs. On le voit bien en politique ! C'est même sur cela que repose le régime parlementaire.
                                          GEORGE DE CÉLI

     La Gazette de France, 28 juin 1912


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  • Een sektehoofd gestorven (Limburger koerier, 26 juin 1912)    Een sektehoofd gestorven - Antoine, de gebedsgenezer in het Walenland, die zich „le père Antoine” liet noemen en een soort van eigen godsdienstje gesticht had, is overleden. De 62-jarige „mère Antoine” zal de zaak op denzelfden voet voortzetten in den „tempel” der Antoinister bij het station van Jemeppe.
        Louis Antoine was uit arme ouders te Mons Crotteux (prov. Luik) in 1846 geboren. Hij was de jongste van elf kinderen en ging op 12-jariger leeftijd met zijn vader in de mijnen werken. Later werd hij metaalbewerker, arbeidde eenige jaren in Duitschland en Russisch Polen en vestig de zich later, gehuwd en vrij gefortuneerd, te Jemeppe. Zijn eenig kind stierf op 20-jarigen leeftijd. Op 42-jarigen leeftijd liet hij het Katholicisme los om zich aan het spiritisme te wijden. Nauwelijk kunnende lezen of schrijven, stichtte hij zes jaren geleden het „Nieuw Spiritisme”, beweerde zieken te kunnen genezen en werd twemaal vervolgd wegens onbevoegd uitoefenen der geneeskunst. Uit België, Frankrijk, Duitschland en Ned.-Limburg stroomden de goedgeloovigen naar hem toe. Hunne offers en de opbrengst der tijdschriften, die hij op een zelfgestichte drukkerij uitgaf, brachten hem heelwat op.

     Limburger koerier, 26 juin 1912

     

    Traduction :

        Un chef de secte est mort - Antoine, le guérisseur de la région wallonne, qui s'était laissé appeler "le père Antoine" et avait fondé sa propre petite religion, est mort. La "mère Antoine", âgée de 62 ans, poursuivra l'activité en même temps dans le "temple" des Antoinistes près de la gare de Jemeppe.
        Louis Antoine est né de parents pauvres à Mons Crotteux (prov. Liège) en 1846. Il était le plus jeune de onze enfants et est allé travailler avec son père dans la mine à l'âge de 12 ans. Plus tard, il devient métallurgiste, travaille pendant quelques années en Allemagne et en Pologne russe, puis, marié et assez riche, s'installe à Jemeppe. Son unique enfant est mort à l'âge de 20 ans. A 42 ans, il abandonne le catholicisme pour se consacrer au spiritisme. À peine capable de lire ou d'écrire, il a fondé il y a six ans le "Nouveau Spiritisme", prétendait pouvoir guérir les malades et a été poursuivi deux fois pour exercice illégal de la médecine. Des gens crédules affluent vers lui en provenance de Belgique, de France, d'Allemagne et du Limbourg néerlandais. Des dons et les recettes des revues, qu'il publiait dans une imprimerie de sa propre initiative, lui apportaient beaucoup.

    Courrier du Limbourg, 26 juin 1912


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  • Le Mystère (Les Annales politiques et littéraires - 7 juilllet 1912)

