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Emile Verhaeren - La fièvre

Publié le par antoiniste

La fièvre,
Elle est celle qui marche,
Sournoisement, courbée en arche,
Et personne n'entend son pas.
Si la poterne des fermes ne s'ouvre pas,
Si la fenêtre est close,
Elle pénètre quand même et se repose,
Sur la chaise des vieux que les ans ploient.
Dans les berceaux où les petits larmoient
El quelquefois elle se couche
Aux lits profonds où Ton fait souche.
Avec ses vieilles mains dans l'âtre encor rougeâtre.
Elle attise les maladies
Non éteintes, quoique engourdies;
Elle se mêle au pain qu'on mange
A l'eau morne changée en fange ;
Elle monte jusqu'aux greniers,
Dort dans les sacs et les paniers
Et, comme une impalpable cendre.
Sans rien voir, on sent d'elle la mort descendra.

Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires,
précédées des Campagnes hallucinées
(1920)(p.45)
source : archive.org

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