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Emile Verhaeren - Sous des hangars tonnants et lourds

Publié le par antoiniste

Sous des hangars tonnants et lourds,
Les nuits, les Jours,
Sans air et sans sommeil,
Des gens peinent loin du soleil :
Morceaux de vie en l'énorme engrenage,
Morceaux de chair fixée, ingénieusement.
Pièce par pièce, étage par étage,
De l'un à l'autre bout du vaste tournoiement.
Leurs yeux, ils sont les yeux de la machine.
Leurs dos se ploient sous elle et leurs échines,
Leurs doigts volontaires, qui se compliquent
De mille doigts précis et métalliques.
S'usent si fort en leur effort.
Sur la matière carnassière.
Qu'ils y laissent, à tout moment.
Des empreintes de rage et des gouttes de sang.

Emile Verhaeren, La Plaine, p.107
Les Villes tentaculaires (1895)
source : archive.org

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