    Notes de la Semaine

    Le Mystère

        Un singulier personnage vient de mourir. On l'appelait Antoine-le-Guérisseur ou, encore, Antoine-le-Généreux. Ancien ouvrier lamineur, dénué de culture, mais doué d'une mystérieuse puissance psychique, il croyait posséder le pouvoir de soulager ses semblables ; il les délivrait de leurs maux physiques, et leur restituait le bien-être. D'innombrables témoignages attestent les cures qu'il opérait ainsi, sans remède, par la seule vertu de sa présence et de sa volonté. Chaque jour, des centaines de malades accouraient vers lui; les aveugles voyaient, les paralytiques marchaient. « C'est la foi qui opère ce miracle », disait Antoine. Se souvenant de son métier d'autrefois, il ajoutait : « Le feu de la forge rend le fer malléable, et alors l'homme en fait ce qu'il désire. Notre âme est un feu aussi. » Les médecins lui intentèrent un procès pour exercice illégal de leur art. Les tribunaux l'acquittèrent, ayant eu la preuve qu'il ne tirait aucun salaire de ses soins. Alors, il fonda, une sorte de religion, l' « Antoinisme », dont les adeptes se répandirent dans toutes les parties de l'univers. Un admirateur passionné consacra 100,000 francs à lui bâtir un temple à Jemmêpas. Une pétition, recouverte de 130,000 signatures et adressée au gouvernement belge, demanda que l' « Antomisme » fût officiellement reconnu.
    Le nouveau culte recruta un peu partout ses fidèles ; des groupes se formèrent à Paris, à Tours, à Vichy, à Lyon, à Nice, à Aix-les-Bains, à Grenoble. Une prêtresse « antoiniste », Mlle Camus, se confessait, dernièrement, au rédacteur d'un journal :
        « Comment je procède ? Rien de plus simple. Un malheureux, atteint de quelque infirmité, se présente-t-il, je lui ordonne de penser au Père (le « Père », c'est Antoine). De mon côté, je Lui communique ma pensée. Je pense en Lui, comme il pense en Dieu. Puis, je m'endors, et je lis a livre ouvert dans les parties souffrantes du malade. Je souffre moi-même de sa douleur, je l'accapare, je l'extirpe peu à peu de son corps pour la pulvériser, l'égrener, la disperser au dehors. »
        Antoine avait fondé des organes qui propageaient sa parole. J'ai sous les jeux un exemplaire de L'Unitif, imprimé à Jemmêpes-sur-Meuse. J'y lis ceci : « Vous ne pouvez faire de la morale à personne ; ce serait prouver que vous ne faites pas bien, car elle ne s'enseigne pas par la parole, mais par l'exemple... Tâchez de vous persuader que la moindre souffrance est due à votre intelligence qui veut toujours plus posséder ; elle se fait un piédestal de la clémence, en prétendant que tout lui soit subordonné... » Ce langage sibyllin, à cause de son obscurité même, attirait et séduisait les coeurs simples..
        De tout temps, il exista des. « guérisseurs » de l'espèce d'Antoine. Il y en avait aux Indes, en Grèce, à Rome, chez les Gaulois, plus tard, au moyen âge, dans les faubourgs des villes et dans les campagnes, où ils se livraient à leurs pratiqués suspectes. Parfois, on les tolérait... Souvent convaincus de sorcellerie, condamnés par l'Eglise, ils périssaient de la main du bourreau. Mais ces persécutions ne les décourageaient pas. Ils renaissaient de leurs cendres. Leur race est indestructible. Elle résiste aux progrès de la science,à l'évolution des moeurs, au développement de l'esprit d'analyse et d'examen. Hier Antoine avait des émules en la personne du célèbre