Paris - Affaire Leclercq - Le Figaro - 28-07-1912 (Numéro 210)
Nouvelles Diverses
PARIS
L’« ANTONISTE » A L’INSTRUCTION
Leclercq et sa compagne Mathilde Santel, qui ont laissé mourir leur fillette, âgée de quatre mois, ne voulant pas aller chercher un médecin, « parce qu’il ne faut pas s’opposer aux volontés de Dieu », ont été interrogés hier par M. Kastler, juge d’instruction, en présence de leurs avocats, Mes Begard et Pierre Turpaud.
Leclercq a commencé par se plaindre d’un photographe qui l’avait « pris » l’improviste dans le couloir. Puis il a répondu aux questions du magistrat.
Il n’a pas paru plus affecté de la mort de son enfant qu’il ne l’avait été lorsque le commissaire l’a arrêté. C’est un mystique. M. Kastler lui ayant fait observer que les croyances pouvaient lui permettre de consulter un médecin, il a répondu :
– On croit au Père Antoine ou au médecin. Moi, je crois au Père Antoine. Je ne suis pas un schismatique, comme on pourrait se l’imaginer. Je suis allé à Rome pour me jeter aux pieds du Saint-Père. Si j’avais pu, je serais allé à Jérusalem. Je vais à l’église et c’est précisément au Sacré-Cœur que ma petite a pris froid. Mais si Dieu la réclamait, je ne devais pas essayer de la lui reprendre. A l’occasion, j’agirais encore de même.
La femme Santel, au contraire regrette la mort de sa fille. Si elle avait pu, dit-elle, elle serait bien allée chercher un médecin. Elle l’a fait pour la maladie de son petit Georges. Mais cette fois, c’est Leclerc qui s’y est opposé.
Elle déclare ne plus partager les croyances qui ont amené la catastrophe qui la désole.
En sortant, elle s’est enveloppe la tête d’un fichu pour éviter les photographes.
Le Figaro, 28 juillet 1912
source : gallica