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Influence de la théosophie sur l'Antoinisme

Publié le par antoiniste

    Déboires avec ses médiums, désaccord au sujet des statuts avec la nouvelle fédération spirite ne sont pas les seuls motifs de la nouvelle orientation de l'antoinisme. Antoine avait subi l'influence de la théosophie. "C'est en voilant les faits que depuis quatre ans notre frère Antoine, cédant à des scrupules mal fondés, ainsi qu'aux suggestions théosophiques de son entourage lettré, a terni sa propre lumière et glissé hors du spiritisme". L'auteur de ces lignes, le professeur J. Dumoulin, écrira encore plus tard, que l'étude d'Allan Kardec empêche "de verser dans les systèmes absurdes de demi-savants aveuglés par la matière ou les élucubrations mystiques de médiums orgueilleux et dégénérés, dévoyés dans la théosophie ou autres système parasitaires."
    Qu'il y ait dans ces lignes une allusion à Antoine, la chose ne paraît pas douteuse.
    Ce ne furent point seulement les Vignerons du Seigneur qui subirent l'influence de la théosophie ; celle-ci s'infiltra dans les groupes et menaça "le spiritisme dans son activité essentielle" en cherchant à éliminer, comme à Jemeppe, les séances d'expérimentation. Sur ce sujet, nous trouvons dans la Revue Spirite de 1911 une polémique entre le directeur de cette publication, M. J. Van Geebergen et un spirite-théosophe. Devant le péril théosophique, le Comité national de la Fédération spirite belge chargea les comités des groupements affiliés de prendre les mesures opportunes contre les personnes dont les idées étaient hostiles à la pratique de la médiumnité. La polémique avec les théosophes se continua et en 1913, au Congrès de Namur, M. Fraikin dénonça la théosophie et l'antoinisme comme causes de la désorganisation du spiritisme belge. Antoine et les théosophes avaient déjà été jugés avec une égale sévérité par le Chevalier de Saint-Marcq, alors que celui-ci était encore président de la Fédération spirite. Pour Le Clément de Saint-Marcq, "la théosophie et l'antoinisme sont deux tiges parasitaires venues sur l'arbre sain et fort du spiritisme".
    Un jour un adepte demanda au Père Antoine pourquoi il s'était séparé des spirites. Antoine répondit d'abord par un éloge du spiritisme, dont son disciple avait signalé les divisions :
    "Le spiritisme dont vous venez de constater la division, je l'ai toujours placé et le place encore au dessus des partis puisqu'il s'adresse indistinctement à toutes les consciences et qu'il intéresse le matérialiste comme le croyant. Le spiritisme constitue une trinité qui relie, par la science, le matérialisme à la philosophie et la croyance, par la philosophie à la doctrine... Vous me demandez pourquoi je me suis détaché du spiritisme. Tout d'abord, je me plais à déclarer que je lui dois beaucoup et que je joins à  la plus vive reconnaissance pour la cause les sentiments de la plus complète fraternité envers les travailleurs. Mais les adeptes qui m'entouraient ont fait preuve d'un tel dévoûment et constitué une famille si unie qu'ils m'ont permis de fonder avec eux une école d'amour pur et désintéressé, montrant par des actes aux autres hommes le secret du vrai bonheur et donnant l'exemple de la formation des caractères par le contact de la vie et l'incessante préoccupation de l'avenir moral."
    Ce témoignage de reconnaissance et de sympathie à l'égard du spiritisme figure dans l'Auréole de la Conscience (numéro de juin 1907, reproduit partiellement dans la Révélation, p.26-28) ; il n'a pas été repris avec le reste de l'article dans la Révélation.

    En résumé, abstraction faite des motifs psychologiques (vanité, ressentiments, etc.), ou surnaturels (révélation divine) que peuvent invoquer les antoinistes ou leurs adversaires, Antoine s'est séparé des spirites à cause de son aversion pour la partie expérimentale, dite scientifique, du spiritisme, aversion qui avait une double source : tout d'abord, les déboires causés à Antoine par certains médiums ; ensuite, l'influence de la théosophie. Quand au désaccord sur les statuts de la Fédération spirite, il ne semble pas qu'on puisse le considérer comme un motif de rupture, puisque le chef des Vignerons avait lui-même trouvé une solution à cette difficulté.
Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p. 124-27


    La fondatrice de la théosophie, Helena Blavatsky, sait produire des phénomènes spirites ou paranormaux (poltergeist, clairvoyance) ou spirituels (visions), raconter et inventer merveilleusement, etc. En 21 ans de voyages, elle va rencontrer sorciers, rebouteux, chamans de Mongolie et d'Inde, lamas du Caucase et du Tibet, yogins d'Inde et de Ceylan, spirites russes et égyptiens, médiums, sages et autres personnes spirituellement remarquables, qui allaient profondément l'influencer.
    En Égypte, au Caire, elle fonde, avec Emma Cutting (future Emma Coulomb), une éphémère Société Spirite, selon les principes d'Allan Kardec. Ses premiers amis et adeptes furent spirites.
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Helena_Petrovna_Blavatsky

    L'influence de la théosophie, s'il y en eu une, est passé par le spiritisme même, et non directement par la théosophie. C'était en effet un mouvement dans l'air du temps. A moins que le professeur Ferdinand Delcroix, adepte proche du Père, était membre d'une organisation théosophique. Cela est possible, mais Pierre Debouxhtay rejette la possibilité d'une influence forte du professeur sur Louis Antoine. Nous l'évoquons dans un autre billet.

    Ajoutons cependant que l'étymologie du mot théosophie est encore en contradiction avec l'antoinisme : (du grec théos, Dieu, et sophia, science). Ce nom désigne la sagesse ou science qui vient de Dieu, celle qui a Dieu pour auteur, non celle qui se rapporte à Dieu et dont Dieu est l'objet (et est la théologie).

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