zouave Jacob, qui jouit, pendant un demi-siècle, d'une réputation mondiale ; en la personne du non moins fameux Philippe, que le tsar manda à Saint-Pétersbourg afin de le consulter sur la santé de l'impératrice et qui revint, chargé de présents et d'honneurs, je pourrais allonger indéfiniment cette liste. Plus que jamais, aujourd'hui, les voyants, les apôtres de l'occultisme pullulent. Balzac — qui fut, lui aussi, un prophète — annonce quelque part que le début du vingtième siècle doit être marqué par une recrudescence de la magie. Sa prédiction s'accomplit. Si vous avez un ami à la préfecture de police, renseignez-vous. Il vous dira que la capitale de la France compte plus de dix mille devins et devineresses répartis dans ses différents quartiers, les plus aristocratiques, les plus populeux. Il vous en donnera la liste. Et vous pourrez, s'il vous en prend envie, mettre à l'épreuve leur lucidité. J'ai fait cette promenade. J'ai vu des sibylles, entre un chat noir et un perroquet, lire l'avenir dans le blanc d'oeuf et le marc de café. Certaine visite aux environs du. Moulin de la Galette m'a laissé un impérissable souvenir.
        Nous arrivons devant une maison basse et décrépite dont la porte est hermétiquement close. Trois coups, frappés à intervalles égaux, constituent le signal convenu. L'habitante du lieu en déduit que les étrangers qui la demandent ne sont pas des « mouchards », mais des gens de bonne foi. L'huis s'entre-bâille, et un horrible relent de soupe à l'oignon nous serre la gorge. Nous pénétrons dans une chambre obscure et sordide, et nous distinguons, au coin de l'âtre, où graillonne un feu de mottes, une forme accroupie. C'est la maîtresse de céans, qui ressemble aux bohémiennes de Ponson du Terrail. Cheveux gris embroussaillés, yeux clignotants, joues parcheminées, mains crochues.
        — Qu'y a-t-il pour votre service ? demande-t-elle avec un accent qui trahit son origine tudesque.
        Elle sourit, et ce sourire découvre une mâchoire édentée. Notre guide lui demande de tirer les cartes. Elle nous fait asseoir autour d'une table, sous laquelle deux poules sont en train de picorer. Elle prend sur sa cheminée des cartons crasseux, et la consultation commence. Je me dévoue au rôle de patient. La vieille m'annonce des choses plutôt agréables, que je serai « distingué » d'une femme riche (honni soit qui mal y pense !), que je réussirai dans mes entreprises, que je triompherai de mes ennemis.
        — Méfiez-vous seulement des accidents de voiture, ajouta-t-elle.
        Deux jours plus tard, j'avais le doigt pincé dans la portière d'un taxi et l'ongle emporté, et j'étais obligé de subir une douloureuse opération. Ah! si j'avais été superstitieux!
        Ne supposez pas que je raille, et que je veuille blesser, par une ironie facile, des convictions respectables... Elles se peuvent allier — je ne l'ignore pas — aux délicatesses de la sensibilité, aux raffinements de l'intelligence. D'éminentes femmes d'illustres artistes que je sais, consultent la somnambule. Ils ne nient pas la réalité de ce don spécial qui déjà, du temps de Tirésias, se nommait la « double-vue »...     Quelle conclusion tirer de tout ceci ? C'est que l'humanité, faible, inquiète, environnée de mystères, avide d'échapper aux platitudes terrestres, se sent invinciblement attirée par l'idéal et le merveilleux...
                            LE BONHOMME CHRYSALE

