Au théâtre, elle s'émeut jusqu'aux larmes devant la misère ou le malheur qui l'agacerait au contraire dans la réalité, tant celle-ci lui répugne. Elle paie peut-être bien cher la satisfaction d'assister à un spectacle navrant mais mensonger et dans la vie elle passerait à côté de situations analogues sans parfois les remarquer ; nous ferions ici plutôt l'opposé et donnerions même de l'argent pour nous épargner cette vue ; je le répète, l'intelligence ne sait supporter la réalité.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.174
Combien ne se sont pas sentis bercés et n'ont pas quitté le temple pleinement satisfaits, qui aujourd'hui pourraient montrer du découragement, un dégoût de l'enseignement écouté autrefois avec tant de plaisir et avoir à mon égard de la haine plutôt que de l'amour ! Cela se passe ainsi journellement dans tous les milieux ; l'apparence seule satisfait l'intelligence.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.173 §2-174
Promenons-nous dans le moi Pendant qu'le vous n'y est pas Car si le vous y était Sûr'ment il nous mangerait
J'ai peur, j'ai peur du grand méchant vous Ah ! la vilaine bête que ce vous ! Mais je ne sais comment j'arriverai à chasser Pour toujours ce grand méchant vous de mes pensées
Promenons-nous dans le moi Pendant qu'le vous n'y est pas Car si le vous y était Sûr'ment il nous mangerait
Je me suis mis dans la gueule du vous ! Ah ! quel enragé que ce vous ! Combien de nuits ce grand méchant vous m'a sauté À la gorge, comme j'allais le caresser
Promenons-nous dans le moi Pendant qu'le vous n'y est pas Car si le vous y était Sûr'ment il nous mangerait
Je ne sais hurler avec le vous Ah ! quel animal que ce vous ! Mais comment savoir dans cette rivalité Qui de l'homme ou du vous l'emporte en cruauté ?
Promenons-nous dans le moi Pendant qu'le vous n'y est pas Car si le vous y était Sûr'ment il nous mangerait
On parle sans cesse, actuellement, de la production. Pour consommer, il faut d'abord produire, et pour produire il faut travailler. Voilà ce que, depuis juin 1936, on entend répéter partout, du Temps jusqu'aux organes de la C. G. T., et ce qu'on n'entend, bien entendu, contester nulle part, sinon par ceux que font rêver les formes modernes du mythe du mouvement perpétuel. C'est là, en effet, un obstacle au développement général du bien-être et des loisirs et qui tient à la nature des choses. Mais par lui-même il n'est pas aussi grand qu'on l'imagine d'ordinaire. Car seul est nécessaire à produire ce qu'il est nécessaire de consommer ; ajoutons-y encore l'utile et l'agréable, à condition qu'il s'agisse de véritable utilité et de plaisirs purs.
Simone Weil, La condition ouvrière, p.198 source : classiques.uqac.ca
illustration : La Dame à la Licorne - A mon seul désir (source : stanford.edu)
La Dame à la licorne est une série de six tapisseries datant de la fin du XVe siècle, que l'on peut voir au musée national du Moyen Âge (Thermes et Hôtel de Cluny, à Paris). Inspirées d'une légende allemande du XVe siècle, les tapisseries dites de « La Dame à la licorne » furent tissées dans les Flandres entre 1484 et 1500. source : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dame_à_la_licorne
La signification de la dernière tapisserie reste mystérieuse. Plusieurs interprétations ont ainsi été faites. L'une d'entre elles est particulièrement intéressante. "A Mon Seul Désir", tel est le nom attribué à cette merveilleuse tapisserie. Sur cette pièce, la Dame remet dans le coffre à bijoux le collier qu'elle portait sur les autres tapisseries. La signification la plus souvent retenue est celle du refus de la tentation, et de la renonciation aux cinq sens précédemment énoncés. source : http://www.licornedecluny.com/docdamlicorn.htm
Selon une interprétation contraire (de Marie-Elisabeth Bruel, docteur ès Lettres, Attachée de Conservation du Patrimoine, responsable de l’Inventaire au Conseil Général de l’Allier (Auvergne)), les six tentures traditionnellement identifiées comme les cinq sens et "A mon seul désir" représenteraient six des Vertus allégoriques courtoises du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, soit respectivement : Oiseuse (la Vue), Richesse (le Toucher), Franchise (le Goût), Liesse (l'Ouïe), Beauté (l'Odorat), Largesse (A mon seul désir). source : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dame_%C3%A0_la_licorne#Description
Ne nous défions jamais que de nous-mêmes ; ne nous laissons pas pénétrer par le doute, car il aurait bientôt fait des ravages chez nous et nous vaudrait de grandes souffrances. Tâchons de comprendre la nécessité des épreuves, que notre intelligence se garde de les détourner en nous faisant sortir de la réalité.
La Révélation, Dieu pourrait-il avoir créé la souffrance ?, p.164, § 2
Quand elle n'est pas l'instrument de la conscience, l'intelligence se développe dans le vice ; tandis qu'elle devrait être la loi vivante, le reflet de celles qui ont été révélées pour servir d'exemple aux moins avancés ; voilà de quelle façon elle se pénètre plutôt du mal que du bien.
La Révélation, La loi humaine comparée à la loi de la conscience, p.156