• La Guérisseuse après le Guérisseur (La Petite République, 24 octobre 1913)

    La Guérisseuse après le Guérisseur (La Petite République, 24 octobre 1913)La Guérisseuse après le Guérisseur

    Le Zouave Jacob
    est mort :
    la mère Antoine
    nous reste

        Auguste-Henri Jacob, dit le « Zouave Jacob », est mort à Paris hier matin. Ce fut un grand guérisseur devant l'Eternel et à la barbe de la Faculté. Né à Saint-Marlin-des-Champs (Seine-et-Marne) en 1828, sa vocation lui vint comme il servait aux Zouaves de la garde. Un certain nombre de ses camarades ayant publié ses miracles, Canrobert en voulut avoir le cœur net et le fit appeler. Il ne s'en trouva pas mieux et, avec force jurons, signa « Canrobert » un bulletin de santé comme quoi ça n'allait pas mieux. Cet échec acheva d'illustrer le zouave Jacob. Il quitta la caserne pour prendre une clinique et continua de guérir les gens simples et de décevoir les autres.
        La police intervint plus d'une fois dans ses affaires, soit pour assurer l'ordre au seuil de son officine, soit pour la fermer à la demande des médecins patentés. Mais aucune persécution ne réussit à rebuter le célèbre rebouteur, et des milliers de fidèles vénèreront par delà le tombeau son surhumain pouvoir.
        La nouvelle que nous apportons mettra quelque baume dans les cœurs des rhumatisants qu'il laisse incomplètement guéris : les jambes de bois qui attendaient de lui la réincarnation ne manqueront pas de cautères. Le guérisseur est mort : vive la guérisseuse ! Mme Antoine, femme et successeur, pontife souveraine du culte antoiniste, annonce, en effet, qu'elle reprend les affaires du messie son époux.
        Par train spécial, en wagon-chapelle, la « Mère Antoine » nous arrive du Nazarelli flamand, qui fut le berceau de cette fumisterie mirobolante, de Jemmapes-sur-Meuse, la ville sainte.
        Dimanche, à dix heures du matin, Elle consacrera (sic) le temple antoiniste de la rue Vergniaud : dès que l'endroit sera suffisamment sacré, c'est-à-dire au bout de cinq minutes, elle se mettra à guérir les malades de bonne volonté.
        « On sait, rappelle le prospectus dont elle est précédée, que, comme le Christ, Mme Antoine accorde la guérison à ceux qui ont foi en Antoine le guérisseur, dont l'enseignement est celui du Christ, révélé à cette époque par la foi. »
        Si ce charabia ne cause pas quelques méningites, ce sera déjà une présomption en faveur du pouvoir surnaturel de la mère Antoine.

    La Petite République, 24 octobre 1913


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