    Les Annales politiques et littéraires, 7 juillet 1912


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  • Antoine de Genezer (Zierikzeesche Nieuwsbode, 16 februari 1912)

    Antoine de Genezer.

        'k Schreef onlangs in de Bode een artikeltje over de zoogenaamde wonderdokters. 'k Had toen niet gedacht, dat is heel kort daarop met een dergelijk man in aanraking zou komen en mij opnieuw zou kunnen overtuigen van den verbazenden invloed, dien zulk een persoon op de menigte kan uitoefenen.
        Op een uitstapje in het Walenland namelijk, ontmoetten wij – eenige vrienden en ik – in een dorp van he kolenbekken, een reeds bejaard man die door iedereen met eerbled werd gegroet. Ofschoon door de jaren gebogen, getuigde ziin blik nog van groote wilskracht. Gekleed in een lange zwarte jas had hij geheel het uitzicht van een rustend ambtenaar. Daar iedereen hem scheen te kennen en te achtten, wekte de man onze nieuwsgierigheid op; we vroegen, en wat men ons over hem mededeelde, ga ik nu ook eens aan de getrouwe lezers van de Bode vertellen.
        Antoine – dit is de naam van den persoon in kwestie – was vroeger een eenvoudig koolmijnwerker, die zich door niets van zijn kameraden onderscheidde. Doch het toeval wilde, dat hem op zekeren dag een erfdeel toeviel. Alsdan zeide een inwendige stem hem: „Ge zijt nu rijk, verlaat de mijn, en doe de tafels omdraaien”. Hij luisterde naar die stem, legde de handen op een tafeltje, en deed het draaien. Antoine begreep alsdan zijn bestemming en werd dus spiritist. Hij vestigde zich als medium, richtte vergaderingen in, en schreef voor de oogen zijner onnoozele vrienden de mededeelingen uit de andere wereld op papier.
        Ja, na twintig eeuwen wetenschap en beschaving laten velen zich nog op zulke wijze beetnemen! Trouwens, zóó is het altijd geweest en zóó zal het ook wel altijd blijven.
        Antoine deed dus de dooden spreken en schrijven; en na korten tijd had hij een groot getal volgelingen, die hem eerbiedigden, maar nog meer vreesden. Dan ontdekte hij in zich een nieuwe gave, n.l. de kunst om te genezen, hem door de geesten geschonken. De stemmen zeiden hem: „Ga en genees!” En Antoine ging. Hij begaf zich tot de zieken, legde de handen op hen, zooals hij dit op de tafels deed; het hoofd der kranken draaide, en – zij genazen. Twee, drie genezingen waren voldoende om hem een ontelbaar getal nieuwe aanhangers te bezorgen. Weldra kon hij zijn kleine woning niet meer verlaten; men verdrong zich aan zijn deur. Een nieuwe godsdienst ontstond en dit zooveel te eerder, omdat in tegenstelling met de gewoonte, de uitoefening er van niets kostte. Want Antoine heeft nooit willen betaald worden; hij verzorgt en geneest, omdat hij het als zijne roeping beschouwt. De vereering zijner aanhangers is hem voldoende.
        Op welke manier hij geneest? Wanneer ge bij hem komt, zal hij u langen tijd bezien; met zijn buitengewoon scherpen blik als het ware in u dringen en u daarna meestal naar waarheid zeggen, waaraan ge 19dt; want Antoine is een zeer behendig gelaatkenner. Ook verstaat hij het u te doen spreken; en uit uwe oogenschijnlijk onbeduidende woorden ontdekt hij uwe kwaal. ‘t Gebeurt ook wel, dat hij een niet bestaande kwaal ontdekt, maar zooiets overkomt aan alle dergelijke genezers.
        Behalve de macht om te genezen hebben de geesten hem ook nog de gave van onderrichten geschonken en 't is inderdaad wonderbaar: deze weinig geleerde miniwerker houdt redevoeringen, predikt en schrijft vlugschriften. Daardoor is het te begrijpen, dat het getal zijner vereerders en volgelingen op korten tijd in buitengewone mate is toegenomen en zonder moeite het noodige geld – 100,000 franken – was bijeengebracht voor het oprichten van een tempel te Jemeppe-sur-Meuse, naast de woning van Antoine; een tempel in modernen stijl, waar de menigte zich in massa heen begeeft, om den meester te zien en te hooren. Daar spreekt en geneest Antoine. Hij legt de handen op en zegt: „Denk aan mij!” Want daarin ligt geheel zijn macht; om te genezen en gered te worden, moet men met hem in geestesgemeenschap blijven.
        Wat zijn zedeleer aangaat, deze komt vrijwel overeen met die van generaal Booth: „Hebt uwen naaste lief”, „de liefde is het goede”, „het bezit van God beloont de braven”, enz. Antoine ontwikkelt deze thema's op gepaste wijze in zijnen tempel; wel is de redenaar soms ietwat duister maar dat kan men van een wonderdoener niet kwalijk nemen.
        In den beginne lachte het publiek met Antoine, zijn leer en zijn macht; thans lachen velen niet meer. Het bewijs er van is, dat onlangs een verzoekschrift naar de Belgische Kamer verzonden werd, waarin 160.000 personen de wettige erkenning van den nieuwen godsdienst vroegen. Of echter aan dit verzoek gevolg zal gegeven worden, is hoogst twijfelachtig en dit zooveel te meer, wijl Antoine reeds een mededinger heeft gevonden, die hem overtreft. Immers, te La Bascule-Ayeneux, een Waalsch dorpje, is een nieuwe wonderdoener opgetreden. 't Is een eenvoudige boer, die – zoo zegt men – zonder eenig geneesmiddel, de hardnekkigste ziekten geneest. Een echte toovenaar dus! En voor die genezing heeft hij niets noodig dan – het gebed! Niet dat de zieke moet bidden, och neen! de wonderdokter doet dit zelf. De zieke heeft niets te doen dan te gelooven. In dit opzicht verschilt de nieuwe wonderdokter dus niet van Antoine van Jemeppes. Doch de eerste toont zijn meerderheid door het genezen niet alleen van menschen, maar ook van vee; zoodat nu ook de veeartsen met zijn concurrentie hebben te rekenen. En bemerk wel, dat hij niet eens noodig heeft de dieren te zien, hij geneest ze op afstand. Het zonderlingste van de zaak is, dat de genezende macht van den man zich niet uitstrekt tot zijn eigen persoon. Is hij zelf ziek, dan kan hij zich niet genezen, en is zijn vee in dat geval, dan sterft het.
        Ziedaar, wat ik vernam over deze twee wonderdokters. En de slotsom? zal men vragen. Wel, volgens mij zijn Antoine en zijn mededinger uitstekende physionomisten en genezen zij eenvoudig door het uitoefenen van invloed op den geest der zieken (suggestie). En dan, het zal ook hier wel zijn als overal: enkele toevallige genezingen worden met trommel en fluit publiek gemaakt; het veel grooter aantal mislukte genezingen wordt verzwegen.

