Le Progrès spirite - le cas Leclercq à Paris
Pourquoi, encore, blâmer et condamner les Antoinistes ? De quoi accuse-t-on Leclercq ? De fanatisme, de criminelle insouciance, de n'avoir pas appelé le médecin - le prêtre du corps - pour guérir sa petite fille ; d'avoir mis toute sa confiance en Dieu, d'avoir placé près de la tête de la malade une statuette de la Vierge et le portrait du père Antoine. "On l'a trouvé agenouillé au pied du grabat sur lequel reposait le cadavre de la petite Augustine."
Pour combler la mesure de la superstition et du fanatisme, Leclercq a écrit au successeur du père Antoine la lettre suivante :
"Bon père. Le commissaire va venir dans quelques instants au sujet de la mort de ma petite fille, que le Très-Haut malgré nos prières, a voulu rappeler auprès de lui. L'on me reproche de n'avoir pas appelé le médecin. Ces ignorants ne savant âs que seule la foi peut sauver les malades, quand Dieu le permet."
Si c'est un crime que de vouloir guérir ou mourir sans l'assistance d'un médecin, d'un confesseur laïque, c'est du moins un crime nouveau, dont on avait jamais entendu parler.
Quand les médecins de l'âme dominaient, c'était un crime de mourir sans l'assistance d'un confesseur ; mais les médecins du corps n'avaient point la prétention de donner aux malades l'absolution, ni même l'extrême-onction laïco-scientifique. Les meilleurs d'entre eux ne s'attribuaient même pas la guérison de leurs malades. Ni plus ni moins que les Antoinistes et les Scientistes chrétiens, ils attribuaient la guérison à Dieu et se contentaient de dire : "Je le pansai, Dieu le guérit."
Maintenant que les médecins du coprs ont pris le dessus, ils mettent Dieu à l'arrière-plan ou au rebut et prétendent que personne ne doit mourir ou guérir sans leur autorisation. N'est-ce pas là une superstition manifeste et plus grossière que l'ancienne ?
Le Progrès Spirite de Septembre 1912 (Année 18, numéro 9), p.136-137