J.H.Rosny, La mort de la terre - Prophétie ?
Depuis cinq cents siècles, les hommes n'occupaient plus, sur la planète, que des îlots dérisoires. L'ombre de la déchéance avait de loin précédé les catastrophes. A des époques fort anciennes, aux premiers siècles de l'ère radio-active, on signale déjà la décroissance des eaux : maints savants prédisent que l'Humanité périra par la sécheresse. Mais quel effet ces prédictions pouvaient-elles produire sur des peuples qui voyaient des glaciers couvrir leurs montagnes, des rivières sans nombre arroser leurs sites, d'immenses mers battre leurs continents ? Pourtant, l'eau décroissait lentement, sûrement, absorbée par la terre et volatilisée dans le firmament (1). Puis, vinrent les fortes catastrophes. On vit d'extraordinaires remaniements du sol ; parfois, des tremblements de terre, en un seul jour, détruisaient dix ou vingt villes et des centaines de villages : de nouvelles chaînes de montagnes se formèrent, deux fois plus hautes que les antiques massifs des Alpes, des Andes ou de l'Himalaya ; l'eau tarissait de siècle en siècle. Ces énormes phénomènes s'aggravèrent encore. A la surface du soleil, des métamorphoses se décelaient qui, d'après des lois mal élucidées, retentirent sur notre pauvre globe. Il y eut un lamentable enchaînement de catastrophes : d'une part, elles haussèrent les hautes montagnes jusqu'à vingt-cinq et trente mille mètres ; d'autre part, elles firent disparaître d'immenses quantités d'eau.
(1) Dans les hautes régions atmosphériques, la vapeur d'eau fut de tout temps décomposée, par les rayons ultra-violets, en oxygène et en hydrogène : l'hydrogène s'échappait dans l'étendue interstellaire.
J.H.Rosny, La mort de la terre, p.19 (1912)
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