          Antwerpen.                   J. HOGERHEIJDE

    Zierikzeesche Nieuwsbode, 16 februari 1912

     

    Traduction :

        J'ai récemment écrit un article dans le Bode sur les soi-disant médecins miracles. Je ne pensais pas alors que, très peu de temps après, j'allais entrer en contact avec un tel homme et me convaincre à nouveau de l'incroyable influence qu'une telle personne peut exercer sur la foule.
        Lors d'un voyage en région wallonne, nous avons rencontré dans un village du bassin houiller, quelques amis et moi, un homme déjà âgé qui a été accueilli avec honneur par tous. Bien que courbé au fil des ans, son regard a toujours fait preuve d'une grande volonté. Vêtu d'un long manteau noir, il avait toute l'apparence d'un fonctionnaire au repos. Comme tout le monde semblait le connaître et le prendre en considération, l'homme a éveillé notre curiosité ; nous avons demandé, et ce qu'ils nous ont dit sur lui, je vais maintenant le dire aux fidèles lecteurs du Bode.
        Antoine – c'est le nom de la personne en question – était un simple mineur de charbon, qui ne se distinguait en rien de ses camarades. Mais c'est une coïncidence qu'un jour il ait eu un héritage. Puis une voix intérieure lui dit : "Maintenant que tu es riche, quitte la mine et fais tourner les tables". Il a écouté cette voix, a posé ses mains sur une table et les a fait tourner. Antoine a alors compris son destin et est devenu un spirite. Il s'est imposé comme un médium, a organisé des réunions et a écrit les communications de l'autre monde pour ses amis invisibles.
        Oui, après vingt siècles de science et de civilisation, beaucoup se laissent encore berner de la sorte ! D'ailleurs, il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi.
        Ainsi, Antoine a fait parler et écrire les morts ; et peu de temps après, il a eu un grand nombre de disciples, qui le respectaient, mais craignaient encore plus. Puis il a découvert en lui un nouveau don, à savoir l'art de guérir, qui lui a été conféré par les esprits. Les voix lui ont dit : "Va et guéris !" Et Antoine y est allé. Il est allé voir les malades, leur a imposé les mains, comme il le faisait sur les tables ; la tête des malades s'est retournée, et – ils ont été guéri. Deux ou trois guérisons ont suffi pour lui donner un nombre incalculable de nouveaux adeptes. Bientôt, il ne pouvait plus quitter sa petite maison ; ils se sont entassés à sa porte. Une nouvelle religion est apparue, et d'autant plus vite, car contrairement à la coutume, sa pratique ne coûte rien. Car Antoine n'a jamais voulu être payé, il a soigné et a guéri, car il considérait que c'était sa vocation. Le culte de ses adeptes lui suffit.
        De quelle façon guérit-il ? Quand vous viendrez à lui, il vous verra pendant longtemps ; avec son regard extraordinairement aiguisé, il vous pénétrera, pour ainsi dire, et ensuite il vous dira généralement la vérité sur ce que vous faites ; car Antoine est un personnage très habile. Il comprend aussi comment vous faire parler ; et à partir de vos mots apparemment insignifiants, il découvre votre maladie. Il arrive aussi qu'il découvre une maladie inexistante, mais quelque chose comme cela arrive à tous ces guérisseurs.
        Outre le pouvoir de guérir, les esprits lui ont aussi donné le don d'enseigner, et c'est effectivement miraculeux : ce mini-ouvrier peu instruit fait des discours, prêche et écrit des pamphlets. On comprend donc que le nombre de ses adorateurs et de ses disciples ait augmenté de façon extraordinaire en peu de temps, et que sans difficulté l'argent nécessaire – 100 000 francs – ait été réuni pour l'érection d'un temple à Jemeppe-sur-Meuse, à côté de la résidence d'Antoine ; un temple de style moderne, où la foule se rend en masse, pour voir et entendre le maître. Là, Antoine parle et guérit. Il lève les mains et dit : "Pensez à moi !" Car c'est là que réside toute sa puissance ; pour être guéri et sauvé, il faut rester en communion avec lui en esprit.
        Quant à sa doctrine morale, elle est presque la même que celle du général Booth : " Aime ton prochain", "l'amour est le bien", "la possession de Dieu récompense les braves ", etc. Antoine a développé ces thèmes de manière appropriée dans son temple ; l'orateur est parfois un peu sombre, mais on ne peut pas en vouloir à un faiseur de miracles pour cela.
        Au début, le public riait avec Antoine, sa doctrine et son pouvoir ; maintenant, beaucoup ne rient plus. La preuve en est qu'une pétition a récemment été envoyée à la Chambre belge, dans laquelle 160 000 personnes ont demandé la reconnaissance légale de la nouvelle religion. Cependant, il est assez douteux que cette demande soit acceptée ou non, d'autant plus qu'Antoine a déjà trouvé un concurrent qui le surpasse. En effet, à La Bascule-Ayeneux, village wallon, un nouveau faiseur de miracles s'est produit. Il s'agit d'un simple agriculteur, qui – comme on dit – sans aucun médicament, guérit les maladies les plus tenaces. Un vrai magicien ! Et pour cette guérison, il n'a besoin de rien d'autre que de la prière ! Non pas que le malade doive prier, oh non ! Le docteur miracle le fait lui-même. L'homme malade n'a rien d'autre à faire que de croire. À cet égard, le nouveau docteur miracle n'est pas différent d'Antoine de Jemeppes. Mais le premier montre sa majorité en guérissant non seulement des personnes, mais aussi du bétail ; si bien que maintenant, les vétérinaires doivent eux aussi faire face à sa concurrence. Et remarquez qu'il n'a même pas besoin de voir les animaux, il les soigne à distance. Ce qui est étrange, c'est que le pouvoir de guérison de l'homme ne s'étend pas à sa propre personne. S'il est lui-même malade, alors il ne peut pas se soigner, et si son bétail est dans ce cas, alors il meurt.
        Voyez ce que j'ai entendu à propos de ces deux médecins miracles. Et la conclusion ? On se posera la question. Eh bien, à mon avis, Antoine et son concurrent sont d'excellents physionomistes et ils guérissent simplement en exerçant une influence sur l'esprit des malades (suggestion). Et puis, ce sera comme partout ailleurs : certaines guérisons accidentelles sont rendues publiques avec tambour et trompette ; le nombre beaucoup plus important de guérisons manquées est étouffé.

            Anvers.                   J. HOGERHEIJDE

    Zierikzeesche Newsbode (Nouveau messager de Zierikzee), 16 février 1912


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  • La levée du corps au temple antoiniste (Excelsior 02 juillet 1912)


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  • Funérailles du Père (photo colorisée par MyHeritage)

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    Funérailles du Père (photo colorisée)

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  • Annales des Sciences psychiques (Juin 1912)

    Auteur : Directeur : Professeur CHARGES RICHET, Rédacteur en chef : G. de VESME ; Comité de Rédaction : Sir William Crookes, Camille Flammarion, Dr Paul Joire, Marcel Mangin, Dr Joseph Maxwell, Professeur Henri Morselli, Dr Julien Ochorowicz, Colonel Albert de Rochas, Dr Albert von Schrenck-Notzing ; Fondateur : Dr Xavier DARIEX
    Titre : Les Annales des Sciences psychiques, Juin 1912, Echos et nouvelles, p.186
    Éditeurs : Société universelle d'études psychiques, 1891 à 1919 (les dernières années sont disponibles sur gallica)
    cf. http://www.autoresespiritasclassicos.com/Pesquisadores%20espiritas/Charles%20Richet/Annales%20des%20Sciences%20Psychique/Annales%20des%20Sciences%20Psychique.htm

       
    La mort d'Antoine le Guérisseur
        L’existence de cet homme qui, pauvre, sans instruction, sans génie, a pu réunir autour de lui, en quelques années, 130.000 adeptes environ, est bien l’un des phénomènes psychologiques et sociaux les plus extraordinaires de notre temps. Sans doute, quelques éléments ne nous manquent point pour comprendre son succès : ouvrier, il s’est trouvé au milieu d ’une parmi les plus grandes agglomérations ouvrières du monde — les milieux ouvriers du bassin de Mons, comme ceux du Pays de Galles, sont très accessibles au mysticisme ; — le spiritisme qui avait conquis la plupart de ces villages lui avait aplani le chemin ; enfin, il avait le prestige et l’influence immenses qui s’attachent à tout grand « guérisseur ». Mais Antoine a fait le prodige de fonder une religion sans dogmes (que seraient devenues les doctrines de Jésus sans Saint-Paul ?) ; ses enseignements se bornent à des phrases dans lesquelles l’idée « amour de son prochain » prend toutes les formes, même les plus éloignées de la clarté et de la syntaxe ; ils ont même l’air de recommander la renonciation à l'intelligence, ce qui fait qu’à quelques exceptions près, l’Antoinisme n’a pas pu sortir des classes les plus humbles de la population.
        Louis Antoine est né à Mons-Crotteux (province de Liège) en 1836, de parents pauvres, simples et foncièrement honnêtes. Il était le cadet de sa famille qui comptait onze enfants. Il débuta à douze ans dans la mine, accompagnant son père et un frère qui étaient également mineurs. Ne voulant plus descendre dans la fosse, il devint ouvrier métallurgiste. A vingt-quatre ans il quitta la Belgique pour aller travailler en Allemagne où il séjourna pendant cinq ans. Deux ans plus tard, il alla à Pragua, près de Varsovie (Pologne Russe) et y accomplit un nouveau terme de cinq années, puis il s’installa définitivement en Belgique, à Jemeppe-sur-Meuse. Dans l’intervalle de son séjour en Allemagne, il revient au pays, épouser une femme dont il avait fait la connaissance avant son départ. De leur union naquit un enfant, un garçon que la mort leur ravit à l’âge de vingt ans. Mais grâce à leur grande foi, aucun des deux époux n ’en fut découragé ; au contraire, ils se dévouèrent davantage. Leur séjour à l’étranger leur avait permis d’amasser une petite fortune ; ils la sacrifièrent pour venir en aide aux malheureux. Antoine vivait très simplement et très sobrement ; il était végétarien dans toute l’acception du terme ; il ne prenait ni viande, ni œufs, ni beurre, ni lait, en un mot, rien qui provienne de l’animal.
        Le défunt a été, dès son plus jeune âge, d’une sensibilité et d'une piété peu commune. Il professa la religion catholique jusqu’à l’âge de quarante-deux ans, puis il s’appliqua à la pratique du spiritisme, sans s’attarder toutefois dans le domaine expérimental pour lequel il n'avait aucune aptitude et qui ne le tentait nullement. Sachant à peine lire et écrire, il se trouva incompétent pour résoudre le problème scientifique : il lui préféra la morale et s'y adonna de tout cœur. Il continua jusqu'en 1906, date à laquelle il a créé le Nouveau Spiritualisme, c'est là que commença sa mission.
        On se souvient qu'Antoine fut, à deux reprises, poursuivi pour exercice illégal de la Médecine. Il fut, une première fois, condamné à 26 francs d'amende et la seconde il fut acquitté.

    La mort d'Antoine le Guérisseur (Annales des Sciences psychiques, Juin 1912)

        On a pu lire dans les journaux que des obsèques solennelles, auxquelles assistaient des milliers de personnes, furent faites à Antoine. En sortant du temple antoiniste, le cercueil fut porté au cimetière, où il fut enterré dans la fosse commune, selon la volonté du défunt. Dans le cortège funèbre on put voir, derrière l'emblème de « l'Arbre de la Science et de la Vue du Mal », les Frères et les Sœurs du culte antoiniste, dans leur uniforme qui rappelle celui des quakers : pour les hommes, une grande redingote et un chapeau haut de forme, un peu bas et à larges bords plats ; pour les femmes, un vêtement qui rappelle assez celui des nurses anglaises.
        La vieille veuve d'Antoine lui succède comme chef de la nouvelle religion, qui, après la mort de son fondateur, n'est probablement pas destinée à une bien longue existence.


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  • Le cercueil porté par les lévites (Excelsior 02 juillet 1912)

    Le premier homme, avec la barbe, est le frère Florian Deregnaucourt


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